Cette thèse répond à une question qui est au centre des débats qui animent l’histoire de la pensée politique républicaine du XVIIe siècle: les concepts de droits naturels et de vertu civique sont-ils mutuellement exclusifs? La reconstruction détaillée de la pensée politique de John Milton et Algernon Sidney permet de soutenir que les droits naturels et la vertu civique sont deux éléments indissociables d’une conception cohérente de la liberté, celle-ci étant posée comme le bien suprême de l’homme. Ce résultat conduit à redéfinir les concepts en jeu dans les paradigmes historiographiques disponibles (Pocock, Sullivan, Rahe, Skinner). Milton et Sidney ne conçoivent pas les droits naturels comme des intérêts amoraux et subjectifs d’un individu égoïste, ni comme le simple souci de préservation de soi juridicisé d’un centre de désirs. Ces droits sont plutôt les fondements moraux d’une société juste qui protège la liberté d’un agent moral, libre et rationnel. Corrélativement, Milton et Sidney ne font pas de la vertu civique la finalité première de la société politique, comme dans le modèle de l’humanisme civique, où l’homme est appelé à réaliser son humanité par la participation politique. La vertu civique est à leurs yeux la disposition des citoyens nécessaire au maintien de la liberté. Inscrite dans ce raisonnement instrumental, la vertu n’est pour autant pas réduite à l’intérêt bien compris, car la liberté qu’elle a pour objet de soutenir est identifiée au bien suprême de l’homme. Son statut de moyen ne lui ôte donc pas sa valeur morale: être vertueux, c’est contribuer à conserver ou rétablir les conditions d’une existence digne de la nature libre et rationnelle de l’homme.

Composition du Jury : Mr. Luc FOISNEAU (CNRS / EHESS), Mr. Christophe TOURNU (Univ. Grenoble), Mme Catherine LARRÈRE (Univ. Paris 1), Mr. Jean-Fabien SPITZ (Univ. Paris 1) - Directeur de thèse.