Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Résultats de votre recherche de l.

L’Oceana de Harrington et sa réception dans la France des Lumières et de la Révolution   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 29 Juin 2023.
Intervention de Myriam-Isabelle Ducrocq (Nanterre – Paris Ouest) sur
L’Oceana de Harrington et sa réception dans la France des Lumières
et de la Révolution : pour une autre vision du républicanisme anglais.

To Begin The World Again : The life of Thomas Paine   Annonces

 To Begin the World Over Again: the Life of Thomas Pain

Pièce de Ian Ruskin. Représentation en anglais, Mercredi 27 mars 2024 à 18h30. Bibliothèque Sainte-Geneviève, Salle de lecture de la Réserve (10, place du Panthéon). Gratuit sur réservation

Présentation sur le site de la Bibliothèque Sainte-Geneviève : "Après plus d’une centaine de représentations et un franc succès aux États-Unis et au Royaume-Uni, To Begin the World Over Again: the Life of Thomas Paine arrive en France au printemps 2024. Dans un seul en scène rythmé, Ian Ruskin met en lumière un personnage clef de l’histoire, Thomas Paine. Père fondateur des États-Unis, ambassadeur des idées des Lumières, ce grand visionnaire défendait à l’époque des idées subversives comme l’abolition de l’esclavage. Raillé, humilié, il échappa de peu à la pendaison en Angleterre, à la guillotine en France, et se vit refuser le droit de vote à son retour en Amérique. La pièce sera suivi d’un temps de questions et réponses avec l’auteur et interprète, ainsi qu’avec la doctorante Lyne Hervey-Passee (université de la Réunion). Ce temps permettra à l’audience de mieux comprendre les liens entre la France et l’Amérique après la Révolution et le rôle de Paine dans l’imprégnation des idées des Lumières de part et d’autre de l’Atlantique."

Le républicanisme de Richard Price   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 25 mai 2023.
intervention de Christopher Hamel (Université de Rouen) sur :
Le républicanisme de Richard Price.

L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial   Annonces

 Eric Mesnard Encyclopédie

Introduction de l'ouvrage d'Eric Mesnard, L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial, Genève, Slatkine, 2023.

Les vingt-huit volumes in-folio de l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par une société de gens de lettres, furent publiés entre 1751 et 1772. Pendant ces deux décennies, environ un million six-cent-mille Africains furent embarqués dans des navires négriers dont deux-cent-cinquante-mille environ à bord de négriers français. Il y avait, alors, plus de six-cent-cinquante-mille esclaves dans les colonies françaises de l’Atlantique et de l’océan Indien. Au cœur de cette période, la guerre de Sept Ans (1756-1763) s’étendit sur les océans où les deux principaux belligérants avaient des colonies. Les négociations qui débouchèrent sur le Traité de Paris eurent comme enjeu majeur, pour la France et la Grande-Bretagne le contrôle des « isles à sucre ».
Comment alors comprendre que parmi les 74 000 articles de l’Encyclopédie, moins d’une centaine concernent explicitement la question des traites négrières et de l’esclavage colonial (Voir tableau en annexe 2) ? L’analyse et la mise en relation de ces articles, de longueur et de portée très inégales, permettront de s’interroger sur les contradictions et les ambiguïtés des encyclopédistes, mais aussi de prendre en compte l’expression parfois fulgurante de principes anti-esclavagistes. Comme en témoigne, notamment, le cheminement de Diderot, les débats ouverts par la première édition de l’Encyclopédie ont contribué, lors de la décennie suivante à une radicalisation de la pensée anti-esclavagiste et à un enrichissement de son expression dans le débat public alors que la traite et l’exploitation du travail servile atteignaient des sommets jusqu’alors inégalés.

Lire la suite en .pdf - Table des matières - Voir les premiers articles

Les serments politiques et religieux pendant la Révolution française   Notions

Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle (Paris-Sorbonne)

Le serment prêté par les membres d’une autorité constituée était bien connu de la monarchie française. Mais parce que manifestation d’allégeance à la personne du roi, il s’est trouvé fortement mis en cause, à la fin de l’Ancien régime, dans une perspective inspirée par les théories du droit naturel.
C’est pourtant par un serment (jeu de Paume, 20 juin 1789) que s’ouvre la Révolution. Cependant, cet acte inaugural en renouvelle profondément la nature. De manifestation d’allégeance à l’autorité publique, le serment devient acte collectif d’engagement réciproque entre jureurs égaux en droits. Le serment entre alors rapidement dans la geste révolutionnaire, sous deux formes complémentaires. D’une part, alors que le serment du 20 juin devait garantir la réalisation d’un mandat collectif précis, donner une constitution au royaume, le serment devient manifestation permanente, plus ou moins spontanée, d’adhésion aux principes de la Révolution, déclarés dès août 1789, et d’unité nationale, dans une dynamique où prestations nationales et locales se répondent constamment, à l’instar des serments des fédérations culminant dans la cérémonie parisienne du 14 juillet 1790. De l’autre, la Révolution invente une nouvelle forme de serment, éludant partiellement le caractère religieux originel de ce type d’engagement, bien qu’il s’applique en premier lieu aux membres du clergé, avec l’imposition du serment lié à la constitution civile du clergé (12 juillet 1790) puis avec le premier serment civique, prêté solennellement par le roi le 23 janvier 1791.

Lire la suite

Les Œuvres de Jean-Paul Marat en version epub sur Kindle   Outils

Jacques de Cock a réalisé la conversion de tous ses travaux sur Marat — y compris les 10 tomes des Œuvres — au format électronique epub. Cette édition électronique comprend :

- Les Cordeliers, ce sont les deux volumes disponibles sur TheBookEdition en format papier. Ils correspondent à l'Introduction du premier volume de l'édition originale et à l'ensemble du gros volume 2.
- Les 10 volumes des Ecrits de Marat sont regroupés en un fichier epub (les numéros de pages de l'édition papier son indiqués en gras et entre parenthèses). Cette édition comprend également le "Plan de législation criminelle" de 1790.
L'édition Kindle comprend également les "Guides de lecture" qui reprennent - l'histoire du journal de Marat, des imprimeurs, de la distribution, des saisies, des faux numéros...
- un volume sur la présentation (en rapport aux textes) des articulations de l'action politique de Marat de 1789 à 1793.
- un troisième avec ce que le guide désigne comme des "Arguments", les textes sur la pensée politique de Marat.

Par ailleurs, trois autres epub comprennent les écrits de Marat avant 1789 (disponible sur TheBookEdition en format papier et qui correspond à l'édition originale en un fort volume).

Tous les chercheurs s'intéressant à la Révolution française en général, et à Marat en particulier, se réjouiront de la possibilité d'accéder à tous ces travaux au format Kindle.

On peut les trouver ici.

L’État républicain, les services publics et les communs   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 9 mars 2023.
Intervention de Thomas Perroud (Paris II) sur :
L’État républicain, les services publics et les communs.

À l’ombre des Lumières. Des manuels scolaires aux programmes de l’enseignement secondaire (1930-2010)   Enseignement

par Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université

La position du problème

Poser la question de l’enseignement des Lumières en France au XXe et XXIe siècle, c’est définir des moyens pédagogiques, des finalités sociales. C’est aussi placer au cœur de notre réflexion la relation des Lumières aux « Révolutions atlantiques » (Godechot (1)), et plus particulièrement à la Révolution française, au monde contemporain enfin.
Pour l’objet, comme souvent en histoire, il requiert deux modes de définition : comme période et comme signification, les deux étant étroitement liés puisque le premier travail de l’historien est à la fois de délimiter et d’unifier (2). Signification et périodisation sont ainsi le geste premier à accomplir, le temps étant le « lieu d’intelligibilité de l’histoire (3)». Or, dans l’univers scolaire en tout cas, la seconde entraîne la première. De cette périodisation, toujours en discussion de fait, nous nous contenterons ici d’en retenir deux approches. La première est celle d’une périodisation « courte », qui assimile le temps des Lumières à celui du règne de Louis XV, ou peu s’en faut (4). La seconde interroge à la fois les décalages européens et « l’entremêlement des temporalités », pour reprendre une expression empruntée à Louis Althusser par Michel Vovelle (5). Dans le cadre scolaire, force est de constater que c’est le premier qui l’emporte. Encore qu’il ne faudrait sans doute pas se laisser abuser par la forme des programmes et des manuels jusqu’aux années 1970 (6).

Lire la suite

La Révolution française et les colonies   Annonces

 nom de l'image

Quatrième de couverture et introduction de l'ouvrage de Marc Belisa, La Révolution française et les colonies, Paris, La Fabrique, 2023.

Quatrième de couverture :

En 1789, l’économie esclavagiste et la ségrégation raciale dominaient les colonies françaises en Amérique et dans l'Océan indien. En proclamant que les « hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », la Révolution française contribue à faire exploser les tensions qui traversaient les sociétés coloniales.

« Terreur » des colons blancs esclavagistes, la Déclaration des droits de l’homme est une arme aux mains des « libres de couleurs » et des esclaves noirs qui se révoltent. À Saint-Domingue et en Guadeloupe, malgré les intrigues des défenseurs du « préjugé de couleur », de véritables révolutions s’accomplissent en interaction avec la dynamique révolutionnaire en Europe. C'est la rencontre entre les révolutions coloniales et les mouvements radicaux en métropole qui permet la proclamation de l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue en août 1793, puis le vote de l'abolition générale par la Convention en février 1794, accueilli avec ferveur dans le pays.

Ce livre déroule le fil qui court de la convocation des États généraux à la réaction coloniale menée par Bonaparte en 1800-1804 – empêchée à Saint-Domingue par la résistance acharnée des armées noires de Toussaint Louverture et Dessalines. Durant ces quinze années, les rapports sociaux, les identités « raciales » et politiques ont été bouleversés et les deux piliers de la société coloniale que sont la domination de la métropole et l’esclavage ont été remis en cause.

Alors que les débats sur la mémoire de l’esclavage et de la colonisation sont vifs, Marc Belissa fournit une indispensable synthèse historique d’une période où s’est levé le « vent commun » de l’émancipation qui a soufflé sur le monde.

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2023-2024   Séminaire

Programme 2023-2024 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace, Florence Gauthier et Suzanne Levin. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 2 et 3 Novembre, Colloque Natural Rights and Politics in the Early Modern Period, Scuola Superiore Meridionale (Naples).

- 7 décembre, Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 18 Janvier, Emmanuel Faye (Rouen-Normandie), Koselleck, les Lumières et la Révolution française.

- 1er février, Marc Belissa (Paris-Ouest Nanterre), La Révolution française et les colonies.

- 14 mars, Marion Pouffary (Sorbonne Université), Robespierre : la légende noire anarchiste.

- 25 avril, Rémy Duthille (Bordeaux Montaigne), A ses risques et périls ? Célébrer la Révolution française de 1789 dans la Grande-Bretagne de Pitt.

- 16 mai, Eric Mesnard (Paris-Est Créteil), L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial.

Robespierre monstre ou héros ? Proudhon contre Robespierre   Etudes

 nom de l'image

Marion Pouffary, Robespierre monstre ou héros ?, Lille, Septentrion, 2023.

L'ouvrage de Marion Pouffary, tiré de sa thèse de doctorat, étudie les légendes noires et dorées de Robespierre au XIXe siècle. Nous reproduisons ici les pages 174 à 182. L'extrait s'insère dans le chapitre VI traitant des légendes noires de Robespierre élaborées par les anarchistes, et en particulier ici par Proudhon. Marion Pouffary est chercheuse associée au Centre d'histoire du XIXe siècle de Panthéon-Sorbonne/Sorbonne Université

Le combat de Proudhon contre les disciples démocrates-socialistes de Robespierre

Si, comme le suppose Albert Mathiez, l'hostilité manifestée par le mouvement socialiste à l'encontre de Robespierre est en grande partie due à l'influence de Blanqui, cette analyse mérite d'être complétée et nuancée. En effet, dans aucun des écrits qu'il a publiés au cours de sa vie, Blanqui ne fait mention de Robespierre de manière négative et c'est uniquement dans ses notes sur l'Histoire des Girondins, qui n'ont pas été publiées, qu'il critique Robespierre. De plus, le mouvement ouvrier français, qui connaît un essor considérable à partir de 1860, est non seulement influencé par les idées de Blanqui mais aussi par celles de Proudhon. Il s'agit des rares socialistes pré-quarante-huitards dont l'influence se consolide dans un contexte de déclin de la production théorique socialiste en France, alors que les écrits de Marx sont encore peu connus (1). Or, contrairement à Blanqui, Proudhon a légué une importante œuvre écrite, dans laquelle il ne manque pas de proclamer dès les années 1840 (2) son hostilité à Robespierre. Celle-ci éclate au grand jour lors des polémiques qui l'opposent aux démocrates-socialistes (3) sous la Deuxième République, à une période où, selon Edward Castleton, il est sans doute le journaliste socialiste français le plus lu (4). La légende noire anarchiste qui naît dans les écrits de Proudhon reprend l'image du Robespierre bourgeois et clérical de la légende noire communiste mais se distingue de cette dernière en dénonçant l'autoritarisme de Robespierre, et fait alors écho à la critique de la tyrannie de Robespierre véhiculée par la légende noire libérale. En effet, la question de la liberté est au cœur des préoccupations des anarchistes, même si, contrairement aux libéraux qui voient dans le principe d'égalité le principal danger pour la liberté, c'est le principe d'autorité qui, pour les anarchistes, constitue la menace essentielle pour la liberté.

Lire la suite

1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale   Annonces

 nom de l'image

Introduction et table des matières de l'ouvrage de Florence Gauthier, 1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale, Selles-Sur-Cher, Atlantiques déchaînés, 2023, 99 p.

« Les principes du droit naturel sont simples, clairs et évidents, et il y a longtemps que la philosophie qui, à certains égards, a fait de si grands progrès, devrait nous rien laisser à désirer sur la nature des devoirs réciproques des sociétés. Quelques auteurs, qui ont traité cette matière, bien loin de chercher la vérité, n’ont voulu que la déguiser. Les uns n’ont osé croire que la politique des puissances de l’Europe fut injuste, les autres n’ont osé le dire. Des écrits faits pour nous instruire n’ont servi qu’à perpétuer notre ignorance et nos préjugés. Pendant qu’on ignore les lois par lesquelles la nature lie tous les hommes, pendant qu’on ne cherche qu’à rétablir un droit des nations favorable à l’ambition, à l’avarice et à la force, peut-on être disposé à penser avec Socrate, Platon, Phocion et Cicéron, que l’amour de la patrie, subordonné à l’amour de l’humanité, doit le prendre pour guide, ou on s’expose à produire de grands malheurs ? » Mably, Entretiens de Phocion, 1763 (1)

Depuis quelques décennies, ce que l’on nomme “la modernité” est présentée comme un héritage de la pensée des Lumières et de la Révolution de 1789. Cette façon univoque d’aborder “la” modernité masque l’héritage contradictoire de l’histoire européenne et de son premier empire colonial, comme des interprétations, elles aussi contradictoires, des Lumières. En même temps, l’historiographie de la Révolution française, au XXe siècle, a cherché à séparer une “ bonne révolution” dite “de la liberté et des droits de l’homme” (1789-1791), d’une “mauvaise révolution” dite “de l’égalité sans les droits de l’homme” (1792-1794). On a même pu affirmer que cette curieuse séparation entre liberté et égalité aurait produit deux traditions opposées : celle de “l’individualisme bourgeois et de la liberté du commerce” et celle “du parti unique et centralisateur” accolée, sans plus de preuves, au “Club des Jacobins”, préfigurant les totalitarismes (2) du XXe siècle.

Lire la suite

Natural Rights and Politics in the Early Modern Period   Annonces

Programme du colloque Natural Rights and Politics in the Early Modern Period qui se tient à Scuola Superiore Meridionale (Université de Naples) du 2 au 3 Novembre 2023.

Voir le programme

Voir la présentation du colloque

Quelle fraternité ? Républiques américaine et française dans la culture politique républicaine-démocrate aux Etats-Unis (novembre 1792-mai 1794)   Etudes

Marc Belissa, Université Paris Nanterre

On le sait, l’année 1793 a été un tournant dans la manière dont les Américains ont compris et interprété la Révolution française mais aussi dans la construction du « parti » républicain-démocrate en gestation depuis 1791. Ce dernier processus a une origine « endogène » — à savoir l’opposition d’une partie de l’opinion aux projets économiques et politiques des fédéralistes au pouvoir (1) — mais tous les historiens ont également reconnu que la dynamique de la Révolution française et la lutte partisane autour de son interprétation et des relations franco-américaines ont accéléré l’élargissement de la fracture entre « parti » fédéraliste et « parti » républicain. Quel a été l’impact chez les Républicains américains de la proclamation de la République française, de l’exécution de Louis XVI et de la lutte de la France contre la « coalition des despotes » européens (jusqu’à la reprise de Toulon, connue en Amérique en mars 1794) ?

Lire la suite

Rousseau, Robespierre et la Révolution française   En ligne

Par Edgar Straehle, Université de Barcelone

Article en castillan d'Edgar Straehle, "Rousseau, Robespierre y la Revolución Francesa. Reflexiones en torno a la importancia de las influencias intelectuales en la política", Anales del Seminario de Historia de la Filosofía, 40(3) 2023, p.523-540.

Présentation : L'objectif de cet article est d'analyser et de problématiser l'influence de Rousseau sur Robespierre et, à partir de cet exemple, d'examiner plus largement la question de son influence sur les acteurs de la Révolution française. L’auteur se propose de réfuter les interprétations selon lesquelles la politique de Robespierre serait une sorte d’application ou de prolongement pratique de la pensée de Rousseau. Pour ce faire, il examine les différentes questions relatives à sa "grande influence", notamment les contradictions entre les écrits de Rousseau et ce qui a été dit en son nom, ou encore la façon dont il a été revendiqué par pratiquement tous les partis (même contre-révolutionnaires). Il ne s'agit pas de nier l'influence de Rousseau, mais de la nuancer et de montrer comment la réception de Rousseau pendant la Révolution française a été complexe, conjoncturelle et mouvante.

Lire l'article en castillan

Sieyès, lecteur de Condillac et critique de « l’école de Condillac »   Etudes

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS Lyon.

« M. de C(ondillac) relève les erreurs des p(hiloso)phes. Soit, il peut avoir raison. Mais, dégagé de toutes ces erreurs, je ne me mets en conversa(ti)on avec lui que sur ce qu'il prétend établir. » (Sur L’art de penser)

Sieyès participe d’une génération de législateurs philosophes présents sur le devant de la scène politique pendant la Révolution française. Nombre de députés de l’Assemblée Nationale ont une culture philosophique sans être pour autant des philosophes, hormis quelques exceptions comme Condorcet et les Idéologues. Pour autant la forte présence philosophique de Sieyès se manifeste par ses échanges avec de nombreux philosophes qui le considèrent à part égale, qu’il s’agisse de Condorcet, des Idéologues et surtout des philosophes allemands présents à Paris. Pour mesurer la portée d’un tel engagement philosophique de Sieyès, nous disposons d’un ensemble de manuscrits philosophiques de longueurs très inégales, allant de simples notes à de longs développements, mais répartis sur une longue période, c’est-à-dire de ses manuscrits de jeunesse des années 1770 à ses manuscrits les plus tardifs des années 1810. En leur sein, la présence de Condillac selon diverses modalités est quasi constante, comme en témoigne d’emblée le premier manuscrit, le Grand cahier métaphysique présenté par notre soin dans le cadre de la publication de manuscrits de Sieyès en deux volumes (Christine Fauré, 1999, 2007) (1).
Qui plus est, la confrontation entre Sieyès et Condillac prend appui sur le positionnement central de la pensée condillacienne dans l’ordre philosophique des années 1770 aux années 1800 et sur son extension à la formulation du nouvel ordre social. La méthode analytique de Condillac est également mise en œuvre dans ses textes politiques. Mais tel n’est pas aujourd’hui notre propos plutôt centré sur les aspects philosophiques et linguistiques des manuscrits de Sieyès dans leur rapport à Condillac à divers moments de l’itinéraire de Sieyès.

Lire la suite

Républicanisme et revenu d'existence   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution, 9 février 2023.
Intervention de David Casassas (Barcelone - UB) :
Républicanisme et revenu d'existence.

Les républicains démocrates aux Etats-Unis et la république française (1792-1794)   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 26 janvier 2023.
Intervention de Marc Belissa (Nanterre – Paris Ouest) :
Quelle fraternité ? Républiques américaine et française dans la culture politique
républicaine-démocrate aux Etats-Unis (novembre 1792-mai 1794).

Terreur, « Terreur », terreur etc. De quoi parle t-on ?   Recensions

Par Yannick Bosc, GRHis, Université de Rouen-Normandie

A propos de l’ouvrage de Michel Biard et Marisa Linton, Terror: The French Revolution and Its Demons, Cambridge, Polity Press, 2021, préface de Timothy Tackett, 241 p.

Dans cette traduction en anglais, raccourcie et remaniée d’un livre paru en français (1), Michel Biard et Marisa Linton proposent une mise au point sur la « Terreur » (grand T), un chrononyme qui est aussi une catégorie politique et l’une des catégories historiographiques les plus polémiques car elle ordonne les interprétations de la Révolution française et avec elle de la « modernité ». Au-delà, ils mobilisent l’histoire des émotions pour interroger l’articulation de la « terreur » (petit t) et de la « Terreur ». Nous verrons que la circulation entre les différentes acceptions et usages de la Terreur/terreur que proposent les auteurs est problématique. Les huit chapitres thématiques, la chronologie de la Convention et les cartes en annexe, composent un ensemble accessible aux non-spécialistes qui trouveront une synthèse des connaissances.
Les auteurs prennent d’emblée leurs distances avec les thèses classiques qui ont longtemps été dominantes. Ils tempèrent celle dite des «  circonstances » qui à leur avis minore le rôle joué par les émotions (l’impact de la guerre civile et étrangère est loin de tout expliquer) et rejettent l’interprétation selon laquelle la terreur (petit "t") serait inhérente à la Révolution française et la matrice des totalitarismes du XXe siècle : « Robespierre n’était pas Staline » (p.3). Dans un contexte d’« exception politique », il s’agit de « saisir ce que signifie vraiment la terreur pour la génération révolutionnaire » (p. 5), d’en restituer la complexité et pour cela de ne pas la réduire à la violence comme c’est ordinairement le cas. Ils rappellent que les révolutionnaires ont eux-mêmes contribué à fixer les clichés en déployant une rhétorique et une imagerie spectaculaires en direction des ennemis de la république, notamment celle de la guillotine qui résume souvent la période (et qui illustre la couverture de l’ouvrage, le sang n’étant pas oublié).

Lire la suite

La Révolution saisie par la Deuxième Guerre Mondiale   Actuel

Par Nathalie Alzas, Docteur en histoire

La réflexion ébauchée ici porte sur le phénomène d’hybridation opéré entre les discours propagés sur la Révolution française et ceux tenus sur la Seconde guerre mondiale, émanant initialement de l’extrême-droite, et qui se diffusent, désormais, à une grande partie de l’espace public.
L’amalgame entre les faits survenus pendant le second conflit mondial et la période révolutionnaire émerge lors de la création du mythe du génocide vendéen, par la thèse de Reynald Sécher, en 1985. Il bénéficie ensuite du succès spectaculaire du parc d’attraction du Puy du Fou, fondé par Philippe de Villiers. Le phénomène s’amplifie, depuis quelques années, grâce à la constitution d’un groupe médiatique caractérisé par une idéologie contre-révolutionnaire et le lancement d’un candidat aux Présidentielles de 2022. La sortie en salles du film « Vaincre ou mourir », de Vincent Mottez, en 2023, constitue un point de rencontre, parmi d’autres, de ces différentes dynamiques.
Il n’est pas de notre propos de revenir sur un film amplement décortiqué par des critiques, ni sur l’histoire du parc d’attraction, qui a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs études éclairantes d’historiens. Il s’agit ici de s’interroger, de façon plus large, sur les utilisations, manipulations et anachronismes de l’histoire de la Deuxième guerre mondiale, plaqués sur une interprétation de la Révolution française ayant clairement pour objectif une condamnation morale et politique de celle-ci, afin d’aboutir à un discrédit du régime républicain.

Lire la suite en .pdf

Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?   Annonces

"Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?" : Mardi 20 juin à 18h30, table ronde du département d’histoire de l’Institut La Boétie. La Miroiterie – Espace Dubail, 18 passage Dubail, Paris 10e.

"Robespierre est une des figures les plus connues de la révolution française. C’est aussi la figure centrale sur laquelle se focalise beaucoup de critiques de la période révolutionnaire, notamment à partir de 1792.
Mais sa légende noire créée par une certaine tradition historiographique et dans le débat public ne correspond souvent pas à la réalité des faits. Derrière ces caricatures, on trouve de réelles divergences profondes avec l’ensemble du processus révolutionnaire, en non la seule figure de Robespierre. C’est bien ces oppositions qui sont intéressantes à décrypter en lien avec les faits historiques. Les historien·nes Isabelle d’Artagnan, Marc Belissa, Suzanne Levin et Hugo Rousselle exploreront ces questions durant cette table-ronde en faisant des allers-retours entre discours historiques et actuels sur Robespierre et la Révolution. Elle sera animée par Jean-Marc Schiappa, co-animateur du département d’histoire."

Voir sur le site de l’Institut La Boétie

Call for Papers: “Natural Rights and Politics in the Early Modern Period”   Annonces

Despite the ubiquity of the idea of human rights in our political culture, and its strong presence in the work of political scientists, jurists and contemporary historians, scholarly interest in natural rights — the tradition from which human rights are drawn — remains sporadic and fragmentary. Natural rights were long considered the expression of a possessive and individualistic liberalism (C. B. Macpherson), born in tandem with capitalism and serving as its justification, or else as a nominalist aberration of Scholastic thought (Michel Villey). However, the pioneering work of medievalist Brian Tierney shows that subjective natural rights, seen as inhering in every individual in function of their humanity, go back at least as far as the 12th century. Far from being an expression of the omnipotence of the acquisitive will, natural rights were conceived of as limited by the principle of reciprocity. “Social” rights, such as the right to subsistence, are thus revealed to be not a late addition, but one of the first rights theorized by the medieval jurists of Bologna.

Lire la suite

Une police sans policiers. Les commissaires de police en Révolution   Annonces

Vincent Denis, Policiers de Paris. Les commissaires de police en Révolution (1789-1799)

Vincent Denis, Policiers de Paris. Les commissaires de police en Révolution (1789-1799), Paris, Époques Champ Vallon, 2022.

Dans ce livre, Vincent Denis analyse brillamment le groupe des commissaires de police pendant la Révolution française, leurs modes d'élection par les citoyens, leur action au service des districts puis des sections de la capitale. Une "police sans policiers" se met en place en 1789-1790 et jusqu'en 1795 quand le Directoire crée une police "professionnelle" sur laquelle s'appuiera par la suite la dictature de Bonaparte. Comme le dit la dernière phrase de la conclusion de ce bel ouvrage: "A l’heure où l’interrogation sur les relations actuelles entre polices et populations n’a jamais parue aussi urgente, nous aurions peut-être quelques enseignements à tirer d’un temps où les Parisiens choisissaient leurs policiers"… On trouvera ci-dessous la table des matières et la conclusion du livre :

"Au terme de ce parcours historique, il apparaît qu’un basculement s’est effectué qui, sur les décombres de la police d’Ancien Régime, a transformé les commissaires de délégués des sections en serviteurs de l’Etat. Trois configurations distinctes et successives ont ainsi été mises en évidence, dont on peut préciser la chronologie. Ni le 10 août 1792, ni le 9 thermidor an II n’expliquent à eux seuls le basculement d’une phase à l’autre. Ils en sont plutôt les catalyseurs, en accélérant une évolution déjà entamée. Ainsi, l’avènement des « commissaires-citoyens » à l’automne 1792 avait déjà connu quelques signes annonciateurs, avec l’élection de figures drastiquement politisées à partir de la crise de l’été 1791, tissant déjà des relations nouvelles avec la population de leur section, avec des figures comme Jurie ou Letellier. L’élection des ex-bureaucrates Bonenfant et Maisoncelle, à la veille du 10-Août, était révélatrice de l’émergence de nouveaux canaux d’accès à la charge, qui se généralisent dans les mois suivants. La crise du 10-Août elle-même parachève la désintégration déjà avancée de la configuration laborieusement mise en place en 1790-1791, en accentuant à l’extrême les tensions que la politisation exerçait sur les commissaires depuis des mois."

Lire la suite de la conclusion en .pdf et voir la table des matières

La République de Prieur de la Marne   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 2 juin 2022.
Intervention de Suzanne Levin (Naples) sur : ''La République de Prieur de la Marne.
Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II''.

Gracchus Babeuf   Annonces

 Babeuf de Schiappa

Avant-propos et extrait du dernier chapitre du Gracchus Babeuf de Jean-Marc Schiappa, Paris, Fayard, 2023.

AVANT-PROPOS

Lors d’une évaluation des problèmes de la recherche historique sur Babeuf et les babouvistes, nous interrogions : « Une “biographie” de Babeuf est-elle seulement possible (1) ? » Nous voulions souligner par là les difficultés considérables à notre sens d’une telle entreprise qui ne soit pas déformée ou oblitérée par l’enjeu de débats poli- tiques ultérieurs ; de ce point de vue, l’interrogation est fondée.

Il suffit de lancer n’importe quel moteur de recherche sur « Babeuf », y compris les sites électroniques de publications scientifiques, pour s’en convaincre. François Noël Babeuf est toujours (ou presque) nommé, cité, référencé comme métaphore, mais rarement (pour ne pas dire jamais) comme personnage historique (1760-1797). Surtout, on multiplie les erreurs.

On le désigne comme « premier communiste », ce qui est très approximatif ; « inventeur du mot communiste », ce qui est totalement faux ; « proto-marxiste », ce qui ne veut rien dire (tout ce qui est avant Marx est, étymologiquement parlant, proto-marxiste) ; on le mentionne comme fin d’une lignée, celle de « la grande mémoire de Robespierre, de Saint-Just, des sans-culottes » ; on le situe dans une continuité inexpliquée, « de Marat à Babeuf » ; on peut évoquer « la querelle entre Rousseau et Voltaire, un réveil des mânes de Gracchus Babeuf » ; ou l’insérer dans une accumulation disparate, « ils ont pour noms Socrate, Spartacus, Jésus, Bruno, Galilée, Babeuf », mais on trouve aussi « une seconde tradition que l’on peut qualifier de léniniste (…) bâtie autour d’un événement important de la période révolutionnaire, le procès de Gracchus Babeuf ». Contradictoirement, on l’intègre aussi dans la tradition de ce que l’on a appelé le « socialisme utopique ». S’il s’agit ici de publications récentes, on reconnaît sans peine l’ancienne formule de François Furet et Denis Richet à propos de cette « postérité confuse (2) ». Significativement, un chercheur avait parlé des compagnons de Babeuf comme « écartelés entre un passé mort et un avenir imaginaire, des hommes sans présent (3) ».

Lire la suite

Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac »   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 12 mai 2022.
Intervention de Jacques Guilhaumou (CNRS) sur :
Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac ».

Vaincre ou mourir...suite et fin (?)   Actuel

Dossier publié par la rédaction d'Écran Large, à propos du film Vaincre ou mourir :
"Notre critique de Vaincre ou mourir et les réactions pour le moins véhémentes qu'elle a suscitées en attestent : sa sortie n'est pas anodine. Et pour cause : plus ou moins adapté d'un spectacle du Puy du Fou par une structure de production dérivée du parc lui-même, co-produit par StudioCanal et distribué par une entreprise peu connue du grand public, c'est un peu une anomalie dans un paysage cinématographique français pourtant bien bigarré.
Certains reprochent à la presse de lui accorder une telle couverture. C'est néanmoins l'évidence : le film est parvenu à s'imposer dans ce paysage, fort d'une vraie exposition publicitaire et d'une distribution assez importante. Reste donc à retracer sa conception, à expliciter le contexte très particulier dans lequel il s'inscrit volontiers, à rapporter les débats qu'il engendre et à modérer des espaces commentaires pris d'assaut."

Lire la suite sur Écran Large

Vaincre ou mourir...suite   Actuel

Vaincre ou mourir : critique d’un Puy sans fond de nullité   Actuel

Amorce de l'article d'Antoine Desrue, à lire sur Écran Large : "Il faut bien admettre qu’à l’annonce de Vaincre ou mourir, le premier film produit par le Puy du Fou, on se doutait qu’on allait s’en payer une tranche. Mais en y ajoutant le soutien de Vincent Bolloré et du distributeur SAJE dans leur entreprise d’évangélisation décomplexée des masses, cette réécriture hallucinée des guerres de Vendée a explosé nos compteurs Geiger. Critique d’un monument de radioactivité cinématographique".
Lire la suite
Voir également l'éditorial de Libération (23/01/2023), «Vaincre ou Mourir», l’histoire comme champ de bataille culturel pour les réacs : "La sortie mercredi du premier film produit par le Puy du Fou, mettant en scène les bons royalistes contre les méchants républicains pendant la guerre de Vendée, est un exemple supplémentaire de l’offensive conservatrice en cours, qui utilise le soft power pour diffuser des idées sans en avoir l’air."
Lire la suite

La Société des Anti-Politiques d'Aix   Etudes

par Jean-Baptiste Budjeia, Université de Lille (UMR 8529-IRHiS)

Les Antipolitiques étaient un club politique au recrutement très populaire, dans une ville « aristocratique ». Aix, capitale de l’ancienne province de Provence, fut près de trois ans capitale du jeune département des Bouches-du-Rhône. Parmi ses trois députés aux états généraux du Royaume, elle avait envoyé son archevêque, Boisgelin, et le tonitruant Mirabeau. Mais cette « façade aristocratique » ne doit pas laisser oublier qu’il existait dans cette ville un mouvement populaire fortement engagé dans le processus révolutionnaire, mouvement porté par des artisans et des cultivateurs qui s’établirent en cercle le 1er novembre 1790 et se choisirent un nom, les Antipolitiques, qui ne peut laisser indifférent. Être Antipolitiques ne signifiait pas être contre la politique, mais contre les hommes politiques, du moins contre les pratiques qui leur étaient associées, ces hommes étant perçus comme des intrigants gouvernant pour leurs intérêts propres contre la Chose publique et le « bonheur commun » ; on opposait, en somme, les intérêts particuliers à la vertu, nous y reviendrons. Des artisans et des cultivateurs qui doubleraient sur sa gauche la Société des Amis de la Constitution d’Aix, tenue par les robins de la ville, et rivaliseraient de prestige et de ferveur patriotique avec les puissants Jacobins marseillais.

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2022-2023   Séminaire

Programme 2022-2023 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 26 janvier, Marc Belissa (Nanterre – Paris Ouest), Quelle sororité ? Républiques américaine et française dans la culture politique républicaine-démocrate aux Etats-Unis (novembre 1792-mai 1794).

- 9 février, David Casassas (Barcelone - UB), Républicanisme et revenu d'existence.

- 9 mars, Thomas Perroud (Paris II), L’État républicain, les services publics et les communs.

- 13 avril Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 25 mai, Christopher Hamel (Rouen), Le républicanisme de Richard Price.

- 29 Juin, Myriam-Isabelle Ducrocq (Nanterre – Paris Ouest), L’Oceana de Harrington et sa réception dans la France des Lumières et de la Révolution: pour une autre vision du républicanisme anglais.

La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 avril 2022.
Intervention de Florence Gauthier (Paris-Diderot) :
La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?
Exemple de son histoire du XVIIe au XIXe siècles en France.

La société des Antipolitiques d’Aix   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 31 mars 2022.
Intervention de Jean-Baptiste Budjeia (Lille III) sur :
La société des Antipolitiques d’Aix.

La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II   Annonces

 Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre

Introduction de l'ouvrage de Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II, Paris, L'Harmattan, 2022, 566 p.

"Pour consolider nos droits d’une manière durable, élevons-nous à la hauteur qu’exigent les circonstances, soyons de véritables républicains".
Prieur de la Marne à la société populaire de Rostrenen, 14e jour du 2e mois (brumaire) an II - 4 novembre 1793.

Les termes de cette étude peuvent surprendre. Qui, aujourd’hui, à part les spécialistes, connaît Prieur de la Marne, figure de second plan mais pourtant centrale de la Révolution française ? Alors même que la République est invoquée de nos jours à tort et à travers, qui connaît toute la richesse des traditions républicaines ? Qui connaît le droit naturel, alors que son expression dans les « droits de l’homme » est désormais à la fois omniprésente et dépolitisée, privée de sa puissance subversive ? Nous allons voir que la carrière révolutionnaire de Prieur nous éclaire sur le sens qu’il y avait à défendre les idées de République et de droits de l’homme à une époque où ces mots n’avaient rien de creux.
La Révolution de 1789 fut, dès son commencement, une révolution populaire et jusnaturaliste, c’est-à-dire de droit naturel. Dans la mesure où, pour les contemporains, tout « État libre » est une république, cette Révolution, qui cherchait à établir une France libre — pour citer le célèbre journaliste Camille Desmoulins — était également républicaine, même si le mot faisait peur aux débuts de la Révolution.

Lire la suite ; voir la table des matières et la présentation de l'ouvrage

Faire référence à la Révolution française serait devenu du « fascisme » ?   Actuel

Par Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis.

Une polémique étrange, mais révélatrice d’un nouvel imaginaire politique qui veut s’imposer, a accueilli un tweet de Jean-Luc Mélenchon appelant à manifester le 16 octobre « contre la vie chère ». Cet imaginaire porte en lui un nouveau regard idéologique sur la Révolution française et annonce une victoire culturelle de ceux qui n’y voient qu’un épisode sanglant annonçant les grands totalitarismes du XXe siècle.
Parce que c’est lourd de conséquences sur l’identité républicaine de notre pays, ceux qui n’ont pas honte de la Révolution française, et même qui y trouvent une inlassable source d’inspiration, doivent réagir.
Publié le 6 octobre, ce tweet faisait banalement référence à un grand « classique », une date glorieuse de la Révolution française, le 6 octobre 1789 où une manifestation populaire, conduite par les femmes travailleuses de Paris, se rendit à Versailles chercher le roi Louis XVI. Cette manifestation confirmera le rôle du peuple comme acteur politique majeur durant la Révolution, débloquant par son action spontanée des moments à l’issue incertaine. Suite à cette manifestation, le roi viendra s’installer à Paris, où il sera alors accueilli aux cris de « Vive le roi, vive la nation », plaçant définitivement le pouvoir politique dans la capitale et d’une certaine façon sous le contrôle du peuple. A Versailles, les manifestantes obtiennent notamment du roi la signature d’un décret sur les subsistances et la livraison du pain. C’est seulement une fois ramené à Paris que Louis XVI acceptera de promulguer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, pourtant adoptée fin août.

Lire la suite

Richesse et vertu chez Harrington   Etudes

Par Alberto Ribeiro G. de Barros, Université de São Paulo/CNPq.

John Pocock fait de James Harrington une figure fondamentale du républicanisme anglais et lui accorde une place centrale dans l’anglicisation de ce qu’il a dénommé le langage de la vertu. Utilisé par les humanistes de la Renaissance italienne et surtout par Machiavel, ce langage a rétabli au début de la modernité l’idée aristotélicienne selon laquelle l’être humain développe sa nature morale et politique lorsqu’il participe avec ses semblables à une action collective dans la construction d’un ordre politique capable de faire face aux forces instables de la contingence (1). D’après Pocock, ce même langage a été repris par Harrington dans son projet constitutionnel d’une république agraire de petits propriétaires fonciers, autonomes, armés et dotés d’esprit civique, prêt à se battre pour leur liberté (2). L’image produite par Pocock est ainsi celle d’un auteur qui a préféré adopter le modèle de la cité ancienne, au sein de laquelle régnait la vertu civique de libres tenanciers armés, en détriment des nations commerçantes modernes dont la multiplication des richesses représenterait un facteur corrupteur qui menacerait la stabilité et la longévité de la république (3).

Mon propos est de problématiser cette image, d’abord, en mettant en valeur quelques passages de l’œuvre d’Harrington (4), dans lesquels la base matérielle du gouvernement n’est pas la propriété foncière, mais les biens monétaires. L’intention est de rappeler que sa théorie sur les fondements socio-économiques du pouvoir est également adaptée aux nations commerçantes. Ensuite, je voudrais souligner qu’il y a chez lui une conception de la vertu liée aux ordonnances et dispositifs constitutionnels qui est capable de maintenir la stabilité et la longévité de la république autant ou plus que la vertu des citoyens, indépendamment du fait que la république soit agraire ou soit commerçante.

Lire la suite

Thomas Paine Was History’s Greatest Hater of the British Crown   Actuel

Par Ryan Zickgraf

Since news broke of Elizabeth II’s death at age ninety-six, US social media has been awash with tributes, memes, and merciless dunks on the deceased queen — the latter of which have ruffled some feathers. Jeff Bezos, the Amazon CEO who helped modernize empire for the age of the corporation, took offense to linguistics professor Uju Anya describing the late queen as the monarch of a “thieving raping genocidal empire.” “This is someone supposedly working to make the world better? I don’t think so. Wow,” Bezos tweeted in response. Twitter appeared to agree; its moderators deleted Anya’s post. Bezos and other American royal sycophants could use a reminder that Anya has a kindred spirit in the Founding Fathers — especially one in particular. No one savaged the English throne quite like Thomas Paine, an eighteenth-century magazine writer and editor, whose forty-seven-page pamphlet Common Sense went viral in the American colonies when it was published in January 1776. Part of the popularity of Paine’s prose was the biting edge of his takes on the mother country, which now read like cantankerous tweets.

Lire la suite sur Jacobin

Vertu et Richesse chez Harrington   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 17 février 2022.
Intervention d'Alberto Ribeiro G. de Barros (Université de São Paulo) sur
Vertu et Richesse chez Harrington

Dictionnaire Robespierre. Tome 2   Annonces

Introduction au second volume du Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l'Incorruptible, Trieste, EUT, 2022, dirigé par Cesare Vetter et Elisabetta Gon. La version électronique du premier volume est disponible sur le site de l'Université de Trieste, ainsi que quelques extraits du second volume.

Les mots de Robespierre par Cesare Vetter (Université de Trieste)

Ce deuxième tome du Dictionnaire Robespierre continue à proposer les concordances complètes de quelques mots - clés du lexique de Robespierre. Pour faire la comparaison entre les Œuvres de Robespierre et les Archives Parlementaires nous avons adopté aussi pour Robespierre les critères de Philologic4 (1) sur les fréquences relatives : occurrences d'un mot par rapport à 10.000 mots. Dans ce deuxième tome nous présentons donc pour chaque mot la fréquence absolue, la fréquence relative normalisée et la fréquence relative selon les critères de Philologic4.
Je laisse au lecteur le soin d'exprimer des évaluations et des considérations analytiques sur le matériel que nous présentons ici. J'espère aussi que le lecteur puisera des idées et sera incité à se poser de nouvelles questions et à procéder à de nouvelles conceptualisations. Le Dictionnaire est un outil de travail que nous mettons à disposition de la communauté scientifique.

Lire la suite

Les usages juridiques de la loi d’Allarde aux XIX et XXe siècles   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 10 février 2022.
Intervention de Thomas Perroud (Paris II) sur :
Les usages juridiques de la loi d’Allarde aux XIXe et XXe siècles.

Le Consulat de Bonaparte, la fabrique de l’État et la société propriétaire   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 16 décembre 2021.
Intervention de Marc Belissa (Nanterre) et Yannick Bosc (Rouen) sur
Le Consulat de Bonaparte, la fabrique de l’État et la société propriétaire.

Une nouvelle histoire de l'humanité   Recensions

Par Aurélien Larné, à propos du livre de David GRAEBER et David WENGROW, Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité, Les Liens Qui Libèrent, 2021.

David Graeber, disparu le 2 décembre 2020, était un anthropologue étasunien, membre de la London School of Economics. Ses travaux touchent à des sujets divers et originaux. Il se fait connaître du grand public en développant le concept de bullshit job, somme de métiers inutiles mais surpayés, produits par le système politico-économique ultralibéral, qu’il oppose aux infirmiers, musiciens, jardiniers ou enseignants ne bénéficiant que d’une très modeste estime sociale. Dans son ouvrage sur Les pirates des Lumières ou La véritable histoire de Libertalia, il expose comment la démocratie pirate donna lieu à l’expérience de la confédération betsimisaraka, entre 1712 et 1803, à Madagascar. Sa somme, Dette : 5 000 ans d’histoire, décrit, de l’Antiquité à nos jours, comment la dette fonctionne comme instrument d’oppression et de contrôle (1). David Wengrow est archéologue et professeur à l’Institut d’archéologie de l’University College de Londres. Ils sont les deux auteurs d’un livre intitulé Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité qui a pour sujet l’origine des inégalités. Il s’agit d’un livre riche et stimulant dont le contenu ne peut être exposé en quelques lignes. Il est néanmoins possible d’en extraire les idées principales et de les discuter.

Lire la suite

Série Noire à la Une : "Les crimes de la Terreur"   En ligne

Présentation de ce podcast de la BnF :
"Juillet 1794 : alors qu'un complot renverse Robespierre, ses ennemis participent à la construction d'une période sombre, où la Révolution s'est trahie elle-même... Mais cette dénonciation de Robespierre ou Carrier en bourreaux sanguinaires n'est-elle qu'une invention ? Comment cette construction continue-t-elle d'irriguer notre imaginaire ?
Dans ce nouvel épisode de Séries Noires à la Une, décryptage de ce qui sera appelé « Terreur », période qui déchaîna les passions - y compris dans les journaux, tandis que le nombre de titres explose : la presse se fait autant outil de communication qu'outil pamphlétaire, le rôle des journalistes étant alors ambigu. La « Terreur » est l'histoire de vrais et de faux « coupables », de « crimes » avérés ou inventés. Des noyades de Nantes à la Guillotine, retour sur un récit et sur ses survivances depuis la Révolution."
Intervenants :
Corinne Gomez-Le Chevanton, Ingénieure d'étude au CNRS-Sorbonne Université.
Suzanne Levin, docteure en histoire moderne, chercheuse associée au laboratoire DYPAC à l'Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Jean-Clément Martin, professeur honoraire à l'Université Paris 1, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française, auteur de plusieurs ouvrages sur la Terreur et sur la mémoire de la Révolution et des guerres de Vendée.

Écouter le podcast

Le régime mixte chez Mably et Condillac   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 18 novembre 2021.
Intervention de Edern de Barros (Sorbonne Paris-Nord) :
''Le régime mixte chez Mably et Condillac. L’histoire contre
le despotisme légal des Économistes''.

Éloquences révolutionnaires et traditions rhétoriques. XVIIIe-XIXe s.   En ligne

Colloque organisé par les universités Paris Nanterre et Paris 8, les 5, 6 et 7 mai 2021. Texte de présentation :

Quel rapport une révolution politique, moment tout entier tendu vers le changement, et donc vers l'avenir, entretient-elle avec les modèles du passé ? Est-il possible de « se passer du passé » ? Le changement brutal, la « régénération » et la « table rase », leitmotive du discours de la Révolution française, ne sont-ils que de vains mots ? Ce sont là autant de questions que nous voudrions poser à l'occasion de ce colloque, en prenant plus particulièrement comme objet de réflexion les formes et les contenus de l'éloquence révolutionnaire et le rapport qu'ils entretiennent avec les traditions et les modèles passés, de la Révolution française aux révolutions qui secouent la France tout au long du XIXe siècle. La question du rapport conflictuel et ambigu des révolutions politiques aux modèles du passé nous invite à réfléchir à la fois aux formes discursives, notamment rhétoriques, dont hérite la Révolution française, et à la manière dont cette dernière les récupère, les rejette ou les transforme, et à la fois à l'influence qu'exerce à son tour la Révolution française sur les discours des révolutions suivantes : là encore, s'agit-il d'une imitation (et, le cas échéant, de quel ordre ?), d'un refus, ou d'une métamorphose.

Voir les interventions en ligne.

La Fin de l'Etat par Jacques de Cock   Recensions

Contrairement à ses ouvrages publiés à la suite de l’aventure des "Œuvres complètes" de Marat avec Charlotte Goetz, le dernier livre de Jacques de Cock, "La Fin de l’Etat", n’est pas consacré à la Révolution française. Il s’agit d’un court essai historique et philosophique sur la manière dont l’Etat moderne s’est construit dans un premier temps, à partir du XVIe siècle, contre les communautés historiques humaines, puis, dans un second temps, a envahi l’ensemble des aspects de la vie sociale jusqu’en 1914 et a, selon Jacques De Cock, pris la place de la société depuis lors.

Lire la suite

Œuvres de Robespierre tome XII - Compléments 2 (1778-1794)   Annonces

 OMR tome 12

Le tome XII des Œuvres de Robespierre publié par la Société des études Robespierristes est en vente par souscription jusqu'à la fin du mois de février sur le site de la SER.

Texte de présentation de la souscription

Œuvres de Maximilien Robespierre Tome XII, Compléments - 2 Paris, Société des études robespierrises, sortie le 3 mai 2022, 432 p., 30 €
(Edition préparée par Annie Geffroy, Corinne Gomez-le Chevanton et Hervé Leuwers,
avec le concours de Lionel Gallois et Thomas Vermeulen)

En 2011, avec le soutien d’une souscription lancée par la Société des études robespierristes, d’exceptionnels manuscrits de Robespierre entraient aux Archives nationales. Ce douzième volume des Œuvres donne désormais accès à leur transcription ; il rappelle aussi l’incroyable médiatisation de cet événement, qui soulignait l’actualité préservée de la Révolution, le débat sur sa mémoire, ou les passions suscitées par le personnage.

Lire la suite

Refaire le musée d’histoire de Paris   Réplique

Appel du 21 janvier 2022 à des États généraux et une consultation citoyenne

Par Laurent Hebenstreit

Le musée Carnavalet, musée historique de la Ville de Paris, recevait 500 000 visiteurs par an dont un millier de groupes scolaires. Sa réouverture est malheureusement un fiasco. Le traitement scandaleux de la Révolution française est le symbole du désastre.

Lire la suite

Les mouvements sociaux à l'ère des révolutions atlantiques   Recensions

Par Marc Belissa, Université Paris-Nanterre, à propos du livre de Micah Alpaugh, Friends of Freedom. The Rise of Social Movements in the Age of Atlantic Revolutions, Cambridge University Press, 2021, 502 p.

Le dernier ouvrage de Micah Alpaugh entend présenter les relations et les interactions entre les « social mouvements » dans l’aire atlantique pendant ce qu’il est convenu d’appeler l’ère des Révolutions. Micah Alpaugh laisse volontairement de côté les révolutions patriotiques hollandaise, belge, liégeoise, genevoise, polonaise des années 1787-1791 pour rester dans le cadre « atlantique », de même il arrête son étude avant la vague révolutionnaire des années 1810-1820 en Amérique latine.
Les chapitres se suivent selon une logique chronologique et géographique. Dans la première partie, le point de départ est le mouvement contre le Stamp Act en 1765-1766 dans les colonies d’Amérique du Nord, puis celui contre les Townshend Acts jusqu’à la Révolution américaine. Micah Alpaugh passe ensuite dans les Iles britanniques avec le mouvement wilkite et celui pour la réforme parlementaire mais aussi en Irlande avec le mouvement des Volunteers aboutissant à l’autonomie législative du Parlement de Dublin. Il poursuit son étude par le mouvement pour la liberté religieuse et pour les droits des Dissenters et celui pour l’abolition de la traite en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Dans la deuxième partie, l’auteur aborde la constitution du réseau jacobin dans la Révolution française et celle des sociétés de gens de couleur à Saint-Domingue, puis l’impact de la Révolution française sur le mouvement radical dans les Iles britanniques avant de revenir aux Etats-Unis avec l’émergence et la victoire du parti républicain démocrate aux Etats-Unis.

Lire la suite

Japan, a country without revolution?   En ligne

Eddy Dufourmont, "Japan, a country without revolution? Uses of kakumei and historical debates in the Meiji era (1868-1912)", Historians of Asia on Political Violence, Anne Cheng et Sanchit Kumar (dir.), Paris, Collège de France, 2021 :

As any country in the world, Japan in the course of its history experienced many phenomena of internal wars, on different scales and of different natures. The construction of fortified villages in the Yayoi period, the political struggles of the Yamato kingdom, the revolts against the imperial regime in the Heian period, the battles between warrior clans in the 12th century or political anarchy in the 15th and 16th centuries are some examples. Modern Japan experienced a major political change with the coup initiated in 1868 by the Satsuma and Choshu clans of southwest Japan against the Tokugawa shogunate. The victory of Satsuma and Choshu and the establishment of the imperial regime in 1889 meant the creation of an ideology, a discourse legitimising the imperial regime based on a false historical fact –the supposedly unbroken line of divine emperors starting with the fictitious Jinmu. The creation of the imperial regime meant also a general revision of the Japanese past, starting with the coup of 1868 itself. During all its existence, the management of Japanese history was a central problem for the regime. As was shown by Mitani Hiroshi, in 1940 the imperial regime published a large compilation of sources entitled “History of the restoration” (Ishinshi). This work established a vision of the birth of modern Japan that became the classical narrative to describe it, even outside Japan.

Lire la suite

La Société des Amis des Noirs en ligne   Outils

Les registres de la Société des Amis des Noirs (1788-1790) sont désormais en ligne, grâce notamment à l'équipe de la Bibliothèque Mazarine et de l'Université de Caen (avec la participation de Marcel Dorigny, récemment décédé, et de Bernard Gainot). On peut les consulter par date de séance, en fac-similé et en transcription. La possibilité de recherche en plein texte en fait un instrument de premier ordre. On trouvera également la liste des membres de la Société ou des personnalités et députés à la Constituante ayant participé occasionnellement aux séances. L'intégrale du Registre pour la période du 19 février 1788 au 11 juin 1790 est aussi téléchargeable au format pdf sur le site de la Mazarine.

Consulter les registres de la Société des Amis des Noirs sur le site de l'Université de Caen et sur celui de la Bibliothèque Mazarine

Commerce, propriété et liberté chez Mably   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 8 avril 2021.
Intervention de Julie Ferrand (GATE-Saint-Etienne) :
Commerce, propriété et liberté dans Du gouvernement et des Lois de la Pologne
de Gabriel Bonnot de Mably.

Le Consulat de Bonaparte. La fabrique de l’État et la société propriétaire   Annonces

 Belissa et Bosc, Le Consulat de Bonaparte

Introduction de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Consulat de Bonaparte. La fabrique de l’État et la société propriétaire (1799-1804), Paris, La Fabrique, 2021, 282 p.

Code civil, Légion d’honneur, Cour de cassation, préfets, sous-préfets, Code de procédure civile, lycées, académies, recteurs, Code de commerce, Conseil d’Etat, Chambres de commerce, Banque de France… Toutes ces institutions, juridictions et codifications nous sont familières et font partie du vocabulaire et des pratiques de la société française de la Cinquième République. Elles ont été également présentes pendant toute l’histoire de la France aux XIXe et XXe siècles. Or ces institutions, juridictions et codifications ont été soit créées, soit refondées ou redéfinies, pendant une courte période d’un peu moins de cinq années du 9 novembre 1799 (le 18 Brumaire an VIII) au 18 mai 1804 (le 28 Floréal an XII) — du coup d’Etat par lequel Bonaparte s’empare du pouvoir à la proclamation du Premier Empire — période à laquelle les historiens donnent le nom de Consulat. Bien entendu, le Code civil ou les institutions que nous venons d’énumérer ont évolué depuis plus de deux siècles et ne sont plus identiques à ce qu’elles étaient quand elles ont été définies par Bonaparte et son équipe de collaborateurs mais la conception de la propriété privée du Code civil de 1804 est encore la nôtre et les bases de l’Etat centralisé en France ont été posées dès 1800. Le Consulat est donc bien le moment de la fabrique de l’État contemporain et de la société propriétaire dans laquelle nous vivons encore aujourd’hui.
Pourtant, cette période est peu connue de nos contemporains en dehors du cercle très restreint des historiens universitaires et de celui un peu plus large des « napoléonolâtres ». Pour le grand public, la période du Consulat se limite bien souvent à la figure de Bonaparte (et éventuellement à celle de Fouché ou de Talleyrand) et à quelques images qui se sont imposées dans la « mémoire nationale », comme celle que David a donnée en 1803 de Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard ou celle du « sacre » de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris (le tableau est peint entre 1805 et 1807).

Lire la suite

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2021-2022   Séminaire

Programme 2021-2022 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 18 novembre : Edern de Barros (Paris-Nord), Le régime mixte chez Mably et Condillac. L’histoire contre le despotisme légal des Économistes.
- 16 décembre : Marc Belissa (Nanterre) et Yannick Bosc (Rouen), Le Consulat, la fabrique de l’État et la société propriétaire.
- 10 février : Thomas Perroud (Paris II), Les usages juridiques de la loi d’Allarde aux XIX et XXe siècles.
- 17 février : Alberto Ribeiro G. de Barros (São Paulo), Vertu et Richesse chez Harrington.
- 31 mars : Jean-Baptiste Budjeia (Lille III), La société des Antipolitiques d’Aix.
- 14 avril : Florence Gauthier (Paris-Diderot), La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ? Exemple de son histoire du XVIIe au XIXe siècles en France.
- 12 mai : Jacques Guilhaumou (CNRS), Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac ».
- 2 juin : Suzanne Levin (Naples), La République de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II.

"Ghosts of Amistad: In the Footsteps of the Rebels"   En ligne

Ce film documentaire, réalisé par Tony Buba et produit par Marcus Rediker, est basé sur le livre de Rediker, "The Amistad Rebellion: An Atlantic Odyssey of Slavery and Freedom" (Penguin, 2012). Le film raconte un voyage en Sierra Leone en 2013 pour visiter les villages d'origine des rebelles qui ont capturé la goélette esclave « Amistad » en 1839, pour interviewer des anciens sur la mémoire locale de l'incident à travers la tradition orale, et pour rechercher les ruines perdues de Lomboko, l'usine de traite négrière où commença le cruel voyage transatlantique. Les cinéastes s'appuient sur les connaissances des villageois, des pêcheurs et des camionneurs pour retrouver l'histoire perdue "from below" dans la lutte contre l'esclavage et pour restaurer la mémoire populaire de la traite négrière atlantique.
"Ghosts of Amistad" a été créé au Three Rivers Film Festival en 2014 et a fait partie de la sélection officielle de six autres festivals, dont le Pan African Film Festival et le New York African Film Festival. Le film a reçu le prix du film John E. O'Connor de l'American Historical Association en tant que meilleur documentaire historique de 2015. Il a été projeté dans le monde entier - à Paris, Londres, Amsterdam, Bologne et aux États-Unis. On peut le visionner en version originale avec des sous-titres français surYouTube.

Voir le film

Colloque Henri Guillemin. L'enseignement de l’Histoire en péril   Annonces

Enseignement de l’Histoire en péril, Histoire politique, littéraire, économique.
PARIS – 6 NOVEMBRE 2021
ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE (ENS) SALLE JEAN JAURES
24, RUE LHOMOND 75005 PARIS

Programme et inscriptions

Le Parcours Révolution de la Mairie de Paris   Outils

La Ville de Paris propose de parcourir le Paris de la Révolution française à travers les traces encore visibles et les nombreux symboles de cette période. Le Parcours Révolution entend amener à la découverte de 16 quartiers et plus de 120 lieux liés à la Révolution. Les textes ont été rédigés par Guillaume Mazeau pour le XVIIIe siècle et par Jean-Claude Caron pour le XIXe siècle.

Accéder au parcours

Que les révolutions sont belles… quand les insurrections populaires sont écrasées !   Actuel

Par Marc Belissa, Université Paris Nanterre.

« Vouliez-vous une révolution sans révolution ? (…) Qui peut marquer après coup, le point précis où devraient se briser les flots de l’insurrection populaire ? » Robespierre, 5 novembre 1792

Le 10 août 2021, les lecteurs du Monde ont pu découvrir, sous la plume du journaliste Antoine Reverchon, un exercice d’histoire contre-factuelle, intitulé « Et si, le 10 août 1792, l’émeute des sans-culottes avait été écrasée ? ».

Rappelons que l’histoire contre-factuelle (et non « l’uchronie » comme l’écrit l’article) a pour but de réfléchir aux problèmes de la causalité historique et de comprendre les mécanismes dynamiques des événements. Pour cela, il est indispensable d’avoir une vision à peu près claire des enjeux et des rapports de force à l’instant où l’on pense la divergence entre ce qui s’est passé et ce qui aurait pu se passer et surtout d’éviter les préjugés sur ce qui aurait « dû » se passer.

Le journaliste du Monde imagine donc que les Suisses du palais des Tuileries, aidés par les gardes du corps du roi et les membres de la Garde nationale soldée, réussissent à massacrer la troupe des insurgés parisiens et des fédérés des départements. À midi, « l’insurrection est matée ». Selon ce récit alternatif, les Girondins « décident de l’occasion pour se débarrasser des ultras de la cour apparemment triomphants et des sectionnaires ». Encore faudrait-il qu’ils en aient eu les moyens politiques mais pourquoi pas… mais là où l’on rentre dans « l’alternative » très alternative, c’est qu’Antoine Reverchon imagine un accord entre Robespierre, Danton et Vergniaud pour suspendre Louis XVI et imposer Dumouriez comme tuteur du prince royal. Robespierre, c’est bien connu, étant un opportuniste, se rallie donc à cette situation constitutionnelle.

Lire la suite

Les origines du droit au travail en France (1789-1848)   Annonces

 Pablo Scotto, Los orígenes del derecho al trabajo en Francia

Nous publions ici une traduction en français de la conclusion de l'ouvrage de Pablo Scotto, Los orígenes del derecho al trabajo en Francia (1789-1848), Madrid, CEPC, 2021. Lire la conclusion, la préface et l'introduction en castillan. Voir la présentation sur le site de l'éditeur.

Le droit au travail : d’hier à aujourd’hui

Le langage des droits

Le droit au travail jouit aujourd’hui d’une large reconnaissance juridique. Malgré cela, c’est un droit dont on parle peu et qui reste, pour ainsi dire, à l’arrière-plan, au point que certains juristes et philosophes ont affirmé qu’il ne constitue pas un véritable droit. À mon avis, cela est dû — entre autres raisons — à la manière dont le discours des droits a été ravivé après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1789 et 1848, les droits ont suscité de grandes passions. Pendant la Révolution française, ils sont devenus synonymes de radicalisme politique, de démocratie, de terreur, d’anarchie. En fait, à la fin de ce grand bouleversement, l’un des principaux objectifs des contre-révolutionnaires était de combattre et de reformuler ce type de langage. Quelque chose de similaire s’est produit lors de la Révolution de 1848, bien que sous une forme plus courte. Certains droits, et en particulier le droit au travail, sont devenus synonymes de socialisme, de communisme, d’attaque contre la propriété, d’anarchie. Une fois le mouvement ouvrier parisien vaincu, les droits les plus encombrants ont été éliminés de la Constitution, et le langage même des droits a été subordonné à un autre fondé sur les devoirs.
Dans les deux cas, le renoncement au langage des droits était dû au fait qu’il était utilisé, ou pouvait être utilisé, pour dénoncer et renverser les privilèges des classes dominantes. Non seulement ceux des classes dirigeantes dont le pouvoir reposait sur le passé, mais aussi ceux des classes qui dirigeaient la révolution. Dans le cas de la Révolution française, les droits ont commencé à servir non seulement à critiquer le clergé et la noblesse, mais aussi la nouvelle « aristocratie des riches », et c’est alors qu’ils ont été éliminés. La même chose s’est produite en 1848 : à un certain moment, ils les droits ont servi non seulement à réclamer une ouverture contrôlée du régime politique, mais ont été associés à l’idée qu’il fallait étendre l’égalité politique, récemment obtenue, à la sphère du travail. Et c’est alors qu’ils ont été éliminés.

Lire la suite

Sieyès. La sensation, l’action et le moi.   Séminaire

La sensation, l’action et le moi. Réponse de Jacques Guilhaumou à Christine Fauré.

Ayant participé à la publication des manuscrits de Sieyès sous la direction de Christine Fauré, je tiens d’abord à m’excuser de mon absence pour des raisons impératives à ce séminaire sur Sieyès. C’est toujours un plaisir de dialoguer avec Christine Fauré sur un auteur, Sieyès, à propos duquel nous avons souvent échangé pendant son édition des manuscrits de Sieyès en deux volumes chez Champion.
En fin d’exposé Christine Fauré m’interpelle de manière critique sur un point. Elle considère, si j’ai bien compris, que je ne mets pas assez l’accent sur l’importance de Condillac chez Sieyès dès ses premiers écrits manuscrits, attitude paradoxale dans la mesure où j’ai présenté et transcrit le Grand Cahier métaphysique, manuscrit de jeunesse de Sieyès (1773) centré en grande part sur la lecture du Traité des sensations de Condillac. Après avoir précisé ce qui lie Sieyès à Condillac, le couple sensation-action, et sa conséquence, l’absence chez Sieyès d’une approche du sujet en terme empirico-transcendantal, elle identifie la cause de ma démarche dans le fait que j’aurais une approche kantienne de Sieyès.

Lire la suite

Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël   Etudes

par Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS.

La panthéonisation de Jean-Jacques Rousseau, le 20 vendémiaire l’An III (11 octobre 1794), célèbre l’héritage de l’auteur du "Contrat Social" qui traversa toute la Révolution. C’est un pic de reconnaissance.
Jonathan Israël, dans un ouvrage de près de 1000 pages sur les idées révolutionnaires (1) , cherche dans un premier temps à évaluer ce rousseauisme révolutionnaire décidément trop vague :

« Une grande variété d’acteurs de tous bords adorait Rousseau, de la portraitiste… Élisabeth Vigier le Brun (qui détestait la Révolution) au catholique révolutionnaire Fauchet, jusqu’à Robespierre et Saint-Just… Rousseau était le héros, tant de la droite que de la gauche, il acquit un prestige d’une ampleur sans pareille » (2).

À travers le défilé des grandes voix de la Révolution, Jonathan Israël tente de nuancer cette approche. C’est ainsi que Brissot (p. 81), Marie-Josèphe Chénier (p.84) (3), Nicolas Bergasse, passent sous le radar du Rousseauisme. Mais peut-on étendre ce Rousseauisme tout azimut à l’abbé Sieyès ? Jonathan Israël constate que la rhétorique des débuts de la Révolution trouve son lexique dans les premiers essais de l’abbé Sieyès : Essai sur les privilèges, Qu’est-ce que le Tiers-État ?, Vues sur les moyens d’exécution, Reconnaissance et exposition raisonnée des droits de l’homme… . « Sans être tout à fait Rousseauiste, Sieyès emprunte néanmoins à Jean-Jacques certaines expressions » écrit Jonathan Israël de manière évasive sans se lancer dans une identification précise de ces fameuses formules.

Lire la suite

Pourquoi, comment et par qui Bartolomeo de las Casas a-t-il été calomnié ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 25 mars 2021.
Intervention de Florence Gauthier (Paris Diderot) :
Pourquoi, comment et par qui Bartolomeo de las Casas a-t-il été calomnié ?

Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 11 février 2021.
Intervention de Christine Fauré (CNRS) :
Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël.

Kant, penseur centriste et merkélien ?   Actuel

Par Lucien Calvié, Université Toulouse II - Jean Jaurès.

Angela Merkel devant quitter la Chancellerie fédérale allemande en septembre 2021, après seize ans de pouvoir, à l'occasion des élections au Bundestag, on peut tenter de caractériser l'idéologie qui a sous-tendu sa politique. Pour cela, on peut partir des commentaires élogieux, dont celui du Président des États-Unis Obama, qui, en 2015, ont suivi sa décision d'ouvrir sans restriction les frontières de son pays aux réfugiés en provenance d'États, dont la Syrie, en proie à des troubles et guerres civiles mêlés d'ingérences étrangères. Cela pouvait sembler très difficile, d'où le fameux « Wir schaffen das ! » (« On y arrivera » ou « ça va se faire ! » ), très allemand de ton dans son assurance de bien faire ce qu'il faut faire. Merkel aurait ainsi « sauvé l'honneur » de l'Europe. Et les commentateurs d'estimer que la Chancelière s'était montée la digne fille de son pasteur de père et de qualifier de « kantienne » la leçon de morale donnée au monde. En 2019 encore, Merkel fut louée d'avoir fait de l'Allemagne « une nation kantienne hissée au-dessus d’elle-même », alors que, dès le début 2016, la main-d’œuvre voulue ayant été sélectionnée par une économie allemande en manque de bras et de compétences et les frontières allemandes s'étant refermées, la plupart des éloges avaient disparu lorsqu'on s'était rendu compte qu'un surplus de réfugiés, ou supposés tels, se retrouvait parfois, hors d'Allemagne, dans des foyers d'accueil ou autres lieux moins contrôlables.
Qu'en est-il de la filiation Kant-Merkel ?

Lire la suite en .pdf

Napoléon-mania dans les JT   Actuel

Le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, a fait l’objet d’une quinzaine de reportages dans les journaux télévisés de France 2 et de TF1. Sur les deux chaînes, le traitement médiatique se résume à deux angles : des reportages « consommation » (axés notamment sur les collectionneurs et des tenanciers de magasins de souvenirs) et des sujets marqués par le « culte de la personnalité ». Le rétablissement de l’esclavage (entre autres) est rarement évoqué. Et quand il l’est, le fait est minimisé, pour ne pas dire… revisité. En résumé, c’est une vision « commerciale » du personnage qui domine, et une contribution médiatique à l’écriture d’un « roman national » par le haut, sans recul critique.

Lire la suite sur ACRIMED

Faut-il « cancel » Napoléon ?   Actuel

Chronique "Ouvrez les guillemets" sur Mediapart, 10 mai 2021 : " Emmanuel Macron voulait une commémoration mesurée et équilibrée, beaucoup ont malgré tout trouvé l’hommage à Napoléon Ier, à l’occasion du bicentenaire de sa mort, particulièrement appuyé, pour ne pas dire enthousiaste. Bien sûr, il y eut des débats mais le mal est fait : le président de la République s’est bel et bien lancé dans un éloge verbeux de l’empereur, auteur du coup d’État du 18 brumaire et fossoyeur des libertés publiques.
Peut-on voir dans cet épisode mémoriel davantage qu’un simple éloge de la « volonté politique » ? À l’heure où d’autres militaires s’emploient à peser sur la politique de ce pays, il serait peut-être en effet temps de s’interroger sur le sens d’un tel hommage."

Napoléon Bonaparte ou la corruption de la société par la guerre permanente 1795-1821   En ligne

Par Florence Gauthier (Paris Diderot)

Va-t-on nous rejouer la triangulaire bien pensante d’un Napoléon, Sauveur des gens de biens, contre le double danger du peuple et du retour des royalistes, comme la légende invite à ne se remémorer que cette issue, dans une société en perte de connaissance et de liberté ? Toute cette agitation pour le bicentenaire de sa mort ressemble à quelques préparatifs d’une énième répétition…

Lire la suite sur le Canard Républicain

Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 janvier 2021.
Intervention de Benoît Basse (ETHICS- Lille) sur :
Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ?


Le texte de cette intervention est publié dans l'ouvrage collectif :
Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme

« The Many and the Few » Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux Etats-Unis (1790-1793)   Etudes

par Marc Belissa Université Paris Nanterre

Dans mes articles précédents sur le républicanisme aux Etats-Unis dans la décennie 1789-1799, j’avais dans un premier temps étudié le débat sur la nature de la jeune république par le biais du cérémonial lors de la mise en place du gouvernement fédéral en 1789 et 1790, j’ai ensuite présenté la réception de la première partie de Rights of Man aux Etats-Unis en 1790 et 1791 et notamment le débat pour et contre la critique de Paine par John Quincy Adams/Publicola, débat qui posait à nouveau la question de la nature de la république américaine au regard de la « constitution britannique » et de la Révolution française (1). Je poursuis aujourd’hui en m’intéressant à l’émergence d’une économie politique républicaine, selon l’expression de l’historien Drew McCoy (2), en 1792-1793 chez un certain nombre de commentateurs critiques de la politique économique et financière du gouvernement fédéral. Une fois de plus, c’est la question de la nature de la république qui est posée à travers ce que l’on pourrait appeler, dans le langage actuel, des projets de société concurrents.

Dès 1789, des critiques s’élèvent contre la politique économique du Secrétaire d’Etat au Trésor Alexander Hamilton. Ces critiques s’accentuent en 1790 et 1791 jusqu’à provoquer l’apparition de ce que James Madison et Thomas Jefferson commencent à appeler au printemps 1792 le « parti républicain » ou le republican interest. Ces débats se poursuivent en 1792 et au début de 1793 en relation avec l’évolution économique et sociale qui marque ces premières années de la république fédérale.

Lire la suite

Sources pour l'histoire de la Révolution de Saint-Domingue   Sources

En 1993, 1995 et 1998, Florence Gauthier publiait dans les Annales historiques de la Révolution française d'importants documents inédits sur la Révolution de Saint-Domingue. Nous les rassemblons ici :
- Inédits de Dufay, Santerre et Léonard Leblois, au sujet de l'arrivée de la députation de Saint-Domingue à Paris. Janvier-Février 1794 - LIRE
- Inédits du comité de Sûreté générale concernant l'arrivée de la députation de Saint-Domingue à Paris. Janvier 1794 - LIRE
- Inédits de Belley, Mills et Dufay, députés de Saint-Domingue, de Roume et du comité de Salut public, concernant le démantèlement du réseau du lobby esclavagiste en France. Février-Mars 1794 - LIRE

Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine - 2e partie   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 3 décembre 2020.
Intervention de Marc Belissa (Paris Nanterre) sur :
« The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux États-Unis (1790- 1793).
2 - La construction d’une « économie politique républicaine » critique.


Voir la discussion sur l'intervention

Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine - 1ère partie   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 26 novembre 2020. Intervention de Marc Belissa (Paris Nanterre) sur :
« The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux États-Unis (1790- 1793).
1- Une économie politique au service du few : le système fisco-financier de Hamilton.


Voir la discussion sur l'intervention

L'Humanité et ses droits   Annonces

 Fuchs, L'Humanité et ses droits

Introduction de l'ouvrage d'Edith Fuchs, L'Humanité et ses droits, Paris, Kimé, 2020, 160 p.

Nous connaissons tous le mot de Proudhon, repris par Carl Schmitt: qui dit « humanité » veut tromper et nous n’avons sans doute pas déjà oublié le mépris nazi, selon lequel tout humanisme serait « humanisme bêlant » ; dans un tout autre registre, théorique cette fois, nous avons entendu Michel Foucault déclarer dans Les mots et les choses que « l’homme est en train de périr à mesure que brille plus fort à l’horizon l’être du langage ».
De la « mort de Dieu » à la « mort de l’homme », les voies furent et demeurent multiples. Ainsi, les récusations Heideggeriennes de toute forme d’humanisme, et partant, de toute idée d’humanité ont conquis grand nombre d’esprits divers – même Althusser, fut comme tant d’autres, séduit par La Lettre sur l’humanisme. Si cette Lettre constitue sans doute une réponse de Heidegger à la question de Jean Beaufret en 1946, elle s’attache nommément à réfuter Jean-Paul Sartre quand celui-ci défendit l’humanisme de la philosophie existentielle contenue dans l’Être et le Néant par un petit opus qu’il intitula : L’existentialisme est-il un humanisme ? Pour Heidegger, il s’agissait de mettre en pièces l’humanisme de la liberté que Sartre octroie à l’humanité, en tant que « destin » dicté par le Néant d’où surgit la condition humaine, sans être déterminée par quoi que ce soit de donné.

Lire la suite et voir la table des matières, voir la présentation sur le site des Éditions Kimé

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2020-2021   Séminaire

Programme 2020-2021 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Compte tenu de la situation sanitaire, le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

26 Novembre : Marc Belissa (Paris Nanterre), « The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux Etats-Unis (1790- 1793). 1- Une économie politique au service du few : le système fisco-financier de Hamilton.

3 décembre Marc Belissa (Paris Nanterre), « The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux Etats-Unis (1790- 1793). 2- La construction d’une « économie politique républicaine » critique.

14 Janvier : Benoît Basse (ETHICS- Lille), Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ?

11 Février : Christine Fauré (CNRS), Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël.

25 Mars : Florence Gauthier (Paris Diderot), Les politiques coloniales de l’Empire français, de Louis XIV à Bonaparte.

08 avril : Julie Ferrand (GATE-Saint-Etienne), Commerce, Propriété et Liberté dans Du gouvernement et des Lois de la Pologne de Gabriel Bonnot de Mably.

"République" contre République   Actuel

On a entendu cette semaine, à la suite de l'assassinat de Samuel Paty, un concert de propositions fascisantes. Toutes avancées au nom d’une “République” qu’on ne prendra jamais le soin de définir. Il est nécessaire, dans ces circonstances, de faire un pas de côté historique et philosophique pour réfléchir au sens du mot qui est dans toutes les bouches : "République".
Qu'est-ce que "la République" ? Si l'on devait se plier à l'exercice du micro-trottoir cela mettrait assurément en évidence le flou qui entoure cette notion pour la plupart d'entre nous. On parlera de démocratie, on citera la devise, on évoquera la laïcité. On sera probablement en peine de formuler la différence avec d'autres concepts comme la Nation ou l’État. Mais quoique difficile à définir, l'idée est perçue comme positive : il faut être républicain. La « République » est le concept consensuel par excellence, elle est vue comme un cadre qui organise la libre coexistence des individus.

Lire la suite sur Le Média

L’obélisque et les philosophes   Enseignement

Ou Comment l’Éducation Nationale a éteint les Lumières en classe

Par Nathalie Alzas

Les rentrées 2019-2020 des lycées, en France, sont marquées par la mise en place d’une réforme de vaste ampleur, qui touche l’ensemble des programmes (1). Comme toujours, ce genre de micro-événement suscite son lot de controverses, notamment en histoire, matière donnant traditionnellement lieu à de multiples débats. Mais dans une Éducation Nationale dont les réformes s’empilent, depuis des décennies, comme autant de couches de crème pâtissière sur un mauvais millefeuille, l’évocation d’un tel sujet s’apparenterait à un exercice particulièrement vain. L’observateur blasé n’y rencontre que des figures connues, débats éphémères d’un jeu de rôle médiatique. Parler d’ailleurs de « nouveaux » programmes pourrait laisser sceptique, tant le recyclage d’anciennes notions semble permanent (cf., par exemple, la réapparition de « La Méditerranée médiévale : espace d’échanges et de conflits » en Seconde). Pourtant, la lecture des dits programmes est souvent chose intéressante, tant elle nous amène, non pas à la découverte de l’histoire des temps passés, mais à un éclairage sur les temps présents. Malgré l’impression d’immobilisme évoquée plus haut, les programmes, et les manuels scolaires qui les interprètent, ont toujours été, en effet, très influencés par les évolutions idéologiques de leur époque. Les considérer permet d’aller au-delà des déclarations d’intention des politiques ou des idées reçues. Songeons, par exemple, aux travaux qui ont montré que sous la IIIe République, loin d’un « récit national » univoque, l’école primaire avait enregistré profondément le choc traumatique de la Première Guerre Mondiale (2). La polémique récente sur la disparition, en classe de Première, de la bataille de Verdun et son remplacement, en quelque sorte, par la bataille de la Somme, pour l’année 1916, dans le traitement de la Première Guerre Mondiale, est exemplaire à cet égard. Certains y ont vu la prééminence d’un discours victimaire, réduisant les soldats à des agents passifs d’un conflit absurde qui les dépassaient, en lieu et place d’une commémoration célébrant le courage des « poilus ». Dans la postmodernité des débuts du XXIe siècle, un jugement moral, pour ne pas dire moralisateur, dominerait les programmes, plutôt qu’une perspective historique (3).

Lire la suite

L’influence des sociétés amérindiennes sur les penseurs des Lumières   En ligne

La sagesse de Kandiaronk : la critique indigène, le mythe du progrès et la naissance de la Gauche
Par David Graeber

Texte publié par la Revue du MAUSS permanente. Présentation :
Ce texte "traite de l’influence des sociétés amérindiennes sur les penseurs des Lumières en Occident. Il y apparaît que les textes fondateurs des Lumières et de la Révolution Française, et notamment le texte de Rousseau sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, ont été fortement influencés par des livres qui relataient la critique des indiens d’Amérique vis-à-vis de la société occidentale. Parmi ces indiens d’Amérique, la personnalité de Kandiaronk ressort comme celle d’une sorte de Socrate amérindien, un brillant orateur qui a fasciné l’élite occidentale française et qui a perverti la jeunesse occidentale à mesure que ses critiques de la société occidentale et de la religion chrétienne se diffusaient au sein de la susdite société. Le texte montre que l’idéologie du progrès apparaît alors comme une réaction conservatrice contre la diffusion de ces idées afin de justifier les inégalités occidentales puisque selon cette idéologie, l’inégalité des hommes serait le prix à payer pour le progrès technique et le confort qu’il apporte."

Lire le texte sur la Revue du MAUSS permanente.

Nakae Chômin (1847-1901), le Japon et la Révolution française   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 6 février 2020.
Intervention d'Eddy Dufourmont (Bordeaux-Montaigne) sur :
Nakae Chômin (1847-1901), le Japon et la Révolution française.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne.

La conception de la liberté comme non-domination de Philip Pettit   Etudes

Par Alberto Ribeiro G. de Barros, Université de Sao Paulo

Il s'agit ici d’évaluer si la conception de la liberté comme non-domination, telle qu’elle est formulée par Philip Pettit, correspond au sens que la tradition républicaine a attribué à l’idée de liberté et si elle peut être considérée comme une alternative à l’opposition entre liberté négative et liberté positive. L’hypothèse est qu’elle découle d’une interprétation restreinte et partielle de l’idée républicaine de liberté qui se trouve dans le travail de l’historien Quentin Skinner. Ainsi, elle s’éloignerait des importants courants du républicanisme moderne. Afin de discuter cette hypothèse, je présenterai d’abord la conception de liberté comme non-domination et les principales objections apportées à la formulation de Pettit ; ensuite, j’examinerai l’interprétation de Skinner et ses aspects les plus problématiques ; pour finir, je commenterai certaines conséquences de l’utilisation de cette interprétation pour le projet de Pettit.

Lire la suite

Béboulonner le passé colonial et raciste   Actuel

Sur Le Média : "Que penser du mouvement actuel de déboulonnage de statues des personnages liés à la colonisation et à l’esclavage, et plus généralement de remise en cause de la place occupée par leurs noms et leurs images dans l’espace public ? L'historien Julien Théry reçoit son collègue Guillaume Mazeau, maître de conférences à la Sorbonne, qui a récemment fait paraître un bref ouvrage de réflexion, sobrement intitulé Histoire, aux éditions Anamosa."

« Fraternité » dans le lexique de la révolution française   Etudes

Fraternité et Révolution française : parent pauvre ou mot dans la bouche de tout le monde ?

Par Cesare Vetter et Elisabetta Gon, Université de Trieste

A la fin du texte, les auteurs proposent les concordances complètes des mots qui font partie de la famille lexicale de « fraternité» chez Hébert, Marat, Saint-Just et Robespierre.

La « fraternité » recouvre-t-elle un rôle de « parent pauvre » dans le lexique de la Révolution, comme l'affirme Mona Ozouf (1) et comme l'a unanimement et longtemps soutenu l'historiographie révolutionnaire ? À la lumière de nouveaux potentiels de recherche provenant de la numérisation des sources et du déploiement des instruments de la linguistique computationnelle, la réponse doit être reconsidérée : en partie oui, en partie non (2). Le nombre d'occurrences est modeste, non seulement par rapport aux deux autres mots de la devise républicaine (« liberté, égalité, fraternité») (3), mais aussi par rapport à la plupart des mots à forte teneur sociopolitique de la période révolutionnaire. Modeste mais non négligeable (4). Les études sur les corpora numérisés de la période révolutionnaire dont les chercheurs disposent, nous disent que « fraternité » n'est pas parmi les « mots qui sont dans la bouche de tout le monde» (5), cependant sa présence est significative tant en termes de fréquence absolue que de fréquence relative dans le discours public de la Révolution. Les évidences lexicométriques dont nous disposons en ce moment sont provisoires et pourraient changer suite à l'acquisition de nouveaux corpora numérisés. Elles semblent toutefois indiquer plutôt qu’un parent pauvre, un parent modeste, mais digne.

Lire la suite

Diderot, nature et politique   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 30 janvier 2020.
Intervention d'Olivier Tonneau (Cambridge) sur : Diderot, nature et politique.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne.

Regulación de alquileres: la economía moral en la pandemia   Actuel

Par Rubén Martínez Moreno (La Hidra Cooperativa) et Julio Martínez-Cava (Sin Permiso)

Tras varias semanas del estado de alarma toda nuestra existencia parece estar bajo asedio. La crisis provocada por la pandemia lleva al límite algunas de las instituciones básicas para la reproducción material de nuestra sociedad. Incluso pone en cuestión el derecho a la existencia de muchas personas.
Por el momento, no hemos alcanzado un punto de crisis tan intensa que incentive los saqueos (aunque en Italia se han dado algunos). Pero, cuando el impacto sea más claro sobre las familias vulnerables, ¿se atreverá el gobierno a regular todo tipo de prácticas monopólicas? Algunos pasos se están dando en esa línea. Pero la timidez y las excepciones en esas regulaciones, más que un cambio de modelo, ilustran un modo de regulación capitalista acorde a los tiempos.

Lire la suite sur La Hidra Cooperativa

Prieur de la Marne : défendre une république de droit naturel   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 28 novembre2019.
Intervention de Suzanne Levin (Université Paris Ouest Nanterre) sur :
Prieur de la Marne : défendre une république de droit naturel.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne.

La Macrognole (Carmagnole des facs en lutte)   Actuel

La macrognole : une création collaborative d'enseignants-chercheurs (précaires, titulaires)
et d'étudiants de l'université Paris Nanterre.

Thomas Paine et la Révolution française   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 16 mai 2019.
Intervention de Carine Lounissi (Université de Rouen) sur :
Thomas Paine et la Révolution française.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne.

Tom Paine y la Renta Básica ¿Un nuevo contexto?   En ligne

Par Alberto Tena, Universidad Autónoma Metropolitana de México.

La idea de que la Renta Básica (RB) tiene una historia, un pasado, es en realidad bastante actual. Su historización hace parte del esfuerzo intelectual que durante los años 80 una serie de autores continentales, con Philippe Van Parijs a la cabeza, realizaron en paralelo al desarrollo de la concepción de RB que conocemos y discutimos hoy en día. De hecho, en los primeros textos donde se alude a esta perspectiva historiográfica se hace referencia más bien a la “prehistoria” de un “debate” y no de la idea en si misma (Van Parijs, 1985). Ahí se empiezan a analizar las discusiones en torno a las políticas de garantía de rentas derivadas del famoso sistema Speenhamland en la Gran Bretaña del siglo XVIII. El redescubrimiento posterior de Agrarian Justice (1797) de Thomas Paine, leído dentro de la tradición republicana, ha ido construyendo el consenso que es ahí donde propiamente podemos encontrar originalmente la “idea” de una RB. Esto aparecerá por primera vez planteado de forma nítida en L’allocation Universalle (1992). Aunque por ejemplo Guy Standing llega a colocar el origen de la RB en el mismo nacimiento de la tradición republicana en Atenas durante las reformas de Ephialtes y Pericles en el siglo V a.c (Standing, 2017), Van Parijs es mucho más cauto y claramente divide en sus trabajos más actuales entre una prehistoria y una historia propiamente que sí comenzaría con Thomas Paine (Van Parijs, 2017).

Lire la suite sur SinPermiso

Qu'est-ce que la "propriété" en 1792 ?   Textes

Qu’est-ce que « la propriété » pour les contemporains de la décennie révolutionnaire ? Se limite-t-elle à la propriété « bourgeoise » des biens matériels ? L’américain James Madison (1751-1836), alors membre de la Chambre des Représentants des Etats-Unis, répond dans un article non signé (la chose est alors courante) publié dans la National Gazette de Philip Freneau. Ce journal paraissant à Philadelphie est devenu au moment de la publication de l’article une sorte d’organe de ce que Madison appelle lui-même le « parti républicain » opposé à la politique du Secrétaire d’Etat au Trésor, Alexander Hamilton. Pour Madison, Jefferson (alors Secrétaire d’Etat dans le gouvernement de Washington), Freneau et tous ceux qui commencent à s’auto-désigner comme des « républicains » par opposition aux « monocrates » (qualificatif utilisé par les « républicains » pour désigner politiquement ceux que l’on appellera par la suite les « fédéralistes »), la politique menée par Hamilton, en prétendant défendre « la propriété » et la prospérité des Etats-Unis, vise à construire un système fisco-financier au bénéfice de spéculateurs sur la dette des Etats-Unis et plus généralement du « few » (c’est-à-dire du « petit nombre ») au détriment du « many » (c’est-à-dire du « plus grand nombre »). Madison, Jefferson et les « républicains » comme George Logan ou John Taylor élaborent une « politique économique républicaine » qu’ils opposent au système hamiltonien. La publication de cet article participe de cette réflexion et de cette élaboration en cours en 1792.

Lire la suite

Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre   Etudes

Avant propos de Jacques Guilhaumou (ENS Lyon), suivi de la présentation des concordances et collocations de la lexie jacobin(s) chez Robespierre, par Cesare Vetter et Elisabetta Gon (Université de Trieste).

Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre : évidences lexicologiques et lexicométriques

Par Jacques Guilhaumou, Directeur de recherche honoraire au CNRS en Sciences du Langage, UMR « Triangle », ENS LSH Lyon.

La dénomination de « Jacobins » renvoie au fait que les Dominicains sont appelés en France « Jacobins ». Le Club breton, en s’installant à Paris dans l’un de leurs couvents à la fin de 1789, le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré, s'autodésigne d’emblée « Société des amis de la constitution, séante aux Jacobins ». De fait, Robespierre utilise très souvent le nom de « Jacobins » pour désigner la « Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins », puis la « Société des amis de la liberté et de l’égalité séante aux Jacobins » (en résumé La Société des Jacobins), et de ce fait les Jacobins réunis en son sein. Le tableau des collocations de « Jacobins » (voir ci-après) avec 353 emplois présente en première ligne la série de mots avec leurs fréquences : La (65) – la (31) – Société (31) – club (10) des (121) Jacobins / Les (143) Jacobins, associés aux spécificités, la Tribune (13) des Jacobins, le club (10), la séance (13) des Jacobins. Il s’agit là d’un premier indicateur d’usages, de nature lexicométrique. Certes l’indexation des collocations renvoie à une diversité textuelle, d’une part les discours et les écrits de Robespierre, et d’autre part les comptes-rendus dans les journaux de ses interventions à la Société des Jacobins et la Convention.

Lire la suite

Administrer la liberté politique (1789-1799) ?   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 11 avril 2019.
Intervention de Gaïd Andro (Nantes) sur :
Administrer la liberté politique ? Expérimentation, reconfiguration
et occultation d'une pensée administrative révolutionnaire (1789-1799)
.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne.

Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme   Annonces

 Bosc et Faye, Hannah Arendt, la révolution et les droits de l'homme

Introduction de l'ouvrage Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme, Paris, Kimé, 2019, 192 p., sous la direction de Yannick Bosc et Emmanuel Faye.

L’essai De la revolution, paru en 1963, représente, après Condition de l’homme moderne et La crise de la culture, le troisième essai de la série d’ouvrages dans lesquels Hannah Arendt expose sa pensée politique. Arendt se propose de tirer les leçons de l’histoire, en opposant ce qu’elle nomme le « désastre » de la Révolution française, aspirée par « la question sociale », aux leçons d’une révolution supposée réussie, incarnée par la « Déclaration des droits » américaine.

Il importait donc qu’historiens et philosophes analysent ensemble la façon dont Arendt envisage les Révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l’homme et la remise en cause de celle-ci dans la pensée contre-révolutionnaire d’Edmund Burke. La formule arendtienne du « droit à avoir des droits » amorce-t-elle par exemple, comme certains le soutiennent aujourd’hui, un tournant politique dans la considération des droits de l’homme ? Ne représente-t-elle pas plutôt une machine de guerre contre la notion de droit naturel qui se trouve au fondement de ces droits ?

La pensée d’Arendt correspond à la transposition, dans le champ explicitement politique, des « existentiaux » d’ Être et temps de Heidegger : l’être au monde et l’être en commun, ainsi que la reprise de la distinction schmittienne entre le politique et le social. C’est à partir de cette double référence que, faisant sienne la question de l’agir qui ouvre la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1947) et reprenant une formulation de Burke : act in concert, Arendt identifie le politique à l’« agir en commun ». C’est pourquoi la première question que pose son œuvre et sa réception consiste à se demander comment il est possible qu’une conception du politique aussi directement tributaire de la pensée de Heidegger, mais aussi de Schmitt, a pu être considérée comme susceptible de refonder la démocratie et les droits de l’homme.

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution   Séminaire

Programme 2019-2020 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle F051 (escalier E).

28 novembre : Suzanne Levin (Paris Ouest Nanterre), Prieur de la Marne : défendre une république de droit naturel.

30 janvier : Olivier Tonneau (Cambridge), Diderot, nature et politique.

6 février : Eddy Dufourmont (Bordeaux-Montaigne), Nakae Chômin (1847-1901), le Japon et la Révolution française.

12 mars : SÉANCE REPORTÉE Julie Ferrand (Saint-Etienne), Commerce, Propriété et Liberté dans Du gouvernement et des Lois de la Pologne de Gabriel Bonnot de Mably.

2 avril : Benoît Basse, Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ? (à l’occasion de la sortie du collectif, Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme).

30 avril : Florence Gauthier (Paris-Diderot), Examinons les mots jacobins et jacobinisme : d’où viennent-ils ?

14 mai : Christine Fauré (CNRS), Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?   Annonces

 Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?

Colloque international,13-15 novembre 2019, CEDRE (PSL), EnCommuns (AFD), ERIAC (Rouen), GREECS (Barcelone), GRHis (Rouen), IRIHS (Rouen), UNINE (Neuchâtel), coordonné par Yannick Bosc (GRHis) et Christopher Hamel (ERIAC), Université de Rouen Normandie, Maison de l’Université - Salle divisible nord - 3 Place Émile Blondel, Mont-Saint-Aignan.

Ce colloque pluridisciplinaire constitue le second volet d’un projet dont le premier acte s’est tenu à l’Université de Barcelone (UB) les 15-17 novembre 2018, sous forme d’ateliers de recherche qui ont permis de définir les axes du présent colloque.
Le projet dans lequel il s’inscrit vise à articuler les problématiques du républicanisme, des communs et du droit à l’existence qui forment trois objets de recherche distincts et disciplinairement cloisonnés, ce qui tend à affaiblir leur portée théorique et politique.
En philosophie politique, le républicanisme repose sur le principe de liberté comme non-domination qui a été d’abord identifié dans l’histoire de la pensée républicaine, puis largement investi sur le plan de la théorie politique, plus rarement sur celui de l’économie politique.
Un commun désigne un dispositif politique constitué d’un bien commun matériel ou immatériel, adossé à des règles qui en organisent l’usage. Celles-ci sont définies par une communauté ou une assemblée qui l’administre. Un commun renvoie à l’idée d’une propriété partagée.
Le droit à l’existence s’inscrit dans la tradition du droit naturel selon laquelle la raison d’être des sociétés humaines réside dans la garantie du droit à l’existence matérielle et politique de ses membres. La tradition du droit naturel repose sur le principe de liberté comme réciprocité. Le droit à l’existence est en particulier associé aux pratiques démocratiques étudiées par les historiens de la Révolution française.

Lire la suite

Gertrud Kolmar. Robespierre, poésie et portrait   En ligne

Gertrud Kolmar, Robespierre, Poésie suivi de Le Portrait de Robespierre. Édition bilingue. Traduit de l’allemand et postfacé par Sibylle Muller, Éd. Circé, 214 p.

Cousine de Walter Benjamin, Gertrud Kolmar était une jeune femme cultivée issue de la bourgeoisie juive, qui se sentait parfaitement intégrée à l’Allemagne. Parlant russe et français, elle vécut un temps à Dijon. Elle enseigna, s’occupa d’enfants, mais surtout, elle écrivit. Son œuvre courte, mais forte, à laquelle la guerre et la déportation mirent fin, fut heureusement sauvée du désastre grâce à sa sœur Hilde. Astreinte en 1941 au travail forcé dans une usine berlinoise, elle fut déportée et mourut en mars 1943 à Auschwitz, à moins de cinquante ans. Ce n’est qu’en 1951 que la République fédérale la déclara officiellement décédée.

La publication de ces poèmes et du portrait de Robespierre, écrits au tout début du nazisme, prend un regain d’intérêt dans notre époque où passe furtivement l’ombre des années Trente, quand vacillaient les principes issus de la Révolution. Les interrogations face à un avenir incertain se ressemblent beaucoup, quels que soient l’heure et le lieu … Gertrud Kolmar en tout cas avait en son temps de bonnes raisons de s’inquiéter pour son pays et pour elle-même. Elle sentit très vite que son monde allait être mis à feu et à sang. Est-ce cela qui la conduisit à s’interroger sur une autre période de troubles et de souffrances, la Révolution Française, et plus spécialement la Terreur ? Tandis qu’elle voyait fleurir les dictatures et pressentait le désastre imminent, voulut-elle retrouver, sous les poussières de la carrière, les traces de l’antique Vertu qu’elle croyait logée dans le cœur de Robespierre, guidant sa pensée et son bras ? Elle donne en tout cas une vérité poétique à ces quelques mois qui furent ressentis comme un cataclysme en France et dans le monde.

Lire la suite de la présentation de Jean-Luc Tiesset sur le site En attendant Nadeau.

Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre   Annonces

 Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre

Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre, Paris, Éditions Critiques, 2019, 208 p.

Je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela,
je ne veux être que cela ; je méprise quiconque
a la prétention d'être quelque chose de plus.
Robespierre

La représentation politique ne commence pas avec la Révolution française et le peuple n’a pas attendu 1789 pour s’intéresser aux affaires de la cité. Les pratiques médiévales mobilisées à l’occasion des élections d’assemblées sous l’Ancien régime (états généraux, provinciaux, communes urbaines et rurales, communautés de métier etc.) constituent même le socle de la culture politique à partir de laquelle la Révolution se déploie. En revanche, c’est avec la Révolution française qu’une nouvelle question se pose concrètement et non plus seulement théoriquement dans les traités philosophiques : comment concevoir la représentation d’un peuple déclaré souverain, c’est à dire d’un peuple qui dispose en droit du pouvoir et sur lequel repose toute légitimité politique, celle du roi comprise ?
Notre actualité résonne du désaveu des politiques, de la crise de la représentation et de la montée de l’abstentionnisme depuis longtemps. Pourtant, ceux qui aujourd’hui convoquent les « valeurs » républicaines au chevet du malade ne se penchent que rarement sur la souveraineté populaire qui est censée en être la base. Au contraire, la souveraineté, lorsqu’elle est réaffirmée dans l’espace public, est d’emblée suspectée de « souverainisme », de « populisme », de « repli nationaliste ». L’extrême droite est systématiquement mise en avant afin de discréditer l’idée même de souveraineté populaire et d’en occulter la nature fondamentalement démocratique. Réduisant le mouvement populaire des gilets jaunes à une foule, les relais du pouvoir ont ainsi exhumé l’ochlocratie (la foule, le vulgaire détenant le pouvoir) pour désigner ce que les thermidoriens nommaient l’anarchie : le fait de se constituer peuple souverain, c’est-à-dire d’agir comme tel.

Lire la suite

La guillotine au milieu du rond-point   Actuel

Par Nathalie Alzas, docteur en histoire

A la fin octobre 2018, un mouvement social, dit des « gilets jaunes », apparait et, pendant de nombreuses semaines, les médias, les hommes politiques, les sociologues, se penchent sur un phénomène inattendu, qui parait insaisissable, tant il différerait des mobilisations sociales habituelles. Pourtant, des discours sur l’événement reprennent des stéréotypes classiques. Tandis que le ministre de l’Intérieur évoque, selon une reductio ad hitlerum bien rodée, la menace d’une « peste brune », propagée par des « factieux », d’autres semblent s’effrayer devant les risques d’une « insurrection », voire d’une « révolution ». Le retour en force de références liées à la décennie 1789-1799 ne manque pas, en effet, d’interroger, comme si la France, depuis plus de deux siècles, sacrifiait au même jeu de rôle, entre ceux qui s’emparent, à nouveau, de slogans ou d’images issus de la Révolution et ceux qui paraissent frissonner à l’évocation d’une nouvelle Terreur… Il n’est pas de notre propos ici d’étudier un mouvement dont seul le temps dira s’il est un événement important ou pas dans l’histoire contemporaine du pays. Nous ne nous prononcerons pas non plus un jugement sur l’épineuse question du classement politique des intervenants principaux. Certes, un observateur attentif peut discerner, selon les lieux et les slogans tenus des engagements plutôt à l’extrême gauche ou droite, mais il semblerait que la majorité des manifestants soit un mélange composite de petites classes moyennes précarisées, avec, pour certains, une première entrée dans l’action politique. Ce mouvement parait surtout inédit par le lieu où il s’inscrit, un nulle part symbolique jusqu’alors de la France provinciale, périurbaine et rurale, le rond-point.

Lire la suite

La Guerre du blé, au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique   Annonces

La guerre du blé au XVIIIe siècle, éd kimé

Extrait de la préface, rédigée par Florence Gauthier, pour la réédition de l'ouvrage qu'elle a dirigé avec Guy Ikni, La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique, Paris, Kimé, 2019, 332 p.

Depuis les années 1960-1990, période dominée par une interprétation économiste de l’histoire, qu’elle soit « néolibérale » ou « marxiste », les travaux de l’historien Edward Palmer Thompson ont ouvert un chantier nouveau, dans l’étude de la culture populaire, rurale et urbaine, du XVIIe au XIXe siècle et depuis.
En 1988, avec Guy Ikni, nous avons publié La Guerre du Blé au XVIIIe siècle, grâce aux Éditions de la Passion, et en particulier à un de ses fondateurs, Jean-Pierre Miniou, comme un hommage à E.P. Thompson, bien vivant, et dont l’article « L’Économie Morale de la foule, en Angleterre au XVIIIe siècle », n’avait pas encore été traduit en France. Cet article nous avait particulièrement intéressés, car nous rencontrions dans nos recherches sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution française en particulier, une problématique très proche, avec ses spécificités bien sûr. Et nous avons demandé à des historiens intéressés par ce projet de nous rejoindre.
Je venais d’achever une thèse d’histoire sur la communauté villageoise en Picardie, avec son organisation économique, sociale et politique, centrée sur le système agraire communautaire et son assemblée générale des habitants des deux sexes, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis le Moyen-âge et l’Ancien régime, les communautés villageoises - dont l’existence précédait la féodalité et la monarchie constituées ultérieurement - possédaient leur propre système de droit et leurs archives. De son côté, Guy Ikni avait entrepris une thèse sur la paysannerie dans l’Oise, qu’il acheva en 1993 (1).

Lire la suite

Quatorze Juillet : l’histoire parle au présent !   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

En 1789, face à la crise de la monarchie française, le roi choisit d’ouvrir un processus politique en convoquant les États généraux, avec un suffrage très ouvert pour le Tiers-état : une voix par chef de feu. Notons que les femmes étaient très souvent chef de feu et n’étaient point exclues pour cause de sexe, contrairement aux affirmations récentes à ce sujet.
Cette vieille institution médiévale conservait une représentation de tous les sujets du roi - séparés en ordres : Clergé, Noblesse, Tiers-état - et rappelait, par son existence même, que la Constitution de la monarchie reposait, depuis le Moyen-âge, sur la reconnaissance du principe de souveraineté populaire. Plus tard, au XVIIe siècle, le roi de France avait cherché à imposer sa souveraineté et laissé s’endormir celle du peuple, en ne convoquant plus les États généraux. 1789 la réveilla et si bien que les électeurs, conscients de la profondeur de la crise, avaient mandaté leurs députés pour donner une constitution nouvelle au pays.
Les États généraux, convoqués selon la coutume médiévale le 1er mai, se réunirent avec quelque retard le 5 mai. Mais, le roi n’évoqua que l’aspect financier de la crise et le soir même, un petit noyau de députés se rebellait déjà contre ce refus de les entendre, prenait le titre de Communes - en référence aux résistances populaires médiévales, nommées Commune ou Union, comme le fit le Parlement d’Angleterre - et appela tous les députés à les rejoindre. Le 17 juin, ce noyau de députés ayant grossi, se déclarait Assemblée nationale et le 20 juin, plus nombreux encore, ajoutait constituante et prêtaient serment de rester unis jusqu’à l’établissement d’une nouvelle constitution.

