Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La dénonciation chez Marat   Editions

Par Emilie Brémond-Poulle, Université Paris VII-Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage d'Emilie Brémond-Poulle, La dénonciation chez Marat (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 279 pages, l'ouvrage est à lire en intégralité en pdf.

couverture Brémond la dénonciation chez marat

Chaque personnage un tant soit peu célèbre de la Révolution française a hérité d’une réputation, d’un mythe. C’est dire que son nom seul suffit à susciter l’effroi ou, au contraire, l’admiration. Ainsi, si l’on parle de Robespierre « l’incorruptible », de Danton « le vénal », de Mirabeau « l’orateur » ou même de Saint-Just « l'ange exterminateur » ou « l’idéaliste », on évoque Marat « le sanguinaire », « celui qui a été tué dans sa baignoire ». Bien sûr, certaines personnes sont capables de resituer son action de journaliste, mais c’est quand même cette image négative qui l’emporte. Marat, comme beaucoup d’hommes de la Révolution française, est à la fois méconnu et célèbre.

Jean-Paul Marat est né en Suisse, à Boudry dans la principauté de Neuchâtel, le 24 mai 1743. Son père Jean Mara était un prêtre mercédaire d’origine Sarde. Ayant quitté ses fonctions suite à une affaire politico-religieuse, il trouva refuge à Genève. Il se rallie alors au calvinisme et devient dessinateur. Il épouse Louise Cabrol, une jeune femme d’origine française en mars 1741. Ils eurent neuf enfants, Jean-Paul étant le second. Il étudia au Collège de Neuchâtel et quitta sa famille à l’age de 16 ans. Il devint ensuite précepteur du fils d’un négociant de Bordeaux, pendant deux ans. Puis il rejoint Paris (entre 1762 et 1765) où il complète ses études. Il s’initie à la médecine et la philosophie, mais il n’y a pas de trace de diplôme. En 1765, il part pour l’Angleterre et s’y installe dix ans. Il vit tout d’abord à Londres, où il est médecin, puis à Newcastle. Il reçoit son diplôme de médecine à Londres, en 1775, et publie quelques articles sur des sujets médicaux. Cependant, il n’a pas cessé de s’intéresser à la philosophie et à la littérature. Ainsi, en 1775, il est déjà l’auteur de quelques essais et d’un roman. En 1770, il écrit Les aventures du jeunes comte Potowski. L’ouvrage ne fut jamais publié de son vivant. C’est une première tentative. Puis, en 1773, il publie A Philosophical Essay on Man, mais clandestinement. Il ne le traduira en français qu’en 1775. Toutefois, le texte de référence du Marat de ces années là est bien The chains of slavery, publié à Londres en 1774. Le contenu en est éminemment politique. En se basant sur des exemples historiques, il montre comment les despotes accentuent sans cesse leur emprise sur les peuples. Marat a ainsi, simultanément, une activité de médecin, de philosophe et de théoricien politique.

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La République peut-elle être révolutionnaire ?   Annonces

Journée du 3 février 2007 sur les usages de la République et de la Révolution (1789-2006), organisée par le CVUH, amphithéâtre Lefebvre à la Sorbonne.

La Révolution française est devenue une référence de plus en plus décriée. Les marxistes y ont principalement vu le triomphe de la bourgeoisie. Les libéraux en ont fait la matrice des totalitarismes du XXe siècle et aujourd'hui du terrorisme. Certains radicaux dans leur dénonciation du post-colonialisme y voit l'origine d'une société défendant la domination blanche au nom de l'universel, incapable de prendre en compte la diversité humaine. La république, comprise dans la filiation historique de cette révolution, est alors un contre-modèle tandis que pour leurs adversaires libéraux il s'agit de penser une république sans révolution. Cette république qualifiée alors de "modérée" devient l'emblème de la pacification sociale apte à évacuer tout affrontement politique noué aux identités sociales. « Modèle républicain en crise » et « rétablissement » du supposé « ordre républicain » emplissent l'espace public sans qu'on sache de quelle république, de quel ordre et de quel modèle on nous parle. L'objectif de cette journée est d'analyser ces usages au regard des séquences historiques qui ont été celles de l'avènement de républiques forts différentes les unes des autres et de poser de ce fait l'impertinente question : la république peut-elle être révolutionnaire ?

