Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

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Par delà les Anciens et les Modernes : le républicanisme de Jules Barni   Etudes

Par Renaud Quillet, Université d'Amiens

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Né en 1818, mort en 1878, Jules Barni a été élève à l’Ecole normale supérieure et major de l’agrégation de philosophie en 1840(1). Engagé de manière pionnière dans la traduction en français et l’exégèse de l’œuvre de Kant, il se sent appelé par les événements de 1848 à entrer activement dans le combat républicain et à développer sa propre conception du républicanisme. Il appartient à une génération qui doit défendre la voie républicaine contre la critique libérale professée au nom de la thématique de la « Liberté des Modernes », inaugurée par Benjamin Constant. Il est aussi et par là même l’un des acteurs d’un moment où la pensée républicaine se distingue et s’autonomise clairement de la pensée libérale, et, au moins pour partie, du socialisme. Tout en poursuivant durant près de trente ans son œuvre d’instigateur par excellence de l’appropriation française du kantisme, il va développer une théorisation de la République qui se forge au feu de la réflexion philosophique, bien entendu, mais aussi de l’expérience militante et électorale en 1848 et 1849, de l’opposition et de l’exil à Genève sous l’Empire, de l’activisme internationaliste et du compagnonnage avec Garibaldi, et enfin dans la collaboration avec Gambetta et la pratique politique dans les cercles républicains et au conseil municipal d’Amiens ainsi qu’au Parlement dans les années 1870. Avec une belle continuité, il articule ainsi autour de l’idée républicaine anthropologie, morale publique et privée, instruction publique, conceptions et pratiques constitutionnelles, économiques et sociales.

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« Robespierre a été un grand dirigeant de la démocratie en acte »   En ligne

Entretien avec Florence Gauthier publié dans le Canard républicain à l'occasion de la préemption exercée par l'Etat sur les manuscrits de Robespierre.
Extrait : "Robespierre a ainsi lutté pour fonder une république démocratique, dans laquelle la souveraineté populaire n’était pas seulement écrite sur le papier de la Constitution, mais une conscience et une pratique réelles. Avec Grégoire en particulier, il s’est battu pour faire respecter la souveraineté des autres peuples, avec l’objectif de construire une alliance de républiques démocratiques, dans le but d’empêcher la France de continuer de mener une politique de puissance conquérante, mais aussi de se protéger des offensives impérialistes éventuelles : c’est une dimension de leur combat trop souvent négligée ! On retrouve les mêmes préoccupations chez Thomas Paine, par exemple, sujet britannique, citoyen des États-Unis d’Amérique au moment de leur guerre d’indépendance et député à la Convention en France de 1792 à 1795. Ajoutons aussi chez Emmanuel Kant, qui a théorisé son Projet de paix perpétuelle (1795) à la lumière du grand cycle révolutionnaire qui s’est développé au tournant du XVIIIe siècle, et qui a eu connaissance de la Révolution de Saint-Domingue/Haïti, première révolution faite par des esclaves insurgés en Amérique."

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Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

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