Lire la suite sur Le Canard républicain

Prieur de la Marne face au fédéralisme   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 mars 2019.
Intervention intervention de Suzanne Levin (Paris Ouest Nanterre) sur :
Prieur de la Marne face au fédéralisme.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez   Annonces

 Belissa Dumouriez

Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez, Œuvres politiques (1795), Paris, Kimé, 2019, introduit, édité et annoté par Marc Belissa - Université Paris Nanterre.

Présentation

Pour comprendre la complexité de la période thermidorienne — entre l’exécution de Robespierre et l’installation du Directoire — il est nécessaire de revenir aux réflexions des contemporains de l’événement et à leur lecture des processus en cours. Parmi les commentateurs de ce "moment thermidorien" figure un personnage particulièrement intéressant du fait de son positionnement politique original, antirépublicain mais opposé à la contre-révolution : l’ancien général Charles-François Dumouriez, alors en exil depuis sa trahison de 1793. Dans une série de cinq textes de combat publiés en Allemagne entre mars et décembre 1795, Dumouriez analyse à distance le processus de rupture entamé avec l’élimination des robespierristes, qui se poursuit par la répudiation de la constitution de 1793 et la fondation d’un nouveau régime : la république des propriétaires. Les thermidoriens entendent « terminer la Révolution », en finir avec la « Terreur » et refonder la république comme le gouvernement des « meilleurs » selon le mot de Boissy d’Anglas. Partisan d’une monarchie constitutionnelle et « nationale », Dumouriez encourage les thermidoriens à rompre avec le passé révolutionnaire et à aller plus loin dans la remise en cause de la « Terreur » et de la République. Situé à la « droite » de l’échiquier politique, Dumouriez défend une alternative monarchiste « modérée » à la République. Son point de vue décalé est révélateur de l’étendue des possibles dans ce moment charnière et peut être vu comme une anticipation de la politique monarchiste « libérale » qui sera à l’œuvre sous la Monarchie de Juillet après 1830.
Cette édition présentée, commentée et annotée des œuvres politiques de 1795 du général Dumouriez entend non seulement sortir ces textes de l’oubli (ils n’ont jamais été réédités depuis leur parution) mais aussi contribuer à les replacer dans le cadre des réflexions historiques sur ce "moment thermidorien" fécond en réflexions sur le sens de la Révolution et sur l’histoire de la République et de la Monarchie en France.

Lire la suite

Nakae Chômin : Écrits sur Rousseau et les droits du peuple   Annonces

 Chômin Écrits sur Rousseau et les droits du peuple

Présentation et extrait de l'ouvrage de Nakae Chômin, Écrits sur Rousseau et les droits du peuple, Les Belles Lettres, 2018, CLXXXVIII et 290 p, traduction d'Eddy Dufourmont et Jacques Joly, introduction et notes d'Eddy Dufourmont.

Au début des années 1880, le Japon est traversé par un vaste mouvement démocratique réclamant une constitution et les libertés fondamentales. Le journaliste et penseur Nakae Chômin (1847-1901) y joue un rôle majeur. En 1874, Chômin traduit Du contrat social en japonais avant de le faire en chinois classique, en 1882-1883, sous le titre Min.yaku yakkai (Traduction commentée du Contrat social). Cette traduction sera l’un des livres de chevet des démocrates japonais des années 1880 ainsi que des réformateurs chinois en 1898. Dans cette œuvre, Chômin réussit à expliquer nombre d’idées complètement nouvelles en vidant les notions du confucianisme de leur sens usuel pour leur donner celles du Contrat social. À ce titre, le Min.yaku yakkai n’a pas été une traduction mais bien une réinvention. Chômin utilisa le chinois classique pour traduire d’autres textes (Constitution française de 1793, Déclaration d’indépendance américaine) et écrire de courts essais, tous inclus ici, qui témoignent de son souci de penser la transition vers une société nouvelle, faire connaître Rousseau et promouvoir les droits du peuple.
Nakae Chômin est l'un des principaux penseurs du Japon moderne et contemporain. Journaliste et fondateur d’une école d’études françaises, il a été surnommé le « Rousseau de l’Orient » pour son engagement dans le Mouvement pour les libertés et les droits du peuple (Jiyû minken undô), dans les années 1880, et aussi pour ses traductions du Contrat social, du Discours sur les sciences et les arts. Ces dernières ne constituent qu’une partie d’un important travail de traduction, qui fait de Nakae un précurseur dans l’acquisition de la philosophie européenne, dont il s’est nourri lors de son séjour à Paris et Lyon en 1872-3. Il est notamment le traducteur du Fondement de la Morale d’Arthur Schopenhauer de La Morale dans la démocratie de Jules Barni. Nakae est aussi l’auteur d’un des tout premiers ouvrages de synthèse consacré à la philosophie européenne, La Quête philosophique (Rigaku kôgen, 1886). La parution en 1887 de sa fiction politique, Dialogues politiques entre trois ivrognes (Sansuijin keirin mondô, 1887), son plus grand succès éditorial, marque l’apogée de son activité. Nakae est élu à la Chambre basse lors de sa constitution en 1890, en tant que représentant du Parti libéral (Jiyûtô), mais il démissionne très vite, refusant les compromis qu’opèrent certains de ses alliés avec le gouvernement.

Lire un extrait du Min.yaku yakkai, la traduction commentée du Contrat social.

Voir la table des matières et la présentation du livre sur le site des Belles Lettres

Harrington et les penseurs de l'égalité en France   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 7 février 2019.
Intervention de Myriam-Isabelle Ducrocq (Paris Nanterre) sur :
Harrington et les penseurs de l'égalité en France

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français (1874-1890)   Annonces

 Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français

Introduction du livre d'Eddy Dufourmont, Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français (1874-1890), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2018, 257 p.

Le Japon offre en apparence un visage paradoxal : d’un côté il fut, dès 1868, le premier pays d’Asie à se lancer dans la modernisation pour devenir un État-nation sur le modèle européen. C’est de lui que la Chine et la Corée empruntèrent des mots nouveaux, tels que « démocratie » ou « philosophie ». De l’autre, il ne devint réellement une démocratie qu’en 1945, avec la chute du régime impérial et, aujourd’hui encore, les frictions du Japon avec ses voisins s’expliquent par une fidélité des conservateurs à l’idéologie de 1868, qui entendait revenir au régime impérial du VIIIe siècle. Mais ce paradoxe n’est qu’apparent : si le régime impérial moderne ne fut établi qu’en 1889, c’est au prix de la répression du Mouvement pour les libertés et les droits du peuple (Jiyû minken undô), qui s’étend de 1874 à 1890. Les partisans de ce mouvement, pour la plupart des anciens guerriers, des marchands et des paysans, réclamèrent très tôt les droits politiques fondamentaux, une constitution et un parlement, alors que les dirigeants prétendaient, de manière contradictoire, à la fois restaurer le régime impérial et moderniser le Japon. À l’heure de « la civilisation et l’ouverture (à l’Europe) » (bunmei kaika), les initiatives allaient tous azimuts pour acquérir le savoir moderne, et c’est dans ce contexte d’ébullition politique tout autant qu’intellectuelle que Jean-Jacques Rousseau fit son apparition.

Lire la suite
Voir la présentation de l'ouvrage et la table des matières

Comment peut-on être robespierriste ?   Recensions

Par Olivier Tonneau, Université de Cambridge

Le livre de Marcel Gauchet "Robespierre, l'homme qui nous divise le plus" récemment paru a suscité cette réponse d'Olivier Tonneau, enseignant chercheur à Cambridge et auteur de "Maudite Révolution" dont nous avons rendu compte sur notre site. La version originale de cet article est parue sur le site En attendant Nadeau Nous publions ici une version de cet article avec les notes de bas de page.

« Le moment est venu », déclare solennellement Marcel Gauchet, de nous accorder sur « l’homme qui nous divise le plus » parce qu’il incarne, pour les uns, l’idéal démocratique dans toute sa pureté, pour les autres, l’idéologie totalitaire. Puisque l’auteur entend dépasser « la querelle des robespierristes et des antirobespierristes » (1), on pouvait espérer que son essai en renouvelle les termes. Il n’en est pourtant rien. On trouve dès l’introduction les affirmations fondamentales de la thèse antirobespierriste classique (2) : l’ouvrage montrera comment « l’ambition de donner toute leur extension aux droits de l’homme allait pouvoir basculer vers un système inédit d’oppression » (3), basculement qui coïncide avec la transformation de l’ « incorruptible » Robespierre en « tyran » (4).

Lire la suite

Ancient Models in The Early Modern Republican Imagination   Annonces

Le 15 février 2019, à l'Université de Nanterre, Wyger Velema et Arthur Weststeijn, viendront présenter l'ouvrage collectif qu'ils ont dirigé : Ancient Models in The Early Modern Republican Imagination, Brill, 2017 (voir la table des matières).
Ce volume entend jeter un regard neuf sur l'imagination politique républicaine à l'époque moderne. Si les spécialistes de la période s'accordent sur l'importance du monde classique pour les théoriciens modernes de la république, son apport est trop souvent décrit en termes abstraits tels que "le républicanisme classique" ou "la théorie néo-romaine des États libres". Les contributions de ce volume tentent de saisir les différentes manières dont les républiques antiques (Rome, Athènes, Sparte et la République des Hébreux) ont servi de modèle dans la pensée républicaine des XVIIe et XVIIIe siècles. Il en résulte une interprétation nouvelle du rôle joué par l'Antiquité dans l'élaboration de la pensée républicaine à la période moderne.
La conférence sera en anglais. Elle se déroulera de 10h à 12h, Bâtiment Max Weber, salle 321.

Voir les détails sur le site du CEDRE

Les sources révolutionnaires du Référendum d’initiative citoyenne   Actuel

Par Serge Aberdam

Les débats des gilets jaunes portent sur un projet de Referendum d’initiative citoyenne (RIC). Il est alors utile de signaler que le premier projet de ce genre a été élaboré il y a quelques 225 ans par la Convention nationale et adopté par le vote de millions de citoyens, avec la première Constitution républicaine, en juillet-août 1793.
Les députés à la Convention avaient décidé (septembre 1792) que la France serait désormais une République. Ensuite, écartant tout compromis, ils avaient jugé pour trahison et fait exécuter le roi (janvier 1793). Il était donc clair que le peuple était désormais le seul souverain admis. Au printemps 1793, un vaste débat a lieu pour définir la forme qu’aura le nouvel État républicain. Ce débat a lieu à la Convention mais aussi dans les sociétés populaires locales et les clubs, dans tout le pays. Des centaines de projets sont imprimés sur financement public et largement diffusés.

Lire la suite sur le site de la Société des études robespierristes

La vertu dans le lexique de Robespierre : évidences lexicologiques et lexicométriques   Etudes

Par Cesare Vetter et Elisabetta Gon, Université de Trieste

Chez Robespierre, dimension morale et dimension politique sont étroitement liées. Au cours de l'été 1791 Robespierre affirme ainsi que la « politique (…) des fondateurs de la liberté » ne peut « être que la morale même » (1). Dans son discours Sur les principes de morale politique (5 février 1794) il souligne que « dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire » (2). La contre-révolution, avant d'être une « contre révolution politique » est une « contre-révolution morale » (3). Le point de convergence de ce puissant entrelacement entre morale et politique est la vertu. La tâche du législateur est de «conduire les hommes au bonheur, par la vertu, et à la vertu, par une législation fondée sur les principes immuables de la morale universelle, et faite pour rétablir la nature humaine, dans tous ses droits et dans toute sa dignité première » (4). La vertu permet aux hommes d’ « attacher leur bonheur individuel au bonheur public » (5).
La notion de vertu a toujours été au centre de la réflexion historiographique sur la pensée de Robespierre. Nous nous limiterons ici à quelques considérations d'ordre général et à proposer en avant-première à la communauté scientifique les concordances complètes de la lexie « vertu(s) » dans les onze volumes des Œuvres de Robespierre, que nous avons composées pour le deuxième tome du Dictionnaire Robespierre (voir la présentation du premier volume), en cours d'élaboration avancée (6).

Lire la suite

Gilets jaunes : l’économie morale et le peuple qui la porte   Actuel

Par Benjamin Coriat, Université Paris 13

Les différences bien sur sont éminentes. Quoi de semblable entre ces émeutiers qui tout au long du 18e siècle envahissaient les marchés pour réquisitionner la farine, le blé, ou le seigle, et imposer des prix abaissés, permettant aux plus pauvres de se nourrir – et les vagues de Gilets Jaunes qui dans toute la France ou presque occupent carrefours et péages d’autoroutes pour obtenir – au minimum et pour commencer – le retrait de taxes supplémentaires sur le gazole.
En apparence rien de commun. Les premiers, qualifiés à l’époque de « taxateurs » s’appuyaient sur la coutume et prétendaient faire respecter le principe de l’établissement du prix du pain par voie règlementaire, contre Turgot, Necker et les premiers libéraux qui voulaient établir le principe d’une « libre marché » des grains et ainsi imposer un nouveau monde : celui d’une économie déclarée « moderne » basées sur des marchés « faiseurs de prix ». Les nouveaux « taxateurs », ceux d’aujourd’hui interviennent deux siècles plus tard. Le règne du libre marché est avéré, et domine partout, écrase tout vient de couronner trois décennies de néolibéralisme forcené qui permet de breveter et de faire commerce, non plus de la seule farine mais des semences désormais « génétiquement modifiées » elles mêmes…
Tout donc est différend. Et pourtant ! Pourtant pour qui veut bien regarder les choses de plus près, certaines similitudes ne peuvent manquer d’être relevées.

Lire la suite

Les communs et le droit   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 5 avril 2018.
Intervention de Marie Cornu (CNRS) et Judith Rochfeld (Paris 1) sur :
Les communs et le droit

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Un peuple et son roi   En ligne

Par Dominique Godineau

Rares sont les films sur la Révolution française. Rares sont les films qui, en un temps où « le peuple » semble avoir disparu de notre vocabulaire et de notre horizon politiques, transformé en « classes moyennes » ou conjugué au « populisme », font du peuple un acteur politique collectif. Et encore plus rares sont ceux qui ne réduisent pas cet acteur collectif à sa dimension masculine. Peut-être est-ce pour ces raisons, et notamment les deux premières, que depuis sa sortie, Un peuple et son roi ne laisse pas indifférent.
De la prise de la Bastille à la mort du roi le 21 janvier 1793, le film nous entraîne au cœur de la vie révolutionnaire à Paris, dans un immeuble du faubourg Saint-Antoine, à l’Assemblée nationale et lors d’événements qui ont rythmé la Révolution – pour certains rarement voire jamais représentés à l’écran : la Marche des femmes d’octobre 1789, la fusillade du Champ-de-Mars de juillet 1791. Il était impossible de retranscrire la densité de ces trois années, et c’est donc en se concentrant sur des moments cruciaux, sur les discours de députés et les discussions politiques des faubourien·ne·s que Pierre Schoeller montre l’évolution, la politisation populaire et le progressif délitement des liens entre « un peuple et son roi ».

Lire la suite sur Le genre & l'écran

La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis en 1791 (2)   Etudes

Un défi aux "hérésies politiques" : la réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis en 1791 - Deuxième Partie (Voir la vidéo du séminaire au cours duquel ce texte a été présenté, lire la première partie)

Par Marc Belissa Université Paris Nanterre

Encore plus d’hérésies : Publicola contre Paine

La contre-offensive fédéraliste contre Paine débuta le 18 mai par la publication d’un article sans doute dû à la plume de John Quincy Adams dans la Gazette de Fenno (48). Anticipant les Letters of Publicola, l’article commençait par une défense ironique de "l’esprit d’hérésie" faisant évidemment référence à la note de Jefferson. Surtout, il posait la question de la constitution anglaise et de sa critique par Paine. Plutôt que de s’attaquer directement à la Révolution française comme l’avait fait Burke, l’auteur entreprenait de défendre l’idée qu’il existait bien une constitution anglaise qui, bien que non écrite, était parfaitement légitime, contrairement à ce qu’avait écrit Paine. Selon l’auteur de l’article, les constitutions ne sont pas des "bits of parchment" changeables à volonté par les peuples mais des principes écrits dans les cœurs des Anglais : "The people of England have high ideas of personal, social and political freedom — and these ideas are inseparably connnected with certain great principles, which they wisely suppose form the great outlines of a constitution". Cette constitution anglaise, comme la common law dont elle est l’expression, est fondée sur la raison et est inscrite dans la conscience de chaque "free-born Englishman".

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2018-2019   Séminaire

Programme 2018-2019 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle E 655 pour les deux premières séances et salle F 671 pour les suivantes.

22 novembre : Sarah Vanuxem (Nice), La propriété comme faculté d’habiter.

6 décembre : Jean-Claude Gaudebout (Paris Nanterre), Condorcet physiocrate. DÉPLACÉ : se tiendra le 24 janvier

10 janvier : Edern de Barros (Paris Villetaneuse), Lycurgue au XVIIIe siècle : l'opposition entre régime mixte et despotisme légal, ou le dogmatisme anhistorique de l'économisme physiocratique

7 février : Myriam-Isabelle Ducrocq (Paris Nanterre), Harrington et les penseurs de l'égalité en France.

14 mars : Suzanne Levin (Paris Nanterre), Prieur de la Marne face au fédéralisme.

11 avril : Gaïd Andro (Nantes) , Administrer la liberté politique ? Expérimentation, reconfiguration et occultation d'une pensée administrative révolutionnaire (1789-1799).

16 mai : Carine Lounissi (Rouen), Paine et la Révolution française.

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

"Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller   Actuel

Les films sur la Révolution française sont suffisamment rares (et les bons encore plus) pour que l'on ne se réjouisse pas ici de la sortie de celui de Pierre Schoeller "Un Peuple et son Roi". Le cinéaste — réalisateur de "L'Exercice de l’État" qui avait été remarqué par la critique — explique son projet dans l'émission d'Emmanuel Laurentin "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture et dans celle de Marie Richeux "Par les temps qui courent". On peut également voir la bande-annonce du film sur YouTube. Enfin, l'aspect esthétique et cinématographique du film est débattu par les critiques du "Cercle" l'émission cinéphile sur Canal +. Le projet de Pierre Schoeller insiste sur le peuple de Paris en révolution. Il ne nous appartient évidemment pas de débattre de la réussite esthétique du projet (bien qu'à notre avis de non-spécialistes du cinéma, de nombreuses scènes sont magnifiques et que les acteurs ne le sont pas moins), en revanche, l'approche historique ne peut que convaincre le spécialiste de la l'histoire de la Révolution qui n'a que rarement eu l'occasion de prendre plaisir à un tel film !

Maudite révolution ! Reprise   Annonces

Maudite révolution ! d'Olivier Tonneau est au Théâtre Pixel tous les vendredis soir à 21h30 du 12 octobre au 9 novembre.

« Pourquoi Nedjma, 15 ans, se passionne-t-elle pour Robespierre ? Pourquoi la révolution est-elle, dans toute l’histoire de France, la seule chose qui la concerne ? Un homme cherche à comprendre. Il découvre comment la révolution est devenue le mythe fondateur de la république coloniale mais aussi comment elle a survécu dans les paroles et les actes de ceux-là mêmes que la France opprimait. A la recherche de Nedjma, il rencontre Robespierre, Saint-Just, Toussaint Louverture, Jules Vallès, Aimé Césaire, Yacine Kateb ou encore Thomas Sankara : le désir d’une rencontre ravive l’aspiration révolutionnaire. »

Voir les critiques

Le théâtre Pixel

La réception de Rights of man aux États-Unis en 1791 (2)   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 15 mars 2018.
Intervention de Marc Belissa (Université Paris-Ouest Nanterre) sur :
Un défi aux "hérésies politiques" : la réception de Rights of man aux États-Unis, 1791, deuxième partie.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Le Directoire. La république sans la démocratie   Annonces

Le Directoire. La république sans la démocratie

Introduction de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Directoire. La république sans la démocratie, Paris, La Fabrique, 2018, 296 p.

Autrefois, quand l’histoire de la décennie 1789-1799 était encore au centre de l’enseignement de l’histoire au collège et au lycée, trois ou quatre images suffisaient à caractériser la période du Directoire dans le grand public : celle des Merveilleuses et des Incroyables qui paradaient dans les cafés et les lieux publics de la capitale ou celle de la cour de jeunes femmes dénudées autour du Directeur Barras se dépêchant de jouir des plaisirs de Paris retrouvés après la « Terreur ». S’y ajoutait parfois l’image du personnage de Madame Angot, la ci-devant poissarde devenue riche du jour au lendemain, rendue populaire par le théâtre dès 1796 et immortalisée par l’opéra-comique de Charles Lecocq en 1872. Le seul personnage de premier plan connu de tous était le général Bonaparte sous lequel « perçait » déjà Napoléon, comme l’écrira Victor Hugo plus tard. Au XIXe siècle, cette légende rose – ou noire selon les points de vue – s’était construite notamment grâce à l’ouvrage des frères Goncourt La société française sous le Directoire, publié en 1855 et réédité de nombreuses fois depuis lors (jusqu’en 1992 pour la dernière édition). Sous une forme ironique et lapidaire, Gustave Flaubert résuma ces images et ces légendes dans son Dictionnaire des idées reçues : « Directoire (le). Les hontes du. – Dans ce temps-là, l’honneur s’était réfugié aux armées. – Les femmes, à Paris, se promenaient toutes nues. » Trois lieux communs donc : l’omniprésence de la guerre et des armées, la honte et la corruption, le relâchement (coupable) des mœurs…

Lire la suite - Lire la présentation de l'éditeur

La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis en 1791 (1)   Etudes

Un défi aux "hérésies politiques" : la réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis en 1791 - première partie (Voir la vidéo du séminaire au cours duquel ce texte a été présenté)

Par Marc Belissa, Université Paris Nanterre

En avril 1791, John Beckley, secrétaire de la Chambre des représentants et ami politique de Thomas Jefferson et James Madison, transmet à ce dernier un exemplaire de la première partie de Rights of Man (1), publiés deux mois plus tôt à Londres (2). Madison — à ce moment un des principaux leaders de la Chambre qui s’est opposé aux projets du secrétaire d’État au Trésor, Alexander Hamilton — fait parvenir le pamphlet à Jefferson, alors Secrétaire d’État c’est-à-dire ministre des Affaires étrangères, pour qu’il puisse contacter des imprimeurs afin d’éditer l’ouvrage aux États-Unis. Jefferson écrit alors à un certain Jonathan Bayard Smith, père de Samuel Harrison Smith un imprimeur de Philadelphie, et accompagne le pamphlet de Thomas Paine d’un court billet déclarant sa satisfaction "that something was at length to be publicly said against the political heresies which had late sprung up among us" (3). Sans que Jefferson en ait été avisé, l’imprimeur publie le pamphlet qui sort le 3 mai 1791, accompagné du billet du Secrétaire d’État, fort embarrassé de cette "fuite" qui le met en porte-à-faux à l’intérieur du gouvernement de Washington.

Lire la suite

La réception de Rights of man aux États-Unis en 1791 (1)   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 8 février 2018.
Intervention de Marc Belissa (Université Paris-Ouest Nanterre) sur :
Un défi aux "hérésies politiques" : la réception de Rights of man aux États-Unis, 1791, première partie.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

La propriété de la Terre   Annonces

 Sarah Vanuxem, La propriété de la Terre

Introduction de l'ouvrage de Sarah Vanuxem, La propriété de la Terre, Marseille, Editions Wildproject, 2018, 103 p.

S’approprier à la terre

Évoquant « l’appropriation au/du milieu naturel (1) » par les berbères des Seksawa, le sociologue Jacques Berque suggère que les habitants du Haut-Atlas marocain s’adaptent au milieu dans lequel ils vivent, autant qu’ils s’en emparent. Dans les douars chleus montagneux, s’approprier un lieu consiste à le conformer à soi comme à se conformer à lui ; s’approprier une terre revient à se l’attribuer comme à se rendre propre à elle. De même, les Kanaks de la Nouvelle-Calédonie investissent les « hommes-lieux » d’un devoir de défendre la tellus mater et affirment « l’appartenance réciproque » des humains et de la terre (2). La propriété de la terre ne saurait avoir une signification pour eux qu’à la condition de renvoyer au double sens pronominal du verbe approprier (3).

Nous pourrions avoir perdu ce double sens aujourd’hui. Du moins les juristes civilistes semblent-ils employer le verbe approprier pour désigner un pouvoir de soumettre, d’assujettir ou de dominer. Être propriétaire, ce serait bénéficier d’un pouvoir souverain absolu. Et une telle acception de la propriété aurait partie liée avec la réduction de la terre à un matériau corvéable à merci et, par suite, avec les actuels maux environnementaux. Le droit civil français véhiculerait dès lors une définition coupable de la propriété, qui autoriserait la destruction de l’environnement.

Mais quelle valeur accorder à cette opinion selon laquelle la propriété foncière confère univoquement, en droit français, un plein pouvoir sur une terre ? Est-il vrai que la doctrine du droit privé des biens français abandonne uniment la terre au bon vouloir de son propriétaire ? Les auteurs ignorent-ils réellement le devoir du propriétaire foncier de s’ajuster et de se plier aux spécificités et aux usages de la terre ?

Lire la suite

La fondation des premières républiques hispaniques, Colombie et Vénézuela, 1780-1820   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 18 janvier 2018.
Intervention de Clément Thibaud (Université de Nantes) sur :
Libérer le nouveau monde. La fondation des premières républiques hispaniques, Colombie et Vénézuela, 1780-1820

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Droit de propriété et droit de nécessité chez Grotius   Séminaire

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 décembre 2017.
Intervention de Jean-Fabien Spitz (Paris I - Panthéon Sorbonne) sur :
"Droit de propriété et droit de nécessité chez Grotius : les fondements philosophiques de l’état social".

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Art et Démocratie (1789-1792)   Outils

Art et Démocratie est une base de données de l'Université de Lausanne. Elle regroupe tous les débats qui concernent les arts entre 1789 et 1792 et a été constituée par Desmond-Bryan Kraege, Matthieu Lett et Sibylle Menal, sous la direction de Christian Michel. Présentation :

Nous avons réuni sur ce site l’ensemble des textes venus à notre connaissance qui interrogent ce que doit être le statut des arts dans un pays où il a été proclamé que le « principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. » (Déclaration des droits de l’homme, article II). Sur cette base, toutes les institutions monarchiques, sur lesquelles reposait le système des arts sous l’Ancien Régime, doivent être repensées et réformées. Ce sont pendant ces années qu’apparaissent des questions qui sont toujours d’actualité : la définition de l’artiste par rapport au praticien ou à l’artisan, la nécessité ou non d’un enseignement artistique, la forme que celui-ci doit prendre, la façon dont doivent être passées les commandes publiques, le droit des artistes sur la diffusion de reproductions de leurs œuvres, doivent désormais être fondés sur la raison et être compatible avec la liberté et l’égalité des droits.

Lire la suite

Accéder à la base de données

Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme   Annonces

Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme

Journée d’études organisée par Yannick Bosc (GRHis) et Emmanuel Faye (ERIAC) qui se tiendra le 17 avril 2018 de 9h30 à 18h à l'Université de Rouen, Salle Divisible Nord, Maison de l’Université (Mont-Saint-Aignan). Présentation :

L’essai De la révolution (1963) représente, après Condition de l’homme moderne et La crise de la culture, le troisième essai de la série d’ouvrages dans lesquels Hannah Arendt expose sa pensée politique.
Arendt propose de tirer les leçons de l’histoire en opposant ce qu’elle nomme l’« échec » de la Révolution française aux leçons d’une révolution supposée réussie, la « Déclaration des droits » américaine.
Il importait donc qu’historiens et philosophes se réunissent pour analyser et discuter la façon dont Arendt envisage les révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l’homme et la remise en cause de celle-ci dans la pensée contre-révolutionnaire d'Edmund Burke.
La formule arendtienne du « droit à avoir des droits » amorce-t-elle, comme certains le soutiennent aujourd’hui, un tournant politique dans la considération des droits de l’homme ? Ne représente-t-elle pas avant tout une machine de guerre contre la notion même de droit naturel qui se trouve au fondement de ces droits ?

Voir le programme

Et ce n'était pas qu'on allait quelque part   Annonces

Pièce mise en scène par Frédérique Liebaut, Cie AWA, d'après DreamHaïti du poète barbadien Kamau Brathwaite, Théâtre de L'Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes, du lundi 26 mars 2018, au samedi 31 mars 2018. Présentation de Frédérique Liebaut :

Haïti, c’est le rêve de l’humanité, le rêve qui anime tout homme de la sortie de l’esclavage, de la conquête de la liberté dans toutes ces acceptions. Il n’est donc pas étonnant que j’ai choisi un texte dont le titre est DreamHaïti, écrit par un auteur qui n’est pas haïtien comme je ne suis pas haïtienne mais parfaitement française comme j’aime à le dire en riant. Et ceux qui m’entendent ne s’y trompent pas, « parfaitement », c’est à dire élevée, dans l’idéal de la devise de la Révolution Française : Liberté, Égalité, Fraternité. Et cette devise m’a constituée. Puis par hasard j’ai été en Guadeloupe et j’ai pris conscience – comme on reçoit une gifle – que sur le territoire français car il s’agit d’un département, l’universalisme porté par cette devise devenait mortifère comme le sont les idéaux qui ne s’incarnent pas. J’ai pris conscience que j’ignorais totalement – pourtant bien éduquée – l’histoire de mon pays sur ces petits volcans surgis de la mer Caraïbe, au flanc des Amériques. Quelle amnésie ? Et quelle histoire ? Il me fallait la retrouver et la comprendre pour que cet horizon de liberté, d’égalité, de fraternité ne devienne pas le poison des fausses promesses. Et quand nous cherchons de tout notre cœur, il y a souvent des réponses qui s’incarnent et nous trouvent.

Lire la suite sur TK-21 LaRevue

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale   Annonces

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, éditions critique

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, Paris, Éditions Critiques, 2018, 368 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage regroupe les principaux textes que Mathiez a consacrés à Robespierre. Nous proposons ici l'un d'entre eux, intitulé "Robespierre", une conférence organisée par le Groupe Fraternel du XIIIe et par la 7e Commission de l'USTICA (Union syndicale des techniciens de l'industrie, du commerce et de l'agriculture), publiée en 1924 par les éditions de la Maison des Jeunes.

Citoyens,
Aucun homme d’État de la Révolution n’a été plus populaire pendant sa vie que celui que les contemporains surnommèrent dès la Constituante du beau nom d’Incorruptible, aucun pourtant n’a été plus tristement calomnié après sa mort ni plus bassement outragé. On imprime couramment, jusque dans les livres scolaires qui servent à l’éducation des enfants de l’école laïque, qu’il fut un pieux calomniateur, un mystique assassin, un hypocrite sanguinaire, un ambitieux sans scrupules, on lui dénie jusqu’au talent, jusqu’à l’éloquence. On en fait un cerveau médiocre, une âme rétrécie. Quand ces gentillesses s’étalent sous la plume d’académiciens, d’écrivains bien-pensants, de remparts de l’ordre établi, cela s’explique, et il est naturel que Robespierre, qui a incarné la démocratie la plus hardie et qui l’a faite triompher tant qu’il a vécu, soit toujours poursuivi par la haine des ennemis de la justice et du progrès.

Lire la suite

La déclaration des droits de Condorcet en 1789   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 27 avril 2017
Intervention de Jean-Claude Gaudebout (Paris Ouest Nanterre) sur :
La déclaration des droits de Condorcet en 1789.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

La conception de la souveraineté populaire chez Prieur de la Marne   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 16 mars 2017
Intervention de Suzanne Levin (Paris Ouest Nanterre) sur :
La conception de la souveraineté populaire chez Prieur de la Marne.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Maudite révolution !   Annonces

Une pièce d’Olivier Tonneau, par la Compagnie Tabasco. Dimanche 28 janvier à 15h, Théâtre El Duende, 23 rue Hoche, 94200 Ivry-sur-Seine. Réservations : theatre-elduende.com ou 01 46 71 52 29. Présentation :

Liberté, égalité, fraternité: c'est à Robespierre que la France doit la belle devise qui orne tous ses bâtiments publics. Mais elle n'en fut pas toujours digne. Elle s'en est même autorisée pour justifier les pires exactions : le colonialisme, les discriminations, les guerres…
La pièce retrace l'éveil politique d'un homme confronté à des œuvres littéraires, débats parlementaires, journaux intimes, pamphlets politiques joués par deux comédiennes. Proposant une forme de théâtre documentaire, Maudite révolution tisse ainsi la trame, au fil des âges et sur tous les continents, de la lutte sans cesse recommencée pour les droits de l'homme. Redécouvrir la révolution par ses marges permet que le mythe national redevienne aspiration universelle.

La pièce sur le site du Théatre El Duende

La présentation d'Olivier Tonneau sur son blog

Le blog Veni Vidi Sensi et la Révolution française   En ligne

Le site historique Veni Vidi Sensi propose des textes et des vidéos You Tube, notamment sur la Révolution française. Ces vidéos sont réalisées par Histony, un jeune historien qui entend faire partager ses réflexions sur l'histoire en général (l'histoire peut-elle être neutre ?) et sur celle de la Révolution française en particulier. S'appuyant sur l'historiographie récente, il cherche à faire connaître l'histoire scientifique de la Révolution française avec un ton personnel et souvent humoristique. Dans l'un des derniers billets du blog, Histony analyse le dossier consacré à la Révolution française par l'hebdomadaire de droite "Le Point".

Populiste ou Jacobin ? Critique du populisme de gauche   Actuel

Texte publié par Olivier Tonneau sur son blog Mediapart, à propos du "populisme de gauche" théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe qui influence Podemos en Espagne et plus récemment Jean-Luc Mélenchon. Extraits :

"Il y a quelque chose qui cloche dans le «populisme de gauche» de Mouffe et Laclau. Oui, mais quoi? Une manière de répondre à cette question est de revenir au fondement de leur doctrine, qui réside dans l'interprétation de la Révolution française comme matrice des totalitarismes popularisée par François Furet."
"Ceux qui se réclament aujourd’hui du populisme contre le néolibéralisme ne le savent peut-être pas : dans l’ouvrage qui les a rendus célèbres, l’ennemi de Mouffe et Laclau n’était pas le néolibéralisme mais le totalitarisme. Dès la préface de l’ouvrage, les auteurs s'inscrivaient dans les thèses de Claude Lefort et François Furet (tous deux cités dans l’ouvrage avec approbation) selon lesquelles le totalitarisme avait pour matrice le jacobinisme. La préface se lit comme une notice nécrologique de « l’imaginaire jacobin », expression qui apparaît en relation avec une série d’ « échecs et de déceptions : depuis Budapest à Prague et au coup d’état en Pologne, de Kaboul aux séquelles des victoires communistes au Vietnam et au Cambodge ». Le retournement récurrent des insurrections en états totalitaires menait Mouffe et Laclau à appeler à une rupture théorique radicale."

Lire l'article sur le blog d'Olivier Tonneau

Vers une république des biens communs ?   Actuel

Vidéos du colloque "vers une république des biens communs" qui s'est tenu à Cerisy du 8 au 15 septembre 2016. Présentation :

"Mieux connu depuis l'attribution, en octobre 2009, du prix Nobel d'économie à Elinor Ostrom, le concept de « communs » ou de «biens communs» fait actuellement florès dans de nombreuses disciplines: économie, gestion, droit et science politique, mais aussi dans les programmes de militants et responsables politiques. Ainsi le Parlement européen a constitué un intergroupe dédié aux « services publics et biens communs ». Surtout, de très nombreuses initiatives témoignent de la vitalité de nouvelles forces sociales du vivre et produire ensemble et autrement, pour promouvoir des laboratoires citoyens et économiques dans les domaines tels que l’économie collaborative, la santé, l’éducation, la transition énergétique, le domaine foncier et pour utiliser des logiques de biens communs pour une gouvernance plus démocratique de fourniture de services d’intérêt général et élargir les choix dans les partenariats publics/privés. Dans ces temps de mutations économiques, technologiques, écologiques, sociales, majeures, ce colloque est conçu comme un carrefour pluridisciplinaire de rencontres et d'échanges entre chercheurs et acteurs, venant de plusieurs pays européens, pour cerner le contenu du concept de biens communs et sa capacité à permettre la construction d'une nouvelle manière de vivre en société."

Voir les vidéos

La France et les Amériques entre révolutions et nations 1776-1835   Annonces

Journée d'étude organisée par Tangi Villerbu qui se tiendra le 30 novembre 2017 au Centre des Archives diplomatiques de Nantes.

Présentation : "Pour prendre la suite de la journée organisée à l'Université de La Rochelle le 13 novembre 2015 (Marchands, exilés, missionnaires et diplomates : Les Français et les Etats-Unis, 1789 – 1815), cette manifestation élargira le regard en posant la question de l'usage des sources, dans les Amériques comme en France (et ailleurs) pour l'étude des relations internationales au sens large, des circulations des personnes, c'est-à-dire des migrations de toutes sortes mais aussi des voyages d'affaire, d'agrément ou d'étude, des circulations culturelles, qu'elles soient de biens ou d'idées, du commerce atlantique..."

Voir le programme sur le site du CRHIA (Université de La Rochelle)

Les prud’homies et la Révolution française : naissance d’un modèle   En ligne

Par Yannick Bosc, Université de Rouen Normandie - GRHis

Sous l’Ancien Régime, les prud’homies de pêcheurs sont des corporations. Considérées comme des archaïsmes moyenâgeux, les corporations sont abolies pendant la Révolution française, mais pas les prud’homies de pêcheurs qui deviennent même des modèles dont on redécouvre aujourd’hui les vertus républicaines. Comment expliquer cette singularité ?

Les corporations, constituées au Moyen-Age, regroupaient des personnes exerçant un même métier. Les patrons et les ouvriers dépendaient donc de la même organisation qui disposait de privilèges, reconnus par la monarchie, permettant de réglementer et de contrôler l’exercice du métier. Avec la Révolution française, cette structure d’encadrement de la société d’Ancien Régime disparaît. Le 4 août 1789, l’Assemblée nationale vote l’abolition des privilèges qui touche les ordres (elle met fin à la noblesse) mais aussi les villes et les provinces qui disposaient de « libertés » particulières. Cependant les corporations et leurs privilèges passent temporairement entre les mailles du filet. Il faut attendre la loi d’Allarde en 1791 pour qu’elles soient abolies. Au lendemain du 4 août, les communautés de métiers sont en sursis tant il semble cohérent pour les contemporains que ces corps dits privilégiés soient également compris dans l’abolition.
Sentant son avenir plus qu’incertain, la prud’homie de Marseille s’organise. Elle décide d’envoyer une délégation à Paris, composée de ses deux premiers prud’hommes et de son secrétaire archiviste, afin de plaider en faveur du maintien de sa juridiction auprès de l’Assemblée constituante. La prud’homie de Toulon est associée à la démarche.

Lire la suite sur L'Encre de mer

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2017-2018   Séminaire

Programme 2017-2018 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G075 escalier E, 2e étage.

9 novembre : Yannick Bosc (Rouen) et Florence Gauthier (Paris-Diderot), Albert Mathiez, la Révolution russe et la révolution française.

14 décembre : Jean-Fabien Spitz (Paris 1), Droit de propriété et droit de nécessité chez Grotius : les fondements philosophiques de l’état social.

18 janvier : Clément Thibaud (Nantes), Publics et contre-publics des Droits de l’Homme en Terre-Ferme (1793-1815).

8 février : Marc Belissa (Paris Ouest Nanterre), La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis (1).

15 mars : Marc Belissa (Paris Ouest Nanterre), La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis (2).

5 avril : Marie Cornu (CNRS) et Judith Rochfeld (Paris 1), Les communs et le droit.

3 mai : Gaïd Andro (Nantes), Administrer la liberté politique ? Expérimentation, reconfiguration et occultation d'une pensée administrative révolutionnaire (1789-1799).

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, le CHISCO EA1587 et l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Le journal des dames   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 8 décembre 2016
Intervention de Christine Fauré sur Le journal des dames.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Mathiez, la Révolution russe et la Révolution française   En ligne

Sur le site des Editions Critiques, vidéos dans lesquelles Yannick Bosc et Florence Gauthier présentent le recueil d'articles d'Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française, qu'ils ont introduit.

Grand historien de la Révolution française, Albert Mathiez fut aussi un intellectuel engagé, un partisan intransigeant de la démocratie sociale qui s’enthousiasma pour la révolution russe. Ces vingt-deux articles écrits au fil des événements analysent sur le vif ce séisme social et politique.
Des journées de février 1917 jusqu’à la fin de la guerre civile, l’auteur tisse l’analogie avec la Révolution française. Dans les deux cas, il observe la force motrice des mouvements populaires, à contre-courant des interprétations selon lesquelles les révolutions appliquent des théories.

Point de vue sur un débat : Boucheron, Skinner, Spitz et la fresque dite du Bon gouvernement   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Le livre de Patrick Boucheron, Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Seuil Points, 2013, fait état des débats sur les interprétations de la fresque dite du Bon gouvernement de Sienne, réalisée en 1339, et en particulier celle de Quentin Skinner, L’Artiste en philosophie politique. Ambrogio Lorenzetti et le Bon Gouvernement, Paris, Raisons d’agir, 2003, d’une manière qui m’a parue précise et fructueuse : on peut ainsi mieux comprendre l’objet du débat et l’auteur présente les arguments avec sérieux, mais aussi avec une grande prudence.
Jean-Fabien Spitz a publié une recension du livre de Boucheron , « Donner à voir le gouvernement libre ? », La Vie des Idées (17 XII 2013).

J-F Spitz entre d’emblée dans ce qui est l’objet du débat exposé par Boucheron dans son livre : le gouvernement communal de Sienne vient tout juste de sortir d’une période de « seigneurialisation » de la Commune. La fresque est une réponse à la propagande seigneuriale de l’époque, pour faire comprendre les effets bénéfiques d’un gouvernement communal.

Lire la suite

La querelle des titres et la construction d’un cérémonial républicain aux États-Unis   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 17 novembre 2016
Marc Belissa :
République monarchique ou démocratique ? La querelle des titres et la construction d’un cérémonial républicain aux États-Unis en 1789-1791.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Lire de texte de la communication.

Le voyage des Républiques anglaises dans l'espace européen aux XVIIe et XVIIIe siècles   En ligne

Numéro 8 (juin 2017) de Philosophical Enquiries. Revue des philosophies anglophones, sous la direction de Luc Borot et Myriam-Isabelle Ducrocq, consacré à la circulation des modèles républicains anglais :
"Nous publions ici les actes du séminaire qui s’est tenu à l’Institut de Recherches sur la Renaissance et les Lumières à l’Université Paul Valéry de Montpellier de 2015 à 2017. Il sera question du voyage des Républiques anglaises dans l’espace européen, à partir de la période fondatrice des années 1650. Voyage physique tout d’abord : celui des républicains en exil ou de personnes aux sympathies républicaines en simple déplacement sur le continent, voyage de découverte vers l’Angleterre, spécifiquement motivé par un intérêt pour sa culture politique, voyage également des livres emportés avec soi. Voyage métaphorique ensuite : celui des thèmes, des références, des idées, parfois véhiculées par la traduction, qui s’incorporent à une nouvelle manière de penser."
Au sommaire : Harrington (son épistémologie de la science politique, sa traduction sous la Convention, son influence sur Sieyès), Barnave, Mirabeau, Robespierre, les républicains anglais en exil, la Pologne, le débat anglais sur la Révolution française.

Lire en ligne

Arendt, penseur des droits de l’homme ?   En ligne

Recension par Benoît Basse du livre de Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère, Le procès des droits de l’homme. Généalogie du scepticisme démocratique (Seuil, 2016), sur nonfiction.fr. Extraits :

" Lacroix et Pranchère consacrent six chapitres à présenter chacun des courants critiques, à savoir : les critiques contemporaines (dans leurs versions conservatrice, communautarienne et néo-républicaine), le point de vue conservateur (Burke), les objections formulées au nom de l’utilité sociale (Bentham et Comte), la perspective théologico-politique (Bonald et Maistre), la critique de gauche au nom de l’émancipation humaine (Marx) et enfin la critique nationaliste (Schmitt). La force du livre nous paraît surtout résider dans sa capacité à rendre à chaque « procès » sa spécificité, mais aussi à souligner certains recoupements entre des théories aux finalités politiques radicalement opposées. En revanche, le septième et dernier chapitre, qui entend repenser la légitimité des droits de l’homme à partir de l’œuvre de Hannah Arendt, nous semble pour le moins problématique.
(...) Les considérations arendtiennes sur les droits de l’homme sont en vérité beaucoup plus problématiques qu’on ne l’admet généralement en France, puisqu’elles ne permettent pas de penser une égale dignité de tous les hommes, abstraction faite de leur appartenance à une communauté politique et indépendamment de ce qu’ils font durant leur existence. On l’aura compris, nous ne pensons pas que la cause des droits de l’homme ait beaucoup à gagner en se choisissant Hannah Arendt comme auteur de référence. Bien plus, il n’est pas certain qu’une pensée cohérente des droits de l’homme puisse congédier si facilement l’idée d’une « nature humaine », ainsi que les théories du droit naturel à l’origine des Déclarations des droits de l’homme."

Lire sur nonfiction.fr

République monarchique ou démocratique ?   Etudes

La querelle des titres et la construction d’un cérémonial républicain aux États-Unis en 1789-1791

par Marc Belissa, CHISCO, Université Paris Nanterre

(Voir la vidéo)

En avril 1789, le Premier Congrès de la jeune République fédérale américaine se réunissait à New York. Alors que le processus de ratification de la nouvelle constitution par les treize états n’était pas encore totalement achevé (la Caroline du Nord et le Rhode Island ne la ratifient qu’en mai 1790), il revenait au Premier Congrès de mettre en place les nouvelles institutions dont l’élaboration n’avait pas été réalisée sans obstacles. Dans le débat qui avait suivi la Convention de Philadelphie de 1787 dans laquelle le projet de constitution fédérale avait été rédigé (1), les oppositions avaient été nombreuses tant sur la nature même du gouvernement fédéral que sur ses composantes (2). Celle qui apparaissait peut-être la plus dangereuse aux opposants antifédéralistes et même à certains des partisans du gouvernement fédéral était la fonction présidentielle. Quand on avait proposé à Philadelphie le principe d’un exécutif personnel, un grand silence s’était fait, tant l’idée d’un Président chef de l’exécutif faisait penser à une monarchie déguisée. Les débats autour de la nature du pouvoir présidentiel et surtout sur ses limites nécessaires avaient été particulièrement vifs. Dans les journaux antifédéralistes, l’accusation de monarchisme était partout même si la peur d’une monarchie à l’anglaise était tempérée par la certitude que George Washington — dont tout le monde savait qu’il serait élu Président — n’aspirait pas à devenir roi (3).

Lire la suite

La terreur des sans-cravates   Actuel

Les députés de La France Insoumise se sont présentés sans cravate à l'Assemblée. Extrait d'un article qui s’en inquiète vivement, publié dans Challenges le 27 juin 2017 et intitulé "Mélenchon, Ruffin et les Sans-cravates : une menace à prendre au sérieux", où l'on fantasme sur le peuple et la Révolution :

" "La question des codes vestimentaires a été portée par notre camp. Par exemple par le Tiers-État lors des États généraux" a déclaré Jean-Luc Mélenchon. (...) L’assimilation Sans-culottes et Sans-cravates ne relève pas du simple divertissement. Elle est une arme politique de destruction massive du système. Quand Mélenchon dit: "Il y avait des Sans-culottes, il y aura désormais des Sans-cravates", il ne plaisante pas. Il pose très sérieusement les bases de la lutte politique qu’il entend mener. Le peuple contre les aristocrates. Les floués contre les nantis. Les pauvres contre les riches. Le bas contre le haut. Application à la lettre des préceptes politiques de l’idéologue d’extrême gauche qui a pensé Syriza et Podemos, Chantal Mouffe, qui entend "Construire un peuple" pour l’amener à remplacer le peuple ancien.
Mélenchon et Ruffin ressuscitent effectivement la Révolution. Non pas l’esprit des constituants de 1789, mais plutôt celui des Hébertistes de 1793. Avec eux, c’est l’esprit du Père Duchesne (le Fakir de l’époque) qui entre à l’Assemblée nationale, comme il était entré à la Convention avec Hébert, Roux et Chaumette et les Enragés. Ceux-là aussi entendaient « se mettre à la portée de cette classe peu instruite du peuple qui ne pourrait comprendre d’importantes vérités si elles n’étaient énoncées avec des expressions qui lui sont particulières ». Ils en firent tellement qu’à la fin, les jugeant dangereux, Robespierre lui-même finira par les envoyer là où ils rêvaient d’envoyer l’oligarchie de l’époque. Le destin des Sans-cravates sera-t-il aussi tragique que celui des Sans-culottes ?"

Lire l'article dans Challenges

Une romancière, ses personnages et la Révolution française   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 21 janvier 2016
Leslie Kaplan :
Une romancière, ses personnages et la Révolution française.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Archives parlementaires en ligne sur Persée   Outils

Les 10 premiers volumes des Archives parlementaires de la Révolution française ont été numérisés et indexés. Ils sont consultables sur Persée. Ce projet se distingue des éditions électroniques déjà disponibles, celles de Stanford-BNF et de Chicago-ARTFL CNRS.
Présentation :" Les volumes ont été indexés par la Mission édition électronique de la BIS, dans le cadre du partenariat avec l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF, rattaché à l’IHMC) et le portail en sciences humaines Persée. Ce balisage très fin, réalisé à l’aide d’un glossaire établi avec l’IHRF, permet une recherche par intervenant, type de document et date. La numérisation et l’indexation des Archives parlementaires ont débuté, et vont couvrir, dans les années qui viennent, les 102 volumes de la collection déjà parus, soit plus de 80 000 pages, auxquelles viendront s’ajouter les tomes futurs de cette entreprise hors norme. Ces Archives se sont imposées tant par leur dimension patrimoniale que par leur actualité, elles intéressent aussi bien les chercheurs que les citoyens."
Voir la description du projet et du corpus sur le site de la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne et sur celui de l'IHRF.

Accéder aux Archives parlementaires sur Persée

La France et les Amériques entre révolutions et nations, 1776-1865   Annonces

Appel à communications pour la journée d’étude « La France et les Amériques entre révolutions et nations, 1776-1865 » qui se déroulera à Nantes le 30 novembre 2017.

Pour prendre la suite de la journée d’étude organisée à l’Université de La Rochelle le 13 novembre 2015 (« Marchands, exilés, missionnaires et diplomates: Les Français et les États-Unis, 1789-1815 »), cette journée organisée le 30 novembre 2017 au Centre des archives diplomatiques de Nantes élargira et décalera le regard :

Lire la suite

Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française   Annonces

 Mathiez Révolution russe et Révolution française

Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française, Paris, Éditions Critiques, 2017, 140 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage rassemble les textes publiés par Mathiez sur les Révolutions russes et l'URSS, de 1917 à 1931. Nous en proposons ici un extrait : "La chute de Kerenski", article paru dans Le Petit Comtois du 10 novembre 1917 (28 octobre dans le calendrier julien), deux jours après la Révolution d'octobre.

La Révolution Russe continue à se développer sur le rythme de la Révolution française, et cela n’a rien de particulièrement surprenant, quand on sait que les intellectuels qui en ont pris, je ne dis pas la direction (!), mais l’initiative, étaient tous nourris des œuvres de nos grands historiens et vivaient dans notre glorieux passé, encore plus hélas ! que dans le présent. Donc le Girondin Kerenski est abattu par les Montagnards que nous appelons aujourd’hui les Maximalistes.

Comme les Girondins d’autrefois, Kerenski est victime de l’équivoque fondamentale de sa politique. Il voulait continuer la guerre, pensée louable ! mais il ne voulait pas malheureusement les moyens d’intéresser le peuple à cette guerre. Il a retardé la solution de la question agraire, question capitale dont j’ai essayé ici même d’exposer sommairement les données. Refusant aux paysans la terre objet de leurs désirs, il n’a pu les entraîner derrière lui. Ses vainqueurs, dans leur proclamation d’hier, déclarent qu’ils remettront immédiatement la terre aux paysans. Ainsi, après la chute de la Gironde, les Montagnards abolissaient sans indemnité les derniers droits féodaux qui subsistaient encore en France.

Lire la suite

Enseigner la Révolution française aux Etats-Unis : enjeux politiques   Enseignement

Sur le site du CVUH (Comité de Vigilance face aux Usages publics de l'Histoire) : " Aurore Chery a mené un entretien avec J. Douthwaite qui enseigne le français à l'université Notre Dame dans l'Indiana. Ses travaux portaient jusqu'alors sur la littérature du XVIII siècle, mais elle participe désormais à un ouvrage éditorial collectif intitulé Teaching Representations of the French Revolution. Elle présente ici enjeux d'enseignement, démarches, attentes de ce travail qui mobilise une trentaine d'auteurs. De part sa position et la discipline cet entretien est un invitation à décentrer nos regards quant à l'enseignement de cet objet d'histoire''.

Voir la vidéo

Jean-Nicolas Pache, les sections de Paris et la Convention   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 7 avril 2016.
Aurélien Larné (Paris Ouest-Nanterre):
Jean-Nicolas Pache, acteur et médiateur politique entre les sections de Paris et la Convention.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Une part égale de liberté. La Révolution américaine et le patriotisme anglais   Annonces

Charbonneau, Une part égale de liberté

Introduction de l'ouvrage de François Charbonneau, Une part égale de liberté. La Révolution américaine et le patriotisme anglais, Montréal, Liber, 2013.
François Charbonneau est enseignant à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et spécialiste des idées politiques aux États-Unis et au Canada. Dans cet ouvrage, il s’intéresse à la période de la crise impériale et du début de la Révolution américaine, entre 1763 et le moment de la rédaction des constitutions des états d’Amérique du Nord dans les années 1775-1780.
L'auteur part de la constatation d’un paradoxe apparent : jusqu’à la publication du Common Sense de Thomas Paine en 1776, l’immense majorité des acteurs politiques des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord refusent l’idée d’indépendance et cherchent au contraire à rester dans la dépendance de l’Empire britannique. Tous les Américains ne parlent que de liberté, entendue comme une non-dépendance, mais dans le même temps, ils revendiquent une forme de dépendance assumée à l’égard de l’Angleterre et de son roi (au moins jusqu’aux premiers combats de Lexington et Concord en 1775). La solution de ce paradoxe se situe selon l’auteur dans le fait que les Américains se sentaient totalement partie prenante de ce qu’était la nation anglaise ou plutôt le corps politique britannique, alors défini comme le "plus libre du monde". La liberté ou les libertés anglaises fondaient une forme de patriotisme anglais revendiqué intégralement par les Américains. La véritable question que posent les Américains à l’Angleterre pendant la crise impériale n’est donc pas seulement fiscale ou économique (sans négliger ces aspects, l’ouvrage ne les traite pas) mais elle est peut-être avant tout identitaire et politique. "Ne sommes-nous pas Anglais ?" semblent demander les Américains au gouvernement britannique tout au long de la crise impériale.

Lire la suite

Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple   Annonces

Charlotte Goëtz-Nothomb, Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple

Avant propos de l'ouvrage de Charlotte Goëtz-Nothomb, Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple. Une tradition politique à redécouvrir. Étapes de vie, actions et théories, PôleNordGroup, Bruxelles, 2016.

L’œuvre et surtout les journaux de Jean-Paul Marat peuvent, enfin, être vraiment découverts. Longtemps, les légendes et les déformations qui entouraient l’auteur et sa mort tragique avaient court-circuité un accès à ses écrits, dont le plus connu est le quotidien L’Ami du Peuple, dénomination qui est aussi devenue le surnom du publiciste-journaliste.
L’action d’imitateurs et de faussaires qui se sont servis de ce titre et de sa notoriété a été déjouée et les articles corrigés ou réécrits par Marat, restitués.
Parmi les autres textes, soulignons des Pamphlets, des Feuilles extraordinaires, des Placards et d’autres journaux : Le Junius français, Le Publiciste de la Révolution française, Le Publiciste de la République française.
Marat a aussi écrit un roman, des ouvrages médicaux, scientifiques et philosophiques, en particulier la double version (1774 puis 1793) des Chains of Slavery – Les Chaînes de l’Esclavage, livre théorique central.
Grâce aux recoupements de 52 journaux du temps, les prises de parole de Marat à la Convention nationale, aux Jacobins, au Club des Cordeliers… sont recomposées et éditées et, de son importante correspondance, dispersée lors des multiples saisies et à sa mort, une partie est sauvegardée.
Les qualités journalistiques de Marat sont maintenant reconnues par les spécialistes de la presse et plusieurs travaux scientifiques bénéficient d’une appréciation correcte.

Lire la suite

Thomas Paine, A Transatlantic Republican Between Two Revolutions   Annonces

JEAH Thomas Paine

Le dernier numéro du Journal of Early American History (vol. 6, n° 2- 3, 2016) propose un dossier Thomas Paine s'appuyant sur les contributions présentées lors du deuxième colloque international Thomas Paine organisé par Marc Belissa à Paris Ouest Nanterre en septembre 2014 avec le soutien de la COMUE Paris Lumières, des Thomas Paine Studies at Iona College et de la Thomas Paine Historical Association. Nous en proposons l'introduction.

Par Marc Belissa, Université Paris Ouest Nanterre – CHISCO et Gary Berton, Secretary of the Thomas Paine National Historical Association and Coordinator of the Institute for Thomas Paine Studies

Thomas Paine said the American Revolution was the cause of all mankind.(1) In France, sixteen years later, he said the French Revolution was also the cause of all mankind, and it was not a contradiction. He regarded both as the same revolution – the same revolution that was brewing as well in England. To understand Paine is to see him as a transatlantic revolutionary and democratic theorist. His principles were universal, and it was these first principles that he repeatedly referred to and promoted. They weren’t confined to a particular nation, although he adapted them to particular circumstances. They weren’t ephemeral or dependent on those circumstances. They defined an Age – the Age of democratic revolutions(2) that began with Common Sense and continues to today. Each of his key works quickly became international best-sellers and Common Sense’s influence in Europe was as great as Rights of Man’s influence on American politics. Paine must be regarded as an international political philosopher in order to come to grips with his influence and legacy, and to analyze his principles with regard to what have developed as « republics », and what has happened to « democracy ».

Lire la suite

La non-violence révolutionnaire   Recensions

Par Suzanne Levin, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

A propos du livre de Micah ALPAUGH, Non-Violence and the French Revolution. Political Demonstrations in Paris, 1787-1795, New York, Cambridge University Press 2014, VIII-292 p.

Toujours présente dans l’historiographie de la Révolution française, la question de la violence révolutionnaire a pris, depuis le bicentenaire (1), un caractère quasi-obsessionnel, dont l’écho est tel que la violence est souvent tout ce que l’on retient de la Révolution dans la culture générale. S’il est sans doute peu de spécialistes de la Révolution qui avanceraient que « la violence fut le moteur de la Révolution », comme le fait Simon Schama, auteur anglais d’un ouvrage grand public paru pour le bicentenaire (2), force est de constater qu’une grande partie de l’historiographie récente rejoint ce sentiment. Sans compter les multiples études consacrées directement à la problématique de la violence dans la Révolution, pour certains, toute étude sur ce sujet se doit désormais de se focaliser sur la violence. Et cette dernière ne suffit plus : toute explication qui soit ne passerait pas par l’hypothèse de l’archaïsme – surtout du peuple – soit ne ferait pas de la violence le péché originel de « l’idéologie révolutionnaire », risque d’être suspectée d’en être partisane (3).

Lire la suite

La construction du droit naturel à partir du droit romain   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 31 mars 2016.
Florence Gauthier (Université Paris-Diderot) :
La construction du droit naturel à partir du droit romain

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Réponse de Jean-Clément Martin à la recension d'Anne-Marie Coustou   Réplique

Jean-Clément Martin nous a adressé cette réponse à la recension de son ouvrage Robespierre, la fabrication d'un monstre par Anne-Marie Coustou. Nous la publions intégralement. A la différence de Jean-Clément Martin, nous ne voyons dans cette recension ni propos "diffamatoires" ni "procès politique" mais une critique argumentée de son livre.
La rédaction

Intitulé « Robespierre, la fabrication d’un médiocre », le texte de Mme Coustou consacré à mon livre Robespierre. La fabrication d’un monstre accumule tant de déformations et d’accusations mensongères, que j’attends de la revue qui l’a diffusé, Révolution Française.net, la publication de ma réponse et une mise au point désavouant des propos inexacts voire diffamatoires. La recherche systématique de confusions, d’intentions perverses et de désinformations est inadmissible d’autant qu’elle s’appuie sur des citations tronquées ou mal comprises, voire dévoyées.

Lire la suite

Robespierre, la fabrication d’un médiocre   Recensions

Par Anne-Marie Coustou, Professeur d'histoire-géographie

A propos de l'ouvrage de Jean-Clément Martin, Robespierre, la fabrication d’un monstre, Paris, Perrin, 2016, 400 p.

Paru après Robespierre, la fabrication d’un mythe, de Marc Belissa et Yannick Bosc (2013), l’ouvrage de Jean-Clément Martin au titre quasi identique ne propose pas, à la différence du premier, de revenir sur la construction des légendes noires ou dorées de l’Incorruptible. L’introduction qui s’ouvre sur l’épisode du pseudo-masque de Robespierre que l’auteur qualifie de « quasi-comique » nous en donne l’objet. L’on pourrait penser que l’aspect « quasi-comique » résiderait dans ce montage cousu de fil blanc censé révéler « la vraie tête » du révolutionnaire. Mais pour l’auteur, c’est la réaction des défenseurs de l’Incorruptible qui est risible car «… aujourd’hui comme hier, écrit-il, on peut débattre sans crainte de la violence de Marat, de la vénalité de Danton ou de la frivolité de la reine, alors que l’épiderme national demeure sensible dès qu’on l’évoque (Robespierre) » (p. 1 et 2). Cette « crainte du débat » ne semble pas très dissuasive au vu du nombre de biographies et articles dépréciatifs parus sur l’Incorruptible. Par contre, cette « crainte » s’avère révélatrice du propos de l’auteur dont l’objectif est de libérer la parole sur Robespierre et, en quelque sorte, de déverrouiller le débat à son sujet. Le propos du livre consiste donc « à expliquer pourquoi il est le seul dans ce cas » alors qu’il est, selon Martin, un révolutionnaire parmi tant d’autres, pas même franchement remarquable par ses prises de position, ni même le plus attaché aux principes ou le plus désintéressé.

Lire la suite

XVIIIe siècle : La République sociale avant la république   Entretiens

En relation avec le colloque "Modernités Républicaines", La Fabrique de l'histoire, l'émission d'Emmanuel Laurentin sur France Culture était consacrée le mercredi 23 novembre à la question des origines de l'idée républicaine au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française. Marc Belissa et Stéphanie Roza sont intervenus dans cette émission au cours de laquelle ont été lus des extraits de textes de Rousseau, Mably, Robespierre et Billaud-Varenne. On pourra retrouver le replay de l'émission sur le site de France Culture. Présentation :
"Les historiens de l'idée républicaine, et en particulier l'école de Cambridge représentée par Quentin Skinner, considèrent la liberté de l'individu et les vertus civiques comme centrales dans la définition de cet idéal à l'âge des Lumières. Mais n' oublient-ils pas qu'à cette même époque, en France, les écrits de Rousseau propageaient, avant même la Révolution, l'idée de souveraineté du peuple qui sous-entendait l'égalisation des conditions sociales ? La République sociale est-elle née avant même 1792 et la république formelle ?"

Écouter l'émission

Modernités républicaines   Annonces

Colloque international, organisé pour l'inauguration du Centre européen d’études républicaines (CEDRE), qui se tiendra le jeudi 24 Novembre et le vendredi 25 Novembre 2016 à l' École normale supérieure, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris. Présentation :
"Ce colloque part du constat d'une très forte activité de recherche et de publication sur la question républicaine depuis une vingtaine d'années, comme en témoigne la multiplication des colloques et des réseaux de recherche internationaux, mais aussi d'un cloisonnement des problématiques et des disciplines, qui contribue à perpétuer des malentendus, à creuser des partages ruineux et à prolonger de longs silences. Il a donc pour ambition de confronter les traditions intellectuelles nationales et les disciplines autour de cet objet à la fois central et mal cerné, dont l'actualité ne cesse de nous être rappelée par les débats sur l'école, la citoyenneté, les biens communs, l'impôt et la redistribution, ou encore les formes de la construction de la volonté générale."

Voir le programme
Inscription : modernitesrepublicaines@gmail.com

James Guillaume : l'émancipation par les savoirs   Annonces

colloque james guillaume

Un colloque consacré à James Guillaume, militant libertaire et historien (il est notamment l'éditeur des procès verbaux du comité d'instruction publique pendant la Révolution française), se tiendra le 24 et le 25 novembre 2016 à l'Université de Genève. Présentation :
"À l’occasion du centenaire de la mort de James Guillaume (1844-1916) est organisé à l’Université de Genève un colloque consacré aux engagements multiples de cet internationaliste. L’hypothèse qui sous-tend cette rencontre scientifique est l’existence d’une continuité entre son action politique au sein de l’Association internationale des travailleurs (AIT) et son engagement pédagogique aux côtés de Ferdinand Buisson après son arrivée en France en 1878. Les dix-huit communications et la table ronde de cette rencontre internationale permettront d’éclairer les réseaux au sein desquels a évolué James Guillaume. Il s'agira aussi de réfléchir à l’actualité de la conception libertaire de l’éducation en ce début de XXIe siècle."


Lire l'argumentaire du colloque et le programme sur Calenda et accéder au carnet de recherche consacré à James Guillaume.

Le féminisme et la subjectivité révolutionnaire : expérimentations et résistances   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos du livre de Eliane Viennot, Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir 1789-1804, Paris, Perrin, 2016, 409 pages.

Avec l’avènement de la démocratie moderne, les citoyennes doivent expérimenter elles-mêmes les nouvelles potentialités politiques, les concrétiser dans toutes sortes de formes d’expérimentations et de résistances au pouvoir masculin, avec le soutien de quelques rares hommes dont le témoignage est d’autant plus précieux. Avancées et reculs dans le champ des rapports entre les sexes marquent alors les divers moments de la Révolution française, obligeant le chercheur soucieux de les retracer avec minutie de se situer au plus près des événements. C’est ce que nous propose Eliane Viennot, professeure de littérature française de la Renaissance à l'Université Jean Monnet (Saint-Etienne), dans la suite de sa passionnante enquête entamée au cours les années 1990 sur La France, les femmes et le pouvoir, dont l’objectif est de circonscrire la place du féminisme dans l’exception politique française. Cette somme historique sur l’histoire du féminisme vient en effet de s’enrichir d’un troisième volume relatif à la période révolutionnaire, après ceux sur L’invention de la loi salique, Ve-XVIe siècle (2006), et Les résistances de la société, XVIIe-XVIIIe (2008). Face à une Révolution française qui se veut l’ouverture des possibles par l’invention de la démocratie politique, il est légitime de s’interroger sur ce qu’il en est, au sein des événements révolutionnaires, du rééquilibrage des rapports de force entre les sexes, et de la résistance des hommes à ce mouvement d’émancipation.

Lire la suite

Mélenchon avec Robespierre le 9 thermidor   Actuel

La Révolution française est, jusqu'ici, bien peu présente dans les débats de la "pré-campagne" électorale pour la présidentielle de 2017. Dans une nouvelle émission de télévision intitulée "Et si c'était vous" de la chaîne "Toute l'histoire" et en collaboration avec le journal "Le Monde", le psychanalyste Gérard Miller et le journaliste Nicolas Truong interrogent Jean-Luc Mélenchon en l'invitant à remonter le temps jusqu'au 9 thermidor an II et à le redescendre jusqu'à nos jours pour analyser les traces de la Révolution dans les projets politiques contemporains.
Depuis 2011 et l'achat par l'État de manuscrits de l'Incorruptible, le fantôme de Robespierre — quasi disparu depuis le Bicentenaire — réapparaît régulièrement dans les usages politiques contemporains de la Révolution française. Jean-Luc Mélenchon est le "politique" qui se réfère le plus souvent à la figure de Robespierre. Un nouveau chapitre de l'histoire de la "fabrication du mythe" telle que Marc Belissa et Yannick Bosc l'ont évoquée dans leur Robespierre.

Voir la vidéo

Henri Guillemin et la Commune – le moment du peuple ?   Annonces

Le colloque Henri Guillemin et la Commune – le moment du peuple ? se tiendra le samedi 19 novembre 2016 de 9h30 à 18h, à l'Université Paris 3 Sorbonne nouvelle – Censier – 13 rue Santeuil 75005 Paris.
Il est organisé par Les Ami(e)s d'Henri Guillemin dont le site propose les vidéos des treize conférences que l'historien et écrivain a données sur la Commune. Présentation de la première conférence : " Pour Henri Guillemin, il convient d’abord de remonter aux origines de la Révolution française pour bien comprendre l'histoire de la Commune. Il s’emploie donc à rappeler dans ce premier épisode la lutte originelle du peuple contre la bourgeoisie ("les gens de biens") dès le XVIIIe siècle."

Voir le programme et s'inscrire au colloque

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2016-2017   Séminaire

Programme 2016-2017 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.

17 novembre : Marc Belissa, République monarchique ou démocratique ? La querelle des titres et la construction d’un cérémonial républicain aux Etats-Unis en 1789-1791. LIRE et VOIR

8 décembre : Christine Fauré, Le journal des dames. VOIR

19 janvier : Alexandre Guermazi, Les assemblées générales des sections parisiennes, démocratie et représentation en l'an I de la République.

23 février : Vincent Grégoire, Impérialisme et cosmopolitisme. Théories de l’Etat et problèmes coloniaux (XVIe-XVIIIe siècle).

16 mars : Suzanne Levin, La conception de la souveraineté populaire chez Prieur de la Marne. VOIR

27 avril : Jean-Claude Gaudebout, La déclaration des droits de Condorcet en 1789.

11 mai : Yannick Bosc, Les prud'homies de pêcheurs comme modèle républicain.

8 juin : Emmanuel Faye, Hannah Arendt, Burke et les droits de l'homme.

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, le CHISCO EA1587 et l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.
Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich.

Egalitarisme jacobin et Droits de l’homme   Annonces

Gross, Égalitarisme Jacobin, Kimé

Introduction de l'ouvrage de Jean-Pierre Gross, Égalitarisme jacobin et Droits de l'homme, Paris, Kimé, 2016, 474 p.

« Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à deux objets principaux, la liberté et l’égalité » (Rousseau, Du contrat social, II, chap. xi)
« La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui » (Article VI de la Déclaration des droits de l’homme de 1793)

Affirmer l’idéal égalitaire des jacobins va de soi. Disciples de Rousseau, ils s’appliquèrent à éradiquer les inégalités héritées de l’Ancien Régime: si 1789 avait consacré l’égalité devant la loi, 1793 devait inaugurer l’ère de l’égalité réelle. Mais on oublie trop souvent que Rousseau, dans son projet politique, avait aussi privilégié la liberté comme « fin de tout système de législation », et que le jacobinisme, qui s’en est inspiré, s’est voulu une idéologie libérale. Cette double revendication relève du paradoxe. Liberté et égalité ne sont-elles pas a priori incompatibles? Est-il possible de maximiser l’une et l’autre simultanément? Cette incompatibilité foncière ne serait-elle pas à l’origine de la succession de crises politiques que le jacobinisme a dû traverser? Comme le souligne le philosophe Jean Baechler, plus il y a de liberté, plus l'inégalité tend vers des limites qui ne sont pas corrigées spontanément; réciproquement, si l’on essaie de pousser l’égalité, on est obligé d’empiéter sur les libertés des acteurs, puisqu’on est amené à redistribuer du pouvoir, des richesses ou du prestige. Cette « contradiction très profonde, affirme Baechler, est sans solution ». C’est sans doute la raison pour laquelle Montesquieu, confronté dans son œuvre à la même problématique, et favorable à un minimum d’ingérence, a décidé au bout du compte de donner la priorité à la liberté, celle-ci étant à ses yeux plus désirable que l’égalité, et l’inégalité lui paraissant un moindre mal que le despotisme.

Lire la suite en .pdf

La place et le rôle du mouvement populaire dans la Révolution française   Entretiens

Série de cinq entretiens avec Florence Gauthier sur AligreFM, dans une série d'émissions qui se sont déroulées de novembre 2015 à mai 2016 autour du rôle du mouvement populaire pendant la Révolution française.

Ecouter

Robespierre et la question de la guerre   Synthèses

Par Anne-Marie Coustou, professeur d'histoire-géographie

S’intéresser aux idées que défend un homme politique, et surtout un révolutionnaire, à propos de la guerre et de l’armée, c’est le meilleur moyen d’appréhender sa conception des droits des peuples et des relations des peuples entre eux, ou plutôt, comme on disait au XVIIIe siècle, du droit des gens. C’est pourquoi il est si important de connaître les idées et l’action de Robespierre dans ce domaine.
D’autre part, le problème de la guerre est au cœur des problématiques de la Révolution française car, comme toutes les révolutions, elle ne peut s’analyser comme un fait purement national, les perspectives qui s’offraient à elle étant étroitement liées avec la situation dans les monarchies européennes voisines. Or, quelle était la situation de la France par rapport à l’Europe dans les années qui ont suivi 1789 ?

Lire la suite en .pdf

L’acteur en Révolution (1985-2015) : enjeux scolaires et perspectives épistémologiques.   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 18 février 2016.
Marc Deleplace (Paris-Sorbonne) :
L’acteur en Révolution (1985-2015) : enjeux scolaires et perspectives épistémologiques.

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Voltaire à Ferney, une histoire de la postérité moderne   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 19 novembre 2015.
Richard Flamein (Université de Rouen) :
"Trajectoire et condensation d'une image : la postérité de Voltaire dans la Révolution".

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

1789 : les casseurs prennent la Bastille   Actuel

les casseurs prennent la Bastille

Série d'images publiées par Claude Guillon sur son blog La Révolution et nous. Présentation : "Rencontre de grands esprits épars ou inspiration directe, le thème des «casseurs» de 1789 a donné lieu à plusieurs déclinaisons sur les murs de France, et les dits «réseaux sociaux». On observera que, dans tous les cas collectés ici, la date référentielle retenue est bien 1789, et non 1793."

Voir sur La Révolution et nous ; voir la rubrique Usages militants de la Révolution

Rue Robespierre à Paris, fin et suite   Actuel

Dans le prolongement de la proposition du groupe UDI-Modem de créer un parcours « Révolution française » dans l’espace public parisien, Danielle Simonnet, conseillère de Paris (FG), a soumis au Conseil de Paris le vœu "qu'une rue, une place ou un lieu de mémoire à Paris" soit consacré à Robespierre. Cette demande appuyée par une lettre ouverte d'historiens à Anne Hidalgo, Maire de Paris, a été finalement rejetée alors que les présidents des différents groupes semblaient s'accorder sur le principe d'une mission qui en étudierait l'opportunité.

Lire le commentaire de Danielle Simonnet, voir la vidéo de son intervention

Lumières et Républiques. Entre crises et renouvellement   Annonces

Colloque international, organisé par Christophe Miqueu et Jean Mondot les 9, 10 et 11 juin 2016 à l'Université Bordeaux Montaigne, MSHA (salle Jean Borde) et Maison de la Recherche, tramway B Montaigne-Montesquieu. Présentation :

Les recherches sur le républicanisme connaissent en France, depuis quelques années déjà, dans le sillage du renouveau anglo-saxon, un regain d’intensité porté notamment par une perspective souvent pluridisciplinaire. S’inscrivant dans cette dynamique, ce colloque international se propose d’interroger l’évolution complexe du modèle républicain dans la période où il est souvent présenté comme le plus porteur d’avenir, et où il est exposé en même temps à de nombreuses remises en question : le siècle des Lumières. Les Lumières, trop souvent considérées dans une perspective très franco-centrée, comme une période où le modèle républicain bénéficierait d’une sorte d’unicité conceptuelle, se révèlent bien plutôt comme un moment de profondes mutations, voire de crise de l’idée et des pratiques républicaines. Les Républiques urbaines traversent des crises internes alors que s’engage un débat sur leurs forces et faiblesses comparées aux monarchies éclairées et stables. Les philosophes conçoivent des modèles nouveaux, à l’échelle d’un Etat, s’opposant à la monarchie absolue. La logique traditionnelle du devoir commence à voir sa primauté discutée par la logique nouvelle du droit. Les voies de l’émancipation privilégient un paradigme de plus en plus pacifique et laissent émerger l’idée républicaine éducatrice et démocratique du citoyen éclairé. C’est donc le modèle républicain toujours en train de se réformer au plan conceptuel comme au plan empirique que nous proposons d’examiner ici, pour voir en quoi il ouvre sur la modernité. L’espace européen dans son ensemble sera examiné, de même que les Lumières dans leur durée et leur force d’influence.

Lire le programme

Dictionnaire Robespierre   Annonces

Dictionnaire Robespierre

Publication en français du premier volume sur huit prévus du Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l’Incorruptible, de Cesare Vetter, Marco Marin et Elisabetta Gon de l'Université de Trieste. Une partie est accessible sur le site des Éditions de l'Université de Trieste. Nous en proposons ici la présentation et ci-dessous l'introduction de Cesare Vetter : "Le Dictionnaire Robespierre, étape intermédiaire entre la création d'un corpus numérisé de la Révolution française et la mise en œuvre d'une banque de données" :

Je présente ici la matérialisation d'un rêve que je caresse depuis très longtemps. Dès que nous avons commencé notre travail de numérisation – auprès du Département de Sciences Humaines de l'Université de Trieste – sur certaines sources importantes de la Révolution française, dans la perspective de pouvoir réaliser des analyses lexicologiques et lexicométriques, j'ai été séduit par l'idée de proposer à la communauté scientifique un instrument de travail permettant de vérifier avec précision l'emploi de certains mots clés dans le lexique de Robespierre. Il s'agit d'une étape intermédiaire vers la création d'une banque de données globale concernant le matériel numérisé sur la Révolution Française à notre disposition, ouverte à tout le monde et interrogeable par des logiciels d'analyse linguistique appropriés. La banque de données demeure encore un objectif lointain pour des raisons de financement et de droits d'auteur, que j'espère résoudre dans l'avenir.

Lire la suite en .pdf

Nuit debout ou le retour de la Terreur   Actuel

Alain Finkielkraut en abbé Maury dans une vidéo de Nada-info.fr conçue par des anciens des Nouveaux chiens de Garde associés à la Compagnie Jolie Môme. Présentation : "admirative du clergé médiatique mobilisé contre la violence des casseurs, Nada-info a retrouvé un document exceptionnel dans ses archives : il illustre l’abnégation des ministres du culte qui, de tous temps, se sont dressés contre les barbares."

Voir la vidéo

Robespierre et la question du droit de guerre et de paix   Réplique

Par Anne-Marie Coustou-Miralles

Dans sa récente biographie de Robespierre, l’historien Jean-Clément Martin reprend à son compte la critique émise par Manon Roland, qui haïssait Robespierre et cherchait à le faire passer pour un personnage médiocre, critique selon laquelle la stratégie de l’Incorruptible aurait consisté à « reprendre des idées émises par d’autres et à les mettre en forme » (1). Comme exemple « frappant » illustrant cette prétendue stratégie, il cite le débat sur le droit de guerre et de paix qui s’ouvrit à l’Assemblée constituante le 15 mai 1790. C’est donc sur cet exemple précis choisi par l’auteur lui-même que nous analyserons la validité de cette critique faite à l’Incorruptible.

Lire la suite

Philosophie de Bernardin de Saint-Pierre   Annonces

 Gabriel Thibault, Bernardin de Saint-Pierre, Hermann

Gabriel R. Thibault, Bernardin de Saint-Pierre. Genèse et philosophie de l'œuvre, Paris, Hermann, 2016, 458 p.

Nous proposons aux lecteurs trois extraits de l'ouvrage de Gabriel- R. Thibault sorti le 27avril. Le premier, tiré de l'avant-propos, souligne le caractère existentiel de la morale de Bernardin. Le second, emprunté au chapitre sur "L'humaniste et la physiocratie", expose quelques unes de ses idées sur la nécessité d'une politique agricole fondée sur des valeurs sociales. Quant au dernier extrait, il témoigne de l'engagement anti-esclavagiste de l'écrivain face aux colons de l'Île de France.

Présentation :

"Bernardin de Saint-Pierre, poète philosophe né au Havre en 1737 et mort à Éragny en 1814, a été élève des Jésuites et de l’Académie de Rouen puis étudiant à l’École des Ponts et Chaussées. Il eut ensuite une expérience d’ingénieur géographe aux armées. Les Études et les Harmonies de la Nature, ses textes fondamentaux, sont un vaste diptyque où l’auteur a déployé sa vision idéo-réaliste de l’univers : le monde pour un chrétien-pythagoricien. L’écrivain dont la dernière mission militaire a été à l’Île de France (actuelle Île Maurice) est resté une figure emblématique de la culture mauricienne."

Bande dessinée : Petite histoire de la Révolution française   Actuel

Petite histoire de la Révolution française, de Grégory Jarry et Otto T

Petite histoire de la Révolution française de Grégory Jarry et Otto T. aux éditions FLBLB, découpée en 7 chapitres. Présentation :

"La Révolution française de 1789 racontée à ceux qui vont faire la prochaine ! Cette fois c'est la bonne : des quatre coins du pays, le peuple se soulève, les centres de pouvoir s’affolent, la France est à feu et à sang ! Le Président réfugié à Berlin annonce qu'il quitte le pouvoir. Les députés désespérés font alors appel à Louis XX, héritier du trône de France, pour restaurer la Monarchie capétienne…."

"Dans un futur très très proche, une nouvelle révolution survient en France. Mais le pays est ravagé par l'inflation, en PACA des soulèvements réclament la restauration de l'Empire français, les USA menacent d'un putsch si la France ne revient pas au capitalisme. Le peuple chasse alors les anciens dirigeants, l'État est définitivement aboli et la Première République autonome est créée."

A lire et télécharger sur Médiapart

La Révolution française invente-t-elle l'Etat-nation ?   Notions

La naissance du concept d'État-nation est souvent associée à la Révolution française dans l'historiographie révolutionnaire "classique". Cette association n'est pourtant pas une évidence. Comme l'avait déjà remarqué Jean-Yves Guiomar en 1974 dans son ouvrage L'idéologie nationale. Nation, représentation, propriété (nouvelle édition en 2009 aux Perséides) ou François Brunel dans son Thermidor publié à Bruxelles en 1988, la Révolution française est caractérisée par l'association nation-patrie plutôt que par celle de l'État et de la nation.
Dans le cadre des Rencontre d'histoire de Genevilliers organisées par l'Université populaire du 92 dont le thème était en novembre 2015 "Nation(s), Mondialisation(s) : toute une histoire", Marc Belissa (Université Paris Ouest Nanterre - CHISCO) aborde la question de ce lien présumé entre État et nation dans la période révolutionnaire. Quel "État" la Révolution française crée-t-elle ? Peut-on parler d'un programme visant à construire un État-nation chez les révolutionnaires ? Pensent-ils seulement la souveraineté dans le cadre étroit de la nation ou bien défendent-ils une conception universaliste de la patrie et des droits réciproques entre les nations ?

Voir la vidéo

Zéromacho corrige la Déclaration des droits de 1789   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

L’Association Zéromacho a réécrit le texte de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, parce qu’elle aurait été conçue « par des députés qui étaient tous des hommes et au seul bénéfice des hommes : elle ne s’appliquait ni aux femme ni aux esclaves ». Le titre devient « Déclaration des droits humains des citoyennes et des citoyens » et tout le texte est adapté en ce sens. Sous le titre « Éléments historiques » on apprend que le vote de cette Déclaration aurait eu lieu « le 27 août 1789 », « en présence du roi » (1).
Ces approximations laissent rêveur…
La Déclaration des droits a été votée non le 27, mais le 26 août et sans la présence du roi, qui n’assistait pas aux travaux de l’Assemblée constituante. Pourquoi ? Parce qu’il n’en avait pas le droit : la Déclaration établissait la séparation des pouvoirs et la suprématie du législatif sur l’exécutif. Or, le roi n’était pas un élu du peuple et avait perdu tous ses pouvoirs, depuis le début de la Révolution qui transforma les Etats généraux en Assemblée nationale constituante.

Lire la suite

La terreur des droits de l'homme   Annonces

Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme, Kimé

Introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme. Le républicanisme de Thomas Paine et moment thermidorien, Paris, Kimé, 2016, 297 p.

« C'est en s'entraînant à modifier le regard
qu'on obtiendra de nouvelles vues des choses. »
Jean Dubuffet, Bâtons rompus, 1986

Thomas Paine est le personnage principal de cette histoire qui se déroule pendant la Convention thermidorienne, au cours du débat constitutionnel de l'été 1795, à un moment stratégique de la Révolution française. Pourtant, ni le principal protagoniste, ni la Constitution de 1795 ne semblent de prime abord nous placer au cœur de l'épopée révolutionnaire telle que nous avons l'habitude de l'entendre racontée. Rares sont en effet les historiens qui ont étudié le rôle de Thomas Paine dans la Révolution française. Ils sont encore moins nombreux à s'y être intéressé dans le moment thermidorien, cette période d'entre-deux qui suit l'exécution des robespierristes après le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et engendre le Directoire. Outre le fait que cette étude se focalise sur un acteur certes célèbre mais apparemment périphérique et une période qui le semble également, elle perturbe encore le récit classique en associant ce qui est ordinairement dissocié : la Terreur et les Droits de l'homme. Pour comprendre ces paradoxes penchons-nous d'abord sur Paine qui en est un à lui seul.

Lire la suite

La « déchéance de nationalité » et la Révolution   Actuel

Par Marc Belissa, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Dans ce qui tient lieu de débat aujourd’hui sur la « déchéance de nationalité », il n’est peut-être pas inutile de rappeler comment la Révolution française et ses constitutions ont posé les questions de l’acquisition, de la déchéance et de la suspension de la citoyenneté pour les « étrangers » et pour les « Français ».
Notons tout d’abord qu’aucun de ces textes ne parle de « nationalité » et, pour cause, ce concept — mais non le terme lui-même qui ne devient d’un usage courant que dans les années 1830 et encore comme un terme renvoyant à un « esprit national » et non comme un terme juridique — n’entre en droit français qu’avec le Code civil de 1804 lorsqu’on dissocie l’exercice des droits civils et la « qualité de citoyen » qui n’est pas de droit naturel, mais qui dépend alors des stipulations de la loi constitutionnelle. C’est le Code civil qui crée en droit la « qualité de Français » indépendante de la citoyenneté. L’usage juridique de la « nationalité » ne date que de 1889 sous la Troisième République.

Lire la suite sur le site de la SER

Révolution française : souveraineté populaire et commis de confiance   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

L’institution du commis de confiance correspond au mode d’élection des représentants, depuis le Moyen-âge. Cette institution vient des Romains, mais ils en faisaient un usage différent. Le Moyen-âge a donc repris et repensé la pratique du commis de confiance pour en faire une institution électorale.
Le Moyen-âge inventait-là une forme très intéressante, parce qu’elle renvoie à l’idée de souveraineté. Dans le cadre des assemblées générales des habitants des communautés villageoises, des communes, des corps de métier, etc…, le commis est chargé d’une mission et doit rendre des comptes à ses commettants, sinon il est destitué et remplacé : cela signifie que les mandataires sont reconnus comme souverains dans ce mode de chargé de mission.
D’où l’intérêt de rappeler l’existence de cette institution, puisque nos systèmes électoraux ne la connaissent plus ! Aujourd’hui, ce sont les élus qui s’imposent comme souverains aux électeurs. Le résultat des élections actuelles est encore une manifestation de cette nouvelle hiérarchie.
Il faut bien voir que, dans le système actuel, le fonctionnement des partis politiques a pris la place de l’assemblée générale médiévale et l’a ainsi confisquée aux citoyens : ce point est fondamental à comprendre. De peuple souverain, il n’y a plus que le nom dans le texte de la Constitution, et un peuple vidé de ses pouvoirs. Voilà ce qu’il me semblait important à clarifier.

Lire la suite sur le Canard Républicain

Bénigne Gagneraux, Le génie de la Paix arrêtant les chevaux de Mars (1794)   Actuel

Bénigne Gagneraux, Le génie de la Paix arrêtant les chevaux de Mars, 1794

Musée d'art et d'histoire de Genève

An apology for French republicanism   Actuel

Par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge

When the attacks of 13 November in Paris are used by the French government to criminalize activists and protesters, when fear is pushing its population deeper into the arms of the Front National, and when the radical Left has almost disappeared from the political landscape, can one retain any hope that the country will find the necessary resources to be true to its ideals? The answer I receive from most of the Anglo-Saxon world is ‘no’. Indeed, I hear, the ideals are themselves part of the problem: France’s self-representation as the beacon of the Rights of Man has hidden for too long the true nature of its society. ... The terrorist attacks suffered by France this year were thus largely perceived as a predictable consequence of religious tensions generated by French republicanism.
I cannot accept this analysis and will go so far as to make the reverse claim: not only do I refuse to give up on France’s revolutionary heritage, I even count on French postcolonial citizens to preserve it from the steady ideological degradation of the overall population. I may be deluded by my attachment to the Revolution, but my hopes are not entirely without reason.

Lire la suite sur Radical Philosophy

Retrouver la Révolution   Actuel

Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L

Sur Médiapart, entretien autour du dernier roman de Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L, 256 p. Extraits :

"L’Histoire ne s’impose pas avec des formes établies, naturelles : ce sont les hommes qui font l’Histoire, même si nous ressentons tous aujourd’hui l’impression que rien ne va plus, que nous sommes à bout et au bout d’un système, d’une civilisation. D’où la nécessité d’un changement du cadre de pensée. Voilà pourquoi je me suis intéressée à ce grand changement de cadre de pensée que fut la Révolution française. On est alors passé de l’acceptation des sujets soumis aux privilèges à un refus d’une telle inégalité, jugée anormale. Nous y revoilà, face à la domination exercée par le capitalisme néolibéral, qui se promeut en horizon indépassable. Alors comment ? Tout le monde cherche, c’est précisément ce que décrit mon livre…"
"L’idée de ce roman est née de la réédition de La Révolution française d’Albert Mathiez, en 2012. Je l’ai alors relu, retrouvant l’enthousiasme ressenti lorsque j’étais étudiante. Je me suis mise à lire Robespierre et Saint-Just, découvrant chez eux, par-delà les formules impressionnantes, l’incroyable force des mots. Et j’ai eu envie que ces mots, oubliés ou dont nous n’avons jamais eu connaissance, vivent à nouveau, pour tout le monde. L’écrivain œuvre à redonner de la densité au langage et rien n’était plus exaltant que d’organiser la circulation d’une telle parole parmi des personnages, ici et maintenant. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que tout le monde ne soit pas d’accord : il y a un colleur d’affiches d’extrême droite, une mère raciste attendant son enfant à la porte de l’école, ou encore un membre de l’Académie française, qui ne voient pas du tout les choses comme Mathias…
Oui, j’ai ressenti une grande jubilation à offrir en partage cette langue révolutionnaire, qui pourrait être parmi nous, qui devrait être parmi nous."

Lire la suite sur Médiapart

L'avenir de l'Institut d'histoire de la Révolution française en débat   Actuel

Le devenir de l'Institut d'Histoire de la Révolution française a suscité plusieurs prises de position publiques, dont celle Pierre Serna, actuel directeur de l'IHRF, Jean-Clément Martin, ancien directeur, de membres de la direction de la Société des Études Robespierristes et de l'historien et blogueur Claude Guillon. Le journal "L'Humanité" a également publié un entretien avec Michelle Vovelle, ancien directeur de l'IHRF.

Lire les contributions de Pierre Serna, des membres de la SER et de Claude Guillon, la contribution de Jean-Clément Martin, l'entretien avec Michel Vovelle.

Terreur, vertu, amitié, authenticité   Recensions

Marisa Linton Choosing Terror

A propos de l'ouvrage de Marisa Linton, Choosing Terror. Virtue, Friendschip and Authenticity in the French Revolution, Oxford University Press, 2015, 323 pages.

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

« Existe-t-il, relativement à l’authenticité de l’expression des sentiments, un jugement de « spécialiste » ? (...) ‘L’authenticité d’une expression ne peut être démontrée, elle doit être ressentie’ -Soit -, mais que fait-on de l’authenticité, une fois celle-ci reconnue ? » (Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, Paris, Gallimard, 2004, p. 318)



Auteure d’un précédent ouvrage, paru, en 2001, sur The Politics of Virtue in Enlightenment France, Marisa Linton nous propose présentement un étude particulièrement originale sur les pratiques discursives des dirigeants du Club des Jacobins à Paris entre 1789 et 1794. De manière plus précise, son objet de recherche porte sur l’authenticité du langage politique propre au jacobinisme, ce que j’appelle le savoir politique jacobin, dans ses liens avec les circonstances historiques. A ce titre, Marisa Linton se considère comme une historienne du discours, tout en insistant fortement sur son orientation contextualiste. En effet, elle précise d’emblée les enjeux de son investigation dans les termes suivants : « In this book, I have investigated the relation between revolutionary ideas and the actuel practice of politics. I have tried to retain a sense of how people chose to use the language » (p. 15, c’est nous qui soulignons). Comment faut-il entendre une telle référence aux choix individuels, peu fréquente dans l’historiographie de la Révolution française ? En quoi permet-elle d’élaborer une méthode nouvelle d’approche du discours jacobin ?

Lire la suite

Le prince, le tyran, le despote   Annonces

Le colloque "Le prince, le tyran, le despote : figures du souverain en Europe de la Renaissance aux Lumières 1500-1800" organisé par Myriam-Isabelle Ducrocq (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA), Laïla Ghermani (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA), Anne-Marie Miller Blaise (Université La Sorbonne Nouvelle Paris 3 – PRISMES) et Alexandra Sippel (Université Toulouse Jean Jaurès – CAS) se tiendra le 22 et le 23 Janvier 2016 à l'Université de Paris Ouest Nanterre La Défense : le vendredi 22 janvier salle René Rémond (B015), Espace Recherche, bâtiment B ; le samedi 23 janvier Salle des conférences, Espace Recherche, bâtiment B. Présentation et programme :

« J’ai dit que la nature du gouvernement républicain est que le peuple en corps, ou de certaines familles, y aient la souveraine puissance : celle du gouvernement monarchique, que le prince y ait la souveraine puissance, mais qu’il l’exerce selon les lois établies : celle du gouvernement despotique, qu’un seul y gouverne selon ses volontés et ses caprices. » (Montesquieu, De l’Esprit des Lois, 1758, livre III, chap. II)

Au XVIe siècle, les rois de France et d’Angleterre affirment leur autorité face aux prétentions impériales du Pape et de Charles Quint. Puis, c’est au tour des sept provinces du nord de réclamer leur indépendance à Philippe II : la République des Provinces Unies est proclamée en 1581. Dans ce contexte d’unification des Etats territoriaux, les théoriciens légitiment le pouvoir absolu du prince, et formulent la notion de souveraineté. Au lendemain de la Saint Barthélémy, Jean Bodin la définit comme « la puissance absolue et perpétuelle de la République » : ses thèses sont traduites en latin et lues sur tout le continent. La souveraineté désigne donc le moyen par lequel la République peut se défendre des menaces externes, mais aussi des conflits internes : révoltes de la paysannerie, de l’aristocratie, guerres de succession et de religion.

Lire la suite

Les néoconservateurs à la française   Recensions

Christine Fauré, Les néoconservateurs à la française

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

A propos du livre de Christine Fauré, Les néoconservateurs à la française, Editions Mimésis, 2015, 145 p.

L’auteur nous propose une analyse originale et pertinente du phénomène néoconservateur qui, depuis les années 1970, sévit dans les sciences sociales et politiques en France, en déclarant la guerre à Mai 68 et à l’idée de révolution sociale. Elle en présente les sources, les dangers, les résultats.
Tocqueville apparaît au centre des références des néoconservateurs, qui l’utilisent « pour tenir une parole intelligente » contre la Révolution française, comme événement fondateur de notre histoire politique (p. 7). Ce dispositif est répété par Raymond Aron pour condamner Mai 68 et sera repris, de François Furet à Pierre Nora et Luc Ferry. Christine Fauré met en lumière la double fonction de cet usage de Tocqueville : « désigner une place sur l’échiquier politique et dire le présent » (p. 7).
Aron, interprétant Tocqueville, ne manque pas de désinvolture en le mettant en parallèle avec Marx, mais un Marx réduit… au marxisme stalinien, ou encore un fondateur de la sociologie et, surtout, un prophète « de la société inquiète et pacifique dans laquelle les Occidentaux vivent » depuis 1945 (Aron cité p. 15), soit une modernité démocratique enfin trouvée.

Lire la suite

Clore le gouffre de la Terreur   Etudes

Par Françoise Brunel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Clore le gouffre de la Terreur » (1), est la version française originale de la communication présentée à la Conférence internationale sur la Terreur dans la Révolution française organisée, à Stanford University les 10-13 décembre 1992, par Keith Michael Baker, Steven Lawrence Kaplan et Colin Lucas. Le texte a été publié en anglais sous le titre « Bridging the Gulf of the Terror » dans The French Revolution and the Creation of Moderne Political Culture, volume 4, The Terror, sous la direction de Keith Michael Baker, Oxford, Pergamon Press Elsevier Science, 1994. Comme certaines réflexions et pistes de recherche ont trouvé un écho dans de récents travaux, nous n’avons pas jugé inutile de le publier en français, la publication en langue anglaise étant demeurée confidentielle dans les bibliothèques françaises. S’agissant d’une version originale, nous n’avons modifié ni le texte ni les notes, hormis de rares précisions historiographiques indispensables aujourd’hui et indiquées en caractères gras.(FB)

Que l’an III pouvait être « une mine d’or pour l’étude de l’an II », Richard Cobb l’a écrit et démontré par ses travaux (2). En d’autres termes, parler de mettre fin à la Terreur, c’est encore parler de la Terreur. Quel est le statut juridique de la Terreur ? Quel est surtout son lien avec le Gouvernement révolutionnaire ? Quel est, enfin, le régime qui, de thermidor an II à brumaire an IV, durant quinze mois, gouverne la France ? Et, dès lors, quelle peut être l’interprétation du 9 thermidor et celle du « moment thermidorien » dans la « synthèse républicaine » (3). Interrogeons ces mois intenses qui, de la chute de Robespierre à la mise en œuvre d’une nouvelle constitution, voient la fin, non de la Montagne, mais de la Terreur, non le démantèlement, mais l’investissement du Gouvernement révolutionnaire pour une création politique originale, un Gouvernement révolutionnaire sans Terreur – mais non sans une certaine contrainte – sous la conduite d’une coalition de Montagnards, de députés de la Plaine et bientôt de Girondins, réintégrés de frimaire à ventôse an III.

Lire la suite

Le voyage européen des républiques anglaises, XVIIe– début XIXe siècles   Annonces

La première séance du séminaire «Le voyage européen des républiques anglaises, XVIIe– début XIXe siècles : traductions, transferts, appropriations» se tiendra jeudi 26 novembre 2015,15h, Université Paul-Valéry - Montpellier 3, site Saint-Charles, salle des colloques 2. Présentation :

Les idées républicaines formulées pendant la première révolution anglaise (1640-1660) ont survécu dans la longue durée de la pensée politique européenne. Certains auteurs ont été traduits en leur temps, ont fait l’objet de diffusion clandestine, ou ont été contraints à l’exil sur le Continent. Les auteurs comme leurs idées ont marqué le radicalisme anglais et les révolutions américaine et françaises du XVIIIe siècle. Les bibliothèques institutionnelles et privées ont conservé les ouvrages originaux ou leurs copies manuscrites, les traductions réalisées dans l’urgence ont fait connaître les pensées et les stratégies théoriques et rhétoriques des républicains anglais dans les milieux militants. Lors des conquêtes du jeune Bonaparte, une traduction italienne d’une traduction française de James Harrington a proposé à la jeune république de Rome un bréviaire de la théorie républicaine. Le but de ce cycle de séminaires de l’IRCL, coordonné par Myriam-Isabelle Ducrocq et Luc Borot, tentera de construire un tableau et de tracer une carte de la circulation des personnes, des livres et des emprunts républicains en Europe entre la fin de la république anglaise et l’avènement de Napoléon.

15h: Introduction, par Luc Borot : L’innovation républicaine dans l’Angleterre révolutionnaire: Harrington et l’invention d’une science politique.

15h30 : Myriam-Isabelle Ducrocq, conférence inaugurale : La réception de James Harrington (1611-1677), républicain anglais, dans la France des Lumières et de la Révolution : les outils théoriques de la recherche.

Le pouvoir exécutif et la loi : réceptions, réinterprétations, réécritures (1789-1804)   Annonces

Présentation de la journée d'études doctorales organisée par Alexandre Guermazi (IRHiS, Université de Lille 3) et Jeanne-Laure Le Quang (IHRF/IHMC, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne), qui se tiendra à l'Université de Lille III le 4 décembre 2015.

Cette journée d’études doctorales s’inscrit dans la continuité d’une première journée, tenue en Sorbonne le 5 décembre 2014, qui avait pour but d’explorer un champ encore trop peu étudié par les historiens : l’exécution de la loi. Cette première session, en s’interrogeant sur les acteurs de l’application de la loi – d’une part les acteurs institutionnels (mandataires, fonctionnaires) et d’autre part les acteurs plus « informels » (citoyens, journalistes) de l’exécution de la loi –, a mis en lumière que la lettre de la loi, toujours invoquée comme légitimité de l’action, fait cependant l’objet d’arrangements, voire de détournements, et parfois d’affrontements.
C’est précisément sur cet inévitable écart entre la lettre de la loi et son exécution que cette deuxième journée d’études doctorales voudrait se concentrer. Il s’agira plus particulièrement de s’intéresser aux mots employés par le pouvoir exécutif pour faire appliquer la loi, afin de mettre en évidence les éventuelles discordances par rapport à ceux utilisés par le pouvoir législatif dans le texte même de la loi.

Lire la suite de la présentation et le programme

Republican Freedom and Basic Income. A Contemporary Interpretation of Jefferson and Robespierre   Etudes

Par Bru Laín, Université de Barcelone

This paper was discussed at the Mancept Workshop in Political Theory, 4th–6th September 2013, University of Manchester. This version just includes some linguistic and reference nuances.

Abstract: This paper explains the role that material independence plays in articulating the republican notion of freedom. As it suggests, a contemporary conception of this freedom would require two major policies. On the one hand, the introduction of some floors to assure individuals the minimum material means in order for them to achieve a protected social status. On the other, to impose a sort of ceilings restricting the excessive wealth accumulation by few private hands that potentiate multiple relations of domination and civil dependence jeopardizing the sphere of the free civil society. The paper defends that for the republican notion of freedom as non-domination both the guarantee of material independence and the limitation of accumulation, are necessary conditions –although not sufficient– to articulate an effective and free civil society. In doing so, the work of Thomas Jefferson and Maximilien Robespierre may be a powerful toolkit to re-think both institutional requirements. The paper concludes arguing that a proposal such as the Basic Income would properly endorse this republican notion of freedom as non-domination for our contemporary societies.

