Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Directoire, triumvirat et despote   Mots

Les débats bachelotiques autour de la “gouvernance” des hôpitaux sont au moins d’un grand intérêt sémantique ; trois mots y reviennent comme une litanie : directoire, triumvirat et despote. Notons d’abord que Sarkozy a parlé de “despote absolu”, et qu’il aurait pu faire l’économie de l’adjectif (en ces temps d’économies budgétaires) car le despotisme implique l’absoluité.

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La représentation de l'événement révolutionnaire ou la peinture à l'épreuve de la gravure   Etudes

Par Philippe Bordes, Institut national d’histoire de l’art, Paris

Le Dix-Août de Bertaux

Le Dix-Août de "Bertaux", (1) conservé au château de Versailles, est une peinture célèbre, souvent exposée, souvent reproduite (voir sa reproduction en grand format). Aux yeux des historiens qui l'invoquent, c'est un témoignage visuel de l'époque révolutionnaire allant de soi, pouvant être reproduit presque sans commentaire. L'œuvre est considérée comme l'illustration fidèle d'un événement majeur. On sait qu'elle fut exposée au Salon de 1793, exactement un an après la scène historique représentée. Elle s'intègre dans l'effort concerté des révolutionnaires pour solenniser le souvenir de cette journée décisive. Telle une veduta, la reconstitution de l'événement sur la toile prétend à une grande exactitude. La façade des Tuileries que l'on voit sur la gauche, les costumes militaires et civils, les cadavres, les mêlées et charges confuses des combattants, soulignent les visées documentaires de l'auteur. A tel point que l'analyse de l'image sert généralement non pas à révéler l'invention et l'imagination qui sont au cœur de la création artistique, mais à développer un discours peu critique fondé sur l'idée d'une sorte de vérité de la représentation. (2) Pourtant, quelle que soit l'intensité des contraintes documentaires exercées par l'actualité sur une représentation peinte ou gravée, celle-ci reste une construction imaginaire élaborée à partir de codes visuels. (3)

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Les discours de la haine   Annonces

Introduction et table des matières de l'ouvrage dirigé par Marc Deleplace, Les discours de la haine. Récits et figures de la passion dans la cité, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

deleplace discours de la haine

La haine n’est certes pas une passion inconnue des historiens, qui interroge les comportements collectifs et pose au plus haut point la question des conditions de la destruction du lien social, lorsqu’elle s’exprime sans frein, et du rétablissement de l’ordre rationnel de la Cité, par les procédures de contrôle qu’elle implique. Elle n’est pas non plus un objet indifférent à l’historien si l’on s’en tient, parmi d’autres, à un certain nombre de travaux qui ont d’ores et déjà porté leur attention sur ses manifestations sociales, qu’il s’agisse, dans l’ordre politique, de la haine de la royauté dans la république romaine, ou, touchant à l’ordre social, le surgissement de la haine et son contrôle dans l’espace de la commune médiévale. Haine politique ou haine sociale ne sont donc pas des angles morts de l’interrogation historienne, bien au contraire. Mais prolonger la réflexion sur la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d’une approche historique. Approche qui peut s’inscrire dans une démarche d’historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste, puisque telle est la perspective tracée par le présent colloque qui a souhaité croiser les regards de ces spécialités apparemment éloignées les unes des autres par leurs objets, par leurs méthodes d’investigation, par les langages mêmes qui sont les leurs.

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Une citoyenneté sans identité nationale : raviver le désir de la marche pour l’égalité   Actuel

Par Saïd Bouamama, acteur de la Marche pour l’égalité de 1983, et Sophie Wahnich, historienne (Laios-CNRS)
Dialogue publié dans la revue Vacarme n°46

Paris, 21 Novembre 2008

Sophie : En 1986, je travaille sur l’étranger dans la Révolution française, j’espère explicitement trouver dans ce moment historique un modèle d’hospitalité qui vienne contrecarrer la politique de Pasqua et donner des outils pour imaginer une autre république, fidèle à ses principes : une humanité une, une égalité entre les hommes, égalité faite de relations libres et réciproques entre les citoyens et entre les peuples. Au XVIII e siècle, la notion de nationalité n’est pas encore constituée, encore moins la notion d’Etat-nation. Le roi donne cependant des lettres de « naturalité » aux étrangers qui en font la demande et la souveraineté du peuple se dote d’une assemblée nationale constituante. Un écheveau d’ambiguïtés ? Des difficultés pour le moins à venir. Cette capacité à découpler ou à rendre moins exclusif le lien entre citoyenneté et « naturalité française » selon les termes de l’époque, a de fait bien existé pendant la Révolution française. Autour du « nom français », ce qui se jouait n’était pas une identité nationale mais une manière d’être au monde et de vouloir y jouer un rôle.

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1789-2009 un 1er mai   Actuel

Manifestation du 1er mai à Paris

Images tirées de La photothèque du mouvement social
Voir également le texte de Sophie Wahnich : Après 1789, 2009 ?

Le manuscrit de l’égalité barrée : égalité et insurrection en 1795   Etudes

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Notre point de départ est la pièce manuscrite, que nous reproduisons ci-dessous (1), dans laquelle le mot égalité est barré. Nous confronterons ce document qui a trait à l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1795 avec « le récit standard » de la Révolution française (2) à propos de la notion d’égalité et du moment thermidorien. Cela nous conduira à placer notre propos dans la perspective du processus ouvert en 1789 et à interroger l’égalité dans ce parcours qui la lie au droit à l’insurrection.

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