Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La Révolution saisie par la Deuxième Guerre Mondiale   Actuel

Par Nathalie Alzas, Docteur en histoire

La réflexion ébauchée ici porte sur le phénomène d’hybridation opéré entre les discours propagés sur la Révolution française et ceux tenus sur la Seconde guerre mondiale, émanant initialement de l’extrême-droite, et qui se diffusent, désormais, à une grande partie de l’espace public.
L’amalgame entre les faits survenus pendant le second conflit mondial et la période révolutionnaire émerge lors de la création du mythe du génocide vendéen, par la thèse de Reynald Sécher, en 1985. Il bénéficie ensuite du succès spectaculaire du parc d’attraction du Puy du Fou, fondé par Philippe de Villiers. Le phénomène s’amplifie, depuis quelques années, grâce à la constitution d’un groupe médiatique caractérisé par une idéologie contre-révolutionnaire et le lancement d’un candidat aux Présidentielles de 2022. La sortie en salles du film « Vaincre ou mourir », de Vincent Mottez, en 2023, constitue un point de rencontre, parmi d’autres, de ces différentes dynamiques.
Il n’est pas de notre propos de revenir sur un film amplement décortiqué par des critiques, ni sur l’histoire du parc d’attraction, qui a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs études éclairantes d’historiens. Il s’agit ici de s’interroger, de façon plus large, sur les utilisations, manipulations et anachronismes de l’histoire de la Deuxième guerre mondiale, plaqués sur une interprétation de la Révolution française ayant clairement pour objectif une condamnation morale et politique de celle-ci, afin d’aboutir à un discrédit du régime républicain.

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Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?   Annonces

"Pourquoi sont-ils anti-robespierriste ?" : Mardi 20 juin à 18h30, table ronde du département d’histoire de l’Institut La Boétie. La Miroiterie – Espace Dubail, 18 passage Dubail, Paris 10e.

"Robespierre est une des figures les plus connues de la révolution française. C’est aussi la figure centrale sur laquelle se focalise beaucoup de critiques de la période révolutionnaire, notamment à partir de 1792.
Mais sa légende noire créée par une certaine tradition historiographique et dans le débat public ne correspond souvent pas à la réalité des faits. Derrière ces caricatures, on trouve de réelles divergences profondes avec l’ensemble du processus révolutionnaire, en non la seule figure de Robespierre. C’est bien ces oppositions qui sont intéressantes à décrypter en lien avec les faits historiques. Les historien·nes Isabelle d’Artagnan, Marc Belissa, Suzanne Levin et Hugo Rousselle exploreront ces questions durant cette table-ronde en faisant des allers-retours entre discours historiques et actuels sur Robespierre et la Révolution. Elle sera animée par Jean-Marc Schiappa, co-animateur du département d’histoire."

Voir sur le site de l’Institut La Boétie

Call for Papers: “Natural Rights and Politics in the Early Modern Period”   Annonces

Despite the ubiquity of the idea of human rights in our political culture, and its strong presence in the work of political scientists, jurists and contemporary historians, scholarly interest in natural rights — the tradition from which human rights are drawn — remains sporadic and fragmentary. Natural rights were long considered the expression of a possessive and individualistic liberalism (C. B. Macpherson), born in tandem with capitalism and serving as its justification, or else as a nominalist aberration of Scholastic thought (Michel Villey). However, the pioneering work of medievalist Brian Tierney shows that subjective natural rights, seen as inhering in every individual in function of their humanity, go back at least as far as the 12th century. Far from being an expression of the omnipotence of the acquisitive will, natural rights were conceived of as limited by the principle of reciprocity. “Social” rights, such as the right to subsistence, are thus revealed to be not a late addition, but one of the first rights theorized by the medieval jurists of Bologna.

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Une police sans policiers. Les commissaires de police en Révolution   Annonces

Vincent Denis, Policiers de Paris. Les commissaires de police en Révolution (1789-1799)

Vincent Denis, Policiers de Paris. Les commissaires de police en Révolution (1789-1799), Paris, Époques Champ Vallon, 2022.

Dans ce livre, Vincent Denis analyse brillamment le groupe des commissaires de police pendant la Révolution française, leurs modes d'élection par les citoyens, leur action au service des districts puis des sections de la capitale. Une "police sans policiers" se met en place en 1789-1790 et jusqu'en 1795 quand le Directoire crée une police "professionnelle" sur laquelle s'appuiera par la suite la dictature de Bonaparte. Comme le dit la dernière phrase de la conclusion de ce bel ouvrage: "A l’heure où l’interrogation sur les relations actuelles entre polices et populations n’a jamais parue aussi urgente, nous aurions peut-être quelques enseignements à tirer d’un temps où les Parisiens choisissaient leurs policiers"… On trouvera ci-dessous la table des matières et la conclusion du livre :