Keywords: Freedom, Republicanism, Material Independence, Jefferson, Robespierre, Basic Income.

Lire la suite

Biographies révolutionnaires   Annonces

Annales du Midi biographies révolutionnaires

Le numéro 290 des Annales du Midi d'avril-juin 2015 est consacré aux biographies révolutionnaires (voir le sommaire). Introduction de Christine Peyrard qui a coordonné ce dossier :

Issues d’une journée d’études universitaire aixoise (1), ces contributions font suite au colloque international sur Peuples en Révolution (2), non point pour opposer les mouvements populaires aux parcours de vie, mais pour porter l’accent sur les engagements individuels permettant de mieux comprendre la Révolution française. Déjà, dans ce colloque, quelques protagonistes, célèbre comme Thomas Paine, ou anonyme comme Gertrude Verne, permettaient d’illustrer des prises de position révolutionnaire (3) et, chemin faisant, de retrouver la problématique des « intermédiaires culturels » qui avait, en son temps, marqué la recherche universitaire (4) et reste, aujourd’hui, encore une source de réflexions.

En effet, à partir de l’étude de cas de Joseph Sec, ce menuisier aixois qui était, à 75 ans, en 1792 un jacobin prononcé et qui exprimait ses convictions par la construction d’un curieux monument cénotaphe, Michel Vovelle s’est interrogé tant sur l’ascension sociale d’un fils de ménager de Cadenet devenu maître menuisier dans la ville parlementaire, que sur son engagement révolutionnaire et son univers mental à partir de son testament de pierre (5). Cette première biographie d’un inconnu de l’histoire (qui a permis la réhabilitation d’un monument aixois, désormais, « historique »), poursuivie par la mise en lumière magistrale de Théodore Desorgues (6), ce poète de la Révolution française complètement oublié, ouvrait la voie à une redécouverte de celles et ceux qui avaient fait la Révolution, comme à une réflexion sur l’émergence de groupes sociaux intermédiaires. Ce colloque aixois de 1978 offrait la possibilité d’approfondir la dialectique entre cultures populaire et savante et de sortir d’un dualisme sommaire. Car c’est bien tout un monde de l’entre-deux qui est à l’œuvre dans la construction d’une société nouvelle à partir de 1789, que ce soit dans la participation aux mouvements révolutionnaires, la démocratie électorale de l’an II, l’engagement clubiste jusqu’à la suppression des sociétés populaires après le 9 Thermidor ou le témoignage artistique. La Révolution, en rejetant les codes anciens de l’absolutisme monarchique et de la société d’ordres, est sans doute la période historique qui se prête le mieux à l’étude de ces « porte-parole » qui se multiplient, grâce à la liberté révolutionnaire et à la multiplicité des lieux de parole publique.

Lire la suite

Ya de la Révolution dans l'air…   Actuel

Le journal Libération a publié dans son édition du vendredi 23 octobre 2015 un dossier intitulé "Ya de la Révolution dans l’air" consacré aux échos contemporains de la Révolution française dans la société. Sous cette bannière symbolisée dans les pages du journal par un bonnet phrygien et une cocarde tricolore en première page, plusieurs textes sont regroupés autour de l’actualité de la Révolution française dans les mouvements artistiques et sociaux contemporains.
L’éditorial signé Grégoire Biseau voit le système politique actuel, celui où "le roi-président est toujours sur son trône" — comme au bord de l’épuisement et comme une preuve que la "Révolution de 1789 n’a pas fini sa grande œuvre". Le deuxième texte du dossier est une interview de plusieurs metteurs en scène qui ont consacré de récents spectacles ou des scripts en cours de réalisation à la Révolution (Joël Pommerat metteur en scène d’un spectacle intitulé Ça Ira. Fin de Louis, Nicolas Klotz, scénariste, Pierre Schoeller, Marcel Bozonnet) Les quatre artistes insistent sur la question du peuple et de son "invisibilité", réelle ou supposée dans le débat politique. Les questions qu’ils se posent sont au cœur des représentations actuelles de la Révolution française et du "retour de la Révolution" depuis 2011. Dans un autre article, le philosophe Michael Fossel rappelle le lien historique entre la notion de Révolution et la gauche en France. Enfin, dans une interview Sophie Wahnich rappelle que ce retour est antérieur aux révolutions arabes et revient sur les raisons de ce retour dans le débat public.

La Révolution française dans les récits d’élèves : la (dé)politisation d’un événement historique   Enseignement

par Laurence De Cock, professeure en lycée - Université Paris-Diderot

La Révolution française est le moment patrimonial idéal-typique de l’histoire scolaire. Conçue comme la matrice d’une éducation politique, l’étude de la Révolution française constitue, à chaque palier de la scolarité française, un moment phare de l’année scolaire. Événement dramatique par essence, constitutif du modèle républicain actuel, événement jouissant d’une permanente visibilité dans l’espace public, cette révolution, entièrement tendue vers sa finalité civique s’enseigne du primaire au lycée comme un passage obligé de l’intelligence du passé national.

Dans l’enquête récente portant sur près de 6000 récits d’histoire de France par des élèves, la Révolution française occupe une place majeure dans le déroulé général des évènements. Elle scande le récit national et détermine le modèle démocratique et républicain de la France contemporaine. Rares sont donc les évènements à assumer aussi pleinement leur potentiel téléologique.

Lire la suite sur A l'école de Clio

La révolution des communs   Actuel

Reportage de Rue89 autour du retour des "communs", avec l'exemple des prud'homies de pêcheurs. Extraits :

Dans la prud’homie de Sanary-sur-Mer, les pêcheurs s’autorégulent et luttent contre le productivisme. Une autre vision du travail, de la propriété et des relations sociales. Et le fondement d’une révolution ? (...) Lorsque je me suis intéressé « aux communs », ce principe revigoré par le numérique et dont certains pensent qu’il peut servir de nouveau logiciel à la gauche, on m’a conseillé d’aller voir ces micro-sociétés d’artisans-pêcheurs.
Ces derniers élisent des prud’hommes ( « hommes sages, avisés, d’expérience ») chargés d’organiser la pêche sur leur territoire : les longueurs de filets, le nombre d’hameçons autorisés, la répartition des zones les plus poissonneuses, les espèces que l’on peut cibler...
Les « gangsters » qui ne se soumettent pas à la discipline sont jugés par leurs pairs.

Lire sur Rue89

Les Français et les Etats-Unis, 1789-1815   Annonces

Programme de la journée d’étude, Marchands, exilés, missionnaires et diplomates: les Français et les États-Unis, 1789-1815, organisée par Tangi Villerbu à l'Université de La Rochelle le 13 novembre 2015.

Cette journée d’études doit être l’occasion de revisiter ce que furent les Etats-Unis pour les Français à l’époque de la Révolution et de l’Empire. Les manières de penser et de dire les États-Unis – la construction d’un imaginaire américain – importent, certes, mais il s’agira surtout ici de montrer comment les mots se transforment en actes. Comment les Français, concrètement, ont fait d’une manière ou d’une autre une expérience étatsunienne à une époque ou les deux pays vivent en parallèle la construction de nouveaux systèmes politiques et de modes de réinvention culturelle au sein d’un monde atlantique en plein bouillonnement.

Lire le programme

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2015-2016   Séminaire

Séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier.
Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.

Le séminaire 2015-2016 est organisé autour de la construction et de la déconstruction des acteurs de l’histoire et des notions qui sont mobilisées dans l’événement révolutionnaire. Comment une notion se fabrique-t-elle et un acteur devient-il un personnage ? Quelles sont leurs fonctions et leurs usages, dans l’histoire savante ou scolaire et dans la fiction ?

Lire la suite

Thomas Paine, la gauche et les historiens conservateurs   En ligne

Article de Sean Monahan, "Reading Paine from the left", publié dans le Jacobin Magazine le 6 mars 2015 et signalé sur le site de la Thomas Paine National Historical Association. Voir également sur ce site la réponse de Gary Berton au texte de J. C. D. Clark publié dans le Times Literary Supplement du 16 septembre 2015, dans lequel Clark, héritier de la tradition hostile à Paine, s'efforce une nouvelle fois de le dépeindre en auteur mineur abusivement considéré comme un philosophe par les courants progressistes. Début de l'article de Sean Monahan :

When Thomas Paine passed away at his small farm in New Rochelle, NY, in 1809, he was impoverished and largely reviled.
In the United States, then undergoing a dramatic religious revival, he was slandered as an “infidel” and a “drunk” for his attacks on Christianity and his rumored personal moral depravity. This, on top of his tirades against George Washington, the Federalists, and slavery, had decimated his reputation in the country he helped found.
Across the Atlantic, Paine was condemned as a traitor to the Crown and a dangerous rabble-rouser for his passionate defense of the French Revolution in The Rights of Man, convicted in absentia for seditious libel, and burned in effigy throughout Britain. No single person was seen as a greater threat to the political establishments of his day than Paine, both in the monarchies of Europe and in his own American Republic.
As a cult of personality around the “Founding Fathers” grew over the course of US history, the author of Common Sense was notably excluded. For about two hundred years, Paine’s image in mainstream American circles was utterly tarnished: Teddy Roosevelt’s view of him as a “filthy little atheist” sums up the prevailing sentiment. It’s no surprise that decades earlier Abraham Lincoln kept his admiration of Paine quiet.

Lire la suite sur le Jacobin Magazine

La philosophie politique de Gabriel Bonnot de Mably   Recensions

Peter Friedemann, Die Politische Philosophie des Gabriel Bonnot de Mably

Par François Ternat, GRHis-Université de Rouen

A propos du livre de Peter Friedemann, Die Politische Philosophie des Gabriel Bonnot de Mably (1709-1785). Eine Studie zur Geschichte des republikanischen und des sozialen Freiheitsbegriffs, Berlin, LIT Verlag, Politische Theorie und Kultur, 350 p., 2014.

Voici un livre salutaire qui ouvre l’étude de l’histoire des idées politiques aux apports que constitue la pensée de Mably : l’esprit des Lumières s’enrichit du regard porté par un de ses représentants les plus brillants sur la « chose publique ». Cet ouvrage savant, riche et inspiré, nous invite à redécouvrir une pensée politique féconde et prolixe, susceptible de vivifier nos réflexions et de nourrir nos choix de citoyens sur le devenir de nos sociétés bien actuelles.
Certes, grand connaisseur et sans doute l'un des meilleurs spécialistes de Mably, Peter Friedemann n’en est pas à son premier essai pour sortir de l’ombre un écrivain essentiel du siècle des Lumières pourtant quelque peu oublié, du moins éclipsé par ses plus emblématiques consorts, Montesquieu, Diderot, Raynal, Rousseau…Florence Gauthier, Marc Belissa et au-delà le séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution ont également beaucoup œuvré dans ce sens (1). Peter Friedemann a une longue familiarité – depuis quarante ans, le temps d’une carrière – avec ce philosophe politique, un des pères spirituels de la Révolution française, sinon son « véritable philosophe » selon le mot de Jules Isaac, comme l’avait rappelé Marc Deleplace dans une notice sur un précédent travail consacré à Mably. Après avoir en effet déjà publié, avec Hans Erich Bödecker, l’œuvre politique de Mably (Gabriel Bonnot de Mably : Politische Texte 1751-1783, Baden-Baden, Nomos, 2000 ; traduction française, Gabriel Bonnot de Mably. Textes politiques 1751-1783, Paris, L’Harmattan, 2008, dont on peut lire l'introduction sur Révolution Française.net), outils de travail très appréciés et de forte utilité, Peter Friedemann nous propose à présent, en une éclairante synthèse, le fruit de ses recherches antérieures, qui appelle à son tour et au plus tôt sa traduction en français pour les lecteurs francophones.

Lire la suite

La vie d'un canut ou la démocratie d'atelier   Annonces

 Ludovic Frobert et George Sheridan, Le solitaire du ravin

Introduction de l'ouvrage de Ludovic Frobert et George Sheridan, Le solitaire du ravin. Pierre Charnier, canut lyonnais et prud'homme tisseur , Lyon, ENS Editions, 2014, 380 p.

Premières traces de Pierre Charnier

L’histoire n’a longtemps conservé que bien peu de traces de l’existence du chef d’atelier en soierie et prud’homme tisseur lyonnais Pierre Charnier. On découvre une mention fugitive de l’existence de ce canut dans l’Histoire de dix ans de Louis Blanc. Dans le chapitre de l’ouvrage où sont évoqués les massacres de Vaise lors de la seconde insurrection d’avril 1834, Blanc signale le courage et la détermination de quelques rares témoins ayant déposé sur les exactions commises sur les tisseurs et tisseuses de ce faubourg par les soldats du Roi Louis-Philippe et il souligne l’importance des « certificats dus au zèle d’un simple particulier », monsieur Chanier (1). Un peu plus tôt, au lendemain de la première insurrection des canuts, c’était la jeune capacité montante et ambitieuse de l’Église saint-simonienne, Michel Chevalier, qui dans un article du Globe livrait quelques indices. Chevalier évoquait une conférence à laquelle il avait assisté à Paris avec un autre prédicateur, Charles-Henry Baud, et qui opposait un chef d’atelier en soierie à quatre négociants lyonnais, chaque camp tentant d’expliquer les causes des récents « troubles de Lyon » en novembre 1831. Deux des négociants, expliquait Chevalier, apparaissaient « peu éclairés et devenus à la longue presque insensibles, au moins en apparence aux maux des masses », évolution logique car, comme il le soulignait encore, à Lyon, « entre les maîtres et les ouvriers il y a débat, lutte ouverte ou cachée : c’est le fruit de la concurrence ». Un troisième négociant, « fort chaud libéral » avant les Trois Glorieuses de 1830, sensible aux maux qui affectaient les tisseurs, était impuissant car sans « aucune teinture d’économie politique ». Le quatrième négociant était, lui, un « homme parfaitement égoïste, un cœur dur ». Par contraste, le chef d’atelier, se distinguait par sa connaissance fine des problèmes économiques et industriels. Lucide, il soulignait lors de la conférence que l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres à Lyon était, bien sûr, la misère des tisseurs, mais qu’il ne fallait pas dissimuler le comportement irresponsable des négociants, « la fierté, l’arrogance (…) d’un grand nombre de fabricants ». Il se prononçait enfin en faveur de deux mesures précises, une modification du conseil des prud’hommes et une évolution de la fiscalité, attentes qui témoignaient, selon Chevalier, de sa grande maturité économique, de son statut de véritable industriel. Ce chef d’atelier était Pierre Charnier, représentant des tisseurs lyonnais, envoyé en mission à Paris pour tenter d’expliquer au gouvernement de Casimir Périer et à l’opinion publique les vraies raisons du soulèvement des canuts.

Lire la suite

Le Code noir. Idées reçues sur un texte symbolique   En ligne

Recension par Florence Gauthier du livre de Jean-François Niort, Le Code noir. Idées reçues sur un texte symbolique, Paris, Le Cavalier Bleu, 2015

Après avoir retrouvé, étudié et publié le texte de l’Édit de mars 1685 et d’un grand nombre de ses différentes versions répondant à un travail de recherche sérieux, scientifique, qui commence par établir les textes eux-mêmes et permettre ainsi de passer à des commentaires et des analyses fondées sur des sources enfin précises, Jean-François Niort, juriste, publie aujourd’hui un petit livre critique de certains préjugés, parmi les plus courants, qu’il a sélectionnés et qui éclairent le sous-titre : Idées reçues sur un texte symbolique.
Pourquoi un « texte symbolique » ? Parce que ce texte a subi la longue occultation de l’histoire du colonialisme esclavagiste français des XVIIe et XVIIIe siècles, occultation qui a été construite peu à peu dès le début du XIXe siècle et qui a duré environ un siècle et demi ! Ce qui constitue une très longue surdité intellectuelle et un retard dans les recherches, dont nous sommes encore victimes.
Le réveil relativement récent de l’intérêt pour cette histoire, depuis la Seconde guerre mondiale, lié à un puissant mouvement de décolonisation, s’est accéléré avec les préparatifs du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage de 1848. Cette commémoration s’est faite, précise l’auteur : « dans le sillage de l’ouvrage fameux de Louis Sala-Molins, Le Code noir ou le calvaire de Canaan, grand succès de librairie constamment réédité depuis sa parution en 1987, ainsi que dans le cadre d’un efficace lobbying mené par divers groupes communautaires ou identitaires concernés (CIPN, Comité Marche 98, MIR et d’autres encore), le tout ayant fait du Code noir, plus encore qu’un symbole de l’oppression colonialiste et esclavagiste française, un véritable objet politique. »

Lire la suite sur Perspektives.

Le pouvoir exécutif et la loi : réceptions, réinterprétations, réécritures (1789-1804)   Annonces

Appel à contribution pour la journée d’études doctorales Le pouvoir exécutif et la loi : réceptions, réinterprétations, réécritures (1789-1804), organisée par Alexandre Guermazi (IRHiS, Université Lille III) et Jeanne-Laure Le Quang (IHMC-IHRF, Université Paris I).

Cette journée d’études doctorale s’inscrit dans la continuité d’une première journée qui s’est tenue en Sorbonne le 5 décembre 2014 et qui avait pour but d’explorer un champ encore trop peu étudié par les historiens : l’exécution de la loi. D’une part, l’étude des pratiques des acteurs institutionnels chargés de l’application de la loi a permis de mettre au jour des parcours différenciés et un investissement polymorphe à tous les échelons du pouvoir exécutif où la lettre de la loi, toujours invoquée comme légitimité de l’action, fait cependant l’objet d’arrangements, voire de détournements. D’autre part, cette première session a permis de mettre en évidence la diversité les pratiques des acteurs non institutionnels que sont les citoyens dans le processus d’application ou d’affranchissement de la loi.

Lire la suite

La « Terreur », de Robespierre à Daech, en passant par Podemos   Actuel

Par Florence Gauthier, Historienne

Un nouvel accès d’un prurit « terrorisant » frappe depuis quelques temps ! Il a été réactivé récemment par Pedro J. Ramirez, ancien directeur du journal El Mundo, de Madrid, qui a publié un pavé de près de 1000 pages, intitulé en espagnol : El primer naufragio, 2013, traduit en français sous le titre provocateur suivant : Le Coup d’état. Robespierre, Danton et Marat contre la démocratie, Paris Vendémiaire, 2014. Et le 10 juin 2015, dans le journal ''Ouest-France'', le sociologue Michel Wieviorka s’en prend à son tour à Robespierre, pour le comparer… à Daech !
Il faut noter que Pedro J. Ramirez a tenu à induire une comparaison avec Pablo Iglesias, fondateur du parti Podemos, non dans son livre, dans lequel il n’en dit mot, mais dans les interviews qu’il donne au sujet de son livre : il compare alors Iglesias et Robespierre, exprimant ses positions politiques personnelles (1).

Lire la suite

The Physiocrats Against the Right to Existence   En ligne

A lire en ligne, l'article de Florence Gauthier, publié dans la dernière livraison de la revue Economic Thought : "Political Economy in the Eighteenth Century: Popular or Despotic? The Physiocrats Against the Right to Existence". Résumé :

Control over food supply was advanced in the kingdom of France in the Eighteenth century by Physiocrat economists under the seemingly advantageous label of ‘freedom of grain trade’. In 1764 these reforms brought about a rise in grain prices and generated an artificial dearth that ruined the poor, some of whom died from malnutrition. The King halted the reform and re-established the old regime of regulated prices; in order to maintain the delicate balance between prices and wages, the monarchy tried to limit speculation in subsistence goods and achieved some success in regulating the provisioning of public markets. Le Mercier de la Rivière concluded that executing these reforms required more effective political control. After 1774 the new king gave the Physiocratic reforms a second chance, reforming property rights and establishing an aristocracy of the landed rich. Again, this led to price hikes and as a result so-called ‘popular emotions’ erupted. Turgot ordered military intervention to dispel the protesters, marking a first rupture between the monarchy and the people over speculation on subsistence. Turgot’s experiment failed and he was dismissed, but the Physiocracy had discovered that the market in subsistence offered new opportunities for economic power under the misleading legitimacy of ‘economic laws’. Turgot’s followers, Dupont de Nemours and Condorcet, continued to develop this ‘theory’ that was later translated into a ‘scientific language’ that ultimately asserted the autonomy of the economic sphere and its alleged independence from ethics and politics. The paper examines the continuity of events through the six great jacqueries and the French Revolution, including the all- important agrarian reform that ensued after 1792. Robespierre’s concept of ‘popular political economy’ is analysed and compared with the notion of unfettered private property rights that lies at the heart of neoliberalism.

Lire l'article en .pdf, accéder au numéro de Economic Thought

Mathias et la Révolution   Actuel

« Mathias traverse Paris, il a un rendez-vous important, il rencontre beaucoup de gens. Sans arrêt Mathias pense à la Révolution, il en parle à tout le monde. Les autres aussi y pensent, en parlent. Il y a des rumeurs d’émeute. »
Mathias et la Révolution est un roman de Leslie Kaplan en cours d’écriture à paraître aux Éditions P.O.L. Une adaptation est présentée au Théâtre du Nord, à Lille, du 15 au 20 juin 2015.

Voir la présentation du spectacle et l'entretien avec Leslie Kaplan sur France Culture

La Révolution française et l'histoire du monde   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l’histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques 1815-1991, Paris, Armand Colin, 2014, 302 pages.

La recherche sur l’actualité de la Révolution française au regard de la transmission de son héritage connaît un net regain d’intérêt chez les politistes et les historiens. En témoigne l’ouvrage collectif dirigé par Sophie Wahnich,Histoire d’un trésor perdu. Transmettre la Révolution française, paru en 2013 (Paris, Les Prairies ordinaires), qui interroge ce qu’il en est aujourd’hui du potentiel créateur de la Révolution française, s’articulant ainsi aux préoccupations présentes sur la citoyenneté. L’historien Jean-Numa Ducange intervient dans ce collectif pour y présenter la part de la transmission socialiste de la Révolution française. Présentement, il intègre ses recherches personnelles sur les historiographies socialistes de la Révolution française dans une exploration beaucoup plus vaste des travaux et des débats parmi les historiens, mais aussi dans le milieu des hommes politiques, avec une attention particulière à la portée politique du fait révolutionnaire dans leurs pays respectifs. A ce titre, il mobilise, avec une parfaite maîtrise scientifique, l’abondante littérature secondaire en plusieurs langues. Il peut ainsi proposer une vaste synthèse de la réception française, et plus largement internationale, de la Révolution française. Notre compte-rendu insiste sur les enjeux de cette approche globale, en particulier dans l’étape finale, sans entrer dans le détail des analyses.

Lire la suite

Un statut juridique pour les biens communs ?   Annonces

Réflexion à partir du rapport propriété, État, société civile

Séminaire franco-italien organisée par Fabienne Orsi (IRD, SESSTIM, Université Aix-Marseille et CEPN) et Frédéric Sultan (Vecam), qui se tiendra le mardi 19 mai 2015 de 10h-18h30 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, Salle 413 (sud), 20, avenue George Sand, La Plaine Saint-Denis, métro Place du Front Populaire (terminus ligne 12). Extrait de la présentation :

L’objectif de ce premier séminaire est d’explorer la manière dont une reconnaissance d’un statut juridique pour les biens communs permettrait à la fois d’élargir l’espace de réflexion sur des conceptions renouvelées de la propriété et d’offrir un cadre fécond pour penser la recomposition des rapports entre propriété, Etat et société civile.
En Italie, la création d’un statut juridique pour les biens communs a fait l'objet de nombreuses initiatives, tant conceptuelles qu’empiriques. Les travaux de la commission Rodotà tout particulièrement ont permis d'élaborer une doctrine en vue de la reconnaissance d'une catégorie juridique pour les biens communs, doctrine dont l’élaboration s’est construite comme alternative aux processus de privatisation grandissant des biens et services publics et à partir d’une profonde réflexion sur la propriété publique, l’Etat, les droits fondamentaux et la fonction sociale des biens publics.

Lire la suite et voir le programme

Citoyenneté, République, Démocratie : une approche quantitative   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste

Texte présenté lors de la séance du séminaire L'Esprit des lumières et de la Révolution du 22 janvier 2015.

Nous allons étudier les usages discursifs de trois lexies qui forment l'intitulé du séminaire de cette année, c'est-à-dire : « citoyenneté », « république » et « démocratie ».
L'analyse portera sur les auteurs et sur les ouvrages numérisés (ou en cours de numérisation) à l'Université de Trieste. Il s'agit des Œuvres de Robespierre et de Marat, du Père Duchesne de Hébert (imprimé entre le 4 novembre 1790 et le11 mars 1794) (1), de 115 catéchismes révolutionnaires (de la période 1788-1799), des 34 premiers numéros des Actes des Apôtres (publiés entre novembre 1789 et mi-février 1790), et de trois volumes des Révolutions de France et de Brabant de Desmoulins, pour un total de 38 numéros qui correspondent aux publications du mois de décembre 1789 et de quelques mois de 1790 (notamment de janvier à mai et de septembre à novembre) (2). Les occurrences de tous les corpora utilisés sont 6 000 000. Pour effectuer cet étude, j'ai profité de certains outils propres à la « lexicométrie » (dite aussi « statistique lexicale »), qui, selon Muller "est l'étude statistique du langage, effectué presque toujours à travers l'usage de l'ordinateur. Avec les techniques de la lexicométrie on peut procéder à des études comparatives et statistiques du vocabulaire. Elle permet d'établir les contextes d'emploi d'un vocable et les combinaisons les plus fréquentes dans lesquelles il entre, ce qui donne des informations sur le ou les sens de ce vocable" (3).

Lire la suite

La mise en lumière de la monstruosité du colonialisme et de l'esclavage en Amérique dès le XVIe siècle   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Il serait erroné de croire que les crimes commis par des Européens en Amérique, depuis sa « découverte » selon la formule consacrée, n'auraient pas suscité immédiatement un choc, doublé d'une inquiétude profonde, et de tentatives multiples pour dénoncer ces faits et s'y opposer dans l’espoir d’y mettre fin.
Quels étaient ces crimes ? Pour les résumer, le pillage puis la destruction des sociétés indiennes, la mise en esclavage des vaincus, l'extermination qui a conduit à vider un certain nombre de régions de leur population, l'appropriation enfin de territoires appartenant à ces peuples, qui ont été dépouillés de tous leurs droits de vivre.
Cette dépopulation a entraîné de nouveaux crimes lorsque les colons d'Amérique, à la recherche d'une main-d'œuvre, généralisèrent la traite de captifs africains déportés en Amérique pour être mis en esclavage sur les plantations.

Lire la suite sur le Canard républicain et Agoravox

L'Ami du peuple numérisé   Outils

Les 685 numéros de L'Ami du peuple, le journal que publie Marat entre 1789 et 1792, ont été numérisés par le groupe Veramente et sont accessibles en ligne. Ce travail s'appuie sur l’édition de référence publiée par Charlotte Goëtz-­Nothomb et Jacques De Cock : Œuvres politiques complètes 1789-1793 de Jean-Paul Marat, 10 volumes, Bruxelles, Pôle Nord, 1989-1996.

Lire L'Ami du peuple en.pdf

Saint-Just : Sur la Police générale   Actuel

Publication d'une traduction anglaise du rapport de Saint-Just Sur la Police générale, pour le 220e anniversaire de sa mort

La revue sud-africaine de sciences politiques Theoria. A Journal of Social and Political Theory a fait paraître en décembre 2014 (vol. 61, n°141) un numéro sur « La Police et la Théorie critique ». Il met en exergue cette citation de Saint-Just : « Il n’est point de gouvernement qui puisse maintenir les droits des citoyens sans une police sévère ; mais la différence d’un régime libre à un régime tyrannique est que, dans le premier, la police est exercée sur la minorité, opposée au bien général, et sur les abus ou négligences de l’autorité ; au lieu que, dans le second, la police de l’état s’exerce contre les malheureux, livrés à l’injustice et à l’impunité du pouvoir.» Dans l’éditorial Jérémie Barthas pointe les enjeux démocratiques d'une « haute police » consacrée à la surveillance des élites au pouvoir ; il suggère que « la redéfinition du concept et de la fonction de la police » proposée par Saint-Just dans son Rapport sur la Police générale pourrait servir à « renforcer l’outillage théorique de la Théorie critique du pouvoir policier ».

Lire la suite

Thomas Paine enterré ?   En ligne

Dans un article intitulé "Thomas Paine: The English Dimension" et publié dans Selected Writings of Thomas Paine , Shapiro and Calvert, eds., Yale U. Press, 2014, l'historien britannique J. C. D. Clark entend montrer que Thomas Paine n'était qu'un auteur mineur, étranger aux Lumières et sans influence sur les révolutions de la fin du XVIIIe siècle. Tout au long du XIXe siècle et jusque dans les années 1970, Thomas Paine a été exclu du "récit national" américain des Founding Fathers. Considéré au mieux comme un pamphlétaire secondaire, au pire comme un "filthy little atheist" comme le disait le président Theodore Roosevelt au début du XXe siècle, Paine n'est sorti du quasi-néant historiographique dans lequel il se trouvait que depuis une trentaine d'années. Apparemment, J. C. D. Clark souhaite qu'il y retourne… Gary Berton, secrétaire de la Thomas Paine National Historical Association, en rend compte et lui répond sur le site de la TPNHA :

The great historian E. H. Carr said, "By and large, the historian will get the kind of facts he wants. History means interpretation." In an essay published as part of a new collection of writings by and about Thomas Paine (Selected Writings of Thomas Paine, Yale U. Press, 2014), J. C. D. Clark has pushed this premise to absurd limits.
In contradistinction to the rest of the book, which contains a selection of primarily major works of Thomas Paine, Clark tries to refute any influence Paine had on the world, and scolds scholars for claiming he did. There is a long history of marginalizing Thomas Paine by conservative historians, from Jared Sparks to Forest MacDonald to David McCulloch. Clark’s essay is the latest. In an awkward juxtaposition with Paine’s own writings, Clark questions the need to read Paine at all.

Lire la suite du texte de Gary Berton sur le site de la TPNHA

Cultures des républicanismes   Annonces

Cultures des républicanismes Kimé

Introduction et table des matières de l'ouvrage collectif Cultures des républicanismes. Pratiques, représentations, concepts de la Révolution anglaise à aujourd'hui, sous la direction de Yannick Bosc, Rémi Dalisson, Jean-Yves Frétigné, Christopher Hamel et Carine Lounissi, Paris, Kimé, 2015, 277 p.

Les enjeux intellectuels et politiques des problématiques du républicanisme
Yannick Bosc, GRHis-Normandie Université

L'objectif de cet ouvrage collectif est de confronter des recherches qui portent sur des objets ou des problématiques proches, ordinairement isolées par les cloisonnements disciplinaires ou les spécialités, mais qui intéressent le républicanisme. Ce terme est entendu dans le sens large d'une culture du bien commun – commonwealth – ou de la chose publique – res publica – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie.

Il existe différentes cultures de la chose publique qui sont qualifiées de républicaines. Cette diversité se manifeste par des pratiques, des représentations et des concepts. Les caractéristiques de ces cultures peuvent varier en fonction des époques et des espaces étudiés : ce sont par exemple les cultures républicaines de l'Angleterre du XVIIe siècle, de la Révolution française ou de l'Italie du XIXe siècle. Ces cultures ne sont pas fermées sur elles-mêmes mais empruntent souvent les unes aux autres. Elles circulent et sont constitutives d'une dynamique politique dont l'ampleur devient considérable avec les révolutions qui touchent le monde atlantique et l'Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Révolution française, si l'on reprend les mêmes exemples, puise ainsi largement dans la tradition anglaise et l'italienne dans la française. Quant au républicanisme anglais il s'inspire de l' « humanisme civique » qui se déploie dans les cités italiennes de la Renaissance.

Lire la suite

Etre républicain sous la Constituante : la crise de Varennes   Etudes

Par Suzanne Levin, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution le 18 décembre 2014.

Quel fut le rapport de la Révolution française au (x) républicanisme(s) ? Voilà une question qui va au cœur du projet révolutionnaire et qui recouvre un vaste champ d’études. Il est donc juste que, depuis déjà plus d’un quart de siècle, cette problématique ait été renouvelée par plusieurs historiens, s’attaquant à ses divers aspects, à diverses époques de la Révolution, à divers acteurs. On peut citer parmi eux les animateurs passés et présents du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution et, en dehors de ce séminaire, notamment Raymonde Monnier.
Bien des aspects de cette problématique restent pourtant encore à éclaircir. L’aspect dont il s’agit ici est très particulier, mais non moins important pour notre compréhension de l’évolution du concept de la république à l’époque révolutionnaire. Il tourne autour des définitions changeantes de la république parmi les républicains autoproclamés et leurs défenseurs dans les débats journalistiques du printemps et de l’été 1791. Qu’est-ce que cela veut dire quand des révolutionnaires se réclament explicitement du républicanisme à cette époque ? Par ailleurs, en quoi la fuite du roi constitue-t-elle un tournant pour l’usage et l’évolution de la signification de ce terme ?

Lire la suite

Qui a peur de l’Incorruptible ? Pablo Iglesias et la Révolution française   Actuel

Par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge

Cet article est paru en anglais dans le journal The Guardian du 18 février 2015.

Pablo Iglesias, le dirigeant du parti espagnol Podemos, est un homme traqué par l’Histoire – et particulièrement par l’histoire de la Révolution française. Ses références à la guillotine font en effet couler beaucoup d’encre dans les médias espagnols. En juin 2012, en réaction aux coupes budgétaires imposées par le gouvernement, Pablo Iglesias tweetait : « Des coupes, d’accord… mais avec la guillotine » . Un an plus tard, il publiait une tribune intitulée « Une Guillotine à la Puerta Del Sol » . La même année, dans une interview télévisée, Iglesias demandait : « Savez-vous quel acte symbolise l’avènement historique de la démocratie ? C’est l’exécution d’un roi, Louis XVI, décapité par la guillotine. »

« Les Espagnols se seraient épargnés bien des horreurs s’ils avaient fait usage de l’outil de la justice démocratique » déplorait Iglesias, avant de citer Robespierre : « Punir les oppresseurs de l'humanité, c'est clémence ; leur pardonner, c'est barbarie. » Il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit fait référence à ces propos dans le débat public. La semaine passée, Eduardo Garcia Serrano, fondateur du journal de centre-droit El Mundo, surnommait ironiquement Iglesias « El incorruptible Senor X ».

Lire la suite

Marchands, exilés, missionnaires et diplomates : les Français et les Etats-Unis (1789-1815)   Annonces

Appel à communications pour la journée d’étude, Marchands, exilés, missionnaires et diplomates: les Français et les États-Unis, 1789-1815, organisée par Tangi Villerbu, Université de La Rochelle, CRHIA, 13 novembre 2015.

Cette journée d’études doit être l’occasion de revisiter ce que furent les Etats-Unis pour les Français à l’époque de la Révolution et de l’Empire. Les manières de penser et de dire les Etats-Unis – la construction d’un imaginaire américain – importent, certes, mais il s’agira surtout ici de montrer comment les mots se transforment en actes. Comment les Français, concrètement, ont fait d’une manière ou d’une autre une expérience étatsunienne à une époque ou les deux pays vivent en parallèle la construction de nouveaux systèmes politiques et de modes de réinvention culturelle au sein d’un monde atlantique en plein bouillonnement.

Lire la suite

Muséographie et idéologie   Recensions

La Traite négrière, la Révolution de Saint-domingue au Musée d’Aquitaine et l’exposition « Haïti » du Grand Palais

Par Jacques Schaff, professeur d'histoire-géographie

Un muséographe allemand écrivait: «Le musée doit atteindre le visiteur dans sa qualité d'élément constitutif du peuple et de citoyen de l'État, avec le constant souci d'établir une solide correspondance avec le présent».

I. Un musée au contenu bien ambigu

Voilà bien ce que tente de réaliser le Musée d’Aquitaine à Bordeaux dans ses salles consacrées à la traite négrière et à la Révolution à Saint-Domingue. Mais « atteindre le visiteur dans sa qualité d’élément constitutif du peuple et de citoyen de l’État » qu’est-ce à dire ? On le comprendra mieux à travers l’analyse de quelques « détails » révélateurs, si ce n’est d’une propagande bien comprise et assumée, du moins de ce que les muséographes « en solide correspondance avec le présent » ne sont pas à l’abri des influences idéologiques de ceux qui, en cette bonne ville de Bordeaux, les ont employés.

Lire la suite en .pdf

La Convention, nouvelle assemblée constituante, 22 septembre 1792 - 22 août 1795   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

Pourquoi une deuxième constituante après celle de 1789-1791 ? Précisons les grands enjeux de la période pour le comprendre.
En 1789, cherchant une issue à la crise, la monarchie choisit d’ouvrir un processus politique en réunissant les États généraux, qui ne l’avaient plus été depuis 1614 ! Le suffrage était très ouvert pour le Tiers-état : une voix par chef de feu - et les femmes l’étaient très souvent : elles n’étaient nullement exclues à cause de « leur » sexe, contrairement aux mystifications récentes à ce sujet. Par contre étaient exclus ceux qui n’avaient pas de « feu » : les errants et les domestiques qui habitaient chez leur maître.
Les députés des États généraux ont commencé par accomplir une révolution juridique en remplaçant la souveraineté royale par la souveraineté populaire : ils l’ont fait en tant que commis de confiance.
Le commis de confiance (en latin : fidei commis) est une personne à qui une assemblée confie une mission. Cette « confiance » signifie que les électeurs demandent des comptes au commis de confiance et que, si celui-ci trahit leur mission ou se révèle incapable de la mener, il sera destitué en cours de mission par ses électeurs et remplacé : voilà ce qu’était la responsabilité du commis de confiance devant ses électeurs. Il est important de savoir que cette institution est apparue au Moyen-âge et a été pratiquée dans les communautés villageoises, les communes urbaines ou les corps de métier et les États généraux durant des siècles, jusqu’à la Révolution comprise, et disparut au XIXe siècle.

Lire la suite sur le site de l'Association pour une constituante

La Thomas Paine National Historical Association   Outils

Fondée en janvier 1884 à New York , la TPNHA est l'une des plus anciennes associations historiques des États-Unis. Elle entend rendre à Paine sa place dans l'histoire des États-Unis d'Amérique et dans celle de l'âge des révolutions démocratiques à la fin du XVIIIe siècle. Moncure Daniel Conway, le premier biographe scientifique de Paine en 1892 a été le premier président de l'association en 1906.
Sur le site de la TPNHA (en anglais seulement), on trouvera des nouvelles de l'activité de l'association, des documentaires vidéo et surtout une grande partie des œuvres de Thomas Paine. A noter également la possibilité d'y télécharger une app Thomas Paine conçu pour Ipad qui reprend les textes majeurs de Paine, ainsi que des caricatures.

Voir le site de la TPNHA et accéder aux écrits de Thomas Paine

Liberté d'expression, liberté de la presse, de quoi parle-t-on ?   Textes

Les débats sur la liberté de la presse ont été âpres, en particulier en août 1789 lors de l’examen de ce qui deviend l’article 11 de la déclaration des droits. Si Robespierre ou La Fayette défendent la liberté totale de la presse, de nombreux députés du côté droit et du côté gauche s’inquiètent des risques d’une liberté illimitée, notamment pour la réputation des personnes. La formule retenue est donc un compromis : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi". Mais il faut plus de deux ans à l’Assemblée pour préciser ce que sont les "abus" de la liberté de la presse.

Lire la suite

Les biens communs : un mouvement de communards   Actuel

Le cinquième numéro de Les Possibles, la revue scientifique d'ATTAC, est consacré aux définitions, usages et enjeux de la notion de communs. Textes de Fabienne Orsi, Christian Laval et Pierre Dardot, Benjamin Coriat, Jacques Cossart, Jean-Marie Harribey, Hervé Le Crosnier, Catherine Baron, Marcella Olivera, Jean-Luc Touly. Extrait de l'article de Benjamin Coriat qui, avec Fabienne Orsi, insiste sur la "reconquête du droit de propriété" (Orsi) et fait le lien avec les luttes paysannes des XVIIe et XVIIIe siècles contre la propriété exclusive portée par le capitalisme naissant, luttes pour le droit à l'existence qui sont au cœur de la Révolution française :

Là est la puissance du commun, il apporte une réponse à l’extension sans freins de l’idéologie propriétaire et de sa crise, typiques de l’offensive néolibérale, en portant le fer en son cœur même : les droits de propriété. Le commun, comme le « libre », chacun à leur manière mais souvent de manière complémentaire, apportent des formules capables de subvertir le droit de propriété conçu et appliqué comme exclusif, pour en faire du droit partagé, du droit distribué, et quelquefois du droit « communal », au sens d’un droit appartenant à une communauté et dont chacun des membres a (différents aspects) de la « jouissance. »
Ainsi, les communs d’aujourd’hui (dans les sociétés occidentales, essentiellement de nature informationnelle…) sont les héritiers des luttes contre les enclosures physiques du passé. Ils sont le produit direct des combats menés contre les enclosures de la pensée et de la création, constitués par des « droits de propriété intellectuelle » nouveaux ou l’expansion et le durcissement de ceux qui préexistaient déjà. Au demeurant, depuis son origine, le mouvement des communs est consubstantiel à sa relation et à son affrontement avec l’érection de droits de propriété exclusifs visant à les abolir.

Lire la suite sur Les Possibles

La république au village en l'an II   Etudes

Par Guy-Robert Ikni

Cet article a été publié dans M. Vovelle (dir.), Révolution et République, Paris, Kimé, 1994, p. 252-262.

Au cours de la dernière période, des travaux novateurs ont rouvert le dossier de la politisation au village en s'interrogeant, notamment, sur les modalités d'implantation d'un jacobinisme rural (1). L'historien ne peut plus se contenter d'opposer une «bonne paysannerie», demeurée fidèle alliée de la République jacobine, et une « paysannerie » contre ou anti-révotutionnaire. Ni l'adhésion de la première, ni le refus de la seconde ne revêtirent un caractère univoque. Il demeure néanmoins quelques ambiguïtés tenaces concernant l'étude des rapports des paysans et de la politique. L'historien peut-il encore à cet égard cantonner la politisation des campagnes dans ce qu'il est convenu d'appeler la politique locale, par opposition à la grande politique ? A l'inverse, peut-on considérer comme le fit au siècle dernier le juriste Bouthors, que les principes, et le déroulement même de la Révolution française résultèrent avant tout de l'action des communautés paysannes qui, aux yeux de l'auteur, étaient déjà des modèles de petites républiques bâties autour des principes qui annonçaient en fait ceux de 1789 (2) ?

Lire la suite

Appliquer la loi : acteurs, modalités et limites de l'exécution de la loi (1789-1815)   Annonces

Journée d’études doctorales organisée par Alexandre Guermazi (IRHiS, Université de Lille 3) et Jeanne-Laure Le Quang (IHRF/IHMC, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne) qui se tiendra le vendredi 5 décembre 2014 à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, Salle 1, galerie Soufflot, 1er étage. Présentation :

Cette journée d’études s’inscrit dans la continuité des grands chantiers autour de la création de la loi en Révolution et sous le premier Empire (ANR Revloi notamment). Elle se propose d’examiner, en aval de l’adoption de la loi, les différentes déclinaisons de son exécution, entre 1789 et 1815. Que devient en effet la loi une fois qu’elle est votée ? Une loi adoptée est-elle nécessairement appliquée ? En somme, que fait-on, concrètement, de la loi dans la pratique ?
Il s’agit ici de questionner l’exécution des lois « par en bas », en se concentrant sur ses relais et ses incarnations. En effet, l’application de la loi se fait selon des modalités complexes, parce qu’elle prend véritablement forme à travers les acteurs chargés de l’exécuter, et/ou appelés à y obéir. La « vie » d’une loi est de ce point de vue et par conséquent bien moins figée qu’il n’y paraît.

Lire la suite de la présentation et le programme en .pdf

Assassin's Creed et la Révolution française (suite)   Actuel

Polémique autour du dernier opus du jeu vidéo Assassin's Creed, qui se déroule pendant la Révolution française, dont nous notions en août dernier la propension à multiplier les clichés thermidoriens et contre-révolutionnaires. Sur son blog, Alexis Corbière, du Parti de Gauche, dénonce la "propagande réactionnaire" véhiculée par la bande annonce et répond aux remarques suscitées pour ce premier billet. Voir également les explications d'Antoine Vimal du Monteil, un des producteurs du jeu, qui dit assumer les anachronismes (qui ne sont pas l'objet de la polémique) mais n'évoque pas les choix idéologiques de cette fiction.

Les ouvriers en France. 1700-1835   Etudes

Samuel Guicheteau, Les ouvriers en France.1700-1835

Par Samuel Guicheteau, Université de Nantes

Samuel Guicheteau a récemment publié Les ouvriers en France.1700-1835, Paris, A. Colin, Collection U, 2014. Il présente ici les enjeux historiographiques et épistémologiques de cet ouvrage.

Cette présentation vise à mettre en lumière quelques enjeux de l’histoire des ouvriers dans la Révolution française. Deux questions peuvent guider la réflexion : comment faire l’histoire des ouvriers ? Quels éclairages cette histoire des ouvriers apporte-t-elle à l’analyse de la Révolution ?

Identité et expérience : renouvellements de l’histoire sociale et de l’histoire de la Révolution française

Il n’est plus possible de considérer les ouvriers comme un groupe a priori. Cependant, il est également impossible d’ignorer l’importance de l’industrie au 18e siècle et, donc, l’existence d’une main-d’œuvre industrielle. Or, l’importance même de la main-d’œuvre industrielle a pour conséquence sa diversité : les ouvriers travaillent dans de multiples activités et dans des cadres variés (seul à domicile, en atelier, dans une manufacture concentrée, sur des chantiers) ; ils exercent des métiers plus ou moins qualifiés ; hommes et femmes, citadins et ruraux se distinguent ; enfin, les travailleurs de l’industrie présentent des situations socio-économiques différentes. Tandis que certains sont salariés, d’autres travaillent à façon (notamment des ruraux pluri-actifs, mais aussi de petits maîtres déchus à l’instar des célèbres canuts lyonnais). Cette diversité de la main-d’œuvre industrielle pose des problèmes de définition et de méthode. Tous ces travailleurs ne se sentent pas appartenir à un même groupe social : il existe donc des mondes ouvriers. De plus, à la hiérarchie des qualifications peuvent s’articuler le clivage des sexes, le clivage ville / campagne. La diversité se double donc de césures entre ouvriers. Les Ouvriers, comme les Paysans ou le Peuple, ne sont pas des catégories naturelles, mais des constructions forgées par les acteurs historiques, puis par des historiens.

Lire la suite

Le lien entre Marseille et Robespierre est maintenu   Actuel

Discours de Mikaël BALMONT lors de la conférence de presse du Collectif Robespierre qui s'est tenue le samedi 18 octobre 2014 sur la place Robespierre de Mazargues à Marseille :

Le Collectif de Défense de la place Robespierre a souhaité organiser cette conférence de presse pour remercier le millier de signataires de la pétition que nous avions initiée pour défendre le nom de cette place : Robespierre. Parmi ces milliers de signataires, nous tenions tout particulièrement à remercier les centaines de mazarguais qui se sont mobilisés à nos côtés.
Les attaques des élus de droite à l'encontre des acquis et des idéaux de la Révolution Française ne datent pas d'hier : déjà en 1999, le Maire de secteur, l'UMP Guy Teissier, a voulu débaptiser la place Robespierre, il a voulu réécrire l'Histoire en salissant la mémoire de cette figure de la Révolution Française. Et déjà, en 1999, des mazarguais et des marseillais, citoyens et élus, soutenus par des historiens tels que Michel Vovelle s'étaient élevés contre cette manipulation. La Mairie de droite avait alors renoncé face à la conviction du peuple marseillais qui savait bien ce qu'il devait à Robespierre. En effet, il existe un lien particulier entre Robespierre et Marseille que je tiens à rappeler.

Lire la suite en .pdf

« Système de terreur » et « système de la terreur » dans le lexique de la Révolution française   Etudes

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Préambule : Quinet et le « système de la Terreur »

Dans le livre XVII de La Révolution (Théorie de la Terreur), Edgar Quinet, pour caractériser la Terreur de l’an II, utilise sans distinction les expressions « système de terreur » et « système de la Terreur » (1). On trouve une occurrence de « système de la Terreur » aussi dans le livre XVI (La Religion sous la Terreur)(2) et deux occurrences de « système de la Terreur » dans la Critique de la Révolution (3). Dans La Révolution - comme cela est déjà connu – les désignants « jacobins » et « montagnards » coïncident et dans le livre XII (La Convention), il décrit ainsi la différence entre Gironde et Montagne au sujet de la Terreur :

Ainsi se résout la question souvent posée, si la terreur eût été aussi sanglante entre les mains des girondins qu’entre celles des jacobins. Les premiers n’en eussent point fait un système ; cette conception ne fût jamais sortie de leur esprit (4).

La connotation de la Terreur en tant que « système » souleva dans les dernières années du Second Empire un large et passionnant débat parmi les républicains français (5) et demeure encore fondamentale dans la réflexion sur la Terreur.

Lire la suite

La Révolution française et l'histoire du monde   Annonces

Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l'histoire du monde

Introduction et début du premier chapitre de l'ouvrage de Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l'histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques, 1815-1991, Paris, Armand Colin, 2014, 304 pages.

À l’étranger, la France, son histoire et sa culture politique ont longtemps été associées à la Révolution de 1789, que ce soit pour célébrer ou au contraire dénigrer cet héritage. Encore aujourd’hui, dans un contexte où toute voie révolutionnaire peut sembler largement discréditée parmi les populations des cinq continents, surtout au regard du siècle précédent, la Révolution française demeure néanmoins un événement universellement cité, à défaut d’être toujours réellement connu, pouvant encore susciter la défiance ou l’admiration. Internet indique aujourd’hui des millions d’entrées pour « 1789 », mais aussi pour « 1793 » sans même évoquer les grandes figures qui traversent la période, de La Fayette à Napoléon, en passant par Robespierre, que l’on ne cesse d’évoquer régulièrement.
Cette célébrité a fait couler beaucoup d’encre. Des dizaines de milliers de volumes depuis deux siècles ont eu pour ambition d’écrire l’histoire de celle que l’on a longtemps désignée comme la « Grande Révolution », pour la comprendre en son temps, mais aussi pour la situer par rapport à d’autres événements. Écrire une histoire de la Révolution, c’est toujours obéir à des motivations multiples, liées notamment au contexte dans le quel le projet prend naissance.

Lire la suite de l'introduction et le début du premier chapitre en .pdf

L'Antiquité, modèle dans le "moment républicain" de 1791 ?   Etudes

par Suzanne Levin (doctorante CHISCO-Paris Ouest Nanterre)

Ce texte a été présenté le 23 mai 2014 dans le séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Quel a été l’impact de la crise de Varennes sur le républicanisme ou sur les discours qui entourait le terme « république » dans la presse « patriote » ? Comment cette presse a-t-elle utilisé la référence à l’Antiquité gréco-romaine pour définir et légitimer ses conceptions du républicanisme ? Le texte suivant ne traite qu’une portion de cette question. Il s’agit d’examiner la référence à l’Antiquité au moment même de la crise de Varennes, sans prendre en compte l’évolution de cet usage et du débat sur le républicanisme dans lequel il s’inscrit, sur une période plus longue de vingt semaines. L’examen des quatre semaines qui séparent la fuite du roi de sa réinstallation et de la répression qui s’ensuit permet néanmoins de cerner les réactions immédiates à la crise et les solutions proposées par la presse patriote.

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2014-2015   Séminaire

Séminaire animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l'Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.
Cette année, le séminaire sera consacré aux notions de citoyenneté, de république et de démocratie, qui sont au programme des concours d'enseignement, et aux problématiques des communs et de l'économie politique qui leur sont associées, en lien avec le séminaire droit de propriété, communs et entreprises, coordonné par Benjamin Coriat et Fabienne Orsi (IFRIS-CEPN).

Lire la suite

A Descent upon England by Gunboat : Reconciling Paine’s Interventionism with Small Military Forces   Etudes

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

par Thomas C. Walker, Department of Political Science, Grand Valley State University

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

Draft copy, comments will be appreciated.

Introduction

Few can point to a more bizarre after-death story than Tom Paine’s. Like most good stories, it is hardly diminished by its re-telling. After the fame he enjoyed during the American and French revolutions faded, Paine died and was buried in a simple grave in New Rochelle, New York. He did not, however, rest in peace. William Cobbett secretly disinterred the remains and transported them back to England. Cobbett wanted to commemorate Paine’s final resting place with a fitting monument to his political importance. But, as is the case with many efforts to celebrate and promote radical ideas, the project ran short of money. The monument was never built and what became of Paine’s remains has been reduced to speculation. One account tells of how his bones were refused for sale at auction in 1835, after which a Unitarian clergyman kept Paine’s skull and right hand in his library (Ayer 1988, 182). Another tells of an old woman who played with Tom Paine’s jawbone when she was a child (Fruchtman 1994,435). Two-hundred years after his death, Paine’s words live on, but, like his bones, they are largely scattered and turn up in the most peculiar places. These range from the songs of Bob Dylan to presidential speeches of Ronald Reagan (1).

Lire la suite

La place Robespierre à Marseille ne sera pas débaptisée   Actuel

Dans une lettre aux signataires de la pétition marseillaise, Mikaël Balmont, parlant au nom du collectif de défense de la place Robespierre à Mazargues (Marseille), rend compte des résultats de la mobilisation.

Chers signataires,

Votre mobilisation n'est jamais inutile, puisqu'après la lettre de Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille, nous assurant avoir entendu nos propos et demandant au maire de secteur de ne pas débaptiser la Place Robespierre, c'est une autre voix qui s'élève grâce à vous, celle des représentants des habitants du quartier.

En effet, le Comité d'Intérêt de Quartier de Mazargues précise, par la plume de son Président d'Honneur David Sciaky, dans un article paru dans le dernier numéro du magazine CIQ INFOS :

Lire la suite

Thomas Paine dans la Révolution française   Annonces

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Programme de la deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, qui se tiendra à l'Université Paris Ouest Nanterre le Vendredi 26 septembre 2014, salle D 201, bâtiment D, 2e étage (CHISCO - ED 395- Département d'histoire Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

9h-9h30. Introduction : Marc Belissa, Université Paris Ouest Nanterre, CHISCO et Gary Berton, Iona College-TPNHA

1ère session. Président : Bertrand van Ruymbeke, Université Paris 8

9h30-10h. Gregory Claeys, Royal Holloway London, "Paine and the 1790's: the State of Play".
10h-10h30. John Ward Regan, New York University, "Social Networking Thomas Paine: Nexus of Enlightenment Thought".
10h30-11h. Yannick Bosc, Université de Rouen, "Paine théoricien du droit à l'existence".

Lire la suite

En première ligne : l'égalité   Annonces

Du 19 au 21 septembre 2014, le festival littéraire En première ligne consacre son édition 2014 à l'égalité. Il se tient à l'Espace Robespierre, à Ivry-sur-Seine, métro Mairie d'Ivry. Présentation :

En Première Ligne poursuit son exploration des liens qui se tissent entre la littérature et le monde social. Chaque année, le festival choisit un fil qui lie les débats et préside au choix des invités. 2011 : la représentation du travail en littérature, 2012 : la fraternité, 2013 : Féminin / Pluriel(le). En 2014, le festival aura pour fil rouge l’égalité. En Première Ligne est un festival littéraire qui rassemble des auteurs autour de débats et de rencontres avec les lecteurs et le public. Mais il se donne surtout pour objectif, à travers de nombreuses initiatives, de rapprocher du livre et de la lecture les populations qui en sont le plus éloignées. Un lieu de réflexion mais aussi un lieu de fête et de partage.

Lire la suite sur le site du festival et consulter le programme en .pdf

Citoyenneté, République, Démocratie en France (1789-1899)   Annonces

Belissa, Bosc, Dalisson, Deleplace, Citoyenneté, République, démocratie en France 1789-1889

Premier chapitre et table des matières de l'ouvrage de Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson et Marc Deleplace, Citoyenneté, République, Démocratie en France. 1789-1899, Paris, Ellipses, 2014.

Pour tenter de régler la crise financière de la monarchie, Louis XVI convoque les États généraux — c’est-à-dire la réunion des représentants des trois ordres du royaume, le clergé, la noblesse et le Tiers État — à l’été 1788. En quelques semaines, le mouvement populaire et les députés du Tiers subvertissent cette ancienne institution monarchique, qui sert traditionnellement au conseil du prince, et fondent un nouvel ordre social sur la souveraineté du peuple mise en acte par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le statut de ce texte — qui pour certains constituants est un simple recueil de principes quand pour d’autres il constitue la loi — est au cœur des luttes politiques de la Révolution française.

La nation assemblée

Le roi de France vit à crédit. L’endettement de la monarchie française est endémique, mais le problème financier a été aggravé par la guerre d’indépendance américaine (1776-1783) à laquelle la France a pris part aux côtés des insurgents. Les ordres privilégiés (le clergé, 0,5 % de la population, et la noblesse, 1,3 %) constituent un gisement fiscal exploitable puisqu’ils sont exemptés de la taille royale alors qu’ils monopolisent une part considérable des richesses. Plusieurs ministres tentent donc d’établir un impôt foncier payable par tous, mais le parlement de Paris, cour de justice composée de privilégiés, possède un droit d’enregistrement des actes royaux et refuse les réformes. En 1788, cette fronde parlementaire conduit à des émeutes et des contestations qui rassemblent tous ceux qui luttent contre l’absolutisme royal mais n’ont pas nécessairement les mêmes desseins politiques. Afin de régler le problème financier et de résorber le conflit politique, Louis XVI cède aux revendications et le 8 août 1788 convoque les États Généraux.

Lire la suite du chapitre 1 et consulter la table des matières en .pdf

Social Networking Thomas Paine: individual nexus of enlightenment thought   Etudes

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Par John Ward Regan, New York University

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

This paper examines Thomas Paine through his connections to people, (well known and otherwise) who populated the intellectual and political landscape of the Atlantic Community at the beginning of the modern era. Specifically it looks at Paine’s correspondences to his intimate circle of friends and then spreading outward all the way to his readers and the relationship that existed between the author and his audience.
The dynamics of Paine’s relationships would make for a fascinating Venn diagram of overlapping relationships and intersecting ideas, consisting of larger and smaller circles of friends, acquaintances, correspondents and readers. By looking at his correspondences the goal is to shed light on his political, philosophical, and ethical ideas and their development. The paper will look at Paine’s personal correspondence and letters published in newspapers, some to groups some to specific or anonymous individuals, some meant to be public, some not, some on specific issues. Some are really essays in the guise of letters, like the Letter Addressed to the Addressers written during his trial for The Rights of Man Part II.

Lire la suite

Condorcet, la physiocratie et les États généraux   Etudes

par Jean-Claude Gaudebout, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 11 avril 2014 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Le 5 juillet 1788, un arrêt du Conseil annonçait la convocation des États généraux. Dans cet arrêt le roi demandait à «… tous les savants et personnes instruites de son royaume, et particulièrement ceux qui composent l’académie des inscriptions et belles-lettres de sa bonne ville de Paris » de lui adresser toutes les pièces d’archives concernant les États généraux tenus dans le passé. Le 8 août, les États étaient convoqués pour le 1er mai 1789. Finalement, Louis XVI accorda, le 27 décembre 1788, le doublement de la députation du tiers état, tout en gardant un silence prudent sur la question du vote par tête. Le 24 janvier 1789, la lettre de convocation des Etats généraux fixait le règlement électoral à suivre pour la rédaction des cahiers de doléances et l’élection des députés.
C’est juste avant cette période que Condorcet rédigea son ouvrage Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales (1). Le sujet lui tenait très à cœur puisqu’il l’avait déjà traité dans sa Vie de M. Turgot (2) , parue en 1786, à propos du Mémoire sur les municipalités, et dans un autre ouvrage plus récent, Sentiments d’un républicain sur les Assemblées provinciales et les Etats-Généraux (3) , publié en 1788.
Alors que se met en marche la tenue des Etats-généraux, dans quelle mesure le plan de Condorcet s’est-il inspiré du projet physiocratique ?

Lire la suite

La Révolution française selon Assassin's Creed   Actuel

Alors que nous écrivons ces lignes, on annonce à grand renfort de publicité la parution prochaine du cinquième opus du jeu vidéo Assassin’s Creed. Le titre en est Unity (en français "Unis pour la liberté") et le cadre du jeu se place cette fois-ci (après les Croisades, la Florence de la Renaissance, les pirates du XVIIIe siècle, etc.) dans le Paris révolutionnaire. Le trailer de jeu solo mis en ligne en juin 2014 donne froid dans le dos ! On se croirait chez Taine revisité par le Anthony Mann du Reign of Terror (The Black Book) !

Lire la suite

Thomas Paine, le républicanisme, le droit à l'existence et la critique du libéralisme économique   Synthèses

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Par Yannick Bosc, GRHIS-Normandie Université

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

En 1797, Thomas Paine publie Agrarian Justice, un ouvrage qu'il dédie « à la législature et au directoire exécutif de la République française » et dont il précise qu'il a pour fonction de « révolutionner l'état de civilisation ». Ce texte important, qui a été redécouvert à la fin des années 1980 à la faveur des débats autour du livre de John Rawls, A theory of justice (1971), est à l'origine du principe d'allocation universelle ou revenu de base (basic income). Paine estime qu'une société ne peut être considérée comme civilisée que si les êtres humains qui la compose ont à leur disposition de quoi vivre dignement. Il prévoit donc la création d'un fonds national, alimenté par une perception sur les héritages, dont on prélèvera une somme d'argent qui sera donnée à toute personne arrivant à l'âge adulte ou entrant dans la vieillesse, riches et pauvres indistinctement selon le principe d'universalité. Ce plan, précise Paine, permettra de soulager sur le champ « les aveugles, les boiteux, les vieillards indigents, il fournira à la génération naissante le moyen d'empêcher la reproduction de ces classes malheureuses »(1). Ces mesures ne reposent pas sur la charité, mais sont établies au nom des principes républicains, principalement de la liberté. Paine définit cette dernière comme égalité des droits personnels (2). C'est lorsqu'il y a égalité des droits personnels , donc lorsque la liberté est garantie que, selon Paine, existe une république.

Lire la suite

Hobbes de la langue à la parole politique (1640-1651)   Etudes

Par Félix Mangano, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 14 février 2014 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Il est difficile de ne pas avoir déjà entendu parler de Hobbes. Né à Westport le 5 avril 1588 et mort à l’âge vénérable de 91 ans à Hardwyck Hall le 4 décembre 1679, cet auteur anglais, traducteur et commentateur d’Euripide et de Thucydide, devenu philosophe politique sur le tard, nous est surtout connu aujourd’hui grâce à son célèbre Leviathan. Secrétaire de Francis Bacon, précepteur à sa sortie d’Oxford dès 1608 du fils et du petit-fils de William Cavendish, baron d’Hardwick et deuxième Earl du Devonshire, ainsi que du baronnet Sir Gervase Clifton, Hobbes devient rapidement un homme rompu à la politique et aux hautes sphères de la monarchie anglaise. C’est aussi un homme qui voyage avec ses élèves. Il accomplit ainsi à travers l’Europe deux « Grands Tours », en 1614-1615 puis en 1634-1636, pendant lesquels il se rend notamment en Italie et en France, où il séjourne quelques mois. C’est lors de son second voyage qu’il rencontre de grandes personnalités de l’époque, comme Galilée, et qu’il se lie avec l’érudit français Marin Mersenne qui l’initie à la philosophie. Hobbes est jusqu’à cette rencontre essentiellement préoccupé par les lettres classiques et les mathématiques.

Lire la suite

La Commune de Paris et la production de guerre, 1793-1794   Etudes

Par Aurélien Larné, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 13 décembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Le 28 juillet 1793, l’armée autrichienne occupait le nord de la France et y rétablit l’Ancien Régime. La guerre contre les monarchies européennes avait été entreprise par l’Assemblée législative, sous l’impulsion des Brissotins contre lesquels s’étaient opposés une partie des membres de la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité (Robespierre, Billaud-Varenne, Marat). Elle avait ensuite été poursuivie par la Convention girondine contre l’avis de certains Montagnards. Par ailleurs, la multiplication des recrutements d’hommes pour les armées avait entraîné la Vendée dans la guerre civile. À la fin du mois de mars 1793, la guerre de conquête avait tourné à la débâcle et le décret du 13 avril matérialisa la transformation de cette guerre de conquête en guerre défensive. À partir du mois de juin, pour la Convention montagnarde, la victoire de la guerre défensive devint l’objectif unique (1) .

Lire la suite

Vertu et politique : les pratiques des législateurs (1789-2014)   Annonces

Colloque international organisé par le Club des amis de l’Incorruptible (Assemblée nationale), la Société des études robespierristes et le programme ANR Actapol, sous la direction de Alain Tourret, Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers, Paris – Assemblée nationale – Salle Victor Hugo, Jeudi 18, vendredi 19 et samedi 20 septembre 2014.

Par une tradition qui remonte à l’Antiquité, le XVIIIe siècle s’est largement interrogé sur la nature, la nécessité politique et les formes de la vertu publique ; est-elle une spécificité du régime démocratique, ou doit-elle s’imposer à tout régime ? Doit-elle être une exception, ou doit-elle s’imposer partout ? Les protagonistes de la Révolution reprennent le questionnement et, dans leur construction d’un nouveau régime politique, ils envisagent d’emblée, dès 1789, la vertu publique comme une nécessité. La naissance de la république à l’automne 1792 confirme et renforce cette conviction ; l’entrée dans un régime d’exception, en 1793, ne la fait pas disparaître. Qui ne connaît le célèbre discours de Robespierre associant la vertu et la terreur, la première impuissante sans la seconde, la seconde funeste sans la première ? La vertu est au cœur même de l’attente politique des années 1790, même pendant cette période, aux limites incertaines, que l’historiographie nomme le plus souvent « la terreur ».

Lire la suite sur le site de la SER

Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque Henri Guillemin et Robespierre

Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre, actes du colloque organisé le 26 octobre 2013 par l'association Présence d'Henri Guillemin, Utovie/h.g, Bats, 2014. Préface d’Édouard Mangin et table des matières :

Au-delà de parachever le travail fourni pour que cet événement ait lieu, l’édition des actes du colloque « Henri Guillemin et la Révolution Française – le moment Robespierre », qui se déroula le 26 octobre 2013 à L’Institut Catholique de Paris (ICP), procure pour les organisateurs un double plaisir, ou plutôt, un plaisir à double détente, teinté à la fois de nostalgie et de désir de reconduire ce qui est toujours un peu une aventure. La première émotion provient des textes eux-mêmes. Relire les interventions, c’est assurément les redécouvrir à froid et en savourer leur profondeur, leur portée et leurs subtilités, sur un thème peu courant et surtout plein d’enjeux, où les opinions se diffractent pour de multiples raisons, parmi lesquelles la méconnaissance des faits ou le parti pris idéologique. La Révolution française – le moment Robespierre est en effet un sujet suffisamment riche et complexe pour ne pas l’enfermer, serait-ce dans la plus belle des chapelles, ou le plus imposant des temples. A cet égard, la diversité des intervenants peut être perçue comme un reflet de la démarche non conventionnelle d’Henri Guillemin, constituée à la fois de recherches historiques scrupuleuses, et d’affirmations sans ambages, de convictions puissantes et intimes nées d’extraordinaires intuitions sur le sens de l’Histoire et les lois humaines ; rassemblant à la fois le déploiement logique des faits propre à l’historien, et l’appel aux forces de l’imaginaire de l’écrivain.

Lire la suite

Historiographie de Robespierre   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 23 mai 2013.
Marc Belissa (Université Paris Ouest Nanterre-La Défense) : Historiographie de Robespierre.

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense.
Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

Peuples en Révolution d'aujourd'hui à 1789   Annonces

Peuples en Révolution d'aujourd'hui à 1789

Cyril Belmonte et Christine Peyrard (dir.), Peuples en Révolution d'aujourd'hui à 1789, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2014, 236 pages. Présentation de Cyril Belmonte et Christine Peyrard :

Ce livre est issu du colloque international qui s’est tenu dans la salle Duby de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme à Aix-en-Provence les 12 et 13 juin 2012. Les révoltes et révolutions populaires au cours de l’année 2011 dans le monde arabe ont donné aux travaux conduits dans le groupe de recherches de l’UMR Telemme, « Lumières et Révolution française », une acuité certaine. Ainsi, ce colloque sur la thématique : « Peuples en Révolution » a pris un relief singulier.
Car les historiens de la Révolution française ne pouvaient guère rester insensibles aux événements contemporains, tant la mobilisation des hommes et des femmes de Tunisie, d’Egypte ou d’ailleurs dans les manifestations de rue et dans l’occupation de l’espace public pour promouvoir leurs revendications sociales et politiques, rappelle les pratiques politiques de la France en 1789 et pendant la décennie révolutionnaire. Les combats contre la tyrannie et un ordre social inégalitaire montrent non seulement la vitalité des principes universels de liberté et d’égalité dans des contextes socio politiques spécifiques, mais encore la vivacité des revendications démocratiques dans le monde actuel.
Cette rencontre scientifique a ainsi offert l’occasion de s’interroger sur un certain nombre de thèmes majeurs qui ont construit l’histoire de la Révolution et de la démocratie française à partir de la rupture de 1789. En effet, les chutes actuelles de pouvoirs politiques, comme les remises en cause d’autres régimes, ainsi que le bouleversement des forces au plan international qu’elles induisent, montrent tout l’intérêt d’une réflexion historique. Au-delà de la surprise suscitée par de tels événements dans le monde méditerranéen, la place de l’Histoire dans l’analyse politique, sociale et culturelle des temps présents a pu être valorisée.

Lire la suite

Débaptiser la place Robespierre à Marseille ?   Actuel

Lettre ouverte à Guy Tessier, président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole

Comme le relate le journal La Marseillaise dans son édition du 5 mai 2014, Guy Tessier, maire UMP et président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, entend faire aboutir le projet de débaptiser la place Robespierre dans le 9e arrondissement de Marseille. Nous avons décidé de rédiger une lettre ouverte pour expliquer notre opposition à ce projet.

Lire la suite

Appel à contribution : appliquer les lois (1789-1815)   Annonces

Appel à contribution pour la journée d'études doctorale Appliquer la loi : acteurs, modalités et limites de l'exécution de la loi (1789-1815), 5 décembre 2014, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Cette journée d’études s'inscrit dans le prolongement des travaux menés au sein de l’IHRF, dans le cadre de l’ANR RevLoi. La numérisation de la collection Baudouin a en effet permis l’organisation de plusieurs manifestations scientifiques autour des processus de fabrication et de diffusion de la loi en Révolution (1). Elle tient compte également des chantiers ouverts par les récents colloques Voter et élire (2), sur les Comités de surveillance (3), et la notion de République (4). Cette journée d’études se propose d’examiner, en aval de l’adoption de la loi, les différentes déclinaisons de son exécution, entre 1789 et 1815. Il s’agira de mettre en évidence les acteurs institutionnels et politiques chargés de son exécution, les moyens qui sont mis à disposition des agents de l’Exécutif ainsi que les procédés qui sont mis en œuvre par ces agents pour la faire appliquer. Que devient en effet la loi une fois qu’elle est votée ? Une loi adoptée est-elle nécessairement exécutée et est-elle toujours exécutée à la lettre ? En somme, que fait-on, concrètement, de la loi dans la pratique ?

Lire la suite

Catéchismes révolutionnaires : typologies, langages et méthodologies   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste
Ce texte a été présenté le 15 novembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.Traduction de Valeria De Marco (1).

J'aborderai la question des catéchismes révolutionnaires par leur définition et j’expliquerai les raisons qui m’ont portées à étudier ce genre de littérature. Après avoir évoqué les caractères généraux de ces publications pendant la Révolution, je présenterai les catéchismes politiques depuis le XVIIe siècle, ce qui permettra de saisir les différentes typologies de l’époque révolutionnaire en les inscrivant dans la longue durée. La distinction entre les sources de l’époque monarchique et celles de la République sera d'abord traitée quantitativement puis, par le biais de la « linguistique des corpora », je montrerai, à titre d’exemple, comment au temps de la République, le mot-clé « nation » et remplacé par d’autres lexies (2). Enfin, j'établirai un bilan de l'histoire des catéchismes pendant la Révolution et conclurai en évoquant les catéchismes séculiers au XIXe et au XXe siècle.

Lire la suite

Le Sens Commun. Histoire d'une idée politique   Annonces

Sophia Rosenfeld, Le Sens Commun. Histoire d'une idée politique

Introduction de l'ouvrage de Sophia Rosenfeld, Le Sens Commun. Histoire d'une idée politique, Rennes, PUR, 2013. Il s'agit de la traduction de Common Sense. A Political History dont Jacques Guilhaumou avait rendu compte sur notre site lors de sa parution originale en 2011.

« Ce qui est familier n’est pas pour cela connu. »
G.W.F. Hegel, Phénoménologie de l’esprit

Ce qui est chaud peut brûler. Deux plus deux font quatre. Voir, c’est croire. Le bleu n’est pas le noir. Chassez le naturel, il revient au galop. Si j’écris ces mots, j’existe.

Il y a bien des raisons de ne pas écrire un livre sur le sens commun, surtout s’il se trouve que l’on est historien. Le sens commun, par définition, est d’abord imperméable à l’histoire. Dans son acception courante, le sens commun est l’expression que nous utilisons parfois pour parler de la faculté humaine fondamentale qui permet de formuler des jugements élémentaires sur des questions quotidiennes, fondées sur notre expérience du monde réel (par exemple, si vous vous servez de votre bon sens, vous devriez comprendre les principes affirmés plus haut !). Mais nous définissons aussi le sens commun comme les conclusions largement partagées et apparemment évidentes tirées de cette faculté, les truismes auxquels toute personne sensée acquiesce sans débat et même sans discussion, dont les principes relatifs aux quantités, aux différences et aux notions de prudence, de cause et d’effet. Quoi qu’il en soit, le sens commun est censé définir ce qui appartient en propre et en commun à tous les humains, où que ce soit dans le temps et dans l’espace (1).

Lire la suite

Mise en ligne de la collection Baudouin   Outils

Le projet ANR Rev-Loi et l'IHRF mettent à la disposition des chercheurs la célèbre collection Baudouin contenant les 20 047 décrets révolutionnaires des années 1789-1795 avec un moteur de recherche d’une grande précision. Il doit permettre aux historiens, aux historiens modernistes, aux juristes, aux historiens du droit, à tous les citoyens de découvrir les textes qui sont encore le socle de notre droit.
L'Institut d'Histoire de la Révolution française organise à ce sujet une journée de formation le 7 mai.
Le projet se poursuit en collaboration avec les Archives nationales afin de préparer la seconde vague de numérisation des lois entre 1795 et 1799.

La question constituante   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 23 mai 2013.
Yannick Bosc (Université de Rouen) : La question constituante.

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense.
Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

Le souci des plus pauvres. Dufourny, la Révolution française et la démocratie   Annonces

Michèle Grenot, Le souci des plus pauvres. Dufourny, la Révolution française et la démocratie

Introduction de l"ouvrage de Michèle Grenot, Le souci des plus pauvres. Dufourny, la Révolution française et la démocratie, Editions Quart monde - Presses Universitaires de Rennes, 2014.

Ce présent ouvrage retrace le parcours d’un homme dont le souci des plus pauvres le conduit à défendre avec ardeur leur accès aux droits politiques, la démocratie. Cet ouvrage n’est pas une biographie à proprement parler, dont la seule visée serait de raconter la vie de Dufourny, cet homme né en 1738, mort en 1796. Il se propose, à travers le récit d’en suivre l’enjeu politique. Ce n’est pas un livre d’idées mais un livre d’histoire au plus près des archives, sur une période où les événements se bousculent, nous bousculent. La Révolution de 1789 est souvent considérée comme le moment fondateur de notre démocratie avec l’abolition de la société divisée en ordres, la formation de notre première Assemblée nationale, l’établissement de notre première constitution, basée sur la Déclaration des droits de l’homme. Moment capital de notre histoire : de sujet soumis au roi, le français s’honore du titre de citoyen. Citoyen ? Que recouvre alors cette notion qui prend soudain tant d’importance, quand un grand nombre de personnes en sont exclues, non seulement les femmes mais aussi ceux exclus à cause de leur pauvreté ? C’est alors que le régime appelé plus tard « censitaire » (le fait de pouvoir acquitter un certain montant d’impôts pour avoir des droits politiques) est institué, aboli suite à l’insurrection du 10 août 1792 et rétabli à nouveau en 1795 et pour longtemps. Dès avril 1789, dans son fameux Cahier du Quatrième Ordre, Dufourny s’indigne et argumente contre l’exclusion des pauvres des droits politiques.

Lire la suite en .pdf

Autour d’Ostrom : communs, droits de propriété et institutionnalisme méthodologique   En ligne

Sous la direction de Jean-Pierre Chanteau, Benjamin Coriat, Agnès Labrousse et Fabienne Orsi, numéro de la Revue de la régulation (n°14-2e semestre 2013) consacré aux enjeux actuels de la propriété commune ou partagée (les communs ou biens communaux qui sont également au coeur des revendications paysannes au XVIIIe siècle) autour des travaux d'Elinor Ostrom. Présentation :

(...) Nous avons conçu ce dossier en le plaçant sous un double éclairage. Celui conjoint que constitue l’investigation autour de la catégorie de « communs » – et qui après Ostrom ne sera plus jamais envisagée de la même manière – et la démarche institutionnaliste qui a servi de support à ses travaux tout au long de sa recherche, sans jamais cesser de se préciser et de s’enrichir. À l’évidence, comme ce dossier le montre, mille liens intimes lient la caractérisation et le travail autour des communs et les catégories analytiques de l’institutionnalisme auxquelles Elinor Ostrom n’a cessé de se référer. (...) Le dossier s’ouvre par trois articles qui dessinent les grandes lignes de l’institutionnalisme d’Ostrom. Sont ainsi introduits les principaux outils, concepts et méthodes qui le caractérisent et permettent de saisir son approche d’ensemble. C’est l’occasion de mettre en évidence, au-delà des différences d’appréciation, l’importance, l’opérationnalité mais aussi certaines limites de la démarche d’Ostrom. Le dossier se poursuit par un ensemble fourni d’articles où l’on peut saisir sa méthodologie en acte, là au demeurant où elle s’est élaborée et constituée, sur et autour de la notion de « communs » et dans sa relation avec la notion de droits de propriété.

Lire en ligne sur la Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs

Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802)   Annonces

Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen

Introduction à la réédition de l'ouvrage de Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802), Paris, Syllepse, 2014, 388 p. La première édition avait été publiée aux PUF en 1992 sous le titre Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802.

« On entend présentement concevoir l’histoire des idées un peu comme on concevait jadis l’histoire politique, en ne s’occupant que des rois. Soit mépris aristocratique, soit réaction contre une récente école qui ne voulait voir que le social et ignorer l’individuel, les modernes semblent répugner à étudier les idées philosophiques dans l’âme des collectivités, à faire l’histoire démocratique des idées, à reconnaître la haute valeur d’une telle étude. » Julien Benda, 1928 (1)

Lorsque j’écrivais ce livre, publié en 1992, je m’interrogeais depuis un moment déjà sur ces deux mots, que j’avais lus, maintes fois, dans les sources de toutes les catégories sociales au XVIIIe siècle et dans la période révolutionnaire : droit naturel.
Je ne m’en étais pas rendu compte avant, parce que l’on disait de façon générale droits de l’homme, mais les sources parlaient précisément de droits naturels ! Alors, je suis partie à leur recherche… et ils m’ont entraînée dans une longue aventure à travers le temps et l’espace, qui m’a conduite, pour commencer, jusqu’à l’orée de la préhistoire…
Tout près de moi, une amie berlinoise, Aglaïa Hartig (2), grande connaisseuse de la littérature française du XVIIIe siècle, qui vivait alors à Paris, avait répondu à ma question comme la fée des contes : « Tu trouveras du droit naturel chez Kant et chez le philosophe Ernst Bloch ». Elle avait raison ! Droit naturel et dignité humaine d’Ernst Bloch (1976) et son Thomas Münzer, théologien de la révolution (1964), me permirent de commencer à saisir ce qu’était ce droit naturel, ainsi que les rudes batailles qui se livrèrent en son nom.

Lire la suite

Le républicanisme anglais dans la France des Lumières et de la Révolution   En ligne

La dernière livraison de La Révolution française. Cahiers de l'IHRF est consacrée à l'influence du républicanisme anglais sur la France du XVIIIe siècle. Présentation :

1792 est pour les Français le moment de naissance de la République dont on a célébré l’année dernière le 220e anniversaire. Mais si la République est née institutionnellement à cette date, cette dernière ne constitue pas, loin s’en faut, l’an zéro du républicanisme. Elle est le fruit d’une plus longue histoire, d’évènements, d’expériences et d’idées qui ont contribué à la préparer et à la faire éclore. C’est à l’étude d’une partie de sa genèse et de ses racines politiques, philosophiques et culturelles qu’est consacré ce nouveau numéro de La Révolution Française.

Lire le numéro de La Révolution française

4 février 1794 : la Convention montagnarde abolissait l’esclavage dans les colonies françaises   Entretiens

Sur Le Canard Républicain et Agoravox, entretien avec Florence gauthier. Extrait :

Depuis le XVIIe siècle, le Roi de France possédait un empire colonial dans le Nouveau Monde, dont le centre de gravité était la Partie française de Saint-Domingue, « île à sucre et à esclaves », qui était devenue, au XVIIIe siècle, le premier producteur de sucre. Toutefois, le système esclavagiste entra en crise dès le début du XVIIIe siècle à cause de la raréfaction des captifs de chasse à l’homme, vendus par les Royaumes africains pour être mis en esclavage. La ponction avait été si forte qu’elle réduisit la population de l’Afrique et le prix des captifs haussa : il fut multiplié par trois tout au long de ce siècle en ce qui concerne la traite vers l’Amérique ! La crise du système de la traite provoqua la panique des planteurs qui comprirent que le système de reproduction de la main-d’œuvre devrait être prochainement transformé. À Saint-Domingue, les planteurs eurent une réaction particulière : ils crurent se protéger et gagner du temps en créant une concurrence entre eux sur le critère de la couleur, sous la forme d’une politique de discrimination contre les « colons de couleur », dans le but de s’emparer de leurs biens. Or, il faut savoir que dans les colonies françaises, les grands colons arrivés depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, n’avaient pas hésité à épouser des femmes africaines, dont ils eurent des enfants légitimes, créant une classe de colons métissée.

Lire la suite

Naissance du service public de l’Ancien Régime à la Révolution française et à l’époque napoléonienne   En ligne

Un numéro des Cahiers numériques de Telemme (UMR Telemme, Aix-Marseille Université), présenté par Christine Peyrard (UMR Telemme), avec des textes de Cyril Belmonte (UMR Telemme), « Les banalités ou comment s’en débarrasser. Projet d’enquête sur les modalités d’abolition des banalités sur les fours , moulins et pressoirs » ; Grégoire Bigot (Université de Nantes, IUF), « De l’Eglise à l’Etat : le service de l’état civil » ; Igor Moullier, (Lahra/ENS Lyon),« Administration et service public à l’époque napoléonienne ». Extrait de la présentation de Christine Peyrard :
« Ce numéro se compose de trois contributions qui explorent, chacune à leur manière, les cheminements de la notion de « service public » à partir de la rupture révolutionnaire de 1789. Au-delà de la diversité des thématiques choisies par les auteurs – économie, religion ou administration -, il offre l’intérêt de proposer plusieurs pistes d’études tant au plan méthodologique que scientifique. Cheminements méthodologiques, d’abord, car le service public ne se laisse pas facilement appréhender par l’historien. Aujourd’hui le citoyen, par un simple clic sur un moteur de recherche, découvre immédiatement le portail de l’administration française ; il manifeste parfois dans la rue pour défendre des services publics menacés de disparition ou de privatisation ; or il est plus difficile de bâtir leur histoire. Pourtant, la Révolution française a fait proliférer l’adjectif : c’est aussi bien « la chose publique » que « l’esprit public », ou bien « l’éducation publique » ou encore « l’assistance publique », même si l’on préfère parler des archives et musées « nationaux » et « départementaux » sinon « municipaux ». Car la publicité des débats, dans l’enceinte des assemblées constituantes et législatives, comme dans d’autres assemblées constituées et dans les sociétés politiques révolutionnaires, est la clef de voûte du nouveau régime au même titre que le principe électif pour assurer n’importe quelle charge publique, à l’exception toutefois de celle du « premier fonctionnaire public » qui sert à désigner le roi des Français sous la monarchie constitutionnelle…. »

Lire la suite dans les Cahiers numériques de Telemme

French Revolution Digital Archive : Archives Parlementaires et images de la Révolution en ligne   Outils

La collection French Revolution Digital Archive vient d'être mise en ligne. Elle est le fruit d'un projet des bibliothèques de l'université de Stanford et de la BNF. La collection entend mettre à la disposition du public et des chercheurs une version digitale de grands recueils de sources. Cette collection est actuellement composée, d'une part d'un corpus d'images, et d'autre part des Archives Parlementaires. On pourra donc désormais interroger en plein texte l'intégrale des volumes des Archives Parlementaires concernant les années 1787 à 1794.

Accéder à French Revolution Digital Archive

220e anniversaire de la première abolition de l'esclavage   Annonces

Durant trois mois (février-avril 2014) la Société des Amis de la Révolution française, club René Levasseur de la Sarthe, organise au Mans une série de manifestations pour le 220e anniversaire de la première abolition de l'esclavage (4 février 1794) dont le conventionnel René Levasseur a rédigé la motion.

Voir le programme 1 et programme 2

Séminaire La Révolution française et le Monde, Paris Ouest Nanterre 2014   Annonces

Séminaire animé par Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre, jeudi 13h30-15h30, salle D 301 (bât. D, 3e étage)

L'Atlantique en révolution

Cette année, le séminaire sera consacré en grande partie (sauf les séances 7 et 10) à un domaine particulier de l'histoire de "l'ère des révolutions" (1750-1830) : l'Atlantic History.

Ce champ a connu un très grand succès et une large expansion dans le monde anglo-saxon, il a fait timidement son apparition dans le domaine historiographique français. Prendre un espace maritime comme l'Atlantique pour objet de recherche n'a en soi rien d'innovant, Fernand Braudel, par exemple, l'a fait depuis longtemps avec la Méditerrannée, mais la nouvelle Atlantic History met l'accent sur des thématiques peu étudiées jusque-là : la nature des empires et des liens unissant leurs parties, les phénomènes de transferts socio-économiques et politico-culturels dans cet espace, les discours sur les "races", etc.

Lire la suite

Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   En ligne

Les vidéos du colloque organisé le samedi 26 octobre 2013 par l’association Présence Henri Guillemin (PHG) sont sur Médiapart, interventions de : Patrick Berthier : La genèse de l'ouvrage "Robespierre, mystique et politique" ; Florence Gauthier : Robespierre, théoricien et acteur d’une république démocratique et sociale ; Etienne Chouard : Henri Guillemin-Robespierre, la problématique de la représentation politique aujourd'hui ; Yannick Bosc : Robespierre ou la Terreur des droits de l'homme ; Olivier Blanc : L'argent de la Terreur: les augmentations de patrimoine des élus de l'an II ; Marc Belissa : Robespierre et la religion dans l'historiographie (1794-2012) ; Serge Deruette : Le problème de l'héritage de Robespierre aujourd'hui ; Patrick Rodel : Conférences sur la Révolution française ; table ronde : première partie et deuxième partie.

Actualité d' E.P. Thompson   En ligne

Texte d'Ellen M. Wood, sur Edward P. Thompson, la gauche et la lutte des classes publié sur Solidarity :

That’s what makes this the right moment to revive Edward Thompson. It’s not just that he, probably more than any other historian, brings the processes of class formation and struggle so vividly to life. It’s also that more than any other historian, or maybe even any other scholar or writer of any kind, he has sharply defined capitalism as a historically specific social form, not as a law of nature, and compelled us to see it from a critical, anthropological distance. That’s especially important now, at a time when we have long since acquired the habit of taking capitalism for granted as if it were as universal and invisible as the air we breathe. Thompson challenges the most basic presuppositions of capitalism as a set of social practices and moral principles, tracing their development as a constantly contested process.

Lire en anglais sur Solidarity, version en espagnol sur SinPermiso

Robespierre et le délit de sale gueule   Actuel

Dans son blog, Alexis Corbière, élu du parti de gauche, réagit à la "reconstitution" de la tête de Robespierre :

Décidément, même en 3D, la haine du plus illustre porte-parole du jacobinisme, leur fait encore perdre la tête. J’annonce immédiatement mon intention, ce billet de blog sera exclusivement rédigé en défense de Maximilien Robespierre, toujours attaqué, moqué, caricaturé, même plus de deux siècles après sa mort. Il sera aussi l’occasion de reparler de masques de cire, qui pour certains, brandis par le peuple de Paris, en juillet 1789, débutèrent en quelque sorte la grande Révolution. Mais, n’allons pas trop vite.

Lire la suite

Les catéchismes politiques français (1789-1914)   Etudes

Par Jean-Charles Buttier, IHRF-Paris1

Nous publions ici la soutenance de thèse de Jean-Charles Buttier (9 mars 2013). Nous renvoyons également le lecteur au colloque qu'il a organisé avec Emilie Delivré à Florence en 2006, dont les actes sont publiés sur La Révolution française. Cahiers de l'IHRF.

L’hypothèse de départ de ce travail est que les 815 catéchismes politiques qui constituent les sources de cette recherche forment un genre particulier de la littérature politique du long XIXe siècle. La thèse ici défendue est que l’unité et l’enracinement de ce genre s’expliquent par la large diffusion d’une pédagogie, véritable socle de cette écriture destinée à permettre la vulgarisation politique. Cet exposé débutera par l’explication de la construction de l’objet historique « catéchisme politique. » Il a été créé pour répondre à une problématique qui a elle-même été influencée par la connaissance de plus en plus précise de cet objet. L’analyse de ce corpus d’ouvrages et du discours que leurs auteurs ou éditeurs tenaient sur ces derniers permet de retrouver la perception que les contemporains avaient du catéchisme politique. Il s’agira ensuite de présenter les méthodes d’analyse choisies, la diversification des approches tant matérielles que textuelles ayant pour but de multiplier les angles d’approche. L’unité des catéchismes analysés l’emportant sur leur diversité, considérer les catéchismes politiques comme un genre littéraire à part entière est une approche fructueuse.
Les auteurs de catéchismes politiques ont utilisé une pédagogie qui révèle un projet partagé : celui de la vulgarisation politique. Ce projet a connu d’importantes évolutions liées au contexte politique mais aussi aux transformations du public visé sur une période aussi longue.

Lire la suite

La tête kitsch de Robespierre   Actuel

pseudo tête de Robespierre

Les lecteurs du journal L'Alsace.fr (12/12/2013) ont eu la surprise de trouver sur leur site une "reconstitution" photographique du prétendu visage de Robespierre réalisée par Philippe Froesch, un mulhousien qui s'était déjà illustré en "reconstituant" la prétendue tête de Henry IV. Le commentaire du journaliste est édifiant : "C’est un homme au visage grêlé par la petite vérole, à l’air fatigué par la Terreur qu’il avait fait régner dans un pays débarrassé de son roi." Bigre ! Sur quel relique ignorée par les historiens cette "reconstitution" a-t-elle été conçue ? Réponse : "Ce masque aurait été moulé sur la tête décapitée de Robespierre par une Strasbourgeoise, Marie Grosholtz, devenue célèbre ensuite sous le nom de Madame Tussaud." Le conditionnel est en effet plus que de rigueur ! Contrairement à une légende qui avait encore cours au début du XXe siècle (Hector Fleischmann, Le Masque mortuaire de Robespierre, E. Leroux, 1911), il n'existe pas de masque mortuaire de Robespierre dont le corps et la tête ont été jetés dans la fosse du cimetière des Errancis et recouverts de chaux vive sur ordre exprès de la Convention qui ne voulait laisser aucune trace du corps du Conventionnel qu'elle venait de faire exécuter. Le corps de Robespierre a été, comme Marc Belissa et Yannick Bosc l'ont montré dans un ouvrage qui vient de paraître, l'enjeu de la construction d'une légende particulière, articulé avec celle de son prétendu "caractère". Nul doute que le professeur en médecine Charlier (lui aussi impliqué dans l'histoire de la "tête" de Henry IV) donnera dans la conférence de presse qu'il tiendra le 21 décembre des détails "intéressants" qui viendront ajouter une couche plus ou moins nouvelle à ce mythe.

La dette   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 21 mars 2013 consacré à la dette.
Florence Gauthier (Université Paris Diderot) : Les enjeux de la dette de l'Ancien Régime.
Benjamin Coriat (Université Paris Nord), Economistes Atterrés : Les économistes et la problématique de la dette.

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense. Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

« L’ouverture de la Révolution » : Qu’est-ce que le Tiers État ?   Annonces

 Christien Fauré,ouverture de la Révolution : Qu'est-ce que le Tiers Etat ? de l'abbé Sieyès

Quatrième de couverture, extraits et table des matières de l'ouvrage de Christine Fauré, « L’ouverture de la Révolution » : Qu’est-ce que le Tiers État ? de l’abbé Sieyès, 1ère et 3ème édition, 1789, Chryséis éditions, distribution Amazon/kindle.

Qu’est-ce que le tiers état ? La brochure publiée en janvier 1789 par l’abbé Sieyès, inconnu jusqu’alors, est accueillie par un triomphe et assure à son auteur une notoriété durable jusqu’en 1799. La troisième édition, toujours dans le premier semestre de l’année 1789, propose, pour affronter les élections aux états généraux, une rallonge de cinquante pages, pimentée d’expressions immédiatement assimilables par le peuple, car le soutien que le clergé devait lui apporter dans cette élection demeurait incertain. C’est grâce à ce succès littéraire que Sieyès réussit in extremis le tour de force d’être élu député du tiers de la ville de Paris, transgressant les règles de la représentation des ordres.

Comme dans un opéra, Qu’est-ce que le tiers état ? est l’ouverture de la Révolution. Il concentre tous les thèmes chers à l’époque, une rage antinobiliaire mais pas seulement : il inaugure une argumentation d’ordre économique pour justifier la nouvelle importance politique du tiers. Le tiers état est « tout » parce qu’il assure la totalité des travaux qui soutiennent l’existence de la société. Une fulgurance démocratique fait de ce simple libelle la première mise en mots du phénomène révolutionnaire.

Lire la suite

Réponse à Monsieur Olivier Blanc à propos de la mystification de la figure d’Olympe de Gouges   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Le 1er novembre dernier, Monsieur Olivier Blanc publiait contre mon article sur Olympe de Gouges, une attaque pleine d’aigreur et d’insultes à mon endroit, ce qui laisse penser qu’il ignore les règles élémentaires de l’honnêteté qui se pratiquent dans les débats. Monsieur Olivier Blanc (M.O.B.) me prend pour une partisane des « méthodes staliniennes ». Quelle erreur, quelle horreur ! Il faut le rassurer immédiatement sur ce point ! Non Monsieur, je suis même critique des méthodes staliniennes et je me suis donné le mal de les démonter, en ce qui concerne l’historiographie de la Révolution française, et de façon détaillée dans plusieurs de mes travaux. Par exemple, à l’occasion du Centenaire de la Société des Études Robespierristes, j’ai présenté une intervention consacrée au grand historien de la Révolution française, Albert Mathiez. Ce dernier a été une des premières cibles « extérieures » de l’historiographie « stalinienne » soviétique des années 1929-1930 et reçut les honneurs de leur censure. Entre 1930 et 1932, date de sa mort, Mathiez a développé une critique lucide et précieuse du phénomène stalinien dès sa naissance, qui mérite d’être connue.

Lire la suite sur Agoravox

Robespierre. La fabrication d'un mythe   Annonces

Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d'un mythe

Conclusion de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d'un mythe, Paris, Ellipses, 2013, 576 p.

"Robespierre n’a pas d’aventure amoureuse, (…) n’a jamais livré bataille et vit dans la théorie, (…) il se méfie de la foule et du peuple, (…) cache des souvenirs de Marie-Antoinette sous son matelas, (…) il est immature, (…) guidé par un idéal de pureté néo-romaine, (…) les têtes tombent, tombent, (…) il exerce un pouvoir sans partage avec ses deux séides, le terrible Couthon et Saint-Just, (…) des flots de sang débordent des caniveaux. " Quel est l’auteur de cette litanie ? Galart de Monjoie (1795) ? Hippolyte Taine (1875) ? Friedrich Sieburg (1936) ou le duc de Lévis Mirepois (1978) ? Non, il s’agit du journaliste Franck Ferrand, le 17 mai 2011, dans l’émission "Au cœur de l’histoire " qu’il anime sur Europe 1, à propos de la souscription lancée par la SER pour le rachat des manuscrits du révolutionnaire. Le même présente le documentaire "Robespierre bourreau de la Vendée ? " (mars 2012), une mise en scène de la propagande royaliste que France 3 a diffusée quatre fois.

Depuis le 9 thermidor, le discours défavorable à Robespierre est ainsi demeuré d’une remarquable stabilité, comme la polarisation des passions que le révolutionnaire alimente. En deux siècles, sur une toile de fond hostile dominante, toujours vigoureuse et en constante adaptation – la légende noire se recycle admirablement –, quatre phases distinguent des "moments Robespierre" au cours desquels on constate le retour d’un discours positif sur l’Incorruptible dans l’espace public.

Lire la suite

Démocratie bourgeoise : note sur la genèse d’un oxymore et sur l’origine d’un cadeau   Notions

Par Antoni Domenech, Université de Barcelone

La vulgarisation de la pensée politique et de son histoire, au XXe siècle, est parvenue à imposer à travers d’amples circuits, y compris universitaires, l’idée que la démocratie est un phénomène fondamentalement moderne. Cette idée s’est imposée à l’aide de deux arguments, mais historiquement, elle est irrecevable. Le premier argument introduit une sorte de « liberté des Anciens » - ces inutiles amants de la vertu dévoués à la vie publique, qui sacrifiaient par abnégation leurs affaires privées – opposée plus ou moins strictement, selon la version canonique du thermidorien Benjamin Constant (1), à la « liberté des modernes », ces gens plus occupés à résoudre leurs problèmes personnels que préoccupés par les questions de la vie politique publique. Le second argument veut que les démocraties de l’Antiquité et, en particulier, l’athénienne n’aient pas été des démocraties au sens « moderne » du terme, et suppose qu’il s’agissait de régimes politiques dans lesquels d’étroites minorités de libres et riches oisifs totalement déchargés des tâches matérielles, pouvaient se permettre de délibérer politiquement, tandis qu’une immense masse d’esclaves s’affairait sans relâche à la production.

Lire la suite

Générations, Constitution et Monnaie : 1789–1795   Entretiens

Entretien publié sur Monnaie libre, "le podcast qui décrypte les codes des systèmes monétaires". Présentation : "Dans cet épisode nous retrouvons l’historien Yannick Bosc qui nous avait présenté lors de l’épisode n°18 l’oeuvre du révolutionnaire Anglo-Américano-Français Thomas Paine père fondateur de l’idée du Revenu de Base inconditionnel. Cette fois nous approfondissons la période sous l’angle de l’autre thème essentiel défendu par Thomas Paine et présent dans l’article 28 de la déclaration des droits de l’homme qui se résume au principe fondamental « chaque génération décide pour elle-même ». 1789 puis 1793 et 1795 manifestent du processus générationnel Constituant qui s’était instauré en « ce temps qui a duré 6 siècles », mais qui ne s’est pas poursuivi de façon continue. Un principe de continuité générationnel abordé dans cette émission fleuve, dont l’absence dans les modalités Constituantes et monétaires sont un éclairage pour des problèmes très actuels."

Ecouter sur Monnaie libre

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2013-2014   Séminaire

Séminaire animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi de 18h à 20h à l'Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle F 368, escalier E, 2e étage.

15 novembre : Marco Marin, « Les catéchismes révolutionnaires : typologies, langages et méthodologies », Université de Trieste. LIRE

13 décembre : Aurélien Larné, « Pache, la Commune de Paris et l'effort de guerre en 1793-1794 » doctorant CHISCO Paris Ouest Nanterre LIRE

Lire la suite

Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque organisé par l’association Présence Henri Guillemin (PHG), qui se tiendra à le samedi 26 octobre 2013 à l'Institut Catholique de Paris (ICP) 21 rue d'Assas 75006 Paris.

Programme :

9h00 – 9h40 : Accueil/Introduction

Patrick Berthier, professeur émérite, agrégé de lettres, spécialiste d’Henri Guillemin.

Thème d'intervention : la genèse du livre de Henri Guillemin sur Robespierre "Robespierre, mystique et politique"

Lire la suite

Olympe de Gouges déconstruite à la Galerie 75   Actuel

... et exposition d'artistes entre le 1er décembre 2013 et fin juin 2013.

Voir les textes

Estrosi, la sécurité et la Déclaration de 1789   Actuel

Confondant après beaucoup d'autres la sûreté et la sécurité, le député-maire de Nice affirme que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 faisait de la sécurité «la première des libertés».

Voir la "désintox" sur Libération

Colloque Cultures des républicanismes   Annonces

Colloque Cultures des républicanismes Rouen 21 et 22 novembre 2013

Programme du colloque international, Cultures des républicanismes. Pratiques-Représentations-Concepts de la Révolution anglaise à aujourd’hui, Rouen 21 et 22 novembre 2013

Ce colloque pluridisciplinaire aborde les cultures des républicanismes sous l'angle de la circulation des pratiques, des représentations et des concepts dans le temps, dans l'espace, mais également entre champs académiques. Le républicanisme doit être entendu au sens large d'une culture de la chose publique – ce qui renvoie à l'étymologie – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie. Le colloque privilégie les républicanismes inscrits dans des traditions révolutionnaires. Il se penche sur la manière dont l'idéal républicain façonne la Révolution anglaise débouchant sur le régicide, l'abolition de la monarchie et de la Chambre des Lords au milieu du XVIIe siècle, et perdure dans le contexte de l'absolutisme européen. Il examine la transition du XVIIIe au XIXe siècle, moment charnière au cours duquel les réactions aux révolutions du monde atlantique et l'impact de l'industrialisation conduisent à l'élision du paradigme jusnaturaliste, à la modification de la question républicaine et à l'émergence des théories socialistes. La période la plus contemporaine permettra de mesurer l'actuel regain des problématiques du républicanisme, lorsqu'elles sont appréhendées comme des outils efficaces pour déterminer des normes politiques à partir desquelles refonder nos sociétés en crise. A travers les cultures des républicanismes c'est en particulier le politique face à l'emprise de l'économique qui retiendra notre attention. Cela nous conduira à mettre l'accent sur les notions de liberté, d'égalité, de propriété et de citoyenneté.

Lire la suite

La droite, la gauche, les riches, les pauvres, et le revenu de base   Actuel

Entretien sur le revenu de base ou allocation universelle dont Thomas Paine a le premier formulé le principe sous le Directoire.

On parle et on écrit de plus en plus sur le concept de revenu de base. Cinq longues années après le début de la crise économique dévastatrice dans laquelle nous sommes plongés, nombreux sont ceux, militants de divers mouvements sociaux, membres ou non de partis politiques, syndicalistes et simples citoyens, qui pensent aujourd’hui qu’il faut sérieusement étudier cette proposition. Parmi ses défenseurs, beaucoup sont convaincus que, face aux difficultés qu’imposent à l’immense majorité les politiques économiques mises en oeuvre pendant la crise, il faut prendre un tout autre chemin, changer de paradigme. D’autres ne voient pas les choses ainsi. Peut-on le financer ? S’agit-il d’un chèque pour chacun, qui remplacerait les services publics, comme l’affirment certains? Quels sont les défenseurs de cette proposition dans la société ? Ce sont ces questions, entre autres, que Marilo Hidalgo a posées à Daniel Raventos pour la revue Fusion. La version que nous publions ici à la suite de cette interview est bien plus détaillée.

