La guerre du blé au XVIIIe siècle, éd kimé

Extrait de la préface, rédigée par Florence Gauthier, pour la réédition de l'ouvrage qu'elle a dirigé avec Guy Ikni, La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique, Paris, Kimé, 2019, 332 p.

Depuis les années 1960-1990, période dominée par une interprétation économiste de l’histoire, qu’elle soit « néolibérale » ou « marxiste », les travaux de l’historien Edward Palmer Thompson ont ouvert un chantier nouveau, dans l’étude de la culture populaire, rurale et urbaine, du XVIIe au XIXe siècle et depuis.
En 1988, avec Guy Ikni, nous avons publié La Guerre du Blé au XVIIIe siècle, grâce aux Éditions de la Passion, et en particulier à un de ses fondateurs, Jean-Pierre Miniou, comme un hommage à E.P. Thompson, bien vivant, et dont l’article « L’Économie Morale de la foule, en Angleterre au XVIIIe siècle », n’avait pas encore été traduit en France. Cet article nous avait particulièrement intéressés, car nous rencontrions dans nos recherches sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution française en particulier, une problématique très proche, avec ses spécificités bien sûr. Et nous avons demandé à des historiens intéressés par ce projet de nous rejoindre.
Je venais d’achever une thèse d’histoire sur la communauté villageoise en Picardie, avec son organisation économique, sociale et politique, centrée sur le système agraire communautaire et son assemblée générale des habitants des deux sexes, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis le Moyen-âge et l’Ancien régime, les communautés villageoises - dont l’existence précédait la féodalité et la monarchie constituées ultérieurement - possédaient leur propre système de droit et leurs archives. De son côté, Guy Ikni avait entrepris une thèse sur la paysannerie dans l’Oise, qu’il acheva en 1993 (1).

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