"Au terme de ce parcours historique, il apparaît qu’un basculement s’est effectué qui, sur les décombres de la police d’Ancien Régime, a transformé les commissaires de délégués des sections en serviteurs de l’Etat. Trois configurations distinctes et successives ont ainsi été mises en évidence, dont on peut préciser la chronologie. Ni le 10 août 1792, ni le 9 thermidor an II n’expliquent à eux seuls le basculement d’une phase à l’autre. Ils en sont plutôt les catalyseurs, en accélérant une évolution déjà entamée. Ainsi, l’avènement des « commissaires-citoyens » à l’automne 1792 avait déjà connu quelques signes annonciateurs, avec l’élection de figures drastiquement politisées à partir de la crise de l’été 1791, tissant déjà des relations nouvelles avec la population de leur section, avec des figures comme Jurie ou Letellier. L’élection des ex-bureaucrates Bonenfant et Maisoncelle, à la veille du 10-Août, était révélatrice de l’émergence de nouveaux canaux d’accès à la charge, qui se généralisent dans les mois suivants. La crise du 10-Août elle-même parachève la désintégration déjà avancée de la configuration laborieusement mise en place en 1790-1791, en accentuant à l’extrême les tensions que la politisation exerçait sur les commissaires depuis des mois."

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La République de Prieur de la Marne   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 2 juin 2022.
Intervention de Suzanne Levin (Naples) sur : ''La République de Prieur de la Marne.
Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II''.

Gracchus Babeuf   Annonces

 Babeuf de Schiappa

Avant-propos et extrait du dernier chapitre du Gracchus Babeuf de Jean-Marc Schiappa, Paris, Fayard, 2023.

AVANT-PROPOS

Lors d’une évaluation des problèmes de la recherche historique sur Babeuf et les babouvistes, nous interrogions : « Une “biographie” de Babeuf est-elle seulement possible (1) ? » Nous voulions souligner par là les difficultés considérables à notre sens d’une telle entreprise qui ne soit pas déformée ou oblitérée par l’enjeu de débats poli- tiques ultérieurs ; de ce point de vue, l’interrogation est fondée.

Il suffit de lancer n’importe quel moteur de recherche sur « Babeuf », y compris les sites électroniques de publications scientifiques, pour s’en convaincre. François Noël Babeuf est toujours (ou presque) nommé, cité, référencé comme métaphore, mais rarement (pour ne pas dire jamais) comme personnage historique (1760-1797). Surtout, on multiplie les erreurs.

On le désigne comme « premier communiste », ce qui est très approximatif ; « inventeur du mot communiste », ce qui est totalement faux ; « proto-marxiste », ce qui ne veut rien dire (tout ce qui est avant Marx est, étymologiquement parlant, proto-marxiste) ; on le mentionne comme fin d’une lignée, celle de « la grande mémoire de Robespierre, de Saint-Just, des sans-culottes » ; on le situe dans une continuité inexpliquée, « de Marat à Babeuf » ; on peut évoquer « la querelle entre Rousseau et Voltaire, un réveil des mânes de Gracchus Babeuf » ; ou l’insérer dans une accumulation disparate, « ils ont pour noms Socrate, Spartacus, Jésus, Bruno, Galilée, Babeuf », mais on trouve aussi « une seconde tradition que l’on peut qualifier de léniniste (…) bâtie autour d’un événement important de la période révolutionnaire, le procès de Gracchus Babeuf ». Contradictoirement, on l’intègre aussi dans la tradition de ce que l’on a appelé le « socialisme utopique ». S’il s’agit ici de publications récentes, on reconnaît sans peine l’ancienne formule de François Furet et Denis Richet à propos de cette « postérité confuse (2) ». Significativement, un chercheur avait parlé des compagnons de Babeuf comme « écartelés entre un passé mort et un avenir imaginaire, des hommes sans présent (3) ».

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Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac »   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 12 mai 2022.
Intervention de Jacques Guilhaumou (CNRS) sur :
Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac ».

Vaincre ou mourir...suite et fin (?)   Actuel

Dossier publié par la rédaction d'Écran Large, à propos du film Vaincre ou mourir :
"Notre critique de Vaincre ou mourir et les réactions pour le moins véhémentes qu'elle a suscitées en attestent : sa sortie n'est pas anodine. Et pour cause : plus ou moins adapté d'un spectacle du Puy du Fou par une structure de production dérivée du parc lui-même, co-produit par StudioCanal et distribué par une entreprise peu connue du grand public, c'est un peu une anomalie dans un paysage cinématographique français pourtant bien bigarré.
Certains reprochent à la presse de lui accorder une telle couverture. C'est néanmoins l'évidence : le film est parvenu à s'imposer dans ce paysage, fort d'une vraie exposition publicitaire et d'une distribution assez importante. Reste donc à retracer sa conception, à expliciter le contexte très particulier dans lequel il s'inscrit volontiers, à rapporter les débats qu'il engendre et à modérer des espaces commentaires pris d'assaut."