Lire la suite sur Revenu de base

Olympe de Gouges, histoire ou mystification ?   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

À propos de l’article « Olympe de Gouges, une femme contre la Terreur », de Myriam Perfetti, paru dans Marianne, n°852 du 17-23 août 2013, p. 76-79.

Je viens de lire cet article et j’en reste perplexe. Que d’erreurs accumulées ! que de fantaisies ! et qui conduisent dans leur simple logique à des interprétations fausses ou fallacieuses qui leurrent le lecteur sur les faits, au lieu d’éclairer sa lanterne. Il y a une question de méthode qui se pose ici ! Le chapeau de l’article résume la thèse de l’auteur : « Elle (Olympe de Gouges) fut la première des féministes et le paya de sa vie ». Dans le rappel chronologique, on peut lire : « Arrêtée en juillet 1793 pour avoir violemment interpellé Robespierre », elle « est condamnée à mort ».
Le rappel de ses activités est plein d’enthousiasme pour « la pionnière », qui donna « l’acte fondateur d’un féminisme qui ignorait son nom », elle est même comparée à Simone de Beauvoir, à Hypatie philosophe néoplatonicienne du IVe siècle de notre ère, et aux Femen dans leur récent combat en Tunisie, et tout cela en même temps ! Et puis encore, cette femme « en avance sur son temps » a tant apporté par ses « anticipations » : elle a prévu « le Pacs avec deux cents d’avance » ! et même « l’impôt sur le revenu » ! et puis encore des réformes sociales, « qui ne seront mises en place qu’au… XXe siècle »... Elle se réclame de la justice sociale, de l’égalité en droits entre les sexes, du droit au divorce, de la recherche en paternité et se prononce pour l’abolition de la peine de mort.

Lire la suite sur Le Canard républicain ou sur Agoravox

L'amour des lois   En ligne

Dossier du n°10 de Jus Politicum, revue de droit politique (juillet 2013), coordonné par Jean-Philippe Heurtin et Sophie Wahnich, consacré à l'amour des lois. A lire en ligne :
Jean-Philippe Heurtin et Sophie Wahnich, Y a t-il un paradoxe de l’amour des lois ?
Yannick Bosc, Robespierre et l'amour des lois.
Sophie Wahnich, L’amour des lois dans la période révolutionnaire et la question d’une religion de la patrie.
Jean-Philippe Heurtin, Obliger à aimer les lois. Paradoxe de l’augustinisme juridique chez Jean Domat.
Francine Markovits, Le paradoxe de l’amour des lois. Une lecture de Montesquieu.
Gabrielle Radica, Amour des lois et amour de soi chez Rousseau.

Interpeller les acteurs de la Révolution française : le récit protagonistique   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Haim Burstin, Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, 443 pages.

A la suite du saut qualitatif et quantitatif des recherches autour de la Révolution française, ces vingt dernières années, nous pouvons constater l’ouverture de voies nouvelles en matière de synthèse. Cette ouverture peut prendre appui sur la réflexivité des discours et des pratiques, donc se situer à relative distance des jugements historiographiques, ainsi que nous l’avons proposé de manière partielle dans notre ouvrage sur L’avènement des porte-parole de la République (1789-1792). Essais de synthèse sur les langages de la Révolution française (1998). A ce titre, nous avons mis l’accent, dans la lignée de la théorie critique (Gadamer, Habermas) et de l’ethnométhodologie (Garfinkel, Quéré), sur le fait que la connaissance de l’événement révolutionnaire s’appuie désormais en grande part sur la manière dont le langage des révolutionnaires constitue ses ressources au sein d’un contexte d’action. Nous avons été peut-être quelque peu optimiste, au regard des contraintes propres de l’historien dans son travail critique sur les archives.

Lire la suite

Renta Básica Ciudadana   Actuel

Recueil d'articles en espagnol publié par la revue Sin Permiso sur l'allocation universelle (Renta Básica ou Basic Income), dont Thomas Paine a le premier formulé le principe sous le Directoire. Paine dénonce alors une République qui met en avant la propriété au détriment du droit à l'existence, droit dont il a la défense en partage avec les Montagnards, et en particulier Robespierre. A travers l'allocation universelle, l'intérêt que portent aujourd'hui des économistes et des philosophes à ces principes est une des manifestations de l'actualité de la Révolution française pour nos sociétés en crise. Début de la présentation de l'ouvrage :

Este libro de Sin Permiso está dedicado a la Renta Básica. A lo largo de la existencia de nuestra revista la propuesta de la Renta Básica ha tenido un papel destacado. Aunque solamente sea como anécdota, el primer artículo que se publicó en nuestra revista electrónica, que está incluido en este libro, estaba dedicado a la Renta Básica. Su título era “La Renta Básica de Ciudadanía y las poblaciones trabajadoras del primer mundo”. En estos casi ocho años desde que iniciamos la edición electrónica semanal de Sin Permiso, nuestra revista ha editado más de 70 artículos sobre la Renta Básica. Aquí ofrecemos una selección que no llega ni a la mitad de los publicados. Este libro no pretende abarcar ni muchos menos todas las cuestiones relacionadas con la Renta Básica, pero creemos que recoge de forma aceptable algunos de los debates y algunos de los acontecimientos especialmente relevantes que sobre esta propuesta se han venido sucediéndose a lo largo de estos años. Sin Permiso es una revista política. Y con la Renta Básica también se ha optado en las publicaciones periódicas, y esta selección es una buena muestra, por aquellos artículos, entrevistas y eventos con un directo interés político.

Télécharger Renta Básica Ciudadana, Sin Permiso, 2013

Experiencing the French Revolution   Annonces

David Andress, Experiencing the French Revolution

Sous la direction de David Andress, Experiencing the French Revolution, Oxford, Voltaire Foundation, 2013.

Introduction de David Andress : "Revolutionary historiography, adrift or at large? The paradigmatic quest versus the exploration of experience" :

The French Revolution was, undoubtedly, an experience. The mass of writings from the period make it clear to us that participants and spectators of revolutionary upheaval dwelt intensely in every passing moment of drama, quailing at its uncertainties, revelling in its possibilities and often hardening their own convictions and enmities at each new turn. A significant tendency of recent historiography has been to privilege this sense of such events as actor-centred, breaking with previous concerns to identify a larger structural or ideological paradigm within which to understand them. But to turn our attention onto the actors of history, rather than the social or cultural structures they seem to inhabit, has proved to be a move that itself threatens to bring only new perplexity. One of the goals of this collection is to reflect on whether such a feeling is justified, and to argue that the diverse methods and interests of the twenty-first-century historical profession can continue to explore the classic conflicts and evolutions of history, and to develop insights into the experiential worlds of their participants, without running onto the shoals of frequently-unspecified epistemological dangers.

Lire la suite en .pdf - Voir la table des matières sur le site de la Voltaire Foundation

Droit naturel : enjeux et débats   Annonces

Corpus, numéro 64, Droit naturel

Dernière livraison de Corpus, revue de philosophie, n°64 (2013), consacrée au droit naturel.
Introduction de Florence Gauthier, "Du droit naturel à travers enjeux et débats : le point sur les recherches actuelles" :

L’équipe du Séminaire L’esprit des Lumières et de la Révolution s’intéresse tout particulièrement, depuis sa création, à la réinscription du champ politique dans les problématiques du droit naturel à l’époque moderne et a déjà publié, individuellement et collectivement, de nombreux travaux à ce sujet (1). On constate aujourd’hui un indéniable renouveau d’intérêt pour ce droit naturel dont il faut rappeler que la longue existence a été traversée de périodes d’approfondissements et de développements prometteurs, suivies d’éclipses plus ou moins prolongées, en fonction de l’intensité des débats et des enjeux à son sujet.
Historiens et philosophes, nous proposons ici un état des connaissances actuelles en abordant des points précis qui nous sont apparus comme autant d’obstacles à une meilleure intelligence de l’histoire tumultueuse du droit naturel, obstacles qui nous ont stimulés pour essayer de les mieux saisir et d’en permettre la critique.
La Revue Corpus, en la personne de Francine Markovits sa directrice éditoriale, nous a accueillis pour ce numéro spécial et nous la remercions chaleureusement.

Lire la suite

La Révolution française selon HistoryTeachers… et Lady Gaga !   En ligne

Des enseignants américains (le groupe HistoryTeachers) ont mis en ligne une série de clips video reprenant des airs connus avec des textes historiques à visée pédagogique. La Révolution française a été mise en musique sur une chanson de Lady Gaga ! Même si on y retrouve quelques lieux communs discutables ("Robespierre Reign of Terror !"), l'exercice est amusant… Il n'est pas sûr néanmoins que ces clips puissent remplacer un véritable enseignement de la Révolution française au niveau du collège !

Voir le clip

L’invention des droits de l’homme   Annonces

Lynn Hunt, L’invention des droits de l’homme

Lynn Hunt, L’invention des droits de l’homme. Histoire, psychologie et politique, traduit de l’anglais par Sylvie Kleiman-Lafon, Editions Markus Haller, 2013 (édition originale : Inventing Human Rights: A History, New York, W. W. Norton, 2007).

Préface à l’édition française, par Amartya Sen, Université de Harvard :

Les écrits de Lynn Hunt sur l’histoire, y compris ses travaux de grande ampleur sur la Révolution française, ont été profondément éclairants et n’ont pas manqué d’influencer durablement la recherche dans ce domaine. Lynn Hunt parvient à définir avec une exceptionnelle clarté la nature des événements historiques et leurs conséquences immédiates comme à plus long terme. C’est pourquoi ceux qui liront L’Invention des Droits de l’hommele feront dans l’espoir d’en savoir davantage sur la façon de penser les droits de l’homme à la lumière de l’évolution des idées qui ont entouré leur naissance, de leur diffusion et des résistances qu’elles ont rencontrées et vaincues. Non seulement l’espoir des lecteurs est largement comblé, mais Lynn Hunt leur offre une analyse incroyablement riche d’une idée ardue, celle des droits de l’homme, analyse que pouvait seule proposer une historienne de haut niveau, qui ne redoute pas la complexité.

Lire la suite

Honte et Tristesse - Guadeloupe, 31 mai 2013   Actuel

Art. 14. Les maîtres seront tenus de faire enterrer en terre sainte, et dans les cimetières destinés à cet effet, leurs esclaves baptisés ; et à l’égard de ceux qui mourront sans avoir reçu le baptême, ils seront enterrés de nuit, dans quelque champ voisin du lieu où ils seront décédés. Code noir de 1685

Mois de mai, mois de la mémoire, nous sommes tristes et nous avons honte.
En janvier 2013, suite à des pluies diluviennes, les médias informaient de la « découverte » d’un cimetière d’esclaves, en Guadeloupe, sur la plage des Raisins Clairs de la commune de Saint-François.Cette information, connue par de nombreux Guadeloupéens depuis plusieurs générations, était subitement livrée à la connaissance de tous. La Nature nous rappelait brusquement un passé dont nous connaissons quelques bribes mais que nous préférons, généralement, garder enfoui.

Lire la suite sur Mediapart

A republican call for a basic income   Actuel

Par Daniel Raventos, Université de Barcelone

Republicanism offers a persuasive guide to the political shaping of markets. A basic income could be the foundation of a democratic republican economy that frees all citizens from the commodification of labour.
There is no such thing as “the market economy”. Markets come in many varieties and their character is a matter of political choice. Saying that a market is politically shaped is simply to state the obvious, namely that any economic market is first political and then economic. A politics-free market does not exist in the real world outside of standard economics text-books or, paradoxically perhaps, in the prevarication of politicians who deny its political component precisely for political reasons.
So, if markets are irreducibly political, we need to ask what values should guide their political construction. The Democratic Wealth series has given much attention to ‘republicanism’ as a philosophical tradition which might serve as a source of guidance (see, for example, these contributions from Alex Gourevitch, José Luis Martí and Philip Pettit).
But which republicanism?

Lire la suite sur OurKingdom

Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale   En ligne

Conférence de Florence Gauthier, du 5 mars 2013, intitulée « Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale », organisée par le Cercle guérétois de l’ASSOCIATION POUR UNE CONSTITUANTE. Florence GAUTHIER a présenté et annoté le Tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, publié à l’occasion du Centenaire de la Société des études robespierristes en 2007.

Voir la vidéo sur Le canard républicain

Le débat politique, la Terreur et Robespierre   Actuel

Deux articles d'Antoine Bourguilleau parus sur Slate.fr :

La chasse aux terroristes (de 1793) : "Alors que, nous fêtons, si l’on peut dire, le 220e anniversaire de la création du Tribunal révolutionnaire et du Comité de salut public, le vocabulaire et les références à la Terreur sont omniprésents dans l'actualité politique française. Mais que savons-nous vraiment de cette période ?"
Lire la suite sur Slate.fr

Robespierre, un moralisateur incompris : "Qu'il s'agisse de parler de fiscalité ou de transparence, «l'Incorruptible», repoussoir ou modèle, est souvent cité dans le débat politique français. Le plus souvent n’importe comment."
Lire la suite sur Slate.fr

L'émeute   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 31 janvier 2013 consacrée à L'émeute :
Déborah Cohen (Université de Provence) :"Émeutes : Paris, germinal-prairial an III ; Londres, août 2011."
Marc Deleplace (Université Paris Sorbonne) : "Émeute révolutionnaire et ordre républicain au miroir scolaire : l’insoluble question de la violence politique ?"

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense.
Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

Le retour des révolutions ?   Actuel

Dossier de Guillaume Mazeau et de Jeanne Moisand publié sur La Vie des Idées. Présentation :
"La révolution serait-elle en train de sortir des oubliettes de l’histoire ? Le mot, réactivé depuis 2010 par le « printemps arabe » et le mouvement des Indignés, utilisé pour décrire les actions des hacktivistes, voit semble-t-il son emploi à la fois élargi et déplacé. Longtemps associée au totalitarisme, la révolution revient en faveur dans les commentaires sur les mouvements sociaux les plus récents. Si des doutes sont exprimés, ils portent moins sur la nature démocratique de ces mouvements que sur leurs capacités à réaliser pleinement leurs objectifs. Comme si l’exigence d’un gouvernement du peuple par le peuple n’était plus menacée par la dynamique révolutionnaire elle-même, mais par la force de ses opposants, et qu’elle redevenait un moteur positif du changement historique.
Que traduit cette nouvelle vision optimiste de « la » révolution, le plus souvent désignée au singulier ? En quoi consiste exactement ce changement de perspective et de quoi est-il le symptôme ? Pour répondre à ces questions, La Vie des Idées a convié des historiens et des philosophes, observateurs plus ou moins proches des mouvements sociaux récents, à réfléchir sur les représentations et les pratiques actuelles des révolutions."

Voir les articles sur La Vie des Idées.

Le retour du "point 89" !   Actuel

Le point retour 89 ?

En décembre 2012, Rue89 avait révélé l’invention par Catherine Deneuve d’un nouveau "point Godwin" (qui "désigne le moment où (…) une discussion sur Internet finit toujours par évoquer la Seconde Guerre Mondiale") en référence cette fois-ci à 1789 et à la Révolution française. Laurence Parisot, la future ancienne dirigeante du MEDEF avait évoqué en parlant de la situation faite aux exilés fiscaux "d'un climat de guerre civile qui s’apparente à 1789". L’article de Rue89 concluait ainsi "Le point 1789 fait rire ; il est aussi le révélateur d’un état d’esprit troublant, qui fait identifier ses auteurs aux nantis de l’époque révolutionnaire, dont ils partagent l’insécurité et les peurs." Il ne croyait pas si bien dire !

Le "point 89" revient ces jours-ci sous la forme du "Point 89" en couverture du journal de droite bien connu Le Point. Dans une image pleine de sens, on voit François Hollande perruqué en Louis XVI, s’inquiétant visiblement des piques, d’un bonnet phrygien et des lueurs d’un incendie éclairant l’arrière-plan de l’image.

Lire la suite

La Révolution française en chansons   En ligne

On connaît le rôle important des chansons dans la circulation des idées et des stéréotypes politiques pendant la Révolution française. Certaines de ces chansons sont elles-mêmes des "événements" révolutionnaires : La "Marseillaise" bien sûr, mais aussi le "Chant du Départ" en l'an II ou "Le Réveil du Peuple" en 1795. Il existe peu d'enregistrements de chansons révolutionnaires disponibles sur le marché du CD. Une anthologie en un double CD était sortie au moment du Bicentenaire, mais à notre connaissance, il n'est plus disponible à la vente. Nous avons selectionné quelques exemples de ces chansons en ligne sur You Tube.

Lire la suite

Haitian History. New Perspectives   Annonces

Haitian History

Alyssa Goldstein Sepinwall (ed.), Haitian History. New Perspectives, Routledge, collection "Rewriting Histories", 2012.

After the earthquake that ravaged Port-au-Prince in January 2010, foreign media poured into Haiti to record the devastation. Before 2010, Haiti had often been ignored by foreigners (including Americans, despite Haiti's proximity to Florida and the two countries' long and entangled history of relations). Once the earthquake struck, however, Haiti became the subject of 24-hour worlwide news coverage, including a telethon featuring Hollywood stars and pop music icons. Nevertheless, the nonstop attention to Haiti only unduscored foreigners' scant knowledge of the country's past. Those who struggled to understand Haiti's suufreing often referred to it as the poorest country in the western hemisphere, but could not explain how it came to be so.
Certainly, most commentators did not echo televangelist Pat Robertson's declaration that Haiti's plight stemmed from having made a pact with the devil in 1791 (the beginning of a slave revolt that would ultimately lead to Haitian independence). But other comments (for example, that Haiti is poor because its leaders have always been corrupt) were almost as simplistic.

Lire la suite de l'introduction sur le site des Editions Routledge

Les historiens de garde   En ligne

Article de Camille Pollet, "Deutsch, Ferrand, Buisson, Zemmour, Bern : la télé préfère les « historiens » réacs", sur Rue89, publié le 25 mars 2013 à propos de l'ouvrage de William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Nicolas Offenstadt, Les Historiens de garde. De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, Paris, éditions inculte, 2013.

"Formé à Sciences Po et à l’Ehess, institutions dont il tend aujourd’hui à se démarquer, Franck Ferrand présente des émissions d’histoire sur Europe 1 et sur France 3. En bien des aspects, il rejoint L. Deutsch et Jean Sévillia du Figaro sur la dénonciation de la Révolution française. Dans un documentaire diffusé quatre fois en moins d’un an sur France 3, « Robespierre, bourreau de la Vendée », F. Ferrand, images de « charniers » et musique lugubre à l’appui, insiste sur les massacres de la Terreur (1793-1794) et donne largement la parole aux controversés Reynald Secher et Stéphane Courtois, qui emploient le terme de « génocide » pour qualifier la répression de Vendée. Les auteurs du livre « Les historiens de garde » affirment que l’historien Jean-Clément Martin, lui aussi intervenant dans l’émission, a été coupé au montage sur ce débat. Tout comme de nombreux chercheurs, ils dénoncent une manipulation télévisuelle, et rappellent que, pour le cas vendéen, le terme de « génocide » est inadapté. Bon nombre d’historiens spécialisés dans la Révolution française (l’IHRF notamment), sans minimiser les violences et les massacres, considèrent au contraire que cette période, plus bénéfique que regrettable, fut porteuse d’émancipation et de progrès. L’idée d’une filiation entre la Terreur révolutionnaire et les totalitarismes du XXe siècle a bien été propagée par François Furet (et Thierry Ardisson) dans les années 1980, et même reprise récemment par L. Deutsch. Pour une majorité d’historiens cependant, cette prétendue filiation relève aujourd’hui d’une historiographie désuète, d’amalgames douteux, et traduit une pensée réactionnaire."

Lire l'article sur Rue 89

La Révolution française : actualité d'une référence   Actuel

Chronique de l'Association pour une constituante diffusée par Radio Aligre dans l'émission Voix contre oreille. Florence Gauthier intervient sur la Révolution française.

Pourquoi tant de haine envers la Révolution française ?
En 1945, la Révolution française était une référence positive dans l’histoire du monde.
Après les horreurs commises par nazisme et fascisme, l’idée que l’humanité avait des droits et que les pouvoirs publics devaient les défendre était redevenue une référence majeure. Cette idée renouait avec l’histoire de la Révolution française depuis qu’elle avait été brutalement interrompue, le 9 thermidor.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen était l’expression même de la Révolution, son Manifeste. Loin d’être réservée au savoir savant, l’idée des droits humains est ancienne, elle date du Moyen-âge et apparut lorsque les paysans se révoltèrent contre le servage. Ce mouvement affirma sa volonté que le pouvoir politique accepte de reconnaître le droit de résistance à l’oppression. Au XVIIIe siècle, la Révolution française se réclama de cette idée.

Ecouter la suite sur Radio Aligre

Aux sources de la démocratie anglaise   Annonces

Aux sources de la démocratie anglaise

Introduction de l'ouvrage de Myriam-Isabelle Ducrocq, Aux sources de la démocratie anglaise. De Thomas Hobbes à John Locke, Villeneuve d'Asq, Presses Universitaires du Septentrion, 2012.

Le libéralisme moderne ne peut se concevoir sans État. Qu’est-ce qui le fonde et le légitime ? Comment se définit la liberté au sein de cet État ? Le pouvoir a-t-il une essence en dehors d’un régime politique donné ? Ce sont les questions que nous posent les penseurs anglais du siècle des révolutions. À une période de l’histoire où la légitimité du souverain à régner en monarque absolu est remise en question, de la façon la plus sévère qui soit, ils théorisent les fondements et les modalités de son institution. Quatre d’entre eux m’apparaissent comme emblématiques de ce moment intellectuel. Deux sont très connus du public français : Thomas Hobbes (1588-1679) et John Locke (1632-1704) sont parmi les plus éminentes figures de la pensée politique moderne. Les deux autres le sont beaucoup moins ; ils ont néanmoins pris une part considérable au débat : James Harrington (1611-1677), qui rêvait de transposer le modèle de la République vénitienne à l’Angleterre , et Algernon Sidney (1623-1683), le « martyr whig ». Ces derniers ont été sources d’inspiration pour les Pères fondateurs américains, mais aussi pour les révolutionnaires français, dans une proportion tout à fait comparable à celle de Locke. La pensée républicaine anglaise du XVIIe siècle a connu un renouveau jamais démenti depuis les travaux de Zera Fink dans les années 1940, de Christopher Hill dans les années 1960 et de John Pocock dans les années 1970. Ces deux pionniers ont ouvert un champ largement inexploré, si l’on met à part ceux de S.B. Liljegren dans la première moitié du XXe siècle. Dans leur sillage, les historiens des idées n’ont cessé d’étudier cette tradition alternative et multiforme que l’on peine à désigner par un adjectif adéquat, ce « langage » empreint d’humanisme civique, éclos en Angleterre à la faveur des bouleversements politiques du XVIIe siècle et qu’on a dit éteint au siècle suivant une fois la monarchie rétablie et rénovée.

Lire la suite en .pdf

Une lettre inédite de Thomas Paine à Dominique-Joseph Garat (7 nivôse an IX - 27 décembre 1800)   Sources

Thomas Paine est mort en 1809 à New Rochelle (New York). C'est dans cette ville qu'est conservée la collection d'imprimés et de manuscrits de la Thomas Paine National Historical Association (THPNA) au sein de la Ryan Library de Iona College. C'est également à Iona College que s'est tenue la première conférence internationale des Thomas Paine Studies en octobre 2012.
Le fonds Paine est sous la responsabilité de Gary Berton, lui-même enseignant pour les Thomas Paine Studies à Iona College. La Thomas Paine National Historical Association et Gary Berton nous permettent gracieusement de mettre en ligne cette lettre inédite qui est exposée à la Ryan Library, sous la responsabilité de Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre et avec le soutien du CHISCO.

Lire la suite

Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations   Etudes

la felicita è un idea nuova in Europa, Vetter et Marin

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Nous publions l'introduction de Cesare Vetter, "Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations historiographiques", à La felicità è un’idea nuova in Europa. Contributo al lessico della Rivoluzione francese, tome II, sous la direction de Cesare Vetter et Marco Marin, EUT, Trieste, 2013, 731 pages. La version électronique de l'intégralité de l'ouvrage est libre d'accès sur l’archive numérique OpenstarTS de l’Université de Trieste. Le volume est également disponible en version papier. ISBN 978-88-8303-470-1.

1. Structure du volume : sources, méthodologies, propos

Ce deuxième tome de La felicità è un’idea nuova in Europa suit un fil conducteur bien précis : il permet au lecteur de vérifier à travers des évidences lexicologiques et lexicométriques les plus récents et importants débats qui tournent autour les questions inhérentes à la Révolution française. Les évidences que l’on va proposer ici résultent de la consultation de deux différents corpora informatiques : l’un est le corpus informatique des textes de la Révolution française que nous avons constitué pendant ces dernières années et que nous continuons à implémenter – avec la contribution décisive de Marco Marin - auprès du Département d’Histoire (présentement Département d’études humanistiques) de l’Université de Trieste ; l’autre est le corpus des catéchismes révolutionnaires que Marco Marin a constitué individuellement dans le cadre da sa thèse de doctorat au SUM (Istituto Italiano di Scienze Umane). Le corpus de la Révolution française dont je dispose (pour l’instant on ne peut pas être mis en ligne à cause des contraintes normatives en termes de droits éditoriaux) embrasse la bibliographie suivante : Œuvres politiques de Marat (10 vol., Bruxelles, 1989-1993) et autres écrits de Marat qui précédent la Révolution ;Œuvres de Robespierre (11 vol., Paris, 2000 - 2007) ; Œuvres complètes de Saint-Just (Paris, 1984) ; le journal de Hébert (Le Père Duchesne, 10 vol., Paris, 1969) ; Du Bonheur de Lequinio (20 brumaire an second). Le corpus informatique constitué par Marco Marin se compose de 111 catéchismes, desquels 104 sont imprimés et 7 sont restés manuscrits. La majorité de ces catéchismes ont fait l’objet d’une transcription manuelle, c'est-à-dire que nous n'avons pas utilisé de logiciels de reconnaissance de texte. De plus, Marco Marin et Elisabetta Gon ont transcrit, digitalisé et analysé lexicométriquement la lettre inédite de Robespierre de 1792 récemment mise en lumière (1).

Lire la suite

Les manuscrits de Robespierre aux Archives Nationales   Sources

En 2011, les manuscrits de Robespierre, que détenaient les descendants de son ami Le Bas, sont entrés dans les collections publiques, grâce en particulier à la Société des études robespierriste fondée par Albert Mathiez et à la forte mobilisation des donateurs. Ces brouillons de Robespierre sont accessibles sur le site des Archives nationales. Ils sont regroupés dans 12 dossiers qui couvrent une période qui s'étend de 1791, avec un manuscrit sur les finances de la France, aux fragments du dernier discours de Robespierre le 8 thermidor an II.

Lire les manuscrits de Robespierre

Robespierre, une politique de la philosophie   Annonces

Robespierre. Une Politique de la philosophie. La fabrique

L'ouvrage de Georges Labica, Robespierre. Une Politique de la philosophie, publié en 1990 est réédité par La fabrique. Nous en publions l'introduction.

Introduction : une pensée de l’inédit

Pourquoi ajouter un nouveau Robespierre à une bibliographie qui compte déjà quelques sommes décisives et qui n’a cessé de s’étendre, malgré les réserves récemment encore manifestées, lors de la commémoration du bicentenaire de la Révolution de 1789, à l’endroit de l’Incorruptible ? Tout simplement parce qu’il m’a semblé que la pensée politique de Maximilien Robespierre méritait, en tant que telle, d’être prise au sérieux. Ce livre est donc d’un philosophe à l’écoute de l’un des siens.
Dont il convient d’emblée d’en souligner l’originalité.
Le caractère proprement novateur de la pensée de Robespierre, s’il n’a rien, pour l’époque, d’exceptionnel, puisque le partagent nombre de ses contemporains (Saint-Just, Marat, Grégoire, Couthon, de Gouges, Billaud, Roux, Babeuf, etc.), n’en prend pas moins une valeur emblématique. Il s’agit de penser la révolution au moment même où elle se produit, au moment où, tantôt à tâtons, tantôt avec fulgurance, elle entreprend de maîtriser intellectuellement ses actes, en inventant de toutes pièces sa terminologie. Cela n’a pas de précédent. Il est difficile, et beaucoup plus qu’on ne le croit, de cerner le concept de révolution, même pour nous qui bénéficions du corpus marxiste et d’un siècle et demi d’expériences historiques et théoriques. À plus forte raison pour Robespierre, qui est le produit de la Révolution, littéralement fait par elle, emporté par son mouvement, et s’acharnant, avec une opiniâtreté, cette fois, sans analogue, à la saisir, collant à ses processus, ne l’ayant ni vue venir, ni anticipée, mais la suivant, s’en laissant inspirer au jour le jour et tentant en vain, on le sait, d’en assurer le contrôle.

Lire la suite

Les Anti-Lumières contre la République   Annonces

Humanisme n°297 Dossier Anti_Lumières

Ce texte de Jérémy Mercier présente le dossier de la revue Humanisme, n°297 (octobre 2012), consacré aux Anti-Lumières :

Dès le XVIIIe siècle, au nom du catholicisme, de la monarchie et de la contre-révolution, une guerre fut menée contre les valeurs des Lumières « franco-kantiennes » ayant préparé idéologiquement la Révolution française. Aujourd’hui, au moment même où les concepts de raison, de citoyenneté, de souveraineté populaire, de laïcité et de Nation volent en éclats sur l’autel de la mondialisation et du néolibéralisme, sans parler des dérives fondamentalistes religieuses, cette même guerre continue. Pire, elle s’amplifie tandis que l’espace public tend à se réduire à une sphère de spectacle et d’obscénité, attaquant méthodiquement les constructions politiques et philosophiques de l’Aufklärung. Tandis que les Lumières « franco-kantiennes », dont nous parle Zeev Sternhell, promouvaient la sortie de l’homme de son état de minorité et le combat contre l’ordre existant, ainsi que l’esprit critique, l’instruction publique, l’égalité des droits et l’égalité entre hommes et femmes, la tolérance, la démocratie et l’universalité humaine, le courant des anti-Lumières se développait, refusant tout à la fois ces valeurs et l’émancipation de l’humanité, la critique de l’esclavage, du colonialisme ; or, la République signifiait depuis Rousseau et Robespierre à la fois la démocratie et la justice sociale. Burke et Herder, Joseph de Maistre, de Bonald, Taine furent notamment, en Europe, les tenants d’un tel courant anti-humaniste et anti-jacobin, en menant une guerre acharnée contre les fondements et le legs des Lumières au nom de la toute puissance de l’Église, de la monarchie qui se fondent sur l’inégalité des droits.

Lire la suite

"Robespierre bourreau de la Vendée" : protestation du Parti de Gauche   Actuel

Dépêche AFP : "Selon un communiqué du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon a adressé aujourd’hui une lettre au président de France Télévisions Rémy Pflimlin pour protester contre le contenu d’un magazine diffusé sur France 3 intitulé Robespierre, bourreau de la Vendée ? et selon lui « truffé d’erreurs et dangereusement orienté ». Une copie de la lettre a été adressée à Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), et demande aussi que les historiens puissent bénéficier d’un droit de réponse.
« Pour la troisième fois en moins d’un an, France 3, chaîne de télévision du service public, a diffusé la semaine dernière, une émission nommée “Robespierre : bourreau de la Vendée ?”, épisode du magazine historique “L’ombre d’un doute” », écrit M. Mélenchon, coprésident du PG, dans une lettre cosignée par son secrétaire national Alexis Corbière. « Le contenu de cet épisode est un offensant et grossier plaidoyer à charge contre la Révolution de 1789, truffé d’erreurs et dangereusement orienté vers une banalisation de l’idée de génocide », expliquent-ils. « Nous nous adressons à vous pour protester avec la plus grande fermeté contre le fond et la forme de cet épisode. Avec la majorité des historiens et universitaires, nous le jugeons scandaleux et absurde. Votre attitude est également condamnable lorsque vous conduisez le service public à rediffuser étrangement cette émission malgré sa grande médiocrité. »"

Lire la suite sur Libération ; Lire sur Révolution Française.net une critique de cette émission

Thermidor Terminus : la mort de Robespierre   Actuel

Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre André Benedetto Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine

Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre, pièce d'André Benedetto créée au Théâtre des Carmes à Avignon en 1988, est reprise au Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine, avec François Bourcier et Roland Timsit, vendredi 15 février (21h) et Samedi 16 février 2013 (19h).
Présentation : "Robespierre est incontestablement l’homme qui a joué le rôle le plus important lors de la Révolution et c’est à lui que l’on doit notre devise « Liberté Égalité Fraternité ». Mais son œuvre est contestée, décriée, nombreux le dépeignent comme un tyran organisateur de la « Terreur ». André Benedetto, en dramaturge engagé, a tenu à briser les fausses idées et mensonges qui pèsent sur le révolutionnaire en écrivant Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre. Une œuvre tout à la fois poétique et historique. Deux personnages occupent la scène, Duplay, ami proche de Robespierre, et Philippe Buonarotti, auteur du Manifeste des égaux. François Bourcier et Roland Timsit, tous deux comédiens et metteurs en scène, incarnent ces deux personnages et explorent ainsi un épisode peu connu de notre passé, qui interroge notre présent, notre système politique, nos espoirs."

Voir le site du Théâtre Jean Vilar

La Révolution française et ses catégories historiographiques   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, 630 pages.

L'historien Jean-Clément Martin, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française, nous propose présentement un ouvrage tout à la fois passionnant, érudit et problématisé. Il s'agit principalement de faire un récit politique des événements, sans en revenir à l'histoire positiviste d'autrefois, ou de tomber sous la dépendance d'une histoire de la pensée politique d'aujourd'hui dont il importe cependant d'évaluer les acquis récents. Tout l'enjeu porte sur la portée opératoire ou non des catégories historiographiques déployées, depuis Jules Michelet jusqu'à Michel Vovelle, dans les Histoires de la Révolution française au regard des modalités politiques de l'entrée en lutte des révolutionnaires. Jean-Clément Martin fait alors preuve du souci constant de ne pas faire correspondre de manière univoque telle catégorie généralisante avec tel référent dans la réalité. Il considère donc le processus d'invention de la politique en révolution au titre d'une dynamique révolutionnaire de mieux en mieux connue depuis les travaux nombreux et divers de ces trente dernières années, comme en témoigne l'imposante bibliographie en fin de volume (pages 585-623). Il s'agit bien de mettre en avant le processus d'invention politique lui-même en déployant progressivement les multiples formes attestées de l'expérimentation révolutionnaire.

Lire la suite

Bataille parlementaire droite-FN sur le front vendéen   Actuel

Révélée jeudi 17 janvier par Slate, la cosignature par Marion Maréchal-Le Pen d'une proposition de loi sur la «reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794» déposée par le député Droite populaire Lionnel Luca et signée par plusieurs députés UMP et divers droite suscite des remous.
Samedi 19, un des signataires UMP, le député du Var Philippe Vitel, a annoncé à Slate sur Twitter qu'il allait retirer sa signature.
Vendredi, un autre signataire, le député UMP des Bouches-du-Rhône Dominique Tian, avait effectivement affirmé la même chose à Médiapart:
«Ce n'est pas très délicat de la part de Lionnel Luca de ne pas nous avoir dit qu'il allait lui proposer. Si j'avais su, je n'aurais pas signé.»
«On doit être très clairs avec le FN, il n'y a pas de passerelle, pas d'alliance, pas de connivence, ce ne sont pas nos amis», a-t-il également expliqué au site Marsactu. Contacté par Slate vendredi, l'apparenté UMP Alain Leboeuf, élu de la circonscription de La Roche-sur-Yon (Vendée), qui affirme avoir signé cette proposition le 20 novembre, maintient lui sa position: «Je suis Vendéen et je me suis prononcé très clairement par rapport à ce sujet vendéen. Les historiens s'accordent à affirmer qu'il y a eu un certain nombre de massacres. Je suis cosignataire par conviction et pas par rapport à untel ou untel, ce n'est pas mon sujet.»

Lire la suite sur Slate ; autour de la problématique du "génocide" vendéen : Lire sur Révolution Française.net

La Révolution française et le monde 2012-2013   Annonces

Séminaire animé par Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre, jeudi 13h30-15h30, salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

Une source, un ouvrage

Cette année, le séminaire sera centré sur le rapport entre sources et historiographie de la Révolution française. Comment s’opère le passage de l’archive, de la source à la problématique historique ? Par quels cheminements les historiens conçoivent leurs objets et leurs sujets ?
Les chercheurs que nous accueillerons nous présenteront tout d’abord des sources de natures diverses (archives manuscrites, imprimées, images, etc.) puis l’ouvrage qui a été le fruit de leur travail dans l’archive.
Chaque séance comprendra donc deux parties : la première dans laquelle les intervenants commenteront avec vous une source particulière, la seconde dans laquelle ils vous présenteront leurs ouvrages respectifs en les insérant dans les champs actuels de l’historiographie de la période révolutionnaire.

Lire la suite

Tocqueville, la Chine et la Révolution française   Actuel

Sur GlobalVoices le 28 décembre 2012 : "Grâce aux hauts fonctionnaires chinois,L'Ancien Régime et la Révolution de l'historien français Alexis de Tocqueville, un ouvrage classique du 19ème siècle sur la Révolution française, est devenu un bestseller en Chine. Selon Business Week, Wang Oishan, Vice-Premier Ministre du Parti Communiste Chinois, ayant fortement recommandé ce livre il est maintenant épuisé dans bon nombre de librairies de Pékin. Chong Ming, professeur d'histoire spécialiste d'Alexis de Tocqueville, en donne une explication : "De nombreux fonctionnaires le lisent pour faire comme leurs chefs. En Chine, les cadres ont beaucoup d'influence sur la culture politique." Pourquoi les hauts fonctionnaires chinois conseillent-ils ce classique sur la révolution ? Les universitaires ont lancé un débat animé sur les médias sociaux et la blogosphère."

Lire la suite sur GlobalVoices, version en anglais

Deneuve et Parisot inventent le « point 1789 »   Actuel

Sur Rue89 le 21 décembre 2012 : "Le point Godwin désigne le moment où, selon une règle maintes fois vérifiée, une discussion sur Internet finit toujours par invoquer la Seconde Guerre mondiale. En France, on vient d’inventer un nouveau point Godwin : la référence à 1789, la Révolution française et ses coupeurs de têtes. Honneur à Catherine Deneuve, on pourrait l’appeler le « point Deneuve ».
Dans Libération (article payant) ce vendredi, l’actrice répond vigoureusement à « Monsieur Torreton » et à son pamphlet anti-Depardieu dans le même journal. Au détour d’une phrase, elle s’exclame : « Qu’auriez-vous fait en 1789, mon corps en tremble encore ! » Une phrase qui prend toute sa saveur quand on sait que Gérard Depardieu incarna Danton-le-guillotiné dans le film éponyme de Wajda...
Il faut plus d’une citation pour faire un « point », et, sans doute inspirée et dopée par sa lecture matinale de Libé, Laurence Parisot, la patronne du Medef, a lancé à son tour sur France info : « On est en train de recréer un climat de guerre civile, qui s’apparente à 1789. »"

Lire la suite sur Rue89

La république de Genève et la France au XVIIIe siècle   Etudes

Par Fabrice Brandli, Université de Genève

Brandli Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle

Fabrice Brandli vient de faire paraître une version abrégée de sa thèse de doctorat consacrée aux relations diplomatiques entre la France et Genève au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française : Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle. Cultures politiques et diplomatie, Rennes, PUR, 2012. Cette thèse s’intéresse particulièrement aux formes de la culture politique diplomatique entre deux États, l’un puissant, l’autre faible dans le système politique de l’Ancien Régime. Fabrice Brandli met l’accent sur la signification politique et culturelle des formes prises par le cérémonial diplomatique et ses relations avec le droit des gens et le droit public de l’Europe. Nous publions ici un extrait du chapitre VI intitulé "Le don en diplomatie, gage d’amitié ou signe de domination ?" dans lequel l’auteur analyse en particulier l’évolution des formes des relations entre Genève et la République thermidorienne et directoriale à travers l’épisode des échanges de drapeaux entre les deux républiques alors que l’idéal de fraternité universelle, porté notamment par Robespierre en l’an II, se modifie en profondeur avec l’affirmation de la Grande Nation à partir de l’an III.

L’échange des drapeaux ou les limites de la fraternité républicaine

La culture politique des agents de la diplomatie franco-genevoise durant l’Ancien Régime contribue à équilibrer la conception égalitaire de la souveraineté comme catégorie juridique du droit des gens et les normes de l’usage qui distinguent entre la puissance de l’État monarchique français et la faiblesse de la République de Genève. Les Révolutions française et genevoise, après 1792, modifient-elles en profondeur les paradigmes et les pratiques de la diplomatie en matière de représentation ? La relative similitude des principes politiques adoptés par les deux États conduit-elle à renouveler les significations du don diplomatique dans le cadre plus général du cérémonial ? En réalité, après les déclarations de fraternité les plus débridées surgissent les entraves à la réciprocité où se mêlent de part et d’autre des aspirations contradictoires.

Lire la suite

Cultures des républicanismes : appel à communication   Annonces

Colloque Cultures des républicanismes : Pratiques – Représentations – Concepts, de la Révolution anglaise à aujourd'hui
Rouen, 22 et 23 novembre 2013

Appel à communication

Les orientations de ce colloque, consacré aux cultures des républicanismes, ont été ébauchées grâce aux travaux d'un atelier sur Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu à l'automne 2010 dans le cadre du Congrès Marx International VI. Autour de la république définie par Reinhart Koselleck comme concept d'attente, l'un des objectifs était de confronter des recherches portant sur des objets ou des problématiques proches mais ordinairement séparées par les cloisonnements disciplinaires, spatiaux ou temporels. Il s'agissait également de rassembler des chercheurs travaillant sur les traditions jusnaturalistes, républicaines et socialistes qui sont dissociées par l'approche standard : soit parce qu'elle oppose la liberté des « Anciens » et celle des « Modernes », la vertu et le droit ; soit parce qu'elle associe les principes du droit naturel aux justifications philosophiques et juridiques du capitalisme désigné comme le libéralisme ; soit enfin, parce que jugée galvaudée et obsolète, l'idée de république semble avoir épuisé ses potentialités politiques face au déploiement du capitalisme.

Lire la suite

220e anniversaire de la République   Annonces

colloque 220e anniversaire de la république

Actes du colloque 220e anniversaire de la République, organisé par le Grand Orient de France, qui s'est tenu le 22 septembre 2012.

Sommaire :
- "Pourquoi nous sommes (encore) républicains" par Philippe Foussier, Conseiller de l'Ordre du Grand Orient de France
- "Avant la République, les Lumières" par Roland Desné, professeur émérite à l'Université de Reims - CNRS
- "Comment les francs-maçons devinrent républicains ?" par Eric Saunier, historien, Université du Havre
- "Le 21 septembre 1792: de l'an IV de la Liberté à l'an I de la République" par Elisabeth Liris, Institut d'Histoire de la Révolution française - ANR IRICE
- "République montagnarde, démocratie sociale et droits de l'Homme" par Florence Gauthier, historienne, Université de Paris VII
- "La République, de la nation à l'universel" par Samuel Tomei, docteur en histoire, membre du comité de rédaction de la revue Humanisme
- "Liberté, égalité, fraternité... laïcité ?" par Catherine Kintzler, philosophe, professeur émérite Université Lille III
- "Redonner sens à la fraternité" par Jérémy Mercier, membre du comité de rédaction de la revue Humanisme
- "De la Révolution française à nos jours, une Constituante face aux crises" par André Bellon, président de l'Association pour une Constituante

- "Conclusion" par José Gulino Grand Maître du Grand Orient de France, à lire en .pdf

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2012-2013   Séminaire

Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich.
Le séminaire de cette année, animé par Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier est organisé autour de trois séances de trois heures avec deux intervenants. La première sera consacrée à l'émeute et mettra en particulier l'accent sur la relation des historiens de la Révolution française au présent. La deuxième aura pour objectif de croiser la Révolution française et les problématiques d'autres sciences sociales, en l'occurrence les sciences économiques, autour de la dette. Enfin la dernière séance proposera deux synthèses thématiques sur les enjeux épistémologiques des travaux de ce séminaire.

Lire la suite

L’œuvre de Marc Bloch dévoyée   Actuel

Par Suzette Bloch Journaliste, petite-fille de Marc Bloch

A la lecture du Figaro Histoire numéro 4, mes cheveux se sont dressés sur la tête. Marc Bloch, le grand historien qui a payé de sa vie son engagement dans la résistance contre les nazis, y est mis sur le même plan que le maurassien pro-mussolinien et antisémite Jacques Bainville, membre de l’Action française, journal de l’ultradroite monarchiste. Ce n’est pas la première fois que l’œuvre à portée universelle et la vie irréprochable de Marc Bloch sont récupérées pour tenter de rendre vertueuse une idéologie douteuse qui prône le retour à la préférence nationale. Nicolas Sarkozy, épaulé de ses conseillers, le souverainiste Henri Guaino et l’extrême droitiste Patrick Buisson, était un habitué du genre. En décembre 2009, avec l’historien Nicolas Offenstadt, j’avais tapé du poing sur la table, dans une tribune au Monde intitulée «M. Sarkozy, laissez Marc Bloch tranquille».

Lire la suite

Humanité de l’insurrection : Paris (germinal – prairial, an III), Londres (août 2011)   Actuel

Par Déborah Cohen, Telemme-Université d'Aix-Marseille 1

Il y a bien sûr l’émeute, le moment de l’action, de la violence collective, des images fortes que retiennent les médias et l’histoire, la Convention envahie, la tête au bout d’une pique du représentant Féraud, les vitrines brisées, les marchandises emportées, tenues à pleins bras par des gamins ensanglantés. À rester le regard rivé à ces clichés, on risque de ne pas comprendre, de se figer dans la sidération de ce qui paraît survenir en toute absurdité. Il faudrait sans doute regarder de plus près le déroulement exact de l’émeute, être certains des conditions exactes de survenue de la violence, être certains de l’ampleur prétendue des pillages (un jeune homme de 23 ans a ainsi été condamné à six mois de prison pour participation à une émeute dans laquelle il ne s’est saisi que d’une bouteille d’eau minérale, un jeune garçon de 11 ans a été condamné pour le vol d’une petite poubelle). Contre les visions issues d’une anthropologie pessimiste, réduisant l’homme à des passions mauvaises et l’émeutier à la violence d’une bête, il s’agira ici de contribuer au travail de requalification par le sens auquel se livre bien des sociologues, historiens et quelques journalistes. Il s’agira de rendre à l’insurrection sa part d’humanité.

Lire la suite sur D-Fiction

Thomas Paine et le revenu de base   Entretiens

Sur Monnaie libre, "le podcast qui décrypte les codes des systèmes monétaires". Présentation : "Dans cet épisode Monnaie Libre reçoit l’historien Yannick Bosc spécialiste de la Révolution Française qui vient nous parler de Thomas Paine, né en 1737 mort en 1809, journaliste, politique, né Anglais, révolutionnaire Américain et Français. Thomas Paine devient célèbre en Amérique par la publication de « common sense » (sens commun) puis en France aussi par son « rights of man » (Droits de l’Homme). Enfin, dès 1795 il pense le revenu de base, démonstrations calculatoires à l’appui, dans un de ses ouvrages majeurs « Agrarian Justice » (Justice Agraire) qui se situe en droite ligne de la clause Lockéenne dans la recherche d’une définition d’un droit de propriété compatible avec les libertés individuelles et pour Paine lié inconditionnellement à la citoyenneté et à l’expression politique."

Ecouter sur Monnaie libre

Mably, moraliste et politique   En ligne

Sur le site catalan La Carmagnole, lien vers l'ouvrage de Vladimir Ivanovich Guerrier, L'abbé de Mably, moraliste et politique. Étude sur la doctrine morale du jacobinisme puritain et sur le développement de l'esprit républicain au XVIIIe siècle, Moscou, Paris, F. Vieweg, 1886. Extrait :

Parmi les écrivains illustres du XVIIIe siècle, il n'y en a qu'un seul que notre époque ait presque totalement et bien injustement oublié : c'est l'abbé de Mably, dont l'année dernière nous rappelle le souvenir par la date commémorative de sa mort. L'histoire nous offre peu d'exemples d'un contraste aussi frappant dans la destinée d'un écrivain : une indifférence presque dédaigneuse a rapidement suivi la réputation et la gloire exagérées dont il a joui de son temps. Voici en quels termes l'abbé Brizard en faisait l'éloge, trois ans après la mort de son ami, devant l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres: "Pendant quinze siècles une nuit épaisse étendit son voile sur la nature entière ; toutes les lumières furent éteintes; on corrompit les sources de la morale ; on honora du nom de politique l'art d'asservir et de tromper les hommes ; on réduisit en maximes cet art funeste et des écrivains pervers enseignèrent aux ambitieux à être injustes par principe et perfides par méthode ; la vertu ne fut plus qu'un vain nom et les mœurs, tombées dans l'oubli, parurent un sujet de mépris et de ridicule."

Lire la suite sur La Carmagnole

La Révolution française d'Albert Mathiez   Annonces

Albert Mathiez La Révolution française

Albert Mathiez, La Révolution française, Paris, Bartillat, 2012, 658 p. Introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier.
Cette réédition rassemble en un seul volume les trois parties de l'ouvrage publiées entre 1922 et 1927 : La Chute de la royauté ; La Gironde et la Montagne ; La Terreur. Pour la première fois,
La Révolution française est accompagnée d'un index, d'une chronologie et d'un appareil critique rappelant l'oeuvre et la vie d'Albert Mathiez. Nous en proposons le premier chapitre consacré à "La crise de l'Ancien Régime".

Les révolutions, les véritables, celles qui ne se bornent pas à chan­ger les formes politiques et le personnel gouvernemental, mais qui transforment les institutions et déplacent la propriété, cheminent longtemps invisibles avant d’éclater au grand jour sous l’effet de quelques circonstances fortuites. La Révolution française, qui surprit, par sa soudaineté irrésistible, ceux qui en furent les auteurs et les bénéficiaires comme ceux qui en furent les victimes, s’est préparée lentement pendant un siècle et plus. Elle sortit du divorce, chaque jour plus profond, entre les réalités et les lois, entre les ins­titutions et les mœurs, entre la lettre et l’esprit.
Les producteurs, sur qui reposait la vie de la société, accroissaient chaque jour leur puissance, mais le travail restait une tare aux termes du code. On était noble dans la mesure où on était inutile. La naissance et l’oisiveté conféraient des privilèges qui devenaient de plus en plus insupportables à ceux qui créaient et détenaient les richesses. En théorie le monarque, représentant de Dieu sur la terre, était absolu. Sa volonté était la loi. Lex Rex. En fait il ne pouvait plus se faire obéir même de ses fonctionnaires immédiats. Il agissait si mollement qu’il semblait douter lui-même de ses droits. Au-dessus de lui planait un pouvoir nouveau et anonyme, l’opinion, qui minait l’ordre établi dans le respect des hommes.

Lire la suite

La Carmagnole   Brèves

Il fut un temps où l'un des représentants emblématiques de l'émigration économique chantait la Carmagnole. C'était en 1967, dans Valmy, un documentaire en trois parties d'Abel Gance et Jean Chérasse consacré à la naissance de la République.

Voir sur YouTube

La Révolution française : un événement de la raison sensible (1787-1799)   Annonces

La Révolution française : un événement de la raison sensible

Avant propos, chapitre 3 et table des matières de l'ouvrage de Sophie Wahnich, La Révolution française. Un événement de la raison sensible, 1787-1799, Hachette Supérieur, 2012.

L’histoire de la Révolution française depuis le bicentenaire semblait vouée à la commémoration et à son calendrier. La revisiter permettait de se remémorer origines, fondements, et errements des démocraties naissantes. Mais, selon les termes de Claude Levi-Strauss, elle pouvait apparaître comme relevant d’une fonction mythique. Elle était une histoire révolue ou froide, désactivée.
Or les fortes turbulences financières et sociales qui, depuis au moins 2008, déstabilisent les mondes occidentaux endettés donnent à la question révolutionnaire une nouvelle actualité. Elle peut redevenir cette histoire chaude dont nous aurions besoin pour retrouver une compétence imaginative. Un manuel d’histoire de la Révolution française ne doit plus seulement conduire à déambuler dans le foisonnement des vestiges patrimoniaux, mais bien à comprendre comment nos grands ancêtres peuvent nous aider à faire face aux incertitudes du présent avec plus de lucidité, de pertinence réflexive et de courage, en un mot de civisme. La recherche la plus actuelle a remis à l’honneur la dimension sensible des phénomènes politiques : émotions publiques, rituels d’apaisement ou de transmission, sacralité de la loi, valeur des mots d’esprit et de toute compétence discursive habitée des nouveaux sentiments ou sensibilités politiques.

Lire la suite

Les néoconservateurs à la française   Annonces

Les néoconservateurs à la française

Nous publions ici un résumé, la table des matières et des extraits de l'ouvrage de Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS, Les néoconservateurs à la française, Chryséis éditions, distribution Amazon/kindle, 133 p.

Résumé : Depuis plus de vingt cinq ans en France, des néoconservateurs s’en prennent à toute radicalité philosophique, à tout esprit de réforme sociale. Dans le secret des cénacles, puis dans des réseaux mieux structurés, au titre d’une démocratie apaisée, ils rejettent toute tentative de modifier l’ordre existant, douloureux pour le plus grand nombre ; ils tirent leur exemple des penseurs qui étaient en leur temps contre-révolutionnaires. Ils veulent mettre un point final à une Révolution française pourvoyeuse de messages politiques. La pensée conservatrice contemporaine se réfère unanimement à Tocqueville, nouveau maître à penser, lui même contempteur de la Révolution de 1848 et partisan de la colonisation de l’Algérie, abuse du concept de totalitarisme pour effrayer. Elle cible des périodes historiques et exprime un rejet quasi militant des événements de mai 68. Elle étouffe un désir de justice : pourtant c’est dans le sillon de cette révolte qui embrasa l’ensemble de la société française que Béate Klarsfeld lance en 1969 sa chasse aux nazis, privilégiant l’action directe, préalable à la réouverture en 1970 des procès de la collaboration française. Ces servants d’un nouveau culte ont pour nom dans la lignée de Raymond Aron : Luc Ferry, Pierre Nora, Marcel Gauchet, Stéphane Courtois…

Lire la suite

Le républicanisme commercial d'Adam Smith   Entretiens

Entretien en espagnol avec David Casassas, à propos de son livre, La ciudad en llamas. La vigencia del republicanismo comercial de Adam Smith, Montesinos, Barcelona, 2010.

Présentation de l'ouvrage : L’œuvre d'Adam Smith ouvre des pistes qui permettent de saisir le caractère fondamentalement propriétariste de la tradition intellectuelle et politique du républicanisme dans laquelle il s'inscrit, une tradition qui relie la réflexion d'Aristote et de Cicéron à celle de Machiavel et, sur son versant « Atlantique », à celle d'Harrington, Milton et à l'école écossaise. Les préoccupations centrales de l'approche smithienne concernent les domaines de la production et des échanges, les questions de l'indépendance fondée sur le travail personnel et la possibilité de constituer des liens sociaux au sein de communautés exemptes de rapports de domination. La ciudad en llamas montre l'actualité du républicanisme commercial d'Adam Smith, un projet de civilisation établi sur le contrôle et le libre accès aux moyens matériels de notre existence. L’œuvre de Smith, comme celle d'autres représentants des Lumières écossaises, rejoint ceux qui, à la fin de l'Ancien Régime et à l'aube de la «grande transformation» qui conduira au capitalisme contemporain, inscrivent dans le républicanisme la tradition radicale du droit naturel, une tradition qui se mobilise contre toute forme de tyrannie ou d'oppression, qu'elle vienne des anciennes formes d'exploitation ou de l'industrialisation naissante. Cette dynamique contribue à la formation d'un univers intellectuel et scientifique (positiviste, normatif et épistémologique) dont le développement aux XIXe et XXe siècles, engendrera les grands projets émancipateurs qui restent valables aujourd'hui. Ce livre vise à montrer la nature et la portée de cette aventure théorique et politique et, plus généralement, à souligner que la «modernité» est un processus tragique d'une grande complexité, traversé par des luttes acharnées qui sont aussi intellectuelles.

Lire l'entretien sur SinPermiso

1792 : Entrer en République   Annonces

ATTENTION : en raison du grand nombre d’inscrits au colloque, la journée du 21 septembre ne se tiendra pas au Centre Panthéon de l’Université Paris I, mais dans les Grands Salons de la Sorbonne, au 47 rue des écoles. Se munir du carton d’invitation à télécharger.

Le programme ANR Actapol (Clermont 2-Lille 3-Rouen), l’Institut d’Histoire de la Révolution française (Paris 1) et la Société des études robespierristes organisent les 20 et 21 septembre prochains, à Paris, un colloque international intitulé « 1792 : Entrer en République ». On trouvera le programme de ce colloque, l'affiche qui l'annonce et le carton d'invitation sur le site de la Société des études robespierristes.

Au terme de cette rencontre scientifique, le 21 septembre, à 17h00, au Panthéon, la Société des études robespierristes sera ensuite à l’initiative d’une cérémonie publique d’hommage pour célébrer le 220ème anniversaire de la République.

Inscrivez-vous pour participer à ces manifestations.

Révolution, Révolutions 89/68   Entretiens

Entretien avec Guillaume Mazeau sur le blog Samarra. Extrait de la présentation :
"Les révolutions animent toutes les passions" disait Jean Jaurès en paraphrasant Georges Danton. En effet. Alors que la Révolution Française peine à sortir de l'ombre depuis 1989, que les héritages de 68 sont régulièrement villipendés dans le discours public comme autant de signes de la dégénérescence de nos sociétés, les récentes révolutions tunisienne et égyptienne ont suscité autant d'enthousiasme que de fascination. Honnie ou vénérée, rejetée pour ses violences, mais souhaitée pour ses capacités à transfromer les ordres anciens, la révolution est un objet d'histoire vivant, complexe et, de ce fait, passionnant."

Lire la suite sur Samarra

Héros et Héroïnes de la Révolution française   Annonces

Nous reproduisons ici l'introduction et la table des matières des actes d'un colloque publié en 2012 par le CTHS sous la direction de Serge Bianchi.

Héros et Héroïnes de la Révolution française

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Cette inscription sur le fronton du Panthéon scelle le lien essentiel que la Révolution française a noué avec les personnages qu’elle a voulu célébrer à l’intérieur de ce monu ment singulier, église devenue temple de la mémoire, en avril 1791, pour l’éternité… Mais s’agit-il de « grands hommes » ou de « héros » ? Ce débat, qui a passionné les intellectuels du siècle des Lumières, prend toute sa dimension à l’énoncé des panthéonisés de la décennie révolutionnaire, éclairant ainsi le processus de la distinction nationale : Mirabeau, le législateur, le 4 avril 1791 ; Voltaire, le philosophe, le 11 juillet 1791 ; Le Peletier, le conven tionnel, martyr de la Liberté, en janvier 1793 ; Bara, l’enfant héroïque, le 28 juillet 1794 ? Les marins du Vengeur ; Jean-Jacques Rousseau, l’autre philosophe ; Marat, martyr de la Liberté, en août 1794… Des philosophes, des hommes politiques, des militaires : les législateurs successifs n’ont donc pas tranché, décrètent l’immortalité (?) dans l’urgence, jusqu’à « dépan théoniser » brutalement Mirabeau, puis Marat. Ainsi, le Panthéon, lieu de mémoire contesté par d’autres familles politiques, tour à tour église et monument laïque mémoriel, ne révèle qu’une partie des enjeux de la « fabrique » des héros et des grands hommes, au temps de la Révolution française, temps fondateur s’il en fut, marqué par tant d’apothéoses et d’honneurs posthumes.

Lire la suite

Figures d'esclaves   Annonces

Eric Saunier Figures d'esclaves

Nous publions ici l'introduction d'Eric Saunier à l'ouvrage qu'il a dirigé : Figures d'esclaves : présences, paroles, représentations, Rouen, PUHR, 2012. 312 p.

Depuis plus de dix ans, dans la continuité des nombreuses manifestations scientifiques qui ont suivi en 1998 la célébration des 150 ans du décret d’abolition du 23 avril 1848, puis de l’impulsion éditoriale provoquée, nolens volens, par le vote de la loi du 21 mai 2001 reconnaissant les traites transatlantique et indienne et l’esclavage comme crimes contre l’humanité, il est donné d’assister à une croissance régulière des travaux scientifiques sur l’histoire de ces traites, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Attentifs à revisiter, notamment, l’étude des fondements économiques du système esclavagiste qu’explora Eric Williams (1) il y a plus d’un demi-siècle et des questions essentielles qui, comme celle de la variété des processus ayant conduit à sortir de l’esclavage, ont été trop longtemps ignorées (2), de plus en plus soucieux également d’explorer le fait esclavagiste dans la perspective comparative qu’impose cette histoire qui concerna trois continents durant plus de trois siècles, tous ces travaux pallient progressivement les lacunes de l’historiographie française dans le domaine de l’histoire de l’esclavage. Celles-ci sont dues aux effets conjugués du long discrédit dont souffrit l’histoire politique dans laquelle s’inscrit cette histoire, du caractère abrasif revêtu par son étude dans le contexte d’une décolonisation récente (3) et de la faible attention portée par la recherche française à l’histoire interculturelle (4).

Lire la suite

Le "Métronome" contre la République   Actuel

Dépêche AFP - 5 juillet 2012

Le "Métronome" de Lorant Deutsch, succès de librairie qui revisite l'histoire de la capitale au gré du métro, est "orienté idéologiquement", a déclaré le groupe PCF-parti de Gauche du Conseil de Paris, qui veut que la Ville de Paris cesse d'en faire la promotion.
Le groupe présentera un voeu en ce sens lors de la séance du Conseil de Paris qui se tiendra lundi, mardi et mercredi prochain.
L'ouvrage a été vendu "à près de 2 millions d'exemplaires" et a bénéficié d'une "forte promotion médiatique", souligne le voeu porté par Alexis Corbière, précisant que le comédien "a même été invité dans des écoles parisiennes où il a proposé des conférences basées sur ses travaux" et le maire PS Bertrand Delanoë l'a décoré de la médaille Vermeille de la Ville.

Lire la suite

Révolution française et événement   Enseignement

Par Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle-Université Paris-Sorbonne

Introduction : La Révolution comme événement, la place de l’événement dans la Révolution

L’événementiel de la Révolution française demeure, au fil du renouvellement des programmes, à la fois incontournable et potentiellement foisonnant. L’enseignement de la Révolution en 4e et Seconde se heurte de ce fait à une difficulté, ou à ce qui est perçu comme une difficulté, particulière, propre à cet objet.
Le récit scolaire de la Révolution a plus que d’autres sans doute été marqué par le besoin de continuité, jugée seule apte à permettre d’entrer dans la logique complexe de l’événement, en assurant les liens de causalités historiques (1) . Il a par ailleurs été en partie déterminé par la forte charge civique de l’événement. Fondation de la France contemporaine, de l’histoire contemporaine, de la République, du régime démocratique, du discours politique moderne, de la citoyenneté démocratique, autant de cadres interprétatifs susceptibles d’alourdir la charge d’un récit devenu un incontournable historique et civique.
Réfléchir à l’organisation pédagogique du récit révolutionnaire, d’autant plus aujourd’hui que sa continuité est mise à mal à la fois par l’évolution de la structure des programmes et par la réduction du temps imparti à cette étude, implique donc de revenir dans un premier temps sur la question de l’interprétation globale de l’événement Révolution française, car c’est en fonction de lui, du sens donné à l’événement, que peut se concevoir un choix raisonné dans le foisonnement des événements de la période révolutionnaire, associée dans les programmes au 1er Empire.
J’entamerai donc mon parcours par quelques réflexions sur le récit révolutionnaire au regard des programmes de l’enseignement secondaire depuis 1985, puis je reviendrai sur la lecture globale de l’événement, et enfin j’aborderai la question de sa déclinaison événementielle interne.

Lire la suite

Peuples en Révolution   Annonces

Ce colloque international organisé par l'UMR Telemme se déroulera à Aix-en-Provence les 12-13 juin 2012 à la MMSH-Université d’Aix-Marseille, salle Georges Duby.

Les révoltes et révolutions populaires au cours de l’année 2011 dans le monde arabe donnent aux travaux conduits dans le groupe de recherches de l’UMR Telemme, « Lumières et Révolution française », une acuité certaine. Ainsi, ce colloque sur la thématique : « Peuples en Révolution » prend un relief singulier.
Car les historiens de la Révolution française ne peuvent guère rester insensibles aux événements contemporains, tant la mobilisation des hommes et des femmes de Tunisie, d’Egypte ou d’ailleurs dans les manifestations de rue et dans l’occupation de l’espace public pour promouvoir leurs revendications sociales et politiques, rappelle les pratiques politiques de la France en 1789 et pendant la décennie révolutionnaire. Les combats contre la tyrannie et un ordre social inégalitaire montrent non seulement la vitalité des principes universels de liberté et d’égalité dans des contextes socio politiques spécifiques, mais encore la vivacité des revendications démocratiques dans le monde actuel.

Lire la suite

La Révolution française vue par Hollywood   Annonces

Mercredi 13 et jeudi 14 juin au Forum des Images.
"Il existe près d’une cinquantaine de films hollywoodiens sur la Révolution, d’une Mort de Marie-Antoinette produite en 1904 à la Marie-Antoinette tournée par Sofia Coppola en 2005. On y retrouve en général une Bastille de carton-pâte, un château de Versailles reconstitué à la manière d’un palais féerique, une rue populaire d'"autrefois" ressemblant à une cour des miracles et, évidemment, la place où trône la guillotine. Les films hollywoodiens sur la Révolution n’ont pas besoin de Paris, car ils se sont naturellement installés dans une légende déjà écrite ou précédemment filmée : le mélodrame à la manière des Deux Orphelines, le film de cape et d’épée à la Scaramouche, le biopic, le grand spectacle à costumes, voire la comédie loufoque (La Folle Histoire du monde de Mel Brooks)."

Voir le programme

Transition/transitions : du politique au littéraire (XVIe siècle - XIXe siècle)   Notions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Maurice Godelier, en introduction de l'ouvrage qu'il a dirigé sur Transitions et subordination au capitalisme (1), précise qu'il faut entendre par « période de transition » une phase particulière de l'évolution d'une société. Plus précisément il considère le « moment de transition » dans l'histoire de l'humanité comme une phase structurelle où s'intriquent des rapports sociaux anciens et des rapports nouveaux sous l'impulsion des changements économiques et sociaux. Les anciens rapports sociaux atteignent alors leurs limites et laissent place aux nouveaux rapports sans pour autant disparaître, du seul fait de leur marginalisation. Une transition vers la modernité ne suppose donc pas nécessairement une rupture, et par là même l'extinction des anciens rapports sociaux : elle ne coïncide pas nécessairement avec un événement violent, principalement une révolution, même si c'est souvent le cas.

Lire la suite sur Transitions

Un républicanisme social au XVIIIe siècle : l’exception française ?   Annonces

Ce colloque, organisé par le Centre de recherche sur l'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne de l'Université Paris 1, se tiendra à la Sorbonne les 1er et 2 juin 2012.

L’école de Cambridge (Pocock et Skinner en particulier), en polarisant les discussions concernant le républicanisme autour des questions de la liberté des individus et des vertus civiques, ont relégué pour le moins celles de la justice sociale, et de l’égalité des conditions au second plan. Par ailleurs, ces auteurs ont presque totalement éludé la notion de souveraineté populaire. Pourtant, les philosophes considérés comme les principaux représentants du républicanisme en France au siècle des Lumières, Rousseau bien sûr mais également l’Abbé de Mably, pour ne parler que des plus connus, ont tous deux insisté sur la nécessaire répartition égalitaire des ressources en régime républicain. Significativement, cette dimension est souvent minorée, voire tout à fait ignorée par les commentateurs contemporains du républicanisme, particulièrement en ce qui concerne Mably.

Lire la suite

L'Arbre de la Liberté   En ligne

Film documentaire de Maxence Denis (2004)

Présentation : De l'Ayiti des Indiens jusqu'à la guerre de libération qui conduisit à l'indépendance d'Haïti, ce documentaire nous parle des différents combats qu'ont menés des hommes sur cette terre afin de l'en délivrer du joug de la servitude. De Caonabo à Toussaint Louverture, par-delà des luttes de races ou de couleurs, ces hommes se sont battus pour la Liberté et l'Égalité universelles...
Intervenants : Jacqueline Scott Lemoine (écrivain, comédienne),Odette Roy Fombrun (historienne),Florence Gauthier (historienne),Ferdinand Abissi (instituteur),Jacques de Cauna (historien),Christianne Taubira (député de la Guyanne),Jean-Louis Donnadieu (historien),Pierre Buteau (historien) Musique : Micheline Laudun Denis, Adjabel, Raoul Denis jr.

Voir le film

Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui   Recensions

par Serge Bianchi, Université de Rennes II

Du mercredi 21 mars au vendredi 23 mars s’est tenu, entre le musée de la Révolution française de Vizille et l’Université Stendhal de Grenoble, un colloque « international et interdisciplinaire » au titre aussi ambitieux que fascinant : "Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui".
Les objectifs des organisateurs, Martial Poirson (1) et Alain Chevalier (2), relèvent d’un pari novateur et assumé qui ne va pas de soi, avant la tenue de cette manifestation. Il s’agit, selon eux, de conduire une « histoire sociale et culturelle de l’imaginaire révolutionnaire contemporain », en analysant dans les « cultures étrangères et aires géographiques les plus diverses », les « réappropriations et détournements » des mythes de la Révolution française par les « cultures populaires » et « leurs relais médiatiques de masse ».

Lire la suite

La place des droits dans le républicanisme de Philip Pettit   En ligne

Par Christopher Hamel, Centre de Théorie Politique-Université Libre de Bruxelles

Le républicanisme, contrairement au libéralisme, n’est pas fondé sur les droits. Parce qu’ils insistent sur l’importance de l’investissement des citoyens dans les affaires collectives et sur la nécessité de les former à la vertu civique pour maintenir les institutions libres, les républicains associent les droits à une sphère individuelle privée protégée des interférences de l’État, et voient en eux plutôt des outils de justification des intérêts égoïstes que des ressources essentielles à la liberté commune. Défendre ses droits individuels apparaît même, aux yeux des républicains, comme une attitude fondamentalement corrompue : les devoirs priment sur les droits.
Mais même lorsqu’ils se détachent de cette représentation pocockienne du conflit entre droit et vertu et reconnaissent le caractère indépassable de l’individualisme et du pluralisme constitutifs de la « modernité libérale », les républicains s’accordent aujourd’hui le plus souvent à attribuer une place secondaire aux droits : parce qu’ils raisonnent en termes conséquentialistes et non déontologiques, ils ne peuvent concevoir les droits que comme des effets de la délibération publique, et sont « sceptiques » quant à l’idée que les droits puissent représenter des contraintes extérieures préexistant à l’ordre social et dont le respect rendrait légitime ce dernier. Ce scepticisme s’enracine dans une conception institutionnelle ou politique de la liberté, où celle-ci n’existe que par la soumission de tous à l’empire des lois et aux institutions protectrices. Les droits attachés à l’individu indépendamment de toute appartenance politique apparaissent au pire comme des entités métaphysiques, au mieux comme de simples aspirations morales dénuées de toute force contraignante, et dont la fonction est tout au plus rhétorique.

Lire la suite sur Implications philosophiques.
Lire la seconde partie du texte.
Voir l'ensemble du dossier de la revue Implications philosophiques consacré au néo-républicanisme.

Révolution française : refonder les problématiques du républicanisme   Etudes

par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Aborder le républicanisme pendant la Révolution française, dans une perspective politique contemporaine qui considère la république comme un horizon d'attente, suppose de mettre en évidence les filtres qui en prédéterminent la lecture et la compréhension. La Révolution française a été l'objet d'usages historiques et politiques, souvent intenses, qui ont sédimenté et subsumé la complexité initiale. Ils résultent du poids de l'histoire de France et de ses mythologies, mais également des rapports complexes qu'ont entretenu le socialisme et la Révolution française, rapports qui en retour ont engendré le récit selon lequel cette période l'histoire constituerait peu ou prou un totalitarisme. Ces filtres, multiples, sont autant d'éléments d'oubli, ou de dévitalisation des principes d'une Première République qui est dès lors en déshérence : en France, on se penche plutôt sur le XIXe siècle qui semble être la ressource principale de l'idée républicaine ; par ailleurs, selon le paradigme de la « révolution bourgeoise », la Première République ne serait plus en phase avec les nécessités de l'histoire et aurait été dépassée par la perspective de la révolution prolétarienne ; enfin, si ce moment républicain est totalitaire, sa place n'est pas dans la modernité, dans notre actualité ou notre futur, mais du côté des monstres politiques, du stalinisme et du nazisme. Je laisserai ici de côté le paradigme de la « révolution bourgeoise » dont Albert Mathiez a déjà souligné qu'il empêche de comprendre ce qu'il a nommé la « révolution sociale » de l'an II (1). Je me consacrerai à l'idéologie de la modernité en faisant un détour par « l'exception républicaine française ».

Lire la suite

2012: un cahier de doléances, suite et fin   Actuel

Avant les présidentielles, voici les dernières doléances en vidéo sur Médiapart : Jardins fanés ; Le saccage de la formation des maîtres ; «La politique en mouvement» ; Fayçal, le poids des origines et du quartier.

Voir l'ensemble des doléances en 36 vidéos

La droite depuis 1789   En ligne

Sur Rue89, entretien avec l’anthropologue Emmanuel Terray, qui vient de publier Penser à droite aux éditions Galilée :

"En étudiant les écrits des grands penseurs de droite depuis la Révolution française, il a dégagé ce qui constitue leur socle commun, quelles que soient les époques, et quels que soient les « courants » et les traditions dans lesquels ils s’inscrivent. Il nous aide à comprendre pourquoi l’immigration et l’islam sont des obsessions des hommes politiques de droite. Et pourquoi on peut être pauvre mais voter pour un candidat qui n’aide pas les pauvres. Au terme de son enquête, il estime que la vision du monde « de droite » est aujourd’hui hégémonique – et que « François Hollande est un bon reflet » de cette domination."

Lire l'entretien sur Rue89

Le patronat, la Terreur et Mélenchon   Actuel

Dépêche AFP, 1er avril 2012- La présidente du Medef, Laurence Parisot, a fustigé le programme économique de Jean-Luc Mélenchon, estimant que le candidat du Front de gauche était plus "l'héritier d'une forme de Terreur" que celui "des plus belles valeurs de la Révolution".

"Le programme de Jean-Luc Mélenchon installerait une modalité de contrôle de l'économie comme on n'en a jamais vue", s'est inquiétée Mme Parisot au Grand-Rendez-vous Europe 1/I>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France.

Lire la suite

La Révolution française et le monde - Séminaire Master Paris Ouest Nanterre 2012   Annonces

Jeudi 13h30-15h30, salle D 301 (bâtiment D, troisième étage) Enseignant : Marc Belissa.

La Révolution française vue d'ailleurs

Après avoir abordé il y a deux ans la problématique des visions de l’Europe et du monde par les Lumières et les révolutionnaires français, nous renversons la perspective en nous intéressant aux visions de la Révolution française par les étrangers.

En effet, dès 1789, la Révolution dite française est vue comme une révolution européenne, voire mondiale dans la mesure où elle a des implications immédiates en Amérique et dans les Antilles. Les contemporains ont bien évidemment des représentations très différentes des mouvements révolutionnaires en cours en France selon leurs alignements politiques, religieux, sociaux ou "nationaux". Ces visions plurielles de la Révolution française se retrouvent dans l’historiographie étrangère de la Révolution. Hier comme aujourd’hui, on ne voit pas cette période de la même manière en Italie, en Angleterre ou aux Antilles. Cette perspective a l’avantage de nous sortir quelque peu d’une vision étroitement "française" de cet événement majeur de l’histoire de France, mais aussi du monde.

Lire la suite

« Robespierre, bourreau de la Vendée ? » : une splendide leçon d’anti-méthode historique   Réplique

Par Marc Belissa (Université Paris Ouest Nanterre-La Défense) et Yannick Bosc (Université de Rouen).

Alors que sévit une crise engendrée par la cupidité et le délitement des valeurs républicaines, la mobilisation de milliers de personnes pour l’achat des manuscrits de Robespierre au printemps 2011 a surpris. Elle a surpris à gauche ceux qui ont laissé l’héritage républicain en déshérence et à droite le ban et l’arrière-ban des dénonciateurs du « totalitarisme » robespierriste. Des décennies de « communication » n’ayant donc pas suffi il fallait dans l’urgence faire face au retour de « l’incorruptible ». En septembre dernier, la revue Historia a donc consacré un dossier à « Robespierre le psychopathe légaliste ». Le service public conscient de sa mission ne pouvant être en reste, France 3 a diffusé le mercredi 7 mars 2012 un documentaire « réalisé par Richard Vargas et raconté par Franck Ferrand » intitulé « Robespierre : bourreau de la Vendée ? ».

Lire la suite

Images de la Révolution   Images

Un site personnel "sans prétention" (selon son auteur) qui "recense documents et représentations sur la Révolution française". On y trouvera notamment des tableaux (de l'époque révolutionnaire, mais aussi du XIXe siècle), des reproductions de documents, des "bonus musicaux" intéressants…

Voir le site

La mort de Danton de Georg Büchner à la MC93   Annonces

La mort de Danton mise en scène de Georges Lavaudant

Du 9 mars au 1er avril 2012, la MC93 de Bobigny propose La mort de Danton de Georg Büchner dans une mise en scène de Georges Lavaudant.

Au début de l'année 1835, Büchner a 21 ans et vit en exil à Strasbourg lorsqu'il écrit La mort de Danton. Ce républicain sensible aux idées socialistes, traqué par la police, exprime dans cette pièce la manière dont une partie de la jeune génération allemande des années 1830 envisage la possibilité d'une révolution et réfléchit à ses incidences morales. Ainsi, face à la figure d'un Danton jouisseur et las de la Terreur, Büchner place celle d'un Robespierre torturé par son implication dans la répression. Influencé par La Révolution française que publie Adolphe Thiers entre 1823 et 1827, Büchner reprend des lieux communs de la « légende noire » de Robespierre qui se sont diffusés après Thermidor. C'est donc à partir de personnages historiques, mais dans les rôles stéréotypés qui leurs sont attribués au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, que Büchner compose cette fresque shakespearienne. Si elle n'est pas un récit d'historien, La mort de Danton constitue en revanche une réflexion sur l'histoire et la politique.

Tarif préférentiel de 15 euros au lieu de 25 euros pour les lecteurs de Révolution Française.net

Lire la suite

La Révolution française et la social-démocratie   Annonces

Nous publions l'introduction de l'ouvrage de Jean-Numa Ducange, La Révolution française et la social-démocratie-Transmissions et usages politiques de l’histoire en Allemagne et Autriche, 1889-1934, Rennes, PUR, 2012, 362 p.

Les héritiers politiques de Marx des social-démocraties allemande et autrichienne entendent fixer leur lecture de la Révolution française en publiant à partir de 1889 ouvrages, articles et brochures. Ces écrits vont servir de fondement à une tradition d’interprétation de la « Grande Révolution » , enseignée et transmise au travers d’un impressionnant dispositif de formation et de diffusion. Étudiée ici grâce à l’exploitation de fonds d’archives peu connus, cette tradition qui tend à fixer une vulgate auprès d’un large milieu militant se heurte aux évolutions des social-démocraties et surgissement des révolutions en 1905 et 1917.

Lire l'introduction en .pdf et lire la table des matières en .pdf

Toussaint Louverture. Le combat des aigles ?   Réplique

Par Florence Gauthier, ICT-Paris Diderot Paris 7

A propos de Toussaint Louverture. Le combat des aigles, téléfilm de Philippe Niang, 2011, 2h60, diffusé sur France 2, les 14 et 15 février 2012

Le Coup d’état du 18 brumaire-9 novembre 1799 livrait le gouvernement de la France au général Bonaparte qui, après l’échec de l’expédition d’Egypte, tentait d’initier un nouvel empire colonial français en Amérique : il lorgnait vers la Louisiane en passant par la reconquête de l’ancienne colonie de Saint-Domingue. C’est dire qu’avec Bonaparte, le parti colonial esclavagiste revenait au pouvoir.

Toussaint Louverture, qui avait dirigé, depuis 1794, la guerre d’indépendance de la colonie de Saint-Domingue contre les colons esclavagistes et leurs alliés, comprit le danger et s’y prépara. En 1801, il promulgua une Constitution, qui reconnaissait son pouvoir de gouverneur à vie, déclarait l’interdiction de l’esclavage, instaurait l’indépendance et proposait une alliance privilégiée avec l’ancienne métropole France sur un pied d’égalité entre les deux peuples. Il établissait son pouvoir personnel et despotique. Il proposait aussi une sortie du colonialisme très remarquable.

Lire la suite

2012: un cahier de doléances   Actuel

Chaque semaine, jusqu'à la présidentielle, Mediapart et le collectif Luce Faber proposent trois doléances filmées.

Voir sur Mediapart

Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui   Annonces

Colloque international interdisciplinaire, Musée de la Révolution française – Domaine de Vizille, Université Stendhal-Grenoble 3 – UMR LIRE-CNRS
Mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 mars 2012
Organisé par Alain Chevalier et Martial Poirson

« Sans ce drapé extravagant, propre à tous les grands révolutionnaires, (…) la Révolution n’aurait pu être cet événement mythique qui a fécondé l’Histoire et toute idée de la Révolution. L’écriture révolutionnaire fut comme l’entéléchie de la légende révolutionnaire : elle intimidait et imposait une consécration civique du Sang » (1). Rares sont les événements historiques ayant, au point de la Révolution française, engendré leur propre mythologie spontanée, conditionnant pour les siècles qui ont suivi sa perception fantasmatique et projective qui est encore dans une large mesure la nôtre aujourd’hui. Scène primitive à l’efficacité rituelle et symbolique inégalée ; mythe fondateur à vocation d’édification nationale et de légitimation institutionnelle ; fiction patrimoniale dont l’héritage nous est transmis en partage ; matrice d’un consensus qui n’est pas toujours unanime sur les valeurs démocratiques et républicaines ; source d’inspiration d’une production artistique tantôt critique et subversive, tantôt conformiste et consensuelle ; matière dont s’emparent les cultures populaires à travers toutes sortes de représentations et surtout, de médiations symboliques, parfois inattendues, la Révolution française n’a peut-être jamais été aussi présente qu’aujourd’hui, à la fois dans le discours, en régime de « mythocratie », et dans les objets, qui fonctionnent comme un système de signes, autrement dit, comme un « mythe moderne », au sens de Roland Barthes (2).

Lire la suite

Sur Robespierre. Lettre ouverte à la rédaction d'Historia   Réplique

Par Jacqueline Grimault

Réponse au numéro 777 de la revue Historia de septembre 2011, consacré à "Robespierre, le psychopathe légaliste", et en particulier à l’éditorial de M. Pierre Baron, intitulé « Un cas d’école » et à l’article de Madame Anne Bernet : « Comment il a déshonoré la République ». Cette lettre a été envoyée à Pierre Baron, directeur de la rédaction d’Historia. Il n'y a pas répondu.

Ayant appris que la cellule psychologique d’Historia avait diagnostiqué chez Robespierre une « psychopathie légaliste », j’ai acheté le n°777 de votre revue pour savoir de quoi il retournait : je me suis demandée d’abord s’il fallait en rire ou en pleurer et finalement j’ai pris le parti de vous envoyer ces quelques réflexions. Elles concernent surtout l’éditorial qui donne le ton de quelques articles et celui de tous leurs titres.

Lire la suite

1er janvier 1804, 1er jour de l’Indépendance d’Haïti   En ligne

Le Général en chef au Peuple d’Haïti

Citoyens,

Ce n’est pas assez d’avoir expulsé de votre pays les barbares qui l’ont ensanglanté depuis deux siècles ; ce n’est pas assez d’avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux : il faut, par un dernier acte d’autorité nationale, assurer à jamais l’empire de la liberté dans le pays qui nous a vu naître ; il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir, il faut enfin vivre indépendants ou mourir.

Indépendance ou la mort … que ces mots sacrés nous rallient, et qu’ils soient le signal des combats et de notre réunion.

Lire la suite sur A Revolution in Fiction

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Cahier de doléances contemporain   Actuel

Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Extrait de l'ouvrage du collectif Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Cahier de doléances contemporain, Excès-Les prairies ordinaires, 2012. Rencontre avec les éditeurs de ces doléances au Merle moqueur, la libraire du 104, le mercredi 18 janvier à 20h15.

DIGNITE HUMAINE

« IL FAUT QUE VOUS fassiez une cité, c’est-à-dire des citoyens qui soient amis, hospitaliers et frères ». C’était là le vœu de Saint-Just au printemps de l’an II. La Déclaration des droits de 1793 avait alors consacré une humanité une à l’article 3 : « tous les hommes sont égaux de part la nature et devant la loi », le devoir d’assistance aux plus démunis à l’article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. » Enfin, Robespierre avait proposé un article additionnel : « Les hommes de tous les pays sont frères et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même État. » Cette manière de reconnaître l’universalité du genre humain fait de semblables plus ou moins fragiles, plus ou moins libres, plus ou moins riches, mais toujours membres de la commune humanité, était une pensée de la dignité humaine. Reconnaître un homme en chacun, même quand la vie l’avait amoindri, fondait la nécessité humanisante d’une société de secours réciproques. Une société non pas du care mais bien de la reconnaissance du même en l’autre, quels que soient l’autre et son degré d’altérité. Les seuls monstres l’étaient pour des raisons politiques, ils étaient ceux qui refusaient d’adhérer à ces principes fondant le lien humain.

Lire la suite

Rousseau, démocratie et participation populaire   Annonces

Le colloque Démocratie et participation populaire, qui clôture le séminaire de philosophie politique "Penser la Transformation", aura lieu du 26 avril 2012 au 27 avril 2012, à l'Université de Montpellier III (salle Camproux, site "route de Mende", Tram St Eloi). Ce colloque consacrera sa majeure partie au tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau. Cette partie, qui se déroulera jeudi 26 après-midi et vendredi 27 toute la journée, est intitulée "Rousseau et la voix du peuple".

Lire la suite

La Révolution française en seconde : proposition de cours   Enseignement

Par Olivier Coq, Lycée Voillaume, Aulnay-sous-bois

Ce cours utilise une partie des archives Pons qui sont en ligne sur Révolution Française.net.

Dossiers à télécharger en .pdf :
Cours
Méthodologie
Documents 1ère partie
Documents 2ème partie
Documents 3ème partie
Documents 4ème partie

Lire la suite

La guerre contre les valeurs des Lumières   Actuel

Ce texte de Zeev Sternhell, publié en décembre 2010 dans Le Monde diplomatique, est une bonne introduction à son ouvrage sur Les Anti-Lumières (Fayard, 2006, réédition Folio histoire, 2010).

La guerre menée contre les valeurs des Lumières se poursuit avec autant de détermination qu’au cours des deux siècles précédents, car les grandes questions affrontées par les philosophes du XVIIIe siècle demeurent centrales : une société représente-t-elle un corps, un organisme vivant, ou seulement un ensemble de citoyens ? En quoi réside l’identité nationale ? Une communauté nationale se définit-elle en termes politiques et juridiques ou bien en fonction d’une histoire et d’une culture ? Et quel est alors le poids de la religion dans la culture ? Qu’est-ce qui a le plus d’importance dans la vie des hommes : ce qui leur est commun à tous ou ce qui les sépare ? Par ailleurs, le monde tel qu’il existe est-il le seul envisageable ? Un changement de l’ordre social en place constitue-t-il un objectif légitime ou l’assurance d’un désastre ?
Les réponses à ces questions clés mettent évidemment en jeu une conception de l’homme. Pour la pensée politique représentée par le puissant et tenace courant anti-Lumières, l’individu n’a de sens que dans et par la communauté, il n’existe que dans le particulier concret et non dans l’universel abstrait. Il faut donc privilégier ce qui distingue, divise, sépare les hommes : ce qui fait leur identité, irréductible à la seule raison, et bien plus vigoureuse.

Lire la suite dans Le Monde diplomatique

Le sens commun, un concept généralisé. Le revival de la tradition des Lumières et des Révolutions   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Autour de l'ouvrage de Sophia Rosenfeld, Common Sense. A Political History, Harvard University Press, 2011.

La question très ancienne du sens commun est devenu un objet propre de recherche au sein des sciences humaines et sociales. Cependant il apparaît d'abord que les anthropologues et les sociologues, à l'exemple du dossier de la revue Société (N°89, 2005) sur le sens commun, évitent de reprendre la tradition des Lumières en matière de sens commun, dans la mesure où ils y voient un espace de promotion d'une logique universelle peu compatible avec le principe d'un savoir local présent dans les diverses formes du sens commun au sein de sociétés déterminées. Il s'agit alors de considérer un savoir qui conditionne l'action sociale, qui est organiquement lié à la vie, donc nous renvoie à la compréhension du sujet par lui-même. C'est bien ainsi que toute une tradition de la sociologie compréhensive, située au plus proche d'une phénoménologie de la connaissance sociale, de Dilthey à Simmel, de Weber à Schütz, et de bien d'autres auteurs importants, s'intéresse aux modes de connaissance à la fois théoriques et pratiques de l'action, en partant du principe que l'acteur se doit de comprendre son action. L'acteur en vient ainsi, au-delà du fait même de l'empathie, à construire la propre interprétation de son action au titre de l'esprit objectivé. Dans la lignée de Max Weber, il peut s'agir alors de constituer des idéaux-types, sens commun inclus, au plus près de la manière dont l'acteur comprend l'ensemble des actions pensées par lui-même.

Lire la suite

Robespierre, Terreur et Déclaration des droits de l'homme et du citoyen   En ligne

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Nous avons hérité d'une représentation de Robespierre essentiellement caractérisée par le sang et la violence de la Terreur, cette dernière étant considérée comme le prodrome du totalitarisme stalinien. Pour ses contemporains, Robespierre est au contraire associé aux principes de la Déclaration des droits dont il est « le commentaire vivant » selon Camille Desmoulins.

Qu'un homme puisse incarner à la fois la Terreur et la Déclaration n'a rien de paradoxal pendant la Révolution française. Ainsi, en 1795, une fois Robespierre éliminé et au moment où ses ennemis construisent la figure du « tyran sanguinaire », Jérémy Bentham résume l'opinion dominante en estimant que « le langage de la Terreur » est contenu dans l'article 2 de la Déclaration de 1789 : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression ». C'est là, pour Bentham et les thermidoriens, le langage de l'anarchie avec lequel il convient de rompre si l'on veut fonder un ordre social sur l'intérêt des possédants sans lequel, estiment-ils, il ne peut exister de prospérité.

Lire la suite sur l'Abécédaire des sociétés modernes.

Le républicanisme libéral de Thomas Paine   Etudes

Par Carine Lounissi, Université de Rouen - LARCA Université Paris-Diderot

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Thomas Paine est souvent décrit comme un auteur – car il n’est pas toujours considéré comme un penseur à part entière – échappant aux catégorisations habituelles. Il n’est pas un père fondateur stricto sensu, car il n’a pas participé à la rédaction de la Constitution de 1787. Bien qu’il envisage très tôt l’Union des Etats américains issus des anciennes colonies britanniques, il n’est pas un « fédéraliste » au sens où ce terme désigne une allégeance politique opposé au camp des jeffersoniens, auquel Paine se rattache. Il n’est pas non plus véritablement un « radical » au sens anglais du terme, le « radicalisme » s’appliquant à un groupe de penseurs souhaitant avant tout démocratiser la monarchie britannique en réformant notamment le système électoral de la Grande-Bretagne, mais n’appelant pas à un renversement de la monarchie pour la plupart d’entre eux. Dans le cadre politique français, Paine n’a été ni un « girondin », bien qu’ayant fréquenté des figures considérées comme « girondines » telles que Condorcet ou Brissot, ni un thermidorien, car il a critiqué la Constitution de l’an III avant de s’y rallier par la suite. Comme le suggère le titre de cette présentation, Paine n’est pas non plus un « républicain » au sens pocockien du terme. Il redéfinit une forme de républicanisme autre fondée sur une conception libérale de l’Etat et c’est ce que je souhaite montrer ici. La pensée politique de Paine est en effet un anti-monarchisme qui rejette toute forme héréditaire de gouvernement. Le contrat politique qu’il propose comme fondement de l'Etat est à la fois libéral et républicain (I), ce qui conduit Paine à refonder le républicanisme tel qu’il existait au XVIIIe siècle (II), et ce qui nous amène à repenser les catégories de « républicanisme » et de « libéralisme » qui ne doivent pas se concevoir uniquement indépendamment l’une de l’autre (III).

Lire la suite

Révolutions, révolution, 1789-2011   Actuel

Le séminaire de Sophie Wahnich à l'EHESS se tiendra le mardi de 11 h à 13 h (salle 3, RdC, bât. Le France, 190-198 avenue de France 75013 Paris), du 10 janvier 2012 au 29 mai 2012. La séance du 31 janvier se déroulera en salle 1 (même heure, même adresse).

Les révolutions de l'hiver et du printemps 2011 ont remis à l'honneur l'idée comme la pratique révolutionnaires. En prenant appui sur l'analyse précise du moment révolutionnaire français, il s'agira d'interroger dans un rapport passé présent l'actualité comme l'inactualité de cet événement fondateur. L'objectif est de revisiter à la fois les manières d'agir révolutionnaires et la question du statut des analogies en histoire. La plupart des séances tenteront d’aborder la comparaison Révolution française, monde arabe.

Lire la suite

La crise de l'idéologie propriétaire et le retour des communs   Actuel

Entretien avec Benjamin Coriat, économiste au Centre d'Économie Paris Nord-Université Paris 13, sur le site de la revue Contretemps. Extrait :

"L'« idéologie propriétaire », que l'on pourrait aussi appeler « utopie propriétaire », est une des expressions majeures de la pensée libérale actuelle. Ce n'est pas seulement un dispositif théorique, c'est également une instrumentation du droit qui permet de déployer les arguments théoriques en pratiques politiques, économiques et sociales. Cette affirmation idéologique du libéralisme contemporain connaît des expressions multiples. En matière économique la construction repose centralement sur l’idée que les marchés sont autorégulateurs. Ainsi selon la vision qu’elle propage l'efficience ne peut provenir que du libre jeu des marchés. Mais pour cela il est nécessaire qu'un ensemble de droits de propriété privé soient clairement établis et complètement garantis. Ces droits doivent être entiers, c'est-à-dire exclusifs, toutes les autres formes de « droits partagés » étant considérées comme des droits diminués qui font obstacle à l'efficience."

A lire dans Contretemps

Buonarroti. La Conspiration pour l’égalité, dite de Babeuf   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT- Université Paris Diderot Paris 7

Philippe Buonarroti naquit à Pise, en 1761, où il fit ses études. Dès sa jeunesse, il fut marqué par l’indépendance de l’île de Corse, qui s’était insurgée contre l’occupation génoise, depuis 1729, sous la direction politique de Paoli père. L’indépendance de la Corse et la Constitution républicaine et démocratique de Pascal Paoli fils, en 1755, fut un grand sujet de débats et d’enthousiasme à cette époque. Cependant en 1768, Gênes vendit, comme une vulgaire marchandise, la Corse au Roi de France qui la conquit manu militari l’année suivante. De nombreux patriotes corses cherchèrent des refuges et Pise fut l’un d’eux. Buonarroti fit partie de ces jeunes républicains qui s’enthousiasmèrent pour cette expérience, il rencontra des réfugiés corses et se lia d’amitié avec l’un d’eux, Christophe Salicetti, de quatre ans son aîné.

Lire la suite de la présentation sur Le Canard Républicain, et lire en .pdf les cinquante premières pages de La Conspiration pour l'égalité, dite de Babeuf de Philippe Buonarroti (1828). Albert Mathiez a estimé qu'elles constituent le « résumé le plus impressionnant et le plus vrai de l’histoire de la Révolution ».

Marcus Rediker, Atlantic History et Social History from below   Historiographie

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

Marcus Rediker est aujourd’hui l’un des historiens américains les plus lus dans le monde. Ses ouvrages ont été traduits dans de nombreuses langues. Il est de passage à Paris au mois de novembre et donne une conférence le mercredi 16 novembre 2011 à Paris Ouest Nanterre sur son dernier ouvrage The Slave Ship. A Human History. Cette conférence est organisée par notre séminaire et le CHISCO. Elle vous donnera l’occasion de rencontrer cet historien et de vous familiariser avec ses travaux.

Marcus Rediker a 60 ans. Il est né dans le Kentucky, assez loin du monde de la mer qui est au centre de ses recherches. Dans la courte biographie qui figure sur son site personnel, il se présente comme issu d’une famille ouvrière et minière du Kentucky, du Tennessee et de Virginie. Il a grandi à Nashville et à Richmond, puis a suivi des études à l’Université de Virginie avant de travailler pendant trois ans en usine. Il soutient son PHd quelque temps plus tard à l’Université de Pennsylvanie. Il enseigne entre 1982 et 1994 à l’Université de Georgetown, puis obtient un poste de professeur d’histoire atlantique à l’Université de Pittsburgh où il enseigne aujourd’hui.

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2011-2012   Séminaire

Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h dans les locaux de l'UFR d'histoire de l'Université Paris Diderot-Paris 7, salle 6, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris . Exceptionnellement, la première séance que nous organisons avec le CHISCO aura lieu le mercredi 16 novembre de 9h45 à 12h30 à l'Université Paris Ouest Nanterre.

Lire la suite

Fête fraternelle et républicaine pour célébrer l'achat des manuscrits de Robespierre   Actuel

Communiqué de la Société des études robespierristes :

"Le 5 novembre prochain, au centre le Robespierre à Ivry-sur-Seine, la Société des études robespierristes organise une fête fraternelle et républicaine pour célébrer l’entrée dans les collections publiques des manuscrits inédits de Robespierre.

Que vous ayez ou non participé à la souscription nationale qui a permis de sauvegarder les manuscrits de l’Incorruptible et de Lebas, vous êtes le bienvenu(e) à cette réunion publique au cours de laquelle sera projeté le film Robespierre d’Hervé Pernot (suivi d’un débat en présence du réalisateur). Elle sera aussi l’occasion d’évoquer l’actualité des études sur la Révolution française, de découvrir les publications de notre Société et des associations amies partenaires de l’opération, ainsi que de discuter du 220e anniversaire, le 21 septembre 2012, de la réunion de la Convention nationale et de la naissance de la Première République, qu’il conviendra de célébrer.

Afin de pouvoir vous accueillir dans les meilleures conditions et d’entrechoquer nos verres de la meilleure manière, nous vous encourageons à vous inscrire dès à présent et d’imiter celles et ceux qui nous ont déjà assurés de leur présence."

Conférence de Marcus Rediker à Paris Ouest Nanterre 16 novembre 2011   Annonces

Conférence (en anglais) de l'historien et écrivain Marcus Rediker sur son dernier ouvrage : The Slave Ship. A Human History le mercredi 16 novembre de 9h45 à 12h30 Université Paris Ouest Nanterre (RER A, station : Nanterre-Université). Bâtiment B, salle des conférences Organisée par le CHISCO et par Revolution-Française.net et avec le soutien de l'IHRF.

Lire la présentation de cette conférence en.pdf

L'essence du jacobinisme : un universalisme blanc, masculin et catholique ?   Réplique

Par Marc Belissa, Université Paris 10 et Yannick Bosc, Université de Rouen

Esther Benbassa, en introduction de La France en situation post-coloniale ?, numéro hors série de la revue Mouvements (septembre 2011) écrit : « La France n'a jamais cessé d'être nationaliste, d'un nationalisme lié directement à l'essence même du jacobinisme qui, s'il se présente sous le label d'un universalisme, entend assurer la domination d'une couleur, d'une religion et d'un genre, un universalisme donc blanc, masculin et catholique. »

Ne nous étendons pas sur ce qu'Esther Benbassa nomme « jacobinisme ». Ne nous demandons pas si le « jacobinisme » (et non le club dit des Jacobins) existe pendant la Révolution française autrement que comme désignant dans la presse contre-révolutionnaire. Restons donc dans le sens commun. Le « jacobinisme » c'est, entre autres choses, le club des Jacobins et prenons le problème par un autre bout.
Dans son ouvrage sur L'aristocratie de l'épiderme (Paris, CNRS Editions, 2007), Florence Gauthier raconte l'un des épisodes essentiels et ignoré (on le constate dans cette présentation surprenante d'Esther Benbassa), de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette dénonciation provient en particulier du club des jacobins, et singulièrement de Grégoire, de Brissot ou de Robespierre.

Lire la suite

Les thermidoriens ou le désordre   Actuel

Jean-Luc Mélenchon, à propos d'un ouvrage que Jean d'Ormesson vient de publier, La conversation : "Bonaparte y est présenté comme celui qui rétablit l’ordre avec l’assentiment de tous car la révolution aurait créé le chaos. « L’abîme » ! La révolution comme malheur, on connait. Hum ! Hum ! La vérité du moment, pour ne s’en tenir qu’à cela, c’est que c’est l’équipe des thermidoriens qui avaient créé un désordre et une pagaille inouïe. Et comment ? Entre autre en rétablissant la « liberté du commerce des grains » contre la législation bienfaisante des montagnards qui réglementait les prix. Il en résultat spéculation et famine. Une vieille histoire ? Pas si vieille, non ? La persécution des jacobins, « l’assassinat » de Gracchus Babeuf, la libération de milliers de voyous contre-révolutionnaires ajouta la dose de chaos prévisible. Comme d’habitude. Toute ressemblance avec notre temps ne doit rien au hasard."

Voir sur le blog de Jean-Luc Mélenchon le billet du 4 octobre 2011.

Le centenaire de la Société des Etudes Robespierristes   En ligne

et des Annales Historiques de la Révolution française

Par Serge Bianchi, Vice-président de la Société des Études Robespierristes

Au moment où la Société des Etudes Robespierristes (et la revue Annales Historiques de la Révolution française) vivent leur centième année au service des recherches et de la connaissance de la Révolution française, il a semblé utile d'évoquer le bilan de la Ser, son fonctionnement actuel, ses publications, projets et perspectives pour mieux marquer sa place et sa présence dans la communauté historienne et la société civile. L'évolution des images et représentations de la Révolution dans l'opinion publique, les problèmes posés par son enseignement de l'école primaire à l'Université permettent des mises au point indispensables dans le cadre d'une revue -Historiens et Géographes - qui a souvent évoqué les avancées de la recherche et les débats de cette décennie si particulière et cruciale de notre histoire.

Lire la suite en .pdf de ce texte publié dans le n°406 d'Historiens & Géographes (avril 2009)

L'amour et la haine de Robespierre   Brèves

"Psychopathe légaliste" ; "forcené de la guillotine" ; "idéaliste fanatique" ; "légaliste outrancier" ; "solitude psychologique" ; "usage frénétique de la guillotine" ; "fumeux culte de l’Être suprême" ; "boucherie nationale" ; "Khmers rouge" ; "guillotine en surchauffe" ; "déshonneur de la République" ; "atrocité idéologique" ; "maniaque de la guillotine" etc. On trouve toutes ces subtilités dans le dossier que le numéro 777 (sic) d'Historia de septembre 2011 consacre à Robespierre. En novembre 1974, le numéro 336 de la même revue publiait un texte dans lequel Alain Decaux dialoguait avec le député d'Arras. Les intertitres de la rédaction et les légendes des illustrations évoquaient alors "l'honnête famille Duplay", les "beaux yeux verts", "la justice et la probité" du "disciple de Rousseau". "Un cas d'école" comme le titre l'éditorial d'Historia version 2011.