Cette journée proposera de discuter trois enjeux : la notion de modèle républicain, la république et ses exclusions, l'ordre républicain en question.

Voir le programme sur le site du CVUH

Tribulations ministérielles   Actuel

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

« Tribulation : Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. Du latin tribulare, battre avec le tribulum, la herse à battre le blé. »

Dictionnaire Robert

Il était une fois dans un royaume riche et grand par son immense population comme par le faste de sa monarchie, un jeune roi du nom de Louis XVI, qui venait d’accéder au trône. Comme il arrive souvent, il voulut tout faire à l’inverse de son prédécesseur et appela au poste convoité de contrôleur général des finances, qui équivalait à celui de Prime Minister établi dans le royaume voisin, un grand réformateur répondant au nom de Turgot. En ce temps-là, l’esprit de réforme était porté par un parti que l’on désignait par le terme récent de philosophes économistes car, en ce siècle de Lumières, la faculté de philosopher était élevée au pinacle.( Fort heureusement, cela a bien changé depuis et la philosophie est considérée comme une activité réservée aux spécialistes, n’ayant aucun caractère populaire, plutôt dangereuse et l’on préfère les économistes sans philosophie aucune.)

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Le civisme à l'épreuve de la Révolution française   Notions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Confrontée au « nouvel ordre de choses » qui renvoie à la toute puissance d’une nation française une et indivisible, la génération des hommes de la Révolution française invente à sa manière le civisme en le définissant. Mais elle est tout autant prise dans ses limites, en particulier du fait des exclusions partielles instaurées par le nouvel ordre politique au sein d'une part importante de la population, les citoyennes en premier lieu. S’il convient donc de préciser le contexte philosophique du civisme révolutionnaire, il importe tout autant d’insérer une telle élucidation théorique dans un trajet discursif où l’acte de civisme relève de diverses conventions, pratiques et rituels aux effets diversifiés, voire contradictoires (1).

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Nouvelles parutions numériques   Outils

Le site « Les classiques des sciences sociales », dont nous avons déjà signalé ci-dessous l'importance comme outil de travail, s’enrichit, dans sa rubrique nouveautés en novembre 2006, de plusieurs ouvrages relatifs aux Lumières et à la Révolution française. Un récent interview de Jean-Marie Tremblay montre l'immense succès de cette bibliothèque virtuelle.

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Jurys populaires   Brèves

Renaud Dutreil, ministre des PME : "Avec les "jurys populaires", Ségolène Royal "reproduit le schéma des sans-culottes de 1793" (...) Elle "devrait relire l'histoire de la Révolution française". C'est "un pouvoir illégitime qui fait pression sur un pouvoir légitime". La députée des Deux-Sèvres a "franchi le mur du son dans la démagogie". Dominique de Villepin, Premier ministre UMP: créer des jurys citoyens "ramène à des expressions d'un autre âge et souvent funestes", comme les comités de salut public de la Révolution française. Voir un florilège des réactions et se rafraîchir la mémoire sur le discours thermidorien.

Le débat sur le commerce du blé (1768-1775) : formes et porteurs légitimes de la rationalité en question   Etudes

Par Déborah Cohen, Institut Universitaire de Florence.

Le 29 mai 2005, la France vote majoritairement « Non » au référendum qui lui est proposé. Le lendemain M. Barnier, ministre des affaires étrangères, juge que « dans ce référendum, on a bien vu que les Français n’avaient qu’un seul bulletin de vote et qu’ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles (…) sur le sens du projet européen et l’incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte » (1). Pour le ministre, il ne s’agit évidemment pas de tenir compte du rejet du texte proposé, d’y entendre un jugement populaire et censé, construit à partir d’une analyse de ce qui était proposé et d’une confrontation avec la réalité vécue et avec la réalité souhaitée, rêvée peut-être, par les électeurs ; ce qu’il s’agit de prendre en compte, c’est la supposée incompréhension des électeurs qui, interrogés sur un point, auraient, de manière illégitime et comme de mauvais élèves, répondu sur d’autres. Comment le peuple des électeurs a-t-il pu se tromper ainsi ? comment a-t-il pu ne pas voir où se trouvait le vrai, le bon, le juste ?

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