par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon
Autour de l'ouvrage de Sophia Rosenfeld, Common Sense. A Political History, Harvard University Press, 2011.
La question très ancienne du sens commun est devenu un objet propre de recherche au sein des sciences humaines et sociales. Cependant il apparaît d'abord que les anthropologues et les sociologues, à l'exemple du dossier de la revue Société (N°89, 2005) sur le sens commun, évitent de reprendre la tradition des Lumières en matière de sens commun, dans la mesure où ils y voient un espace de promotion d'une logique universelle peu compatible avec le principe d'un savoir local présent dans les diverses formes du sens commun au sein de sociétés déterminées. Il s'agit alors de considérer un savoir qui conditionne l'action sociale, qui est organiquement lié à la vie, donc nous renvoie à la compréhension du sujet par lui-même. C'est bien ainsi que toute une tradition de la sociologie compréhensive, située au plus proche d'une phénoménologie de la connaissance sociale, de Dilthey à Simmel, de Weber à Schütz, et de bien d'autres auteurs importants, s'intéresse aux modes de connaissance à la fois théoriques et pratiques de l'action, en partant du principe que l'acteur se doit de comprendre son action. L'acteur en vient ainsi, au-delà du fait même de l'empathie, à construire la propre interprétation de son action au titre de l'esprit objectivé. Dans la lignée de Max Weber, il peut s'agir alors de constituer des idéaux-types, sens commun inclus, au plus près de la manière dont l'acteur comprend l'ensemble des actions pensées par lui-même.
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