Une révolution paysanne   Synthèses

ou Les caractères originaux de l’histoire rurale de la Révolution française

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7. gauthierflore@orange.fr

La Révolution française, révolution des droits de l’homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l’esclavage dans les colonies, deux des piliers de l’oppression des peuples. Cette double abolition se réalisa en faveur de l'humanité opprimée. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale.

Nous nous intéresserons ici au mouvement paysan qui imposa son rythme à la Révolution et dont l'objectif n'était pas seulement de se libérer du régime féodal. En effet, des rapports d'un type nouveau se développaient depuis la fin du Moyen-Âge. On pouvait voir dans les campagnes du Royaume de France, les progrès de la concentration de la propriété foncière par l’expropriation d’une partie grandissante de la paysannerie de ses tenures héritables, mais aussi ceux de la concentration de l’exploitation agricole aux mains d’une étroite couche de fermiers capitalistes entrepreneurs de culture (1), qui pratiquaient la réunion des fermes en rassemblant dans leurs mains les différents marchés de terre en location. On voyait encore la formation d’un marché privé des subsistances grâce à la spéculation à la hausse des prix des grains à une époque où les céréales représentaient la base de l’alimentation du petit peuple des villes et de l’immense population des paysans pauvres et sans terre. Ici, le pouvoir économique transformait le besoin social de se nourrir en arme alimentaire, ou guerre du blé, qui tuait, comme nous le savons, sous forme de disettes factices (2).

Lire la suite

Mably : jusnaturalisme, républicanisme, utopie   Etudes

Par Stéphanie Roza, CHSPM-Paris 1

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010. Il a été suivi d'un débat sur la fonction accessoire, ou au contraire centrale, du droit naturel chez Mably. Nous y reviendrons au cours du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2011-2012.

Tenter de caractériser de façon précise la pensée de Mably, c’est réactiver une vieille querelle historiographique, mais aussi politique. En effet, par ses prises de position sur l’actualité de son temps, comme par la postérité de son œuvre, Mably suscite depuis longtemps les polémiques. De son vivant, tout en s’opposant à l’absolutisme, il n’a cessé de critiquer les représentants les plus illustres des Lumières, de Voltaire aux physiocrates, ce qui a ouvert une première question : cet auteur doit-il être classé parmi les anti-Lumières, ou fait-il partie de ce courant ? Par la suite, mort en 1785, il a été considéré par les révolutionnaires de toutes tendances, de 1789 à 1797, date de l’exécution de Babeuf, comme un des Pères de la Nation républicaine, et si bien associé à cet événement que tout un courant libéral, dans la première moitié du 19è siècle, Benjamin Constant en tête, n’a voulu voir en lui qu’un inspirateur idéologique de la Terreur, et à ce titre, un des responsables de ses débordements. C’est la première étiquette tenace apposée sur sa postérité : celle de Mably jacobin. Mais les socialistes, adversaires des libéraux, l’ont reconnu à leur tour comme un de leurs précurseurs, et ce jusqu’en Russie soviétique : et voilà la deuxième étiquette, celle de Mably communiste utopique. Après la seconde guerre mondiale, certains commentateurs ont tenté de sortir de cette alternative, voyant en lui un catholique conservateur (1), ou simplement un modéré des Lumières (2), commettant ce faisant l’erreur symétrique à celle de leurs prédécesseurs, consistant à gommer ce qui dans sa pensée avait permis, précisément, les interprétations jacobines ou socialistes utopiques. Malgré l’apparition, depuis les années 70, d’interprétations plus nuancées et moins mutilantes, on a récemment collé, dans le prolongement des travaux de l’école de Cambridge, une dernière étiquette sur Mably : celle du principal représentant du républicanisme classique en France (3).

Lire la suite

De la Guerre des Farines aux émeutes anglaises   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Paris 1

Pendant l'été 2011, plusieurs villes d'Angleterre ont été touchées par des émeutes d'une ampleur inédite. Dans les rues de Londres, de Birmingham, Bristol, Liverpool et Nottingham, des centaines d'émeutiers se sont opposés aux forces de police. Le bilan est très lourd: plusieurs morts, des dizaines de magasins pillés, quelques immeubles incendiés et plus de deux mille arrestations. Ces événements rappellent spontanément les émeutes qui ont secoué les banlieues françaises en 2005. Comme en France, les émeutes anglaises ont éclaté après une probable bavure policière: la mort de Mark Duggan, tué par des policiers à Tottenham, fait écho à celle de Zyed et Bouna, électrocutés en essayant d'échapper à un contrôle à Clichy-sous-Bois. Comme en France, ces émeutes ont été exploitées par les médias, laissant croire qu'aucune contrée anglaise n'était désormais à l'abri des violences populaires. Et comme en France, elles ont inspiré des discours simplificateurs et dangereux pour la cohésion sociale.

Lire la suite sur Lumières du Siècle

Pétition pour la création d'un musée Robespierre à Arras   Actuel

"Par le rôle éminent qu’il a joué pendant la Révolution Française où se fondait le devenir de la France dans un monde moderne, Robespierre est unanimement reconnu comme un personnage considérable de notre histoire. Bien au-delà de nos frontières, le nom d’Arras est associé à celui de son plus illustre citoyen et il est surprenant qu’aucun véritable lieu de mémoire ne lui soit consacré dans sa ville natale. Acquise en 1990 par la municipalité pour en faire un musée Robespierre, la maison qu’habita celui qui gouverna la France Révolutionnaire entre 1793 et 1794, fut remarquablement rénovée par les compagnons du Tour de France. Cette demeure est aujourd'hui affectée au musée du compagnonage . Les soussignés demandent instamment que la ville d’Arras restitue à la Maison Robespierre sa légitime vocation afin qu’elle devienne un musée qui aide les Arrageois et les innombrables visiteurs du monde entier à mieux connaître l’histoire de la Révolution Française et de celui qui en fut, quelque opinion qu’on puisse en avoir, l’homme clé."

Signer la pétition

Pons de l'Hérault : archives en ligne   Sources

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pons de l'Hérault

Nous proposons ici les fac-similés de papiers d'André Pons, dit Pons de l'Hérault (1772-1853), tirés d'archives privées. Ce personnage, surtout connu des historiens de l'Empire, est également le héros du roman de Patrick Rambaud, L'absent, qui le met en scène sur l'île d'Elbe au moment de la captivité de Napoléon. La matière en est principalement fournie par les Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe (à lire sur Gallica) dans lesquels Pons, qui administre les mines de fer de l'île depuis 1809, relate ses relations, souvent tendues, avec l'empereur qu'il avait connu pendant le siège de Toulon en 1793. André Pons (il se rebaptise Marat-Lepelletier Pons en l'an II), officier de marine originaire de Sète, chef d'état major de la division navale de l'armée d'Italie, est en effet considéré comme un fervent républicain. Cependant, s'il dénonce le 18 brumaire, comme il s'oppose un demi siècle plus tard au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, il suit l'Empereur pendant les Cent-Jours, est nommé préfet du Rhône et tente de le rejoindre à Sainte Hélène.

Le texte qui suit permet de recontextualiser les papiers que nous publions. Ces éléments biographiques sont extraits de l'introduction que Léon-Gabriel Pélissier (1863-1912) consacre au Mémoire de Pons de l'Hérault aux puissances alliées qu'il a édité en 1899 et que l'on peut lire sur Gallica. Nous y renvoyons le lecteur qui voudrait consulter la totalité du texte, en particulier les copieuses notes de bas de page que nous ne restituons pas ici. Pélissier qui ne masque pas sa sympathie pour le personnage, quitte parfois à manquer de distance, est également l'éditeur des Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe.

Lire la suite

Tradition et innovation : transfert et réception des textes républicains autour de 1789   Etudes

Par Raymonde Monnier, CNRS

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Dans l’histoire de la Révolution, l’interprétation de la première République a été depuis le 19e siècle un chantier disputé et perpétuellement réinvesti par de nouvelles interrogations. Entre moment fondateur et/ou traumatisme violent, il s’est polarisé depuis la troisième République autour des questions de la légitimité et de la nature du régime républicain. En dépit de l’inflexion politique profonde induite par l’abolition de la royauté en 1792, la périodisation qui sépare la monarchie de la République a tendance à masquer l’évolution des rapports entre les différents pouvoirs sur le moyen terme révolutionnaire. Avec l’avènement de la République, la notion de république acquiert une valeur politique et symbolique nouvelle qui, sans effacer les contenus classiques, modifie et multiplie ses usages en lui donnant une réalité institutionnelle. La révolution du 10 août, qui met véritablement « le monde à l’envers » (1), entraîne des relations inédites à l’intérieur d’un champ conceptuel profondément modifié par l’expérience démocratique, où la question ne se limite pas à fonder la république sur un nouveau contrat social. Il s’agit de construire les institutions et de conserver la République dans un environnement hostile – celui de l’Europe des rois – pour préserver les acquis 1789.

Lire la suite

Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

Lire la suite

Par delà les Anciens et les Modernes : le républicanisme de Jules Barni   Etudes

Par Renaud Quillet, Université d'Amiens

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Né en 1818, mort en 1878, Jules Barni a été élève à l’Ecole normale supérieure et major de l’agrégation de philosophie en 1840(1). Engagé de manière pionnière dans la traduction en français et l’exégèse de l’œuvre de Kant, il se sent appelé par les événements de 1848 à entrer activement dans le combat républicain et à développer sa propre conception du républicanisme. Il appartient à une génération qui doit défendre la voie républicaine contre la critique libérale professée au nom de la thématique de la « Liberté des Modernes », inaugurée par Benjamin Constant. Il est aussi et par là même l’un des acteurs d’un moment où la pensée républicaine se distingue et s’autonomise clairement de la pensée libérale, et, au moins pour partie, du socialisme. Tout en poursuivant durant près de trente ans son œuvre d’instigateur par excellence de l’appropriation française du kantisme, il va développer une théorisation de la République qui se forge au feu de la réflexion philosophique, bien entendu, mais aussi de l’expérience militante et électorale en 1848 et 1849, de l’opposition et de l’exil à Genève sous l’Empire, de l’activisme internationaliste et du compagnonnage avec Garibaldi, et enfin dans la collaboration avec Gambetta et la pratique politique dans les cercles républicains et au conseil municipal d’Amiens ainsi qu’au Parlement dans les années 1870. Avec une belle continuité, il articule ainsi autour de l’idée républicaine anthropologie, morale publique et privée, instruction publique, conceptions et pratiques constitutionnelles, économiques et sociales.

Lire la suite

« Robespierre a été un grand dirigeant de la démocratie en acte »   En ligne

Entretien avec Florence Gauthier publié dans le Canard républicain à l'occasion de la préemption exercée par l'Etat sur les manuscrits de Robespierre.
Extrait : "Robespierre a ainsi lutté pour fonder une république démocratique, dans laquelle la souveraineté populaire n’était pas seulement écrite sur le papier de la Constitution, mais une conscience et une pratique réelles. Avec Grégoire en particulier, il s’est battu pour faire respecter la souveraineté des autres peuples, avec l’objectif de construire une alliance de républiques démocratiques, dans le but d’empêcher la France de continuer de mener une politique de puissance conquérante, mais aussi de se protéger des offensives impérialistes éventuelles : c’est une dimension de leur combat trop souvent négligée ! On retrouve les mêmes préoccupations chez Thomas Paine, par exemple, sujet britannique, citoyen des États-Unis d’Amérique au moment de leur guerre d’indépendance et député à la Convention en France de 1792 à 1795. Ajoutons aussi chez Emmanuel Kant, qui a théorisé son Projet de paix perpétuelle (1795) à la lumière du grand cycle révolutionnaire qui s’est développé au tournant du XVIIIe siècle, et qui a eu connaissance de la Révolution de Saint-Domingue/Haïti, première révolution faite par des esclaves insurgés en Amérique."

A lire sur Agoravox

Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

Lire la suite

Manuscrits de Robespierre : poursuivre l'effort   Actuel

Communiqué de presse de la Société des études robespierristes envoyé à l'AFP le 24 mai 2011 :

L’État a finalement exercé son droit de préemption à l’occasion de la vente aux enchères des manuscrits de Robespierre chez Sotheby’s, à Paris, le mercredi 18 mai.

La Société des études robespierristes, l’Institut d’Histoire de la Révolution française (CNRS/Paris I Panthéon Sorbonne) et tous ceux, associations et citoyen(ne)s, qui se sont mobilisés se réjouissent de cette heureuse nouvelle. Notre élan collectif consacre la conception de fonds d’archives ouverts au public et la patrimonialisation de pièces indispensables à la juste appréciation de l’Histoire de la Révolution française.

Lire la suite

"French Revolution" place de la Bastille   Actuel

Depuis le 20 mai des manifestants campent place de la Bastille en soutien au mouvement des "indignés" de la Puerta del Sol à Madrid :

"Ils sont près de 300, presque tous jeunes, installés sur le terre-plein de la place de la République à Paris. A 20 heures, ils ont prévu de retourner à Bastille, lieu qu'ils ont provisoirement délaissé car une manif de soutien aux Ivoiriens leur faisait concurrence. « Ils ont des grosses sonos, on ne s'entendait pas », rigole une étudiante."

Lire la suite sur Rue 89

Limits of the Atlantic Republican Tradition   En ligne

A lire en ligne, le numéro de Republics of Letters autour de John Pocock et du républicanisme atlantique. On regrettera que la séparation des traditions jusnaturalistes et républicaines, qui est la principale limite des thèses de John Pocock, ne soit pas abordée.
Articles de John Pocock (The Atlantic Republican Tradition: The Republic of the Seven Provinces), Margaret Jacob (Was the Eighteenth-Century Republican Essentially Anticapitalist?), Jacob Soll (J. G. A. Pocock’s Atlantic Republicanism Thesis Revisited: The Case of John Adams’s Tacitism), Matthew Kadane (Anti-Trinitarianism and the Republican Tradition in Enlightenment Britain), Matthew Crow (Jefferson, Pocock, and the Temporality of Law in a Republic), Catherine Secretan (“True Freedom” and the Dutch Tradition of Republicanism), Luc Foisneau (Governing a Republic: Rousseau’s General Will and the Problem of Government) et Thomas Maissen (Why Did the Swiss Miss the Machiavellian Moment? History, Myth, Imperial and Constitutional Law in the Early Modern Swiss Confederation).

Lire ces articles dans Republics of Letters

Manuscrits de Robespierre aux enchères   Actuel

Souscription lancée par la Société des Études Robespierristes

Chers amis,

Vous avez peut-être appris par la presse la mise en vente aux enchères de quelque 150 pages de manuscrits de Robespierre, par Sotheby’s France, le 18 mai. Il s’agit d’un dossier qui avait été mis à l’abri par la famille du conventionnel Lebas, après son suicide, et qui réapparaît deux siècles plus tard. Il est évident que la place de ces papiers serait une collection publique et qu’ils ne doivent pas être dispersés chez des collectionneurs privés.

Il s’agit, au sens propre, d’un patrimoine national.

Lire la suite sur le site de la Société des Études Robespierristes
Voir la description des manuscrits

Les leçons de républicanisme de Thomas Paine (1802-1807)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010. Pour une version plus développée de ce thème, on pourra se reporter au n° 363 des Annales Historiques de la Révolution française, janvier-mars 2011, p. 59 et suivantes.

Dans les dernières années de sa vie passées en Amérique, Thomas Paine publie plusieurs textes courts dans la presse contre le parti "fédéraliste" chassé du gouvernement un an avant son retour dans le Nouveau Monde. Comment maintenir la république ? Quel rôle y jouent les partis, les factions ? Quels mécanismes de régulation et de perfectionnement faut-il adopter pour éviter la corruption qui la menace ? Comment transmettre la mémoire révolutionnaire et républicaine aux générations qui n’ont pas connu le moment fondateur ? Telles sont les questions posées par ces derniers textes politiques de Paine. Trois thèmes émergent de ce corpus : tout d’abord, celui des factions et des partis dans la république, deuxièmement, la question de la perfectibilité du régime républicain et des mécanismes constitutionnels qui doivent en assurer l’expression, et enfin la question des formes que doit prendre la "mémoire" du moment fondateur révolutionnaire dans le maintien de la vertu républicaine. Ces trois thèmes dessinent ce qui me semble être des "leçons de républicanisme" à destination de la génération nouvelle.

Lire la suite

Marat : vie posthume   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Université Paris 1

waste land marat assassiné

A propos du film Waste Land

Primé à Sundance et à Berlin, ce film retrace la fabuleuse aventure de Vik Muniz de son domicile de Brooklyn à la banlieue de Rio de Janeiro. Là, dans la plus grande décharge du monde, l’artiste fait poser les catadores, (ramasseurs de déchets) et les associe à la création de gigantesques compositions. Créées à partir des matériaux trouvés sur place, elles sont tirées de l’imagerie populaire ou d’œuvres d’art mondialement connues. L’une d’entre elles, intitulée Marat (Sebastiao) va bouleverser la vie de ces gens de peu et, par la même occasion, devenir l’objet central du film. Réalisée à partir d’une baignoire trouvée dans la décharge, elle s’inspire explicitement du Marat Assassiné peint par Jacques-Louis David en 1793 peu après la mort du fameux révolutionnaire. (...)
Que des catadores, vivant avec quelques dollars par jour, aient retrouvé leur dignité grâce à la mémoire de celui qui, en 1793, était considéré comme le défenseur du peuple et des plus fragiles, voilà qui témoigne, au contraire, d’une étonnante transmission des processus d’identification. Depuis deux cents ans, la figure de l’Ami du Peuple poursuit ainsi sa vie posthume, des faubourgs de Paris aux favelas de Rio.

Lire le texte sur Lumières du Siècle et voir la bande annonce de Waste Land

Éléments d’une histoire du droit naturel : à propos de Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot - Paris 7

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

« Pour la divinité, tout est beauté, vertu, justice. Ce sont les hommes qui ont conçu le juste et l’injuste »
Héraclite d’Ephèse

Il existe, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, un indéniable intérêt pour l’étude du droit naturel, mais, la signification même de ces termes demeure encore bien opaque, ce qui m’a incitée à présenter ici une étude limitée à trois auteurs, Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney, afin de contribuer à en préciser les contours.

Lire la suite

Renouveler l'enseignement de l'histoire et de la géographie   Enseignement

Naissance du blog Pour un aggiornamento de l'enseignement de l'histoire et de la géographie sur le site Hypotheses.org :

"Ce carnet a pour objet de proposer une réflexion et des propositions dans l’optique d’un renouvellement de l’enseignement de l’histoire et de la géographie scolaires et universitaires. Il réunit une équipe d’enseignants et de chercheurs de différentes disciplines et degrés d’enseignement qui souhaitent tout à la fois organiser une veille en ce domaine et construire un espace de discussions et de propositions à destination de la communauté éducative et du grand public. Il s’agira de discuter aussi bien des questions de programmes, de pratiques, d’épistémologie des deux disciplines, en confrontant des travaux scientifiques, des analyses et des témoignages. L’un des objectif principaux est de permettre l’organisation d’assises pour un aggiornamento de l’enseignement de l’histoire-géographie, prévues en 2012."

Voir le blog

Le beau dimanche   Actuel

Film de Dominique Cabrera. Durée 50 minutes. Scénario: Laurent Roth et Sophie Wahnich. Chorégraphie et collaboration musicale: Ana Yepes. Image: Hélène Louvart. Son: Xavier Griette. Montage: Sophie Brunet.

Une cinéaste, une historienne et douze comédiens travaillent à rendre sensible le 17 Juillet 1791. Ce jour là, 6000 parisiens sont allés sur le champ de Mars signer une pétition pour demander le jugement du roi qui venait d’être arrêté à Varennes dans sa fuite vers les armées de l’Autriche et de la Prusse.

L'homme économique   En ligne

Dans L'homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme (Gallimard, 2007) Christian Laval étudie la genèse des valeurs néolibérales aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Extrait de la quatrième de couverture : "Le néolibéralisme entend triompher partout dans le monde comme la norme unique d’existence des êtres et des biens. Il n’est pourtant que la pointe émergée d’une conception anthropologique globale qu’au fil des siècles l’Occident a élaborée. Celle-ci pose que l’univers social est régi par la préférence que chacun s’accorde à lui-même, par l’intérêt qui l’anime à entretenir les relations avec autrui, voire l’utilité qu’il représente pour tous. La définition de l’homme comme "machine à calculer" s’étend bien au-delà de la sphère étroite de l’économie, elle fonde une conception complète, cohérente, de l’homme intéressé, ambitionnant même un temps de régir jusqu’aux formes correctes de la pensée, à l’expression juste du langage, à l’épanouissement droit des corps."

Voir la vidéo d'un entretien avec Christian Laval et lire une recension de son ouvrage dans Mouvements

Résister à la duperie de soi : de Rousseau à Sieyès   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Revue critique à propos de :
Augustin Giovannoni, Les figures de l’homme trompé, Paris, PUF, 2010 ; et sous sa direction, Figures de la duperie de soi, Paris, Kimé, 2001.
Jean-Jacques Rousseau en 78 lettres, un parcours intellectuel et humain, présentation de Raymond Trousson, Paris, Editions Sulliver, 2010.
Rousseau et les philosophes, sous la direction de Michael O’Dean, Voltaire Foundation, Oxford 2010.
Frank Salaün, Le genou de Jacques. Singularité et théorie du moi dans l’œuvre de Diderot, Paris, Hermann, 2010.
Daniel Roche, Les circulations dans l’Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siècle), Paris, Fayard, 2010.

Lire la suite

Tunis, Le Caire. L'inévitable Terreur ?   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Paris 1

Le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II), Robespierre est mis en accusation. Après une nuit de confusion il est arrêté puis guillotiné avec ses proches. La France va enfin pouvoir sortir de la Révolution. En tout cas, c’est ce que ses amis de la veille tentent de faire croire, grâce à une géniale invention : la Terreur. Dans les jours qui suivent l’exécution de l’ « Incorruptible », Barère puis Fréron et Tallien réussissent à imposer l’idée que depuis plusieurs mois, la Révolution a dégénéré en une politique volontariste de violences systématiques, entièrement organisées par la faction au sommet de l’Etat et perpétrées par des sans-culottes sanguinaires. Les historiens ont montré combien la réalité avait été plus compliquée. Qu'importe. La « Terreur » est une formidable machine à raconter des histoires : en rejetant la responsabilité des violences sur Robespierre et ses séides, les hommes de thermidor peuvent se dédouaner des exactions commises entre 1793 et 1794 et ainsi présenter leur coup d’Etat comme un acte salvateur. Terminer la Révolution, c’est arrêter la Terreur.

Lire la suite sur Lumières du siècle

France, Pologne, Russie, destins révolutionnaires 1789-1831   Annonces

Jean-Pierre Gross Héros et martyrs

Nous publions ici l'introduction du dernier ouvrage de Jean-Pierre Gross, Héros et martyrs de l’État de droit : France, Pologne, Russie, 1789 à 1831. Essai d'histoire comparative, Dijon, 2011. Ce livre numérique est disponible sur le site de l'éditeur, Lulu.com pour Adobe Digital Editions, 205 pages, ISBN 978-1-4467-9295-7.

« We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness », Déclaration d'Indépendance des États-Unis, 4 juillet 1776

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », article Ier, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 26 août 1789

« La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui » article VI, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793

Lire la suite

Journée d'étude : enseigner la Révolution française   Enseignement

La journée d’études consacrée à l’enseignement de l’histoire de la Révolution française, organisée conjointement par la Société des Études Robespierristes et l’Association des Professeurs d’Histoire Géographie, avec le soutien de la ville d’Ivry-sur-Seine, de l’IRHIS, de l’IHRF et d’Armand Colin, se tiendra le 19 mars prochain à Ivry, centre Robespierre.

Lire la présentation et le programme sur le site de la Société des Études Robespierristes

Les Lumières, la Révolution française et le monde - Séminaire 2011   Annonces

Séminaire Master HMHMM 209, jeudi 13h30-15h30, salle D 301 (bâtiment D, troisième étage), Paris Ouest Nanterre. Enseignant : Marc Belissa.

La Révolution française : une histoire vivante. Bilans et chantiers de la recherche.

Cette année sera consacrée à un bilan historiographique thématique de la recherche sur la période révolutionnaire.

Lire la suite

Populisme : le peuple en accusation   Notions

Par Benoît Schneckenburger, Université Paris 8

C’est devenu un lieu commun du commentaire des politologues : dès qu’un mouvement ou un porte parole déroge au consensus, on le qualifie de populiste. Mais les mots traduisent autant l’intention de celui qui les prononce qu’ils sont le signe de ce qu’ils sont censés décrire. Marx appelle cela l’idéologie. Du côté des choses, « populisme » ne renvoie à aucune réalité uniforme : parti du peuple américain au XIXe siècle qui voulait défendre les intérêts des petits paysans ; courant russe de socialisme ; expériences très diverses de gouvernements et de mouvements sociaux en Amérique latine ; mode référendaire en Suisse ; en France Le Pen, Tapie, Mélenchon, tous dans le même sac. Du côté de l’intention, on remarque un très net infléchissement entre l’usage péjoratif qui en est fait et son sens littéral, donné par le Larousse : « attitude politique consistant à se réclamer du peuple, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les divers torts qui lui sont faits. »

Lire la suite sur Altermonde sans frontère

La traite des Noirs vue du pont du navire négrier   En ligne

Marcus Rediker The Slave Ship

L’historien américain Marcus Rediker nous offre dans son dernier livre The Slave Ship. A Human History, disponible en collection de poche chez Penguin (2007), une magistrale histoire de la traite des Noirs au XVIIIe siècle dans laquelle ce ne sont pas tant les chiffres, les analyses de l’impact démographique ou des conséquences économiques de la déportation des esclaves qui importent, mais plutôt les éléments d’une étude sociale et culturelle de la traite vue au niveau du pont du navire négrier. Cette histoire from below, déjà fréquentée par Marcus Rediker dans ses ouvrages précédents sur les pirates ou sur l'Atlantique révolutionnaire, se situe dans la grande tradition historiographique des Christopher Hill, Edward Palmer Thompson et Peter Linebaugh. Le but de Rediker est d’étudier le navire négrier en tant que phénomène socioculturel global, non seulement du point de vue des esclaves, mais aussi des marins, des capitaines, des forces du capital engagés dans la traite, etc. Il y décrit les rapports individuels, sociaux, la construction des identités de "race", de genre, mais aussi les modes de survie, de collaboration entre esclaves, entre marins et parfois, entre marins et esclaves.

Sans chercher à accumuler les descriptions atroces, Rediker redonne à la traite sa dimension mortifère et proprement "terrorisante". Il montre comment la violence et la terreur exercées contre les captifs, mais aussi à l’égard des matelots font partie du système de domination et d’accumulation primitive capitalistes en construction.

Lire la suite

Les collections des musées municipaux parisiens en ligne   Outils

la Ville de Paris vient de créer le portail des collections des musées municipaux et de la conservation des œuvres d’art religieuses et civiles. Ce nouvel outil de référence rend accessible aux internautes 10 335 œuvres du patrimoine municipal, en particulier les pièces d'époque révolutionnaire du Musée Carnavalet.

Accéder au portail

"Et tu fais quoi demain ? Ah, demain, j'ai révolution"   Actuel

Le Caire, 26 janvier 2011. Deuxième jour de protestation en Egypte après l'appel diffusé sur Internet, et relayé par quelques rares journaux imprimés comme Al Masry Al Youm ou Al Shorouk. Jusqu'au 25, nul ne savait ce qui se passerait et l'on plaisantait au sujet de cette révolution annoncée à force de blague. Et tu fais quoi demain ? Ah, demain, j'ai révolution. Mais la blague n'en était pas une. Nous sommes descendus dans la rue et l'avons prise. C'était si simple. Pourquoi avoir attendu si longtemps.

Lire la suite sur le blog Cri d'Egypte

Needham/Mandar : De la souveraineté du peuple   Annonces

Needham, De la souveraineté du peuple, édition Raymonde Monnier

Raymonde Monnier réédite aux éditions du CTHS (2010) De la souveraineté du peuple et de l'excellence d'un Etat libre, ouvrage de Marchamont Needham (1656), dans la traduction de Théophile Mandar (1790). Nous publions ici la préface de Mandar au texte de Nedham (p. 37-47 de l'édition du CTHS). Pour une présentation de cette traduction qui met en regard la Grande Rébellion et la Révolution française, voir Raymonde Monnier, Nedham, Machiavel ou Rousseau ?, Révolution Française.net, Juillet 2008.

Préface du traducteur

Cet ouvrage fut composé sous le protectorat de Cromwell, dont la sage administration et les qualités extraordinaires ont excité une admiration qui fit, pendant sa vie, oublier son forfait.
Les Anglais (1) ont été heureux de se défendre contre l’anarchie, à l’ombre du trône qu’ils avoient renversé.
Les esprits avoient éprouvé trop d’agitation, pour pouvoir jouir si tôt de la paix et de la liberté : on vit, avec les idées nouvelles, l’homme se ressaisir de ses droits, si long-tems méconnus ; les moyens d’oppression devinrent plus difficiles, à mesure qu’ils parurent plus odieux. L’autorité des rois fut examinée ; et les peuples, plus instruits sur la nature de leurs droits, ne virent bientôt dans un roi qu’un être identique revêtu de leur majesté, dépositaire de leur puissance ; et enfin un agent nécessaire, pour ne faire qu’un seul tout des forces éparses d’un vaste empire.

Lire la suite

Le poids des mots : « Révolte » ou « Révolution » ?   Actuel

Par Rachida Tlili Sellaouti, Université de Tunis la Manouba

En pensant à ce que nous venons de vivre le 14 janvier 2011, je ne peux m’empêcher de me rappeler les paroles de Goethe : « d’ici et de ce jour commence une ère nouvelle dans l’histoire du monde », j’ajouterai, dans l’histoire des peuples. Nous avons inlassablement appris à nos étudiants la nécessité de faire attention aux mots comme de bien distinguer, en la circonstance, « révolte » et « révolution » et la nécessité de cette distinction à chaque fois que nous sommes en présence d’un tournant historique. Ce qui s’est passé en Tunisie le 14 janvier 2011 a valeur d’exemple. Afin de pouvoir définir clairement et implicitement nos choix pour un projet de société digne des vies humaines qui ont été sacrifiées non point au nom de revendications sociales primaires mais sur l’autel de la liberté et de la dignité, il importe qu’on s’arrête sur l’usage des mots, et qu’on applique les définitions appropriées qui traduisent la réalité des évènements à partir d’une question triviale, d’approche méthodologique élémentaire : s’agit-il d’une révolution on d’une révolte ?

Lire la suite sur Babnet Tunisie

Du Siècle des Lumières aux Lumières du Siècle   Actuel

Ce "blog de critique historique du contemporain" de Guillaume Mazeau est hébergé par Nouvelobs.com. Extrait :
"pourquoi consacrer un blog au Siècle des Lumières ? Justement parce qu’il constitue un bon remède à la pensée mélancolique. Siècle d’inventions, d’émancipations, de révoltes et de révolutions mais aussi de conservatismes, de réactions et de contre-révolutions, le 18e siècle présente de profondes similitudes avec notre époque. Peur du déclin démographique, de la banqueroute de l’Etat, peur des masses populaires et des populations de couleur, haine des élites, vie publique rythmée par une série d’affaires politico-médiatiques, débats sur les vertus géopolitiques, démocratiques et morales du libéralisme économique, sur la guerre civilisatrice, la légitimité de la dénonciation civique, la place des médias dans la vie politique, des religions dans la cité mais aussi le statut des femmes dans la vie publique.. L’Affaire Woerth-Bettencourt et l’Affaire du Collier, Wikileaks et L’Ami du Peuple de Marat, ou encore les liens fait par Eric Besson entre la politique sécuritaire et le droit à la sûreté de la Déclaration des Droits de l’Homme et de Citoyen… les parallèles ne manquent pas."

Voir le blog

Tunis : « aujourd’hui, on a pris la Bastille »   Actuel

Libération, 15 janvier 2011 : "Pour Amel, 42 ans, ce n’était pas la première marche, mais tout comme : «J’avais vécu les émeutes du pain, en 1984, mais ce qui se passe aujourd’hui, c’est inimaginable», raconte cette employée de banque. «Inimaginable», «historique» : les mêmes mots reviennent sans cesse dans la foule des manifestants.«Aujourd’hui, c’est notre révolution, c’est un peu comme si on prenait la Bastille : désormais, personne n’a plus peur de parler», confie Amer Dari, professseur de mathématiques. Au-dessus de sa tête, il brandit une pancarte «Ben Ali, dégage !» La foule scande «Ben Ali va-t-en», «Le pain et l’eau oui, mais Ben Ali non»".

Lire l'article dans Libération

Jon Elster sur la Constituante   Annonces

Au collège de France, le cours sur "les décisions collectives" du philosophe Jon Elster traite de la Constituante (premier cours le 13 janvier). Il confronte également cette assemblée et la Convention américaine dans son séminaire qui débute le 24 janvier.
Jon Elster a publié en 2009 Le désintéressement. Traité critique de l’homme économique I, au Seuil (voir la présentation)

Lire la suite

The American Jacobin Party   Actuel

Le Parti Jacobin Américain se présente comme un mouvement qui encourage la vertu politique. Il soutient des valeurs libertariennes (liberal-libertarian ideology) et cherche à associer protection sociale et garantie des droits de l'individu. Il se réfère en particulier à Robespierre qui est le nom de plume de l'un des fondateurs. Le site de ce mouvement met ainsi en exergue le discours du 18 pluviôse an II-5 février 1794, Sur les principes de morale politique qui doivent guider l'administration intérieure de la République.
Dans quelle mesure Robespierre est-il compatible avec le libertarisme, même de gauche, et quoique le philosophe Philippe Van Parijs y inscrive également Thomas Paine ? Le libertarisme renvoie en effet à une conception de la liberté sans entrave qui n'est pas celle de Robespierre, ni celle de Paine au demeurant, puisqu'ils conçoivent la liberté comme non-domination.

Voir le site et le blog

Vue de Suède : la Révolution française en Lego   Actuel

La Révolution française vue de Suède (et en Lego) débute le 3 août 1788 dans la paysannerie, se prolonge au prône, débouche sur un nouveau parlement "super cool" et comporte deux événements : la prise de la Bastille et la mort du roi.

Voir la vidéo

Percevoir un objet en révolution : une conscience conflictuelle   Textes

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Notre attention présente porte sur la part des objets dans les événements révolutionnaires. De fait, les objets sont l’un des supports essentiels de l’action révolutionnaire. Les localiser permet d’obtenir un maximum d’informations sur les manières d’agir des acteurs en conflit. Présentement, il s’agit d’une scène révolutionnaire très singulière, l’exécution punitive à Martigues au cours de l’été 1792, par des paysans, d’un ouvrier ayant déposé une tête de mort dans un arbre de la liberté au titre du symbole « la liberté ou la mort ».

Lire la suite

La haine de Marat : Onfray ou l’affabulation   En ligne

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Paris 1

En 2009, Michel Onfray a publié une apologie de Charlotte Corday. Plutôt bien accueillie par les médias, cette histoire est pourtant historiquement médiocre et politiquement scandaleuse. Depuis Adam Lux (1765-1793), ce Mayençais guillotiné pour avoir publié un chant d’amour en l’honneur de la belle Corday, la liste de ceux dont «l’ange de l’assassinat» a fait perdre la tête ne cesse de s’allonger. S’il participe d’un retour de flamme plus général pour Corday, le coming out de Michel Onfray ne peut que surprendre et inquiéter, surtout lorsque celui-ci reçoit la bénédiction de la critique la plus installée. Car cet éloge cache un brûlot mal inspiré, jamais fondé, truffé d’erreurs, ponctué d’attaques haineuses, arbitraires – et pour tout dire, populistes. Onfray veut montrer que Charlotte Corday peut inspirer tous ceux qui, lassés d’une gauche de ressentiment impuissante et rongée par les haines et les envies, demeurent fidèles à l’action, à la morale et à la vertu.

Lire le texte sur marat-jean-paul.org

Jaurès/Kautsky : socialisme et Révolution française   Annonces

Socialisme et Révolution française

Nous publions l'introduction et la table des matières de l'anthologie de Jean-Numa Ducange sur Jean Jaurès et Karl Kautsky, Socialisme et Révolution française, Paris, Démopolis, 2010 (préface de Michel Vovelle).


La Révolution (toujours) en question

Qui, aujourd’hui, n’a pas entendu parler de Jaurès ? De tout bord, on s’en réclame ; de tout bord, on le cite. Peut être est-il temps de le relire, au-delà de quelques citations issues de textes clairsemés (1). Son Histoire socialiste de la Révolution française, pourtant son ouvrage le plus élaboré, n’est guère mobilisée par la « citomanie ». Dans sa vaste fresque de l’histoire révolutionnaire, Jaurès entend siéger à côté de Robespierre aux heures difficiles de la Convention : « Ici, sous ce soleil de juin 93 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux jacobins (2) ». Parmi ses héritiers présumés, combien assumeront, avec Jaurès, de s’asseoir aux côtés de Maximilien Robespierre ?

Lire la suite

De citoyen à citoyen   Actuel

Cahier de doléances et de propositions pour refaire une Cité

Appel à participer à un projet de cahier de doléances contemporain, en vue de préparer les débats électoraux de 2012

Ce cahier a l’ambition d’être transversal dans ses thématiques et bref dans sa forme. Il doit pouvoir circuler facilement sous forme papier comme sous forme électronique et pouvoir être approprié par des lecteurs variés. Les doléances recueillies répondent au texte d’appel que nous avons pris l’initiative de rédiger et qui nous semble correspondre à une situation présente où l’horizon fermé est à la fois annoncé comme crise mais abandonné à tout investissement imaginaire. La formule « Soyons réaliste, demandons l’impossible », est une manière de ressaisir cette crise en disant nos doléances, nos griefs face à la cruauté du pouvoir afin de fabriquer un autre horizon commun. Dire là où ça ne va pas, là où ça ne va pas bien, là où ça souffre et se plaint, afin d’élaborer dans ce pays, à nouveau, un imaginaire politique. Si cela vous semble possible, rédigez une doléance liée à votre expérience professionnelle, soit collectivement , soit à titre personnel, une doléance liée à votre expérience civique, une doléance liée à votre expérience plus personnelle….. Chaque doléance ne devra pas excéder 15000 signes et pourra n’être constituée que d’une page ou même d’une phrase. Aucun sujet n’est hors sujet.

Lire la suite

L’interruption en révolution, le 31 mai 1793 : un discours non prononcé de Rabaud Saint-Etienne   Textes

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS

Au cours de la très longue séance de la Convention du 31 mai 1793, Danton a prononcé un important discours sur la situation révolutionnaire du moment, un discours « heureux » donc, que nous avons reconstitué, sur la base des comptes-rendus des différents journaux, et publié sur le présent site. De cette séance exceptionnelle de la Convention, nous retenons présentement un autre discours, celui du girondin Rabaud Saint-Etienne, porte-parole de la Commission des douze. Cependant il se situe dans un contexte d’énonciation fort différent : ce discours s’avère « malheureux » du fait d’une série ininterrompue d’interruptions qui empêche l’orateur de s’exprimer pleinement. C’est donc le statut discursif de l’interruption en révolution, et conjointement celui de l’injure, que nous analysons présentement.

Lire la suite

Les héritages des républicanismes et la république comme utopie   Annonces

Les héritages des républicanismes et la république comme utopie, atelier du Congrès Marx International VI hors les murs associé au Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Paris 1), se tiendra le samedi 27 novembre 2010 de 10h à 18h à l'Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Les problématiques du républicanisme, principalement connues par des travaux anglo-saxons, sont peu présentes en France. Les équivalents français de ces recherches en histoire politique et histoire des concepts ou des idées, quant à eux, ne dépassent guère le cercle étroit des spécialistes, au demeurant peu nombreux. Il s'agira dans cet atelier, de poursuivre, d'approfondir et d'élargir la réflexion entamée en 2008 lors du colloque Républicanismes et droits naturels, en se concentrant sur trois points qui sont apparus comme les principaux blocages : d'abord, le fait que la notion de républicanisme est réputée avoir épuisé ses potentialités révolutionnaires et semble désormais, en France, fixée peu ou prou aux valeurs de la IIIe République ; ensuite que le républicanisme est séparée des traditions jusnaturalistes et socialistes ; enfin, que l'approche standard des expériences républicaines tend à les cloisonner dans le temps et dans l'espace.

Lire la suite

A la reconquête de la République   Actuel


"Face aux lois Sarkozy contre les étrangers en général et les Roms en particulier : la République comme utopie émancipatrice".
Photographies prises dans les différents massifs français le week-end du 11-12 septembre lors de l'opération "à la reconquête de la République", soutenue et aidée par l' association "Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui" ainsi que RESF et la "Ligue des Droits de l'Homme".

Lire la suite

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2010-2011   Séminaire

Groupe de travail associé au Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Paris 1) et animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h :

Lire la suite

La Bastille s'expose à l'Arsenal   Annonces

L'exposition La Bastille ou l’Enfer des vivants se tient du 9 novembre 2010 au 11 février 2011 à la Bibliothèque de l'Arsenal.

Au-delà du mythe, que fut réellement la Bastille ? L’exposition présentée à la Bibliothèque de l’Arsenal raconte l’histoire de la prison, du règne de Louis XIV jusqu’à la Révolution française. De nombreuses pièces d’archives, dossiers de police, registres de la prison, écrits de prisonniers illustres ou inconnus, dessins, estampes et objets dévoilent les causes et les réalités de l’embastillement sous la monarchie absolue. Les affaires célèbres sont évoquées, mais surtout sont mis en lumière les rouages de la société d’Ancien Régime, soumise à la justice extraordinaire, celle du secret et de la lettre de cachet.

Lire la suite du communiqué de presse en .pdf et voir la video de l'exposition

Le peuple brise ses chaînes   Actuel

manifestation retraites Marseille 16 octobre 2010

Marseille, samedi 16 octobre 2010

L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (5)   Synthèses

Camp de Gurs

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier (voir les volets 1, 2, 3 et 4). Voici la dernière livraison.


Après la Traite ?

Où trouver les instruments de l'industrie ?

"En Afrique, les instruments sont là, ils sont nombreux, ils s'entretiennent d'eux-même. Si la terre exige plus de travail, la population inoccupée est si abondante qu'elle fournit aisément à ce besoin".
TALLEYRAND, 1754-1838, Mémoires.

"Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la : non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites !"
VICTOR HUGO, Discours du 18 mai 1879.

Lire la suite du cinquième et dernier volet en .pdf

La déclaration du droit des gens de l’abbé Grégoire (juin 1793, 4 floréal an III)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

Cette étude reprend le texte d'une communication présentée lors d'un colloque consacré à Grégoire qui s'est tenu à Metz en novembre 2006.

Dès le mois de décembre 1789, une partie des patriotes du côté gauche souhaitent que l’Assemblée Constituante s’empare de la question des relations extérieures de la France régénérée et définissent les grandes lignes d’une politique pacifique, refusant la guerre offensive, la conquête et la diplomatie « machiavélique » des rois. Dans l’une de ses premières interventions, Volney avance ainsi l’idée d’une déclaration solennelle des principes qu’entend suivre désormais la France dans ses rapports avec les autres peuples. Il appelle l’Assemblée à montrer

« que ces mêmes règles de justice que vous avez reconnues dans les particuliers existent aussi dans les nations : que dans la grande société du genre humain, les peuples ne sont que des individus qui, doués des mêmes facultés et investis des mêmes droits, doivent être soumis à des lois semblables » (1).

Lire la suite

L'enseignement de la Révolution française. Relance de l'enquête   Enseignement

La Société des études robespierristes (SER) et l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG) vous invitent, dans le cadre de la préparation de journées d’études qui seront consacrées à l’enseignement de la Révolution française, au printemps 2011, à répondre à l’enquête ci-dessous. L’objectif de cette enquête est de recueillir un certain nombre d’informations sur la manière dont cet enseignement est mis en œuvre, tant à l’école élémentaire que dans l’enseignement secondaire. Il s’agit donc à la fois de pouvoir dresser un état des lieux des pratiques et de saisir les principaux enjeux de cet enseignement aujourd’hui.
Les questionnaires remplis seront à retourner pour le 20 novembre 2010.

Télécharger le questionnaire

La réaction thermidorienne d'Albert Mathiez   Annonces

Albert Mathiez La réaction thermidorienne

Nous publions le premier chapitre du classique d'Albert Mathiez, La réaction thermidorienne, réédité par les Editions La Fabrique, 2010, 410 p., avec introduction et notes de Yannick Bosc et Florence Gauthier.

Je me propose d'exposer avec quelque détail l'histoire intérieure des quinze derniers mois de la Convention nationale, depuis la chute de Robespierre au 9 thermidor an II (27 juillet 1794) jusqu'à l'avènement du Directoire, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Ces quinze mois ont reçu le nom mérité de Réaction thermidorienne (Réaction, cela veut dire Retour en arrière, recul), et, en effet, nous allons assister à la destruction progressive des institutions et des usages de l'époque précédente, de l'époque de la Terreur, en même temps qu'à l'exécution et à la persécution de tous les hommes qui avaient auparavant exercé le pouvoir ou participé à l'administration.
Avant le 9 thermidor, sous la pression des nécessités politiques et économiques de l'état de guerre, afin de vaincre l'ennemi intérieur et extérieur comme pour nourrir les villes et les armées menacées d'une famine permanente, le pouvoir s'était de plus en plus concentré.

Lire la suite en .pdf

La société londonienne du XVIIIe siècle dans le regard d’un couple, Elizabeth et James Cook   Recensions

Anna Enquist Le retour

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS

A propos du roman d’Anna Enquist, Le Retour, Actes Sud, 2007, 489 pages: le conjugalisme à l'épreuve de la fiction

"Tout est historiquement exact dans le nouveau roman de la Néerlandaise Anna Enquist. Et pourtant l'imaginaire domine ce livre qui prend pour point de départ la vie et les voyages de l'explorateur James Cook" (Christine Ferniot, Lire, avril 2007).
L’explorateur anglais James Cook (1728-1779), devenu célèbre pour ses tours du monde entamés à partir de 1768 est, pour les siens, un époux et un père longuement absent, voire ne donnant plus de nouvelles dès qu’il a atteint les mers au-delà du Cap. Absent donc d’abord l’été pendant douze ans, puis deux à trois ans ensuite. Conscient d’une si longue séparation, et dans le but de conserver une trace écrite des activités respectives de chacun, James dit alors à sa femme Elizabeth, « Tu peux rédiger un journal de la maison comme moi je tiens un journal de bord ». La principale narratrice fictive de ce roman, en l’occurrence Elizabeth, réagit mal en considérant qu’ « elle s’était senti humiliée ».

Lire la suite

Des intentions et de leur réception : à propos de « notre terreur »   Actuel

notre terreur

Par Yannick Bosc, GRHIS, Université de Rouen

Notre terreur, création collective de la troupe d'ores et déjà mise en scène par Sylvain Creuzevault, est centrée sur Robespierre et les derniers mois du Comité de Salut Public. Créée l'an passé à La Colline la pièce est reprise du 9 au 30 septembre 2010 dans ce même théâtre pour la 39e édition du Festival d'Automne.
Disons d'emblée que ce spectacle porté par d'excellents acteurs frappe principalement par l'écart entre les intentions affichées et la réception des spectateurs.
Les intentions sont claires : « Que reste-t-il des révolutionnaires de l’an II dans l’imaginaire populaire ? Du sang. Sur quelle tête cet imaginaire se concentre-t-il ? Robespierre. Les 9 et 10 thermidor an II de la République marquent son arrestation et sa mort. Notre terreur interroge et dénonce cette transmission que d’ores et déjà interprète comme une censure thermidorienne, comme la fabrication de l’homme à abattre, comme le terroriste » (voir la présentation du spectacle sur le site de La Colline ).

Lire la suite

Valeurs républicaines : le retour ?   Actuel

Manifestation du 4 septembre 2010

Rue 89 a demandé à Patrick Weil et Dominique Borne de faire quelques rappels sur les valeurs républicaines à la veille de la manisfestation du 4 septembre :

"L'appel a été lancé en plein mois d'août, lorsque 40 associations, partis et syndicats ont répondu à l'appel de la Ligue des droits de l'homme afin de réagir au discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et au virage sécuritaire du gouvernement. La date choisie pour manifester ne doit rien au hasard : le 4 septembre, jour anniversaire de la proclamation de la IIIe République, une manière de réaffirmer l'attachement à des valeurs républicaines sérieusement mises à mal. C'est donc place de la République, comme il se doit, que les Parisiens sont appelés à se rassembler à partir de 14 heures, alors qu'au même moment des rassemblements se tiendront dans toute la France".

Lire la suite dans Rue 89

Photographie de la manifestation du 4 septembre 2010, publiée dans la Photothèque du Mouvement Social. Le 4 juin 1793, une délégation du peuple (2 noirs, 2 métis, 2 blancs) intervenait à l’Assemblée Nationale pour exiger l’abolition de l’esclavage, portant le drapeau bleu, blanc, rouge sur lequel figuraient trois silhouettes noire, blanche et métissée symbolisant l’unité du genre humain.

"La liberté des nègres", par le citoyen Piis   Textes

Par Félix Mangano, Université Paris Diderot - Paris 7

Le texte de La liberté des nègres que l'on trouvera plus bas est tiré du recueil de Chansons patriotiques : chantées, tant à la section des Tuileries, que sur le théâtre du Vaudeville, par le citoyen Piis, an II (1794), p.32. Il est consultable sur Gallica. Cette chanson a également été imprimée sous le titre La liberté de nos colonies, vaudeville républicain chanté à la section des Tuileries le 20 pluviôse (voir sur Gallica). Antoine-Pierre-Augustin de Piis (1755-1832), l'auteur, est le fils de Pierre-Joseph Varennes, chevalier de Saint-Louis et baron de Piis, major au Cap et propriétaire au Dondon à Saint-Domingue, cité dans la Description Topographique, Physique, Civile, Politique Et Historique De La Partie Française De L'isle De Saint-Domingue, de Moreau de Saint-Mery (1796-1797). Descendant de colon, Antoine-Pierre-Augustin de Piis connaît bien les questions de la traite négrière et de l’esclavage dans les colonies.

Lire la suite

Réflexion sur les formes historiques et sociodiscursives de l'engagement en Révolution   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-Lyon/Université de Lyon

A propos de l'ouvrage de Guillaume Mazeau, Le bain de l’histoire. Charlotte Corday et l’attentat contre Marat (1793-2009), Paris, Champvallon, 2009, 427 pages.

La mort de Marat, le 13 juillet 1793, est un événement régulièrement revisité, de génération en génération, par les journalistes, par les érudits locaux et plus irrégulièrement par les historiens « universitaires ». L’originalité de la démarche de Guillaume Mazeau est de prendre parti, dès l’introduction, pour une histoire universitaire engagée à propos de l’assassinat commis par Charlotte Corday contre Marat. Il s’agit alors, entre histoire, historiographie et mémoire, d’entrer dans « une fabrique du passé » où se dévoilent des pratiques sociales enracinées dans l’événement « assassinat de Marat ». Ainsi l’attention de l’historien se porte prioritairement sur les formes de l’engagement qui se manifestent dans la multiplicité des expériences de l’événement autour de la figure de Charlotte Corday.

Lire la suite

L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (4)   Synthèses

Abolition de 1848 (détail) Biard

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après les volets 1, 2 et 3, voici la quatrième et avant dernière livraison.

1846 : l'abolition de l'esclavage en Tunisie

Les esclaves dans la région de Tunis
Le Bey de Tunis avait depuis longtemps sa garde d'élite et des forces militaires formées de captifs noirs que fournissait la traite transsaharienne. Au XIXe siècle, les esclaves étaient voués, dans les villes, à des tâches domestiques au service des couches aisées. L'esclavage à des fins économiques, s'il n'avait plus de place en ville, se maintenait dans les oasis du Sud.
En terre d'islam, l'affranchissement était traditionnel et pouvait prendre un caractère collectif à l'occasion de la naissance, du mariage ou du décès du maître. Les confréries des affranchies, politiquement protégées, encadraient la vie des nouveaux libres, mais servaient aussi de refuge aux esclaves fugitifs, enfin de conservatoire des cultures africaines noires, s'abritant sous un vernis islamisé.

Lire la suite du quatrième volet de l'exposition en .pdf

Calomnie, dénonciation et politique   Actuel

Par Emilie Brémond-Poulle, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Les révélations liées au scandale politico-financier Bettencourt/Woerth (*) ont entraîné une série de réactions vives de la part des députés, ministres et membres de l’UMP, accusant le journal en ligne Médiapart, à l’origine des révélations, de calomnie, pratiques fascistes et autres. Débutée, il y a plus d’un mois, la polémique s’est progressivement étendue, faisant feu de tout bois, pour finalement se recentrer sur les rapports entre le pouvoir et la presse. En dépit de sa disparition des « unes » au profit de nouveaux sujets, il semble intéressant de faire part des réflexions inspirées par cette affaire : de part son contexte et les sujets abordés, elle a fait écho à des questions rencontrées dans mon travail de thèse sur la pratique de la dénonciation politique dans L’Ami du Peuple de Marat entre 1789 et 1793 (1). Un parallèle avec la période révolutionnaire semble assez évident, puisque des événements ou des personnages ont été largement cités dans les débats et les discussions de ces derniers mois. Parfois utilisée comme exemple démocratique, en renfort d'un argument anti-gouvernemental, il est remarquable que la Révolution française ait principalement servi de contre-exemple dans les interventions des hommes politiques de la majorité.

Lire la suite

Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie   Annonces

Nous publions l'introduction du deuxième numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, « Les Abolitions, de la Normandie aux Amériques», (2009, 240 pages) sous la direction d'Eric Saunier, ainsi que l'éditorial du premier numéro qui présentait le projet.

Introduction du n°2
Par Eric Saunier, Université du Havre, CIRTAI

La publication du premier numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, en choisissant pour thème la traite et ses implications dans les villes portuaires négrières (1), avait pour objectif d’impulser une réflexion générale dont le but est de restituer la spécificité de l’histoire et de la mémoire de la traite des noirs, de l’esclavage et de leurs abolitions en Basse-Seine dans le cadre des questionnements contemporains concernant ce sujet. C’est également dans cette perspective qu’est placé ce second volume qui prolonge la journée d’études organisée le 7 mai 2009 à la Maison de l’Armateur. Il propose en effet de regarder, en partant du cadre régional, les conditions dans lesquelles se déroula le lent et complexe processus qui, du vote de la Convention le 4 février 1794 à la décision d’abolir l’esclavage au Brésil en 1888, aboutit à proclamer l’émancipation des esclaves. Le thème de l’abolition de l’esclavage est en effet un objet d’études privilégié pour réfléchir à l’existence de comportements régionaux originaux. Il permet aussi de valoriser un patrimoine mémoriel largement méconnu. Sur le premier plan, dans le contexte du retard historiographique affectant la connaissance du fait esclavagiste en Basse-Seine (2), l’étude de l’opinion face à l’esclavage fait en effet exception et, sur le plan mémoriel, la Normandie présente l’avantage de compter, avec le pasteur Guillaume de Félice (1803-1871), qui desservit l’Église de Bolbec entre 1828 à 1838, et le philosophe et député de la Manche Alexis de Tocqueville (1805-1859), deux figures majeures du combat pour l’abolition entre la Restauration et la Seconde république. Cet intérêt est accru par le fait que, comme le montrent les publications récentes (3), l’abolition est l’objet d’un renouvellement des études universitaires qui permet d’intégrer depuis peu son histoire (4) dans le cadre de l’histoire de l’évolution des idées et des mutations sociales qui touchèrent l’Europe au XIXe siècle.

Lire la suite

L'éloquence en France et en Angleterre   Textes

Paris et Londres en miroir

Fragment (117-124) tiré de : Paris et Londres en miroir. Lettres de voyage extraites du Babillard de Jean-Jacques Rutlidge, présentation et notes de Raymonde Monnier, Presses Universitaires de Saint-étienne, collection Lire le Dix-huitième siècle, 2010, 152 p.

Huitième Lettre du Voyageur Anglais (1778)(1)

Je vous suis obligé, mon cher Babillard, de m’avoir mis en liaison avec M. D**. Cet agréable et judicieux Français témoigne autant d’avidité de bien connaître mon pays, que j’en ai de m’instruire, par la pratique, et de me rendre familier tout ce qui concerne le sien. Jusqu'à présent des obstacles multipliés l’on empêché de franchir la mer, qui les séparent : en attendant le moment favorable, il donne régulièrement chaque jour, quelques heures à l’étude de la Langue anglaise. En général cependant, vos Français dédaignent assez tout autre langage que le leur : il y a trente ans, qu’un homme un peu familiarisé avec deux ou trois idiomes étrangers, aurait été un phénomène parmi vous. Le nôtre y acquiert tous les jours : M. D** ne s’est point contenté de l’étudier, assez pour entendre nos Livres ; il travaille encore à surmonter la difficulté, que ses Compatriotes trouvent presque tous à le prononcer : alternativement il vient s’entretenir avec moi un matin, et le lendemain je vais causer une heure ou deux avec lui : ainsi nous nous efforçons de nous rompre et de nous habituer mutuellement aux articulations et à l’accent des Langues française et anglaise, dont nous échangeons entre nous des leçons théoriques et pratiques.

Lire la suite

Les paysans haïtiens contre Monsanto   Actuel

Six mois après le séisme, les paysans haïtiens refusent le don d'un lot de semences hybrides par le groupe d'agrochimie Monsanto : "Nous nous battons pour notre souveraineté alimentaire et nos semences locales. Les dons de Monsanto sont une attaque contre l'agriculture paysanne et notre biodiversité", précise Chavannes Jean-Baptiste, le leader du MPP (Mouvement des paysans de Papaye). Selon Le Monde du 1er juillet 2010, "la polémique a débuté mi-mai lorsque le Père spiritain Jean-Yves Urfié, un Breton, chimiste de formation, qui a longtemps vécu en Haïti, a dénoncé sur Internet le don par Monsanto de "475 tonnes de semences OGM". Aux Etats-Unis, la mobilisation des altermondialistes s'est amplifiée après la publication sur le site du Huffington Post, d'un article de Ronnie Cummins, de l'association des consommateurs de produits biologiques. Il y dénonçait les "pilules empoisonnées visant à refaire d'Haïti une colonie d'esclaves, non plus de la France, mais de Monsanto et des multinationales de l'agrobusiness"."

Lire l'article du Monde et lire l'analyse de La Via Campesina du 22 juin 2010.

Nouvelle parution numérique : Karl Marx, Critique du droit politique hégélien (1843)   Outils

Le site des Classiques des sciences sociales propose un édition numérique du texte du Jeune Marx, Critique du droit politique hégélien rédigé en 1843 mais publié seulement en 1927, donc resté longtemps manuscrit. Ce texte est essentiel pour comprendre la manière dont Marx aborde la Révolution française, avant même qu’il s’engage dans de vastes lectures de textes révolutionnaires lors de son séjour à Paris à la Bibliothèque Nationale en 1844. On y trouve en particulier la fameuse formule « le pouvoir législatif a fait la Révolution française » qui nous renvoie à l’aptitude de la Convention Nationale à organiser un pouvoir universel au plus près d’une figure du peuple fondatrice de la démocratie.

L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (3)   Synthèses

Vincent Ogé 1790

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après la première livraison et la deuxième, voici la troisième.

Les insurrections au nom du droit naturel dans la Caraïbe (1789-1802)

"Tous les esclaves ne font qu'un cri : liberté"
Dès la mise en place de la traite négrière et de l'esclavage, des résistances multiformes apparurent. Au XVIIIe siècle, les esclaves s'approprient la langue des Lumières pour légitimer leurs actions. L'exemple des Révolutions française et haïtienne renforce les aspirations à la liberté dans la Caraïbe et radicalise les objectifs insurrectionnels en visant la destruction du système colonial.

Saint-Pierre, août 1789. A la Martinique, des esclaves alliés à des "libres de couleur" tentent une insurrection dans la ville de Saint-Pierre, en soulevant les ateliers.

Voir la suite du troisième volet de l'exposition en .pdf

Maison-musée de Saint-Just   Annonces

Inauguration de la nouvelle présentation de la maison-musée de Saint-Just à Blérancourt (Aisne) le samedi 26 juin 2010 à 11 heures :

"Réhabilitée et ouverte au public il y a 14 ans, la maison où le jeune Conventionnel avait vécu dès son enfance jusqu’en 1792, fait aujourd’hui peau neuve en introduisant des moyens numériques modernes. Cinq séquences retracent le parcours de Saint-Just en Révolution à travers cinq grands écrans tactiles; plusieurs niveaux de lecture (grand public, public érudit ou scolaires), permettront à chaque visiteur de suivre l'exposition virtuelle à son rythme. Le parti retenu a été celui de l'Histoire conjugué avec l'interactivité et l'évolutivité offertes par les moyens audio-visuels modernes, ce qui favorisera la mise en valeur du patrimoine historique de Blérancourt et permettra à la maison de Saint-Just de gagner en attractivité, tout en conservant son cachet original. Le projet s'est efforcé de rester le plus neutre possible afin que chaque visiteur se détermine en toute liberté face à ce destin si contrasté."

Voir le site de l'Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just pour le communiqué de presse et l'invitation

Médéric Moreau de Saint Méry contre Julien Raimond (1789-1791)   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Julien Raimond, comme Moreau de Saint Méry, ont été peu étudiés, mais déjà des préjugés ont campé nos deux protagonistes. Pour l’éternité ? Nous ne le souhaitons pas et allons tenter d’éclairer la biographie et la rencontre de ces deux personnages. Au passage, nous découvrirons la source de quelques-uns de ces préjugés.

Que dit-on de Julien Raimond ? Né en 1744 à Bainet, dans la province du Sud de Saint-Domingue, il mourut en 1801. Luc Nemours lui a consacré une brève étude, publiée en 1951, dans laquelle il le présente comme le chef des gens de couleur de Saint-Domingue. Dans son beau travail consacré à la catégorie des libres de couleur dans les colonies françaises de la Caraïbe de 1635 à 1833, Yvan Debbasch présente Julien Raimond comme un défenseur des libres de couleur. John Garrigus, dans une étude de 1990, estime lui aussi que Raimond s’est occupé de défendre les droits de sa couleur. Enfin, Pierre Pluchon, un historien qui ne cache pas ses préjugés racistes, dresse un portrait doublement péjoratif de Julien Raimond, l’un des chefs mulâtres libres qui fut, avec son gendre Pascal, un affairiste à la conduite trouble.

Lire la suite dans Le Canard Républicain

1789 secondes   Actuel

A l'occasion du spectacle de rue 1789 secondes de la Compagnie Internationale Alligator , les habitants de Villeurbanne sont invités à rédiger leurs doléances. Présentation du spectacle : "Retour vers le passé, retour lointain jusqu’à la Révolution française. 1 789 secondes, création mouvementée et touchante de la compagnie Internationale Alligator, nous précipite dans ces années lumières obscures. La période est revisitée à trois cents à l’heure, la scène à 360° pour une performance qui joue avec la rue et l’explore sous toutes ses coutures. Le public, en plein coeur de l’action, se voit entraîné, interpellé, voire même choqué mais toujours impliqué puisqu’il passe tour à tour d’un rôle de citoyen à celui de député, puis de Tiers État ou encore d’armée en marche…
Réel pont entre passé et présent, la compagnie Internationale Alligator, qui arpente une nouvelle dynamique, offre ici un spectacle où les événements de l’époque résonnent malicieusement avec l’histoire d’aujourd’hui."

Lire la suite et voir la bande annonce du spectacle

La Bastille, ou « l’Enfer des vivants »   Annonces

Texte de présentation de l'exposition La Bastille, ou « l’Enfer des vivants » qui aura lieu du 9 novembre 2010 au 11 février 2011 à la Bibliothèque de l’Arsenal-BnF.

La Bastille, si présente dans la mémoire collective française, a disparu, mais ses archives, conservées à la bibliothèque de l’Arsenal continuent à la faire vivre. Lors de la prise de la forteresse le 14 juillet 1789, les émeutiers précipitent dans les fossés les archives qui y sont gardées. Après diverses tribulations, elles sont récupérées en 1798 par l’administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal. Plus ou moins oubliées, elles sont peu à peu « dévoilées » au cours du XIXe siècle, acquérant une aura chargée de mystère.
Organiser une exposition sur l'embastillement, sur le lieu même de conservation de ces archives, a donc paru une évidence. Construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, la forteresse a toujours joué le rôle de prison ; mais c’est à partir du règne personnel de Louis XIV qu’elle devient cette « Bastille de droit divin », prison politique fonctionnant sur le mode du « bon plaisir » et du secret. Des plus grands personnages jusqu’au petit peuple « maldisant », la Bastille accueille des prisonniers de toutes classes, et n’est nullement réservée à une élite sociale et intellectuelle, comme on l’a souvent imaginé. L’exposition entend montrer l’écart entre les réalités dont témoignent les archives, et les légendes qui sont attachées à la forteresse, donnant l’image réelle de la société d’Ancien Régime, jusqu’en ses dernières années.
Plusieurs pièces spectaculaires sont présentées comme la maquette monumentale de la Bastille ou la « chemise » de Latude portant un texte écrit avec son sang, mais surtout de fascinantes pièces d'archives, qui constituent le cœur de l’exposition. De ces documents souvent encore tachés de la boue des fossés, revêtus de signatures illustres ou couverts des humbles écritures des prisonniers, émane une indéniable force émotionnelle.

La Russie mise en "Lumières"   Annonces

Introduction de l'ouvrage de Marc Belissa, La Russie mise en "Lumières". Représentations et débats autour de la Russie dans la France du XVIIIe siècle, Paris, Kimé, 2010.

Belissa La Russie mise en lumières

Parmi les "idées reçues" sur la Russie recensées dans un petit livre récent (1) , on retrouve quelques topoi, forcément entendus ici ou là dans une conversation mondaine ou dans une "brève de comptoir" : la Russie est un pays aussi asiatique qu'européen… Les Russes ont l'âme slave… La Russie est archaïque… Les Russes sont toujours saouls… Les Russes aiment les pouvoirs despotiques… Les Russes sont brutaux… On pourrait continuer la liste indéfiniment tant ce type de lieux communs abondent toujours à l'ouest de l'Europe !

Ce qui est plus étonnant est de constater que nombre de textes de l'époque moderne, dès le XVIe siècle, et plus encore à partir du XVIIIe siècle quand la Russie fait réellement son "entrée en Europe", développaient déjà les mêmes idées reçues (avec, certes, quelques variantes). Ainsi, le capitaine Jacques Margeret au début du XVIIe siècle écrivait que les Russes étaient rudes, grossiers et sans politesse. A la fin du même siècle, le diplomate Foy de la Neuville ajoutait qu'ils n'étaient que des esclaves barbares, défiants et cruels. A la fin du XVIIIe siècle encore, le Dictionnaire universel de Jean-Baptiste Robinet reprenait l'antienne de la barbarie et de l'archaïsme russe : ils sont naturellement soupçonneux et sanguinaires. Ignorants et barbares, ils ne trouvent de plaisir que dans l'usage immodéré de la boisson la plus forte possible…

Lire la suite

L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (2)   Synthèses

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! Après la première livraison voici la deuxième. On peut voir l’exposition du 1er au 13 juin 2010 au Théatre de l’épée de bois dans le cadre du spectacle Léon Gontran Damas A franchi la ligne.

belley par girodet

L'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue : été 1793

En France, la Révolution populaire du 10 août 1792 renversait la Constitution esclavagiste de 1791, fondait la république et des institutions démocratiques. La Convention était élue au suffrage universel. Nouvelle donne.

Vers l'alliance des deux Révolutions

Polverel et Sonthonax, commissaires civils, atteignaient St-Domingue en septembre 1792. Chargés d'appliquer le décret du 4 avril, ils formèrent les Légions de l'égalité de l'épiderme et préparèrent les élections des nouvelles assemblées locales. Le parti colonial ralluma la guerre civile. Une nouvelle alliance se construisait entre les commissaires civils, des libres de couleur et une partie des armées d'esclaves. Depuis février 1793, l'Espagne tenta de déjouer cette alliance, affectant de prendre le parti des esclaves. Toussaint négocia la liberté générale avec l'Espagne, essuya un refus, comprit la manœuvre, en profita et constitua sa propre armée indépendante. C'est alors qu'il prit le nom de Louverture.

Voir la suite du deuxième volet de l'exposition en pdf

Républicanismes : appel à contributions   Annonces

Dans le cadre de la section histoire du Congrès Marx International VI, un groupe d'enseignants-chercheurs de l'Université de Rouen propose un atelier sur le thème des héritages des républicanismes et la république comme utopie. Il est ouvert à toute proposition d'intervention jusqu'à la date limite du 30 juin 2010. Les problématiques de cet atelier s'organisent autour de trois axes : la république comme horizon d'attente ; les liens entre les trois traditions jusnaturalistes, républicaines et socialistes ; la circulation dans le temps et dans l'espace des traditions républicaines. Le texte de présentation ci-dessous en explicite le contenu. Cette VIe édition du Congrès Marx International qui est consacrée aux crises, révoltes, utopies se déroulera du 22 au 25 septembre 2010 à l'Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.

Lire la suite

D'Ayiti à Haïti, la liberté conquise   Annonces

L'exposition D'Ayiti à Haïti, la liberté conquise est proposée par Le Conseil Régional des Pays de la Loire et l'association Les Anneaux de la Mémoire. Elle est présentée en Haïti ainsi qu'à Nantes et dans sa région. On peut à la voir à l'Espace régional de la Sarthe, 83 boulevard Marie et Alexandre Oyon, LE MANS, entre le 17 mai et 11 juin 2010.

"Le 23 août 1791 naissait la première République noire née de la révolte des esclaves contre leurs maîtres : Haïti. Cette date, symbole de la liberté, a été déclarée par l'UNESCO "journée internationale de la traite négrière et de son abolition".
L'exposition évoque la part importante et méconnue d'Haïti dans l'histoire de la conquête de la liberté. Elle relate les événements qui ont jalonné l'histoire de ce peuple meurtri, depuis l'Ayiti des Tainos, puis la colonie de Saint-Domingue, jusqu'à l'avènement d'une nation libre et indépendante. Elle invite à la réflexion sur les fondements (idéologiques, économiques, politiques, etc.) de la République haïtienne et sur les séquelles laissées par l'esclavage".

Voir la présentation sur le site de l'association Les Anneaux de la Mémoire

La bibliothèque André-Desguine   Outils

La bibliothèque André-Desguine est l’un des services de la direction des archives départementales des Hauts-de-Seine. Elle possède un fonds d'environ 55 000 volumes, acquis par André Desguine (1902-1981), directeur de l'École des travaux publics de Cachan de 1942 à 1972, et s’adresse à la fois aux amateurs de livres anciens et aux chercheurs.
La bibliothèque en quelques chiffres : 8 000 éditions antérieures à 1800 ; 150 incunables ; 1 350 éditions pour le XVIe siècle ; 1 350 éditions pour le XVIIe siècle ; 44 000 volumes pour les fonds modernes, dont plus de la moitié pour le XIXe siècle.

Voir la présentation du fonds pour les Lumières et la Révolution française

L’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! (1)   Synthèses

Blake

Révolution Française.net publie en feuilleton (cinq livraisons) les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe !, coordonnée par Florence Gauthier qui en présente le projet :

Cette exposition est le fruit d’une collaboration originale entre des étudiants, des enseignants et des personnels IATOS de l’Université Paris 7-Denis Diderot, avec le soutien de l’UFR Géographie, Histoire, Sciences de la Société (GHSS). En 1998, la date retenue pour la commémoration officielle, en France, de l’abolition de l’esclavage fut celle de 1848, laissant dans l’oubli celle de 1793-1794. Ce « trou de mémoire collectif » a suscité des questions chez les étudiants de Licence et de Maîtrise, qui avaient étudié l’histoire de la première abolition de l’esclavage, en 1793-1794, et la Révolution de Saint-Domingue/Haïti dans mes cours et séminaires.

Lire la suite et voir le premier volet de l'exposition en .pdf

Naissance (et mort ?) du capitalisme   Recensions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Note de lecture sur Ellen Meiksins Wood, L'origine du capitalisme. Une étude approfondie, 2002, trad. François Tétreau, Montréal, Lux Editeur, 2009, 313 p.

L'origine du capitalisme d'Ellen M. Wood est à la fois une synthèse érudite de ses recherches et un ouvrage militant. En effet, si le capitalisme a une origine, comme l'indique le titre, cela signifie qu'il possède également une fin. L'enjeu est donc « de comprendre le capitalisme, pour comprendre ce qu'il faudrait faire pour l'abolir ». Au cœur de ce livre, il y a la dénonciation de la croyance, très largement partagée, en une existence quasi naturelle du capitalisme. Ce système économique , au sein duquel tous les acteurs dépendent entièrement du marché et dont l'objectif est de maximiser les profits, émerge à l'époque moderne. Cependant, on considère généralement qu'il serait l'aboutissement inéluctable de tendances qui ont toujours été présentes. L'histoire du capitalisme se réduit donc le plus souvent à l'étude de la manière dont les obstacles à son déploiement ont été levés – celui du féodalisme en particulier – , tantôt de manière progressive, tantôt grâce à la violence révolutionnaire, la fameuse « révolution bourgeoise ».

Lire la suite

L'Europe peut-elle être dite "civilisée" ?   Brèves

" L'état actuel de la civilisation en Europe est aussi injuste dans ses principes, qu'odieux dans ses conséquences : on en est généralement convaincu, et c'est ce sentiment intime qui fait craindre les progrès des lumières, et qui fait trembler les possesseurs des propriétés à la seule idée d'une révolution ; cependant c'est le hasard seul et non pas les principes d'une révolution qui en arrêtent le cours ; ce qui rend indispensablement nécessaire, pour le maintien de la propriété autant que pour l'intérêt de la justice et de l'humanité, l'établissement d'un système qui puisse en même temps mettre une partie de la société à l'abri de la misère, et préserver l'autre de la spoliation. Cette crainte superstitieuse et ce respect servile, qui naguère environnaient l'opulence, s'évanouissent sensiblement dans tous les pays, et abandonnent les propriétaires au tourbillon des événements. Lorsque la richesse et l'éclat, au lieu de fasciner les yeux de la multitude, ne lui inspirent qu'un dégoût repoussant ; lorsqu'au lieu d'exciter l'admiration, ils sont regardés comme une insulte faite à la misère ; lorsque les dehors éblouissants de l'opulence, ne servent qu'à faire mettre en question la légitimité de son origine, le sort de la propriété devient très incertain ; et ce n'est plus que dans un système d'exacte justice que les propriétaires peuvent trouver leur sûreté ".
Thomas Paine, La justice agraire opposée à la loi et monopole agraire, ou plan d'amélioration du sort des hommes, Paris, an V (1797), p.20

Sur L'idée de droits naturels de Brian Tierney   Recensions

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris-Diderot, Paris 7

Note de lecture sur Brian Tierney, The Idea of Natural Rights. Studies on Natural Rights, Natural Law and Church Law, 1150-1625, Michigan/Cambridge UK, Eerdmans, 1997, 380 p.

« Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d’un mot ; sans doute, il a reçu diverses impressions des évènements auxquels il a servi ; selon les lieux, il a réveillé des idées différentes… »

Balzac, Lucien Lambert cité par B. Tierney, op. cit., n 14, p. 47.

Ayant été frappée par la présence, dans les sources de l’histoire des Révolution de France et de Saint-Domingue, d’une ‘petite phrase’, droit naturel, à laquelle j’ai consacré un premier livre (1) publié en 1992, je viens de rencontrer, avec douze ans de retard, cet ouvrage pionnier de Brian Tierney sur une question encore si mal connue : celle de l’apparition de la ‘petite phrase’ et des sources des débuts de son histoire, sur laquelle planent encore tant de préjugés et d’interprétations non étayées par la recherche historique. Voilà pourquoi il m’a semblé intéressant de faire connaître ce travail par ce compte-rendu tardif, puisque nous sommes en 2009.

Lire la suite

Enquête sur l'enseignement de la Révolution française   Enseignement

Dans le cadre de la préparation de journées d’études qui, au printemps 2011, seront consacrées à l’enseignement de la Révolution française, la Société des Etudes Robespierristes et l’Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG) invitent les enseignants à répondre à une enquête. Son objectif est de recueillir des informations sur la manière dont l'enseignement de la Révolution française est mis en œuvre, tant à l’école élémentaire que dans l’enseignement secondaire. Il s’agit donc à la fois de pouvoir dresser un état des lieux des pratiques et de saisir les principaux enjeux de cet enseignement aujourd’hui.
Les questionnaires remplis seront à retourner sous forme électronique ou papier pour le 30 juin 2010.

Télécharger le questionnaire en .doc

Sur le tutoiement révolutionnaire   Commentaires

Par Sonia Branca-Rosoff, Syled, Université Paris 3

Commentaire d'un texte anonyme signé "C.B. homme libre", intitulé "Sur l'influence des mots et le pouvoir de l'usage" et publié le 14 décembre 1790 (an II de la liberté) dans le Mercure National, le journal de Louise de Kéralio et de François Robert. La presse patriote contient, dès le début de la Révolution française, des rubriques spécifiques sur l’usage des mots et de la nouvelle langue politique, avant même qu’Urbain Domergue publie en 1791 le Journal de la Langue française. Ce texte signé C.B.est l’un d’entre eux. Nous ne disposons que de rares rubriques permettant de situer l'auteur (1). Cependant son insistance sur les droits d'un peuple libre permet de l'associer à un républicanisme fondé sur la liberté définie par sa réciprocité qui est l'égalité, le "tu" fraternel dont il question dans le texte, en étant l'expression. Sur Le Mercure National et François Robert, voir l'extrait du chapitre 6 de Républicanisme, patriotisme et Révolution française de Raymonde Monnier.

Lire la suite

French Historical Studies : appel à contributions   Annonces

The editors of French Historical Studies seek articles for a special issue on “Theorized History.” Articles that demonstrate exciting new approaches to the writing of history are welcome. Rather than taking a polemical position on whether the “linguistic turn” proved beneficial or detrimental to the field of history, we are interested in examples of historical analysis that investigate the past with the awareness that it comes to us through textual artifacts in the broadest sense of that term. In particular, we are hoping to assemble a collection of articles that move beyond some of the binary oppositions that have so divided the field of French history in the last twenty years: the “social” vs. the “cultural,” “biological reality” vs. “discursive representation,” and “history” vs. “theory. We seek essays which demonstrate each side of these binaries as informing and constituting, rather than opposing, the other. We are further interested in scholarship that treats history and theory as inseparable components of a unified approach to historical practice. We are hoping for essays from a wide variety of sub-fields within French History, including science and medicine, race and the Empire, social, intellectual and cultural history, gender, and transnational approaches.

Queries regarding submissions should be addressed to the guest editors, Paul Friedland (pfriedla AT bowdoin.edu) and Mary Louise Roberts (maryroberts AT wisc.edu). Articles may be either in English or in French but must conform to French Historical Studies style (see http://fhs.umn.edu/style/ for details) and must be accompanied by abstracts in both languages. Quotations must be translated from the French for articles in English. Papers should be between 8,000 and 10,000 words (up to but not longer than 15,000 words including notes). For the inclusion of illustrations written permission must be obtained from the relevant persons or institutions for print and on-line publication.

Manuscripts can be sent by post or electronically to Richard Parks, Managing Assistant, French Historical Studies, Department of History, University of Minnesota-twin cities, 1110 Heller Hall, 271 19th Avenue South Minneapolis, MN 55455. We encourage, but do not require, electronic submission of manuscripts. Manuscripts submitted electronically should be sent in MS Word or Rich Text Format (RTF).

The deadline for submissions is October 1, 2010.

Haïti/ 500 ans d’histoire par ses peintres   Annonces

haiti 500 ans d'histoire par ses peintres

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7

Une exposition de peinture d’histoire haïtienne est présentée à Paris à l’UNESCO (Place de Fontenoy, 75 007) jusqu’au 31 mars.

En Haïti, la peinture est une activité populaire qui a été remarquée en particulier par André Breton, lors de son passage dans les Antilles dans les années 1940. On a pu dire que les Haïtiens forment « un peuple de peintres » (André Malraux). Ils ont peint et continuent de peindre leur vie, leur monde et leur histoire. Jean-Marie Drot est parti à la recherche de cette histoire d’Haïti et nous offre une exposition passionnante, qui commence avec l’arrivée de Christophe Colomb dans l’île d’Haïti (une magnifique peinture de Serge-Moléon Blaise), les premiers contacts entre Espagnols et Indiens, puis la dégradation de ces rapports en conquêtes, pillages et mise en esclavage des Indiens sont peints par Eddy Jacques, Fréddy Chérasard, Frantz Zéphyrin. Ce dernier exprime la monstruosité du système et la perte d’humanité des esclavagistes en les peignant sous les traits de « bêtes impitoyables et féroces, destructeurs et ennemis suprêmes du lignage humain », comme l’écrivait Bartolomé de Las Casas dans sa Très brève relation de la destruction des Indes, en 1552. Les résistances indiennes et les massacres réalisés par les conquérants ont poussé les colons à aller chercher une nouvelle main-d’œuvre en Afrique et organiser la traite des captifs déportés en Amérique et mis en esclavage sur les plantations, dont on trouvera plusieurs évocations de Freddy Chérasard en particulier. La Révolution de Saint-Domingue/Haïti tient une place centrale, précédée par des tableaux de la révolte de Makandal et de son martyre par Edouard Jean et par Wilson Anacréon. Frantz Zéphyrin a peint le martyre de Makandal condamné au bûcher, dont l’esprit échappe aux flammes (1758), et celui de Boukman (1791).

Lire la suite

Michel Onfray, Marat et la Révolution française   En ligne

Texte de Vincent Folliot, "La Révolution française pour les Nuls : Michel Onfray, philosophe, écrivain", publié le 5 juillet 2009 dans L'Oeil Critique.

Michel Onfray cultive une liberté de pensée et d’action. Le voilà donc qui s’échine, dans un court travail de 80 pages, à aborder le thème difficile de la Révolution française et à y délivrer une pensée qui, me semble-t-il, ne peut rivaliser avec un quelconque manuel de seconde. Bref, Michel Onfray s’esquinte dans le champ de l’histoire et ça tombe bien. « La religion du poignard – Eloge de Charlotte Corday ». Voilà le titre.

Lire l'article de Vincent Folliot dans L'Oeil Critique

Vida buena, virtud y existencia material garantizada   Actuel

Par Daniel Raventós, Universidad de Barcelona

Lo que pueda ser una vida buena depende de los objetivos, de las creencias de cómo funciona el mundo y de las capacidades sociales y naturales, tanto psíquicas como físicas, de cada uno. Las teorías académicas liberales tratan la cuestión de una forma diferente a como lo hace la concepción republicana histórica de la libertad. Lo que una renta básica pueda suponer para una determinada vida buena también depende de otras precisiones que ineludiblemente deben realizarse para saber con claridad de qué estamos hablando. Entre estas precisiones hay que referirse a la neutralidad y a la virtud. De esto trata básicamente este artículo.

Lire la suite dans SinPermiso du 28 février 2010

L’armée, la révolution russe et la révolution française : la trahison du pouvoir exécutif   Annonces

Extrait de L’histoire de la révolution russe, Tome 1, Février, de Léon Trostky disponible sur le site des Classiques des sciences sociales

Les soldats se sentaient de nouveau dupés. L’offensive menait non point à la paix, mais à la guerre. Or, les soldats ne voulaient point de la guerre. Les patriotes embusqués à l’arrière traquaient et vilipendaient les soldats comme des couards. Mais les soldats avaient raison. Ce qui les guidait, c’était un juste instinct national, réfracté à travers la conscience de gens opprimés, trompés, torturés, soulevés par l’espoir révolutionnaire et de nouveau replongés dans le sanglant gâchis. Les soldats avaient raison. La continuation de la guerre ne pouvait donner au peuple russe rien d’autre que de nouvelles victimes, des humiliations, des calamités, rien d’autre qu’un renforcement de la servitude intérieure et extérieure.

La presse patriotique de 1917, non seulement celle des cadets, mais celle des socialistes, ne se lassait pas de signaler le contraste entre les soldats russes, déserteurs et lâches, et les héroïques bataillons de la grande Révolution française. Ces confrontations témoignent non seulement d’une incompréhension de la dialectique du processus révolutionnaire, mais d’une totale ignorance de l’histoire.

Les remarquables grands capitaines de la Révolution et de l’Empire français débutaient, presque constamment, en enfreignant la discipline, en désorganisateurs ; Milioukov dirait : en bolcheviks. Le futur maréchal Davout, quand il était le lieutenant d’Avout, pendant de longs mois, en 1789-1790, dissolvait la discipline « normale » dans la garnison d’Aisdenne, en chassant les commandants. Par toute la France eut lieu, jusqu’au milieu de 1790, un processus de totale décomposition de la vieille armée. Les soldats du régiment de Vincennes contraignaient leurs officiers à faire table commune avec eux. La flotte expulsait ses officiers. Une vingtaine de régiments soumirent leur commandement à des violences de divers genres. A Nancy, trois régiments jetèrent en prison les officiers. A partir de 1790, les tribuns de la Révolution française ne cessent de répéter, à propos des excès de l’armée : « C’est le pouvoir exécutif qui est coupable de n’avoir pas destitué les officiers hostiles à la Révolution. » Il est remarquable que, pour la dissolution de l’ancien corps des officiers, se soient prononcés aussi bien Mirabeau que Robespierre. Le premier songeait à rétablir le plus tôt possible une forte discipline. Le second voulait désarmer la contre-révolution. Mais tous deux comprenaient que l’ancienne armée ne pouvait plus durer.

Il est vrai que la Révolution russe, différente en cela de la française, se produisait en temps de guerre. Mais ce n’est pas une raison pour faire exception à la loi historique signalée par Engels

Le Dumouriez d'Arthur Chuquet   Recensions

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

Arthur Chuquet, Dumouriez, 1914, réédition, Clermont-Ferrand, Les Éditions Maison, 2009

Dumouriez Chuquet

Pourquoi relire le "Dumouriez" d’Arthur Chuquet aujourd’hui ? Les "Éditions Maison" proposent une réédition de ce livre à l’identique de l’édition originale. A cette occasion, il me paraît intéressant de réfléchir sur la manière dont on faisait l’histoire militaire de la Révolution française en 1914, date de la première publication du "Dumouriez" et sur la façon dont on peut utiliser cette production scientifique dans un processus de réflexion historiographique aujourd’hui. Arthur Chuquet fait partie de ces noms de "grands ancêtres" qui figurent sur toutes les bibliographies mais qu’on lit très peu. C’est pourtant un personnage très intéressant et un grand historien de la Révolution française selon les critères en vigueur à son époque.

Il est né en février 1853 à Rocroi et meurt en banlieue parisienne en 1925. Il fait partie de la génération des pionniers des études révolutionnaires, même si, comme son contemporain Alphonse Aulard né en 1849 et mort en 1928, sa formation initiale n’était pas l’histoire de la Révolution française. Fils d’un fonctionnaire des douanes, Chuquet fait ses études primaires et secondaires à Metz et obtient son baccalauréat en 1870. De 1871 à 1874, il étudie la littérature allemande et l’histoire à l’École Normale Supérieure, avant de faire un voyage d’études en Allemagne. Agrégé d’allemand en 1876, il enseigne au lycée Saint-Louis pendant dix ans, puis devient professeur de littérature allemande à l’École Normale Supérieure. Sa thèse en 1887 porte déjà sur la campagne de 1792. Il devient le directeur de la Revue critique d’histoire et de la littérature l’année suivante et titulaire de la chaire de langues et de littérature germaniques au Collège de France à partir de 1893. Enfin, il entre à l’Académie des Sciences morales et politiques en 1900 et enseigne l’allemand jusqu’en 1921 à l’École militaire de Paris. Une grande carrière d’universitaire sous la Troisième République donc.

Lire la suite

marat-jean-paul.org   Outils

Par l'association POLE NORD, éditrice des Oeuvres politiques de Marat – Coordination : Charlotte Goëtz

En créant marat-jean-paul.org, POLE NORD asbl a pour objectif de fournir aux chercheurs et aux lecteurs des informations encore dans ses fonds, des inédits de Marat et des articles concernant son parcours familial, médical, scientifique et politique. Avec des apports visuels, ils complètent la documentation sur cette personnalité dont textes et actions, connectés à des questions toujours actuelles, ont leur place dans toute formation politique digne de ce nom.

Lire la suite

Les Lumières, la Révolution française et le monde- Séminaire 2010   Annonces

Paris Ouest Nanterre Séminaire de Master, Marc Belissa, Jeudi 13h30-15h30 salle DD 102 (bâtiment DD, 1er étage)

Le séminaire "Les Lumières, la Révolution française et le monde" n'ayant pas pu se tenir l'année dernière du fait du mouvement de grève opposé aux contre-réformes universitaires en cours, il a été reconduit à l'identique cette année.

Lire la suite

De la propriété ou du socialisme, quelle est la valeur la plus républicaine ?   Actuel

La loi d’août 2008 sur la représentativité syndicale est en train de donner lieu à un déchaînement créatif de la part des avocats patronaux. Ainsi, l’opérateur des télécommunications SFR a contesté la représentativité du syndicat SUD au motif que les statuts de la fédération SUD-PTT, à laquelle est affilié ce syndicat, se réfèrent au « socialisme autogestionnaire ». Cette référence est jugée par SFR contraire au droit de propriété et à la liberté d’entreprendre, et donc contraire au « respect des valeurs républicaines », notion introduite dans la loi de 2008.

Lire la suite du texte de Pierre Khalfa dans Mouvements

Haïti : lectures d'avenir   Annonces

Du samedi 30 janvier au mercredi 3 février 2010, à l'initiative de l'association culturelle haïtienne Fokal en France, lectures de textes haïtiens et rencontres autour d'Haïti à la librairie Les Oisieaux rares, 1 rue Vulpian, 75013 Paris.

Le séisme qui a frappé la République haïtienne depuis le 12 janvier 2010 a suscité une profonde émotion et un véritable élan de fraternité dans le monde. L'histoire de la République haïtienne est l'aboutissement de la Révolution de la colonie française esclavagiste de Saint-Domingue, qui était consacrée à la monoculture sucrière, depuis la fin du XVIIe siècle. Profitant du contexte favorable de la Révolution française de 1789, un "nouveau peuple" a pu se former dans la colonie de Saint-Domingue, rassemblant les victimes du système colonial : esclaves et libres de couleur. Ce "nouveau peuple" s'est constitué dans la lutte anticoloniale qui s'est développée depuis 1789 et aboutit en 1804 à la proclamation de la République d'Haïti, "Patrie des Africains du Nouveau Monde et de leurs descendants" et qui reprit le nom précolombien des habitants de l'île, rendant hommage à la résistance des sociétés indiennes, spoliées et massacrées depuis la "découverte" de ce continent en 1492. Cette histoire nous intéresse et nous concerne tous.
Révolution Française.net a consacré plusieurs études à la Révolution haïtienne :
- De la Révolution de Saint-Domingue à l'indépendance d'Haïti : comment sortir de l'esclavage ?
- 1789-1794 : la révolution abolit l'esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage
- Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen

Sur le principe de fraternité   Notions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

En 1848, sous la seconde république, Liberté, Egalité, Fraternité devient la devise officielle de la république. Mais c'est pendant la Révolution française qu'elle prend corps. Sous la première république, les en-têtes des documents officiels n'ont pas de formule fixée : le plus souvent on trouve Liberté-Egalité de part et d'autre de la feuille, mais on rencontre également la formule inversée Egalité-Liberté, d'autres triptyques comme Liberté-Egalité-Justice, ou encore d'autres formules, par exemple Unité, Indivisibilité de la République. On notera que dans les courriers officiels la fraternité est distinguée dans la formule de politesse salut et fraternité. Cependant, si elle n'est pas la devise unique d'une période qui n'en connaît guère, la formule Liberté, Egalité, Fraternité est bien née pendant la révolution française, dans cet ordre – la liberté et la fraternité encadrant l'égalité – et a bien été proposée comme devise, mais pour les gardes nationales et non pas de la république – et ce près de deux ans avant la proclamation de cette dernière.

Lire la suite

Histoire parodique de la Révolution française   Actuel

Un récit en feuilleton dans la tradition satirique et charivarique du journal Le Tintamarre sur Internetalis Universalus. Cinq épisodes sont parus pour l'instant : "Marie-Antoinette saura-t-elle garder la tête froide pendant les événements qui vont suivre ? La Fayette deviendra-t-il le George Washington français ? Necker saura-t-il remettre les finances d’aplomb ? Les bouseux vont-ils retourner à leur place, près du fumier ?"...

Thomas Paine et la fondation républicaine en Louisiane   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

L’achat de la Louisiane et ses conséquences sur le développement des États-Unis ont été abondamment étudiés (1). Bernard Vincent a consacré un article au rôle important joué par Thomas Paine dans la tactique élaborée par le parti républicain à ce sujet, mais il s’est peu intéressé aux aspects théoriques de la contribution de Paine à ce débat (2). Or il me semble que les questions posées dépassent les aspects de tactiques parlementaires pour poser le problème de la transition du despotisme à la république, c’est-à-dire celui de la fondation/refondation républicaine dans un contexte post-révolutionnaire. Cette étude s’insère dans une recherche en cours sur les dernières années de Thomas Paine en Amérique (1802-1809) dont les résultats seront publiés à partir de 2010 dans les Annales Historiques de la Révolution française.

Lire la suite

Nouvelle parution numérique : A. Aulard, Etudes et leçons sur la Révolution française   Outils

Cet ouvrage contient LA DEVISE « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ » - LES PREMIERS HISTORIENS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE - LES PORTRAITS LITTÉRAIRES - BEAUMARCHAIS, L'ABBÉ BARBOTIN, ROBERT RHUM - L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE DANS LA HAUTE-GARONNE - MÉMOIRES DE LA MARQUISE DE LA ROCHEJAQUELEIN ET DE BARRAS. Paris : Félix Alcan, Éditeur, 1910, 308 pp. Collection : Bibliothèque d'histoire contemporaine. Une édition numérique réalisée par Claude Ovtcharenko, bénévole, journaliste à la retraite, France. Collection: Les auteurs classiques. Texte mis en ligne mercredi, le 16 décembre 2009 sur le site des classiques des sciences sociales

Dominación, derecho, propiedad y economía política popular   En ligne

Un ejercicio de historia de los conceptos

Par Antoni Domènech, Université de Barcelone

Como yo no creo en las grandes filosofías de la historia al uso, es decir en esas grandes generalizaciones, la mayor virtud de las cuales, como dijo Marx en ocasión tan memorable como olvidada por muchos marxistas, es que son suprahistóricas; como descreo de esas generalizaciones, más o menos brillantes pero casi siempre desapoderadas, me ha parecido bueno desarrollar modestamente esta intervención con unas breves observaciones sobre la historia de esos mismos conceptos: “dominación”, “derecho”, “economía política”, “economía política popular”.

Los conceptos de “dominación” y de “derecho” tienen una larga historia, y en varios sentidos interesantes, andan inextricablemente unidos; el concepto de “economía política”, que irrumpió como un oxímoron en el XVIII y murió académicamente a comienzos del XX, una historia mucho más breve; y el concepto de “economía política popular”, todavía más efímera: apenas las tres décadas finales del XVIII.

Lire le texte publié dans SinPermiso.info du 29 novembre 2009

Milton, la dignité et la résistance à l'oppression   En ligne

Par Christopher Hamel, Université de Rouen, NoSoPhi-Université Paris 1

Ce texte a été publié sous le titre « "People (...) Should Stand Like Men and Demand Their Rights and Liberties" : le motif de la dignité dans le droit de résistance chez Milton » dans la revue Etudes Epistémè (15-2009). Selon Christopher Hamel, qui s'inscrit dans les problématiques du républicanisme et du droit naturel, "il ne saurait y avoir de véritable opposition entre contractualisme et républicanisme chez Milton. En particulier, il y a dans l’idée de dignité, mobilisée dans The Tenure of Kings and Magistrates et dans d’autres de ses écrits politiques pour justifier le droit de résistance au pouvoir arbitraire, une réconciliation de la pensée du droit naturel moderne et de la pensée républicaine classique."

Lire l'article dans Etudes Epistémè

Pour une ontologie historique du discours robespierriste   En ligne

Robespierre et la formation de l'esprit politique au cours des années 1780

Par Jacques Guilhaumou UMR "Triangle", ENS/LSH, Université de Lyon.

La publication récente d'un onzième volume des Œuvres de Robespierre, sous la responsabilité de Florence Gauthier, et qui porte en grande part sur ses interventions en tant qu'avocat, académicien, puis acteur de la campagne électorale aux États généraux dans les années 1780, permet de décrire l'ontologie historique du discours robespierriste. Il s'agit d'analyser la manière dont Robespierre se constitue lui-même comme sujet observant, participant puis agissant au tout début de la Révolution française. Robespierre apparaît ainsi partie prenante du travail de l'esprit politique qui prédomine chez les futurs législateurs, à l'exemple de Sieyès déjà étudié, durant cette période. Un travail basé sur un socle sociologique d'observation sociale qui précise sa participation active à l'élaboration de notions-concepts ouvrant la possibilité de nommer l'ordre politique, avant même que ce nouvel ordre s'inscrive en 1789 à l'horizon du droit naturel déclaré. Sa touche personnelle concerne l'accent mis sur le nécessaire rôle des femmes et l'incontournable prise en compte de la situation des malheureux, et plus largement des opprimés.

Lire cette étude parue dans Mots sur HAL-CNRS

Trésors cachés de la Révolution française à Carnavalet   Brèves

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Exposition jusqu’au 3 janvier 2010, au Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné 75004, Métro Saint-Paul.

Il ne faut pas manquer ces trésors cachés, parmi lesquels on pourra admirer de nombreuses pièces remarquables. Par exemple, Le Triomphe du peuple français de Jacques Louis David, dessin au crayon, plume et lavis, réalisé sous la Convention montagnarde (et après l’assassinat de Marat comme l’atteste la figure de ce dernier découvrant sa poitrine poignardée), projet qui devait décorer un rideau de scène : hommage du peintre au droit de résistance à l’oppression (Voir Philippe Bordes et Régis Michel éd., Aux armes et aux arts ! Les arts de la Révolution, 1789-1799, Paris, Adam Biro, 1988, p. 117 ; Philippe Bordes, David, Paris, Hazan, 1988, p. 64).

Lire la suite

Ressources pour enseigner la Révolution française   Enseignement

Sur le site de l'Académie de Poitiers, des ressources pédagogiques sont accessibles en ligne pour l'enseignement de la Révolution française. On trouvera par exemple une série de frises chronologiques interactives sur la période 1789 - 1851, des aides à la mise en oeuvre du programme de Seconde, ou encore des pistes pour l'étude des cahiers de doléances, des propositions de séquences et des documents sur Versailles, les Lumières ou l'abolition de l'esclavage.

Origines et persistance de l’Idée des Droits naturels   Synthèses

Par Brian Tierney, Cornell University

Ce texte a été publié dans le Northwestern University Journal of International Human Rights, Vol. 2, April 2004 sous le titre : « The Idea of Natural Rights-Origins and Persistence » (voir). La traduction que nous proposons ici est de Maxime Shelledy (Centre VALE, Université Paris 4).

1. A l’heure où s’ouvre un siècle nouveau, le statut actuel des droits de l’homme reste assez précaire et leur avenir dans le monde est imprévisible (1). A côté des problèmes évidents de leur application concrète en de nombreuses régions du globe, subsistent également de réels doutes quant à la reconnaissance par tous les peuples de l’universalité de l’idéal occidental des droits de l’homme. Samuel Huntington, dans son Choc des Civilisations, présente notre culture moderne des droits comme une spécificité occidentale, sans résonance aucune pour le reste de l’humanité (2). Une autre étude contemporaine porte ce titre peu prometteur : Les Droits de l’Homme : une construction occidentale à l’application limitée (3). A l’extrême opposé, un rapport de l’UNESCO de 1947 fait observer, à propos de l’idée des droits de l’homme, que « ses débuts, tant à l’Ouest qu’à l’Est, coïncident avec les débuts de la philosophie » (4). Dans le même esprit, Nikolas Gvosdev analyse la politique de tolérance religieuse menée par certains empereurs chinois et mongols (y compris Gengis Khan), comme une anticipation de la pratique moderne des droits de l’homme (5). Cependant, il serait erroné de voir une préoccupation pour les droits chaque fois que l’on rencontre des politiques, qui, pour moralement sympathiques qu’on puisse les trouver, reposaient en fait sur de tout autres fondements. Gengis Khan était loin d’être un champion des droits de l’homme avant l’heure. Notre concept moderne n’a pas existé de tout temps, ni en tous lieux ; il a, en fait, son histoire particulière, que nous tâcherons d’explorer et qui, à ses débuts, était bel et bien une histoire occidentale.

Lire la suite

The Commons, the Nobel for Economics and the Living Legacy of Tom Paine   Actuel

Article de Peter Linebaugh, "Putting the Spine Back in the Commonwealth", publié dans Counter Punch le 13 octobre 2009 et dans Sin Permiso le 18 octobre 2009

In the prologue to Henry V (staged in 1599) Shakespeare described the Globe theatre (built in 1599). It is where the muse of fire ascended, this is the cockpit holding the vast fields, this is the wooden O crammed with war, the place of imaginary puissance. The ‘English nation’ as an ideological patriotic construct, yes, was constructed in this O, and then again when Henry V was put up in World War Two on the silver screen. Again, it was ‘the nation’.

A couple Fridays ago though it was A New World: A Life of Thomas Paine that was performed at the Globe, Trevor Griffith’s magnificent play. We walked across the Thames afterwards, across the Millennium Bridge, the footbridge that sways, to Mansion House and the Circle Line. St Paul's Cathedral was lit up, the Globe behind us was still illuminated, the clouds parted to reveal a full moon, and light glittered on the river. No, the scene was not that to evoke the nation. Between the banks of the Thames we could point out, amid the bank buildings of the City, where the demos of 1999, 2001 took place (‘Take Over the City’) against privatization of England and the planet. Again, the buildings were the background to the demo last spring against the G-20. Already, the commons was a call.

Lire la suite du texte en anglais dans Counter Punch ou en espagnol dans Sin Permiso

La Révolution française aujourd'hui   Annonces

L'Université populaire du Dix-huitième organise un week-end autour de la Révolution française les 13, 14 et 15 novembre 2009 et propose un cycle de cours de Sophie Wahnich sur ''la Révolution française aujourd'hui''.

Se remémorer l’histoire avec Walter Benjamin : du narrateur au flâneur   Epistémologie

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Notre objectif présent, dans cette courte réflexion, est d'interroger la manière dont s’opère, chez un certain nombre de philosophes juifs allemands du XXème siècle, et tout particulièrement Walter Benjamin, une ré-appropriation du passé selon une finalité messianique, c'est-à-dire par une nouvelle forme de captation de l'histoire dont l'apport se concrétise dans la promotion conjointe du narrateur et du flâneur. Notre intérêt pour une telle réflexion philosophique sur l’histoire tient donc au fait qu'elle peut s'avèrer d'un secours précieux dans les travaux des historiens, en particulier lorsqu’ils interrogent l’idée de révolution, à condition d'en préciser l'apport dans son intégralité.

Lire la suite

Le tyrannicide dans l'Europe moderne   Annonces

cottret tuer le tyran

Conclusion de l'ouvrage de Monique Cottret, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans l'Europe moderne, Paris, Fayard, 2009, 450 pages.

En parcourant tous ces régicides, de la Florence des Médicis à la France révolutionnaire, la tentation paraît bien grande de tout enfermer dans un même cynisme : chaque époque, chaque groupe, chaque individu ne serait-il pas susceptible de construire le tyran dont il a besoin ? de fabriquer des motifs pour qualifier de tyran celui dont on ne veut plus et justifier ainsi une solution violente ? Retournements, échanges des arguments, instrumentalisations, manipulations, trahisons ne manquent pas effectivement dans cette histoire du politique. Pourtant tous les régicides ne se valent pas : loin de nous la curieuse idée de les classer, mais force est de constater les différences. Ceux qui se réclament de Judith, ceux qui évoquent Brutus ne sont pas tout à fait les mêmes. Il y a ceux qui utilisent le poignard, ceux qui font des procès, les régicides individuels et les régicides collectifs. Beaucoup agissent au nom de Dieu, d’autres au nom de l’Etat, de l’impulsion divine ou de la raison… Très longtemps on attaque le tyran, mais on continue à célébrer le bon roi. En 1649 pourtant comme en 1793, c’est bien la superstition royale qui est en cause : Dieu, ou le peuple, sont seuls souverains.

