Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Gertrud Kolmar. Robespierre, poésie et portrait   En ligne

Gertrud Kolmar, Robespierre, Poésie suivi de Le Portrait de Robespierre. Édition bilingue. Traduit de l’allemand et postfacé par Sibylle Muller, Éd. Circé, 214 p.

Cousine de Walter Benjamin, Gertrud Kolmar était une jeune femme cultivée issue de la bourgeoisie juive, qui se sentait parfaitement intégrée à l’Allemagne. Parlant russe et français, elle vécut un temps à Dijon. Elle enseigna, s’occupa d’enfants, mais surtout, elle écrivit. Son œuvre courte, mais forte, à laquelle la guerre et la déportation mirent fin, fut heureusement sauvée du désastre grâce à sa sœur Hilde. Astreinte en 1941 au travail forcé dans une usine berlinoise, elle fut déportée et mourut en mars 1943 à Auschwitz, à moins de cinquante ans. Ce n’est qu’en 1951 que la République fédérale la déclara officiellement décédée.

La publication de ces poèmes et du portrait de Robespierre, écrits au tout début du nazisme, prend un regain d’intérêt dans notre époque où passe furtivement l’ombre des années Trente, quand vacillaient les principes issus de la Révolution. Les interrogations face à un avenir incertain se ressemblent beaucoup, quels que soient l’heure et le lieu … Gertrud Kolmar en tout cas avait en son temps de bonnes raisons de s’inquiéter pour son pays et pour elle-même. Elle sentit très vite que son monde allait être mis à feu et à sang. Est-ce cela qui la conduisit à s’interroger sur une autre période de troubles et de souffrances, la Révolution Française, et plus spécialement la Terreur ? Tandis qu’elle voyait fleurir les dictatures et pressentait le désastre imminent, voulut-elle retrouver, sous les poussières de la carrière, les traces de l’antique Vertu qu’elle croyait logée dans le cœur de Robespierre, guidant sa pensée et son bras ? Elle donne en tout cas une vérité poétique à ces quelques mois qui furent ressentis comme un cataclysme en France et dans le monde.

Lire la suite de la présentation de Jean-Luc Tiesset sur le site En attendant Nadeau.

Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre   Annonces

 Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre

Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre, Paris, Éditions Critiques, 2019, 208 p.

Je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela,
je ne veux être que cela ; je méprise quiconque
a la prétention d'être quelque chose de plus.
Robespierre

La représentation politique ne commence pas avec la Révolution française et le peuple n’a pas attendu 1789 pour s’intéresser aux affaires de la cité. Les pratiques médiévales mobilisées à l’occasion des élections d’assemblées sous l’Ancien régime (états généraux, provinciaux, communes urbaines et rurales, communautés de métier etc.) constituent même le socle de la culture politique à partir de laquelle la Révolution se déploie. En revanche, c’est avec la Révolution française qu’une nouvelle question se pose concrètement et non plus seulement théoriquement dans les traités philosophiques : comment concevoir la représentation d’un peuple déclaré souverain, c’est à dire d’un peuple qui dispose en droit du pouvoir et sur lequel repose toute légitimité politique, celle du roi comprise ?
Notre actualité résonne du désaveu des politiques, de la crise de la représentation et de la montée de l’abstentionnisme depuis longtemps. Pourtant, ceux qui aujourd’hui convoquent les « valeurs » républicaines au chevet du malade ne se penchent que rarement sur la souveraineté populaire qui est censée en être la base. Au contraire, la souveraineté, lorsqu’elle est réaffirmée dans l’espace public, est d’emblée suspectée de « souverainisme », de « populisme », de « repli nationaliste ». L’extrême droite est systématiquement mise en avant afin de discréditer l’idée même de souveraineté populaire et d’en occulter la nature fondamentalement démocratique. Réduisant le mouvement populaire des gilets jaunes à une foule, les relais du pouvoir ont ainsi exhumé l’ochlocratie (la foule, le vulgaire détenant le pouvoir) pour désigner ce que les thermidoriens nommaient l’anarchie : le fait de se constituer peuple souverain, c’est-à-dire d’agir comme tel.

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