Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La Révolution saisie par la Deuxième Guerre Mondiale   Actuel

Par Nathalie Alzas, Docteur en histoire

La réflexion ébauchée ici porte sur le phénomène d’hybridation opéré entre les discours propagés sur la Révolution française et ceux tenus sur la Seconde guerre mondiale, émanant initialement de l’extrême-droite, et qui se diffusent, désormais, à une grande partie de l’espace public.
L’amalgame entre les faits survenus pendant le second conflit mondial et la période révolutionnaire émerge lors de la création du mythe du génocide vendéen, par la thèse de Reynald Sécher, en 1985. Il bénéficie ensuite du succès spectaculaire du parc d’attraction du Puy du Fou, fondé par Philippe de Villiers. Le phénomène s’amplifie, depuis quelques années, grâce à la constitution d’un groupe médiatique caractérisé par une idéologie contre-révolutionnaire et le lancement d’un candidat aux Présidentielles de 2022. La sortie en salles du film « Vaincre ou mourir », de Vincent Mottez, en 2023, constitue un point de rencontre, parmi d’autres, de ces différentes dynamiques.
Il n’est pas de notre propos de revenir sur un film amplement décortiqué par des critiques, ni sur l’histoire du parc d’attraction, qui a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs études éclairantes d’historiens. Il s’agit ici de s’interroger, de façon plus large, sur les utilisations, manipulations et anachronismes de l’histoire de la Deuxième guerre mondiale, plaqués sur une interprétation de la Révolution française ayant clairement pour objectif une condamnation morale et politique de celle-ci, afin d’aboutir à un discrédit du régime républicain.

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Vaincre ou mourir...suite et fin (?)   Actuel

Dossier publié par la rédaction d'Écran Large, à propos du film Vaincre ou mourir :
"Notre critique de Vaincre ou mourir et les réactions pour le moins véhémentes qu'elle a suscitées en attestent : sa sortie n'est pas anodine. Et pour cause : plus ou moins adapté d'un spectacle du Puy du Fou par une structure de production dérivée du parc lui-même, co-produit par StudioCanal et distribué par une entreprise peu connue du grand public, c'est un peu une anomalie dans un paysage cinématographique français pourtant bien bigarré.
Certains reprochent à la presse de lui accorder une telle couverture. C'est néanmoins l'évidence : le film est parvenu à s'imposer dans ce paysage, fort d'une vraie exposition publicitaire et d'une distribution assez importante. Reste donc à retracer sa conception, à expliciter le contexte très particulier dans lequel il s'inscrit volontiers, à rapporter les débats qu'il engendre et à modérer des espaces commentaires pris d'assaut."

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Vaincre ou mourir...suite   Actuel

Vaincre ou mourir : critique d’un Puy sans fond de nullité   Actuel

Amorce de l'article d'Antoine Desrue, à lire sur Écran Large : "Il faut bien admettre qu’à l’annonce de Vaincre ou mourir, le premier film produit par le Puy du Fou, on se doutait qu’on allait s’en payer une tranche. Mais en y ajoutant le soutien de Vincent Bolloré et du distributeur SAJE dans leur entreprise d’évangélisation décomplexée des masses, cette réécriture hallucinée des guerres de Vendée a explosé nos compteurs Geiger. Critique d’un monument de radioactivité cinématographique".
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Voir également l'éditorial de Libération (23/01/2023), «Vaincre ou Mourir», l’histoire comme champ de bataille culturel pour les réacs : "La sortie mercredi du premier film produit par le Puy du Fou, mettant en scène les bons royalistes contre les méchants républicains pendant la guerre de Vendée, est un exemple supplémentaire de l’offensive conservatrice en cours, qui utilise le soft power pour diffuser des idées sans en avoir l’air."
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Faire référence à la Révolution française serait devenu du « fascisme » ?   Actuel

Par Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis.