Lire la suite

The French Revolution in 2010: the Bicentenary comes of age? (2)   Annonces

Second Call for Papers: Conference, University of Portsmouth, UK, 5-6 July 2010.

As the current issue of the journal French Historical Studies makes clear, there is still much to be said on the subject of the French Revolution. Researches have moved on considerably from the time of the Bicentenary of 1989, when the highest-profile disputes were about replacing one ‘orthodoxy’ with another. Grand interpretive plans may have gone the same way as the grand schemes of ideology that were also clashing in a different, more concrete, register in 1989. What, then, are we left with? Has writing on the Revolution adapted to a new era, or moved into less present-minded frames? Is the Revolution still a foundation-stone of modernity, and if so, of what kind of modernity? If ‘modernity’ has become a problematic label to attach to these events, are they still a culmination to their century sufficiently extraordinary to merit close attention? What kinds of historical attention best serve to illuminate this era for the present?

To debate these issues, the University of Portsmouth is hosting an international conference on 5-6 July 2010. Proposals for papers (20-25 minute duration) are invited on any aspect of the origins, antecedents, precursors, events, processes, structures, proponents, opponents, outcomes and heritages of the French Revolution. Interdisciplinary studies and reflections are particularly welcome. A broad range of individual perspectives is sought, but presenters are also encouraged to respond to the larger issues raised above, particularly through contextualising individual research projects.

Please send abstracts of proposed papers (250 words) and a brief CV (2 pages max.) to david.andress@port.ac.uk The closing date for this call is 18 December 2009.

L'origine du capitalisme   Annonces

ellen wood origine capitalisme

Extrait du chapitre 5, consacré aux origines agraires du capitalisme, de l'édition en français de l'ouvrage d'Ellen Meiksins Wood, L'origine du capitalisme. Une étude appronfondie, Montréal, Lux Editeur, 2009, 313 pages. La version anglaise a été publiée chez Verso en 2002. Sortie en librairie le 16 octobre.

Le meilleur correctif qu'il convient d'apporter aux explications courantes qui nous présentent le capitalisme comme un phénomène naturel, et aux pétitions de principe à propos de ses origines, est sans doute de reconnaître que ce système, avec ses impératifs particuliers d'accumulation et de maximisation des profits, a vu le jour non à la ville, mais à la campagne, en une région bien précise et à une époque plutôt récente de l'histoire de l'humanité. De plus, on retiendra que ce régime n'est pas juste un prolongement ou un accroissement du négoce et des échanges commerciaux, mais qu'il a procédé à un changement radical dans les relations et les pratiques humaines les plus élémentaires, rompant de façon nette avec la manière dont les êtres humains étaient en interaction avec la nature depuis des temps immémoriaux

Lire la suite en pdf

Deux expositions à Carnavalet   Annonces

Du 30 septembre 2009 au 3 janvier 2010 le musée Carnavalet consacre deux expositions à la Révolution française. La première, consacrée aux "trésors cachés du musée Carnavalet", expose des pièces rarement présentées et des acquisitions récentes. La seconde qui a pour objet les "caricatures anglaises au temps de la Révolution et de l'Empire" propose un choix d'une quarantaine de gravures tirées des collections du musée.

Voir les détails sur le site de la Mairie de Paris

Pas de rue Robespierre à Paris   Actuel

Georges Sarre et Michel Charzat, avec le soutien des groupes MRC et apparentés, Communiste et élus du Parti de Gauche, et de quelques élus socialistes et verts, ont proposé ce mercredi au Conseil de Paris de donner le nom de Robespierre à une rue de la capitale. Une courte majorité UMP-PS a hélas rejeté cette initiative, après l'hostilité affichée du Maire de Paris et une intervention d'une rare mauvaise foi et d'une rare violence de M. Bournazel pour l'UMP.

Lire la suite sur le site L'esprit républicain ; voir également le blog d'Alexis Corbière, Conseiller de Paris et Premier Adjoint au Maire du 12e arrondissement.

De peuple à prolétaire(s) : Antoine Vidal, porte-parole des ouvriers dans L’Echo de la Fabrique en 1831-1832   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

L’ Écho de la Fabrique, premier journal ouvrier publié par les canuts lyonnais, est disponible sur le Web, avec la possibilité d'en explorer le vocabulaire de manière systématique, à l'initiative d'une équipe de chercheurs lyonnais de l'ENS-LSH dirigée par Ludovic Frobert, et en collaboration avec Mark Olsen et l'ARTLF de l'Université de Chicago. Il s'agit présentement de faire une analyse, sur la base de contextes, de concordances et de cooccurrences, du trajet discursif parcouru en 1832-1833 par son premier rédacteur, Antoine Vidal. Ce trajet thématique nous mène du désignant peuple, hérité de la Révolution française, au désignant prolétaire(s) en passant par travailleur(s), industriels, classe ouvrière, classe prolétaire, etc. Antoine Vidal apparaît ainsi, à travers une telle matérialité linguistique et son fonctionnement propre, comme l’un des premiers porte-parole de la classe ouvrière dans la manière même dont il configure une parole autonome, et permet ainsi d’en mesurer les effets pratiques en terme d’émancipation.

Lire la suite dans la revue Semen

Quand le nazisme déclarait la guerre à 1789   En ligne

Nazisme, fascisme et un peu moins ouvertement vichysme se veulent et s'affirment comme « l'anti-89 ». Il s'agit de rayer de l'histoire tout ce qui donne à la Révolution française sa grandeur, sa richesse à la fois pour les quelques années de son existence, mais encore pour les deux siècles qui l'ont suivie. La Résistance fut l'expression du non catégorique à cette prétention. Sans doute ne fut-elle pas tout entière une opposition au nazisme et au vichysme parce qu'elle s'affirmait héritière des valeurs nationales et démocratiques de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et des acquis dans tous les domaines de l'œuvre révolutionnaire de 1789-1793. Sans doute pourrait-on signaler des résistants, voire des mouvements entiers de la Résistance pour lesquels 89 ne fut pas une référence constante. Mais parce que tous sans exception combattaient pour l'indépendance totale de la nation française, sa grandeur et pour que le peuple ait droit souverainement à la parole, ils voulaient rétablir la France dans les droits conquis par 1789.

Lire la suite dans Le patriote résistant (juillet-août 2009), publication de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2009-2010   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Lire la suite

La Révolution française : le langage du droit contre le discours de l'exclusion   Synthèses

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pour Alphonse Aulard, la Révolution française réside dans les efforts faits pour réaliser la Déclaration des droits rédigée en 1789 et complétée en 1793. Quant à la contre-révolution, poursuit-il, ce sont les tentatives faites pour s'en détourner (1). Le côté gauche de l'Assemblée nait ainsi du travail politique qui consiste à rappeler les principes déclarés en 1789 et à dénoncer les contradictions de représentants du peuple qui s'efforcent majoritairement de les esquiver. La ligne de partage entre révolution et contre-révolution passe par l'acceptation ou le rejet de la Déclaration. Mais plus précisement, puisqu'il existe plusieurs manières de concevoir le rôle et le contenu de ce texte fondateur, les conflits politiques se cristallisent sur les termes du contrat : qu'est-ce qu'un ordre social ? Qu'est-ce qu'être citoyen ? En quoi consiste la liberté, l'égalité ou la propriété ? Suivant les réponses apportées, les politiques mises en oeuvre tendront vers la réalisation des principes déclarés ou s'en écarteront. Le langage du droit, en tant que langue des droits naturels en actes, est ce qui guide le législateur dans la constitution d'une société juste. Il est la langue politique de la Révolution française (2) dont l'objet principal est de lutter contre le discours de l'exclusion qui est celui de la contre-révolution.

Lire la suite

Renta Básica/Basic Income/Allocation universelle   Actuel

Le site Rede Renta Básica associé au Basic Income Earth Network (BIEN) rend compte de l'actualité du principe d'allocation universelle, formulé pour la première fois par Thomas Paine dans Justice agraire (an V-1797), principe qui consiste à verser inconditionnellement à toute personne, riche ou pauvre, un revenu d'existence : " le premier principe de la civilisation, écrit Paine, doit avoir été, et doit être encore, que la condition des individus qui naissent après l'établissement de cet état, ne soit pas plus malheureuse qu'elle ne l'aurait été s'ils étaient nés avant cette époque". Pour Paine mais aussi Mably ou Robespierre, autres théoriciens du droit à l'existence, la raison d'être d'une société est en effet de garantir une existence digne aux êtres humains qui la compose. Sans cela ils sont dans un état de guerre les uns avec les autres, et non dans un état social.

Voir le site

Albert Mathiez, historien de la Révolution française. Le métier d'historien face aux manipulations de l'histoire   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Albert Mathiez, le célèbre historien de la Révolution française, fondateur de la Société des études robespierristes, en novembre 1907, et de la revue Annales révolutionnaires en 1908, demeure néanmoins un penseur méconnu et encore insuffisamment étudié. Bien sûr, on remerciera James Friguglietti, ici présent, d’avoir publié la première, et fort utile, biographie d’Albert Mathiez, en 1974, mais la matière comme le temps écoulé, invitent à approfondir notre connaissance d’un des grands historiens du XXe siècle, qui rencontra, malgré sa mort prématurée, une audience internationale. Mon modeste apport se limitera à tenter de dégager les raisons du combat acharné que mena Mathiez pour faire admettre le droit de penser librement et l’indépendance de la recherche, en l’occurrence en histoire de la Révolution française. Le contexte historique de ce rude combat, celui de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe, était particulièrement lourd et plein de dangers.

Cette communication a été présentée au colloque du centenaire de la Société des études robespierristes (décembre 2007) et publiée dans les Annales historiques de la Révolution française n°353, 3-2008, p.95-112
Lire la suite en pdf sur le site des Editions Armand Colin

Understanding society: a better social ontology. The example of French Revolution   En ligne

Daniel Little, philosophe de l'Université du Michigan-Dearborn, nous propose une réflexion en matière d'ontologie sociale à propos de la Révolution française. D'un point de vue méthodologique, il écrit : "The social world is not a system of law-governed processes; it is instead a mix of different sorts of institutions, forms of human behavior, natural and environmental constraints, and contingent events. The entities that make up the social world at a given time and place have no particular ontological stability; they do not fall into 'natural kinds'; and there is no reason to expect deep similarity across a number of ostensibly similar institutions – states, for example, or labor unions. So the rule for the social world is heterogeneity, contingency, and plasticity". Il prend alors l'exemple de l'ontologie sociale propre à l'historien français Albert Soboul, dans le but d'arriver à une sorte d'inventaire des concepts ontologiques de la Révolution française dont il donne une liste non exhaustive: "events, individuals, structures, mentalities, processes, conditions, patterns, and technologies".

Voir Ontology of the French Revolution.

La Révolution impossible, et pourtant là….   Recensions

Par Françoise Brunel, EA 127 « Modernités et Révolution », Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH/Université de Lyon

A propos de Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel, 2007, 394 pages, et Les Onze, Paris, Verdier, 2009, 137 pages.

Un projet littéraire sur la Terreur

Dans ses Propos sur la littérature, Pierre Michon revient à plusieurs reprises sur un projet de roman qui l’occupe depuis plus d’une dizaines d’années : « J’ai plusieurs textes en train. L’un d’eux est une fiction sur la Terreur de 93 » et de préciser l’environnement adéquat à l’écriture de ces projet : « …si bien que le Marat assassiné de David est là aussi à quatre ou cinq exemplaires, partout où je peux porter les yeux » (p. 67). Il précise : « Tout de même, en ce moment, pour le livre que j’écris et qui porte sur une période bien précise du XVIIIe siècle, j’ai des mètres et des mètres de documentation, sur les costumes révolutionnaires, sur un décret, sur n’importe quoi, sur tout » (p. 108). Il s’explique ailleurs plus longuement sur l’importance de l’enjeu de ce projet littéraire : « D’abord cette grande machine à propos de 1793, du moins autour, sur laquelle je suis depuis plusieurs années, ou ce que j’essaye d’affronter, c’est le nœud des arts et de la politique, l’éclipse de Dieu, le meurtre du père et le massacre réciproque des fils, et l’impuissance des arts à rendre compte, tout le fatras. Ou encore : pourquoi la Révolution française n’a pas produit d’œuvres d’art à la hauteur de l’événement ? Mais le problème est bien vaste pour moi, et cette histoire de Terreur me terrifie, littéralement je veux dire. Pourtant je suis heureux de ce que j’en ai écrit jusque-là, et si ça se trouve, c’est fini à mon insu…» (p. 158).

Lire la suite

The French Revolution in 2010: the Bicentenary comes of age?   Annonces

Call for Papers: Conference, University of Portsmouth, UK, 5-6 July 2010.

Associated emblematically with François Furet, the dominant historical interpretation of 1789 expressed in 1989 asserted, against an alleged Marxist orthodoxy, that control of politics through language was the overriding driver - and the fundamental problem - of revolutionary processes. Twenty-one years later, has such a view ‘come of age’ by standing the test of time, or is it challenged, undermined, or indeed overtaken by newer (or older) ways of seeing the conflict and crisis of late eighteenth-century France? Even more fundamentally, in 1989 the historiographical conflict over the Revolution took place within a cultural and historical frame that continued to acknowledge the events of 1789 as of world-historical significance: a significance seemingly reinforced, though in unpredicted ways, by the upheavals of 1989 itself in Europe. Can we still claim that the French Revolution has resonances in the present, and if we can, are those echoes the old ones of social structure and political control, or newer ideas of cultural influence? To debate these issues, the University of Portsmouth is hosting an international conference on 5-6 July 2010. Proposals for papers (20-25 minute duration) are invited on any aspect of the origins, antecedents, precursors, events, processes, structures, proponents, opponents, outcomes and heritages of the French Revolution. Interdisciplinary studies and reflections are particularly welcome. A broad range of individual perspectives is sought, but presenters are also encouraged to respond to the larger issues raised above, particularly through contextualising individual research projects.

Please send abstracts of proposed papers (250 words) and a brief CV (2 pages max.) to david.andress@port.ac.uk
The closing date for this call is 1 October 2009.

Making Sense of Thomas Paine   En ligne

A l'occasion du bicentenaire de la mort de Thomas Paine, le numéro 4 de la revue en ligne Common Place (juillet 2009) lui consacre un dossier : textes de J. M. Opal ("Common Sense and Imperial Atrocity"), Matteo Battistini ("Radical Revisions") et Nathalie Caron ("Debating Freedom of Speech and Conscience").

A Revolution in Fiction: the Navigation of Feeling   En ligne

A Revolution in Fiction is designed as a collaborative weblog to encourage exchanges among literature, history, art history, and the human sciences across the ages, and more particulary during the French Revolution.

Revolution Now: We hope to explore and publicize new findings about French revolutionary art, literature, and culture, and to inspire more research on the little-known, transitional period between the ancien régime and modernity (1780-1830).

Lire la suite

Un discours de Danton à la Convention le 31 mai 1793   Textes

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Lors de la très longue séance à la Convention du 31 mai 1793, Danton prononce, au cours de la matinée et parmi les premiers intervenants, un discours « sous le rapport politique » fort de sa légitimité acquise en tant que rapporteur du Comité de Salut Public trois jours plus tôt, le 28 mai. Alors que Thuriot « réclame la cassation de la commission extraordinaire des douze » mise en place sous la pression du côté droit, et qui a arrêté, puis relâché des magistrats du peuple, en particulier Hébert, Vergniaud s’y oppose en demandant l’ajournement de cette proposition. Danton intervient alors sur ce sujet précis, en soutien de Thuriot, selon une argumentation précise, organisée par séquences, dont nous allons analyser d’abord succinctement la disposition rhétorique, avant de publier le discours lui-même.

Lire la suite

Le sans-culotte comme emblème   Recensions

Par Emilie Bremond-Poulle, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

A propos de l'ouvrage de Michael Sonenscher, Sans-Culotte an Eighteenth-Century Emblem in the French Revolution, Princeton, 2008.

Michael Sonenscher, enseignant chercheur au King’s College, Université de Cambridge, entreprend dans cet ouvrage l’examen de l’expression « sans-culottes » sous un angle nouveau. Il dévoile comment, avant de refléter le mouvement révolutionnaire parisien, cette expression était employée dans les salons du XVIIIe siècle. Ainsi, en introduisant son livre, il annonce « C’est un livre à propos des sans-culottes et du rôle qu’ils ont joué dans la Révolution française. C’est aussi un livre à propos de Rousseau, et non moins à propos des salons »(1). Il s’agit donc ne pas faire de confusions, Michael Sonenscher, historien spécialisé dans l’histoire économique et de la pensée politique au XVIIIe, ne cherche pas à refaire l’histoire du mouvement sans-culotte, mais à livrer une vue plus globale sur l’histoire des idées aux XVIIIe, en appuyant sa réflexion sur les usages de cette expression. Développant autour de deux de ses domaines de prédilection, l’économie et la pensée politique, son livre englobe avec adresse des sujets variés : allant de l’usage des références à la philosophie antique au cours du XVIIIe aux réflexions physiocratiques sur la propriété. Le résultat en est un ouvrage relativement long et dense, divisé en six chapitres.

Lire la suite

Souveraineté populaire : de quoi parle-t-on ?   Notions

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tous.

En France aujourd’hui, du fait de notre constitution politique, nous sommes soumis à un despotisme que le président de la République est en train de transformer en tyrannie, en restant sourd aux cris du peuple comme à ses manifestations diverses de résistance, manifestations qui montent en puissance depuis maintenant trois mois. Ces tendances despotiques et tyranniques sont relayées et renforcées par le système européen, qui opère par diktats pour imposer la « globalisation », qui n’est autre que la soumission volontaire à l’impérialisme des multinationales, façonnées sur le modèle des Etats-Unis. Le système européen qui sert de relais à cette « mondialisation », refuse lui aussi d’entendre le Non ! des peuples, qui se sont exprimés contre le projet de constitution. Résultat, ce système est en état de violation de la souveraineté populaire et donc en état d’illégitimité et d’illégalité depuis 2005. La crise financière, économique, sociale est utilisée comme prétexte pour mettre la politique au service des banques et accélérer, ce qu’en France, notre chef de gouvernement appelle les « réformes pour lesquelles j’ai été élu », réformes qui ne sont autres que la continuation de l’entreprise de démolition, qui a débuté il y a plus de 30 ans, des protections sociales mises en place à partir de 1946, sous les formes principales d’une désindustrialisation du pays et de la casse des services publics. Les coups portés, que l’on peut mesurer à la montée spectaculaire de la misère, de la pauvreté, du chômage, et la perspective de leur accroissement quasi quotidien, ont fait réapparaître à grande échelle peur et démoralisation, qui nourrissent ce que La Boëtie a appelé la Servitude volontaire, texte qu’il a écrit contre les tyrannies de son époque (1).

Lire la suite

Murder in Aubagne. Lynching, Law and Justice during the French Revolution   Recensions

D. M. G. Sutherland, University of Maryland, College Park.

A propos d'un ouvrage et d'un débat

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", Université de Lyon, CNRS-ENS/LSH

Bien connu des historiens de la Révolution française, par ses nombreux livres et sa publication en 2003 d'un ouvrage collectif sur Violence et Révolution française (1), Donald Sutherland s'intéresse, dans son dernier ouvrage sur "Murder in Aubagne", aux luttes de factions, et à leur arrière-plan de pendaisons et d'assassinats commis pendant la Révolution française à Aubagne,"ville agraire" proche de Marseille d'environ 7.000 âmes, 60% de la population y vivant, d'une manière ou d'une autre, de l'agriculture. Le centre du propos de l'auteur porte donc sur le "le factionalisme" qu'il considère comme la source essentielle des événements révolutionnaires locaux, et donc leur explication la plus pausible, ce qui l'incite à étudier de manière minutieuse la part de responsabilités des autorités locales dans leur déroulement.

A ce titre, les enjeux idéologiques sont mis au second plan, ou tout du moins sont perçus seulement comme des effets - voir par exemple la qualification "contre-révolutionnaires" par les Jacobins - d'une lutte de factions, avec la volonté de la faction dominante du moment d'éliminer physiquement ses adversaires. Ainsi la lutte continuée contre "les ennemis du peuple" permet à l'une des factions en présence de l'emporter sur l'autre, au gré des retournements politiques nombreux dans le Midi de la France (la révolution, le fédéralisme, la contre-révolution).

Par ailleurs, tout en émettant un point de vue particulier sur la révolution à Marseille, longuement décrite dans sa relation à la vie politique de la commune proche d'Aubagne, cet historien américain ouvre un débat, en particulier avec les travaux d'histoire sociale et politique, sur Aubagne et sa région, d'un jeune historien français, Cyril Belmonte.

Lire la suite

"Allégorie forever", opéra farandole sur la Révolution française   Annonces

Vendredi 12 juin 2009, au Centre culturel Aragon à Oyonnax, création d'Allégorie forever. Cet opéra farandole initié par le Centre culturel de rencontre d'Ambronay a pour objectif d'amener des élèves à s'épanouir à travers une pratique artistique régulière et pluridisciplinaire en les faisant participer à la création d'un opéra. Le livret a été confié à une historienne, Sophie Wahnich et à un metteur en scène Pierre Kuentz, la musique contemporaine à Marie Hélène Fournier. Associés aux enfants, des artistes professionnels (chanteurs, instrumentistes, chef de chœur, metteur en scène, etc.) travaillent depuis deux ans.

Lire la suite

Journée d'étude "Thomas Paine et la Révolution française"   Annonces

Cette journée d’études, organisée par Carine Lounissi à l’occasion du bicentenaire de la mort de Paine, se tiendra à l'Université de Rouen (site de Mont-Saint-Aignan, Maison de l’Université – Salle des associations) le 19 juin 2009.

Programme de la journée et plan d'accès

Peuple et violence dans l’histoire de la revolution française   Réplique

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La violence politique dans l’historiographie de la Révolution française

Si l’histoire de la Révolution française ne se limite pas, fort heureusement, à l’analyse de la violence qui s’y est déployée, cette violence semble encore la frapper aujourd’hui d’un discrédit qui conduit à plusieurs impasses historiographiques. La première consiste à éviter soigneusement d’en parler pour ne pas réveiller des démons et ainsi faire comme si les droits de l’homme et du citoyen n’avaient pas eu besoin de la violence populaire pour être ratifiés par le roi, dès octobre 1789. La violence de la période révolutionnaire est traitée comme un épiphénomène, ou comme un secteur d’histoire qu’il faudrait traiter à part. La seconde consiste à en parler d’une manière quasi expressionniste à l’aide d’un vocabulaire choisi dans le registre thermidorien : « spectre », « violence débridée », « surenchère », « gouffre », « anarchie », et de refuser d’en analyser les enjeux théoriques pour en faire une pure pragmatique du fait révolutionnaire. La Révolution française devient alors un ring où tous les coups semblent possibles, permis ou acceptés en l’absence d’arbitre, puisque l’État, qui dans ce récit se doit de réprimer, est décrit comme « faible »(1).

Lire la suite

Directoire, triumvirat et despote   Mots

Les débats bachelotiques autour de la “gouvernance” des hôpitaux sont au moins d’un grand intérêt sémantique ; trois mots y reviennent comme une litanie : directoire, triumvirat et despote. Notons d’abord que Sarkozy a parlé de “despote absolu”, et qu’il aurait pu faire l’économie de l’adjectif (en ces temps d’économies budgétaires) car le despotisme implique l’absoluité.

Lire la suite sur Langue sauce piquante, le blog des correcteurs du Monde.fr

La représentation de l'événement révolutionnaire ou la peinture à l'épreuve de la gravure   Etudes

Par Philippe Bordes, Institut national d’histoire de l’art, Paris

Le Dix-Août de Bertaux

Le Dix-Août de "Bertaux", (1) conservé au château de Versailles, est une peinture célèbre, souvent exposée, souvent reproduite (voir sa reproduction en grand format). Aux yeux des historiens qui l'invoquent, c'est un témoignage visuel de l'époque révolutionnaire allant de soi, pouvant être reproduit presque sans commentaire. L'œuvre est considérée comme l'illustration fidèle d'un événement majeur. On sait qu'elle fut exposée au Salon de 1793, exactement un an après la scène historique représentée. Elle s'intègre dans l'effort concerté des révolutionnaires pour solenniser le souvenir de cette journée décisive. Telle une veduta, la reconstitution de l'événement sur la toile prétend à une grande exactitude. La façade des Tuileries que l'on voit sur la gauche, les costumes militaires et civils, les cadavres, les mêlées et charges confuses des combattants, soulignent les visées documentaires de l'auteur. A tel point que l'analyse de l'image sert généralement non pas à révéler l'invention et l'imagination qui sont au cœur de la création artistique, mais à développer un discours peu critique fondé sur l'idée d'une sorte de vérité de la représentation. (2) Pourtant, quelle que soit l'intensité des contraintes documentaires exercées par l'actualité sur une représentation peinte ou gravée, celle-ci reste une construction imaginaire élaborée à partir de codes visuels. (3)

Lire la suite

Les discours de la haine   Annonces

Introduction et table des matières de l'ouvrage dirigé par Marc Deleplace, Les discours de la haine. Récits et figures de la passion dans la cité, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

deleplace discours de la haine

La haine n’est certes pas une passion inconnue des historiens, qui interroge les comportements collectifs et pose au plus haut point la question des conditions de la destruction du lien social, lorsqu’elle s’exprime sans frein, et du rétablissement de l’ordre rationnel de la Cité, par les procédures de contrôle qu’elle implique. Elle n’est pas non plus un objet indifférent à l’historien si l’on s’en tient, parmi d’autres, à un certain nombre de travaux qui ont d’ores et déjà porté leur attention sur ses manifestations sociales, qu’il s’agisse, dans l’ordre politique, de la haine de la royauté dans la république romaine, ou, touchant à l’ordre social, le surgissement de la haine et son contrôle dans l’espace de la commune médiévale. Haine politique ou haine sociale ne sont donc pas des angles morts de l’interrogation historienne, bien au contraire. Mais prolonger la réflexion sur la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d’une approche historique. Approche qui peut s’inscrire dans une démarche d’historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste, puisque telle est la perspective tracée par le présent colloque qui a souhaité croiser les regards de ces spécialités apparemment éloignées les unes des autres par leurs objets, par leurs méthodes d’investigation, par les langages mêmes qui sont les leurs.

Lire la suite de l'introduction et la table des matières en pdf

Une citoyenneté sans identité nationale : raviver le désir de la marche pour l’égalité   Actuel

Par Saïd Bouamama, acteur de la Marche pour l’égalité de 1983, et Sophie Wahnich, historienne (Laios-CNRS)
Dialogue publié dans la revue Vacarme n°46

Paris, 21 Novembre 2008

Sophie : En 1986, je travaille sur l’étranger dans la Révolution française, j’espère explicitement trouver dans ce moment historique un modèle d’hospitalité qui vienne contrecarrer la politique de Pasqua et donner des outils pour imaginer une autre république, fidèle à ses principes : une humanité une, une égalité entre les hommes, égalité faite de relations libres et réciproques entre les citoyens et entre les peuples. Au XVIII e siècle, la notion de nationalité n’est pas encore constituée, encore moins la notion d’Etat-nation. Le roi donne cependant des lettres de « naturalité » aux étrangers qui en font la demande et la souveraineté du peuple se dote d’une assemblée nationale constituante. Un écheveau d’ambiguïtés ? Des difficultés pour le moins à venir. Cette capacité à découpler ou à rendre moins exclusif le lien entre citoyenneté et « naturalité française » selon les termes de l’époque, a de fait bien existé pendant la Révolution française. Autour du « nom français », ce qui se jouait n’était pas une identité nationale mais une manière d’être au monde et de vouloir y jouer un rôle.

Lire la suite

1789-2009 un 1er mai   Actuel

Manifestation du 1er mai à Paris

Images tirées de La photothèque du mouvement social
Voir également le texte de Sophie Wahnich : Après 1789, 2009 ?

Le manuscrit de l’égalité barrée : égalité et insurrection en 1795   Etudes

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Notre point de départ est la pièce manuscrite, que nous reproduisons ci-dessous (1), dans laquelle le mot égalité est barré. Nous confronterons ce document qui a trait à l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1795 avec « le récit standard » de la Révolution française (2) à propos de la notion d’égalité et du moment thermidorien. Cela nous conduira à placer notre propos dans la perspective du processus ouvert en 1789 et à interroger l’égalité dans ce parcours qui la lie au droit à l’insurrection.

Lire la suite

How neoliberals falsify the West’s political history   En ligne

Article de Michael Hudson, "The Language of Looting", publié dans Counter Punch le 23 février 2009 et dans Sin Permiso le 1er mars 2009

"Today’s clash of civilization is not really with the Orient; it is with our own past, with the Enlightenment itself and its evolution into classical political economy and Progressive Era social reforms aimed at freeing society from the surviving trammels of European feudalism. What we are seeing is propaganda designed to deceive, to distract attention from economic reality so as to promote the property and financial interests from whose predatory grasp classical economists set out to free the world. What is being attempted is nothing less than an attempt to destroy the intellectual and moral edifice of what took Western civilization eight centuries to develop, from the 12th century Schoolmen discussing Just Price through 19th and 20th century classical economic value theory."

Lire le texte en anglais dans Counter Punch ou en espagnol dans Sin Permiso

« Contre-révolution », « guerre civile », « lutte entre deux classes » : Montlosier (1755-1838), penseur du conflit politique moderne   Mots

Par Marie-France Piguet, Centre Alexandre Koyré, CNRS

Resté célèbre pour sa lutte contre l’influence politique des Jésuites et du courant ultramontain, suite à la publication en 1826 de son Mémoire à consulter, le comte de Montlosier s’est fait connaître au début du 19ème siècle en renouant avec les problématiques du 18ème siècle qui ont traité de l’histoire de la monarchie et en les renouvelant. Il a fourni des arguments historiques aux polémiques politiques de la Restauration et exprimé très tôt dans le siècle qu’un conflit interne à une nation pouvait être à la source de transformations et de bouleversements politiques durant les « temps modernes ». Dans ce contexte, il a joué un rôle pionnier dans l’émergence de la notion de lutte de classes, donnant même dès 1821 une des premières attestations connues de l’expression sous une forme non encore lexicalisée, « une lutte entre deux classes ». Pendant la Révolution, il a siégé à l’Assemblée constituante comme député de la noblesse d’Auvergne, avant d’émigrer à la fin de son mandat en septembre 1791. Il a traité de la guerre civile pour en déplorer l’absence au cours de la période révolutionnaire, et soutenu cette position originale à plusieurs reprises, principalement dans des brochures de circonstance, puis plus ponctuellement dans ses ouvrages postérieurs. Cette étude cherche à explorer les relations entre « guerre civile » et « lutte entre les classes » chez cet auteur.

Lire la suite dans la revue Asterion

Percevoir et traduire la violence verbale du peuple. De l’Ancien régime au XIXème siècle   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Face à l’archive, l’historien est d’emblée confronté à une langue sous l’emprise d’autorités détentrices de moyens répressifs et judiciaires lorsqu’il s’agit de contrôler les attitudes populaires, et tout particulièrement la violence verbale du peuple. Pour autant, il ne renonce pas à y recherche l’expression d’un singularité, au-delà de la simple mention de propos violents. Ainsi l’historienne Arlette Farge (1992) excelle dans l’art de rendre intelligible les paroles populaires, de leur donner une légitimité propre. Sous sa plume, la production politique de la parole populaire entre, avec le 18ème siècle, dans l’ordre de la vraisemblance en dépit de son désordre apparent. D’ailleurs, notre présente étude se veut un hommage au travail de cette historienne, étendu à la question de la violence féminine (Dauphin, Farge, 1997).

Lire la suite

Francia : la crisis social y el fantasma de Robespierre   Actuel

Par Hugo Moreno, Université Paris 8, texte publié dans Sin Permiso le 15 mars 2009



Lire la traduction française en pdf

"Parecen escucharse algunos ecos de Mayo 68, así como de 1848, y hasta el fantasma de Robespierre que parece preocupar al presidente Sarkozy. "Cuidado con los franceses, adoraban al rey y después le cortaron la cabeza", ha dicho. Quizá la intuición del político oportunista esté dando en el clavo." El presidente Sarkozy continúa su política de demolición de las estructuras económicas, políticas, institucionales del Estado de bienestar que aseguraron la prosperidad en la postguerra. Una tras otra son barridas por las "reformas" -en realidad las contrarreformas- inspiradas por la ideología del neoliberalismo de la derecha conservadora disfrazada con la impostura del reformismo. En poco más de un año, el "monarca electivo" no cesa en sus esfuerzos, inspirados tardíamente por la "revolución conservadora" del thatcherismo y del reaganismo. Paradoja de la situación, justamente en el preciso momento de su derrumbe, cuando aparece evidente el agotamiento del modelo neoliberal. El estado de gracia de Sarkozy se terminó pronto. El año 2009 comenzó con una resistencia social inédita, abarcando los más diversos sectores de la sociedad, movilizados desde abajo por la defensa de conquistas que costaron siglos de luchas en todos los planos.

Lire la suite dans Sin Permiso

Après 1789, 2009 ?   Actuel

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La Révolution française, vingt ans après le bicentenaire, affleure à nouveau dans les discours publics. Le président de la République de reconnaître que ce n’est pas facile de gouverner un "pays régicide". Alain Minc de mettre en garde ses "amis de la classe dirigeante" en rappelant que 1789 a commencé en 1788 et qu’il faut sans doute savoir renoncer à certains privilèges. Jean-François Copé de déplorer "la tentation naturelle de refaire en permanence 1793".
Ces énoncés témoignent pour le moins d’une inquiétude : le peuple français ne se laisse pas si facilement gouverner, il a su et saurait peut-être à nouveau devenir révolutionnaire, voire coupeur de têtes. Parler de la Révolution française vise soit à la congédier en affirmant qu’on ne laissera pas faire à nouveau, soit à en faire le lieu d’une expérience utile pour ne pas répéter les erreurs passées. La violence doit aujourd’hui pouvoir rester symbolique et ne pas atteindre les corps. Pour ce faire, il faut savoir d’un côté la retenir, et de l’autre tarir les sources de son surgissement.

Lire la suite de ce texte publié dans Le Monde du 4 avril 2009

Marat et la dictature : évidences lexicométriques, précisions philologiques, conceptualisation   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Je propose ici une relecture critique provisoire d'un ancien essai que j'ai écrit sur Marat (1). Relecture critique provisoire, parce que je suis encore occupé à croiser les évidences lexicométriques qui ressortent du corpus digitalisé des Oeuvres politiques, les vérifications sur les éditions sur papier déjà existantes les plus significatives et les rapprochements sur la Collection avec des corrections manuscrites de Marat, retrouvée par Charlotte Goëtz et Jacques De Cock en Ecosse à la bibliothèque des comtes de Rosebery et achetée par la suite par la Bibliothèque Nationale de Paris (indiquée désormais comme Collection corrigée) (2). Un travail long et difficile, mais point inutile, comme je crois qu'il en ressortira des exemples sur lesquels je m'arrêterai dans cette étude.

Lire la suite

Albert Mathiez, Les Grandes journées de la Constituante   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7

Un précieux petit livre d’un des meilleurs historiens de la Révolution française, déjà ancien et pourtant nullement dépassé pour sa méthode. L’objectif de Mathiez était de faire connaître les faits historiques au grand public, sous une forme attrayante et peu volumineuse. Son travail est une mise en scène de fragments de sources, de courts passages d’autres historiens qui ont particulièrement bien analysé ou bien raconté un fait et de quelques images de l’époque bien sûr. La mise en scène consiste à rendre clairs ce qui a conduit à ces « grandes journées », comme on les appela alors, et à relier entre eux ces morceaux choisis. Ainsi apparaît une histoire brève et en même temps détaillée et très vivante de six moments sélectionnés parmi d’autres, puisqu’il fallait se limiter, et significatifs de l’histoire de la première assemblée constituante de la Révolution en France, de 1789 à 1’achèvement de la première constitution, celle de 1791.

Lire la suite sur le site de l'Association pour une Constituante

Subversion politique et sémantique chez Thomas Paine   En ligne

"Lexique de la révolution, révolution du lexique : subversion politique et sémantique chez Thomas Paine", texte de Carine Lounissi (ERIAC-Université de Rouen) publié dans la revue Cercles, n°7, en 2003.

Lire en ligne en pdf

Parlez-vous sans-culotte ? Le parler-peuple sous la Révolution   Mots

par Jacques Guilhaumou, Triangle, ENS-LSL Lyon

A propos de Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Tallandier, 2009, 575 p.

Michel Biard, historien de la Révolution française, nous propose un Dictionnaire historique, autrement dit contextualisé des expressions populaires que l’on pouvait lire dans le journal le Père Duchesne d’Hébert. L’originalité de ce travail précis et minutieux consiste à centrer notre attention sur un corpus, le Père Duchesne d’Hébert, qui occupe une grande place dans les travaux des historiens de la Révolution française, d’Albert Mathiez à Albert Soboul. Par ailleurs, c’est « l’écho sonore des sans-culottes » qui se fait entendre, – à l’égal de la voix du « peuple des groupes » disséminé dans les rues –, ce qui introduit une résonance avec les slogans des manifestations actuelles contestant la politique gouvernementale. Alors qu’un ministre de l’éducation se permet de dire devant des manifestants : « C’est encore ce peuple braillard et gavé de tout », de manière méprisante, et aussi quelque peu ordurière, le Père Duchesne est là pour attester qu’un tel « jean-foutre » se heurte à un « peuple débadaudé » et prompt à répondre à un tel mépris.

Lire la suite dans La vie des idées

Les étudiants de Grenoble prennent la Bastille   Actuel

Après avoir assisté à un cours d'Histoire en plein Grenoble (par C.Coulomb, maître de conférence en histoire moderne), plus de 200 étudiants, certains portant le bonnet rouge, et quelques enseignants-chercheurs se sont attaqués à la montée qui mène au fort de la Bastille (le fort qui domine la ville). S'en donnant à coeur joie, les étudiants armés de fausses fourches ont guillotiné (au cuter !) un personnage de carton représentant la LRU. Ce n'est pas encore l'ambiance de 1789, mais cette nouvelle prise montre la détermination des grévistes et leur opposition aux projets de réforme des universités.

La vidéo de cette journée du 25 février est en ligne sur le site Gre News

Républicanismes et droit naturel. Des Humanistes aux Révolutions des Droits de l'Homme et du Citoyen   Annonces

républicanismes et droit naturel

Les actes du colloque organisé par notre séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution en juin 2008 viennent de paraître aux éditions Kimé (avec le concours du CHISCO Paris Ouest Nanterre, ICT Paris VII Denis Diderot et IHRF Paris I Panthéon-Sorbonne). On trouvera ci-dessous l'introduction et la table des matières.

Républicanismes et droits naturels à l'époque moderne. Des humanistes aux révolutions de droits de l'homme et du citoyen, Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier (dir.), Paris, Kimé, 2009, 248 p.

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l’histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique". À partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit (1) ou Jean-Fabien Spitz (2) ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique.

Lire la suite

Pirates de tous les pays   Annonces

Avant-propos de Markus Rediker à l’édition française de "Villains of All Nations" (2004), publié par les Éditions Libertalia, 2008.

rediker pirates

C’est avec grand plaisir que je salue les lecteurs francophones à l’occasion de la publication française de Villains of All Nations. Les mouvements radicaux français ont longtemps eu une dimension maritime. C’est un fait avéré. Des marins originaires de France, ou issus des colonies et des circuits commerciaux français situés dans le monde atlantique ont contribué à la création de ces « équipages bigarrés ». Ils ont navigué sur des bateaux pirates des débuts de la flibuste, dans les Caraïbes, vers 1660 et 1670, jusqu’à la fin de son âge d’or, dans les années 1720. En fait, le nom même de l’éditeur de cet ouvrage – Éditions Libertalia – provient de l’histoire de la piraterie en général, et de celle d’un pirate français en particulier, le très mythique capitaine Misson. Le capitaine Charles Johnson rapporte dans le deuxième volume de son History of the Pyrates, publié en 1728, que Misson et ses compagnons flibustiers avaient établi une base pirate – ou « zone autonome » – appelée Libertalia, à Madagascar, vers 1720.

Les pirates de Misson s’autoproclamaient « gardiens vigilants des droits et des libertés du peuple ». Ces justiciers avaient une conscience de classe. Ils se considéraient comme « des barricades contre les riches et les puissants ». Ils menaient une guerre au nom des opprimés contre les oppresseurs. Ils symbolisaient la justice. Libertalia renvoie donc à l’ancienne prophétie qui annonce que le paradis s’établira sur la côte est de l’Afrique, de même qu’elle préfigure les sociétés fondées sur les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.

Lire la suite

Les lumières avant les Lumières : tribunal de la raison et opinion publique   Etudes

Par Céline Spector, Bordeaux 3, IUF

L’apparition du syntagme « siècle des lumières » ainsi que l’analyse de la métaphore ont fait l’objet de plusieurs études récentes (1) . Les travaux de R. Mortier ont ouvert de fécondes voies d’investigations : si l’identification de la lumière avec le savoir est originaire et si le terme lumière prend d’abord une connotation religieuse, le premier moment d’émancipation de la raison à l’égard de la révélation daterait en France du XVIIe siècle, coïncidant avec l’apparition du pluriel (les lumières) (2). La question est dès lors de savoir quand au juste est apparue l’idée, sinon l’expression, d’un siècle de ou des lumières (3).

Lire la suite

Thompson et le problème de la conscience   Etudes

Par Bernard Aspe, philosophe

Edward P. Thompson est historien, il a écrit relativement peu de livres, et seuls deux d’entre eux ont été traduits en français, dont son oeuvre majeure, La formation de la classe ouvrière anglaise (1). De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un sujet politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?

Lire la suite

Le républicanisme des droits   Annonces

Christopher Hamel soutiendra sa thèse de doctorat en philosophie sur Le républicanisme des droits. Vertu civique et droits naturels dans la pensée de John Milton et Algernon Sidney, au Panthéon-Sorbonne, le vendredi 27 février 2009 à 14 h, 12 place du Panthéon, salle 419B.

Lire la suite

Josiah Child et Vincent de Gournay   Annonces

Meyssonnier Child et Gournay

Traités sur le commerce de Josiah Child suivis des Remarques de Jacques Vincent de Gournay, édité et présenté par Simone Meyssonnier, Paris, L’Harmattan, Les cahiers d’économie politique, 2008 


Cette édition des Remarques de Jacques-Claude Vincent de Gournay est une première éditoriale en France. Les manuscrits de ce texte, écrit en 1752 et cité par Turgot et l’abbé Morellet, n’ont été découverts qu’en 1976, à la Bibliothèque municipale de St Brieuc. L’édition par son découvreur, Takumi Tsuda, parue au Japon en 1983, aujourd’hui épuisée, ne pouvait rester sans suite. Elle ne distinguait pas les notes autographes de l’auteur, ni ne reprenait les notes de ses commentateurs, dont celles d’un des membres les plus influents de son groupe, Véron de Forbonnais. En outre, Tsuda interprétait la doctrine de l’intendant dans un sens protectionniste, et le considérait comme « trahi par Turgot » qui aurait accentué à tort son libéralisme. Ceci est contestable : les mémoires des contemporains qui figurent dans le fonds de St Brieuc, le présentaient comme un partisan convaincu d’une politique économique libérale, en opposition à ceux qui se réclamaient de la politique réglementariste de Colbert. De nombreux mémoires autographes de Gournay, autres que les « Remarques », apportent aussi la preuve de cette orientation.

Lire la suite

Préjugé de couleur contre unité du genre humain   Entretiens

Sur le droit naturel moderne et les débuts de la Révolution de Saint-Domingue-Haïti. Enregistrement de l'interview de Florence Gauthier par Anne Logeay, samedi 6 décembre 2008 sur Fréquence Protestante.

Ecouter

Les guerres de la Révolution française : exportation de la liberté ou guerres de conquêtes ?   En ligne

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

Conférence prononcée dans le cadre des conférences du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense ayant pour thème "l'exportation armée des idées et des systèmes" et publiée dans les Cahiers du CEHD, n° 34, décembre 2008.

Dans son grand discours du 2 janvier 1792 contre la guerre projetée par les amis de Brissot et les Girondins, Robespierre déclarait : "La déclaration des droits n’est point la lumière du soleil qui éclaire au même instant tous les hommes ; ce n’est point la foudre qui frappe en même temps tous les trônes." Il ajoutait : " La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis." Ainsi, pour Robespierre, l’idée que l’on puisse « exporter » les principes au bout des baïonnettes était en soi « extravagante ». Pourtant, cette idée que la Révolution française a, dès l’origine, cherché à imposer ses principes au-dehors est un lieu commun d’une grande partie de l’historiographie, et l’image glorieuse des soldats de l’an II voulant libérer le monde par les armes a encore quelque écho dans les représentations de l’événement.

Lire la suite en pdf

Dénoncer les manœuvres du pouvoir exécutif   Actuel

Renouant avec les principes de Marat selon lesquels "l'accusation publique est le devoir de tout citoyen", le 9 février 2009, des Présidents d'Universités dénoncent "le plus grand coup porté à l'école de la République depuis Vichy" et rendent publics les "mensonges" et les "méthodes de voyous" du ministère.

Voir la vidéo

L'émeute populaire du 5 septembre 1791 à Nantes   Etudes

Par Samuel Guicheteau, Cerhio-Université Rennes 2

samuel guicheteau ouvriers nantais

Cette étude est développée dans l'ouvrage de Samuel Guicheteau : La Révolution des ouvriers nantais. Mutation économique, identité sociale et dynamique révolutionnaire (1740-1815), Rennes, PUR, 2008, ouvrage tiré d'une thèse soutenue à Rennes 2. L'auteur nous propose ici un extrait centré sur l'analyse d'un événement particulier : l'émeute du 5 septembre 1791 à Nantes. Il s'emploie à mettre en valeur les formes de la participation spécifiquement ouvrière à une émeute populaire dans le cadre révolutionnaire.

Connue comme une grande place négociante et portuaire (1) , Nantes est aussi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une grande ville industrielle et ouvrière. Dans les ateliers et les manufactures, sur les quais et les chantiers, de très nombreux ouvriers (2) et ouvrières y travaillent. En cette période, la ville croît (3) et la Révolution industrielle naît. Si la création des grandes manufactures cotonnières – les indienneries, puis les filatures mécanisées – témoigne avec éclat de ce puissant essor, le travail dispersé connaît lui aussi d’importants changements. Certes, le monde ouvrier nantais présente, à première vue, une grande diversité. Mais la plupart des ouvriers partagent une identité commune forgée au travail : celle-ci se fonde sur la qualification et l’autonomie qui nourrissent un idéal de fierté et de dignité (4). Remis en cause par l’industrialisation, cet idéal s’affirme cependant dans la résistance que les ouvriers opposent aux nouvelles exigences patronales et au renforcement de la police du travail.

Lire la suite

Le Dictionnaire national et anecdotique (1790) de Pierre-Nicolas Chantreau   Mots

Edition critique présentée et annotée par Agnès Steuckardt, Université de Provence

Editions Lambert-Lucas, Limoges, 2009, 220 pages.

chantreau

Pierre-Nicolas Chantreau part enseigner le français à Avila, en 1767, l’année où les jésuites sont expulsés d’Espagne : il a vingt-six ans. Il revient à Paris quinze ans après, auteur d’un Arte de hablar bien francés, qui deviendra en Espagne la grammaire française de référence. En 1789, le professeur de grammaire court les assemblées, dévore les « papiers-nouvelles », et publie, début 1790, le premier dictionnaire de la Révolution française. Par ordre alphabétique, c’est le bouleversement d’un univers mental que décrit Chantreau. Il faut apprendre des mots dont on n’avait guère l’usage sous l’Ancien Régime, comme élire, district, motion, scrutin. Même les mots courants réservent des surprises : dans le Nouveau Régime, journal, lanterne ou maire ne désignent plus les mêmes référents. Et puis, il y a l’enfer du dictionnaire. Dans l’« Appendice contenant les mots qui vont cesser d’être en usage » sont relégués les noms de pratiques abolies par la Révolution : champart, gabelle, lettres de cachet, servage et bien d’autres. Conscient de l’inscription de la langue dans son temps, Chantreau s’orientera par la suite vers l’histoire.

On trouvera dans l’annotation de ce texte, réédité deux cents ans après la mort, en 1808, du citoyen Chantreau, professeur d’histoire à Saint Cyr, les informations historiques et linguistiques nécessaires pour y lire le basculement d’une société et de sa langue. La présentation de l’ouvrage éclaire les enjeux culturels de ce dictionnaire. « L’auteur n’est point un triste lexicographe », écrit un de ses premiers lecteurs, Camille Desmoulins : « Il a choisi ce cadre heureux pour égayer ses lecteurs, & se jouer avec eux des ridicules du jour ». Dans la bataille du rire qui se livre pendant les premiers mois de la Révolution, Chantreau refuse de laisser le champ aux écrits aristocrates : maniant persiflage et autodérision, il revendique pour le discours patriote un trait que l’on croyait, en 1790, caractéristique du génie national : la gaieté française.

Ci-après la conclusion de cette édition de textes

Voir aussi le commentaire de Raveline, et la réponse de l'auteure

Lire la suite

Rousseau sur la guerre et la paix   Annonces

Rouseau guerre et paix

Blaise Bachofen et Céline Spector (dir.), Principes du droit de la guerre - Ecrits sur la paix perpétuelle, Paris, Vrin, 2008, 342 p.

Une nouvelle édition des textes de Rousseau sur la guerre et la paix vient de paraître chez Vrin sous la direction de Blaise Bachofen et de Céline Spector. L'originalité de cette publication est la reconstruction proposée des "Principes du droit de la guerre" jusque-là édités sous la forme de fragments sans lien entre eux. Les textes présentés ici ne sont donc pas "inédits" à proprement parler, mais cette édition leur donne une nouvelle cohérence et elle éclaire d'un jour nouveau le projet des "Institutions politiques" de Rousseau, comme ses textes de et sur l'abbé de Saint-Pierre. Ce corpus comprend d'une part les "Principes du droit de la guerre" et les "Fragments sur la guerre" tels qu'ils apparaissent dans les manuscrits, puis d'autre part une version "mise au net" des "Principes du droit de la guerre", aboutissant ainsi à un "nouveau" texte de Rousseau. Suivent "L'Extrait de Projet de paix perpétuelle de M. de l'abbé de Saint-Pierre" et le "Jugement sur la paix perpétuelle". Le corpus est accompagné de quatre commentaires substantiels dont on trouvera le titre dans la table des matières à la suite de l'introduction que nous publions ci-dessous.




Lire la suite

La langue politique et la Révolution française : histoire de courte durée, et de longue durée.   En ligne

Un hommage à Renée Balibar

Chercheur au CNRS, Jacques Guilhaumou étudie le processus de création d'une « langue nouvelle » de « la science politique » au cours de la Révolution française. Après un premier ouvrage de synthèse en 1989 sur La langue politique et la Révolution française, désormais disponible en édition numérique sur le site des Classiques des sciences sociales par les soins de Marcelle Bergeron et Jean-Marie Tremblay, l’entreprise collective du Dictionnaire des usages sociopolitiques, 1770-1815 en huit volumes a permis la confrontation des nouvelles études sur les langages politiques de la Révolution française aux avancées historiographiques, avec une attention particulière à la manière dont s'y déploient, - entre usages réflexifs des acteurs et concepts des historiens -, désignants socio-politiques, notions pratiques et notions concepts. Repositionnant de telles catégories discursives dans les moments de la révolution permanente, il propose plus récemment (2005) un nouveau bilan et une mise à jour bibliographique dans un article, titré de même « La langue politique et la Révolution française » et disponible sur le même site dans une édition numérique de la version auteur. Cette récente synthèse est également replacée dans une histoire de la langue politique en France sur la longue durée sous le titre Les Signes du Politique: Language and Sociability in France from the Fourteenth to the Nineteenth Century. Voir aussi la vidéo de sa conférence de 90 minutes sur le même sujet.

La Terreur comme état de siège fictif civil et comme fraternité   Annonces

Extrait du chapitre IV de l'ouvrage d'Anne Simonin, Le déshonneur dans la République : une histoire de l'indignité (1791-1958), Paris, Grasset, 2008, p.263-269

Le déshonneur dans la République

La Terreur, en principe à l’ordre du jour depuis le 5 septembre 1793, et l’instauration du gouvernement révolutionnaire, le 10 octobre 1793, constitue la période la plus controversée de la Révolution, celle qui fera l’enjeu des interprétations les plus opposées, sans que l’on parvienne encore aujourd’hui à s’accorder sur la nature de l’ordre public mis en place. Saturée de commentaires, la Terreur n’en demeure pas moins une « énigme ». La Terreur est le nom générique donné à la période comprise entre le printemps ou l’été 1793 et l’été 1794. Cette époque, asssez brève – en gros, une année – a sa temporalité. On « entrerait » dans la Terreur avec la constitution du « grand comité » de Salut Public, le 10 juillet 1793 ; on « sortirait » de la Terreur avec la mise en accusation, les décrets de mise hors de la loi et l’exécution de Robespierre, de vingt et un députés robespierristes, les 9 et 10 thermidor an II (27-28 juillet 1794), et de quatre-vingt-trois personnes les deux jours suivants. Divisés sur la fin de la Terreur, les historiens ne se sont jamais mis d’accord sur la date de son inauguration : « Il n’existe pas de consensus sur une date ou un événement qui symboliserait le début de la Terreur. » L’indétermination des bornes chronologiques ne trahit pas une obsession positiviste, mais bien plutôt une difficulté à penser la Terreur, et l’étonnante résistance d’une période dont l’histoire ne reste pas à faire, parce que beaucoup a été fait et écrit, mais dont l’interprétation n’est pas épuisée.

Lire la suite en pdf

Voir aussi le compte-rendu de Bruno Bernardi dans La vie des idées

« Leurs âmes tremblent dès que l’on prononce ce mot : l’année 1793 ! »   En ligne

Extrait d’un article de Rosa Luxemburg paru en juillet 1893 dans la revue polonaise Sprawa Robotnicza (la Cause ouvrière) :

"L’année 1793 ! Cent ans sont passés depuis ce temps auquel les ennemis du peuple travailleur, les tsars, les rois, la noblesse, les princes, les patrons d’usine et tous les autres riches (les capitalistes) ne peuvent songer encore aujourd’hui sans éprouver de la terreur. Leurs âmes tremblent dès que l’on prononce ce mot : l’année 1793 !"

Lire la suite dans le dossier de L'Humanité du 15 janvier 2009 (90e anniversaire de la mort de Rosa Luxemburg) réalisé par Jean-Numa Ducange.

Les Lumières, la Révolution française et le monde- Séminaire 2009   Annonces

Programme du séminaire de Master (HHIM209) de Marc Belissa Paris X Nanterre - CHISCO . Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage).

Lire la suite

Lettre ouverte   Enseignement

A Madame et Messieurs les Inspecteurs pédagogiques régionaux d'histoire et de géographie de l'académie de Paris

Nous avons pris connaissance de votre lettre académique d'histoire et de géographie n° 7 du 12 décembre 2008 . Non sans effarement ! Les collègues qui enseignent nos disciplines dans les collèges et les lycées parisiens y sont invités à assister à la projection d'un docu-fiction intitulé « L'évasion de Louis XVI », projection programmée pour le 11 février et qui sera suivie d'un débat entre les jeunes, leurs professeurs et le producteur du film ainsi que la directrice de l'unité magazines et documentaires de France 2... Le « conseiller historique » de ce docu fiction Jean Christian Petitfils a-t-il rédigé ou ratifié les quatre lignes de présentation destinées à convaincre les enseignants d'emmener leurs élèves voir ce film ? Cinq lignes ahurissantes : "Pour sauver ses enfants de la terreur, et sa femme Marie Antoinette de la vindicte populaire, le roi Louis XVI, déguisé en bon bourgeois, s'enfuit incognito du palais des Tuileries où il est prisonnier. Mais rien ne va se passer comme prévu. L'échec de sa fuite se soldera un an plus tard par la décapitation du roi et de la reine de France." Ignorance ou falsification ?

Lire la suite

Socialistes français et allemands face à la Révolution de 1905 ou la tentation de l’analogie avec 1789   Etudes

Par Jean-Numa Ducange, GRHIS, Université de Rouen

« Avant tout mon attention était concentrée sur un grand événement, la Révolution russe. Pendant que les révisionnistes attendaient un improbable socialisme, j’étais de plus en plus convaincu que la révolution en Russie était imminente et qu’elle devait entraîner une révolution politique en Autriche et en Allemagne» (1).

Ces mots de Karl Kautsky, rédigés plus de vingt-cinq ans après les événements, évoquent la Révolution russe de 1905. À l’époque de celle-ci, il était considéré comme l’un des théoriciens majeurs du SPD et ses analyses, tant sur le plan syndical que politique, lui ont valu la renommée de « pape » du marxisme (2). Dans le cadre d’une vue d’ensemble sur le socialisme et le syndicalisme des années 1905-1906, il apparaît nécessaire de revenir sur l’événement de 1905, dont on a perdu de vue aujourd’hui l’impact profond qu’il avait eu à l’époque. Il est en effet un tournant essentiel pour les partis de la Deuxième Internationale, au premier rang desquels le parti allemand, alors dominant tant numériquement que théoriquement en raison de l’influence de ses analyses. Longtemps perçue à la lumière d’octobre 1917 - « répétition générale », selon la formule de Lénine - et retenue pour l’apparition des conseils ouvriers, la Révolution de 1905 entraine d’abord un bouleversement majeur des équations stratégiques des socialistes français et sociaux-démocrates allemands de l’époque. Plusieurs études ont montré combien ce choc eut des conséquences sur le socialisme international (3). L’usage de la grève de masse, en écho à celle intervenue en Russie, est depuis lors âprement débattu et revendiqué par l’aile gauche de la social-démocratie et plus particulièrement par Rosa Luxemburg (4). Plus généralement cette révolution entraîna la réactualisation de la possibilité d’une voie révolutionnaire, en Russie comme dans les pays occidentaux, à une époque où de nombreux socialistes la considéraient comme caduque, dans le sillage du révisionnisme d’Edouard Bernstein en Allemagne et de la participation de Millerand à un gouvernement en France (5).

Lire la suite

Les Républiques-sœurs dans une perspective juridique   Annonces

couverture embrace of france

On trouvera ici l'introduction et la table des matières du volume In the Embrace of France. The Law of Nations and Constitutional Law in the French Satellite States of the Revolutionary and Napoleonic Age (1789-1815), ed. by Beatrix Jacobs, Raymond Kubben and Randall Lesaffer, (Studien zur Geschichte des Völkerrechts 18). Baden-Baden: Nomos 2008. V, 175 S. qui reprend les communications prononcées lors d'un colloque tenu à l'université de Tilburg (Pays-Bas) sur le thème des Républiques-sœurs, envisagé sous l'angle de l'histoire du droit des gens et de l'émergence du droit international.





Lire l'introduction de Randall Lesaffer et la table des matières au format PDF

Ecrire l'histoire de la Révolution française : une autre histoire du sensible   Annonces

Reporté "pour cause de grève nationale et générale"

Dans le cadre du Séminaire du Laios 2008-2009, consacré aux Politiques du sensible, Jacques Rancière (Professeur à l’Université de Paris VIII) et Sophie Wahnich (Chargée de recherche CNRS/LAIOS) interviendront sur : Ecrire l'histoire de la Révolution française: une autre histoire du sensible.

Jeudi 29 janvier - salle 8 - 105, bd Raspail -de 17h00 à 19h00

Sieyès et les origines de la « science naturelle de l’état social »   Etudes

par Reinhard Bach, Université de Greifswald

De nombreuses publications ont ces derniers temps jeté un éclairage nouveau sur le rôle joué par l'abbé Sieyès dans le contexte de la Révolution. Si ce rôle apparaissait pour l'historiographie traditionnelle de moindre importance face aux grands noms de l'époque tels Robespierre, Danton, Mirabeau, Condorcet...et en règle générale marqué par des contradictions apparentes, ce jugement a été révisé, sur des points importants, au plus tard depuis les travaux de Bredin, Guilhaumou, Pasquino, Chr. Fauré, Quiviger entre autres (1). Les études les plus récentes ont ceci de commun, c'est qu'elles soulignent l'influence personnelle qu'a, en fait, exercée l'abbé Sieyès sur les événements politiques de 1789. Ceci concerne en particulier leur orientation intellectuelle, tout particulièrement l'impératif de répondre de façon innovatrice aux défis de nature totalement nouvelle lancés par la pratique politique, comme par exemple la mise en œuvre des idées démocratiques modernes, la revendication de la souveraineté politique émanant de la nation, mais également la réalisation dans les faits au niveau politique du libéralisme économique, ceci en harmonie avec les droits de l'homme et du citoyen qui venaient d'être déclarés en toute solennité. Certains aspects des contradictions dans les positions politiques de l'abbé ont été relativisés dans ce contexte, notamment grâce à l'accent mis sur son originalité. Ceci mis à part il existe toujours cependant des jugements historiographiques contradictoires, reflétant par là l'énorme complexité de la situation révolutionnaire des années allant de 1789 à 1799.

Lire la suite

"Le parti des sans-culottes des temps modernes"   Actuel

Pascale Le Neouannic au meeting de lancement du Parti de Gauche, le 29 novembre 2008 à l'Ile-Saint-Denis : "Eh bien puisque la droite s’attaque à tous les sans droits, le Parti de Gauche ose dire qu’il est le parti de ces sans-culottes des temps modernes".

Lire l'intervention

Gabriel Bonnot de Mably : état de la recherche   Annonces

Introduction de l'ouvrage de Hans Eric Bödeker et Peter Friedemann, Gabriel Bonnot de Mably. Textes politiques (1751-1783), Paris, L'Harmattan, 2008, 348 pages.

mably harmattan

Gabriel Bonnot de Mably, philosophe, historien et publiciste français, qui travailla un temps au ministère des Affaires étrangères de la monarchie bourbonienne dans les années 1740, fait partie sans aucun doute des plus illustres représentants des Lumières françaises.(1) Sa carrière couronnée de succès en tant qu’écrivain politique s’étend de 1740 jusqu’à la veille de la Révolution française. Mably et ses œuvres apparaissent souvent dans les travaux de recherche concernant les Lumières et la Révolution française. Il est clair que sa notoriété devint plus importante durant la Révolution française que de son vivant. Ses œuvres politiques extraordinairement variées constituent un commentaire continu des crises de l’Ancien Régime et des discours politiques de l’époque allant de Fleury à Necker. Mably n’était pas un penseur spéculatif ; il n’en était pas pour autant un pur pragmatique. Comme beaucoup de ses contemporains l’étude des règles et des valeurs qui constituent une société stable et heureuse le fascine. Et comme eux, il adopta plus ou moins dans un simple processus de réception les positions fondamentales philosophiques et scientifico-théoriques de son temps. Dans le discours politique controversé de l’époque, il fut un critique impitoyable des théorèmes de ses contemporains et se distingua comme penseur sagace des constellations politiques de l’intérieur des crises de l’Ancien Régime tout comme un pronostiqueur de la Révolution française. Déjà à l’époque du développement de la « société bourgeoise » qui naît avec l’installation de l’économie de marché et de l’Etat moderne, Mably émit des doutes et fut sceptique vis-à-vis de cette nouvelle société. Sa pensée politique peut être analysée comme une assimilation intellectuelle des problèmes socio-politiques spécifiques de l’époque. Ses conceptions socio-politiques ne reflétaient pas simplement la réalité, elles rendaient plutôt cette réalité visible et compréhensible. C’est en constituant et en interprétant la réalité que ses idées pouvaient alors offrir une fonction novatrice.

Lire la suite

Robespierre dans l’iconographie du temps présent   Actuel

These works are incredibly adorable, clothing is so correct, and from such a perfect period, the dandyness is overwhelming I love it !". Tel est l'un des commentaires que l'on trouve sur un site de dessins Manga qui reproduit une série de portraits de Jacobins en dandys, en particulier Saint-Just, mais aussi Robespierre, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne et autres.

Lire la suite

Qu'est-ce que l'honneur dans une république ?   Actuel

Dans l'Esprit des lois, Montesquieu considère que l'honneur, dans une république, correspond à la vertu "qui est un sentiment et non une suite de connaissances" (V-2). Cette vertu est définie comme "l'amour de l'égalité" (V-3). Lorsque la vertu cesse, écrit Montesquieu, la république n'est plus qu'une dépouille (III-3). Ce texte, lu par Jeanne Moreau, met en perspective dans le XXIe siècle la question du déshonneur et celle du sens de la république.

Ecouter

The Idea of Natural Rights-Origins and Persistence   En ligne

Texte de Brian Tierney, publié dans le Northwestern University Journal of International Human Rights, Vol. 2, April 2004.

Brian Tierney montre qu'à la différence de Hobbes, les juristes médiévaux ne dissocient pas loi et droit, obligation et liberté, et qu'ils contribuent à la construction du concept de droit naturel entendu comme droit de l'homme et non comme loi de la nature (le terme latin jus naturale comporte les deux acceptions). A la fin du Moyen-Age, cette tradition s'est sclérosée et a été réduite à de vains jeux intellectuels. Elle est délaissée par les humanistes italiens en particulier, qui ne s'y réfèrent pas lorsqu'ils élaborent leurs réflexions politiques. En revanche, elle est réactivée en Espagne à l'occasion de la conquête de l'Amérique et des crimes qui y sont commis contre les peuples indiens, et conduit à l'élaboration de la philosophie du droit naturel moderne, comme théorie politique nouvelle, dans l'Ecole de Salamanque. La démonstration passe par une critique des thèses de Michel Villey sur Guillaume d'Occam et de Léo Strauss.

Lire en ligne sur le site de la revue

We want a revolution   Actuel

Décembre 2008. Entrée de la faculté de lettres de Besançon (Photographie de Philippe Schepens).

besançon

Festival de films sur l'esclavage   Annonces

9ème édition du FIFET (Festival International du Film contre l'Exclusion et pour la Tolérance) consacrée à l'esclavage, du 5 au 13 décembre 2008 à la maison de l'Unesco.

Voir le programmme

Révolution française et manga : Lady Oscar   En ligne

Lady Oscar de Riyoko Ikeda ("Berusaiyu no Bara" en japonais, c'est-à-dire "La rose de Versailles") est l'un des classiques du manga des années 70 qui a ouvert de nombreux japonais de l'actuelle génération des trentenaires à la culture française. Il existe en version papier et en version animée et a été adapté par Jacques Demy au cinéma (1978). Si l'histoire, inspirée de la biographie de Stefan Zweig, met en scène Marie-Antoinette et contribue à son culte, la reine n'en est cependant pas l'héroïne. Lady Oscar conte en effet les aventures romanesques d'une aristocrate travestie sous le règne de Louis XVI jusqu'aux débuts de la Révolution. C'est ce personnage fictif qui est au centre de l'intrigue dont certains ont une lecture royaliste quand chez d'autres elle est franchement républicaine. (Carole Jouenne)

Voir l'épisode qui se situe en juin 1789 (Jean Topart est le narrateur dans la version française) : partie 1, partie 2, partie 3.

Les gravures de l'Histoire de la Révolution française de Thiers   Images

Yann-Arzel Durelle-Marc publie, dans le cadre du Centre d’histoire du Droit de l’Université Rennes I, cinquante trois gravures de l’ Histoire de la Révolution française d’Adolphe Thiers, extraites de l’édition de 1865 (première édition 1823-1827). Certes Le texte de l’ Histoire de la Révolution française par A. Thiers peut être consulté en ligne (dans une édition antérieure) dans la bibliothèque virtuelle Gallica de la Bibliothèque nationale de France. Les gravures y sont semblables, mais la qualité de la reproduction demeure très médiocre en raison du procédé de reproduction choisi (format pdf, à définition faible). La présente série peut être considérée comme un complément graphique à l’exemplaire diffusé par la BNF. On oubliera pas néanmoins qu’il s’agit de deux éditions différentes.

Politique de Fichte : « jacobinisme », nation allemande et Antiquité   Etudes

Par Lucien Calvié, CRÉG et PLH-ÉRASME, Université de Toulouse II-Le Mirail

Fichte « jacobin » et/ou nationaliste : une querelle française

Auteur difficile à lire et à interpréter, Fichte est-il tout uniquement, à travers les fortes et rapides variations de la conjoncture politique de son temps d’adulte, de 1789 à sa mort en 1814, peu après le début des guerres antinapoléoniennes dites « de la liberté » ou « de libération » (Freiheitskriege ou Befreiungskriege), le « jacobin » – du moins le « jacobin » allemand, avec de précautionneux guillemets en raison de la difficulté d’une définition du jacobinisme, en France même et, plus encore, dans la zone d’expansion du phénomène révolutionnaire au cours des années 1790, en Allemagne (1), comme aussi en Italie, en Hongrie ou en Pologne – que laissent percevoir ses premiers écrits de 1793 ? Ou bien est-il surtout, sinon exclusivement, le nationaliste – ou l’ultranationaliste, dirait-on aujourd’hui en raison du galvaudage rapide de la terminologie politique –, voire le précurseur du pangermanisme, de l’idéologie völkisch et du nazisme que semblent parfois révéler ses Discours à la nation allemande de 1807 ?

Lire la suite

Résurgence et pertinence de Thomas Paine   En ligne

Par Nathalie Caron, Université Paris XII-Val-de-Marne

Huit ans après la publication de ma thèse sur Thomas Paine, soutenue en 1996 sous la direction de Bernard Vincent, il est frappant de constater que la place de l'auteur de Common Sense a considérablement changé, du moins aux Etats-Unis, évolution qui s'est produite en peu de temps. Ce déplacement s'il peut être expliqué, n'en est pas moins paradoxal.

Lire la suite en PDF dans la revue Sources, automne 2008

Sieyès   Dossiers

Avec la publication de deux volumes Des Manuscrits de Sieyès sous la direction de Christine Fauré, les études sur Sieyès ont fait un bond qualitatif. Désormais les multiples facettes de sa pensée et de son action se précisent à travers les diverses figures du sujet politique, donc de la révolution moderne qu'il incarne entre 1770 et 1815: le spectateur-philosophe féru de métaphysique durant sa jeunesse, l'administrateur pragmatiste, puis l'écrivain patriote à succès des années 1780, le législateur-philosophe au génie reconnu en matière de métaphysique politique dès 1789, le philosophe-analyste dans le domaine constitutionnel en l'an III, et enfin le métaphysicien en exil à Bruxelles à partir de 1816.

Lire la suite

L'Atlantique révolutionnaire de Marcus Rediker   En ligne

Coup sur coup, deux ouvrages de l'historien américain Markus Rediker (le premier en collaboration avec Peter Linebaugh), sont traduits en français. Le premier aux éditions Amsterdam s'intitule : L’hydre aux milles têtes, l’histoire cachée de l’Atlantique révolutionnaire, par Marcus Rediker & Peter Linebaugh (traduit de l’anglais par Christophe Jaquet et Hélène Quiniou), Paris, Editions Amsterdam, 2008.

On en trouvera une annonce sur le site de la revue "Vacarmes" qui indique également une réédition des Jacobins Noirs de C. L. R. James chez le même éditeur.

L'autre aux éditions Libertalia est tiré de Villains of all Nations. Atlantic Pirates of the Golden Age (2004) et s'intitule "Pirates de tous les pays", Paris, Libertalia, 2008.

L'éditeur organise par ailleurs une fête à Paris le dimanche 30 novembre (attention ! changement de date !) pour la sortie du livre.

On peut également lire en ligne un article de 1990, écrit avec Peter Linebaugh, intitulé "The Many-Headed Hydra: Sailors, Slaves, and the Atlantic Working Class in the Eighteenth Century," Journal of Historical Sociology, 3(1990) qui reprend les problématiques du livre The Many-Headed Hydra, The Hidden History of the Revolutionary Atlantic, publié en anglais en 2000, et donc traduit aujourd'hui en 2008.

Le site de Marcus Rediker contient les résumés de ces ouvrages, leurs tables des matières et une présentation générale des recherches et des problématiques de cet auteur.

The state of research on the French Revolution in China   Historiographie

Par Yiping Sun, Department of History and Culture, Shandong University, China

When they hear that I study the French Revolution, almost every friend in France asks me the same question: why did you choose that subject ? I always feel I should say that it is because of my love for French culture, but in fact this was not true at the beginning of my studies. As it happened I had no choice, since my Tutor at that time was a French Revolution specialist and I attended several of his courses such as The History of the French Revolution, Modern World History, and The Enlightenment Movement. All my friends and colleagues liked discussing the French Revolution and, as time went by, I began to like it too, so really, I did not choose the French Revolution, on the contrary, it was the French Revolution which chose me.

However the more I studied it, the more reasons I discovered to make me continue, so that now it is no exaggeration to say that I am perhaps more favourably inclined to the French Revolution than many French people. The history of the French Revolution is so profound, French culture is so rich and colourful, the French language is so beautiful that I think I will never become tired of my field. There are also so many ideological similarities between French and Chinese culture, especially the mutual sharp dualism, as a result of the idealism to change a society, so that to understand your culture is to understand my own better, and this type of research is a permanent joy to me! As a Chinese researcher, I am here today to give you an overview of the state of research on the French Revolution in China, mainly in the past 10 years.

Lire la suite

Clip Robespierre   Actuel

Robespierre et les années 70 en Italie. Video de Enrico Manfedini (Università degli Studi di Venezia).

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2008-2009   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Lire la suite

John Adams versus Mary Wollstonecraft on the French Revolution and Democracy   En ligne

Texte de Daniel I. O'Neill, Université de Floride, publié dans le Journal of the History of Ideas, Vol. 68, No. 3 (2007), p. 451-476.

Abstract : This article is the first in-depth analysis of the direct intellectual engagement between one of America's most important Founding Fathers, John Adams, and the work of the leading modern feminist, Mary Wollstonecraft. It draws on the first complete transcription of Adams's marginalia in his copy of Wollstonecraft's French Revolution to argue that these two thinkers disagreed profoundly in their respective assessments of the watershed event of political modernity due to their divergent interpretations of the relationship between human nature, history, and Revolutionary violence on the one hand, and the appropriate structure of political and social institutions on the other.

Lire en pdf

Les sans-culottes, emblème de la Révolution française   En ligne

sans-culotte

La table des matières et une grande part de l'introduction du dernier livre de l'historien anglais Michael Sonenscher, Sans-Culottes : An Eighteenth-Century Emblem in the French Revolution, sont à lire sur le site de son éditeur, Princeton University Press. L'ouvrage porte conjointement sur le rôle que les sans-culottes jouent dans les événements révolutionnaires, sur le sujet toujours aussi débattu de la place de Rousseau dans la Révolution française, et sur la question des salons, dans un souci d’interconnexion entre ces trois sujets au titre d’une approche historique et intellectuelle des politiques républicaines. Il s'agit aussi de combiner le politique et l'économique à l'aide d'une histoire narrative des événements de la Révolution française dans le but de montrer comment la sociabilité des Lumières, à la fois pensée et mise en pratique par Rousseau et les salons, trouve son emblême républicain dans la figure des sans-culottes de 1789. Il apparaît alors que l'émergence de la figure des sans-culottes constitue une réponse appropriée à la désintégration d'un consensus trop étroit là où il s'agit de conférer du mérite et de la distinction dans le nouvel ordre social.





La Constituante à l’ordre du jour   Actuel

Par André Bellon, ancien Président de la commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée nationale, Président de l’Association pour une Constituante

Il y a plus de deux siècles, en France en 1789, le roi d’un État en banqueroute convoquait les États généraux pour demander la solidarité financière de ses sujets. La crise financière était alors due, pour une large part, aux dépenses extravagantes d’une aristocratie sans contrôle et à la concentration d’un pouvoir sans opposition. Faire des analogies historiques est, certes, un exercice aussi facile que périlleux. Mais on ne peut s’empêcher de voir un parallèle avec la situation d’aujourd’hui. Depuis des décennies, des responsables économiques en nombre ridicule concentrent à la fois les richesses et le pouvoir, remettent en cause tous les acquis sociaux, bafouent la souveraineté populaire, cassent les votes exprimés, bref détruisent la démocratie.

Lire la suite

Les femmes et le savoir politique pendant la Révolution française   Etudes

Perspectives franco-allemandes

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Les historiens ont souligné, dans un premier temps, les interdits à l’égard de la présence des femmes en politique au cours de la Révolution française, en particulier au sein des assemblées représentatives. Ce qui n’empêche pas, à vrai dire, l’apparition de formes multiples de mixité politique dans la société civile, sans compter la participation des femmes aux luttes révolutionnaires comme l'ont montré de nombreux travaux. Pour autant, la scène politique dans sa forme représentative s'instaure comme une exclusive des hommes dans sa pratique et sa théorisation même, exclusivité particulièrement bien explicitée chez Sieyès, l’inventeur du système français de la représentation politique.

Ainsi se met en place la dissociation historique entre une « école d’intelligence et de mœurs » de « la société des femmes » (1), la galanterie incluse, telle qu’elle s’impose dans les salons des Lumières, et le savoir politique de la société des hommes constitué par la première génération des législateurs-philosophes de la Révolution française. Dissociation qui interdit, pour une très longue période, la présence des femmes dans le monde des législateurs et leur univers de croyance en la vérité politique, y compris parmi les républicains, à l'exemple de l'annotation du député jacobin Lequinio sur l'incapacité des femmes à assumer "les fatigues morales du gouvernement politique" dans le chapitre sur les femmes de son ouvrage, Les préjugés détruits, que nous reproduisons en annexe.

Lire la suite

Actualité de Thomas Paine   En ligne

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

À propos du livre de Gareth Stedman Jones, La fin de la pauvreté ? Un débat historique, Maisons-Alfort, è®e, 2007, 213 p.

Gareth Stedman Jones place la question de la protection sociale, son émergence à la fin du XVIIIe siècle, puis son enfouissement au cours du XIXe siècle, au centre d’une réflexion critique sur le libéralisme en tant que récit standard de la modernité. Cependant, son analyse est tributaire d’une lecture de la Révolution française générée par ce même récit. Je situerai ainsi mon propos avec Gareth Stedman Jones, mais également contre lui, mon intention étant de mettre sa réflexion, très pertinente, en perspective dans une autre Révolution française, dans la mesure où elle amorce et structure sa démonstration.

Lire la suite sur le site de la revue Mouvements

Une Révolution française noyée dans le XIXe siècle   Actuel

L’expression « La Révolution française n’est pas terminée » se retrouve conjointement dans les propos de Dominique de Villepin et les écrits de Vincent Peillon, donc sur des bords opposés de l’échiquier politique. Que recouvre-t-elle plus précisément sous la plume du socialiste Vincent Peillon qui en fait le titre de son ouvrage (La Révolution française n’est pas terminée, Paris, Seuil, 2008, 215 pages) ? Manifestement, elle fait débat comme le montrent les entretiens et les comptes rendus de ce livre, rassemblés par Vincent Peillon lui-même sur son site

Lire la suite

Rhétorique et antirhétorique au Parlement   Brèves

Patrick Jarreau, dans sa chronique du Monde, capte l’intérêt de son lecteur par l’exorde suivant :

« Les auditions publiques des commissions parlementaires sont un des bonheurs de la vie politique. Grâce à la télévision, le rêve des républicains de la Révolution, qui voulaient l'agora athénienne ou le forum romain, semble se réaliser, avec ses avantages et ses inconvénients - le droit de regard sur toutes affaires communes -, et ses risques, la démagogie et la rhétorique. » ( 13 septembre 2008)

Robespierre : une parole d’aujourd’hui ?   Actuel

"Conversation entre Robespierre , Sophie Wahnich, historienne et Ian Brossat, président du groupe des élus communistes de Paris", dans l'Humanité du 6 septembre 2008 :

Sophie Wahnich : Droit de pétition, liberté de la presse et droit de s’assembler sans armes constituent les trois piliers de l’espace public démocratique qui s’est constitué dès 1789. À ce titre, ce sont des institutions fondatrices de la citoyenneté effective des Français, qu’ils soient ensuite classés dans la catégorie des citoyens actifs ou passifs par la Constitution votée le 3 septembre 1791.

Ian Brossat : Ces institutions sont encore les nôtres. Elles garantissent un exercice quotidien de la démocratie. Cette tradition est encore très vivace en France, comme le montrent la campagne pour le référendum européen de 2005 ou les mouvements anti-CPE de 2005. Force est de constater, cependant, que la voix du peuple ne couvre que par intermittences le brouhaha du pouvoir. On entend de plus en plus de responsables politiques qui prétendent s’affranchir de cette respiration populaire. Entre deux élections, il faudrait retenir son souffle. On se souvient de la phrase de Jean-Pierre Raffarin : « Ce n’est pas la rue qui gouverne. » Mais il y en a d’autres : « Vous m’avez élu pour cela », « rendez-vous dans cinq ans », « laissez-nous gouverner », « quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit »… Il y a là deux conceptions de la démocratie qui s’affrontent : une démocratie permanente d’un côté, une démocratie exclusivement représentative de l’autre.

Lire la suite

Termes de grammaire en révolution   Mots

Dans La Feuille villageoise du 13 octobre 1791 (1), les rédacteurs font mention d’une lettre qu’ils reçoivent d’un maître d’école d’un petit village où il est précisé qu’il lit régulièrement ce journal, mais éprouve quelques difficultés à expliquer certains mots que ses interlocuteurs villageois « n’entendent pas », et que lui-même connaît mal. Il en dresse la liste qu’il adjoint à sa lettre. Les rédacteurs de La Feuille villageoise publient alors à la suite de sa lettre une « liste de mots » en trois rubriques, Termes de grammaire, Termes de Physique, Termes de législation. Nous publions le contenu de la première rubrique qui marque bien la tendance à considérer les effets positifs d’une grammaire générale basée sur l’analyse et l’analogie, - les deux premiers termes présentement définis -, dans l’établissement de la nouvelle langue des droits en tant que langue bien faite au sens condillacien (2).

Lire la suite

La Gazette du Petit Père Duchesne   Actuel

" La Gazette du Petit Père Duchesne est un vieux débris révolutionnaire, édité à but non lucratif, dans le but de partager nos savoirs, nos pensées, et nos informations. "

" Foutre! Trois mois sans Père Duchesne ! Le temps a dû paraître long ! Auriez-vous cru que j’étais en vacances ?! Que nenni, les p’tits amis! Que voulez-vous ? Même le père Duchesne se doit de vivre avec son temps ! Toute l’équipe était donc occupée à squatter la « toile », et à vous concocter un petit site au poil, sur lequel toutes les gazettes seront archivées ! Comme ça, bande de radins, vous pourrez les consulter sans avoir à me filer un kopek !!! Foutre de foutre ! C’est un peu beau l’abnégation ! " (Extrait de l’éditorial du N°7, septembre-octobre 2007)

Rendez vous donc, si vous êtes équipés sur le site

Mais les vrais Père Duchesne sont nombreux ! Merci, foutre, aux vrais patriotes actifs dans les universités de Lyon depuis 1993, non stipendiés par l'Etat et loin des subsides des partis, de nous faire part de leur présence à nos côtés, en nous conviant à dialoguer dans la gargotte du Père Duchesne.

La Constitution de l'an III : un républicanisme classique ?   Réplique

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

logo colloque républicanisme

Ce texte préparatoire au Colloque Républicanismes et droit naturel a été présenté dans le cadre du séminaire « L'esprit des Lumières et de la Révolution » , le 16 février 2007.

Le rapprochement entre la Constitution de l'an III et le républicanisme classique est proposé par Andrew Jainchill dans un article intitulé « The Constitution of the Year III and the persistence of Classical Republicanism », publié en 2003 dans les French Historical Studies (vol.23, n°3). Il prend appui sur un texte de Keith Michael Baker qui sera au centre de mon propos : « Transformations of classical Republicanism in Eighteenth-Century France », publié en 2001 dans The Journal of Modern History (vol 73, n°1). Cette étude de Baker qui fait autorité aux Etats-Unis sur la question du républicanisme classique dans la France du XVIIIe siècle, n'a guère rencontré d'échos en France, hormis Raymonde Monnier qui en résume la thèse dans son ouvrage sur Républicanisme, patriotisme et Révolution française (2005) et indique qu'elle n'en suit pas les typologies, mais sans développer sa critique (même si au demeurant, on peut considérer l'ouvrage de Raymonde Monnier lui-même comme une réponse aux thèses de Baker).

Ces deux articles me semblent utiles pour saisir le contenu d'une réflexion, essentiellement anglo-saxonne, sur le républicanisme classique et la Révolution française, dont Keith M. Baker constate qu'elle est quasi ignorée en France, dans le sens où la république et le républicanisme y sont traités indépendamment des problématiques du républicanisme classique. En retour on pourra répondre à Keith Baker qu'il méconnaît les problématiques du droit naturel en révolution, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'elles ne cadrent pas avec son interprétation de la Révolution française. Cependant, nous verrons que si Baker ignore la problématique révolutionnaire du droit naturel, il n'ignore en revanche pas la philosophie du droit naturel. Cette disjonction m'amène également à considérer que ces articles ont aussi l'intérêt de mettre en évidence les apories sur lesquelles débouchent les lectures de la Révolution française qui y sont proposées. Il me semble en effet que ces deux articles sont incompatibles – alors que Jainchill s'inspire de Baker – et que cette incompatibilité tient en particulier à la figure de Thomas Paine, autrement dit aux découpages des catégories politiques qui sont mises en oeuvre par les auteurs.

Lire la suite

la Révolution française, de l'événement aux symboles   Images

L'univers "révolutionnaire" des timbres

Au sein de la production philatélique française, L’année 1989 du bicentenaire a été bien sûr propice au thème de la Révolution française, mais nous le retrouvons également dans la production mondiale. Le planning de recension des timbres sur les événements de la période révolutionnaire proposé par un site philatélique est en grande part chronologique, avec trois ouvertures thématiques, sur l’art, les portraits et les symboles. Dans cette vaste galerie d'images de timbres, les faits importants de la Révolution sont également soulignés par un rapide descriptif de l'événement concerné.

On peut également consulter un autre site du même type, mais avec des montages philatéliques plus élaborés, et aussi plus souriants... à partir de l'injonction, "Allez citoyens, direction la Bastille"

Propiedad y libertad: doce tesis sobre la defensa republicana de la renta básica   Actuel

Texte de David Casassas (Université d'Oxford) et Daniel Raventós (Université de Barcelone) sur l'actualité du principe d'allocation universelle (renta básica en espagnol et basic income en anglais) formulé par Thomas Paine à la suite de sa critique de la Constitution de 1795. Cette intervention a été présentée les 20 et 21 de juin 2008 au University College de Dublin où se tenait le XIIe congrès du Basic Incone Earth Network. Voir également, sur Révolution Française.net, Republicanism and Basic Income par Antoni Domènech et Daniel Raventós.

A lire sur le site de la revue Sin Permiso

Construire, reconstruire la république polonaise : Mably et Rousseau (1)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

logo du colloque

Ce texte est une introduction à la communication présentée par Marc Belissa lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

La république et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des "traditions" et des sujets de dissertation pour collégiens lecteurs de Tacite et de Cicéron. Il existe en Europe un certain nombre d’États républicains dont l’expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Ces républiques modernes sont des objets complexes et qui ne se laissent pas facilement enfermer dans les catégories politiques actuelles. Parmi celles-ci, la Pologne, est l’enjeu d’un débat important entre les années 1760 et 1780.

Lire la suite

Domesticité, travail et citoyenneté en l'an II   Etudes

par Jean-Pierre Gross

logo du colloque

Ce texte est un résumé de la communication présentée par Jean-Pierre Gross lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

Les républicains anglais de 1647 proposaient d'accorder le suffrage à tous les hommes d'âge adulte, hormis les serviteurs à gages et les mendiants. Les Montagnards en 1793 prétendent émanciper les domestiques et leur offrir (femmes exclues) le statut de citoyen à part entière. Quelle fut l'incidence de ce projet? S'agit-il d'un repère significatif dans l'évolution de la démocratie?

"Tout homme peut engager ses services, son temps; mais il ne peut se vendre, ni être vendu; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance, entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie" (Article XVIII, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793)

Lire la suite

Images du récit standard international : la Révolution spectacle ?   Images

Le site Wikimedia commons propose une série de 167 images de la Révolution française à la fois hétéroclite (des gravures d'époque ou plus tardives, des peintures, des photos d'objets de la période révolutionnaire, des images de textes et d'archives, etc) et convenu. Nous disposons là d'une mesure du récit standard international de la Révolution française dont le centre de gravité est, en l'état présent des documents proposés, essentiellement constitué par l'opposition monarchie/république, la répression et la guerre, la Vendée étant privilégiée. Cependant la qualité de l'image est plutôt bonne, à l'exemple de la fameuse caricature anglaise sur la mort de Marat que l'on trouve à la fois dans la version en noir et blanc et dans la version en couleur.

On trouve également des renvois vers d'autres images de la même période historique, par exemple sur les thèmes de la Bastille, de la Fête de la fédération, des Sans-culottes, etc., ainsi que toute une galerie de portraits, avec le cas notable d'une centaine d'images autour des peintures et des dessins de David. Au final donc, plusieurs centaines d'images pour la période révolutionnaire et napoléonienne.

Les romans de la Révolution française   Outils

A lire en ligne :

Sur Wikisource :
Honoré de Balzac, Les Chouans ou la Bretagne en 1799 (1829)
Alexandre Dumas, La femme au collier de velours (1850)
Anatole France, Les Autels de la peur (1884) ; Les dieux ont soif (1912)
Victor Hugo, Quatre-Vingt-Treize (1874)

Sur Gallica :
Charles Dickens, Paris et Londres en 1793 : roman anglais (1881), traduction de The Tales of Two Cities que l'on trouve également sous le titre Le marquis de Saint Evremont.

Sur le site du département de philologie de l'Université de Chicago :
Honoré de Balzac, Une ténébreuse affaire (1841)

Sur le site de la Société des Amis d'Alexandre Dumas :
Alexandre Dumas, Joseph Balsamo (1846-1848) ; Le collier de la Reine (1848-1850) ; Ange Pitou (1850-1851) ; La comtesse de Charny (1852-1855) ; Le chevalier de Maison Rouge (1845-1846) ; Les compagnons de Jéhu (1857) ; La San Felice (1864)

Nedham, Machiavel ou Rousseau ?   Etudes

Par Raymonde Monnier, CNRS

logo colloque

Ce texte est une introduction à la communication présentée par Raymonde Monnier lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008 : « Nedham, Machiavel ou Rousseau ? Autour de la traduction par Mandar de The excellency of a free state ».

« Quelques lecteurs, peut-être, jugeront que l’addition du chapitre I du livre III du Contrat social est absolument inutile à la suite de la traduction d’un livre publié sous Cromwell. Mais j’observerai que c’est la même raison qui m’a déterminé à insérer les chapitres VII et VIII du Prince de Nicolas Machiavel, à la fin du premier volume de cet ouvrage, en considérant que les maximes de ce chef de la politique des cours ont été souvent adoptées par les rois et par leurs mandataires, qu’il était important de mettre en opposition les profondeurs de la morale et de la doctrine des despotes en politique, avec celle suivie par les états libres. Je l’ai donc inséré, afin que nos citoyens, après avoir, sur les ruines d’un gouvernement corrompu, (...) régénéré toutes les branches de l’administration, (...) voient dans leur naissance les premiers principes de la liberté. (...)

Lire la suite

Toujours Elle, en 1968, irrécupérable !   Actuel

Par Florence Gauthier

Elle, qui est-ce ? Mais c'est Elle ! Elle était là, avec nous, en 68. Je me souviens très bien de son passage. J'étais étudiante à la Sorbonne et j'appartenais à un de ces "groupuscules", qui semblent encore craints aujourd'hui, tant on les tient en exécration. Cependant, et les craintifs seront rassurés, dès le mois de mai 68, ce "groupuscule" avait déclaré que le mouvement était "petit-bourgeois" et qu'il fallait s'y opposer. Nous rîmes alors -je me souviens de cet éclat de rire à plusieurs- et continuâmes sans lui. Dans les semaines qui suivirent, nous apprîmes que ce "groupuscule" s'était auto dissout, estimant qu'il n'avait pas été à la hauteur des évènements. C'était vrai, c'était intelligent et courageux. Pour ma part, mon expérience des partis qui s'autoproclamaient « scientifiquement » -c’était le mot à l’époque- indispensables pour prendre le pouvoir et imposer leur dictature, sur le modèle de l'URSS ou d'ailleurs, m'avait suffisamment éclairée.

Lire la suite

La pensée des Lumières : le travail naturel de l’esprit   Synthèses

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, ENS-LSH.

Au cours des vingt dernières années, l’approche de la pensée des Lumières s’est singulièrement complexifiée à la suite d’une série de publications, soit généralistes sous la forme de Dictionnaires, soit particulières sous la forme de monographies. Nous avons lu et rendu compte d’une partie, certes limitée, de cette vaste production éditoriale, mais presque toujours dans une perspective synthétique. Ainsi, au-delà d’un abord de la pensée des lumières centrée au départ sur la cohérence de l’entreprise encyclopédique elle-même, et du fait même que nous avons toujours essayé de mesurer l'ampleur d’une « économie du discours » (Francine Markovits) en matière d’échange, de communication, de langage, mise en place au sein de l'atelier analytique des Lumières, nous nous orientons de plus en plus vers la caractérisation, au cours des Lumières tardives (les années 1770-1780 donc), de ce qu'il en est du travail de l’esprit politique, de sa dimension matérialiste avec son point d'aboutissement en 1789, au point de proposer une réflexion autonome en ce domaine, comme le montre aussi une autre intervention sur le présent site .

Lire la suite

Dictionnaire électronique francophone de philosophie politique et sciences politiques   Outils

dicopo

Accéder au dictionnaire de théorie politique Dicopo

"Pourquoi un dictionnaire ?

Les chercheurs francophones en philosophie et sciences politiques manquent d’outils qui leur permettraient de se doter d’un langage commun favorisant les échanges intellectuels internationaux. Le dictionnaire de philosophie politique et sciences politiques électronique se veut un outil visant à remédier à cette situation de trois manières :
- En créant une communauté de contributeurs. Les notices seront en effet rédigées par des chercheurs (doctorants, post-doctorants, professeurs) venus de tous horizons géographiques (en particulier de Belgique, France, Québec, Suisse Romande), institutionnels (universités, centres de recherche), et théoriques (philosophie politique et sciences politiques).
- En créant une communauté d’utilisateurs. Le dictionnaire, parce qu’électronique, sera facile d’accès partout dans le monde. Le principe de gratuité facilitera un usage répandu, aussi bien auprès des chercheurs confirmés que d’un public étudiant.
- En créant un langage commun de la recherche en philosophie et science politiques. Les objectifs sont la clarté et la représentativité des débats théoriques les plus contemporains."

Lire la suite sur le site Dicopo

Le principe républicain de la contribution volontaire d' Etienne Polverel   Etudes

Par Magali Jacquemin, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

logo colloque

Ce texte est une introduction à la communication présentée par Magali Jacquemin lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008 : "Le principe républicain de la contribution volontaire lancé par le commissaire civil de Saint-Domingue Etienne Polverel : genèse de la propriété des nouveaux libres dans le cadre de l’abolition de l’esclavage ? ( novembre 1792-février 1794)"

Etienne Polverel, qui fut avec Léger-Félicité Sonthonax l’un des acteurs de l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue au cours des années 1792-1794, fut aussi et surtout l’auteur d’un projet social original, reposant sur une révolution de la propriété coloniale propre à rendre possible la communauté des biens, garante selon lui de l’égalité républicaine nécessaire à la pérennité de la liberté des anciens esclaves. Durant la période pré-révolutionnaire, Etienne Polverel s’était entre autres illustré par son activité d’avocat au sein des Etats de Navarre, ainsi que des parlements de Bordeaux, puis de Paris. C’est dans ce cadre qu’il devint très vite l’un des spécialistes de la lutte pour la fin de la féodalité, la défense des biens communaux et droits d’usage, ainsi que la mise en valeur d’un nouveau système d’imposition. En 1783, il fut notamment l’auteur d’un Mémoire sur le franc alleu de Navarre (1) dans lequel il attaquait la réaction féodale des seigneurs et les tentatives des intendants du Roi de France pour faire disparaître du Royaume de Navarre le modèle ancestral des aleux comme définition de la propriété terrienne. Ce mémoire fut notamment l’occasion pour Etienne Polverel de mettre en valeur le principe de l’impôt conçu comme contribution à la puissance publique garante des biens communs.

Lire la suite

Impact et résonances de la Révolution haïtienne   Annonces

couverture haiti 1804 lumières et témèbres

Introduction et table des matières de l'ouvrage Haïti 1804 – Lumières et ténèbres. Impact et résonances d’une révolution, dirigé par Léon-François Hoffmann, Frauke Gewecke, Ulrich Fleischmann, Iberoamericana/Vervuert (Bibliotheca Ibero-americana, 121), Madrid/Frankfurt am Main, 2008, 288 pages.

Cette formidable expression de l’aspiration de l’homme à la liberté et à la dignité que fut la Révolution haïtienne n’avait suscité à l’époque, dans l’Occident dit civilisé, que l’indignation et la dérision, suivies d’un silence assourdissant. Peut-être ce dernier est-il enfin en train de se dissiper. En effet, à l’occasion des célébrations du bicentenaire de la Révolution française en 1989, puis en 1998 de celle du deux cents cinquantième anniversaire de l’abolition définitive de l’esclavage officiel dans les colonies françaises, les historiens et les hommes de lettres du monde entier ont commencé à accorder à la Révolution haïtienne l’attention que mérite son extraordinaire importance dans l’aventure humaine. Outre son intérêt scientifique, le Congrès International «Haïti 1804-2004», qui s’est tenu à Berlin du 4 au 6 novembre 2004, l’année de la célébration du bicentenaire de l’Indépendance haïtienne, s’inscrit dans cette volonté de contribuer à racheter un tant soit peu l’inexcusable silence de nos aînés.

Lire la suite

Republicanism and Basic Income   Etudes

Par Antoni Domènech et Daniel Raventós, Université de Barcelone

mini logo colloque républicanisme

Texte associé aux travaux du colloque Républicanismes et droit naturel qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

David Casassas suggests that the proposal for a universal and unconditional Basic Income of citizenship and the republican political tradition are linked since, for historical republicanism, the connection between freedom and property is essential. And it is true that this connection is so fundamental that republican freedom actually derives from property, in other words, from the material independence of individuals. Upholding this republican idea that having to survive cum permissu superiorum was the clearest sign of non-freedom, Marx pointed out in a celebrated passage of “Critique of the Gotha Programme” that the man “who possesses no other property than his labour power must, in all conditions of society and culture, be the slave of other men who have made themselves the owners of the material conditions of labour. He can only work with their permission, hence live only with their permission.” However, we are not arguing that the relationship between what is now understood by “republicanism” and Basic Income is a simple one, as we shall discuss in the following four points.

Lire la suite

Le combat des libres de couleur   Annonces

Le jeudi 19 juin 2008, de 14h30 à 17h00, dans le cadre du séminaire du LAIOS (laboratoire d’anthropologie des institutions et organisations sociales), EHESS, salle 214, 54 Bd Raspail, Florence Gauthier (Université Paris 7) et Sophie Wahnich (LAIOS-CNRS) interviendront sur Le combat des libres de couleur : enjeux et pratiques transnationales au 18e siècle.

Les premiers socialismes   Outils

« Les politiques, sans doute, ont assuré à plusieurs peuples quelques conquêtes sociales. La liberté et l’égalité ont été proclamées ; mais qu’est-ce que la liberté et l’égalité sans pain, sans éducation, sans travail assurés, sans garantie pour la maladie et la vieillesse ? » (Union et bonheur pour tous, ou le phalanstère mis à la portée de tous. Exposé succinct de la doctrine universelle et de l’association agricole domestique de Charles Fourier par E. Péruson, 1843).



Ouverte début juin, la bibliothèque virtuelle sur les premiers socialismes se donne pour objectif de réunir des documents du XIXe siècle sur les socialismes qui sont conservés au Fonds ancien du service de documentation de l’Université de Poitiers.

Ce site est un travail en constante évolution. Très régulièrement, des nouveaux textes et commentaires sont mis en ligne. Actuellement l’ensemble porte sur les fouriéristes. Seront ensuite rajoutés des documents sur les saint-simoniens, Louis Blanc, Cabet et les communautés icariennes, Pierre-Joseph Proudhon, etc. Les documents déjà en ligne sont accompagnés de présentation les contextualisant et d’indications bibliographiques. Un index par thème, par auteur et par date ainsi qu’un moteur de recherche enrichissent les possibilités de recherche à l’intérieur du site.

La Révolution française et la fin des colonies   Recensions

par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

A propos du du livre d'Yves Bénot, La Révolution française et la fin des colonies, Paris, La Découverte, 1988, rééd. 2004.



Le compte-rendu de ce livre a été publié dans les Annales Historiques de la Révolution Française (1988, p. 491-93). Nous le rééditons vingt ans après, car ce livre a constitué, au moment de sa parution, une véritable rupture en ouvrant un chantier novateur et, pour cette raison, nous apparaît toujours d’actualité. Yves Bénot nous a quitté le 3 janvier 2005. Nous reproduisons donc ce compte-rendu tel qu’il a été rédigé initialement, en corrigeant quelques coquilles, et en rajoutant une Note additive vingt ans après.

Lire la suite

Les secours aux indigents : un droit ou une faveur   Etudes

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258, Université de Rennes II

Il ne s'agit pas d'étudier ici toute la politique de bienfaisance des révolutionnaires, mais un exemple particulier du traitement de la pauvreté pendant la Révolution. À travers ce cas particulier, seront ainsi mises en relief certaines (et non pas toutes) représentations de la figure du pauvre de 1788 à 1795.

Rappelons d'abord que les toutes dernières années de l'Ancien Régime sont marquées par une très grave crise du travail, souvent mise au compte du traité de commerce avec l'Angleterre (1786). Cette crise touche de nombreux métiers où la main d'œuvre féminine est abondamment utilisée, notamment dans l'industrie textile. De plus, plusieurs contemporains s'indignent de ce que des hommes « envahissent » des professions considérées comme féminines (travaux d'aiguille), entraînant chômage ou prostitution pour les femmes (1).

Lire la suite

Dans la baignoire, l’homme est nu   Actuel

Texte extrait du montage consacré par POLE NORD au « Marat assassiné » de Jacques-Louis DAVID (Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles). Voir le montage sur YouTube ou sur le site marat-jean-paul.org

Lire la suite

Thomas Paine contre la domination des experts   Recensions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

A propos de l'ouvrage d'Edward Larkin, Thomas Paine and the literature of Revolution, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, 205 p.

L’originalité de cette étude est d’appréhender Thomas Paine du point de vue de l’histoire littéraire des États-Unis et de retrouver par ce biais les fondements de la pensée et de l’action politique du révolutionnaire. On y lit un Paine subversif, populaire et savant, plus dense que le polémiste auquel on le réduit souvent dans l’histoire américaine, et qui bouscule également l’icône consensuelle de l’historiographie de la Révolution française.

