Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Extrait de l'ouvrage du collectif Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Cahier de doléances contemporain, Excès-Les prairies ordinaires, 2012. Rencontre avec les éditeurs de ces doléances au Merle moqueur, la libraire du 104, le mercredi 18 janvier à 20h15.

DIGNITE HUMAINE

« IL FAUT QUE VOUS fassiez une cité, c’est-à-dire des citoyens qui soient amis, hospitaliers et frères ». C’était là le vœu de Saint-Just au printemps de l’an II. La Déclaration des droits de 1793 avait alors consacré une humanité une à l’article 3 : « tous les hommes sont égaux de part la nature et devant la loi », le devoir d’assistance aux plus démunis à l’article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. » Enfin, Robespierre avait proposé un article additionnel : « Les hommes de tous les pays sont frères et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même État. » Cette manière de reconnaître l’universalité du genre humain fait de semblables plus ou moins fragiles, plus ou moins libres, plus ou moins riches, mais toujours membres de la commune humanité, était une pensée de la dignité humaine. Reconnaître un homme en chacun, même quand la vie l’avait amoindri, fondait la nécessité humanisante d’une société de secours réciproques. Une société non pas du care mais bien de la reconnaissance du même en l’autre, quels que soient l’autre et son degré d’altérité. Les seuls monstres l’étaient pour des raisons politiques, ils étaient ceux qui refusaient d’adhérer à ces principes fondant le lien humain.

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