Une polémique étrange, mais révélatrice d’un nouvel imaginaire politique qui veut s’imposer, a accueilli un tweet de Jean-Luc Mélenchon appelant à manifester le 16 octobre « contre la vie chère ». Cet imaginaire porte en lui un nouveau regard idéologique sur la Révolution française et annonce une victoire culturelle de ceux qui n’y voient qu’un épisode sanglant annonçant les grands totalitarismes du XXe siècle.
Parce que c’est lourd de conséquences sur l’identité républicaine de notre pays, ceux qui n’ont pas honte de la Révolution française, et même qui y trouvent une inlassable source d’inspiration, doivent réagir.
Publié le 6 octobre, ce tweet faisait banalement référence à un grand « classique », une date glorieuse de la Révolution française, le 6 octobre 1789 où une manifestation populaire, conduite par les femmes travailleuses de Paris, se rendit à Versailles chercher le roi Louis XVI. Cette manifestation confirmera le rôle du peuple comme acteur politique majeur durant la Révolution, débloquant par son action spontanée des moments à l’issue incertaine. Suite à cette manifestation, le roi viendra s’installer à Paris, où il sera alors accueilli aux cris de « Vive le roi, vive la nation », plaçant définitivement le pouvoir politique dans la capitale et d’une certaine façon sous le contrôle du peuple. A Versailles, les manifestantes obtiennent notamment du roi la signature d’un décret sur les subsistances et la livraison du pain. C’est seulement une fois ramené à Paris que Louis XVI acceptera de promulguer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, pourtant adoptée fin août.

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Thomas Paine Was History’s Greatest Hater of the British Crown   Actuel

Par Ryan Zickgraf

Since news broke of Elizabeth II’s death at age ninety-six, US social media has been awash with tributes, memes, and merciless dunks on the deceased queen — the latter of which have ruffled some feathers. Jeff Bezos, the Amazon CEO who helped modernize empire for the age of the corporation, took offense to linguistics professor Uju Anya describing the late queen as the monarch of a “thieving raping genocidal empire.” “This is someone supposedly working to make the world better? I don’t think so. Wow,” Bezos tweeted in response. Twitter appeared to agree; its moderators deleted Anya’s post. Bezos and other American royal sycophants could use a reminder that Anya has a kindred spirit in the Founding Fathers — especially one in particular. No one savaged the English throne quite like Thomas Paine, an eighteenth-century magazine writer and editor, whose forty-seven-page pamphlet Common Sense went viral in the American colonies when it was published in January 1776. Part of the popularity of Paine’s prose was the biting edge of his takes on the mother country, which now read like cantankerous tweets.

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Que les révolutions sont belles… quand les insurrections populaires sont écrasées !   Actuel

Par Marc Belissa, Université Paris Nanterre.

« Vouliez-vous une révolution sans révolution ? (…) Qui peut marquer après coup, le point précis où devraient se briser les flots de l’insurrection populaire ? » Robespierre, 5 novembre 1792

Le 10 août 2021, les lecteurs du Monde ont pu découvrir, sous la plume du journaliste Antoine Reverchon, un exercice d’histoire contre-factuelle, intitulé « Et si, le 10 août 1792, l’émeute des sans-culottes avait été écrasée ? ».

Rappelons que l’histoire contre-factuelle (et non « l’uchronie » comme l’écrit l’article) a pour but de réfléchir aux problèmes de la causalité historique et de comprendre les mécanismes dynamiques des événements. Pour cela, il est indispensable d’avoir une vision à peu près claire des enjeux et des rapports de force à l’instant où l’on pense la divergence entre ce qui s’est passé et ce qui aurait pu se passer et surtout d’éviter les préjugés sur ce qui aurait « dû » se passer.

Le journaliste du Monde imagine donc que les Suisses du palais des Tuileries, aidés par les gardes du corps du roi et les membres de la Garde nationale soldée, réussissent à massacrer la troupe des insurgés parisiens et des fédérés des départements. À midi, « l’insurrection est matée ». Selon ce récit alternatif, les Girondins « décident de l’occasion pour se débarrasser des ultras de la cour apparemment triomphants et des sectionnaires ». Encore faudrait-il qu’ils en aient eu les moyens politiques mais pourquoi pas… mais là où l’on rentre dans « l’alternative » très alternative, c’est qu’Antoine Reverchon imagine un accord entre Robespierre, Danton et Vergniaud pour suspendre Louis XVI et imposer Dumouriez comme tuteur du prince royal. Robespierre, c’est bien connu, étant un opportuniste, se rallie donc à cette situation constitutionnelle.