Lire la suite

A propos du postmodernisme et de Fredric Jameson   En ligne

"Pour le monde anglophone, l’ouvrage de Fredric Jameson, Postmodernism or the Cultural Logic of Late Capitalism, est venu proposer la première mise en perspective du moment historique de prolifération postmoderniste en en recherchant la « logique » centrifuge plutôt qu’en proposant une prise de parti en son sein. À ce titre, les traductions par Florence Nevrolty de Le Postmodernisme ou La logique culturelle du capitalisme tardif, aux éditions de l’ENSBA, et de La Totalité comme complot , par Nicolas Vieillescazes, aux éditions Les Prairies ordinaires, constituent un événement éditorial qu’il ne faut pas craindre de décrire comme majeur en ce qu’elles mettent enfin à disposition du lectorat francophone la pièce maîtresse de toute l’histoire théorique et intellectuelle récente du monde anglophone dans son interaction avec la philosophie continentale (allemande et française). /../ Mais plus profondément, et quelque peu secrètement semble-t-il, Jameson s’avère être un lecteur et un héritier particulièrement fidèle de la pensée de l’utopie déployée notamment dans Le Principe espérance, l’oeuvre gigantesque du plus visionnaire des marxistes, Ernst Bloch. /../ Jameson propose, en fin de compte, une théorie et une pédagogie matérialistes historiques de l’espace du capital globalisé. Dans cette perspective, l’espace n’est plus le simple contenant de processus temporels, historiques, dignes d’être théorisés. Il doit au contraire être lui-même pensé comme produit dans des conditions et selon des rapports de forces historiquement déterminés.".

Extraits de la recension dans la nouvelle Revue internationale des livres et des idées sous la plume de Thierry Labica

Toussaint Louverture : un révolutionnaire noir d'Ancien Régime ?   Recensions

par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

A propos du livre de Pierre Pluchon, Toussaint Louverture. Un révolutionnaire noir d'Ancien Régime, Paris, Fayard, 1989, 654 pages.

Lire la suite

Le nom de Sieyès. L’intelligence politique de la Révolution française   Etudes

Par Jacques Guilhaumou, Université de Lyon, UMR « Triangle », ENS-LSH

Dans l’Encyclopédie des sciences philosophiques (1), Hegel aborde la question du langage de façon corrélée au système que constitue l’activité de l’intelligence. Il s’intéresse ainsi à la dynamique du langage en tant qu’opération productrice de signes permettant à l’intelligence d’extérioriser ses représentations au sein de l’espace/temps de l’intercommunication humaine où elle est plongée. Dans un tel processus, l’intelligence est située hors de soi par le concret de l’intuition dont elle se revêt pour exister comme objet de réflexion au sein de la conscience intersubjective des hommes. Hegel précise alors que l’intuition «ne vaut que comme représentant quelque chose d’autre» (2). Par le fait de l’imagination, elle a reçu en elle «une représentation autonome de l’intelligence» ce qu’on appelle, si l’on en use comme d’un signe, une signification. Elle permet donc, via le signe, l’acte de représentation de l’être posé de l’intelligence.

Ainsi le langage confère une existence à la fois caractéristique et singulière aux représentations de l’intuition produites par l’intelligence en leur donnant une signification propre. Cependant, si le mot est la manière la plus évidente d’extérioriser une telle signification dans des éléments simples, il n’en reste pas moins que c’est le nom qui s’avère la signification la plus singulière. En effet, le nom introduit une liaison entre l’intuition produite par l’intelligence et sa propre signification, son référent posé d’emblée. Il est ce quelque chose d’autre qui fonde l’acte de représentation; il est certes quelque chose d’extérieur par son existence référentielle, mais sa liaison avec l’intelligence est aussi quelque chose d’intérieur. Il n’est donc pas seulement comme le mot le produit de l’analyse de l’intelligence, il est la manifestation synthétique de l’intelligence.

Lire la suite

De l'action féminine en période de révolte(s) et de révolution(s)   En ligne

par Catherine Daussy, Université de Lille 3 et Anne Verjus, CNRS, Université de Lyon

Nous prendrons les révoltes et révolutions comme un terrain pour aborder l'action féminine à une époque qui, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, se caractérise à la fois par "une violence contre l'autorité politique" et un "changement très important dans l'ordre humain". Ce qui nous amène à nous interroger sur l'éventuelle spécificité, en soi et aux yeux des contemporains, d'une action dite féminine dans un contexte de révoltes (y a-t-il une révolte féminine, une révolte de femmes, une révolte -malgré l'anachronisme - de "féministes", des femmes dans les révoltes, etc.) et de révolutions (y a-t-il une participation des femmes à la politique révolutionnaire, et si non, ont-elles une situation politique autre que participative ?) En d'autres termes, où sont les femmes, que font-elles, que sont-elles, que veulent-elles et que veut-on qu'elles soient ?

Lire la suite en format PDF

Antirhétorique dans La France pays de mission ?   Annonces

Par Rachele Raus, Université de Turin

La France pays de mission ? (1943), livre d'Henri Godin et Yvan Daniel, deux aumôniers de la JOC, fonde l'action des chrétiens en milieu ouvrier. Dans cet ouvrage, la présence d’une sorte d’antirhétorique est étroitement liée à l’anti-intellectualisme qui les caractérise. Si le texte est foncièrement révolutionnaire, c’est aussi et surtout parce qu’il réélabore le langage ecclésiastique sur la base de principes nouveaux. On retrouve une réélaboration conceptuelle similaire chez Jacques Guilhaumou lorsqu’il décrit la langue politique du XVIIIe siècle en citant le cas de l’antirhétorique des jacobins révolutionnaires par rapport à la rhétorique des aristocrates et de la cour. Les fondements principaux de cette antirhétorique sont l’adéquation du mot à la chose et une catégorisation de l’agir.

Tout comme les Jacobins vis-à-vis de la rhétorique des aristocrates, Daniel et Godin perçoivent également la présence d’une barrière qui les éloigne à la fois des ouvriers et aussi de l’Eglise, et qui est surtout une barrière linguistique : pour pouvoir communiquer à nouveau avec les milieux populaires, il faut rendre aux mots leur sens d’origine, sur la base de l’Evangile et, en général, de l’étymologie des mots, et aussi les “réaliser” concrètement dans le réel. Tout cela, bien évidemment, les éloigne fortement de l’Eglise et les rapproche d’un anti-intellectualisme dangereux pour les institutions ecclésiastiques.

Lire un extrait du chapitre 4 (pages 107-116) en format PDF, rédigé par Rachele Raus, de l’ouvrage de Marta Magotti et Rachele Raus, Du mot à l’action. Histoire et analyse linguistique de La France, pays de mission ?, avec une préface de Jacques Guilhaumou et une postface d’Emile Poulat, Quaderni di Linguistica e Linguaggi specialistici dell’Università di Teramo, Roma, Aracne, 2008, 216 pages.

De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l'Ancien Régime et pendant la Révolution   Etudes

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

En 1793 est publié un petit texte anonyme intitulé Réponse à l'impertinente question : Mais qu'est-ce qu'un Sans-Culotte ? (1) On pourrait parodier ce titre et se demander Mais qu'est-ce qu'une femme du peuple pendant la Révolution ? Dans la représentation que l'on en donne, est-elle d'abord femme, est-elle d'abord peuple ? Comment faire coexister dans la même image l'appartenance au sexe féminin privé de droits politiques et l'appartenance au peuple devenu Peuple Souverain ? Comment concilier la douceur que l'on aimerait être celle des femmes et la violence que l'on dit être celle du peuple ? Moins naïves ou impertinentes qu'il n'y paraît, ces questions indiquent d'emblée qu'il n'y pas une représentation des femmes du peuple, mais plusieurs : point de dessin au trait ferme et assuré, mais une série de croquis plus ou moins bien ébauchés, superposés ou opposés, selon les choix politiques du dessinateur, selon qu'il mette en avant le segment "femme" ou le segment "peuple", selon les couleurs qui l'emportent à tel moment dans la représentation dominante des femmes ou du peuple, et selon, ne l'oublions surtout pas, l'action même des femmes du peuple. On voudrait donc montrer ici comment ces diverses représentations sont construites en fonction d'arrière-plans politiques et idéologiques, et interroger en parallèle le rapport complexe, mais central, entre femmes, peuple, droits, représentation.

Lire la suite

Je voudrais vous parler de Mai 68   Actuel

« La question est de savoir si les évènements de mai 68 ont retraduit, à travers la mobilisation générale du pays et l’exercice de la démocratie directe, un moment politique de la Révolution française » (Christine Fauré, Mai 68 en France ou la révolte du citoyen disparu, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2008)

Mai 1968 ne constitue-t-il donc pas un moment de la Révolution Française au sens large, du fait de la persistance d'un état d'esprit et d'une culture du mouvement politique, sans pour autant avoir procédé d'une simple répétition historique ?

Lire la suite

Récit d'un événement : De la "marche civique" à "l'émeute"du 5 Vendémiaire an III à Marseille.   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS/LSH Lyon

Nous proposons présentement l'analyse discursive d'un événement qualifié de façon restrictive d'émeute par les historiens, et qui prend l'allure, au regard des archives disponibles, d'une marche civique : le rassemblement jacobin du 5 vendémiaire an III (26 septembre 1794) à Marseille. Dans le but de complexifier l'abord de cet événement, nous nous efforçons d'abord de décrire comment de simples spectateurs d'une "farandole" peuvent adhérer à un mouvement basé sur les principes républicains au point d'en devenir les protagonistes. Puis nous centrons notre attention sur la stratégie discursive des représentants en mission, qui tend à nier les médiations attestées, décrites par ailleurs dans les sources, avec l'objectif d'instaurer la mise en scène d'une loi révoquée depuis 1793, la loi martiale. Ainsi les ressources réflexives de cet événement discursif s'avèrent plus riches que le simple qualificatif d'émeute le laisse penser, en particulier à travers les témoignages que nous reproduisons par ailleurs, et bien sûr les justifications des citoyens arrêtés à l'issue de cette "émeute".

Lire la suite

Témoins oculaires en révolution : Marseille, le 5 Vendémiaire an III   Textes

Lorsque le Tribunal Criminel des Bouches-du-Rhône instruit la procédure contre les citoyens arrêtés au cours du l’émeute du 5 vendémiaire an III à Marseille, il fait appel à des témoins oculaires dont nous reproduisons les témoignages en les classant selon les séquences de l’événement, tel qu'il est analysé par ailleurs.

Lire la suite

Aristocratie de l'épiderme   Entretiens

Enregistrement de l'émission Rembobinage du mardi 29 janvier 2008, sur Aligre FM, au cours de laquelle Jérémie Foa recevait Florence Gauthier pour son ouvrage, L'Aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur 1789-1791, Paris, CNRS, 2007. Lire l'introduction de l'ouvrage

Ecouter l'émission

Histoire et subjectivation   Annonces

histoire et subjectivation Kimé

Extrait de l’introduction de l’ouvrage collectif, Histoire et subjectivation, sous la direction d’Augustin Giovannoni et Jacques Guilhaumou, avec des textes de Hourya Benthouami, Augustin Giovannoni, Sophie Guérard de Latour, Jacques Guilhaumou, Laurence Kaufmann, Jérôme Maucourant, Enmmanuel Renault, Krysztof Skuka, Olivier Voirol, de Paris, Kimé, 2008.

La notion de subjectivation semble être, à première vue, particulièrement vulnérable à la critique en raison de son manque apparent de clarté et de distinction, voire de sa surdétermination. Mais du fait des acquis des sciences sociales, des théories de l’action ainsi que de la philosophie du langage et de l’esprit, c’est désormais l’une des plus bouleversées et il n’est plus possible, aujourd’hui, de penser la question dans les termes des vieux dualismes : l’explication causale ou l’intelligibilité rationnelle, le sujet ou l’individu, l’histoire individuelle ou l’histoire collective. Il n'est donc pas étonnant que cette notion épouse les enjeux épistémologiques et méthodologiques abordés par les historiens, les philosophes et les sociologues contemporains.

On notera d’abord la promotion progressive de ces nouveaux « objets » dont les recherches actuelles font grand cas et qui renouvellent profondément les rapports entre macro- ou microhistoire. Les concepts de singularité, de témoignage interne, d’individuation, de récit de soi, de reconnaissance, de visibilité élargissent la sphère de l’enquête historique et définissent de nouveaux lieux d’intelligibilité, par exemple au sein des espaces de marginalité et de subalternité, grâce à la médiation de la figure du porte-parole. Qui plus est, au titre d’une approche généalogique de la relation de l’individu à la société, l’histoire des savoirs et des concepts accorde à ces objets une part de plus en plus importante dans ses descriptions discursives.

Lire la suite

Colloque républicanismes et droit naturel   Annonces

Résumés des communications pour le colloque Républicanismes et droit naturel à l'époque moderne qui se tiendra, les 5 et 6 juin 2008, dans la salle des thèses de l'Université de Paris VII Denis Diderot, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Entrée libre.

Lire la suite

Le "croissant méditerranéen" dans la géopolitique du Directoire   Etudes

par Marc Belissa, CHISCO - Paris X Nanterre

Ce texte reprend une communication prononcée lors de la journée d’études de l’IHRF sur la Méditerranée pendant la période révolutionnaire en mai 2005. Une partie a été intégrée dans "Repenser l'ordre européen, 1795-1802. De la société des rois aux droits des nations", Paris, Kimé, 2006. Le texte présenté ici est plus développé que le chapitre correspondant dans ce dernier ouvrage.

Lire la suite

Nouvelle parution numérique : Histoire du matérialisme et de son importance à notre époque   Outils

Par Friedrich-Albert Lange

Tome I. Histoire du matérialisme jusqu’à Kant.

Dans les classiques des sciences sociales, signalons une édition électronique réalisée à partir du texte traduit de l’allemand sur la deuxième édition par B. Pommerol. Paris: Schleicher Frères, 1910, 528 pp. (première édition: 1877)

Lire la suite

La « Tricoteuse » : formation d’un mythe contre-révolutionnaire   Mots

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

"Tricoteuses : C'est ainsi qu'on appela les femmes d'origine populaire qui suivaient en tricotant les séances de là Convention et apostrophaient les députés depuis les tribunes. Elles se trouvaient aussi sur le chemin menant à l'échafaud et participaient aux "messes rouges", trempant leurs mouchoirs dans le sang des victimes. La plus célèbre des tricoteuses est Aspasie Carlemigelli qui foula aux pieds le cadavre du député Féraud, massacré le 20 mai 1795..." (1).

"Tricoteuses : Durant la Terreur, elles s'installent, quelques unes sans doute avec leur tricot, au pied de la guillotine pour voir tomber les têtes. D'où la légende des Tricoteuses de Robespierre » (2).

"la tricoteuse" : "image fantasmatique de la femme sur laquelle la Révolution évacuait une partie de la sauvagerie dont elle se savait porteuse"..."celle qui au pied de l'échafaud se délecte avec une complète insensibilité au sanglant spectacle qui lui est offert" (3).

« Tricoteuses : terme désignant les femmes qui s’assemblent devant la guillotine ou suivent la charrette /des condamnés/ en tricotant » (4).

Lire la suite

Robespierre contre le décret dit du marc d'argent   Commentaires

Par Yannick Bosc, GHRIS-Université de Rouen

Maximilien Robespierre, « Sur la nécessité de révoquer les décrets qui attachent l'exercice des droits du citoyen à la contribution du marc d'argent ou d'un nombre déterminé de journées d'ouvrier », avril 1791. Extraits et proposition de commentaire de ce célèbre discours qui est une bonne introduction à la pensée politique de Robespierre.

Lire la suite

Egaliberté   En ligne

Par Etienne Balibar, Université Paris X-Nanterre, University of California, Irvine

Ce texte qui développe un exposé présenté en 1989, devenu un classique, est publié sur le site du Centre International d'Etude de la Philosophie Française Contemporaine.

Je voudrais proposer quelques formulations qui nous aident à nous orienter parmi les présupposés d'une discussion caractéristique des années 80. A la fois matière de spécialistes et enjeu de stratégies dans l'opinion publique, cette discussion est marquée par la substitution tendancielle du thème des rapports entre l'"éthique" et le "politique" au thème des rapports entre le politique et le "social", et peut-être plus profondément par la réinscription du second dans le premier. Elle voit - à "droite" mais aussi à "gauche" - la question de la révolution céder la place à celle de la citoyenneté. A moins que, plus profondément, ce qui est en jeu ne soit une reformulation de la question de la révolution en termes de citoyenneté, donc de civisme et de civilité, soit qu'on évoque un renouveau de la citoyenneté (dépassant la reconnaissance des droits individuels), soit qu'on avance l'idée d'une "nouvelle citoyenneté".

C'est pourquoi il n'est pas étonnant qu'un thème central des débats en cours - toute coïncidence de dates et d'anniversaires mise à part - concerne la nature, le déroulement et la portée historique de la Révolution française, et plus particulièrement de son texte "fondateur" : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, dont on questionne à nouveau la signification et le type d'universalité.

Lire la suite sur le site du CIEPFC

Les ambiguïtés du peuple   Annonces

par Gérard Bras, Professeur de Khâgne, ancien Directeur de programme au Collège International de Philosophie

les ambiguités du peuple

Introduction de l'ouvrage, Les ambiguïtés du peuple, Nantes, Editions Plein Feux, 2008.

« Peuple: nom collectif difficile à définir, parce qu'on s'en forme des idées différentes dans les divers lieux, dans les divers temps et selon la nature des événements » (Encyclopédie, article 'Peuple").

« Par le terme de peuple (populus), on entend la masse des hommes réunis en une contrée, pour autant qu'ils constituent un tout. Cette masse, ou les éléments de cette masse à qui une origine commune permet de se reconnaître comme unie en une totalité civile, s'appelle nation (gens); la partie qui s'exclut de ces lois (l'élément indiscipliné de ce peuple) s'appelle la plèbe (vulgus); quand elle se coalise contre les lois, c'est la révolte (agere per turbas): conduite que la déchoît de sa qualité de citoyen » (Kant, Anthropologie d'une point de vue pragmatique, Traduction M. Foucault, Paris, Vrin, 1970).

« Mirabeau: On a cru m’opposer le plus terrible dilemme en me disant que le mot peuple signifie nécessairement ou trop ou trop peu, que si on l’explique dans le même sens que le latin populus, il signifie nation (…), que si on l’entend en un sens plus restreint comme le latin plebs, alors il suppose des ordres, des différences d’ordre et que c’est là ce que nous voulons prévenir. On a même été jusqu’à craindre que ce mot ne signifiât ce que les Latins appelaient vulgus, ce que les aristocrates tant nobles que roturiers appellent insolemment la canaille. A cet argument, je n’ai que ceci à répondre. C’est qu’il est infiniment heureux que notre langue dans sa stérilité nous ait fourni un mot que les autres langues n’auraient pas donné dans leur abondance (…) un mot qui ne puisse nous être contesté et qui dans son exquise simplicité nous rende cher à nos commettants sans effrayer ceux dont nous avons à combattre la hauteur et les prétentions, un mot qui se prête à tout et qui, modeste aujourd’hui, puisse grandir notre existence à mesure que les circonstances le rendront nécessaire, à mesure que, par leur obstination, par leur faute, les classes privilégiées nous forceront à prendre en main la défense des droits nationaux et de la liberté du peuple » (1).

Lire la suite

Mably, le républicanisme, la Pologne   Annonces

Mably

Gabriel Bonnot de MABLY, Du gouvernement et des Lois de la Pologne, suivi de De la situation politique de la Pologne en 1776 et de Le Banquet des Politiques, Paris, Kimé, 2008. Introduction et notes de Marc Belissa Paris X Nanterre

L'extrait présenté ici est le premier chapitre de la première partie du Gouvernement et des Lois de la Pologne de Mably. Il est suivi de la table des matières de l'ouvrage.

De la situation actuelle de la Pologne. Ses intérêts, ses besoins. De la méthode avec laquelle les confédérés de Bar doivent procéder à la réforme des lois. De l’établissement d’une puissance législative.

NOUS nous entretenons souvent, monsieur le comte, des malheurs qui affligent votre patrie, nous en recherchons les causes, votre amour du bien public voudrait trouver quelque remède utile à vos concitoyens ; et puisque vous le désirez, j’aurai l’honneur de vous faire part de mes réflexions. Je souhaiterais qu’elles pussent être de quelque utilité à une nation que les vices de son gouvernement ont pu rendre malheureuse ; mais qui, craignant la servitude, et aimant la liberté, est peut-être encore capable de renoncer à ses préjugés, et de réparer ses fautes. Si vous me disiez de vos compatriotes ce que Tite-Live disait des Romains de son temps : Nec vitia nostra, nec remedia pati possumus (1) ; il faudrait vous résoudre à voir périr votre république. L’amour de la liberté, l’amour de la patrie, le mépris de la mort, le courage et la patience, vos confédérations sur lesquelles vous fondez de si grandes espérances : rien de tout cela ne vous empêchera de succomber. Une longue expérience nous apprend que la vertu des hommes est malheureusement renfermée dans des bornes très étroites (2) . On se lasse à force de revers, des espérances toujours trompées s’évanouissent enfin, les âmes s’affaissent ; et plus les Polonais auront fait d’efforts pour conserver leur indépendance, plus leurs ennemis, qui en auront triomphé avec peine, sentiront la nécessité de les accabler sous un joug rigoureux.

Lire la suite

« Privées par notre sexe du droit honorable de donner notre suffrage... ».   Synthèses

Le vote des femmes pendant la Revolution française

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

On sait que la Révolution française refusa les droits politiques aux femmes. Pourquoi la démocratie naissante exclut elle ainsi les femmes ? Question fondamentale (et immense !)... mais qui n'est pas celle qui nous préoccupera directement ici (1). Il me semble en effet intéressant, dans le cadre d'une réflexion d'ensemble sur l'articulation entre femmes et démocratie en France, d'examiner plus en détail le suffrage féminin pendant la Révolution. Intéressant parce que, sans posséder le droit, des femmes ont pourtant voté pendant la Révolution. Gestes souvent oubliés qui méritent attention : quels sens donner à ces votes ? Ne redéfiniraient ils pas un rapport autre à la citoyenneté ? Et c'est là le second intérêt de l'étude : le droit de vote est, de nos jours, considéré comme le droit politique par excellence, le référent de la citoyenneté, mais en était il de même à une date où la démocratie était en train de se construire, à une date où les notions, les définitions étaient par conséquent moins figées ? Autrement dit, examiner la lutte des femmes pour leur reconnaissance politique, pour leur inclusion dans la démocratie naissante, à travers la seule réclamation du droit de suffrage, n'est ce pas faire fausse route, ou tout au moins amputer notre compréhension du passé ?

Je voudrais ici tenter d'apporter des éléments de réponse à ces questions en présentant différents aspects du vote féminin et de sa réclamation pendant la Révolution. Mais, avant de commencer, il est nécessaire pour mon propos de souligner que l'on peut aborder la question du suffrage sous plusieurs angles. Le vote peut d'abord être considéré comme un moyen d'expression destiné à faire entendre sa voix, et donc exister dans l'espace public, s'y inscrire. Il est aussi un pouvoir décisionnel permettant de participer au choix de la politique de son pays en élisant ses représentants, ou en répondant à des référendums : en émettant son vœu, selon l'étymologie même du mot. Enfin il peut être appréhendé comme un droit : attribut de la citoyenneté, symbole de la souveraineté, il marque I'appartenance au peuple souverain.

Lire la suite

Dictionnaire Montesquieu   Outils

Le Dictionnaire Montesquieu propose 200 articles sous la plume de nombreux auteurs. Il se veut d’abord un outil de travail destiné à tous ceux qui s’intéressent à l’œuvre de Montesquieu, à sa pensée et à sa réception tout particulièrement aux 18ème et 19ème siècles, et qui souhaitent mieux la connaître. L’article Révolution française est rédigé par Jean Bart.

Philosophie allemande et Révolution Française   Dossiers

Un espace de traductibilité politique

« L’observation contenue dans La Sainte Famille /Marx/ – que le langage politique français équivaut au langage de la philosophie classique allemande – a été exprimée ‘poétiquement’ par Carducci dans cette formule : ‘ Ils décapitèrent Emmanuel Kant, Dieu – Maximilien Robespierre, le roi ‘ », (Gramsci, Cahiers de prison,11, § 49)

Lire la suite

Dictature : les vicissitudes d'un mot. France et Italie (XVIII et XIX siècles)   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Version longue en italien

Dans le lexique contemporain les mots dictateur / dictature et leurs dérivés adjectifs et adverbiaux ont une connotation négative. Dans tous les registres et dans beaucoup de langues. Dans le langage commun parlé, dans la communication politique, culturelle, télévisée et journalistique (mais souvent aussi dans la production historiographique) dictature et ses dérivés sont utilisés comme des synonymes de despotisme et tyrannie, pour supprimer toute légitimité aux personnes, aux événements, aux propositions. Ils évoquent des réactions de refus, ils véhiculent le dégoût.

Lire la suite

French consuls in the United States and the first period of French-American relations (1778-1792)   Etudes

par Marc BELISSA, CHISCO-Paris X Nanterre

Ce texte est la version remaniée et traduite en anglais d'une communication au colloque de Lorient sur "La Fonction consulaire à l'époque moderne", J. Ulbert et G. Le Bouedec (dir.), Presses Universitaires de Rennes, 2006. Le thème des relations franco-américaines vues par le biais des sources consulaires a été développé dans Aux origines d'une alliance improbable. Le réseau consulaire français aux États-Unis, 1778-1815, Bruxelles, Peter Lang, 2006.

Lire la suite

Le principe d'immanence   Annonces

par Pierre-Yves Quiviger, NoSoPhi, Université de Paris I

immanence sieyes quiviger

Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Pierre-Yves Quiviger, sur Le principe d'immanence. Métaphysique et droit administratif chez Sieyès, Paris, collection "Travaux de philosophie", Paris, Champion, 2008, 480 pages.

Il s’agit d’aborder Sieyès sous l’angle du libéralisme, mais en essayant de comprendre comment les éléments qui ont pu donner lieu aux interprétations, soit marxiste soit schmittienne, peuvent prendre un sens dans le cadre d’un libéralisme singulier. Ce libéralisme singulier dont Sieyès me semble relever, le livre de Lucien Jaume, L’individu effacé, permet de mieux le cerner – c’est celui que Lucien Jaume décrit comme un « libéralisme étatique ». Comment vérifier cette intuition, qui permet de comprendre philosophiquement le sens de la création du Conseil d’État dans l’ensemble de la réflexion sieyèsienne ? En cherchant dans l’œuvre de Sieyès les signes d’une préoccupation conjointe pour les institutions juridico-administratives et la liberté individuelle, pour l’autorité légitime de la Nation et le respect de la sphère privée du citoyen. Paul Bastid pressentait cette conjonction singulière, mais les textes pour l’établir lui faisaient défaut. Il n’a pu avoir accès suffisamment tôt à l’incroyable matière inédite que constituent les Archives privées de Sieyès. Ces manuscrits sont encore très largement inédits (et très incomplets), et il y a encore plusieurs milliers de pages qui attendent une transcription. J’y ai puisé une grande partie de mes citations, en cherchant toujours à privilégier au maximum les passages qui ont fait l’objet d’une édition dans les volumes dirigés par Christine Fauré (Des manuscrits de Sieyès, chez Honoré Champion) afin de permettre au lecteur de se reporter commodément au texte complet.

Lire la suite

Lequinio et la narration philosophique de la mort pendant la Révolution française.   Etudes

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans son ouvrage sur La mort et l’Occident (1), Michel Vovelle attire notre attention sur « le partage laïc » instauré pendant la Révolution française face à l’idée de la mort. Il singularise ainsi le trajet parcouru des matérialistes, et tout particulièrement le député breton Lequinio à d’autres jacobins, tel que Robespierre, qui invoquent plus largement les droits de l'homme en la matière, et tout particulièrement le droit à l’immortalité. Ainsi, au titre d’un tel droit de l’homme, une nouvelle sensibilité « s’exprime dans les grandes liturgies de la fête funèbre ou de l’apothéose des héros morts » précise-t-il (2). Nous pouvons dire plus avant que les événements révolutionnaires qui mettent en scène la mort nous introduisent à une nouvelle philosophie.

Lire la suite

Les préjugés détruits   Textes

Par Joseph Marie Lequinio

(extrait)

A travers un discours fortement critique et empreint de pessimisme sur la nature humaine, l’ouvrage de Lequinio, Les préjugés détruits constitue un véritable traité de civilité révolutionnaire où sont abordés les sujets les plus divers : la gloire, l’honneur, la guerre, la mort, la création, etc. Nous y trouvons également un jugement négatif sur tout ce qui est extérieur à l’homme, au nom de la nécessaire identité morale. Par contraste, il s’agit aussi de mettre l’accent sur les multiples valeurs qui reposent sur le principe de l’égalité et de la justice entre tous. Publié en novembre 1792, mais rédigé en grande partie avant la chute de la royauté, le 10 août 1792, cet ouvrage philosophique a fait l’objet d’une seconde édition, datée du 1er janvier 1793, qui sert habituellement de texte de référence. Nous proposons la transcription de l’un des chapitres de cette édition, De la mort, en relation avec notre étude sur le même thème.

Lire la suite

La longue patience du peuple   Annonces

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS-EHESS

Introduction de l'ouvrage de Sophie Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2008.

la longue patience du peuple

Un désir de république, l’insu manifeste

Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes sous vos sabots brisiez le joug qui pèse
Sur l’âme et sur le front de toute humanité ;

Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
O Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;

Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
O millions de Christs aux yeux sombres et doux ;

Nous vous laissions dormir avec la République
Nous courbés sous les rois comme sous une trique.
Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !

Arthur Rimbaud, Mazas, 3 septembre 1870 (1)

Lire la suite

Etats-Unis : "révolution jacobine" chez les républicains ?   Actuel

Dans la revue Mouvements, John Dinges écrit : "Il est possible que Michael Huckabee, chrétien, ex gouverneur du petit État de l’Arkansas et originaire de la même localité que Bill Clinton, ne soit qu’une curiosité politique. Mais qui aurait pu imaginer qu’il mènerait le parti Républicain au bord d’une véritable révolution jacobine ?"

Voir l'article

Les politiques de la Terreur (1793-1794)   Annonces

Par Michel Biard, GRHIS-Université de Rouen

les politiques de la terreur

Introduction (1) aux actes du colloque international de Rouen (2007), Les politiques de la Terreur (1793-1794), sous la direction de Michel Biard, Société des études robespierristes – Presses Universitaires de Rennes, 450 pages, parution en avril 2008, bon de souscription.

Au cours de la période qui a suivi la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, le colloque de Stanford a proposé, en 1992, une réflexion collective sur la Terreur. Depuis la parution des actes de cette rencontre (2), plus d’une décennie s’est écoulée, au cours de laquelle de nombreux travaux ont été réalisés sur des thèmes directement liés à la Terreur (telles les études sur les représentants du peuple en mission, les comités de surveillance, l’effort de guerre, le fédéralisme, la répression de la Contre-Révolution, la perception de l’étranger, la langue politique, etc.), ou sur ses racines (les travaux récents de Timothy Tackett sur la fuite du roi en 1791, ou, dans un tout autre registre, le petit essai proposé par Sophie Wahnich (3)). Pour autant, il y a quelques années, dans son ouvrage intitulé La politique de la Terreur (4), Patrice Gueniffey ouvrait son propos par un constat aussi négatif que laconique (« On n’écrit plus guère sur la Terreur »), avant de proposer sa propre analyse d’une Terreur étudiée uniquement comme une violence, largement décontextualisée et de ce fait perçue comme consubstantielle à la Révolution française, voire à toute révolution, reprenant en cela une partie de l’argumentaire de l’historiographie dite “critique” ou “révisionniste”.

Lire la suite

Musiques inédites du Chevalier de Saint-Georges   Annonces

Le 12 février 2008, de 18h30 à 20h30, à la BNF, au grand auditorium du site François-Mitterrand, deux symphonies concertantes inédites du Chevalier de Saint-Georges, ainsi que la Symphonie n°39 et la Symphonie concertante pour vents de Mozart, seront interprétées par l'Orchestre-Atelier Ostinato sous la direction de Jérôme Kaltenbach.

Evolution/Révolution : une antinomie constitutive du concept moderne d’histoire   Etudes

Par Bertrand Binoche, Centre d’Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, Université de Paris I

Les propos qui suivent ont été initialement tenus le 16 mars 2002 à la Freie Universität de Berlin dans le cadre d'un « atelier » (1) et, comme tels, ils prétendent seulement ouvrir des pistes susceptibles d'amorcer d'éventuelles discussions. Leur vocation est donc moins proprement démonstrative que suggestive. Après tout, ce ne serait déjà pas si mal ! Et, par conséquent, s'ils redoutaient des reproches, ce ne serait pas tant ceux de l'approximation ou de l'obscurité — griefs certes rédhibitoires en d'autres circonstances — que ceux du dogmatisme et de la platitude, soit les deux voies les plus sûres pour décourager toute réelle dispute, entre philosophes comme entre historiens

Lire la suite

Sociologie de la lecture   Brèves

Le site de vente en ligne Amazon donne, pour chaque article, la possibilité de connaître ce que "les clients ayant consulté cet article ont également regardé". Qu'ont donc également regardé les clients qui ont consulté le Livre noir de la Révolution française (évidemment sorti le 21 janvier...) ?

Réponse

La Révolution française et le monde- Séminaire 2008   Annonces

Programme du séminaire de Master (HHIM209) de Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO . Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage).

On étudiera dans ce séminaire la dimension extérieure de la Révolution française entre 1789 et 1800 : ses conséquences européennes et mondiales, sa politique extérieure. On s’intéressera en particulier cette année aux mouvements révolutionnaires en Amérique et dans les colonies européennes pendant cette période. On insistera sur l’historiographie, les sources et les méthodes pour l’étude de la période révolutionnaire. Des séances seront consacrées aux travaux d'étudiants (dates et modalités à déterminer ultérieurement)

Lire la suite

Méthodes quantitatives pour l'historien   Outils

Claire Lemercier et Claire Zalc (CNRS, IHMC) présentent leur récent ouvrage (2008), dont la photo de couverture illustre une annexe électronique, dans les termes suivants:

"Face aux sources, bien des historiens, apprentis ou chevronnés, éprouvent le besoin de quantifier. Mais ils sont souvent désemparés face à des méthodes jugées complexes, obscures et inaccessibles. Il existe pourtant désormais de nombreux outils de traitement de tous les types de sources, disponibles sur un simple ordinateur portable. Les méthodes quantitatives permettent de renouveler bon nombre d’approches, sur toutes les périodes, de l’histoire de l’engagement politique à celle des relations sociales, en passant par celle de la culture. Il serait dommage de s’en priver. Mais comment parvenir à les maîtriser facilement, sans s’encombrer de formalisme mathématique ? Comment prendre connaissance de leurs atouts, mais aussi de leurs limites ?"

Nous disposons ainsi, avec cet ouvrage de deux historiennes sur l'histoire quantitative, d'un très précieux guide problématique et méthodologique, avec un accès direct à la bibliographie générale, à des bibliographies supplémentaires par chapitres, et à de nombreuses informations complémentaires sur les méthodes, et leur mise en oeuvre, tout particulièrement en ce qui concerne l'analyse lexicométrique des textes.

Deux exemlples en en histoire de la Révolution française: Michel Vovelle (1986), « Le sans-culotte marseillais », Histoire & Mesure, vol. I, n° 1, p. 75-95; Jacques Guilhaumou (1986), "L'historien du discours et la lexicométrie", Histoire & Mesure vol. 1, n°3-4, p. 27-46.

La Révolution française.   Annonces

Par Jean-Clément Martin, IHRF-Université de Paris I

idées reçues révolution française

Introduction à l'ouvrage de Jean-Clément Martin, La Révolution Française, collection "Idées Reçues", Paris, Le Cavalier Bleu, 2007, 126 pages.

Et si la Révolution française n’était, aujourd’hui, que des idées reçues impossibles à changer ? La question n’est pas seulement une provocation. Peut-on raisonnablement penser que la connaissance historique puisse changer quoi que ce soit à la mémoire qui « sait » que la Bastille a été une forteresse féodale prise par le peuple, que la mort de Louis XVI signifie la fin de la royauté, que les églises ont été dévastées, que les nobles ont été persécutés … La liste est longue de toutes ces certitudes héritées des conversations familiales, des plaisanteries collectives ou des manuels scolaires, qui fondent des jugements sur la Terreur, la Vendée, Robespierre, … selon des appartenances familiales et régionales. L’exemple de Charlotte Corday, sainte dans les traditions historiographiques anglo-américaines, devenue héros de manga au Japon, est un de ces cas limites, où quoi que l’historien fasse, quels que soient les textes qu’il étudie, les preuves qu’il accumule, les légendes qu’il pourfend vaillamment et inutilement, rien ne changera, au moins de son vivant. L’historiographie de la Révolution possède d’innombrables érudits qui se sont attaqués, chacun à leur tour, aux racontars et aux mensonges, aux inventions et aux oublis, avec d’ailleurs plus ou moins de bonne foi. Qui ont-ils convaincu sinon les convaincus d’avance, partisans de leurs idées, amis de leurs amis et ennemis de tous les autres ?

Lire la suite

La « révolution moderne » de l’artifice politique (16ème-19ème).   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », CNRS/ENS-LSH Lyon.

Marcel Gauchet propose, en quatre volumes, une réflexion originale sur L’avènement de la démocratie (1), dans la continuité de son précédent ouvrage sur Le Désenchantement du monde (2) où il s’agissait de mettre en évidence l’emprise du religieux dans l’histoire des sociétés humaines, et la lente désintrication du religieux et du politique au fil des siècles. Le premier volume est titré La révolution moderne : il précède un second volume sur La crise du libéralisme. Il apparaît alors comme une sorte de prologue relatif aux multiples révolutions de la modernité, entre 1492 et 1880. Marcel Gauchet les regroupe sous la désignation de « révolution moderne », au titre de la dynamique politique qui impose progressivement l’autonomie comme la forme politique dominante d’organisation, c'est-à-dire « la révolution de l’autonomie ».

Ainsi se précise, par étapes, « une configuration inédite de l’être-ensemble », que l’auteur rapporte à « cette part structurelle et inconsciente du fonctionnement de la démocratie des modernes », où la religion n’est plus le contenu dominant, mais dont la forme persiste, quitte à resurgir de diverses manières, à différentes époques. Il s’agit donc de « dégager les composantes spécifiques du monde désenchanté qui émergent au fils de ce parcours, dans l’ordre politique, dans l’ordre juridique et dans l’ordre historique » (p. 10).

Lire la suite

Franklin à Paris   Annonces

franklin

A l'occasion du tricentenaire de la naissance de Benjamin Franklin, deux expositions sont organisées à Paris : au Musée des Arts et Métiers du 5 décembre 2007 au 30 mars 2008 et au Musée Carnavalet jusqu'au 9 mars. Au Musée des arts et métiers seront évoquées ses activités d’imprimeur et d’éditeur, son engagement civique et ses découvertes scientifiques et techniques. Le musée Carnavalet présentera sa mission diplomatique à Paris entre 1776 et 1785, et l’influence de ses idées sur la Révolution française.

"Rencontre axée sur son autobiographie" à la Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand (petit auditorium) le jeudi 17 janvier, 18h30-20h : Les manuscrits de l'autobiographie de Benjamin Franklin (par James N. Green, Library Company of Philadelphia), La publication de l'autobiographie de Franklin à Paris, 1791-1828 (Par Peter Stallybrass, Annenberg Professor in Humanities, University of Pennsylvania), La place de Paris dans la vie de Benjamin Franklin et son rôle posthume dans la Révolution française (Par Roger Chartier, professeur au Collège de France et Annenberg Visiting Professor, University of Pennsylvania).

Les femmes entre communautés traditionnelles et associations politiques   Synthèses

Par Martine Lapied, UMR « Telemme », Université de Provence.

La démarche présentée se fonde sur des recherches menées dans le Sud-est, elle voudrait montrer comment un questionnement local, à partir d’enquêtes de terrain, permet de répondre à une problématique générale sur la place des femmes dans l’espace public, des communautés d’Ancien Régime aux associations politiques de la Révolution. Le rôle des femmes dans la vie politique locale, leur intégration dans les luttes pour le pouvoir est analysé à partir de dépouillements effectués dans les archives du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Basses Alpes.

Ces sources permettent de s’interroger successivement sur la place réelle que pouvaient occuper les femmes dans la communauté traditionnelle d’Ancien Régime ; sur les façons dont elles prennent part aux associations politiques révolutionnaires à travers les clubs de femmes, le rôle qu’on leur attribue dans les clubs mixtes, leur place dans les sections ; et enfin, sur leur place dans les réseaux contre-révolutionnaires.

Lire la suite

Elitisme et valeurs républicaines : la France, une société thermidorienne ?   Actuel

Dans le dossier d'Alternatives Economiques de janvier 2008 : "En ce début 2008, la France déprime de nouveau. Depuis un quart de siècle, elle broie du noir de façon quasi permanente. Davantage que la plupart de ses voisins. A quoi tient ce spleen? Au coeur de ce malaise se trouve probablement la schizophré­nie croissante entre une société, restée au fond très élitiste et inégalitaire, et les valeurs républicaines d'égalité, censées fonder l'identité du pays depuis la Révolution de 1789. Des inégalités qu'une intervention publique, pourtant de grande ampleur, parvient de moins en moins à corriger."

21 décembre 2007 : travailleurs sans-papiers à Matignon   Actuel

Après moi, le déluge. Sieyès et le futur de la représentation en 1789.   En ligne

Dans son dernier ouvrage, Before the Deluge : Public Debt, Inequality, and the Origins of the French Revolution (Princeton University Press, 2007, voir le site de l'éditeur), Michael Sonenscher s’intéresse à la vision du futur des penseurs du 18ème siècle, en connexion avec la pensée politique de la Révolution française. Il accorde, dans l'introduction, une grande place à Sieyès et à son idée de gouvernement représentatif, alors qu’il avait publié antérieurement un recueil de Political Writings (Hackett Publishing Company, 2003) de ce penseur dont H-France a rendu compte sous la plume de Paul Cheney.

Lire la suite

Grégoire sous la Législative : garantir la loi pour garantir la Révolution   Commentaires

Par Sandrine Bouché, ICT-Université Paris 7 Denis Diderot

Commentaire du Discours prononcé dans l’église cathédrale de Blois en présence des corps administratifs, tribunaux, garde nationale et troupes de ligne, pour Jacques Guillaume Simonneau, maire d’Etampes, assassiné le 3 mars 1792 pour avoir défendu la loi, par M. Grégoire, évêque du département de Loir-et-Cher. Ce texte a été réédité en 1977 dans le tome 4 des Œuvres de l’Abbé Grégoire rassemblées par Albert Soboul aux éditions Edhis. L’édition originale publiée en 1792 est disponible sur le site Gallica de la BNF

Grégoire prononce ce discours dans la cathédrale de Blois en tant qu’évêque. Depuis son élection en février 1791, il profite de cette fonction pour multiplier les lettres pastorales comme autant de tribunes dédiées à la voix de la révolution. Ce discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’hommage funèbre est le premier des deux que nous lui connaissions en tant qu’évêque, le second étant celui en hommage aux morts du 10 août 1792. Grégoire s’adresse à un auditoire éclectique de personnalités locales des corps administratifs, judiciaires et militaires (1). Il fait l’éloge de Simonneau, le maire d’Etampes, une commune distante d’environ 130 km de Blois, tué le 3 mars 1792 lors d’une émeute populaire réclamant la taxation des denrées. Depuis le mois de février 1792, la Beauce était en proie à des émeutes sur les marchés et de taxations populaires liées à l’instauration de la liberté illimitée du commerce par le décret de l’Assemblée constituante du 29 août 1789 (2). L’inflation des prix de toutes les denrées alimentaires due à leur rareté et surtout à une spéculation financière sur celles-ci, déclencha des émeutes populaires pour mettre en vigueur la taxation. À Etampes, un des plus grands marchés de la Beauce, Simonneau voulut résister à des paysans venus taxer les denrées. Il proclama la loi martiale, une rixe éclata et il fut tué de deux coups de fusils (3).

Lire la suite

Usurpation de la souveraineté   Actuel

Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, écrit à propos du projet de « traité modificatif » européen : "Une question fondamentale se pose dès lors : comment le président de la République peut-il décider seul, alors que le peuple français a juridiquement rejeté l’intégralité du traité, de faire cependant ratifier par voie parlementaire la majeure partie des dispositions qu’il contenait au motif que celles-ci « n’auraient pas fait l’objet de contestations » ? (...) Comment qualifier et sanctionner, dès lors, un tel coup d’Etat ? Le texte de la très populaire Constitution de 1793 n’y allait pas de main morte en disposant, dans son article 27 : « Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres ». La peine de mort étant désormais prohibée par la Constitution française, il convient de s’y conformer et de se tourner plutôt vers l’article 35 du texte de 1793 qui affirmait solennellement : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée au préambule de l’actuelle Constitution, range aussi la résistance à l’oppression parmi les droits naturels et imprescriptibles de l’homme."

Lire le texte sur le site du Collectif du 29 mai

TomPaine.com(mon sense)   Actuel

Extrait du "qui sommes-nous ?" : "TomPaine.com is an online public affairs journal of progressive analysis and commentary. Every weekday, we go beyond the news to deliver well-informed, provocative and credible progressive perspectives on the pressing issues affecting the nation and the world. TomPaine.com combines depth with immediacy to equip progressives to compete effectively in the 21st century’s marketplace of ideas.

TomPaine.com was founded in 1999 by John Moyers in conjunction with a series of hard-hitting opinion page ads in The New York Times. We take our inspiration from Thomas Paine—the revolutionary thinker and activist known for his incisive, biting commentaries. His most famous pamphlet, Common Sense , mobilized public opinion in support of the American Revolution. Widely available and written in powerful and accessible prose, the pamphlet appealed to a broad cross section of people, from farmers to bankers. Invoking the democratic spirit, Paine famously argued that "the cause of America is in a great measure the cause of all mankind"."

La propagande sectionnaire à Marseille en 1793.   Epistémologie

Approche sémiotique d’un parcours communicationnel

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans notre enquête historique sur le républicanisme à Marseille, nous avons montré que cette ville était le théâtre tout au long de l’année 1793 d’expériences républicaines inédites, tant de la part des jacobins radicaux que des républicains modérés, qualifiés par la centralité législative détenue par la Convention de « fédéralistes ». Plus récemment, nous avons actualisé cette recherche par diverses études republiées dans la rubrique Dossiers autour du thème du pouvoir communicationnel à Marseille pendant la Révolution française. La plus originale de ces expériences communicatives sur le terrain des identités politiques, ou du moins la moins connue, demeure le mouvement sectionnaire du printemps-été 1793 dont Alessi Dell’Umbria, dans son récent livre sur l’Histoire Universelle de Marseille (2006) a pu faire, à partir de nos travaux, un modèle de démocratie de quartier, c’est-à-dire de démocratie locale basée sur le droit du peuple à l’insurrection contre la tyrannie du pouvoir exécutif, incarnée alors par la Convention Montagnarde. S’il en vient ainsi à mettre en cause, par contraste avec une telle expérience de démocratie directe, l’universalité abstraite des idéologues jacobins, et son pendant, le culte quasi-religieux de l’Etat-Nation, nous retenons plutôt de son analyse de la démocratie sectionnaire l’accent mis sur une manifestation de souveraineté locale « d’où part et revient sans cesse l’universel ».

Lire la suite

Adresse d’un Sans-Culotte de la section 13 de Marseille   Textes

LE PEUPLE EST SOUVERAIN. PERSONNE NE PEUT LUI RAVIR SA SOUVERAINETE ; IL NE PEUT PAS MÊME Y RENONCER.

Lire la suite

De Juan de Mariana à la Marianne de la République française ou le scandale du droit de résister à l’oppression   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

Le sujet dont il sera question ici : le nom, Marianne, donné à la République, en France, vient de celui de Juan de Mariana, jésuite espagnol du XVIe siècle, peut paraître à première vue étrange. Il s’est peu à peu dégagé des recherches que j’ai menées depuis plus de 25 ans et m’a paru atteindre sa maturité, c’est la raison pour laquelle j’espère parvenir à le rendre audible. Je suis historienne de la Révolution en France et dans les colonies françaises du XVIIIe siècle et tout a commencé avec un mot : droit naturel, ce mot qui apparaît dans les Déclarations des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de 1793 et qui résume la théorie de ces révolutions. Ces révolutions ont mis à l’ordre du jour la nécessité de déclarer les droits de l’homme et du citoyen, les droits des peuples à leur souveraineté, le droit à l’existence, le droit de résister à l’oppression. C’est pourquoi je pense qu’il convient de les appeler Révolutions des droits de l’homme et du citoyen. C’est en cherchant à mieux comprendre cette notion de droit naturel que je suis remontée des Lumières aux Révolutions anglaises et hollandaise du XVIIe siècle, aux guerres de religion du XVIe siècle et au tout début de l’ère moderne. La période moderne débute avec la Renaissance. En suivant le droit naturel à sa source, je l’ai trouvé en Espagne, développé par l’École de Salamanque et précisément dans la définition renouvelée du droit naturel moderne qui a permis l’épanouissement de la philosophie du droit naturel moderne.

Lire la suite

La loi Pécresse ou les Lumières ?   Actuel

"Courbés sous le joug de l'autorité, autant que vous le permet la flexibilité de votre échine ; péniblement serrés dans une forme de pensée artistement imaginée (...) à force d'avoir plié sous les plans d'autrui, à force d'avoir obéi à tous les besoins du corps" : c'est ainsi que Fichte décrivait en 1793 les conservateurs allemands, en homme des Lumières, dans ses Contributions pour rectifier le jugement du public sur la Révolution française. Il y a là quelque analogie avec le conservatisme new look de sept présidents d'universités parisiennes ("Défendre l'université", Le Monde du 15 novembre). Prenant la défense de la loi Sarkozy-Pécresse du 10 août, ces derniers oublient de préciser qu'un de ses traits - et un de ses défauts - majeurs est d'augmenter démesurément leurs pouvoirs. Véritables managers à la tête de conseils d'administration resserrés et affadis, ils pourront, directement ou par l'intermédiaire des CA, embaucher des contractuels, disposer d'un droit de veto sur le recrutement des enseignants-chercheurs statutaires, "moduler" les services de ces enseignants-chercheurs, traiter avec les pouvoirs locaux et les entreprises, etc. Nos universitaires d'en haut ont oublié que l'esprit des Lumières supposait un minimum de distance critique à l'égard de ses appétits de pouvoir et de ses intérêts les plus étroits. Quand des grains de sable cheminots font grincer la machine à contre-réformes néolibérales, on parle d'"archaïsme corporatiste". Quand une infime couche bureaucratique promeut ses privilèges, contre le reste des collectivités universitaires, on parle de "modernité" et d'"intérêt général". Ainsi vont les mécanismes d'auto-illusion !". Philippe Corcuff, ''Le Monde'', 21 novembre 2007.

Un texte inédit de Condorcet sur la République (1791)   Textes

La "trop célèbre polémique", selon la juste expression de Raymonde Monnier dans son étude du débat autour de la République, entre Sieyès avec Paine, reproduite dans le Moniteur en juillet 1791, est souvent commentée par les historiens. A l'inverse, l'intervention de Condorcet dans ce débat, par une réponse à Sieyès, est peu connue, dans la mesure où elle est restée manuscrite. Nous la publions présentement, en la présentant dans le contexte des échanges entre Sieyès et Condorcet en 1791.

Lire la suite

Faire de l'histoire aujourd'hui. Programme 2007-2008   Annonces

Séminaire de recherche animé par Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia sur les figures contemporaines de l’épistémologie de l’histoire : « Faire de l’histoire aujourd’hui. Quels changements ont affecté le métier d’historien depuis les analyses qu’en proposait Marc Bloch : aspects épistémologiques, politiques, sociaux et techniques ? ». Les séances se déroulent de 14 h à 17 h à l’IHTP 59-61, rue Pouchet - 75017 Paris.

Lire la suite

Rendre sensible le 17 juillet 1791   Actuel

Le film de Dominique Cabrera intitulé "Le beau dimanche" sera projeté le jeudi 22 novembre à 20h30 à la Salle Olympe de gouges, 15, rue Merlin (square Servan), Paris 11ème. Métro Voltaire ou Père-Lachaise. La projection sera suivie d'un débat avec la réalisatrice Dominique Cabrera, Sophie Wahnich et Laurent Roth, co-scénaristes.

L’été 2007, une cinéaste, une historienne et douze comédiens travaillent à rendre sensible le 17 Juillet 1791. Ce jour là, 6000 parisiens sont allés sur le champ de Mars signer une pétition pour demander le jugement du roi qui venait d’être arrêté à Varennes dans sa fuite vers les armées de l’Autriche et de la Prusse.

Lire la suite

Compilation d'images   Images

"1789-1794. Notes et archives" propose, dans sa rubrique Archives du site, 78 images à la date du 28 mai 2007, classées chronologiquement et portraits exclus (voir les autres rubriques à ce sujet). Le responsable de ce site précise; "Je ne présente sans doute pas ici la plus belle et la plus conséquente des banques d'images de la Révolution ; il se peut tout de même que cette compilation puisse vous être utile, et puisqu'elle existe...".

Galerie d'images   Images

Le site Historicum.net, en allemand, propose une galerie d’images, essentiellement sur les principaux personnages dela Révolution française, mais aussi sur quelques événements, et reproduit également quelques caricatures.

The Putney Debates, 28th October 1647   Brèves

Par Jonathan Smyth, Royal Holloway, University of London

Cromwell was deeply disturbed by the propositions which the more extreme groups in the Parliamentary Army had put forward to Fairfax (then head of the Army Council), and particularly the Agreement of the People the Leveller tract which suggested universal male franchise. At the meeting of the General Council of the Army, in St. Mary’s Church, Putney (then a village outside London) on October 28th 1647, a great debate was called at which the two principal opponents were Colonel Thomas Rainsborough, for the Levellers, and General Henry Ireton, for the land-owning gentry who were running the rebellion and the Parliamentary Army. The most famous passage between them is that concerning the liberty of the citizen, the right to vote and to have a direct say in the governance of the country. The Levellers believed in total adult male suffrage – no-one thought much about female suffrage- and the Parliamentarian elite held out for a property-owing or wealth based franchise, which became the law and, in fact continued to be the basis of male adult franchise until the great Reform Acts of the 19th century.

Rainsborough: …for really I think that the poorest he that is in England hath a life to live as the greatest he; and therefore, truly, sir, I think it clear that every man that is to live under a government ought first by his own consent to put himself under that government; and I do think that the poorest man in England is not at all bound in a strict sense to that government that he hath not had a voice to put himself under...

Ireton: …I think that no person hath a right to an interest or a share in the disposing of the affairs of the kingdom, and in determining or choosing those that shall determine what laws we shall be ruled by here – no person hath a right to this, that hath not a permanent fixed interest in this kingdom.

Entre les deux rives de l’Atlantique   Annonces

Par Florence Gauthier, Université Paris 7 Denis-Diderot

aristocratie épiderme f. gauthier

Introduction de l'ouvrage de Florence Gauthier, L'aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur. 1789-1791, Paris, CNRS Editions, 2007, 448 p.

L’histoire du « préjugé de couleur » dans les colonies esclavagistes françaises d’Amérique, qui donna corps à l’établissement d’une « aristocratie de l’épiderme », a très insuffisamment retenu l’attention des historiens, à l’exception du beau travail d’Yvan Debbasch (1). L’histoire que nous proposons de retracer est celle de l’apparition de ce « préjugé de couleur », qui mit aux prises un nouveau parti de colons cherchant à imposer un ordre juridique ségrégationniste dans ces colonies, à la fin du XVIIIe siècle.

Ce nouveau « parti ségrégationniste » suscita la résistance des victimes de ce « préjugé de couleur », des colons métissés qui, de « sujets libres du roi de France » état dont ils jouissaient jusque-là, étaient menacés d’exclusions, dont nous verrons apparaître, peu à peu, diverses formes.

La résistance des victimes de ce « préjugé » connut, elle aussi, différentes phases et évolua, de la fuite pure et simple de la colonie dans un premier temps, à la prise de conscience éclairée qui permit l’action philosophique et politique pour introduire, dès les débuts de la Révolution en France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur le continent américain.

Lire la suite

Marseille - Paris, la formation et la propagation d'un mot d'ordre: "du pain et du fer" (1792-1793)   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", CNRS/ENS-LSH Lyon.

Pendant longtemps, les historiens de la Révolution française ont conçu de manière unilatérale les rapports entre Paris et la province au niveau de la circulation des hommes, des idées et des mots d'ordre. Le couplet sur le centralisme idéologique des Parisiens, en particulier pendant la période jacobine, se retrouvait très souvent sous leur plume. La communication politique était ainsi réduite à son expression la plus simple : Paris impose sans partage ses idées aux provinciaux. Les travaux effectués autour de Michel Vovelle, à partir d'une source sérielle, les Archives parlementaires, ont décloisonné l'interprétation traditionnelle des liens entre Paris et la province, et ont permis à cet historien d’en proposer une nouvelle synthèse (1). L'étude de la réception, par l'entremise des adresses, des initiatives parisiennes met alors en évidence l'importance de la marge stratégique dont disposent les patriotes de toute la France sur le terrain idéologique. Puis, les travaux en de domaine se sont diversifiés, à l’exemple du numéro spécial des Annales Historiques de la Révolution française N°330 (2002).

Lire la suite

L’esprit des Lumières et de la Révolution 2007-2008   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Lire la suite

La Révolution française et l’intelligence politique de l’héritage historique : les objets patrimoniaux.   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », CNRS/ENS/LSH

Au cours des années 1990, deux périodes ont été privilégiées dans le renouvellement de nos connaissances sur l’histoire du patrimoine, la Révolution française et le premier XIXème siècle. L’enjeu historiographique, ainsi que le soulignent Philippe Poirier et Louis Vadelorgue (2003) dans un ouvrage collectif, consiste alors à comprendre comment conscience et politique du patrimoine émergent au cours des années 1780-1810 dans la lignée de la formation de l’espace public. Cependant, au-delà de cet apport collectif et de l’ouvrage bien informé d’Edouard Pommier (1991), la perspective la plus novatrice est le fait de Dominique Poulot (1996, 1997, 2006) qui nous propose une vue d’ensemble de la manière dont la Révolution française met en place « l’intelligence de l’héritage historique » par une exploration minutieuse des objets patrimoniaux, de leur « futur passé » (Reinhart Koselleck), au cours d’un moment particulièrement dense d’intégration du passé national.

Lire la suite

Colloque républicanismes et droit naturel, 5 et 6 juin 2008   Annonces

colloque républicanismes et droit naturel

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l‘histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique".

A partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit ou Jean-Fabien Spitz ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique fondé sur une conception de la liberté comme "non-domination".

Lire la suite

Discours de citoyennes marseillaises manifestant « le Courage vraiment républicain qui les anime » (1793)   Textes

Dans la série L des Archives départementales des Bouches-du-Rhône, nous trouvons le manuscrit d'un discours prononcé par une citoyenne à la séance de la section 5 de Marseille le 7 août 1793, au nom de l'ensemble des citoyennes de la section, alors que Marseille "fédéraliste" est sous la menace d’un intervention de l’armée de la Convention. Nous reproduisons ce discours pour mieux souligner le caractère exemplaire du patriotisme des citoyennes marseillaises engagées dans le mouvement sectionnaire pendant le printemps et l’été 1793.

Lire la suite

Derecho a la existencia y Renta Básica   Annonces

par Antoni Domènech, Universidad de Barcelona

raventos condiciones materiales de la libertad

Préface au livre de Daniel Raventós, Las condiciones materiales de la libertad, Barcelona, El Viejo Topo, 2007. Voir également sur le site de la revue Sin Permiso, le texte Antoni Domènech et de Daniel Raventos ¿Quién teme a la Renta Básica de Ciudadanía?

Quien por vez primera habló de “derecho a la existencia” fue Robespierre, en un discurso celebérrimo –uno de los últimos— de 1794, para expresar la idea de que la sociedad debe garantizar a todos sus miembros, como primer derecho, el de existir material y socialmente. Thomas Paine habló un poco después, en un escrito no menos afamado –Agrarian Justice (1796)—, de la necesidad y la justicia de crear un “fondo nacional” mediante impuestos a la propiedad privada de las tierras, a fin de introducir una pensión vitalicia para “toda persona actualmente viva” (mayor de cincuenta años) de “10 libras esterlinas anuales” (1).

Más aún que la propuesta concreta en sí, era interesante el estilo de su argumentación normativa. Paine comenzaba distinguiendo entre la propiedad de la tierra, que debía ser común, y la apropiación privada de los frutos del esfuerzo en su cultivo, al que debía hacerse también justicia. Pero luego pasaba a mostrar los enormes daños causados “a más de la mitad de la población” por la propiedad privada agraria, preparando el terreno para justificar la necesidad de compensarlos:

Lire la suite

Les enjeux d’une traduction   Historiographie

par Julien Louvrier, GRHIS-Université de Rouen

aux armes historiens hobsbawm

A propos de l'ouvrage d' Eric J. Hobsbawm, Aux armes, historiens. Deux siècles d’histoire de la Révolution française, Paris, La Découverte, 2007, 154p. Avec une postface inédite de l’auteur. Traduit de l’anglais par Julien Louvrier. En librairie le 11 octobre 2007.

Au lendemain du bicentenaire de 89, l’historien britannique Eric J. Hobsbawm publiait aux éditions Verso sous le titre évocateur Echoes of the Marseillaise. Two Centuries Look Back on the French Revolution (1) , le contenu étoffé et remanié d’une série de conférences prononcées au cours de l’année 1989 à l’Université Rutgers aux États-Unis. En cette année commémorative largement dominée par la vision furetienne de l’histoire de la Révolution, Hobsbawm entendait convaincre son auditoire et ses futurs lecteurs de ne pas s’en laisser compter par « l’air du temps » : très sévère à l’égard du « révisionnisme historique », il proposait de porter un regard rétrospectif sur deux siècles d’historiographie révolutionnaire, avec pour objectif de mettre en lumière les enjeux politiques de l’entreprise de relecture de l’histoire de la Révolution amorcée au milieu des années 1950 par Alfred Cobban contre « l’interprétation sociale » et poursuivie jusque dans les années 1980 par des historiens s’étant entre-temps autoproclamés « critiques ».

Eu égard à la façon dont la France venait de célébrer le deux centième anniversaire de sa Révolution, ce genre de contre-expertise venait à point. C’est d’ailleurs ce que comprirent très vite les éditeurs italiens (2) et espagnols (3) qui firent traduire le livre dès sa sortie. Quoi de plus normal en effet que de faire paraître les appréciations d’un grand historien marxiste de renommée internationale sur l’historiographie d’une période tellement importante pour l’histoire du monde contemporain ?

Lire la suite

Thomas Paine, l'allocation universelle et le principe de révolution   En ligne

Par Yannick Bosc, GHRIS-Université de Rouen

Alors qu'il a suscité les passions de son vivant, Thomas Paine est de nos jours une figure consensuelle de l'historiographie de la Révolution française, une sorte d'ornement libéral à la périphérie des événements. Acteur de l'indépendance américaine, député français à la Convention nationale et banni d'Angleterre pour avoir écrit Droits de l'homme , il incarne le républicain - entendu le plus souvent dans le sens restreint d'anti-monarchiste - et la « modernité » c'est-à-dire, grosso modo , le libéralisme économique . Les historiens utilisent généralement ses écrits pour caractériser la pensée politique girondine. Or il existe un autre Thomas Paine sur lequel l'historiographie française n'insiste guère.

Lire la suite en pdf sur le site de Marx XXIe siècle

Manifeste pour une assemblée constituante: reconstruire la pensée   Actuel

Dans la tradition démocratique, issue de la Révolution française, la seule légitimité est la volonté populaire lorsqu'il s'agit de refonder le politique sur une base constituante. C'est ainsi que le Manifeste pour une assemblée constituante d'André Bellon propose, dans la perspective de la réunion d'une Assemblée Constituante, de rassembler le peuple de gauche autour d'une "association pour une Constituante". Ce manifeste met tout particulièrement l'accent sur le nécessaire travail de reconstruction de l'esprit politique, et en corollaire de la pensée émancipatrice sur la base d'une claire définition des lignes de rupture, à l'égal de ce qui s'est passé du temps des Lumières et de la Révolution française.

Lire la suite

Les mots de Marat   Mots

par Agnès Steuckardt, Université de Provence

La Révolution française, en ouvrant l’espace politique à l’ensemble des locuteurs français, a changé leurs pratiques discursives et, conjointement, leur langue même, et plus particulièrement son lexique. Le débat politique public et la presse d’opinion ont, au cours de la période révolutionnaire, élaboré leurs usages linguistiques. Quelle part Marat a-t-il prise à cette révolution linguistique ? La lecture de L’Ami du peuple, assistée par les moyens que fournit le traitement automatique du vocabulaire (1), permet de suivre au jour le jour les mutations qui s’accomplissent dans et par ce discours, et qui construisent, pendant la période 1789-1792, une première manière de la langue politique en français. On dégagera dans un premier temps les conditions qui président à la production du discours de Marat, pour en venir ensuite à sa contribution au renouvellement du lexique politique.

Lire la suite

Commemorating the Dead in Revolutionary France   En ligne

par Joseph Clarke, Trinity College, Dublin

 couverture fu livre de Clarke

"From attending a memorial mass or commemorative parade to raising a Panthéon or purchasing a cheap political souvenir, the Revolutionary experience of commemoration was a remarkably diverse one, and this diversity raises a whole range of questions, questions concerning the rôle remembrance played in Revolutionary politics, but also questions as to the place of the dead in eighteenth-century French culture. Some of these questions seem obvious, but more only emerged as the sheer complexity of Revolutionary remembrance became apparent in the archives. Nevertheless, the questions that concern me most can be summarised simply enough. What did commemoration mean to the men and women who attended ceremonies, raised monuments and purchased busts and souvenirs in memory of the Revolution's dead ? What traditions did these people draw upon when they came to remember their dead, and how did these evolve to meet the ever-changing demands of Revolutionary politics or change according to the social and cultural circumstances of those who did the remembering ?

In both Paris and the provinces, the variety of forms commemoration assumed was matched only by the diversity of the men it honoured, and this diversity presents its own problems. Honouring an individual with a national reputation like Mirabeau or even an international standing like Voltaire was obviously a quite different experience from attending an artisan's funeral in a Paris church or planting a tree in memory of an undistinguished soldier in a village in the Vaucluse, but how exactly did this difference affect the meaning of these rites? This difference, the difference between celebrating a politician or a philosophe renowned for their accomplishments but unknown as an individual and remembering a local hero, perhaps even a family member or a friend, raises what is, perhaps, the most elusive question of all. In a period when political considerations can so easily appear to overwhelm all other concerns, what private ends did the Revolution's rites of memory serve ? What consolation did commemoration bring to those the dead left behind, and what conflicts did this relationship between the public and the private dimensions of remembrance give rise to ?"

Extrait de l'introduction, disponible sur le site de l'éditeur, de l'ouvrage de Joseph Clarke, Commemorating the Dead in Revolutionary France. Revolution and Remenbrance, 1789-1799, Cambridge University Press, 2007.

Négociateurs et consuls en Méditerranée à la fin du XVIIIe siècle   Recensions

Par Marc Belissa, Université Paris X-Nanterre

les oubliés de la liberté / négocier sur un volcan

Deux ouvrages très différents — parus dans la collection Diplomatie et Histoire du Ministère des Affaires étrangères — viennent d’enrichir la bibliographie consacrée à la construction et au fonctionnement des réseaux diplomatiques à la fin du XVIIIe siècle et pendant la Révolution française. Il s"agit d’une part de Négocier sur un volcan. Dominique-Vivant Denon et sa correspondance de Naples avec le comte de Vergennes (1782-1785) et d’autre part Les oubliés de la Liberté. Négociants, consuls et missionnaires français au Levant pendant la Révolution (1784-1798). Le premier livre est l’édition critique intégrale de la correspondance diplomatique de Vivant Denon avec Vergennes lors de sa mission dans le royaume de Naples et des Deux Siciles à la veille de la Révolution. Établie par Françoise Janin, cette édition est dotée d’une copieuse introduction de Jean-Claude Waquet de l’École Pratique des Hautes Études. Le deuxième ouvrage est l’œuvre d’Amaury Faivre d’Arcier, lui-même consul adjoint, docteur en Histoire, helléniste et arabisant. Il s’agit pour ce dernier ouvrage d’un livre de facture très classique décrivant le monde des consuls et des marchands français dans l’Empire ottoman de 1784 à 1798.


Lire la suite

Salmigondis   Brèves

"Sortons de ce soap opera dont nous avons été aussi les acteurs. Plus que jamais, disons que le progrès social est au coeur de notre ambition, même s'il nous guide sur des chemins inédits. Après François Furet, proclamons en effet que la révolution française est terminée. Elle demeure l'âme de notre République, elle nous a fait ce que nous sommes, mais être "révolutionnaire" aujourd'hui, c'est assumer la réforme audacieuse. Ce qui nous a manqué, c'est l'aptitude à comprendre les bouleversements du monde contemporain et à l'imaginer dans les trente ans à venir. Nous sommes restés inertes, idéologiquement, face à la mondialisation. Celle-ci inquiète. Mais reconnaissons qu'elle peut être positive, quand elle contribue au développement de pays qui pesaient faiblement sur la scène internationale. Le revers de la médaille, c'est une mondialisation qui met en compétition non plus des économies mais des peuples et des systèmes sociaux."

(Bertrand Delanoë, maire de Paris, dans un article de l'édition du 29.08.07. du Monde)

Marseille révolutionnaire (1787-an II). L'expérience du républicanisme   Dossiers

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, ENS-LSH Lyon

Suite à la publication en 1992 de notre ouvrage sur Marseille républicaine (1791-1793) - Paris, Presses de Sciences Po - ce dossier rend compte en partie de l'actualisation au fil des années de nos recherches sur Marseille en révolution, soit par des synthèses, soit par de nouvelles études, soit par la publication de documents. Nous y avons ajouté une chronologie jusqu'en l'an II.

Lire la suite

Robespierre complété   Annonces

Publication du tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, édition et notes de Florence Gauthier, édité par la Société des Etudes Robespierristes. Bon de souscription pour le tome XI et offre pour les 11 volumes.

Lire la suite

Souveraineté et pouvoir local: expérimenter la démocratie à Marseille (1789-1794)   Etudes

Un pouvoir communicationnel (2)

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

" Unité de la république d'une part, gouvernement fédératif de l'autre: voilà le champ de bataille du jour et les grands mots dont on étourdit le peuple qui, heureusement pour lui, n'y comprend rien. On cherche par tous les moyens à lui faire un monstre de ce mot fédéralisme (…) Dans l'idiome de ses Messieurs unité républicaine est le synonyme de la tyrannie de Paris. Mais cette tyrannie, comme toutes les autres, disparaîtra devant le souffle du génie de la liberté. Il faut que Marseille soit la soeur et non la sujette de Paris " (Journal Français du 25 novembre 1792)

Lire la suite

Barnave rapporteur du comité des colonies   Editions

Par Souad Degachi, ICT-Université Paris 7 Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage de Souad Degachi, Barnave, rapporteur du comité des colonies (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 2007, 154 pages, l'ouvrage est en ligne à lire en intégralité en pdf.

 couverture barnave et les colonies Degachi

En mars 1790, le député dauphinois Antoine Pierre Joseph Marie Barnave est nommé rapporteur du Comité des colonies au sein de l’Assemblée nationale constituante. Le débat sur les colonies s’ouvrait enfin, il allait révéler le clivage définitif entre le côté gauche et le côté droit de l’Assemblée sur la question de la traite, de l’esclavage et des droits politiques des hommes de couleur. Cet affrontement sur la question coloniale semble déterminant pour appréhender autrement la politique générale de la Constituante. En effet, un tel glissement de perspective permet de poser un regard « en négatif » sur la dimension extérieure de la Révolution française, d’en creuser un aspect contrarié, en quelque sorte. Il s’agit en somme de se demander pourquoi la Constituante n’a pas tiré les conséquences de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen à l’égard de ses colonies, leur refusant l’application des principes qu’elle venait de déclarer.

On peut évoquer la surimportance accordée alors au facteur économique – en particulier dans le cas des villes portuaires et maritimes – ou encore aux théories différentialistes du type théorie des climats, qui prétendaient, par exemple, la liberté bonne pour la métropole, mais pas pour les Tropiques. Ces arguments furent portés par des personnalités à l’Assemblée, notamment par des députés constituants, à chaque fois que la question coloniale fut abordée, principalement à l’occasion des débats de mars et octobre 1790, puis de mai et septembre 1791. Le nom d’Antoine Barnave est systématiquement lié à chacun de ces débats.

Lire la suite

Les discours de la haine   Annonces

Colloque international, Reims, 26, 27 et 28 septembre 2007.

Récits et figures de la passion dans la Cité. Regards croisés. Voir le programme : 1ère partie et 2ème partie.

Lire la suite

Sieyès philosophe et juriste   Annonces

.couverturedallozsieyes.jpg "La vanité qui pour l’ordinaire est individuelle, & se plaît à s’isoler, se transforme ici promptement en un esprit de corps indomptable. Un privilégié vient-il à éprouver la moindre difficulté de la part de la classe qu’il méprise, d’abord il s’irrite ; il se sent blessé dans sa prérogative, il croit l’être dans son bien, dans sa propriété ; bientôt il excite, il enflamme tous ses coprivilégiés, & il vient à bout de former une confédération terrible, prête à tout sacrifier pour le maintien, puis pour l’accroissement de son odieuse prérogative. C’est ainsi que l’ordre politique se renverse, & ne laisse plus voir qu’un détestable aristocracisme."


Essai sur les privilèges et autres textes, Introduction et édition critique par Pierre-Yves Quiviger, Paris, Dalloz, 2007.

Lire la suite

L'Echo de la Fabrique: portrait de Maurice Vichard, vainqueur de la Bastille devenu prolétaire   Textes

 première page de l'Echo

L'Echo de la Fabrique, journal ouvrier de Lyon entre 1831 et 1834, est consultable dans son intégralité sur le Web (voir la présentation), sous la responsabilité de Ludovic Frobert, chercheur CNRS (ENS-LSH, Lyon). A l'occasion de la rencontre scientifique autour de ce journal des canuts lyonnais, nous proposons un extrait du N°21 (18 mars 1832), qui décrit l'itinéraire de Maurice Vichard, un volontaire de la Bastille et soldat de la république devenu le type même du prolétaire. Cet article a été écrit par Marius Chastaing, l'un des principaux rédacteurs de ce journal: il marque la continuité politique entre le mouvement populaire de la Révolution française et le mouvement ouvrier naissant, sous l'action de "la classe prolétaire".




Lire la suite

La mission Maignet en l’an II   Etudes

par Jacques Guilhaumou, ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, MMSH Aix-en-Provence

Maignet est chargé le 9 nivôse an II (29 décembre 1793), par la Convention Nationale, d'organiser le gouvernement révolutionnaire dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. Homme de terrain, tout en étant proche de Robespierre et Billaud-Varenne (1), il apparaît, à la lecture de son Instruction sur le gouvernement révolutionnaire du 19 nivôse, qu'il veut traduire le projet des Montagnards "maximalistes" dans les réalités locales. Mais Il prend d'abord le temps de réfléchir aux objectifs de sa mission.

Lire la suite

Le refus de la repentance et la négation de la Révolution française comme moment fondateur   Actuel

Dans un article de Libération, du 13 août 2007, sous-titré "Le refus de la repentance a pour objectif d'entraver le travail des historiens et de réunifier la droite", Catherine Coquery-Vidrovitch, Gilles Manceron et Benjamin Stora historiens écrivent :

"On a vu apparaître, lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, le thème du «refus de la repentance». Cette notion utilisée aussi sous la plume de quelques auteurs d'essais historiques polémiques, sans dire qui seraient précisément les «repentants» ni citer leurs écrits, renvoie principalement à la question de l'histoire coloniale, mais aussi à d'autres épisodes du passé, en particulier la période de Vichy et celle de l'Ancien Régime /.../ Ainsi le discours sur la «repentance» s'est aussi appliqué à ce moment plus ancien de notre histoire qu'est l'Ancien Régime. La droite la plus conservatrice avait naguère coutume d'exalter l'oeuvre des «quarante rois qui ont fait la France» et de réduire la Révolution française à la guillotine et à la Terreur. Longtemps incarné par l'Action française, ce courant s'est maintenu dans le villiérisme et une partie du Front national. Mais, dès lors qu'il devient de plus en plus difficile de glorifier la monarchie absolue, il a fallu trouver un biais : accuser ceux qui font de la Révolution française un moment fondateur de notre modernité de nier une partie de l'histoire de France. Celle-ci est présentée comme une totalité insécable, ce qui permet d'assimiler implicitement les valeurs de l'Ancien Régime à celles qui ont fondé la République."

Le discours du représentant en mission Maignet en l’an II.   Mots

Un parcours communicationnel (3)

par Jacques Guihaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Une fois installé à Marseille, le Montagnard Maignet, proche de Robespierre, se consacre à l'établissement du gouvernement révolutionnaire dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, tout en opérant une entreprise de "régénération" en direction des citoyens provençaux, et plus spécifiquement des Marseillais. Certes sa politique trouve sa principale légitimité dans la mise en oeuvre de son Instruction sur le gouvernement révolutionnaire, présentée par ailleurs, à l'exemple de la multiplication des comités révolutionnaires. Mais il nous importe surtout de préciser les caractéristiques discursives d'un parcours communicationnel propice à l'action gouvernementale, sur la base de l'usage de diverses notions employées par ce représentant en mission, et tout particulièrement les notions d'énergie, d'activité, d'unité d'action, de mouvement, de machine politique, de mesures, d'objets, de choses, de personnes et enfin d'hommes. Nous abordons ainsi le volet proprement discursif de la politique de Maignet, parallèlement à la présentation de l'ensemble de sa politique de suspicion et de régénération, au sein d'une autre étude, en collaboration avec Martine Lapied, sur le présent site.

Lire la suite

Maignet et l'établissement du gouvernement révolutionnaire   Textes

INSTRUCTION du Représentant du Peuple Français envoyé dans les départements des Bouches du Rhône et du Vaucluse, SUR LE GOUVERNEMENT REVOLUTIONNAIRE

Lire la suite

Violence et ordre social : la Révolution française et les Lumières   En ligne

H-France nous propose d'abord un forum sur le livre récent de Jean-Clément Martin, Violence et Révolution: Essai sur la naissance d’un mythe national (Paris: Éditions du Seuil, 2006), avec des interventions critiques sur la démarche "déconstructive" de cet ouvrage par Lynn Hunt (University of California Los Angeles) David Andress (University of Portsmouth) Sophie Wahnich, (CNRS, Paris, Laios-EHESS), D.M.G. Sutherland (University of Maryland), et une réponse de l'auteur de cet ouvrage. Puis, à propos de l'ouvrage de Diana Donald and Frank O’Gorman, Eds., Ordering the World in the Eighteenth Century. (London: Palgrave Macmillan, 2006), Jacques Guilhaumou (CNRS, Lyon) aborde de manière critique, toujours sur H-France, une série d'études récentes autour des formes d'ordonnancement du monde en Angleterre et en France - de la politique jusqu'aux savoirs et aux formes ésthétiques -, qui s'inscrivent dans une contestation plutôt frontale du modèle "classique" de la rationalité des Lumières.

Les images du Research Getty Institut   Images

Sur le site du Research Getty Institut, la bibliothèque propose la recension, sous forme de notices très complètes, de 251 images de la Révolution française, sans accès aux images elle-mêmes. Ainsi, la caricature N°57 sur le thème de la contre-révolution est commentée de la façon suivante: "The satirical print represents the counterrevolutionary army of the Prince de Condeì, preparing an attack against the rock of the "Constitution" that is topped by the French tricolor flag of liberty. Comprised of clergymen, such as Seìguier, and aristocrats, such as the Comtesse de La Motte, "aide de lit de camps," the army marches along the Rhine River."

L'intentionnalité historique au 18ème siècle   Recensions

De la conceptualisation de l’histoire aux usages des savoirs de l’histoire

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon.

Après avoir publié en 1989 une étude sur les Critiques des droits de l'homme opérées de Burke au jeune Marx (1), Bertrand Binoche explore, dans son ouvrage suivant, la complexité configurationnelle du concept d'histoire chez les Allemands, les Écossais et les Français dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. L'ampleur de son approche peut se mesurer à son souci de ne pas passer d'un auteur à l'autre par la seule énumération de contenus doctrinaux saisis comme des totalités closes, inertes mais par le fait d'appréhender les textes comme « des travaux, des activités voués à l'aporie et à l'invention qu'il faut analyser en tant que telles dynamiquement, et parce qu'elles sont diverses, comparativement ». Ainsi il s'agit moins de reconstruire la cohérence de telle ou telle oeuvre dont on juge rétrospectivement qu'elle relève de la connaissance philosophique de l'histoire que d'évaluer les tensions qui habitent un discours sur l'histoire, et d'y trouver de quoi féconder notre propre réflexion. Claude Gautier s’inscrit, au sein de ses ouvrages, dans la même perspective méthodologique, mais d’une façon plus resserrée dans le choix des auteurs étudiés.

Lire la suite

Liberty, Equality, Fraternity   Images

Le site Liberty, Equality, Fraternity propose un ensemble de 245 images, qu’il présente ainsi: "Below you can browse through a list of 245 images included in Liberty, Equality, and Fraternity. The largest number are political cartoons. But we also include paintings and images of artifacts such as fans and buttons. The images are drawn from many repositories, but particularly from the Museum of the French Revolution in Vizille in southwest France and Olin Library at Cornell University. An essay on how to read images provides useful background".

Lire la suite

Marseille et l’organisation « autonome » des pouvoirs pendant la Révolution française   Synthèses

Les formes du pouvoir communicationnel (1)

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

L’histoire civique de Marseille est devenue une donnée majeure de la compréhension du présent des Marseillais. Cité par excellence, Marseille confère un potentiel exceptionnel à ses initiatives civiques. Notre objectif présent est de montrer de manière synthétique l’ampleur de l’action civique des Marseillais, au cours de la Révolution française, et son apport décisif à la formation des pouvoirs révolutionnaires. Nous mettons plus particulièrement l’accent sur la constitution de pouvoirs exécutifs constitués pendant « le moment fédéraliste » (1793), d’autant que leur condamnation immédiate par le centre parisien en a quelque peu obscurci la signification démocratique. Nous considérons enfin ces pouvoirs comme engendrés communicativement, ce qui leur donne une forte spécificité démocratique.

Lire la suite

La Révolution à Marseille   Outils

Chronologie des événements (1788 - an II)

"Le 19 du mois de juin 1792, Marseille provoqua l'abolition de la royauté, et forma un Bataillon pour l'envoyer à Paris", Vie politique de François Isoard de Marseille.

Lire la suite

Sieyès : à nouveau, le retour...   Brèves

A propos de Jack Lang dans Libération du 6 juillet 2007 : "Jack Lang (...) « trouve très positive la réforme des institutions ». Un socialiste modère : « Il a été je ne sais combien de fois ministre, maire ou élu dans des circonscriptions en or et aujourd’hui, il pense que c’est terminé. Il veut être l’abbé Sieyès des nouvelles institutions. » L’intéressé nie évidemment toute ambition personnelle, et « trouve scandaleux de stigmatiser l’éventuelle participation de tel ou tel d’entre nous à une mission d’intérêt public. » Pas facile de se consacrer pleinement à l’intérêt général."

Marat   Dossiers

La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site.

Lire la suite

Des sans-culottes aux sans-papiers   Actuel

Conférence-débat le 12 juillet 2007 à la Librairie Résistances sur le thème : "Des sans-culottes aux sans-papiers, dévoiement et réappropriation des symboles révolutionnaires" et appel de Droits devant !! pour un défilé du 14 juillet en accord avec les principes de 1789.

La idea de Nación en Sieyès   Annonces

par Ramón Máiz, Universidad de Santiago de Compostela

Si en un primer momento, ¿Qué es el Tercer estado?, Sieyes emplea "nación" y "pueblo" como sinónimos, posteriormente, sin embargo, procederá a su diferenciación, reservando en lo sucesivo el término "nación" para designar al titular de la soberanía y, por tanto, del poder constituyente, y el de "pueblo" para referirse a uno de los dos polos nacidos de la aparición del Estado constitucional, gobernantes y gobernados, esto es, los ciudadanos como receptores de los beneficios del "Establecimiento público" y supervisores de su actuación: "Le peuple, ce sont les gouvernés; la volonté constituante, c'est la nation entiére, avant toute distinction entre les gouvernans et les gouvernés, avant toute Constitution” (1).

Lire la suite

Université : la révolution est en marche...   Brèves

Richard Descoings, Science Po Paris : "La Révolution française avait supprimé les universités, considérant qu'elles constituaient des corporations. Il a fallu attendre la loi Edgar Faure de 1968 pour réhabiliter l'idée d'université dans notre pays. La loi de 2007 va donner une réalité à cette idée Sur la forme, les conditions d'élaboration du projet ne sont pas moins « révolutionnaires »."

Extrait d'un article paru sous le titre « L'autonomie universitaire, enfin ! » dans l'édition du 04.07.07. du Monde en ligne

Marat, observateur critique des Jacobins marseillais en 1793   Textes

Marat publie, dans le Journal de la République française à la date du 20 février 1793, un texte émanant de la section 21 de Marseille, dont il souligne les sentiments civiques, tout en s’opposant à la mesure préconisée par les sectionnaires marseillais : compte tenu d’une forte opposition girondine aux Montagnards, ces patriotes proposent de proclamer que la mission de la Convention est finie, ce qui provoquerait l’élection d’une nouvelle Convention. Marat critique donc cette adresse, tout en l’attribuant (de façon fictive) à plusieurs auteurs, jacobins bien sûr. Après avoir précisé dans quel contexte se met en place cette adresse et ce qu'il en est plus précisément de sa localisation initiale, donc de son auteur, nous reproduisons l'adresse de la section 21, accompagnée des Observations de l'Ami du Peuple.

Lire la suite

La proposition de loi sur "le génocide vendéen", une atteinte à la liberté du citoyen.   Actuel

Dans une récente intervention relative à La liberté de l’historien sur le site du Comité de vigilance sur les usages de l’histoire, Gérard Noiriel précise que « les lois sur la mémoire peuvent affecter indirectement la recherche et l'enseignement de l'histoire. Mais cela n'est pas nouveau. Les interventions politiques dans l'appréciation des événements du passé ont toujours existé en République. On peut certes critiquer ces lois. Mais il faut le faire en tant que citoyen et pas en tant qu'historien. C'est pour des raisons politiques que je refuse, pour ma part, qu'on mette sur le même plan une loi qui fait l'apologie de la colonisation avec celles qui condamnent le racisme, l'esclavage, les persécutions de masse. »

Lire la suite

L’imaginaire de la Constitution de 1789 à 1830 : symbolique d’union ou de division politique ?   Etudes

par Rolf Reichardt, Universität Gießen

Reichardt

Lorsque, pour célébrer la Révolution, l’Association pour le développement de la Philatélie française émit en mars 1989, avec souscription réservation, une série de timbres dont l’ensemble représente la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 89 (1) , elle fit preuve d’une fine intuition des sentiments majoritaires de la population. Car suivant les sondages du Figaro Magazine et de Sofres-L’Express, trois quarts des Français regardaient alors la Déclaration comme le meilleur symbole positif de la Révolution – consensus national minimum bientôt familièrement dénommé « droitlomisme (2) ». Et en s’inspirant d’un placard illustré de 1789 , représentation contemporaine la plus connue et la plus solennelle de la première Déclaration (fig. 1), la série de timbres-poste suggère que cela a toujours été ainsi. Or s’il convient d’en douter partiellement, cette libre interprétation d’une estampe n’en semble pas moins symptomatique d’une imagerie révolutionnaire qui, munie de ses procédés spécifiques d’expression, a laissé sur les esprits une empreinte plus profonde et plus durable que la logomachie mise en scène dans les assemblées et dans la presse : un processus de visualisation et de commémoration emphatique dont la présente communication veut esquisser quelques lignes de force.

Lire la suite

Images des Déclarations et Constitutions : 1789-1848   Images

Pour une analyse de ces images, lire l'étude de Rolf Reichardt dont elles sont issues.

Lire la suite

Boullée et Ledoux : l'architecture visionnaire de la Révolution.   En ligne

L'exposition virtuelle de la BNF sur Etienne Louis Boullée comprend une abondante iconographie. Cet architecte s'impose comme théoricien et pédagogue durant la Révolution. L'exposition présente ses dessins, conservés à la Bibliothèque nationale de France, et le texte intégral de son Essai sur l'art. E-L Boullée est ce que l'on a coutume d'appeler un « architecte visionnaire » : il dessine beaucoup, conçoit de nombreux projets, mais ne construit pour ainsi dire pas. Peut-être en raison, tout simplement de la trop grande ambition de ses projets.

Lire la suite

Les sans-papiers et le drapeau de l'égalité de l'épiderme   Actuel

drapeau égalité épiderme

Extrait du communiqué du QG de campagne des sans-papiers du 3 juin 2007 : "Il y a 214 ans, le 4 juin 1793, une délégation du peuple (2 noirs, 2 métis, 2 blancs) intervenait à l’Assemblée Nationale pour exiger l’abolition de l’esclavage, portant le drapeau bleu, blanc, rouge sur lequel figuraient trois silhouettes noire, blanche et métissée symbolisant l’unité du genre humain, l’égalité de l’épiderme et des droits. Les grands principes républicains de LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE étant depuis trop longtemps dévoyés, nous nous les réapproprions. Ce drapeau sera présent lors du rassemblement qui se fait en convergence avec les journées migrations du 3 et 4 juin organisées durant les marches européennes et le contre sommet du G.8 à Rostock en Allemagne."

Lire le communiqué et voir le drapeau sur le site Précaritas à la semaine du 28 mai.

Les transformations de l'ordre international à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle   Annonces

VignetteActeursdiplos.jpg Introduction de l'ouvrage, Acteurs diplomatiques et ordre international fin XVIIIe siècle - XIXe siècle, textes réunis par Marc Belissa et Gilles Ferragu. Actes du colloque organisé le 7 juin 2006 à l'Université de Paris X Nanterre, Paris, Éditions Kimé, 2007.

En 1773, à propos du partage de la Pologne réalisé l’année précédente par la Russie, la Prusse et l’Autriche, un auteur anonyme (mais très certainement inspiré par le ministère des Affaires étrangères français) écrivait :

"Certaines maximes et lois de convention, fondées sur le droit naturel et l’utilité générale, que depuis deux cents ans on trouve religieusement observées par les Puissances de l’Europe dans leur conduite réciproque, ont donné lieu de regarder cette partie du monde comme une espèce de république, dont les nations, qui la composent, sont les membres" .

Cette « espèce de république » européenne est selon l’auteur en passe de disparaître, menacée par un retour du désordre entre les puissances :

"L’espèce de république, que formaient les Nations européennes, n’est plus qu’un beau fantôme. Une anarchie destructive de tout repos des souverains et du bonheur des peuples y succède ; et le tableau effrayant des temps gothiques, que l’histoire a conservé, se représentera de nouveau sur la surface de cette partie du monde."

Cette nouvelle ère, caractérisée par « l’incertitude des propriétés » et les « défiances mutuelles » ne peut qu’aboutir à rien de moins qu’à « un renversement général de tout ordre dans la société des corps politiques ». Tableau noirci à fin de propagande ou conviction alarmiste ? Ce qui est sûr, c’est que l’on pourrait multiplier les exemples tant ce tableau d’un monde en mutation rapide est partagé par un très grand nombre de commentateurs et publicistes des années 1770-1780.

Lire la suite

Marat : trois versions d'un meurtre   Enseignement

Par Patrick Garcia, IUFM de Versailles

Le 13 juillet 1793, Marat est assassiné par Charlotte Corday, une jeune fille âgée de 25 ans, issue de la petite noblesse normande et proche des Girondins. Aussitôt, Marat est considéré comme un martyr de la Révolution et son corps transféré au Panthéon. Le juste, épris de vérité, L'Ami du peuple - selon le titre de son journal - le martyr de la liberté, tel est le Marat que David choisit de représenter. Mais Marat n'est pas, loin s'en faut, une figure consensuelle. Associé à la Terreur, à laquelle il ne cesse d'appeler, sa dépouille est retirée du Panthéon aux lendemains de la chute de Robespierre. Commence alors un combat autour de la mémoire de Marat qui se noue en variations sur la représentation inaugurale de David.

Lire la suite sur le site de l'IUFM de Versailles

Condorcet, Sieyès, Saint-Simon et Comte. Retour sur une anamorphose   En ligne

par Jean-Louis Morgenthaler

"La tradition sociologique attribue à Auguste Comte la paternité du terme de « sociologie ». De récents travaux en linguistique, en histoire, et en philosophie, ont mis en évidence que c’est, en fait, Sieyès qui a, le premier, inventé ce néologisme et lui a donné un contenu (1). En réalité, Saint-Simon et Auguste Comte sont partis d’une lecture déconstructive de l’œuvre la plus connue de Condorcet, « l’Esquisse pour un tableau historique des progrès de l’esprit humain », en lui donnant une interprétation historiciste. Pourtant, celle-ci ne tient guère si on étudie plus complètement l’œuvre de Condorcet. Condorcet est un pionnier des théories de la décision et du choix rationnel, à l’opposé de la lecture pré-positiviste trop généralement admise. Condorcet avait, sur l’ensemble de son œuvre, une vision de la société plus proche de celle de Tocqueville que de celle de Saint-Simon.

Lire la suite

Les comités de surveillance en l’an II, lieux d'expression des conflits de la commune.   Etudes

par Jacques GUILHAUMOU, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon, et Martine LAPIED, UMR « Telemme » , MMSH Aix-en-Provence.

Avec la Révolution, l’expression de la conflictualité devient essentiellement politique, tout en recouvrant des antagonismes précédemment exprimés dans les communes, qu’il s’agisse de luttes de clans pour le pouvoir municipal ou d’affrontements sociaux. Le gouvernement révolutionnaire de l'an II constitue un moment d’institutionnalisation où la politique de terreur permet de structurer la conflictualité. Les comités de surveillance sont un des organes essentiels de la politique de salut public : il s’agit d’organes d’exception, institutionnalisés par le gouvernement révolutionnaire en réponse à une demande collective. Ils visent donc à empêcher la conflictualité découlant du refus du nouvel ordre établi en créant une violence institutionnelle qui se veut fondatrice de ce nouvel ordre.

Lire la suite

Tocqueville e la storia (non scritta) della rivoluzione francese   En ligne

Par Regina Pozzi, Università di Pisa

Après avoir publié L'Ancien Régime et la Révolution en 1856 et jusqu'à sa mort en 1859, Tocqueville travaille à une histoire de la Révolution dont restent de nombreux travaux préparatoires. Un examen attentif de ces matériaux montre que, parmi les obstacles que l'auteur rencontra sur son chemin, et qui l'empêchèrent de terminer son ouvrage, nous pouvons attribuer un rôle capital à ses hésitations d'ordre interprétatif quant à la nature même de la Révolution. Car dans le volume de 1856, il avait beau jeu à distinguer deux phases dans son histoire, une révolution de la liberté en 89, ensuite une révolution de l'égalité porteuse de néfastes conséquences, dont il n'avait pas daté avec précision la naissance, tout en affirmant qu'elle l'avait vite emporté sur la première. Par contre en poursuivant son travail il s'éloigne de plus en plus de cette interprétation héritée des historiens libéraux et il tend à attribuer une date très précoce à la révolution égalitaire, dont il découvre les prémisses dans la culture politique prérévolutionnaire même. Cette nouvelle clef de lecture entre toutefois en contradiction avec son projet politique d'alliance de l'égalité et de la liberté, tel qu'il l'avait soutenu dans La Démocratie en Amérique et dans sa carrière de député sous la Monarchie de Juillet; et c'est pourquoi Tocqueville oscille entre deux schémas interprétatifs sans pouvoir trouver un fil suivi pour son récit (résumé de l'auteure).

Lire l’article dans la revue électronique Cromohs, article que l’auteure a publié par ailleurs dans Storia della storiografia, 41, 2002, puis repris dans son ouvrage récent Tocqueville e i dilemmi della democrazia (Pisa, Plus, 2006).

Exposé historique des écrits de Sieyes.   Textes

Présentation et notes par Pierre-Yves Quiviger, Nosophi (GES), Université de Paris I

Voici le faible portrait d’un publiciste célèbre, ébauché par une main timide, avec des couleurs recueillis sur la palette de ce même écrivain. Cet ouvrage n’est pas le fruit des circonstances actuelles ; mais entraîné par l’intérêt qu’elles présentent, on allait le rendre public, lorsque les journaux nous apprirent, qu’une autre plume venait d’ériger à Sieyes un semblable monument. Tout nous annonçait, de la part de l’Auteur, des intentions bonnes, un but honnête ; nous le jugions sur la conscience de nos propres sentimens. Néanmoins, à peine son livre avait-il vu le jour, qu’aussitôt une espèce d’anathême parut vouloir l’anéantir. Il est donc quelquefois plus dangereux de louer que de médire, puisque l’histoire porte ici la peine, qui ne devrait être réservée qu’à la calomnie.

Lire la suite

Le texte occitan et francoprovençal du grand Sud-Est pendant la Révolution française   En ligne

René Merle nous propose de redécouvrir cet important corpus dialectal, sauvé par les érudits ou dormant dans les archives, mais que "le renaissantisme d'oc, et particulièrement provençal, a mis longtemps à distance, tant ces textes entraient mal dans ses cadres idéologiques prégnants", précise-t-il. Il justifie alors la nécessaire réoccupation par le chercheur de ce champ longtemps méconnu de l'écriture révolutionnaire en idiome non-français par le fait que ces textes proclament langue d'un Peuple - ici un peuple défini par l'usage de la langue occitane et du francoprovençal - une parole éclatée, et donc souvent méprisée. Parole néanmoins utilisée en manifestation emblématique, ou en communication qui se veut efficace : communication « descendante » le plus souvent. Il précise aussi que "la période révolutionnaire interpelle d'autant plus à cet égard que la responsabilité, individuelle et collective, des méridionaux, y a été plus grandes" d'un événement à l'autre. Et d'ajouter en préalable à sa présentation d'ensemble de ce corpus et de son interprétation: "Notre angle méthodologique est l'inventaire et la mise en perspective chronologiques des textes, en tenant compte dans la restitution de critères discriminants : textes publiés et textes demeurés manuscrits, textes à zones de diffusion réduite, ou large, textes enclos dans un propos français, et textes publiés isolément."

René Merle présente également deux réflexions synthétiques sur le même sujet, l'une sur Les différences et les ressemblances dans l'utilisation de ces textes, l'autre sur Citoyenneté et idiome natal, la dialectique identitaire pendant la Révolution.

Une nouvelle révolution française ?   Actuel

Alors que Nicolas Sarkozy soulignait, dans un entretien au Point du 17 novembre 2005, que « la sémantique, ça compte. Les idées, les mots, les concepts servent à déverrouiller l'action. (...) C'est lorsqu'on a gagné la bataille de la communication qu'on peut commencer à agir. », et qu'il affirmait plus récemment vouloir faire la « synthèse entre l’Ancien Régime et la Révolution », l'expression « Révolution française » commence à être l'objet, au moment de son élection à la Présidence de la République, d'un détournement sémantique : elle tend en effet à vouloir désigner, dans un mouvement en crescendo sur la base de l’usage fréquent pendant la campagne électorale du terme de "rupture", ce que la gauche qualifie de « révolution conservatrice » dans le projet actuel la droite.

La réflexion récente de Moubarak Lo sur un tel appel à « une nouvelle Révolution française » de la part de la droite présidentielle marque d’emblée les approximations tant concrètes que discursives de ce détournement sémantique. Non seulement, cet auteur souligne les limites politiques de cette volonté de « rupture » plutôt médiatique (« En définitive, la nouvelle révolution française tant annoncée risque d’être plus une illusion qu’une réalité ») mais il rappelle aussi les fondamentaux, c'est-à-dire la référence historique à la Révolution française comme véritable moment de rupture.

Analyse d’énoncés : Marat est mort (13 juillet 1793) /Marat n'est pas mort (l6 juillet 1793)   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Notre analyse de l'événement « Mort de Marat », présentée de manière succincte sur le présent site a été effectuée dans une période, les années 1980, marquée par un élargissement de notre domaine d'investigation d’historien du discours (1). A ses débuts, l'analyse de discours s'intéressait presque exclusivement à des discours doctrinaux, donc fortement argumentés. Ses interrogations du côté de l'histoire s'étendent désormais aux réalisations discursives du savoir social les plus diverses, donc à la totalité des énoncés historiquement attestés. Soucieux de promouvoir une histoire sociale des textes, l'historien du discours n’a donc cessé de complexifier sa démarche. Le temps de la simple confrontation entre des analyses paraphrastiques en corpus et des jugements de savoir extratextuels – ce qu’on appelle les conditions de production - est bien révolu. Il s'agit désormais d'articuler la description textuelle d'un événement à un ou plusieurs moments de corpus (2).

Lire la suite

Repeinture : des derniers moments de Michel Lepeletier de Jacques-Louis David   En ligne

David et Lepeletier

"Luc Scaccianoce s’est donné pour but depuis bientôt un an (en fait après avoir acheté le catalogue de l’exposition de David, organisé par le musée Jaquemart), un travail particulier, celui de repeindre (de préférence à restaurer ou ressusciter ou copier) le tableau que J-L David consacra Aux Derniers moments de Michel Lepeletier. La qualité des reproductions incluses dans le catalogue l’incita à concrétiser un dessein qu’il avait à l’esprit depuis bien longtemps. Luc Scaccianoce avait déjà eu l’occasion de parler succinctement de la toile dans un ouvrage général. Il s’est donc servi de sa position de chercheur pour rassembler un petit groupe d’amis intéressés par le projet et ce, dans le but de rédiger un ouvrage sur Les Derniers moments de Michel Lepeletier."

Lire plus avant à propos du projet d'ensemble, c'est-à-dire du thème de l'étude elle-même, de l'importance de l'oeuvre, des références iconographiques, de la bibliographie, de l'héritage et des repeintures I et II sur le site de l'artiste repeintre et sculpteur

.

Marat : qu'est-ce qu'un ordre juste ?   Textes

Dans cet extrait du Plan de législation criminelle (1780), Jean-Paul Marat recherche ce que doit être une législation juste, en quoi consiste le respect de la loi, et conclut en soulignant qu'un ordre social n'est pas un ordre policier.

Lire la suite

Les sans papiers prennent la Bastille   Actuel

"Après avoir inauguré leur premier Q.G. de campagne le vendredi 13 avril et en avoir été expulsés par la police le jour même, les sans papiers et leurs soutiens réinstallent leur Q.G. de campagne à la Bastille à la veille du premier tour des élections présidentielles. C'est de ce lieu, symbole des grands principes révolutionnaires de liberté, d'égalité et de fraternité, que les sans papiers interpellent les citoyen(ne)s et les candidat(e)s à la présidentielle pour exiger leur régularisation globale."

Lire la suite du communiqué sur paris.indymedia.org.

Kautsky et la Révolution française   En ligne

Par Jean-Numa Ducange, GRHIS-Université de Rouen

Le rapport qu'entretiennent les marxistes avec la Révolution française a fait l'objet de nombreuses analyses. La place de la Révolution française dans l'oeuvre de Karl Marx et Friedrich Engels est connue. Quant à l'Histoire socialiste de la Révolution française de Jean Jaurès, elle a été étudiée et constitue une référence de l'approche "classique" de la Révolution française. En revanche l'oeuvre de Karl Kautsky, qui a écrit plusieurs contributions sur le sujet, est presque inconnue, surtout en France. Il convient de revenir sur cette oeuvre qui est intéressante non seulement par son ampleur, mais aussi par ses prises de position par rapport à la Révolution française, qui diffèrent radicalement d'autres auteurs se réclamant du marxisme.

Lire la suite en pdf sur le site Marx au XXIème siècle : l'esprit & la lettre. Version papier et développée dans la revue Siècles.

