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Révolution Française

L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial   Annonces

 Eric Mesnard Encyclopédie

Introduction de l'ouvrage d'Eric Mesnard, L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial, Genève, Slatkine, 2023.

Les vingt-huit volumes in-folio de l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par une société de gens de lettres, furent publiés entre 1751 et 1772. Pendant ces deux décennies, environ un million six-cent-mille Africains furent embarqués dans des navires négriers dont deux-cent-cinquante-mille environ à bord de négriers français. Il y avait, alors, plus de six-cent-cinquante-mille esclaves dans les colonies françaises de l’Atlantique et de l’océan Indien. Au cœur de cette période, la guerre de Sept Ans (1756-1763) s’étendit sur les océans où les deux principaux belligérants avaient des colonies. Les négociations qui débouchèrent sur le Traité de Paris eurent comme enjeu majeur, pour la France et la Grande-Bretagne le contrôle des « isles à sucre ».
Comment alors comprendre que parmi les 74 000 articles de l’Encyclopédie, moins d’une centaine concernent explicitement la question des traites négrières et de l’esclavage colonial (Voir tableau en annexe 2) ? L’analyse et la mise en relation de ces articles, de longueur et de portée très inégales, permettront de s’interroger sur les contradictions et les ambiguïtés des encyclopédistes, mais aussi de prendre en compte l’expression parfois fulgurante de principes anti-esclavagistes. Comme en témoigne, notamment, le cheminement de Diderot, les débats ouverts par la première édition de l’Encyclopédie ont contribué, lors de la décennie suivante à une radicalisation de la pensée anti-esclavagiste et à un enrichissement de son expression dans le débat public alors que la traite et l’exploitation du travail servile atteignaient des sommets jusqu’alors inégalés.

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Les serments politiques et religieux pendant la Révolution française   Notions

Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle (Paris-Sorbonne)

Le serment prêté par les membres d’une autorité constituée était bien connu de la monarchie française. Mais parce que manifestation d’allégeance à la personne du roi, il s’est trouvé fortement mis en cause, à la fin de l’Ancien régime, dans une perspective inspirée par les théories du droit naturel.
C’est pourtant par un serment (jeu de Paume, 20 juin 1789) que s’ouvre la Révolution. Cependant, cet acte inaugural en renouvelle profondément la nature. De manifestation d’allégeance à l’autorité publique, le serment devient acte collectif d’engagement réciproque entre jureurs égaux en droits. Le serment entre alors rapidement dans la geste révolutionnaire, sous deux formes complémentaires. D’une part, alors que le serment du 20 juin devait garantir la réalisation d’un mandat collectif précis, donner une constitution au royaume, le serment devient manifestation permanente, plus ou moins spontanée, d’adhésion aux principes de la Révolution, déclarés dès août 1789, et d’unité nationale, dans une dynamique où prestations nationales et locales se répondent constamment, à l’instar des serments des fédérations culminant dans la cérémonie parisienne du 14 juillet 1790. De l’autre, la Révolution invente une nouvelle forme de serment, éludant partiellement le caractère religieux originel de ce type d’engagement, bien qu’il s’applique en premier lieu aux membres du clergé, avec l’imposition du serment lié à la constitution civile du clergé (12 juillet 1790) puis avec le premier serment civique, prêté solennellement par le roi le 23 janvier 1791.

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