Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Thompson et le problème de la conscience   Etudes

Par Bernard Aspe, philosophe

Edward P. Thompson est historien, il a écrit relativement peu de livres, et seuls deux d’entre eux ont été traduits en français, dont son oeuvre majeure, La formation de la classe ouvrière anglaise (1). De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un sujet politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?

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Le républicanisme des droits   Annonces

Christopher Hamel soutiendra sa thèse de doctorat en philosophie sur Le républicanisme des droits. Vertu civique et droits naturels dans la pensée de John Milton et Algernon Sidney, au Panthéon-Sorbonne, le vendredi 27 février 2009 à 14 h, 12 place du Panthéon, salle 419B.

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Josiah Child et Vincent de Gournay   Annonces

Meyssonnier Child et Gournay

Traités sur le commerce de Josiah Child suivis des Remarques de Jacques Vincent de Gournay, édité et présenté par Simone Meyssonnier, Paris, L’Harmattan, Les cahiers d’économie politique, 2008 


Cette édition des Remarques de Jacques-Claude Vincent de Gournay est une première éditoriale en France. Les manuscrits de ce texte, écrit en 1752 et cité par Turgot et l’abbé Morellet, n’ont été découverts qu’en 1976, à la Bibliothèque municipale de St Brieuc. L’édition par son découvreur, Takumi Tsuda, parue au Japon en 1983, aujourd’hui épuisée, ne pouvait rester sans suite. Elle ne distinguait pas les notes autographes de l’auteur, ni ne reprenait les notes de ses commentateurs, dont celles d’un des membres les plus influents de son groupe, Véron de Forbonnais. En outre, Tsuda interprétait la doctrine de l’intendant dans un sens protectionniste, et le considérait comme « trahi par Turgot » qui aurait accentué à tort son libéralisme. Ceci est contestable : les mémoires des contemporains qui figurent dans le fonds de St Brieuc, le présentaient comme un partisan convaincu d’une politique économique libérale, en opposition à ceux qui se réclamaient de la politique réglementariste de Colbert. De nombreux mémoires autographes de Gournay, autres que les « Remarques », apportent aussi la preuve de cette orientation.

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Préjugé de couleur contre unité du genre humain   Entretiens

Sur le droit naturel moderne et les débuts de la Révolution de Saint-Domingue-Haïti. Enregistrement de l'interview de Florence Gauthier par Anne Logeay, samedi 6 décembre 2008 sur Fréquence Protestante.

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Les guerres de la Révolution française : exportation de la liberté ou guerres de conquêtes ?   En ligne

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

Conférence prononcée dans le cadre des conférences du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense ayant pour thème "l'exportation armée des idées et des systèmes" et publiée dans les Cahiers du CEHD, n° 34, décembre 2008.

Dans son grand discours du 2 janvier 1792 contre la guerre projetée par les amis de Brissot et les Girondins, Robespierre déclarait : "La déclaration des droits n’est point la lumière du soleil qui éclaire au même instant tous les hommes ; ce n’est point la foudre qui frappe en même temps tous les trônes." Il ajoutait : " La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis." Ainsi, pour Robespierre, l’idée que l’on puisse « exporter » les principes au bout des baïonnettes était en soi « extravagante ». Pourtant, cette idée que la Révolution française a, dès l’origine, cherché à imposer ses principes au-dehors est un lieu commun d’une grande partie de l’historiographie, et l’image glorieuse des soldats de l’an II voulant libérer le monde par les armes a encore quelque écho dans les représentations de l’événement.

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Dénoncer les manœuvres du pouvoir exécutif   Actuel

Renouant avec les principes de Marat selon lesquels "l'accusation publique est le devoir de tout citoyen", le 9 février 2009, des Présidents d'Universités dénoncent "le plus grand coup porté à l'école de la République depuis Vichy" et rendent publics les "mensonges" et les "méthodes de voyous" du ministère.

