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Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II   Annonces

 Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre

Introduction de l'ouvrage de Suzanne Levin, La république de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II, Paris, L'Harmattan, 2022, 566 p.

"Pour consolider nos droits d’une manière durable, élevons-nous à la hauteur qu’exigent les circonstances, soyons de véritables républicains".
Prieur de la Marne à la société populaire de Rostrenen, 14e jour du 2e mois (brumaire) an II - 4 novembre 1793.

Les termes de cette étude peuvent surprendre. Qui, aujourd’hui, à part les spécialistes, connaît Prieur de la Marne, figure de second plan mais pourtant centrale de la Révolution française ? Alors même que la République est invoquée de nos jours à tort et à travers, qui connaît toute la richesse des traditions républicaines ? Qui connaît le droit naturel, alors que son expression dans les « droits de l’homme » est désormais à la fois omniprésente et dépolitisée, privée de sa puissance subversive ? Nous allons voir que la carrière révolutionnaire de Prieur nous éclaire sur le sens qu’il y avait à défendre les idées de République et de droits de l’homme à une époque où ces mots n’avaient rien de creux.
La Révolution de 1789 fut, dès son commencement, une révolution populaire et jusnaturaliste, c’est-à-dire de droit naturel. Dans la mesure où, pour les contemporains, tout « État libre » est une république, cette Révolution, qui cherchait à établir une France libre — pour citer le célèbre journaliste Camille Desmoulins — était également républicaine, même si le mot faisait peur aux débuts de la Révolution.

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Faire référence à la Révolution française serait devenu du « fascisme » ?   Actuel

Par Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis.

Une polémique étrange, mais révélatrice d’un nouvel imaginaire politique qui veut s’imposer, a accueilli un tweet de Jean-Luc Mélenchon appelant à manifester le 16 octobre « contre la vie chère ». Cet imaginaire porte en lui un nouveau regard idéologique sur la Révolution française et annonce une victoire culturelle de ceux qui n’y voient qu’un épisode sanglant annonçant les grands totalitarismes du XXe siècle.
Parce que c’est lourd de conséquences sur l’identité républicaine de notre pays, ceux qui n’ont pas honte de la Révolution française, et même qui y trouvent une inlassable source d’inspiration, doivent réagir.
Publié le 6 octobre, ce tweet faisait banalement référence à un grand « classique », une date glorieuse de la Révolution française, le 6 octobre 1789 où une manifestation populaire, conduite par les femmes travailleuses de Paris, se rendit à Versailles chercher le roi Louis XVI. Cette manifestation confirmera le rôle du peuple comme acteur politique majeur durant la Révolution, débloquant par son action spontanée des moments à l’issue incertaine. Suite à cette manifestation, le roi viendra s’installer à Paris, où il sera alors accueilli aux cris de « Vive le roi, vive la nation », plaçant définitivement le pouvoir politique dans la capitale et d’une certaine façon sous le contrôle du peuple. A Versailles, les manifestantes obtiennent notamment du roi la signature d’un décret sur les subsistances et la livraison du pain. C’est seulement une fois ramené à Paris que Louis XVI acceptera de promulguer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, pourtant adoptée fin août.

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Richesse et vertu chez Harrington   Etudes

Par Alberto Ribeiro G. de Barros, Université de São Paulo/CNPq.

John Pocock fait de James Harrington une figure fondamentale du républicanisme anglais et lui accorde une place centrale dans l’anglicisation de ce qu’il a dénommé le langage de la vertu. Utilisé par les humanistes de la Renaissance italienne et surtout par Machiavel, ce langage a rétabli au début de la modernité l’idée aristotélicienne selon laquelle l’être humain développe sa nature morale et politique lorsqu’il participe avec ses semblables à une action collective dans la construction d’un ordre politique capable de faire face aux forces instables de la contingence (1). D’après Pocock, ce même langage a été repris par Harrington dans son projet constitutionnel d’une république agraire de petits propriétaires fonciers, autonomes, armés et dotés d’esprit civique, prêt à se battre pour leur liberté (2). L’image produite par Pocock est ainsi celle d’un auteur qui a préféré adopter le modèle de la cité ancienne, au sein de laquelle régnait la vertu civique de libres tenanciers armés, en détriment des nations commerçantes modernes dont la multiplication des richesses représenterait un facteur corrupteur qui menacerait la stabilité et la longévité de la république (3).

Mon propos est de problématiser cette image, d’abord, en mettant en valeur quelques passages de l’œuvre d’Harrington (4), dans lesquels la base matérielle du gouvernement n’est pas la propriété foncière, mais les biens monétaires. L’intention est de rappeler que sa théorie sur les fondements socio-économiques du pouvoir est également adaptée aux nations commerçantes. Ensuite, je voudrais souligner qu’il y a chez lui une conception de la vertu liée aux ordonnances et dispositifs constitutionnels qui est capable de maintenir la stabilité et la longévité de la république autant ou plus que la vertu des citoyens, indépendamment du fait que la république soit agraire ou soit commerçante.

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