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Vaincre ou mourir...suite   Actuel

Vaincre ou mourir : critique d’un Puy sans fond de nullité   Actuel

Amorce de l'article d'Antoine Desrue, à lire sur Écran Large : "Il faut bien admettre qu’à l’annonce de Vaincre ou mourir, le premier film produit par le Puy du Fou, on se doutait qu’on allait s’en payer une tranche. Mais en y ajoutant le soutien de Vincent Bolloré et du distributeur SAJE dans leur entreprise d’évangélisation décomplexée des masses, cette réécriture hallucinée des guerres de Vendée a explosé nos compteurs Geiger. Critique d’un monument de radioactivité cinématographique".
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Voir également l'éditorial de Libération (23/01/2023), «Vaincre ou Mourir», l’histoire comme champ de bataille culturel pour les réacs : "La sortie mercredi du premier film produit par le Puy du Fou, mettant en scène les bons royalistes contre les méchants républicains pendant la guerre de Vendée, est un exemple supplémentaire de l’offensive conservatrice en cours, qui utilise le soft power pour diffuser des idées sans en avoir l’air."
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La Société des Anti-Politiques d'Aix   Etudes

par Jean-Baptiste Budjeia, Université de Lille (UMR 8529-IRHiS)

Les Antipolitiques étaient un club politique au recrutement très populaire, dans une ville « aristocratique ». Aix, capitale de l’ancienne province de Provence, fut près de trois ans capitale du jeune département des Bouches-du-Rhône. Parmi ses trois députés aux états généraux du Royaume, elle avait envoyé son archevêque, Boisgelin, et le tonitruant Mirabeau. Mais cette « façade aristocratique » ne doit pas laisser oublier qu’il existait dans cette ville un mouvement populaire fortement engagé dans le processus révolutionnaire, mouvement porté par des artisans et des cultivateurs qui s’établirent en cercle le 1er novembre 1790 et se choisirent un nom, les Antipolitiques, qui ne peut laisser indifférent. Être Antipolitiques ne signifiait pas être contre la politique, mais contre les hommes politiques, du moins contre les pratiques qui leur étaient associées, ces hommes étant perçus comme des intrigants gouvernant pour leurs intérêts propres contre la Chose publique et le « bonheur commun » ; on opposait, en somme, les intérêts particuliers à la vertu, nous y reviendrons. Des artisans et des cultivateurs qui doubleraient sur sa gauche la Société des Amis de la Constitution d’Aix, tenue par les robins de la ville, et rivaliseraient de prestige et de ferveur patriotique avec les puissants Jacobins marseillais.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2022-2023   Séminaire

Programme 2022-2023 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 26 janvier, Marc Belissa (Nanterre – Paris Ouest), Quelle sororité ? Républiques américaine et française dans la culture politique républicaine-démocrate aux Etats-Unis (novembre 1792-mai 1794).

- 9 février, David Casassas (Barcelone - UB), Républicanisme et revenu d'existence.

- 9 mars, Thomas Perroud (Paris II), L’État républicain, les services publics et les communs.

- 13 avril Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 25 mai, Christopher Hamel (Rouen), Le républicanisme de Richard Price.

- 29 Juin, Myriam-Isabelle Ducrocq (Nanterre – Paris Ouest), L’Oceana de Harrington et sa réception dans la France des Lumières et de la Révolution: pour une autre vision du républicanisme anglais.

La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 avril 2022.
Intervention de Florence Gauthier (Paris-Diderot) :
La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?
Exemple de son histoire du XVIIe au XIXe siècles en France.

La société des Antipolitiques d’Aix   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 31 mars 2022.
Intervention de Jean-Baptiste Budjeia (Lille III) sur :
La société des Antipolitiques d’Aix.

La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II   Annonces

 Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre

Introduction de l'ouvrage de Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II, Paris, L'Harmattan, 2022, 566 p.

"Pour consolider nos droits d’une manière durable, élevons-nous à la hauteur qu’exigent les circonstances, soyons de véritables républicains".
Prieur de la Marne à la société populaire de Rostrenen, 14e jour du 2e mois (brumaire) an II - 4 novembre 1793.

Les termes de cette étude peuvent surprendre. Qui, aujourd’hui, à part les spécialistes, connaît Prieur de la Marne, figure de second plan mais pourtant centrale de la Révolution française ? Alors même que la République est invoquée de nos jours à tort et à travers, qui connaît toute la richesse des traditions républicaines ? Qui connaît le droit naturel, alors que son expression dans les « droits de l’homme » est désormais à la fois omniprésente et dépolitisée, privée de sa puissance subversive ? Nous allons voir que la carrière révolutionnaire de Prieur nous éclaire sur le sens qu’il y avait à défendre les idées de République et de droits de l’homme à une époque où ces mots n’avaient rien de creux.
La Révolution de 1789 fut, dès son commencement, une révolution populaire et jusnaturaliste, c’est-à-dire de droit naturel. Dans la mesure où, pour les contemporains, tout « État libre » est une république, cette Révolution, qui cherchait à établir une France libre — pour citer le célèbre journaliste Camille Desmoulins — était également républicaine, même si le mot faisait peur aux débuts de la Révolution.

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