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L'émeute populaire du 5 septembre 1791 à Nantes   Etudes

Par Samuel Guicheteau, Cerhio-Université Rennes 2

samuel guicheteau ouvriers nantais

Cette étude est développée dans l'ouvrage de Samuel Guicheteau : La Révolution des ouvriers nantais. Mutation économique, identité sociale et dynamique révolutionnaire (1740-1815), Rennes, PUR, 2008, ouvrage tiré d'une thèse soutenue à Rennes 2. L'auteur nous propose ici un extrait centré sur l'analyse d'un événement particulier : l'émeute du 5 septembre 1791 à Nantes. Il s'emploie à mettre en valeur les formes de la participation spécifiquement ouvrière à une émeute populaire dans le cadre révolutionnaire.

Connue comme une grande place négociante et portuaire (1) , Nantes est aussi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une grande ville industrielle et ouvrière. Dans les ateliers et les manufactures, sur les quais et les chantiers, de très nombreux ouvriers (2) et ouvrières y travaillent. En cette période, la ville croît (3) et la Révolution industrielle naît. Si la création des grandes manufactures cotonnières – les indienneries, puis les filatures mécanisées – témoigne avec éclat de ce puissant essor, le travail dispersé connaît lui aussi d’importants changements. Certes, le monde ouvrier nantais présente, à première vue, une grande diversité. Mais la plupart des ouvriers partagent une identité commune forgée au travail : celle-ci se fonde sur la qualification et l’autonomie qui nourrissent un idéal de fierté et de dignité (4). Remis en cause par l’industrialisation, cet idéal s’affirme cependant dans la résistance que les ouvriers opposent aux nouvelles exigences patronales et au renforcement de la police du travail.

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Le Dictionnaire national et anecdotique (1790) de Pierre-Nicolas Chantreau   Mots

Edition critique présentée et annotée par Agnès Steuckardt, Université de Provence

Editions Lambert-Lucas, Limoges, 2009, 220 pages.

chantreau

Pierre-Nicolas Chantreau part enseigner le français à Avila, en 1767, l’année où les jésuites sont expulsés d’Espagne : il a vingt-six ans. Il revient à Paris quinze ans après, auteur d’un Arte de hablar bien francés, qui deviendra en Espagne la grammaire française de référence. En 1789, le professeur de grammaire court les assemblées, dévore les « papiers-nouvelles », et publie, début 1790, le premier dictionnaire de la Révolution française. Par ordre alphabétique, c’est le bouleversement d’un univers mental que décrit Chantreau. Il faut apprendre des mots dont on n’avait guère l’usage sous l’Ancien Régime, comme élire, district, motion, scrutin. Même les mots courants réservent des surprises : dans le Nouveau Régime, journal, lanterne ou maire ne désignent plus les mêmes référents. Et puis, il y a l’enfer du dictionnaire. Dans l’« Appendice contenant les mots qui vont cesser d’être en usage » sont relégués les noms de pratiques abolies par la Révolution : champart, gabelle, lettres de cachet, servage et bien d’autres. Conscient de l’inscription de la langue dans son temps, Chantreau s’orientera par la suite vers l’histoire.

On trouvera dans l’annotation de ce texte, réédité deux cents ans après la mort, en 1808, du citoyen Chantreau, professeur d’histoire à Saint Cyr, les informations historiques et linguistiques nécessaires pour y lire le basculement d’une société et de sa langue. La présentation de l’ouvrage éclaire les enjeux culturels de ce dictionnaire. « L’auteur n’est point un triste lexicographe », écrit un de ses premiers lecteurs, Camille Desmoulins : « Il a choisi ce cadre heureux pour égayer ses lecteurs, & se jouer avec eux des ridicules du jour ». Dans la bataille du rire qui se livre pendant les premiers mois de la Révolution, Chantreau refuse de laisser le champ aux écrits aristocrates : maniant persiflage et autodérision, il revendique pour le discours patriote un trait que l’on croyait, en 1790, caractéristique du génie national : la gaieté française.

Ci-après la conclusion de cette édition de textes

Voir aussi le commentaire de Raveline, et la réponse de l'auteure

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