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Kant, penseur centriste et merkélien ?   Actuel

Par Lucien Calvié, Université Toulouse II - Jean Jaurès.

Angela Merkel devant quitter la Chancellerie fédérale allemande en septembre 2021, après seize ans de pouvoir, à l'occasion des élections au Bundestag, on peut tenter de caractériser l'idéologie qui a sous-tendu sa politique. Pour cela, on peut partir des commentaires élogieux, dont celui du Président des États-Unis Obama, qui, en 2015, ont suivi sa décision d'ouvrir sans restriction les frontières de son pays aux réfugiés en provenance d'États, dont la Syrie, en proie à des troubles et guerres civiles mêlés d'ingérences étrangères. Cela pouvait sembler très difficile, d'où le fameux « Wir schaffen das ! » (« On y arrivera » ou « ça va se faire ! » ), très allemand de ton dans son assurance de bien faire ce qu'il faut faire. Merkel aurait ainsi « sauvé l'honneur » de l'Europe. Et les commentateurs d'estimer que la Chancelière s'était montée la digne fille de son pasteur de père et de qualifier de « kantienne » la leçon de morale donnée au monde. En 2019 encore, Merkel fut louée d'avoir fait de l'Allemagne « une nation kantienne hissée au-dessus d’elle-même », alors que, dès le début 2016, la main-d’œuvre voulue ayant été sélectionnée par une économie allemande en manque de bras et de compétences et les frontières allemandes s'étant refermées, la plupart des éloges avaient disparu lorsqu'on s'était rendu compte qu'un surplus de réfugiés, ou supposés tels, se retrouvait parfois, hors d'Allemagne, dans des foyers d'accueil ou autres lieux moins contrôlables.
Qu'en est-il de la filiation Kant-Merkel ?

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Napoléon-mania dans les JT   Actuel

Le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, a fait l’objet d’une quinzaine de reportages dans les journaux télévisés de France 2 et de TF1. Sur les deux chaînes, le traitement médiatique se résume à deux angles : des reportages « consommation » (axés notamment sur les collectionneurs et des tenanciers de magasins de souvenirs) et des sujets marqués par le « culte de la personnalité ». Le rétablissement de l’esclavage (entre autres) est rarement évoqué. Et quand il l’est, le fait est minimisé, pour ne pas dire… revisité. En résumé, c’est une vision « commerciale » du personnage qui domine, et une contribution médiatique à l’écriture d’un « roman national » par le haut, sans recul critique.

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Faut-il « cancel » Napoléon ?   Actuel

Chronique "Ouvrez les guillemets" sur Mediapart, 10 mai 2021 : " Emmanuel Macron voulait une commémoration mesurée et équilibrée, beaucoup ont malgré tout trouvé l’hommage à Napoléon Ier, à l’occasion du bicentenaire de sa mort, particulièrement appuyé, pour ne pas dire enthousiaste. Bien sûr, il y eut des débats mais le mal est fait : le président de la République s’est bel et bien lancé dans un éloge verbeux de l’empereur, auteur du coup d’État du 18 brumaire et fossoyeur des libertés publiques.
Peut-on voir dans cet épisode mémoriel davantage qu’un simple éloge de la « volonté politique » ? À l’heure où d’autres militaires s’emploient à peser sur la politique de ce pays, il serait peut-être en effet temps de s’interroger sur le sens d’un tel hommage."