La Révolution française et la rupture des Temps modernes   Synthèses

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

Tout au long de l’histoire, des réseaux de croyance se constituent autour de traditions novatrices dont chaque individu hérite avec la possibilité de les étendre, les modifier voire les rejeter. Tel est le cas des traditions politiques émancipatrices mises en place pendant les Temps modernes (16ème-18ème siècles). Entre humanisme, civisme, artificialisme, républicanisme, et sous l’égide des valeurs de liberté et d’égalité, la rupture historique de la modernité politique fait alors signe vers la formation européenne de la Nation, avec un temps fort, le moment de radicalité propre à la Révolution française.

Lire la suite

Tableaux croisés chez Mercier et Rutlidge : le peuple de Paris et le plébéien anglais   Mots

par Raymonde Monnier, CNRS

Cette historienne du mouvement républicain au début de la Révolution française présente, dans une étude publiée par les Annales Historiques de la Révolution française, une analyse sémantique des mots peuple et plébéien d'un point de vue comparatif. Elle associe en effet, dans des tableaux parallèles du peuple de Paris et de Londres, deux écrivains, Mercier et Rutlidge qui tentent de construire, chacun à sa manière et avec son lexique propre, une image particulière de la république.

Nous la remercions de nous avoir permis de publier, en appui de cette étude exemplaire d'une approche discursive, deux textes de Rutlidge et Mercier.

Lire la suite

Histoire de la Révolution française   Annonces

par Jules Michelet

Les éditions Gallimard rééditent en 2007, et en livre poche (quatre volumes, Folio histoire), l'Histoire de la Révolution française dans l'édition établie et annotée par Gérard Walter, et publiée en 1952 dans la Bibliothèque de la Pléiade. A cette occasion, nous reproduisons la Préface de 1847. Nous renvoyons également, sur le présent site, au compte-rendu de l'ouvrage récent de Paule Petitier sur Jules Michelet. L'homme histoire (2006).

Lire la suite

Le Serment du Jeu de Paume dans les manuels de quatrième   Enseignement

Par Sandrine Bouché, Université Paris VII-Denis Diderot

Serment du jeu de paume de David

Les instructions officielles concernant l’enseignement de la Révolution française en classe de quatrième invitent les enseignants à « présenter les épisodes majeurs et les principaux acteurs de la période révolutionnaire » (1). Le document historique est placé au cœur de cet enseignement. Les manuels scolaires, et particulièrement ceux de quatrième, offrent aux enseignants un recueil de documents hétéroclites afin de traiter librement chaque période historique avec leurs élèves. Il est évident que les professeurs du secondaire ne sont pas spécialistes de toutes les périodes historiques qu’ils enseignent ; les manuels sont donc des guides implicites de leur enseignement. Mais le choix des documents est primordial. Leur absence ou leur présence dans les manuels influence l’étude de l’évènement en classe. Ainsi, certains documents font l’unanimité et sont présents dans la plupart d’entre eux, d'autres en sont totalement absents.

Pour la période révolutionnaire, les documents iconographiques sont privilégiés, étant donné le foisonnement et l'effervescence de la peinture des XVIIIe et XIXe siècles. Le courant néoclassique, qui caractérise ces siècles, offre des tableaux représentatifs qu’il est aisé de traiter avec les élèves du secondaire. En effet, l'enseignement par la représentation permet d'aborder autant l'évènement lui-même que la représentation subjective, qui relève de l'histoire des mentalités. Les accompagnements des programmes, qui restent une suggestion d'approche des périodes à traiter, proposent d’étudier la révolution française par grandes phases chronologiques. L’année 1789 serait la première comme moment de « la révolution politique et juridique » (2) . Pour cette phase, sont présents dans la plupart des manuels une représentation de la première séance des Etats généraux, de la prise de la Bastille et, dans tous sans exception, le tableau de David : Le Serment du Jeu de Paume.

Lire la suite

Chronique dessinée de la Révolution   Annonces

Dessin de Jean-Louis Prieur

Du 20 mars au 24 juin 2007, le musée Carnavalet présente un ensemble de dessins de Jean-Louis Prieur qui retracent les épisodes révolutionnaires et la vie parisienne de 1789 à 1792 : "À l’instar de nombreux artistes ou poètes très engagés politiquement, Jean-Louis Prieur (1759-1795) se distingua à la fois par un talent de dessinateur hors pair et des convictions révolutionnaires radicales. Elles firent de lui un membre du Tribunal révolutionnaire, collaborateur de Fouquier-Tinville, ce qu’il paya finalement de sa vie. Il fût arrêté et jugé après l’émeute de germinal an III (avril 1795) et guillotiné le 7 mai 1795, à 36 ans".

Néologismes en temps de Révolution   Mots

Fiction carnavalesque

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Parmi les milliers de mécontents que la révolution a suscités, un homme très honnête voit et ne veut voir que les effets de l’anarchie ou plutôt de la panarchie, c’est-à-dire de la législation de tous (1). Mais, soucieux d’en savoir plus, il se rend à Paris de sa Province méridionale pour rencontrer d’honnêtes gens et lire de bons journaux. Suivons les flâneries burlesques à travers Paris de cet aristocruche (2) qui ne connaît que des principes inconstitutionnels et mimonarchiques (3). Ne confond-t-il pas les vrais, ardents et utiles patriotes avec les têtes exaltées par des idées fausses, vagues, exagérées, inconsistantes, associant alors à la confusion des idées l’abus des mots (4) ? Son imagination ne trouve-t-elle pas dans ce séjour une raison singulière de s’échauffer, ne lui inspire-t-elle pas une foule d’idées, que nous croyons ne pas devoir laisser échapper au lecteur, aussi burlesques soient-elles ?

Lire la suite

La République et le républicanisme polonais, modèles ou contre-modèles des Lumières ?   Etudes

Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO

Cette étude est une première ébauche d'une introduction pour une nouvelle édition des textes de Mably sur la Pologne à paraître prochainement aux éditions Kimé. Elle a été présentée lors du séminaire L'esprit des Lumières et de la Révolution le 19 janvier 2007.

La république et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des « traditions » et des sujets de dissertation pour collégiens lecteurs de Tacite et de Cicéron. Il existe dans l’Europe moderne un certain nombre d’États républicains dont l’expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Ces républiques modernes sont des objets complexes et qui ne laissent pas facilement enfermer dans les catégories politiques actuelles. Dans un texte de 1762, Stanislas Leczynski, le roi détrôné de Pologne, et lui-même penseur du républicanisme polonais, fait la liste des États républicains de son temps, il distingue l’Angleterre, la Hollande, la Suède, la Pologne, Venise, les Cantons suisses et Gênes. Dans cette liste qui peut paraître étonnante, il existe au moins trois États couramment présentés comme des monarchies : l’Angleterre, la Suède et la Pologne. Pour Leczynski, comme pour beaucoup d’autres commentateurs, ces États sont pourtant des républiques, car le pouvoir royal y est très limité et la souveraineté n’y est pas exclusivement monarchique (1). S’il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance du modèle anglais dans la pensée des Lumières et si l’on connaît l’intérêt de Mably pour la Suède, on sait moins que la Pologne est également présente dans le débat sur la République en Europe occidentale.

Lire la suite

Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne   Recensions

À propos du livre de Laurent Dubois, Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne, Rennes, Les Perséides, 2005.

Par Fabien Marius-Hatchi, Université Paris VII – Denis Diderot

Couverture Dubois Vengeurs du nouveau monde

Cette histoire oppose, d’une part, l’image que se font de leurs victimes ceux qui leur causent des souffrances indicibles et, d’autre part, les luttes de ces victimes qui, par miracle, se résorbent dans l’invention d’une nation nouvelle et d’une autre nature.

Jean Casimir (Préface, p. 11)

Paru aux États-Unis en 2004 – l’année du bicentenaire de la proclamation de la République d’Haïti, le livre de Laurent Dubois se présente comme une synthèse de l’histoire de la Révolution haïtienne établie à partir d’une lecture croisée de sources primaires et des principaux travaux historiques parus aux États-Unis, en France et en Haïti, essentiellement depuis un quart de siècle.

Héritier des travaux précurseurs des Haïtiens Beaubrun Ardouin et Thomas Madiou pour le 19e siècle, de ceux du Trinidadien C.L.R. James et du Martiniquais Aimé Césaire pour le 20e siècle, l’ouvrage de Laurent Dubois se situe dans la lignée, notamment, d’une historiographie étasunienne qui – tel David Geggus ou John D. Garrigus – cherche à “entrevoir avec plus de clarté ce que les événements de cette période ont pu signifier pour ceux qui les vécurent” (p. 25). À la suite de son premier livre A Colony of Citizens: Revolution and Slave Emancipation in the French Caribbean, 1787-1804 (1) dans lequel il abordait le programme politique révolutionnaire porté par les esclaves insurgés de la Guadeloupe, Laurent Dubois ambitionne donc de reconstituer l’histoire de l’insurrection de Saint-Domingue, de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance de la République d’Haïti à partir des conceptions et des aspirations des esclaves.

Lire la suite

Condorcet, l'instruction publique et la cité   En ligne

par Catherine Kintzler, Université de Lille III

Dans cette étude, il est question de la fonction philosophique du concept d'instruction publique au plus près de l'expérience de la Révolution française, et tout particulièrement de l'oeuvre de Condorcet. On doit en effet à Condorcet, dans le sillage de ses travaux de « mathématique sociale », les argumentations les plus décisives contre la peine de mort, contre l’esclavage et la traite des Noirs, contre l’exclusion des femmes du droit de vote, ainsi qu’une théorie générale du suffrage et de ses paradoxes. Mais on lui doit aussi la théorie la plus complète de l’école républicaine. Pour la première fois, l’idée philosophique de l’institution scolaire est pensée dans sa relation avec la souveraineté populaire.

Lire la suite

"Femmes, prenons la Bastille !"   Brèves

8 mars 2007 - Journée internationale de lutte des femmes pour leurs droits

Sous le titre "Femmes, prenons la Bastille ! ", un collectif d'associations (Collectif droits des femmes) indique que "le 8 mars, Journée Internationale des Femmes, se situe cette année, dans la période des élections présidentielles, puis législatives. À cette occasion, les revendications concernant les droits des femmes doivent trouver toute leur place, celle de droits fondamentaux sans lesquels aucune société ne peut être considérée comme juste et égalitaire."

La Révolution française au pays des trains fantômes   Actuel

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS.

"On a beaucoup parlé de la hauteur de la Révolution, il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut". ( Saint-Just)

1. En 1938, Jean Renoir achève le film sur la révolution française commandée par la CGT. La Marseillaise s’ouvrait sur l’iniquité d’un procès fait à un braconnier, décrivait la dynamique qui avait conduit à la chute de la monarchie et se refermait sur l’inachèvement d’une histoire d’amour : celle d’un peuple pour la liberté. Deux ans plus tard la Marseillaise est le chant patriotique des résistants français.

2. En 1983, Wajda le cinéaste polonais de l’homme de fer, réalise un Danton qui s’ouvre sur la guillotine, la pluie et la violence sadique infligée à un enfant qui apprend la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le film s’achève sur une guillotine détrempée du sang de Danton, et sur la voix tremblotante de l’enfant disant son compliment à Robespierre. Cette voix finit par se perdre. En 2004, la Pologne entre dans l’Europe élargie sans savoir quelles valeurs elle partage avec les autres pays européens. En 2006, elle réclame le rétablissement de la peine de mort comme horizon d’avenir pour l’ensemble des pays d’Europe.

Lire la suite

Sciences et savants en révolution (1780-1820)   Outils

Plusieurs disciplines scientifiques furent profondément touchées par les événements révolutionnaires : individus et institutions, publications périodiques et sociabilité savante subirent des transformations parfois radicales. Le site "Sciences et savants en révolution" présente et regroupe des preuves archivistiques sur les changements de personnel scientifique, de priorité de recherche, de structuration disciplinaire et institutionnelle à travers les témoignages offerts par des protagonistes de premier et de second rang de la science de l'époque.

Lire la suite

Marie-Antoinette et ses biographes. Mémoire et écriture de la Révolution française   Recensions

Couverture du livre de Cécile Berly

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

A propos du livre de Cécile Berly, Marie-Antoinette et ses biographes. Histoire d’une écriture de la Révolution française, Paris, L’Harmattan, 2006, avec une préface de Jean-Clément Martin.

L’historienne Cécile Berly nous propose une étude de quelques biographies de Marie-Antoinette particulièrement significatives d’une manière plutôt vulgarisée d’écrire l’histoire de la Révolution française. Comme le souligne Jean-Clément Martin, dans sa préface, Marie-Antoinette est l’une de ses héroïnes de la Révolution française, certes malmenée au départ, mais située désormais au plus haut entre haine et amour dans le discours historiographique. D’abord désignée par l’historiographie progressiste comme une aristocrate débauchée et une mauvaise conseillère politique, Marie-Antoinette tend de plus en plus à incarner, chez ses biographes, l’image douloureuse de la mère confrontée à l’épreuve de la mort de ses proches et d’elle-même. Au-delà cette tendance générale de plus en plus affirmée, comment s’y retrouvait dans les gloses superposées des commentaires multiples à son égard ?

Lire la suite

Pauvres et pauvreté. Figures impossibles de l'enseignement secondaire français.   Enseignement

par Marc Deleplace, EA 2616-CERHIC, IUFM Champagne-Ardenne

Évoquer les pauvres et la pauvreté dans les programmes de l’enseignement secondaire français revient en fait à s’attacher à deux ordres de phénomènes qui, pour être ontologiquement liés l’un à l’autre, n’en impliquent pas moins des approches spécifiques. En effet, l’un suppose que l’on cherche à définir un groupe social, ce qui invite à en rechercher les contours, à en saisir la place dans la société, à en différencier les strates, à en comprendre les formes de présence et d’intervention dans l’espace des sociétés. L’autre interroge en premier lieu une situation sociale et demande qu’en soient identifiées les causes, les formes de production, les manifestations propres à la société qui la produit, son poids relatif dans cette société. L’un et l’autre confinent en revanche, même s’ils ne s’y réduisent en rien, aux représentations sociales : représentations construites dans la proximité ou l’éloignement du phénomène, représentations de la société sur elle-même au miroir du phénomène. En même temps, ils incitent à analyser les formes de réaction de cette société en face du phénomène, la manière dont elle intègre ou exclu, le plus souvent les deux à la fois, les pauvres, la manière dont elle accepte ou rejette la pauvreté, les réponses qu’elle prétend y apporter.

Lire la suite

Les privilèges d'Ancien Régime et les inégalités d’aujourd’hui : vers 1789 ?   Actuel

La marche et le rassemblement des doléances, depuis octobre 2006, viennent d’aboutir à la dénonciation des inégalités sociales grandissantes. Rappelons que, dès le départ en janvier 2006, pour le collectif ACLEFEU, "Ce terme de doléances, c'est évidemment pour rappeler 1789. Pour nous, les privilèges n'ont pas toujours été abolis dans ce pays".

Lire la suite

L’idée de révolution aujourd’hui : pour une cosmopolitique de l’économie politique populaire   Annonces

Altermondialisme/anticapitalisme. Pour une cosmopolitique alternative

Congrès Marx International V (3-6 octobre 2007)

Appel à contributions de la section histoire par Florence Gauthier et Jacques Guilhaumou.

Lire la suite

A proposito di felicità, rivoluzione francese, banche dati e linguistica computazionale.   Epistémologie

Par Cesare Vetter, Università di Trieste

Traduction française (pdf) - English translation (pdf)

Fin dalla metà degli anni Novanta ho aperto – presso il Dipartimento di Storia dell’Università di Trieste – un cantiere di lavoro sull’idea di felicità nel XVIII e XIX secolo. Un cantiere di lavoro che comprende ricerche mie personali, discussioni con i colleghi, confronti con gli studenti nell’attività didattica e un ampio e organico piano di tesi di laurea. L’analisi dell’idea di felicità incrocia le problematiche affrontate in precedenti lavori. Integra e per molti versi arricchisce la riflessione sulla dittatura (1) . È mio fermo convincimento che la nozione di felicità è terreno privilegiato – e finora non sufficientemente frequentato – per ricostruire i percorsi del pensiero e dell’iniziativa politica in età moderna e contemporanea. Anche per la nozione di felicità – così come per altre grandi questioni dell’Ottocento e del Novecento – la rivoluzione francese costituisce snodo essenziale.

Lire la suite

Les récits de la pompe funèbre de Marat le 16 juillet 1793   Textes

La quasi-totalité de la presse parisienne rend compte du déroulement de la pompe funèbre de Marat qui se déroule du 16 juillet 1793 à 18h au 17 juillet à 2h du matin. Mais, de fait, seuls trois récits servent de modèles à l'ensemble de la presse : Le « Détail de la pompe funèbre qui a eu lieu hier, 16 juillet, pour les obsèques de Marat » ("Le Scrutateur Universel" du 17 juillet) ; « Paris le 17 juillet... Hier, on fit les obsèques de Marat... » ("Courrier de l 'Egalité" du 18 juillet) ; « Commune de Paris du 17 juillet – Rapport des obsèques de Marat du 16 juillet au soir » ("Feuille de Salut public" du 19 Juillet). Ce sont ces trois récits que nous reproduisons présentement.

Lire la suite

Être noir en France au XVIIIe siècle   Annonces

par Erick Noël

Couverture du livre de Erick Noël

Présentation de son livre Être noir en France au XVIIIe siècle, Paris, Tallandier, 2006

Des « nègres » d’hier aux « renois » d’aujourd’hui, les Noirs de France au sens large – Africains ou Antillais, voire Indiens du sud de l’Asie – n’ont cessé de représenter une minorité diversement perçue et plus ou moins bien insérée dans la société française. Mais alors que la traite négrière et l’exploitation coloniale ont, depuis les travaux de Jean Mettas et de Gabriel Debien, été amplement étudiées, Noirs et gens de couleur amenés au XVIIIe siècle des colonies, sans doute parce qu’ils étaient beaucoup moins nombreux, n’ont pas donné lieu aux mêmes investigations. Qu’on ne s’y trompe pas pourtant : c’est bien du siècle des Lumières que date la première vague d’entrées de non-Blancs sur le sol de métropole, et ce plus de cent ans avant que la formation d’un second empire outre-mer donne des assises élargies aux grandes migrations contemporaines.

Pierre Pluchon, en abordant la question du regard qu’avaient pu porter les Français de l’Ancien Régime sur ces nouveaux arrivants, avait vu dans l’attitude des élites éclairées un mépris du Noir et quelquefois même, derrière les discours humanitaires, un souci inavoué de tirer parti de la traite. De telles appréciations ont paru devoir être reconsidérées, et l’approche affinée par une relecture de tous ceux qui, du philosophe au négociant en passant par le religieux ou le médecin, ont exprimé un point de vue. Il semblerait que Noirs et gens de couleur en général appartenaient encore au début du XVIIIe siècle à un imaginaire nourri par les récits plus ou moins fiables de voyages et toute une littérature encline alors à mésestimer des hommes jugés en Europe aux limites de l’animalité. Considérés comme globalement vils et sans génie aussi bien par la société éclairée que par l’Eglise, même si les philosophes ont pu défendre l’idée qu’un « bon sauvage existait », leur image diversement revue et corrigée a finalement abouti à des conclusions qui ont surtout révélé l’intentionnalité de ceux qui les exprimaient. Dans l’affirmation de l’économie de plantation du dernier tiers du siècle s’est ainsi opposé le regard de l’homme d’affaires, grand propriétaire ou colon d’abord soucieux de profit, et la vision plus humaniste du philanthrope – au reste bien malmenée par les tensions alors croissantes outre-Atlantique

Lire la suite

Ressources numériques sur l'historiographie moderne   Outils

Le site Eliohs ( Electronic Librairy of Historiography, Bibilioteca di Storiografia Moderna) propose, en version intégrale et en format HTML, des classiques de l’historiographie moderne, des ouvrages de méthode et de théorie historiographique, des textes d’érudition, de la littérature de voyage, de la littérature historiographique relative au développement de la culture philosophique, scientifique, politique et économique, des documents biographiques relatifs à la vie des figures importantes de l’histoire, ainsi que des manuels et d’autres écrits documentaires significatifs de l’évolution de l’historiographie dans les Temps modernes.

Lire la suite

Presse 2007: le mot révolution s'invite en instantané dans la campagne présidentielle   Actuel

Les chronomots ou le poids de l'instant

Dans le nuage de mots-clés que nous propose le linguiste Jean Véronis (Centre Informatique pour les Lettres et Sciences Humaines, Université de Provence) sur la base d’un corpus de presse comprenant, au jour le jour, les commentaires journalistiques sur les discours et gestes des principales personnalités politiques impliquées dans la campagne présidentielle en France, et bien sûr leurs discours, le mot révolution s’invite sur l’écran d’un clic du lecteur une fois sa demande inscrite. Nous pouvons ainsi suivre l’usage quotidien de ce terme clé, et bien sûr d'autres termes, sur son site Presse 2007.

Lire la suite

L'esprit de Marat   En ligne

Un blog, L'Ami du Peuple animé par un « collectif de rédacteurs indépendants engagés d'Ile de France » et « créé en la mémoire de Marat, créateur de ce journal de la Révolution française », a été ouvert sur le Web depuis quelques mois. A travers la personne de Marat, il s’agit de défendre des idéaux de justice et d'humanité.

Lire la suite

La Terreur   Dossiers

La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site.

Lire la suite

La Révolution française et le monde   Annonces

Séminaire de Master de Marc Belissa (HHIM209), Université Paris X-Nanterre, Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

On étudiera dans ce séminaire la dimension extérieure de la Révolution française entre 1789 et 1800 : ses conséquences européennes et mondiales, sa politique extérieure. On s’intéressera en particulier aux mouvements révolutionnaires ou patriotiques en Europe et en Amérique pendant cette période. On insistera sur l’historiographie, les sources et les méthodes pour l’étude de la période révolutionnaire en France et en Europe.

Lire la suite

« La terreur à l’ordre du jour » : un parcours en révolution (1793-1794).   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Dans la gamme diversifiée des travaux lexico-sémantiques sur les discours de la Révolution française, les études d’Annie Geffroy (1) et de Gerd van den Heuvel (2) retracent l’histoire du mot terreur pendant la décennie révolutionnaire. L’analyse de discours ouvre à une approche plus événementielle et plus historique des usages de ce mot en se centrant présentement sur l’émergence de l’expression « la terreur à l’ordre du jour » le 30 août 1793 au Club des Jacobins, et sur son devenir jusqu’à la première défaite du mouvement populaire avec l’arrestation des dirigeants cordeliers en mars 1794. Nous nous proposons donc de préciser le contexte discursif de formation de cette expression pendant l’été 1793, puis de suivre sa propagation au cours l’automne 1793 et de l’hiver 1793-1794 en essayant dans le même temps d’en situer les enjeux politiques.

Lire la suite

Alphonse Aulard, Jean Jaurès et l'historiographie républicaine de la terreur   Textes

Alphonse Aulard considère, dans le passage de son Histoire politique de la Révolution française reproduit ci-dessous, que l’on ne peut pas parler de « système de terreur » en l’an II, mais qu’il a bien existé un « régime de terreur », tout particulièrement au moment où « le mot de Terreur fut employé usuellement pour désigner un moyen de gouvernement », c’est-à-dire à partir de la mise à l’ordre du jour de la terreur le 5 septembre 1793. Ainsi « dans la politique gouvernementale, surtout dans les discours, la terreur fut bien à l'ordre du jour pendant quelque temps ».

Lire la suite

La Grande Révolution de 2014   Annonces

Julliard 2014 BF 15

Scénographie de Raphaël Julliard, "La Grande Révolution de 2014" à La BF 15, 11 quai de la Pêcherie à Lyon, du 13 janvier au 3 mars 2007, et conférence le 3 février avec les historiens et historiens d'art Yannick Bosc, Florence Gauthier, Lada Mamedova, Maria Stavrinaki.
Vernissage le 12 janvier 2007 à partir de 18h30.

Sur ce site, voir le texte de Raphael Julliard sur David









La dénonciation chez Marat   Editions

Par Emilie Brémond-Poulle, Université Paris VII-Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage d'Emilie Brémond-Poulle, La dénonciation chez Marat (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 279 pages, l'ouvrage est à lire en intégralité en pdf.

couverture Brémond la dénonciation chez marat

Chaque personnage un tant soit peu célèbre de la Révolution française a hérité d’une réputation, d’un mythe. C’est dire que son nom seul suffit à susciter l’effroi ou, au contraire, l’admiration. Ainsi, si l’on parle de Robespierre « l’incorruptible », de Danton « le vénal », de Mirabeau « l’orateur » ou même de Saint-Just « l'ange exterminateur » ou « l’idéaliste », on évoque Marat « le sanguinaire », « celui qui a été tué dans sa baignoire ». Bien sûr, certaines personnes sont capables de resituer son action de journaliste, mais c’est quand même cette image négative qui l’emporte. Marat, comme beaucoup d’hommes de la Révolution française, est à la fois méconnu et célèbre.

Jean-Paul Marat est né en Suisse, à Boudry dans la principauté de Neuchâtel, le 24 mai 1743. Son père Jean Mara était un prêtre mercédaire d’origine Sarde. Ayant quitté ses fonctions suite à une affaire politico-religieuse, il trouva refuge à Genève. Il se rallie alors au calvinisme et devient dessinateur. Il épouse Louise Cabrol, une jeune femme d’origine française en mars 1741. Ils eurent neuf enfants, Jean-Paul étant le second. Il étudia au Collège de Neuchâtel et quitta sa famille à l’age de 16 ans. Il devint ensuite précepteur du fils d’un négociant de Bordeaux, pendant deux ans. Puis il rejoint Paris (entre 1762 et 1765) où il complète ses études. Il s’initie à la médecine et la philosophie, mais il n’y a pas de trace de diplôme. En 1765, il part pour l’Angleterre et s’y installe dix ans. Il vit tout d’abord à Londres, où il est médecin, puis à Newcastle. Il reçoit son diplôme de médecine à Londres, en 1775, et publie quelques articles sur des sujets médicaux. Cependant, il n’a pas cessé de s’intéresser à la philosophie et à la littérature. Ainsi, en 1775, il est déjà l’auteur de quelques essais et d’un roman. En 1770, il écrit Les aventures du jeunes comte Potowski. L’ouvrage ne fut jamais publié de son vivant. C’est une première tentative. Puis, en 1773, il publie A Philosophical Essay on Man, mais clandestinement. Il ne le traduira en français qu’en 1775. Toutefois, le texte de référence du Marat de ces années là est bien The chains of slavery, publié à Londres en 1774. Le contenu en est éminemment politique. En se basant sur des exemples historiques, il montre comment les despotes accentuent sans cesse leur emprise sur les peuples. Marat a ainsi, simultanément, une activité de médecin, de philosophe et de théoricien politique.

Lire la suite

La République peut-elle être révolutionnaire ?   Annonces

Journée du 3 février 2007 sur les usages de la République et de la Révolution (1789-2006), organisée par le CVUH, amphithéâtre Lefebvre à la Sorbonne.

La Révolution française est devenue une référence de plus en plus décriée. Les marxistes y ont principalement vu le triomphe de la bourgeoisie. Les libéraux en ont fait la matrice des totalitarismes du XXe siècle et aujourd'hui du terrorisme. Certains radicaux dans leur dénonciation du post-colonialisme y voit l'origine d'une société défendant la domination blanche au nom de l'universel, incapable de prendre en compte la diversité humaine. La république, comprise dans la filiation historique de cette révolution, est alors un contre-modèle tandis que pour leurs adversaires libéraux il s'agit de penser une république sans révolution. Cette république qualifiée alors de "modérée" devient l'emblème de la pacification sociale apte à évacuer tout affrontement politique noué aux identités sociales. « Modèle républicain en crise » et « rétablissement » du supposé « ordre républicain » emplissent l'espace public sans qu'on sache de quelle république, de quel ordre et de quel modèle on nous parle. L'objectif de cette journée est d'analyser ces usages au regard des séquences historiques qui ont été celles de l'avènement de républiques forts différentes les unes des autres et de poser de ce fait l'impertinente question : la république peut-elle être révolutionnaire ?

Cette journée proposera de discuter trois enjeux : la notion de modèle républicain, la république et ses exclusions, l'ordre républicain en question.

Voir le programme sur le site du CVUH

Tribulations ministérielles   Actuel

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

« Tribulation : Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. Du latin tribulare, battre avec le tribulum, la herse à battre le blé. »

Dictionnaire Robert

Il était une fois dans un royaume riche et grand par son immense population comme par le faste de sa monarchie, un jeune roi du nom de Louis XVI, qui venait d’accéder au trône. Comme il arrive souvent, il voulut tout faire à l’inverse de son prédécesseur et appela au poste convoité de contrôleur général des finances, qui équivalait à celui de Prime Minister établi dans le royaume voisin, un grand réformateur répondant au nom de Turgot. En ce temps-là, l’esprit de réforme était porté par un parti que l’on désignait par le terme récent de philosophes économistes car, en ce siècle de Lumières, la faculté de philosopher était élevée au pinacle.( Fort heureusement, cela a bien changé depuis et la philosophie est considérée comme une activité réservée aux spécialistes, n’ayant aucun caractère populaire, plutôt dangereuse et l’on préfère les économistes sans philosophie aucune.)

Lire la suite

Le civisme à l'épreuve de la Révolution française   Notions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Confrontée au « nouvel ordre de choses » qui renvoie à la toute puissance d’une nation française une et indivisible, la génération des hommes de la Révolution française invente à sa manière le civisme en le définissant. Mais elle est tout autant prise dans ses limites, en particulier du fait des exclusions partielles instaurées par le nouvel ordre politique au sein d'une part importante de la population, les citoyennes en premier lieu. S’il convient donc de préciser le contexte philosophique du civisme révolutionnaire, il importe tout autant d’insérer une telle élucidation théorique dans un trajet discursif où l’acte de civisme relève de diverses conventions, pratiques et rituels aux effets diversifiés, voire contradictoires (1).

Lire la suite

Nouvelles parutions numériques   Outils

Le site « Les classiques des sciences sociales », dont nous avons déjà signalé ci-dessous l'importance comme outil de travail, s’enrichit, dans sa rubrique nouveautés en novembre 2006, de plusieurs ouvrages relatifs aux Lumières et à la Révolution française. Un récent interview de Jean-Marie Tremblay montre l'immense succès de cette bibliothèque virtuelle.

Lire la suite

Jurys populaires   Brèves

Renaud Dutreil, ministre des PME : "Avec les "jurys populaires", Ségolène Royal "reproduit le schéma des sans-culottes de 1793" (...) Elle "devrait relire l'histoire de la Révolution française". C'est "un pouvoir illégitime qui fait pression sur un pouvoir légitime". La députée des Deux-Sèvres a "franchi le mur du son dans la démagogie". Dominique de Villepin, Premier ministre UMP: créer des jurys citoyens "ramène à des expressions d'un autre âge et souvent funestes", comme les comités de salut public de la Révolution française. Voir un florilège des réactions et se rafraîchir la mémoire sur le discours thermidorien.

Le débat sur le commerce du blé (1768-1775) : formes et porteurs légitimes de la rationalité en question   Etudes

Par Déborah Cohen, Institut Universitaire de Florence.

Le 29 mai 2005, la France vote majoritairement « Non » au référendum qui lui est proposé. Le lendemain M. Barnier, ministre des affaires étrangères, juge que « dans ce référendum, on a bien vu que les Français n’avaient qu’un seul bulletin de vote et qu’ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles (…) sur le sens du projet européen et l’incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte » (1). Pour le ministre, il ne s’agit évidemment pas de tenir compte du rejet du texte proposé, d’y entendre un jugement populaire et censé, construit à partir d’une analyse de ce qui était proposé et d’une confrontation avec la réalité vécue et avec la réalité souhaitée, rêvée peut-être, par les électeurs ; ce qu’il s’agit de prendre en compte, c’est la supposée incompréhension des électeurs qui, interrogés sur un point, auraient, de manière illégitime et comme de mauvais élèves, répondu sur d’autres. Comment le peuple des électeurs a-t-il pu se tromper ainsi ? comment a-t-il pu ne pas voir où se trouvait le vrai, le bon, le juste ?

Lire la suite

Les politiques de la Terreur (1793-1794)   Annonces

Colloque international

Si l'on considère les sujets abordés pendant les trois journées de son déroulement, les 11, 12 et 13 janvier 2007 ce colloque concrétise pour une grande part son programme initial en s'efforcant de "porter un nouveau regard sur la Terreur - enrichi par les apports de la recherche récente - comme moment chronologique précis et fondamental de la Révolution française, ce qui suppose d'observer tous les aspects et les effets de la période et non pas seulement ses violences". Les membres du Comité scientifique sont : Michel Biard, Philippe Bourdin, Françoise Brunel, Haim Burstin, Antonino de Francesco, Pascal Dupuy, Gérard Gayot,Jean-Pierre Jessenne, Christine Le Bozec, Jean-Clément Martin, Christine Peyrard, Timothy Tackett, Éric Wauters.

Nous aurons l'occasion de revenir sur cette manifestation scientifique par un compte-rendu et des commentaires, en lien tout particulièrement avec les interventions publiées sur ce site à propos de la Terreur.

Voir l'affiche du colloque

Sur la Terreur : réponse à David Andress   Réplique

Par Jean-Pierre Gross

Le débat que David Andress a bien voulu engager sur la Terreur, suite aux comptes rendus parus sur son ouvrage, soulève un bon nombre de questions propices à la réflexion. Ne serait-il pas possible, tout d’abord, de dissiper le flou et de se mettre d’accord sur une définition de la Terreur au sens strict du terme ? Sans la confondre, par exemple, à la violence pure et simple, consubstantielle à la Révolution dès ses débuts ? Ou en la limitant chronologiquement, à une période de douze mois (juillet 1793 à thermidor an II) ? Ou à la répression active, dans les zones et villes rebelles, en lui soustrayant les aires relativement pacifiques, exemptes de contestation, où l’incitation prit le pas sur la contrainte ? Est-il permissible de différencier les “bons aspects” et les “mauvais aspects” de la Terreur ? De séparer “la violence légitime de la violence illégitime”? Compte tenu des objections de David Andress, de telles distinctions peuvent paraître, en effet, simplistes ou tendancieuses.

Lire la suite

Terreur et libéralisme égalitaire   En ligne

par Jean-Pierre Gross et Florence Gauthier

L’historien Jean-Pierre Gross est intervenu en 1997, dans le Monde Diplomatique, sur la question du libéralisme égalitaire des Jacobins. Cet article, également disponible sur Espai Marx, a été publié par l’auteur la même année que son important ouvrage, Faire Shares for all. Jacobin Egalitarianism in Practice, Cambridge University Press, 1997, traduit en français sous le titre, Egalitarisme jacobin et droits de l’homme. La Grande famille et la Terreur, Paris, Arcantères, 2000. Jean-Pierre Gross montre que la pratique et l'idéal des jacobins montagnards relèvent d’un projet de société fondé sur la justice et la réciprocité, et renvoient donc à une « grande famille » où le droit à l’existence est assuré au même titre que le droit à l’épanouissement, et où l’esprit de partage l’emporte sur les antagonismes de classes. Projet inattendu et, à n’en pas douter, résolument moderne. Par ailleurs, Florence Gauthier a rendu compte de l'apport important de ce chercheur dans les Annales Historiques de la Révolution française, en deux temps, à propos de l'ouvrage original en anglais, puis par un rappel après sa traduction en français.

Lire la suite

Configurer l'actualité d'un événement : la mort de Marat.   Annonces

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Guilhaumou discours et evenement

Dans un précédent ouvrage sur 1793. La mort de Marat, nous avons déjà décrit en détail la manière dont se déroulent l’assassinat de Marat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793, puis sa pompe funèbre le 16 juillet, montrant ainsi que la mort de Marat n'est pas un simple préambule au culte du martyr de la liberté, sans insister vraiment sur l’actualité de cet événement, sa valeur de signe historique de l’émancipation. Certes, dans un premier temps, il s’agit bien d’un événement majeur de la Révolution française, sans doute par son caractère exemplaire de mort sacrée, mais aussi et surtout par le fait qu’il enclenche le processus de mise à l’ordre du jour de la terreur, si significatif de la puissance du mouvement révolutionnaire pendant l’été et l’automne 1793. Mais, dans un second temps, la description succincte de sa dimension originale d’expérience esthétique nous permet d'appréhender une part de la mesure de la destination humaine, présentement la forme de grandeur sublime à laquelle sont appelés les citoyens lorsqu'ils agissent politiquement et souffrent socialement. En effet, Marat n’est pas simplement devenu glorieux par sa mort, puisqu’il demeure, au terme d’un trajet vers le sublime que nous allons décrire, vivant par son image et son nom. Donc il continue à marquer l’espace politique de la Révolution française, après sa mort, de sa présence agissante et à y témoigner de la souffrance sociale, au titre principal de sa nature héroïque.

Lire la suite

David et la Grande Révolution de 2014   Actuel

Par Raphaël Julliard, concepteur de la chapelle temporaire pour une révolution à venir

Le 12 janvier 2007 aura lieu à Lyon l'inauguration d'une chapelle temporaire pour une révolution à venir. Située dans un espace d'exposition dédié à l'art contemporain, la BF15, sur la place des Terreaux, elle tentera de mettre en place une mythologie basée sur un principe de déterminisme historique pour la seconde moitié du XXème siècle. Une alternance, tous les 23 ans, de fin de guerres et d'événements à caractère révolutionnaire: les bombes en 1945 au Japon; mai 1968; la fin de la guerre froide avec la chute de l'URSS en 1991. Puis 23 ans plus tard, en 2014, le prochain retournement historique. Le projet sur la possibilité de l'avènement d'une révolution en l'an 2014 à commencé par la consultation de documents dans plusieurs domaines : histoire, bien sûr, mais aussi, philosophie, sociologie et histoire de l'art. Dans un premier temps, l'attention c'est portée sur l'autre grande révolution, politique en premier lieu, celle qui fait modèle ou archétype pour celles qui ont suivi, la Révolution française. En cherchant pour cette période, tout au long de ces événements, les liens entre art et révolution, la figure et l'oeuvre de Jacques-Louis David étaient inévitables.

Lire la suite

Faire de l’histoire aujourd’hui   Annonces

Quels changements ont affecté le métier d’historien depuis les analyses qu’en proposait Marc Bloch : aspects épistémologiques, politiques, sociaux et techniques ? Séminaire animé par Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia à l’Institut d'Histoire du Temps Présent.

Lire la suite

Pour une critique de l’histoire « déceptive »   Historiographie

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Rien n’est vraiment identifiable, nous disent les historiens actuels, si l'on fait confiance à la nature en tenant compte de ses objets, de ses contenus et de ses exigences, si l'on attire l'attention sur des processus naturels qui identifient pourtant des choses intéressantes en vue de penser le devenir. De fait l'historien, considérant d'abord l'ancrage du fait historique dans le quotidien et l’imaginaire culturels d’une époque, juge ce monde naturel source d'illusion historiographique. Dans cette perspective "critique", aucun principe explicatif, aucune référence normative ne peuvent être appréhendés selon des causes naturelles, dans la mesure où l'historien pense n'avoir accès à la nature et à ses objets qu'à travers la médiation de données symboliques, elles-mêmes produites par l'activité socio-culturelle. Il convient alors d'adopter, face aux objets historiques « naturalisés » par l'historiographie, une attitude plutôt « déceptive » qui se veut garante, par la critique des « mythes historiographiques », d’une perception « mesurée » de l’avenir. Pour notre part, nous considérons que cette approche historienne procède d'une mise à distance de la part « naturelle » de réciprocité au sein du processus de reconnaissance sociale, là où s'expérimente une émancipation humaine issue de la demande de déclaration et de réalisation des droits naturels.

Lire la suite

La marche des cahiers   Brèves

Octobre 2006 : plus de 20.000 doléances ont été rassemblées par les membres de AC-lefeu qui ont silloné la France pendant plusieurs mois, une action qui se référe à 1789 (Télérama, 14 octobre 2006). « On peut tourner le problème dans tous les sens et jouer sur les mots, mais aujourd’hui encore, on vit dans une société de privilèges et les populations des “quartiers” se sentent mises à l’écart, » explique Samir Mihi, le porte-parole de l’association, et par ailleurs éducateur sportif. Et d'ajouter: « Pour la convocation des états généraux, on se doute bien que le gouvernement traînera des pieds. Mais les cahiers de doléances, ça, on pouvait s’en charger ! »

La Liberté ou la Mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme   Recensions

A propos du livre de Sophie Wahnich, La Liberté ou la Mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme, Paris, Éditions de la Fabrique, 2003.

Sophie Wahnich Vivre libre Terreur

Par Marc Bélissa, Université Paris X-Nanterre.

L’ouvrage de Sophie Wahnich part d’une constatation : la Révolution française est devenue "une figure de l’intolérable politique" (p. 11). La représentation qui s’impose de l’événement révolutionnaire est marquée par le "dégoût pour les crimes politiques du XXe siècle" et par "l’idéalisation du modèle démocratique actuel". La Révolution française constituerait en somme "l’autre de la démocratie" (p. 16). Au cœur de cette construction : la Terreur. Contre une interprétation qui la considère comme une simple justification "utilitaire" de l’élimination des ennemis de la liberté, Sophie Wahnich interroge l’événement et la notion à l’aide des concepts anthropologiques de "sacré" et de "vengeance" puisés chez R. Verdier et D. Vidal. En quatre courts chapitres, Sophie Wahnich entend répondre à la question "comment l’effroi imprimé aux révolutionnaires par leurs ennemis a-t-il été surmonté et transmuté en demande de terreur" mais aussi pourquoi cette demande a-t-elle été entendue ? et enfin, que s’agissait-il de fonder par la Terreur ?

Lire la suite

1788-2006 : le Bayrou de secours   Actuel

Dialogue entre Jacques et Florence sur le dernier livre de François Bayrou, Au nom du tiers état

Lire la suite

Les travaux de l'association POLE NORD sur Jean-Paul Marat   Annonces

oeuvre de Marat Pole Nord

Par Charlotte Goëtz, association POLE NORD, éditrice des oeuvres politiques de Marat

Les éditions de l’association sans but lucratif POLE NORD de Bruxelles ont produit, depuis 1989, un ensemble de publications sur Jean-Paul Marat, médecin, scientifique et homme politique. Cette initiative procède du souci de faire connaître, dans son intégralité comme dans son intégrité, un courant encore mal identifié de l’époque révolutionnaire.

Après la parution, en 2006, des deux Chantiers « Plume de Marat » et « Plumes sur Marat », bibliographie en dynamique sur Jean-Paul Marat, chercheurs, historiens et amateurs du monde entier ont transmis à POLE NORD de nombreuses références complémentaires. A partir de janvier 2008, POLE NORD offre ces nouvelles informations sur son site. L’association y publie aussi les activités et divers articles consacrés à Marat.

Dans la livraison : compléments 2008 - 42 pages en pdf -, on découvre aussi quelques chapitres qui n’avaient pas pu trouver place dans les « Chantiers » : - Marat (et Corday) en chansons, chants, hymnes - Marat en images, Marat dans les arts plastiques - Marat (et Corday) dans la littérature - Marat (et Corday) au théâtre, à l’opéra, au cinéma.

L’esprit des Lumières et de la Révolution 2006-2007   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Les séances se tiendront à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Lire la suite

Response Essay on the Terror   Réplique

Par David Andress, University of Portsmouth

Couverture Andress Terror

My thanks for this opportunity to respond to reviews of my book, The Terror: Civil War in the French Revolution, London, Little Brown, 2005 (1). I shall direct most of my attention to the thoughtful observations of Jean-Pierre Gross in the AhRf, and with the implications of some of his queries, before reflecting on some of the other points that have been raised by reviews elsewhere. Gross poses the question of how we are to understand the Terror as “phénomène stricto sensu”, which left me wondering if I could actually define what that meant. I would certainly not go as far as some and make the Terror conterminous with the fall of the monarchy, as if all that followed was indiscriminate horror. But nor I think can one limit it to the sort of pure ideological drive that Patrice Gueniffey seems to make it, or again the limited, almost humanitarian braking of popular impulse to slaughter that Sophie Wahnich has constructed – wishing, it seems to me, to praise the historical Terror by comparison to an unrealised, worse one which might have been. Jean-Clément Martin’s recent book comes close to some of my own thoughts on the matter, though his suggestion that violence had really infused the whole political landscape by 1793 is a little too vaguely apocalyptic to have my complete agreement. Probably there should be no “The Terror”, and we might speak of “invocations of” and “impulses towards” such a concept, rather than framing it as if it were an official title – after all, as Martin reminds us, despite the rhetoric, Terror was not put “on the order of the day” on 5 September 1793. But we are often reminded these days that there was no “The Renaissance”, either, nor any “Middle Ages”. “The Enlightenment” did not happen per se, and we are far from being certain that there was ever “Modernity”. This very anti-nominalism can itself become a distraction – sometimes a label is just a label. The Terror, officially or not, is what most historians understand to be the period between mid-1793 and mid-1794. Whether that understanding encapsulates a sense of it as a process, a programme, or just a set of dates, will depend on always-questionable historiographical judgments.

Lire la suite

Jacobinisme et marxisme. Le libéralisme politique en débat.   Notions

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

La tradition marxiste, du Jeune Marx à Gramsci, s’est constamment interrogée sur le sens intégral, donc positif, de la notion de jacobinisme, tant sur le plan historique que conceptuel (Guilhaumou, 1985). Les historiens actuels se sont plutôt intéressés à « la fortune et l’infortune » du mot de jacobin auquel s’attache une forte connotation négative ou positive (Ozouf, 1984). Le lexicologue précise pour sa part que l’entrée en politique de jacobin en 1790 se fait dans le cadre d’une association polémique, au sein la presse de droite, qui permet de stigmatiser le club des Jacobins comme extrémiste (Geffroy, 1997). Ainsi le terme de jacobinisme est présent en 1791 dans un quotidien royaliste à succès, le Journal de la Cour et de la Ville. Peu enclins à user abondamment d’un terme de la réaction antirévolutionnaire, les historiens progressistes de la Révolution française, de Jean Jaurès à Albert Soboul, ont, dans le même temps pris leur distance avec le qualificatif d’historien marxiste. Dans son dernier entretien, Albert Soboul (1987) précise: « Je ne pense pas qu’il y ait une histoire marxiste et une histoire qui ne le soit pas ». Il y a l’Histoire tout court ». Sans doute, l’Histoire tout court est marxiste à ses yeux lorsqu’il précise : « Je proteste contre le discrédit auquel on a voué le marxisme à l’heure actuelle et qui, à mon avis, ne s’adresse qu’à un marxisme fermé, dogmatique et sectaire ». Cependant il n’en reste pas moins que les historiens progressistes de la Révolution française refusent d’opposer la méthode marxiste à la méthode de l’historien. Ils considèrent le marxisme seulement comme une méthode critique de recherche et de réflexion, positionnée en complément de la méthode de l’historien.

Lire la suite

Lénine et la révolution   En ligne

par Jean Salem, Centre de recherches sur l’histoire des systèmes de pensée moderne (Paris I -Sorbonne).

Concernant l’idée de révolution, six thèses principales paraissent ressortir d’un examen systématique des Œuvres complètes de V. I. Lénine :

1°/ La révolution est une guerre ; et la politique est, de manière générale, comparable à l’art militaire.

2°/ Une révolution politique est aussi et surtout une révolution sociale, un changement dans la situation des classes en lesquelles la société se divise. Thierry, Mignet, Guizot ou Thiers ont déjà décrit les grands événements de l’histoire passée (et notamment, la Révolution française) en termes de conflits opposant entre elles des classes sociales antagoniques.

3°/ Une révolution est faite d’une série de batailles ; c’est au parti d’avant-garde de fournir à chaque étape un mot d’ordre adapté à la situation objective ; c’est à lui de reconnaître le moment opportun pour l’insurrection.

4°/ Les grands problèmes de la vie des peuples ne sont jamais tranchés que par la force. Et, comme « tout le XIXe siècle s’est écoulé sous le signe de la Révolution française », on peut soutenir que « la classe révolutionnaire du XXe siècle a sa Montagne et sa Gironde (comme la bourgeoisie avait les siennes) ».

5°/ Les révolutionnaires ne doivent ni ne peuvent renoncer à la lutte en faveur des réformes.

6°/ À l’ère des masses, la politique commence là où se trouvent des millions d’hommes, voire des dizaines de millions. Et les foyers de la révolution tendent à se déplacer vers les pays dominés.

Lire la suite

Laconisme et abondance : deux modèles pour le discours révolutionnaire   Mots

par Agnès Steuckardt, Laboratoire "Parole et langage", Université de Provence (Aix-Marseille I).

La présente contribution ouvre le débat sur les modèles qui présidaient, pendant la Révolution française, à l’élaboration du discours. Alors que, comme l’ont souligné à juste titre les synthèses les plus récentes, les révolutionnaires ont beaucoup décrié les séductions rhétoriques et se sont volontiers réclamés du laconisme, ils n’ont pas, à l’évidence, renoncé à l’abondance de l’éloquence. Cette pratique, apparemment contradictoire avec leur modèle théorique, n’est pas sans avoir fait elle-même l’objet d’un discours métadiscursif avant et pendant la Révolution. Les deux modèles, laconisme et abondance, semblent en fait coexister ; les modalités de leur articulation nous sont suggérées par certains passages de ces textes métadiscursifs, qui, en même temps qu’ils prônent un certain style d’expression, indiquent à quelle situation de parole il convient : si le laconisme caractérise la parole de celui qui détient l’autorité, les développements abondants semblent demeurer nécessaires à celui qui cherche à la conquérir.

Lire la suite

Marx au XXIè siècle : L'esprit et la lettre   En ligne

Sur le site Marx au XXIè siècle : L'esprit & la lettre vous trouverez des textes téléchargeables et le programme du séminaire mensuel organisé avec le soutien du Centre de recherches sur l’histoire des systèmes de pensée moderne (dir. Jean Salem), de la revue ContreTemps (Textuel) et du Cerphi (dir. P.-F. Moreau).

Lire la suite

Un parcours notionnel : patrie, patriotisme.   Mots

par Jacques Guilhaumou et Raymonde Monnier, CNRS.

dictionnaire usages socio politiques Guilhaumou Monnier

Le huitième fascicule du Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), dont nous présentons l'introduction (1), s’inscrit résolument, par son choix thématique, dans une perspective d’histoire des concepts aux enjeux précisés par ailleurs (2). Il procède de la rencontre entre des chercheurs de diverses disciplines sur le terrain d’une notion-clé, la patrie. Il importe de préciser d’emblée que le meilleur moyen d’appréhender le déploiement d’un concept dans son historicité est d’éviter toute approche analytique sur la base d’une modélisation a priori de ses formes d’expression. S’agissant d’une notion-concept profondément ancrée dans la culture politique, il convient d’en cerner les usages et les significations conjoints à partir d’une série ouverte de questions : Peut-on parler d’un patriotisme monarchique et aristocratique avant la Révolution française ? Comment évolue le terme de patriote avant de devenir synonyme de révolutionnaire ? Quelles sont les traditions civiques, esthétiques et éthiques dans lesquelles s’actualise la référence à la patrie ? Comment appréhender la question morale au contact de l’apparition d’une science des mœurs ? Qu’en est-il du renouveau patriotique en 1789 par rapport à la formation d’une nation libre ? Comment se manifeste la passion patriotique tout au long de la Révolution française ?

Lire la suite

Les femmes et la Révolution française : recherches en cours.   Synthèses

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, UMR "Telemme", MMSH/Université de Provence

Les débats autour de la parité ont fourni l'occasion de réfléchir sur la participation des femmes à la vie politique en France et, en particulier, sur les raisons de la faiblesse de leur nombre dans les deux chambres législatives (1). Au delà des explications à dominante sociologique, cette faible représentation nous renvoie aux racines historiques d’un phénomène qui paraît plus durable en France que dans d’autres États européens, avec un ancrage spécifique dans la Révolution française (2). Dans un pays où les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’en 1945, l’absence de tradition d’action politique pourrait bien sûr être mise en cause. De fait, pendant une période particulièrement longue, les possibilités d’expression des femmes dans le domaine politique étaient limitées et la norme sociale tendait à les exclure de l’espace public pour les cantonner dans la sphère privée. Sous l’Ancien Régime, la théorie politique exclut explicitement les femmes, et de ce point de vue, l’exclusion est plus marquée en France que dans la plupart des autres États européens à cause de la loi salique (3). La Révolution peut alors apparaître comme une occasion manquée pour l’accession des femmes aux droits politiques (4). En effet, leur cas se sépare de celui des hommes des catégories populaires puisqu’elles n’obtiennent à aucun moment le droit constitutionnel de s’exprimer par le suffrage, ni celui d’exercer des fonctions officielles de responsabilité mêmes locales et, le plus souvent, elles n’ont même pas voix délibérative dans les assemblées (5). Les refus vont de la privation du droit de vote à l’interdiction de défendre la Nation dans l’armée, le 30 avril 1793, et à la fermeture des clubs féminins, le 30 octobre 1793.

Lire la suite

La Révolution comme confirmation de la spécificité française   Annonces

Par Daniel TEYSSEIRE, Professeur des universités honoraire.

Couverture du livre de Raymonde Monnier

Notre propos tend à situer la Révolution française dans le cadre d'une analyse sur la longue durée de ce que certains médias appellent encore - mais moins souvent que naguère - l'exception française, en particulier par rapport à l'Europe. Ainsi est montré successivement comment le royaume franc de Clovis le catholicisé se différencie des autres royaumes européens dits barbares attachés à l'hérésie arienne, comment le royaume de Philippe-Auguste est pleinement souverain par rapport à cette entité européenne qu'est le saint-Empire romain germanique, comment les souverains valois et bourbons récusent la dominance européenne catholique des Habsbourg, comment, enfin, la France révolutionnaire et républicaine se démarque souverainement du reste d'une Europe monarchiquement conservatrice. Ce suivi, dans le temps très long, de la différenciation française par rapport au reste de l'Europe constitue le décryptage sous des formes historiques variées d'un invariant ou d'un quasi-invariant, la volonté de constituer un corps politique transcendant tous les particularismes, ethniques, religieux, économiques, etc... Ce type de décryptage, voilà en quoi consiste la politique historique, si différente ainsi de l'histoire politique qui analyse les idées et les faits politiques dans le temps, sans trop guère se soucier d'en trouver l'invariant ou le quasi-invariant. Nous en présentons le résultat à propos de la Révolution française elle-même.

Lire la suite

Autour de Michelet : l’esprit, le sexe, l'histoire et la Révolution française.   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

« Les seuls événements de ma vie ont été mes idées » (Michelet)

Au portrait d’un Michelet « malade d’Histoire » dressé par Roland Barthes dans son Michelet publié en 1954, avec l’épisode bien connu de sa migraine « historique » au contact des massacres de septembre 1792, Paul Viallaneix, dans son ouvrage présenté en 1998 sous le titre Michelet, les travaux et les jours (1798-1870) a substitué une approche plus sereine d’un historien pris dans les combinaisons au quotidien de la vie intellectuelle. Dans son récent Jules Michelet. L’homme histoire (Grasset, 2006), Paule Petitier y ajoute plus que de simples considérations sur les fulgurances de l’historien, au titre de son génie propre. Elle apporte une touche personnelle, une lucidité particulière dont Jacques Seebacher, dans sa récente chronique de La Quinzaine littéraire (N°927, 16-31 juillet 2006), se demande si ces qualités ne sont pas issues tout autant d’une « féminité institutrice » que de son expérience textuelle consécutive à une lecture particulièrement minutieuse du Journal et de la Correspondance de Michelet, tout en les resituant avec précision dans leur contexte historique.

Lire la suite

La Révolution française et la postmodernité   En ligne

Les éditions University of California Press mettent à la disposition des lecteurs sur le Web l'ouvrage collectif The French Revolution and the birth of Modernity édité par Ferenc Fehér. Publié en 1990, cet ouvrage relève d'un moment historiographique précis, celui des débats du bicentenaire de la Révolution française d'autant qu'il prend parti, du moins dans l'introduction de Ferenc Fehér, pour la "nouvelle tradition" de l'historiographie critique autour de François Furet à l'encontre d'une historiographie classique qualifiée alors d'historiciste et de "domestique". Mais, il procède aussi d'une interrogation conjointe sur "la conscience herméneutique" d'une modernité politique dont il faut toujours se demander actuellement si elle a atteint son terme, ou si elle est encore en progrès.

Lire la suite

Le mouvement anti-CPE et la mentalité révolutionnaire   En ligne

Le France-Mail-Forum, journal électronique francophone et cosmopolite animé par Klaus Schüle propose, dans la rubrique articles et débats du Numéro 41 de mars 2006, plusieurs analyses du mouvement de protestation antiCPE. La référence à la tradition de 1789 et à sa marque spécifique sur la mentalité révolutionnaire française est soulignée de diverses façons, tant sous la forme d’une interrogation, côté observateurs français, sur l'émergence possible d'un nouveau Tiers-Etat, qu’au travers de la mise en évidence de la réalité toujours vivace des symboles et des mots forts de 1789 par les observateurs allemands.

Lire la suite

Les classiques des sciences sociales et la Révolution française   Outils

logo publication en ligne sciences sociales Le site « Les classiques des sciences sociales », sous la responsabilité du sociologue Jean-Marie Tremblay constitue un outil exceptionnel d’investigation tant sur les auteurs classiques, que sur les sciences sociales contemporaines et la méthodologie en sciences sociales, dont on connaît l’influence constante, génération après génération, sur les historiens de la Révolution française.

Lire la suite

La politique de la langue pendant la Révolution française. L’œuvre de Brigitte Schlieben-Lange (1943-2000).   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Depuis la publication des ouvrages de Renée Balibar et Dominique Laporte sur Le français national (Hachette, 1974) et de Michel de Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel sur Une politique de la langue. La Révolution française et les patois (Gallimard, 1975), deux types de travaux se sont multipliés dans le domaine de la politique linguistique pendant la Révolution française: les uns basés sur un relecture minutieuse des matériaux réunis dans la monumentale Histoire de la langue française de Ferdinand Brunot, les autres à partir de documents des Archives nationales revisités à la lumière d'interprétations nouvelles. La multiplication de ces travaux depuis vingt ans permet actuellement d'avoir une vue d'ensemble du trajet de la pensée linguistique pendant la Révolution française.

Lire la suite

Paul Lafargue et la Révolution française   En ligne

Paul Lafargue aborde l’étude de la société française du 18ème et 19ème siècles du point de vue des classes sociales et de la langue. Il le fait principalement à propos de la Révolution française qui tout à la fois impose le pouvoir de la classe bourgeoise et révolutionne la langue.

Lire la suite

Grégoire, un philosophe chrétien d’obédience républicaine.   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Dans un article récent, intitulé «De la littérature des nègres de l’abbé Grégoire: un plaidoyer manqué ? », Cromohs, 10 (2005): 1-6, disponible en ligne, Carminella Bondi rappelle que, lorsqu’en 1819, le Département de l’Isère élut l’abbé Grégoire à la Chambre des Députés, la polémique s’enfla. On tenta de le convaincre de démissionner, il refusa. Mais en fin de compte son élection est invalidée. Et Carminella Bondi d’ajouter : « A l’un des députés (d’Argenton) qui s'efforçait de lui faire comprendre que les temps avaient changé, il répondit: ‘J’ai traversé vingt-cinq ans de Révolution. J’ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même’ ». Cette réplique caractérise bien le personnage qui, à un moment aussi difficile que celui du rétablissement de l'esclavage dans les colonies et l'établissement d'un ordre raciste, au départ sous l’égide napoléonienne comme le rappelle Florence Gauthier sur le présent site, donc dans un contexte de rupture avec la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, publie un ouvrage intitulé De la littérature des Nègres, où il continue à plaider, comme pendant la Révolution, la cause des Noirs et des métissés discriminés par le préjugé de couleur. Son Apologie de Las Casas (1800), analysée par Jean Daniel Piquet dans un article de la Revue d’histoire et de philosophie religieuses de 2002, participe de la même dimension émancipatrice jamais démentie de sa pensée. La philosophie de Grégoire, au plus près de ses écrits, de ses engagements, tout particulièrement pendant la Révolution française, et de ses liens privilégiés avec d’autres révolutionnaires, mérite donc un attention particulière, présentement sur la base de trois récents ouvrages à son propos.

Lire la suite

Contre nous de la tyrannie... Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution   En ligne

par Josiane Boulad-Ayoub, professeur titulaire de philosophie à l'UQUAM

La célèbre devise de la Révolution qui s’imposera partout, des premières lignes de la Déclaration des droits aux bannières de la république naissante, en passant par les projets de décors ou de costumes de David, les cartes à jouer ou les estampes populaires, a d’abord été découpée dans le Contrat social, dans l’Émile ou dans les articles de l’Encyclopédie par les Marat, les Robespierre, et les Desmoulins. Les composantes maîtresses du discours philosophique ont formé la base doctrinaire de leurs harangues révolutionnaires qui, jour après jour, répétaient au peuple l’évangile théorique contenu dans des livres bien trop savants ou bien trop chers pour lui. C’est par ces interprètes, journalistes, médecins ou avocats que les paroles de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et de d’Holbach ont été révélées aux simples soldats de la Révolution. Ainsi explicitée, adaptée, transformée, la Philosophie a pu servir de garant aux idées et aux valeurs que la Démocratie française propageait sur toute l’Europe, et qui, au nom des lois de la République une et indivisible, au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, faisait trembler les tyrans sur les champs de bataille ou, chez elle, guillotinait le roi.

Extrait de l’introduction de l’ouvrage de Josiane Boulad-Ayoub, Contre nous de la tyrannie…Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution publié en 1989, désormais disponible sur le Web par les soins de Jean-Marie Tremblay. Nous trouvons aussi sur le Web le numéro spécial des Etudes françaises, volume 25, 2-3 (1989) que Josiane Boulad-Ayoub a dirigé sur L’esprit de la Révolution.

Marat assassiné   Actuel

dessin plantu Marat














Dessin de Plantu publié dans Le Monde du 24 mai 2006, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Dans le Canard enchaîné du 21 juin 2006 cette brève : « Auteur d'un tout récent 1788, essai sur la mal-démocratie, l'ancien ministre et toujours radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg développe sa comparaison dans diverses interviews, et notamment dans Le Parisien (17/6) : "Villepin est dans la position d'indifférence aux attentes populaires que pouvait incarner Marie-Antoinette en 1788". Ce qui promet pour l'avenir - et pour la tête - de notre Premier ministre. Que le grand Indifférent n'en profite pas pour penser qu'il fera, lui aussi, l'objet d'un film à grand spectacle -et d'une pelletée de bouquins- dans 218 ans.»
















Robespierre, défenseur de Marseille en 1791   Textes

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Lorsque les députés de Marseille précisent, dans une lettre à la Municipalité du 18 mars 1791, que « le patriotisme des Marseillais et leur noble dévouement n’ont jamais été méconnus dans l’assemblée nationale, et leurs concitoyens membres de cette assemblée n’ont laissé aucune occasion pour montrer quels étaient leurs principes », ils espèrent que « leur conduite sera un jour mieux appréciée ». A vrai dire, la Municipalité de Marseille, fort circonspecte sur leur action, préfère s’adresser à M. Robespierre, le 18 avril 1791, dans les termes suivants : « Vous avez déjà donné, Monsieur, à l’Assemblée patriotique de Marseille, des preuves d’un honorable attachement. La ville entière dont nous sommes les organes vous invite aujourd’hui à prendre sa défense. Sa cause est digne de vous, c’est celle du patriotisme luttant contre la calomnie, et de l’honneur repoussant la tâche dont on voudrait le flétrir ». Débordé de travail, Robespierre ne répond pas immédiatement à la Municipalité, qui lui écrit de nouveau le 27 mai, alors qu’il vient de lui envoyer une lettre qui n’est pas encore arrivée à bon port.La Municipalité de Marseille précise une fois de plus son attachement à la personnalité de Robespierre : « Elle se repose avec confiance sur les sentiments qui vous animent. Elle ne sera point sans défenseur tant que vous serez dans le sein de l’Assemblée nationale pour y soutenir la cause de la justice et de la liberté ; mais daignez lui donner une marque de votre attachement ; elle n’a pas besoin d’assurance, mais elle désire posséder dans ses archives une de vos lettres, qui soit le contrat de votre amitié, et le monument le plus précieux de son patriotisme. ».

Lire la suite

La Révolution française dans le débat politique : un enjeu   Actuel

Depuis quelques semaines, à la une du Monde, Plantu dessine les socialistes en sans-culottes avec bonnets phrygiens et piques. Mais si l'on suit Jean-Luc Mélenchon, la référence à la Révolution française chez les socialistes pourrait se réduire à la crainte du « royalisme » (de Ségolène).

Lire la suite

Le républicanisme avant la République. François Robert et le cercle du Mercure national   Annonces

Par Raymonde Monnier, CNRS.

Couverture du livre de Raymonde Monnier Extrait du chapitre 6 de Républicanisme, patriotisme et Révolution française, Paris, L’Harmattan, collection Logiques historiques, 2005, 360 p., auquel il convient de se reporter pour les références érudites.

La liberté d’expression et l’explosion de la presse aux premières heures de la révolution donnent naissance à une sphère démocratique de discussion où chacun s’autorise à donner son opinion sur la politique et les sujets d’intérêt général. L’essor de la presse quotidienne met la population parisienne au centre d’une révolution de l’information et de la communication, dans un espace symboliquement remodelé par l’installation du roi et de l’Assemblée à Paris. Avec le développement de la presse d’opinion dans les dernières années de l’ancien régime, la révolution donne naissance à une nouvelle figure du journaliste, le « journaliste patriote ». Dans un processus d’identification à une figure exemplaire, au nom d’une éthique de la vérité et de la justice, le journaliste auteur assume non seulement une fonction d’information, mais encore une fonction critique, voire une magistrature civique et participe d’un nouveau pouvoir (1).

Lire la suite

« Nous des Annales » : un compte rendu de Richard Cobb dans le Times Literary Supplement en 1966   Historiographie

Par Julien Louvrier, GRHIS-Université de Rouen.

Voici présentée dans une traduction française inédite, la recension proposée par l’historien britannique Richard Cobb, de l’ouvrage de François Furet et Denis Richet, La Révolution Française (1). Ce compte rendu au ton très virulent a été publié le 8 septembre 1966 par le Times Literary Supplement (T.L.S.) sous le titre « Annalists’Revolution », sans qu’il soit fait mention du nom de l’auteur, comme il était alors d’usage dans les colonnes de l’hebdomadaire londonien. Il a fallu attendre la seconde parution du texte dans le recueil A Second Identity (2), avec un nouveau titre, « Nous des Annales », pour découvrir enfin l’auteur de ce brûlot.

Lire la suite

Institutions civiles et Terreur   Synthèses

Par Françoise Brunel, Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne.

Cette contribution prend le risque de s’inscrire aux marges de la tradition historiographique classique. Ce sont, en effet, les rapports entre politique et esthétique qui seront abordés par l’évocation rapide de quelques textes officiels de l’an II. Telle approche peut surprendre, tant elle s’éloigne de deux voies interprétatives majeures : un Gouvernement révolutionnaire dégénérant en « violence d’Etat » (Albert Soboul), ou bien « l’abdication de la liberté sous la pression de la nécessité » (Hannah Arendt). Ce qui semble se perdre dans ces deux analyses, c’est le difficile enchevêtrement de la révolution comment et de la révolution pourquoi, de la politique et du programme, du devoir-faire et du devoir-être. Aussi la lecture ici tentée fera-t-elle retour à quelques textes majeurs, aventure relayée par les réflexions dans le domaine des stratégies langagières en analyse de discours (1).

Lire la suite

Une école républicaine à construire, pas à restaurer   En ligne

Le site L'école en débat, civilité, citoyenneté, autonomie "souhaite ouvrir des pistes de réflexion dans un certain nombre de champs, notamment au croisement du politique et de l'éducatif : laïcité, justice, autonomie de la personne, formation du citoyen, mémoire et histoire, construction d'une civilité et d'une morale renouvelées, prévention de la violence".

Où Marie-Antoinette est Madame de Staël ?   Recensions

StaelMadame de Staël, Réflexions sur le procès de la reine par une femme (1793), présenté et annoté par Monique Cottret, Les Editions de Paris, 2006, 126 pages.

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, CNRS-ENS LSH Lyon.

Monique Cottret - dont nous avons pu déjà apprécier la récente biographie intellectuelle sur Jean-Jacques Rousseau en son temps (Perrin, 2005) écrite de concert avec Bernard Cottret (1) - présente longuement ce court texte de Madame de Staël qui vise à défendre la reine dans l’opinion, et plus particulièrement auprès des femmes par un usage intensif d’un registre sensible sur le ton du passage introductif suivant : « Oh ! vous, femmes de tous les pays, de toutes les classes de la société, écoutez-moi avec l’émotion que j’éprouve ; la destinée de Marie-Antoinette contient tout ce qui peut toucher votre cœur » (page V). Au premier abord, un tel accent sur le registre naturel de la morale et du sensible, et plus spécifiquement sur le portrait de Marie-Antoinette en tant que mère, peut sembler tendre à l’absoudre des crimes que les révolutionnaires lui imputent tant dans sa conduite sous l’Ancien Régime qu’au cours de la Révolution française. Si, comme le souligne Mona Ozouf dans Les mots des femmes (Fayard, 1995), « c’est être réactionnaire que de croire à une féminité inscrite dans la nature, à une ‘vocation naturelle’, alors Madame de Staël l’est à l’évidence » (p. 138), précise-t-elle dans le portrait qu’elle exhibe de sa perpétuelle inquiétude. Et elle l’est ici tout particulièrement parce qu’elle dresse le portrait d’une reine dotée de « « vertus maternelles », de « l’austérité de la morale et de la raison », de « piété religieuse », de « tendresse dévouée », voire d’héroïsme alors que l’on porte atteinte à la vie de ses proches, puis d’elle-même, toutes vertus choyées par la nature. Plus la reine s’approche de sa fin, plus elle tend de toutes ses forces vers le retour à une telle nature, abandonnant par là même toute défense contre la calomnie.

Lire la suite

Actualité Marie-Antoinette à Cannes   En ligne

Voir la bande annonce du film de Sofia Coppola, lire l'article "Marie-Antoinette une jeune fille d'aujourd'hui" sur le site Zéro de conduite (cinéma et éducation), et à sa suite, les commentaires des lecteurs : "Ah, la jeunesse dorée de Versailles, les teufs, le luxe, comme c'est charmant… Cette bande-annonce réveille en moi des pulsions de sans-culotte… Ah, ça ira, ça ira…".

Critique du concept de "révolution bourgeoise" appliqué aux Révolutions des droits de l'homme et du citoyen du XVIIIe siècle   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

La tradition marxiste voit dans les révolutions de la liberté et de l’égalité, qui précédèrent ce que l’on a appelé “la révolution prolétarienne” inaugurée par la Révolution russe, des “révolutions bourgeoises”. On sait que Marx a laissé des éléments d’analyse, qui présentent des moments différents et même contradictoires de sa réflexion, correspondant à l’évolution de ses connaissances et de sa compréhension de la Révolution française. Le schéma interprétatif, dont il sera question ici, a été produit par la tradition marxiste et est, lui-même, une interprétation des analyses laissées par Marx. Toutefois, mon propos n'est pas de reconstituer comment un tel schéma interprétatif a été produit, bien que ce travail reste à faire, il est même urgent, mais, plus précisément de chercher à savoir si ce schéma interprétatif correspond à la réalité historique. Pour situer le problème, je me limiterai à l’exemple de ce que l’on appelle “la Révolution française”. Et je voudrais commencer en rappelant rapidement les souffrances que quelques grands historiens marxistes se sont infligés pour faire cadrer les résultats de leur recherche avec le schéma interprétatif de la “révolution bourgeoise”.

Lire la suite

Banlieues, CPE, Clearstream et les "futurs sans-culottes"   Brèves

Commentaire d'un lecteur sur le blog de Libération (9/05/2006) :

"Le manque de communication, surtout de la part du gouvernement, est criant d'autant plus qu'il revendique obstinément cette communication : dans l'intérêt général, messieurs les politiciens, parlez quand vous avez quelque chose à apporter (genre des propositions et leurs explications ou motivations : la plèbe PEUT COMPRENDRE) car, pour les explications, c'est à la justice ou aux futurs sans-cullotte qu'il faudra s'adresser !"

Lire tout le commentaire

Etre admis à l'exercice des droits de citoyen français   Brèves

Constitution du 24 juin 1793. Article 4 :

" Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des droits de citoyen français."

La Révolution française à l’horizon du mouvement social. Une question de visibilité sociale   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, CNRS-ENS LSH Lyon

Un enjeu éthique

Fortement marqué par la recrudescence au cours des années 1990 du mouvement social par le fait des luttes et de la parole des sans, nous avons essayé d’en évaluer les caractéristiques propres à l’épreuve de la Révolution française, et tout particulièrement du phénomène conjoint des porte-parole (Guilhaumou, 1998b). Nous avons voulu ainsi attester du présent de la Révolution française dans le mouvement social, donc sa part inhérente, voire immanente, aux ressources cognitives permettant de comprendre la portée émancipatoire des luttes sociales actuelles. Nous avons ainsi contribué, nous semble-t-il, à donner une visibilité et une centralité historiques à un mouvement des sans relégué trop souvent sur les marges de la société.

Lire la suite

A propos d'Etats Généraux, le chroniqueur Denis Sieffert   Brèves

Politis, 16/05/2002 :

"Que la gauche de gouvernement accepte le dialogue avec la partie de l’extrême gauche qui y est disposée, et avec un mouvement social trempé dans la plus ingrate des réalités. Comment réunir tous ces gens ensemble ? Comment convaincre les uns qu’ils ont beaucoup à réapprendre du vrai monde, et les autres que toute gestion n’est pas nécessairement honteuse ? C’est le sens de notre suggestion d’états généraux de la gauche. Comme en mai 1789, commençons par l’inventaire. Il s’agirait aussi de redéfinir devant les acteurs de toutes les gauches ce qu’on appelle le « réalisme ». Cet insidieux diktat qui a fini, pour les uns, par rendre superflu d’écouter et, pour les autres, vain de proposer."

Lire l'article

"Aux arts citoyens. La révolution par l'image"   Actuel

Par le collectif Art dans la ville. Installation-Performance du 12 au 22 avril 2006 à Paris.

Voir le site

A propos d’un slogan du mouvement antiCPE   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

« Tout est à nous, rien est à eux », ce slogan du mouvement actuel de protestation contre le CPE résonne au plus profond des prémisses de la Révolution française. Faut-il rappeler ici les célèbres questions de Sieyès : « Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A y devenir quelque chose. »

Lire la suite

Emeute urbaine : une nouvelle révolution française ?   Actuel

Entretien entre le Père Duchêne et Jean-Bart.

D’après le message sur : http://1001rss.lezink.com/forum/showthread.php?tid=66&pid=190#pid190

Jean-Bart : Salut, gloire, santé, bon vin et bon tabac au révérend Père Duchesne.

Père Duchêne : Ah c’est toi, foutu bancal, et d’où diable viens-tu avec cette figure hétéroclite, à l’heure qu’il est.

Jean-Bart : Je viens d’un débat sur les émeutes qui s’ouvre maintenant un peu partout en France.

Lire la suite

1793-94 : La Révolution abolit l'esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

S'il y eut rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises d'Amérique, c'est bien parce qu'il y avait été précédemment aboli. Cela s'était réalisé en deux temps en 1793 puis en 1794. Tout d'abord, la colonie de Saint-Domingue, où une insurrection des esclaves avait commencé depuis la nuit des 22-23 août 1791, parvint à déclarer l'abolition de l'esclavage le 29 août 1793. Six mois plus tard, la Convention montagnarde s'engageait à aider la Révolution de Saint-Domingue et élargit l'abolition à toutes les colonies françaises par son vote du 16 pluviôse an II-4 février 1794. Il faut savoir que cette histoire de l'abolition de l'esclavage, puis de son honteux rétablissement, a été l'objet d'une double occultation qui n'a commencé de se dissiper que très récemment, depuis environ une quinzaine d'années. Je propose donc de raconter cette histoire où se mêlent le pire et le meilleur de l'humanité en trois temps :

- qu'était-ce qu'une colonie à esclaves sous l'ancien régime ?



- qu'a-t-on aboli en 1793 puis en 1794 ?

- qu'a-t-on rétabli et établi en 1802 ?

Lire la suite

La haine de la Révolution française, une forme de haine de la démocratie   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

D’après l’ouvrage de Jacques Rancière, La haine de la démocratie, Paris, La Fabrique, 2005, 106 pages, et à propos d’un article du Monde des Livres sur le livre de Michel Vovelle, La Révolution française expliquée à sa petite-fille, Paris, Seuil, 2006, 112 pages.

« Pour nous les jeunes, qui voyons la Révolution de si loin, tu crois qu’elle a encore un sens – (Michel Vovelle) Cette Révolution dans l’histoire reste aussi notre révolution, c’est pourquoi je l’aime. Mon maître Labrousse en parlait comme de ‘la révolution des anticipations’ » (page 100)

Jacques Rancière mène, depuis La Mésentente (1995), une réflexion sur la place en surnuméraire du peuple agissant dans les sociétés politiques, et plus précisément sur la démocratie comme mode de subjectivation du politique, en mettant l’accent sur ce moment où s’interrompt l’ordre dominant au titre d’un dispositif singulier de subjectivation qui concrétise l’effectivité d’une part des sans-parts, de l’exemple historique du Tiers-Etat à la réalité contemporain des Sans. Il s’agit bien de contester ce que l’on met ordinairement sous le nom de démocratie, c’est-à-dire une pratique consensuelle d’effacement des formes de l’agir démocratique. Cependant les choses se compliquent singulièrement au regard du renouveau actuel d’une haine de la démocratie, définie fort intentionnellement comme le règne du désir illimité des individus de la société de masse moderne. A travers l’usage actuel et dominant du mot de démocratie, Jacques Rancière perçoit la dénonciation, par les gouvernements en place, d’un mal qui renvoie à l’intensité de la vie démocratique, perçue sous la forme d’un pouvoir anarchique du peuple. Certes la mise en visibilité du surnuméraire, qui oblige de prendre en compte, par le fait du litige, la part de l’incompté dans la société, permet de donner une autre définition de la démocratie : ainsi elle n’est ni un type de constitution, ni une forme de société, mais elle est tout simplement « le pouvoir propre à ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés » (p. 54), le pouvoir politique donc.

Lire la suite

La guerre révolutionnaire, vue de l’arrière   Annonces

Préface de Christine Peyrard, professeur à l'Université de Provence, au livre de Nathalie Alzas, La liberté ou la mort ! L’effort de guerre dans le département de l’Hérault, Aix, PUP, 2006.

Au centre de la réflexion de ce livre figure la place de la guerre dans la Révolution française. Car la guerre qui éclate le 20 avril 1792 était annoncée dès le début de la Révolution. D’emblée, la guerre présente plusieurs facettes avec, d’abord, la rumeur et la peur d’une invasion étrangère, conduite par des princes émigrés et soutenue par la contre-révolution intérieure. C’est, ensuite, le sentiment de force collective qui se développe dans le cadre d’un mouvement révolutionnaire opposant la cause des peuples à celle des rois et déclarant la « guerre aux châteaux et la paix dans les chaumières ». C’est, surtout, l’intense mobilisation patriotique et l’organisation de la défense nationale en l’an II de la République une et indivisible. Enfin, le passage de la guerre défensive à la guerre offensive ouvre une nouvelle ère à l’époque de la Grande Nation. Nathalie Alzas nous invite à distinguer ces différents moments, non point à travers les levées des soldats et l’étude de la société militaire, mais à partir de l’arrière et de la nation nouvelle.

Lire la suite

Centralisme ''jacobin'', vraiment ?   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

"Abusés par les mots, les hommes n'ont pas horreur des choses les plus infâmes décorées de beaux noms ; et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aussi, l'artifice ordinaire des cabinets est-il d'égarer les peuples en pervertissant le sens des mots, et souvent des hommes de lettres avilis ont l'infamie de se charger de ce coupable emploi." Jean-Paul Marat, The Chains of Slavery, London, 1774, Les chaînes de l'esclavage, Paris, 1792, rééd., Bruxelles, Pôle Nord, 1995.

Avec quoi peut-on penser ? Sans doute avec des mots et des concepts. Les ministres, les députés et la presse en utilisent un qui me plonge régulièrement dans des abîmes de perplexité, c'est celui de centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur. L'abus qui en a été fait et qui se poursuit m'a incitée à le clarifier. Centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur, qu'est-ce que cela est sensé désigner ? Une politique de centralisation administrative. L'exemple qui vient illustrer ces termes est le plus souvent celui des préfets. Ce centralisme sans qualificatif est présenté comme une spécificité politique française, celle de la monarchie, mais aussi celle de la Révolution de 1789, et c'est là qu'il devient jacobin et, curieusement, le demeure ensuite, comme si la politique française était, ou fut longtemps, jacobine jusqu'au jour de renouveau où la décentralisation vint enfin. Mitterrand parlait de la décentralisation à laquelle il œuvra comme d'une révolution dans le sens où elle interrompit la tradition française de centralisation. On trouve encore le qualificatif jacobin jeté comme une insulte à quelques hommes politiques, comme Pasqua. Il se pourrait que le plus effrayant des deux soit Pasqua !

Lire la suite

La mémoire contre l'événement révolutionnaire   Historiographie

par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

A l’occasion du colloque de décembre 1994 sur La France des années 80 au miroir du bicentenaire, tenu à Paris, j’ai dressé un bilan très personnalisé du bicentenaire de la Révolution française. Présentement, je propose ce texte inédit à la lecture, en le maintenant dans son état originel. Je conserve en particulier l’usage de la première personne. En alternance avec ma production scientifique ordinaire, principalement centrée dans le temps du Bicentenaire sur l'histoire des langages de la Révolution française, je suis intervenu plus spécifiquement sur le terrain du discours commémoratif à propos des thèmes suivants: « Faut-il brûler l'historiographie de la Révolution française ? » (1989) (1), « L'historiographie de la Révolution française existe: je ne l'ai pas rencontrée" (1989) (2) », Gestes d'une commémoration: les '36.000 racines de la démocratie locale' » (1992) (3), « La mémoire et l'événement: le 14 juillet 1989 » (1994) (4). Ces interventions, qui vont nourrir tout du long ma réflexion présente, rendent compte d'une prise de distance à l'égard de l'histoire commémorative, soulignée par le contraste entre une activité limitée sur la scène commémorative à une présence discrète, mais continue, au sein des CLEF 89, dont j’ai été l’un des animateurs au plan national, et un fort engagement sur le terrain proprement scientifique par la participation à une cinquantaine de colloques relatifs à la Révolution française, entre 1985 et 1993.

Lire la suite

Le savant et le rienologue. Demande de droit de réponse au Monde des Livres, 20 février 2006   En ligne

par Christine Peyrard, Université de Provence

Lire la suite

Repenser l'ordre européen (1795-1802). De la société des rois aux droits des nations   Annonces

Par Marc Belissa.

repenser l'ordre européen belissa1989… Quand le Mur de Berlin s’écroule, la plupart des commentateurs ne résistent pas à l’analogie avec la prise de la Bastille. Quasi instantanément, l’idée qu’une période historique vient de s’achever s’impose comme une évidence. Le Mur qui tombe, c’est la matérialisation physique, voire esthétique, de la fin d’un ordre européen et mondial — celui de Yalta et de Potsdam — qui s’effondre avec la réunification de l’Allemagne. Tout le monde comprend alors que le système international entre dans une phase de redéfinition, de réorganisation transitoire. Depuis, l’idée d’ordre international ou de "nouvel ordre global" est au centre de tous les débats sur l’avenir de la planète. La mondialisation économique, la fin de l’ordre bipolaire de la guerre froide et les difficultés de la reconstruction d’un ordre juridique international font tous les jours l’actualité. Les conflits dans l’ex-Yougoslavie, puis en Afghanistan et au Proche-Orient, la montée de l’unilatéralisme américain, l’effacement de l’ONU, tous ces événements et ces tendances provoquent une interrogation générale sur la nature des relations entre les États, les peuples, les puissances et sur la possibilité d’ordonner juridiquement le désordre des nations. La construction européenne semble s’emballer et échapper en partie aux peuples qui composent l’Europe réelle. Les débats actuels sur l’édification institutionnelle et politique de l’Union européenne contribuent également à mettre au centre du débat contemporain la question de la définition historique de l’ordre européen. Nous avons le sentiment de vivre un moment particulier de l’histoire de l’humanité dans lequel les modèles de l’État-nation et de la souveraineté étatique traversent des mutations décisives. Un sentiment d’urgence émerge de ce débat. On pressent que les réponses théoriques et pratiques aux défis actuels vont déterminer l’avenir de la planète pour toute une période. Comment penser l’ordre international ? Comment le concevoir ? Comment le construire ? Le nouvel ordre mondial est-il déjà en place ou vivons-nous une période de transition dans laquelle on en entrevoit seulement les éléments principaux ? (1)

Lire la suite

Repères chronologiques 1763-1795   Outils

1763 : Traité de Paris (Guerre de 7 ans).

1774 : mort de Louis XV, avènement de Louis XVI.

1774-76 : Turgot contrôleur général des finances.

1775 : Guerre des farines.

Lire la suite

Analyse du discours : quand l’anarchie invite à la convergence   Epistémologie

Par Marc Deleplace, IUFM de Reims.

Sans doute la rencontre entre analyse du discours et histoire peut-elle apparaître, au travers des débats animés et pas toujours amènes qui en jalonnent les étapes, comme essentiellement conflictuelle. Sans ignorer les différentes hypothèques qui pesèrent d’emblée sur les rapports entre une discipline constituée et un domaine de recherche en quête de reconnaissance, je souhaiterais ici revenir sur la manière dont cette rencontre a pu s’effectuer pour un jeune historien des années 1990, témoin décalé des affrontements fondateurs. L’analyse du discours interroge doublement l’écriture de l’histoire, dans la mesure où celle-ci est elle-même double, c’est-à-dire écriture du témoin et écriture de l’historien. Le point commun de cette double interrogation résidant en la manière dont l’analyse du discours soulève la question de la non transparence de la langue. Mon propos sera donc, tout en retraçant un parcours personnel en analyse du discours, d’en suivre les effets aussi bien dans la lecture de l’archive que dans la production et la mise en forme des résultats.

Lire la suite

Cahiers de doléances en banlieue   Brèves

Libération du jeudi 26 janvier 2006 : "Deux mois après les émeutes le collectif A.C.L.E.F.E.U (Association du collectif liberté égalité franternité ensemble et uni) cherche des solutions avec les habitants. Un cahier de doléances sera remis aux députés". (...)" Ce terme de doléances, justifie Samir Abbas, porte-parole et enseignant dans un lycée professionnel, c'est évidemment pour rappeler 1789. Pour nous, les privilèges n'ont pas toujours été abolis dans ce pays".

Aux origines d’une alliance improbable. Le réseau consulaire français aux États-Unis (1776 – 1815)   Annonces

par Stéphane BÉGAUD, Marc Belissa et Joseph VISSER

Les relations franco-américaines sont un sujet central dans le débat politique contemporain. Certains fustigent un prétendu antiaméricanisme typiquement français ou une francophobie états-unienne manipulée, d’autres mettent en avant la longue tradition d’interactions politiques et militaires entre les deux pays. Mais si les débats (et le plus souvent les diatribes et les imprécations) sur l’antiaméricanisme sont bien présents dans les publications historiques ou journalistiques récentes, on ne peut pas dire que l’étude concrète des relations entre Américains et Français ait été particulièrement à l’honneur ces dernières années. Ce constat est singulièrement pertinent pour la période comprise entre 1776 et 1815. C’est pourtant dans celle-ci que se mettent en place des relations diplomatiques, économiques, culturelles, des images réciproques qui ont contribué à façonner l’histoire de leurs relations.

En 1776, les Treize colonies d’Amérique du Nord proclament leur indépendance. Face à la menace britannique, elles n’ont d’autre choix que de se tourner — avec beaucoup de réticences — vers les puissances coloniales ennemies d’hier : la France et l’Espagne, seules susceptibles de contrer la Navy et d’aider les Insurgents à gagner la guerre qui vient de se déclarer. Même si les relations diplomatiques franco-américaines proprement dites naissent en 1776, l’histoire des rapports réels — et représentés — entre les deux peuples est bien plus ancienne. Tout d’abord, parce que les Américains sont encore pour la plupart des Européens récemment transplantés. Les Anglais, les Écossais, les Irlandais, les Allemands qui forment la population blanche des Treize colonies ont déjà des images particulières, pas toujours concordantes, de la France. Ensuite parce qu’en tant que puissance coloniale rivale de l’Angleterre, la France est l’ennemie détestée, d’autant plus haïe qu’elle représente l’absolutisme et le papisme, deux des raisons pour lesquelles beaucoup d’Américains ont quitté le Vieux monde pour le Nouveau. Les sujets américains de la couronne britannique ont donc une longue tradition de lutte contre la France et de rejet des modèles politiques et culturels de la monarchie française.

Lire la suite

Les Sans et la Révolution française   En ligne

Analysant « le récent mouvement des sans-emplois », le journaliste Yvan Jossen (Le Monde du 28 janvier 1996), y voit « la cristallisation d'une immense couche d'ilotes privés de tout, d'un tiers état d'un nouveau genre, ces sans-culottes modernes, sans-logement, sans-papiers ». Ainsi la préposition sans est d’abord « synonyme d'exclusion »: elle « étire sa longue liste d'exclusions. Sans abri, sans Sécu, sans papiers, sans travail... » (Dominique Sanchez, Libération du 4 mars). De fait « On se perd dans les méandres qui vont du sans-rien au presque sans-rien ».

Lire la suite

Des Etats généraux du mouvement social au niveau suisse   Actuel

Archipel, le Journal du Forum Civique Européen N°130 de septembre 2005, rend compte, dans la rubrique intitulée "Suisse", d’une initiative de la coordination asile Vaud par un un article sur Pour des Etats généraux sur l’immigration et l’asile rédigé par Bruno Clément. A cet article est joint un encadré ayant pour titre Importance des Etats généraux pour la Révolution française qui établit un parallèle avec 1789.

Lire la suite

Une « révolution » coloniale ?   Recensions

Par Fabien Marius-Hatchi, Université Paris VII-Denis Diderot

Tirée de sa thèse de doctorat Entre esclavage et liberté : esclaves, libres et citoyens de couleur en Guadeloupe, une population en Révolution (1789-1802), l’ouvrage de Frédéric Régent porte sur l’histoire de l’archipel guadeloupéen entre le déclenchement de la Révolution française, qui entraîna un processus révolutionnaire dans les colonies des Amériques, et la politique de reprise en main et de rétablissement de l’esclavage conclue sous Bonaparte. Presque totalement ignoré en France – y compris par un certain nombre de ceux qui sont chargés d’enseigner l’Histoire - le cycle révolutionnaire qui couvre les années 1789 à 1802 se situe, depuis les revendications indépendantistes des décennies 1960-1980 puis les commémorations historiques successives programmées entre 1989 et 2004 (1), au centre de la mémoire populaire guadeloupéenne. En s’intéressant à cette période de l’histoire de la colonie, le livre de Frédéric Régent prend donc place dans ce double contexte totalement opposé sur chacune des rives de la mer océane. C’est à la mesure de ce contexte que se révèle ainsi le double positionnement adopté ici par l’historien : la volonté affirmée de révéler un passé inconnu ou méconnu de ses contemporains, accolée à la silencieuse ambition de remplacer les mythes d’une mémoire brûlante par la froide connaissance scientifique.

Lire la suite

On n’enseigne plus la Révolution française à vos enfants !   Enseignement

Par Marc Deleplace, IUFM de Reims

C’est sous le titre : « On n’enseigne plus l’histoire à vos enfants », qu’Alain Decaux lançait dans les colonnes du Monde en 1979, le débat sur les programmes établis en 1977 et qui marquaient une rupture avec la structure traditionnelle de l’organisation de l’enseignement de l’histoire en France. Telle est, sous une forme un peu provocatrice sans doute, le constat que l’on pourrait établir à la lecture des derniers programmes des classes de 4e et de seconde. Dans ce dernier cas en particulier, il n’est pas indécent de penser que l’objet Révolution française n’est plus le sujet historique soumis à l’examen critique des élèves. L’analyse comparée des programmes de 1985 et de 1996, puis de leur version remaniée pour la classe de seconde en 2000, permet d’établir le constat d’une évolution qui n’est pas que de pure forme. Au-delà des libellés des sujets d’études inscrits dans les programmes, ou plutôt dans leurs linéaments, s’inscrit une rupture dans la conception même de ces sujets, rupture que nous n’hésiterons pas à comparer à celle que les programmes de 1977 avaient tenté d’introduire, en provoquant les réactions que l’on sait. Cette évolution se caractérise par une modification des objets étudiés, pour ne pas dire par une mise au second plan des objets historiques traditionnels et leur remplacement par des problématiques générales.

Lire la suite

Le discours d’Hébert au Club des Jacobins le 21 juillet 1793   Textes

Par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

Dans le cadre d’une recherche sur la formation et la propagation des mots d’ordre à Paris pendant l’été 1793, nous avons collecté l’ensemble des notes prises par les journalistes sur le plus important discours d’Hébert : son « foudroyant réquisitoire » contre le Général Custine le 21 juillet 1793 au club des Jacobins. Ainsi le Journal de la Montagne souligne « l’intérêt le plus vif » des Jacobins au cours d’une des plus belles séances de la société, « tous les membres de la société, tous les citoyens des tribunes se levant à la fois par un mouvement simultané, agitant leurs chapeaux et couvrant à trois reprises l’orateur de leur applaudissement ». A défaut de disposer d’un discours publié par les soins d’Hébert lui-même, comme le font nombre de dirigeants Jacobins, nous proposons une reconstitution de son discours du 21 juillet 1793 sur la base des principaux comptes-rendus disponibles dans la presse.

Lire la suite

1842-1844. La rencontre de Babeuf et de Fichte chez Moses Hess et la naissance du marxisme. I - La philosophie hessienne de l'action   Annonces

Par Jean-Christophe Goddard, Université de Poitiers

En 1842, Moses Hess soutenait, dans un article qui servira à Marx pour la rédaction des Manuscrits de 1844, que seul Fichte avait su faire progresser la philosophie jusqu’à « l’Action », et ce faisant, était allé « plus loin » que les « Jeunes-Hégéliens ». Reprenant une thèse centrale de la philosophie sociale de Fichte, qui rapporte l’institution de la propriété au préjugé ontologique qui regarde l’être comme chose, Hess écrit cette page remarquable, d’où Marx tirera en 1844 sa théorie de l’aliénation : « Chez (les Jeunes-Hégéliens) la vie sociale n’a pas encore dépassé le point de vue de la réflexion, le stade de l’être-pour-soi. L’objet de l’activité y apparaît encore comme un autre réel et le sujet, pour parvenir à la jouissance de soi, de sa vie, de son activité, doit retenir l’objet séparé de lui comme sa propriété car il est en outre menacé de se perdre soi-même. Ce n’est que dans la propriété matérielle que le sujet qui en reste au stade de la réflexion prend conscience qu’il est – ou plutôt qu’il était – actif pour soi. (…) Il est constamment dépossédé de sa propriété réelle, de son action présente (…). De sa propriété, de son activité, de sa vie, il ne retient que l’apparence, le reflet, comme si ce reflet était sa vraie vie, sa propriété réelle, sa véritable action ! Voilà bien la malédiction qui, au cours de toute l’histoire passée, a pesé sur l’homme : il n’a pas considéré l’activité comme but se suffisant à lui-même et il a constamment saisi la jouissance comme étant coupée de l’activité (…) ».

Lire la suite

De la Révolution de Saint-Domingue à l’Indépendance d’Haïti. Comment sortir de l’esclavage ? 1789-1804   Synthèses

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

L’abolition de l’esclavage en 1793-94 prend place dans la période de crise du premier empire colonial européen, en Amérique, qui provoqua un cycle révolutionnaire des deux côtés de l’Atlantique. L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue, depuis août 1791, ouvrit une perspective de grande ampleur en mettant à l’ordre du jour l’abolition de l’esclavage, la destruction de la société coloniale, les formes à inventer de la décolonisation. L’insurrection des esclaves conduisait à l’abolition de l’esclavage en août et septembre 1793 et gagna le soutien de la Convention montagnarde qui s’engagea à défendre la liberté générale le 16 pluviôse an II-4 février 1794. L’opposition que suscita la rencontre entre les deux révolutions fut immense. Le lobby esclavagiste, lié à la contre-révolution en France, en Angleterre, en Espagne et dans les colonies, déplaça le champ de bataille de l’Europe à la Caraïbe, entre 1793 et 1804. L’enjeu était le maintien ou non des politiques impériales des puissances européennes esclavagistes et ségrégationnistes. De cette guerre terrible naquit la République d’Haïti, premier gouvernement des noirs, première expérience de décolonisation.

Lire la suite

"Un arsenal pour les séditieux" : la Déclaration des droits comme pratique politique   Etudes

Par Yannick Bosc, ICT-Paris 7

La Révolution française est ponctuée par trois Déclarations des droits de l'homme et du citoyen (1789, 1793, 1795) qui sont encore souvent regardées comme des textes théoriques qui relèvent de «l'histoire des idées» et au mieux des «idées politiques» (1). Si on admet qu'ils sont précieux pour le juriste, ou le philosophe, on estime souvent qu'ils sont d'un faible secours pour l'historien qui s'intéresse aux pratiques politiques. Ce jugement repose sur le sentiment d'un décalage général, quand on considère les actions humaines, entre les principes et les faits, la théorie et la pratique. Ce sentiment est peut être justifié par le travail historique qui analysant les faits montre le difficile ajustement ou la contradiction des intentions et des réalisations. La séparation des idées et des pratiques et leur juxtaposition dans l'analyse historique est cependant moins intéressante que l'étude de leur dynamique.

Lire la suite

Friedrich von Gentz : l’ordre des puissances contre le droit des gens   Commentaires

Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO

Ce texte se place dans le cadre d’un travail sur le concept d’ordre européen à l’époque révolutionnaire et consulaire qui a été présenté pour l'Habilitation à diriger des recherches en 2005. J’ai déjà eu l’occasion de présenter dans plusieurs colloques un aperçu de ces recherches. Je voudrais ici reprendre à partir d’extraits du texte de Gentz « De la paix perpétuelle » les éléments d’une études publiée sous une autre forme dans La Plume et le Sabre Mélanges Jean-Paul Bertaud, Presses de la Sorbonne, 2002.

Lire la suite

Philosophie allemande et Révolution française   Recensions

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

De l'étude désormais classique de Joachim Ritter sur Hegel et la Révolution française (1957) aux travaux sans cesse approfondis de Lucien Calvié depuis son ouvrage de 1989 sur la Révolution française et les intellectuels allemands, en passant par les considérations de Manfred Buhr et Domenico Losurdo sur Fichte et la Révolution française et bien d'autres études, l'analyse de la relation entre la philosophie classique allemande et la Révolution française constitue un aspect majeur de la littérature critique sur l'idéalisme allemand qui n’a jamais cessé de s’amplifier. Nous commencerons par l'apport de Domenico Losurdo dans la mesure où il a coordonné, au début des années 1990, un débat entre chercheurs sur ce thème. Il a ainsi réuni 21 chercheurs allemands, français et italiens autour de deux voies de recherche à la fois distinctes et complémentaires.

Lire la suite

Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot

Esclavage ou liberté ? La Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l'esclavage dans les colonies, sans indemnités en faveur des seigneurs et des maîtres. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale. Il signalait encore leur origine commune dans l'esclavage, qu'il s'agisse de l'héritage de l'esclavage antique dans les formes du servage et dans les transformations pluriséculaires des rapports féodaux, ou de l'esclavage moderne créé par des Européens dans les colonies d'Amérique.

Lire la suite

La Bastille et la République   Brèves

Sur la même page web du journal Le Monde (8/11/2005), mais dans des articles séparés , "les émeutiers" et le ministre de l'intérieur se parlent de la Révolution française

Les émeutiers : "Si un jour on s'organise, on aura des grenades, des explosifs, des kalachnikovs... On se donnera rendez-vous à la Bastille et ce sera la guerre" .

Le ministre : "Ça prendra le temps que ça prendra, mais la République ne peut pas reculer : soit c'est l'ordre de la République, soit c'est l'ordre des bandes". "Rien ne sera possible dans les quartiers en termes de rétablissement de la justice, en termes d'égalité des chances, s'il n'y a pas de rétablissement de l'ordre républicain".

Le ministre de la République voulait certainement dire : rien ne sera possible dans les quartiers en termes de rétablissement de l'ordre républicain s'il n'y a pas de rétablissement de la justice, en termes d'égalité des chances.

Kant idéaliste ? Le débat sur la paix perpétuelle 1795-1801   Etudes

Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO

En apparence, quoi de plus "utopique" et "idéaliste" au sens vulgaire que les projets de paix perpétuelle qui fleurissent tout au long de l’époque moderne ? Et pourtant Domenico Losurdo a montré dans son livre de 1993 Autocensure et Compromis dans la pensée politique de Kant à quel point le Projet de paix perpétuelle publié par le philosophe en 1795 ne pouvait se comprendre sans référence au contexte bien "concret" des relations internationales et de la guerre contre-révolutionnaire du début du Directoire.

Lire la suite

Habermas, L’Espace Public et la Révolution française : de l’opinion publique à la lutte pour la reconnaissance.   Etudes

par Jacques Guilhaumou CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

Dans son ouvrage sur L’Espace Public, Jürgen Habermas se fixe comme objectif de décrire l’idéal-type de « la sphère publique bourgeoise » à partir de contextes historiques propres à la France, l’Allemagne et l’Angleterre au 18ème siècle et au début du 19ème siècle. Michel Foucault, dialoguant avec Habermas, trouve dans cet ouvrage majeur – mis en valeur par la réflexion de Kant en 1784 sur Qu’est-ce que les Lumières ? - une réflexion centrale sur l’usage public et universel de la raison, dans son lien consubstantiel à la liberté. Il le situe ainsi au centre d’une pensée critique qui prend pour point de départ le questionnement suivant : « Quelle est cette raison que nous utilisons ? Quels en sont les effets historiques ? » (Foucault, 1994, p. 279 et 562). Roger Chartier (1990), historien des pratiques culturelles, se propose alors de partir d’une telle problématique habermasienne de l’espace public, pour comprendre « la manière dont a été construite au XVIIIème siècle la notion d’opinion publique ».

Lire la suite

L’esprit des Lumières et de la Révolution 2005-2006   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Université Paris 1, 17 rue de la Sorbonne, escalier C, 3e étage, salle Picard, de 18 à 20 h.

Lire la suite

Lire Saint Just   Recensions

Par Yannick Bosc, IUFM de Créteil

En tête des Oeuvres complètes de Saint-Just publiées en 2004 chez Folio-Gallimard, l’essai introductif de Miguel Abensour, « Lire Saint-Just », s’ouvre sur deux questions : « lit-on Saint-Just ? avez-vous lu Saint-Just ? » ; et s’articule sur une troisième : « est-il possible de lire Saint-Just aujourd’hui ? ». Miguel Abensour aurait pu ajouter : pourquoi le lire ? et certainement répondre, pour au moins échapper aux lieux communs des gloses à charge, agrémentées de vagues citations. Saluons donc ici le double effort des éditeurs : proposer des oeuvres complètes accessibles, dotées d’un appareil critique consistant, mais aussi d’un commentaire qui rompt avec l’air du temps. Lire Saint-Just nous éloignera de la légende noire, celle de « l’archange de la mort », du politique satanique dont certains passages des Institutions républicaines préfigureraient l’organisation des jeunesses hitlériennes (suivant Norman Hampson). Comme le note Miguel Abensour, « la présupposition que la révolution est nécessairement totalitaire a produit des dégâts intellectuels ».

Lire la suite

 

Licence Creative Commons
Révolution Française.net est sous Licence Creative Commons : Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification