Par Lucien Calvié, Université Toulouse II - Jean Jaurès.

Angela Merkel devant quitter la Chancellerie fédérale allemande en septembre 2021, après seize ans de pouvoir, à l'occasion des élections au Bundestag, on peut tenter de caractériser l'idéologie qui a sous-tendu sa politique. Pour cela, on peut partir des commentaires élogieux, dont celui du Président des États-Unis Obama, qui, en 2015, ont suivi sa décision d'ouvrir sans restriction les frontières de son pays aux réfugiés en provenance d'États, dont la Syrie, en proie à des troubles et guerres civiles mêlés d'ingérences étrangères. Cela pouvait sembler très difficile, d'où le fameux « Wir schaffen das ! » (« On y arrivera » ou « ça va se faire ! » ), très allemand de ton dans son assurance de bien faire ce qu'il faut faire. Merkel aurait ainsi « sauvé l'honneur » de l'Europe. Et les commentateurs d'estimer que la Chancelière s'était montée la digne fille de son pasteur de père et de qualifier de « kantienne » la leçon de morale donnée au monde. En 2019 encore, Merkel fut louée d'avoir fait de l'Allemagne « une nation kantienne hissée au-dessus d’elle-même », alors que, dès le début 2016, la main-d’œuvre voulue ayant été sélectionnée par une économie allemande en manque de bras et de compétences et les frontières allemandes s'étant refermées, la plupart des éloges avaient disparu lorsqu'on s'était rendu compte qu'un surplus de réfugiés, ou supposés tels, se retrouvait parfois, hors d'Allemagne, dans des foyers d'accueil ou autres lieux moins contrôlables.
Qu'en est-il de la filiation Kant-Merkel ?

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