"République" contre République   Actuel

On a entendu cette semaine, à la suite de l'assassinat de Samuel Paty, un concert de propositions fascisantes. Toutes avancées au nom d’une “République” qu’on ne prendra jamais le soin de définir. Il est nécessaire, dans ces circonstances, de faire un pas de côté historique et philosophique pour réfléchir au sens du mot qui est dans toutes les bouches : "République".
Qu'est-ce que "la République" ? Si l'on devait se plier à l'exercice du micro-trottoir cela mettrait assurément en évidence le flou qui entoure cette notion pour la plupart d'entre nous. On parlera de démocratie, on citera la devise, on évoquera la laïcité. On sera probablement en peine de formuler la différence avec d'autres concepts comme la Nation ou l’État. Mais quoique difficile à définir, l'idée est perçue comme positive : il faut être républicain. La « République » est le concept consensuel par excellence, elle est vue comme un cadre qui organise la libre coexistence des individus.

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Béboulonner le passé colonial et raciste   Actuel

Sur Le Média : "Que penser du mouvement actuel de déboulonnage de statues des personnages liés à la colonisation et à l’esclavage, et plus généralement de remise en cause de la place occupée par leurs noms et leurs images dans l’espace public ? L'historien Julien Théry reçoit son collègue Guillaume Mazeau, maître de conférences à la Sorbonne, qui a récemment fait paraître un bref ouvrage de réflexion, sobrement intitulé Histoire, aux éditions Anamosa."

Regulación de alquileres: la economía moral en la pandemia   Actuel

Par Rubén Martínez Moreno (La Hidra Cooperativa) et Julio Martínez-Cava (Sin Permiso)

Tras varias semanas del estado de alarma toda nuestra existencia parece estar bajo asedio. La crisis provocada por la pandemia lleva al límite algunas de las instituciones básicas para la reproducción material de nuestra sociedad. Incluso pone en cuestión el derecho a la existencia de muchas personas.
Por el momento, no hemos alcanzado un punto de crisis tan intensa que incentive los saqueos (aunque en Italia se han dado algunos). Pero, cuando el impacto sea más claro sobre las familias vulnerables, ¿se atreverá el gobierno a regular todo tipo de prácticas monopólicas? Algunos pasos se están dando en esa línea. Pero la timidez y las excepciones en esas regulaciones, más que un cambio de modelo, ilustran un modo de regulación capitalista acorde a los tiempos.

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La Macrognole (Carmagnole des facs en lutte)   Actuel

La macrognole : une création collaborative d'enseignants-chercheurs (précaires, titulaires)
et d'étudiants de l'université Paris Nanterre.

La guillotine au milieu du rond-point   Actuel

Par Nathalie Alzas, docteur en histoire

A la fin octobre 2018, un mouvement social, dit des « gilets jaunes », apparait et, pendant de nombreuses semaines, les médias, les hommes politiques, les sociologues, se penchent sur un phénomène inattendu, qui parait insaisissable, tant il différerait des mobilisations sociales habituelles. Pourtant, des discours sur l’événement reprennent des stéréotypes classiques. Tandis que le ministre de l’Intérieur évoque, selon une reductio ad hitlerum bien rodée, la menace d’une « peste brune », propagée par des « factieux », d’autres semblent s’effrayer devant les risques d’une « insurrection », voire d’une « révolution ». Le retour en force de références liées à la décennie 1789-1799 ne manque pas, en effet, d’interroger, comme si la France, depuis plus de deux siècles, sacrifiait au même jeu de rôle, entre ceux qui s’emparent, à nouveau, de slogans ou d’images issus de la Révolution et ceux qui paraissent frissonner à l’évocation d’une nouvelle Terreur… Il n’est pas de notre propos ici d’étudier un mouvement dont seul le temps dira s’il est un événement important ou pas dans l’histoire contemporaine du pays. Nous ne nous prononcerons pas non plus un jugement sur l’épineuse question du classement politique des intervenants principaux. Certes, un observateur attentif peut discerner, selon les lieux et les slogans tenus des engagements plutôt à l’extrême gauche ou droite, mais il semblerait que la majorité des manifestants soit un mélange composite de petites classes moyennes précarisées, avec, pour certains, une première entrée dans l’action politique. Ce mouvement parait surtout inédit par le lieu où il s’inscrit, un nulle part symbolique jusqu’alors de la France provinciale, périurbaine et rurale, le rond-point.

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