Le tyrannicide dans l'Europe moderne Annonces
Conclusion de l'ouvrage de Monique Cottret, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans l'Europe moderne, Paris, Fayard, 2009, 450 pages.
En parcourant tous ces régicides, de la Florence des Médicis à la France révolutionnaire, la tentation paraît bien grande de tout enfermer dans un même cynisme : chaque époque, chaque groupe, chaque individu ne serait-il pas susceptible de construire le tyran dont il a besoin ? de fabriquer des motifs pour qualifier de tyran celui dont on ne veut plus et justifier ainsi une solution violente ? Retournements, échanges des arguments, instrumentalisations, manipulations, trahisons ne manquent pas effectivement dans cette histoire du politique. Pourtant tous les régicides ne se valent pas : loin de nous la curieuse idée de les classer, mais force est de constater les différences. Ceux qui se réclament de Judith, ceux qui évoquent Brutus ne sont pas tout à fait les mêmes. Il y a ceux qui utilisent le poignard, ceux qui font des procès, les régicides individuels et les régicides collectifs. Beaucoup agissent au nom de Dieu, d’autres au nom de l’Etat, de l’impulsion divine ou de la raison… Très longtemps on attaque le tyran, mais on continue à célébrer le bon roi. En 1649 pourtant comme en 1793, c’est bien la superstition royale qui est en cause : Dieu, ou le peuple, sont seuls souverains.