Le sens commun, un concept généralisé. Le revival de la tradition des Lumières et des Révolutions Recensions
mardi 13 décembre 2011par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon
Autour de l'ouvrage de Sophia Rosenfeld, Common Sense. A Political History, Harvard University Press, 2011.
La question très ancienne du sens commun est devenu un objet propre de recherche au sein des sciences humaines et sociales. Cependant il apparaît d'abord que les anthropologues et les sociologues, à l'exemple du dossier de la revue Société (N°89, 2005) sur le sens commun, évitent de reprendre la tradition des Lumières en matière de sens commun, dans la mesure où ils y voient un espace de promotion d'une logique universelle peu compatible avec le principe d'un savoir local présent dans les diverses formes du sens commun au sein de sociétés déterminées. Il s'agit alors de considérer un savoir qui conditionne l'action sociale, qui est organiquement lié à la vie, donc nous renvoie à la compréhension du sujet par lui-même. C'est bien ainsi que toute une tradition de la sociologie compréhensive, située au plus proche d'une phénoménologie de la connaissance sociale, de Dilthey à Simmel, de Weber à Schütz, et de bien d'autres auteurs importants, s'intéresse aux modes de connaissance à la fois théoriques et pratiques de l'action, en partant du principe que l'acteur se doit de comprendre son action. L'acteur en vient ainsi, au-delà du fait même de l'empathie, à construire la propre interprétation de son action au titre de l'esprit objectivé. Dans la lignée de Max Weber, il peut s'agir alors de constituer des idéaux-types, sens commun inclus, au plus près de la manière dont l'acteur comprend l'ensemble des actions pensées par lui-même.
Cependant, l'approche du linguiste et du sémioticien, à l'exemple de l'étude récente de Georges-Elias Sarfati sur le sens commun, s'avère bien différente. Sarfati propose ainsi une synthèse de ses réflexions sur le sens commun dans l'ouvrage collectif Matériaux philosophiques pour l'analyse du discours (Presses Universitaires de Besançon), qui a été publiée par Philippe Schepens et moi-même en 2011. La tradition interprétative des Lumières, et plus largement de la modernité se trouve ici revivifiée non pas dans les termes d'une logique universelle, mais d'abord en appui sur une tradition philosophique qui a multiplié les réflexions des philosophes sur le sens commun depuis Aristote Ainsi que l'a montré Danielle Lories, (Le Sens commun et le jugement du phronimos. Aristote et les stoïciens, 1998), la question du sens commun est, dès le départ, étroitement associée à celle du jugement pratique, et introduit ainsi au problème du sens de soi, de l'appropriation et de la reconnaissance de soi.
L'accent est donc mis présentement certes sur la dimension cognitive du sens commun, en la doublant d'une fonction critique en matière de monde commun, donc d'une dimension interprétative de premier plan. Mais il s'agit aussi d'opérer le passage au mental, donc au travail subjectif de l'esprit, c'est-à-dire de considérer les pensées qui renvoient les acteurs aux événements du monde comme autant d'occurrences concrètes, de concepts singuliers et non typifiés. Nous pouvons ainsi parler d'un concept de sens commun fondé sur une relation contextuelle à un référent commun ayant forme de dossier dans lequel chacun puisse puiser, - une sorte de concept généralisé -, sans qu'il s'agisse d'une logique universelle. A ce titre, les modalités du sens commun couvrent des domaines fort divers. Appelons les, avec Georges Sarfati, des "communautés de sens" possédant leurs propres dynamiques de structuration et leurs topiques spécifiques, et par là même ouvrant à des sujets cognitifs une vaste latitude expressive permettant de négocier le savoir commun.
Une telle approche, de nature foncièrement herméneutique, si elle reste attachée à la connaissance d'un savoir local, prend également en compte l'élément généalogique propre aux croyances communes. La matérialité du langage et le jeu des narrations y occupent conjointement une place fondamentale: quelque chose existe dans la visée d'un sens sous la forme d'un signe au sein d'états cognitifs déterminés et quelqu'un parle selon des procédures pragmatiques et énonciatives précises. Ainsi, il s'agit de dégager des trajets interprétatifs en déployant l'histoire jusque dans l'actuel, tout en se donnant la tâche de se procurer le concept ce qui est, peut et doit être. Le concept de sens commun occupe, dans ce dispositif savant, une place centrale. En effet, nous pouvons nous situer, avec ce concept, à la croisée d'une analyse des discours, des récits, des mises en mots de nature foncièrement interprétative et d'une histoire des concepts pensée à l'horizon de la temporalité.
Il devient alors légitime et nécessaire de se demander ce qu'il en est du sens commun sur le terrain proprement historique, et en particulier au cours des moments forts des Temps Modernes. Sans prétendre à l'exhaustivité, Sophia Rosenfeld, dans son dernier ouvrage, répond ici avec succès au problème du poids historique de la réflexion sur le sens commun, par le fait même d'en démontrer la centralité dans l'histoire de la démocratie moderne. Elle s'efforce donc de décrire des expériences historiques successives, - au titre de la pensée du sens commun et de ses effets pratiques -, situées à l'horizon des formes de croyance, ce qu'elle formule dans les termes suivants: "The history of common sense is deeply intertwined with the history of experiments in the modification and lifting of formal regulations on thought, speech, and print that is so central to the liberal narrative of the eighteenth century on both sides of the Atlantic. " (page 12). Construire une narration de l'histoire du libéralisme autour de la catégorie de sens commun revient alors à situer, dans des contextes historiques précis, des espaces de croyance, qui nous mènent d'une éthique de la vie quotidienne à des modalités essentielles de la politique libérale.
Il convient certes de retourner à l'univers des gens de lettres, avec une part notable des femmes, mais en croisant les formes de la liberté d'expression et les modalités de l'action populaire collective. Une telle interrogation historique sur le sens commun consiste donc d'abord à mettre l'accent sur la construction discursive du social : le sens commun apparaît alors comme un imaginaire commun issu des interactions de la vie quotidienne avec les mots communs selon une orientation déterminée de la vie sociale. La phrase commune des gens de lettres qui se situent sur un tel socle sociologique est bien sûr "Thomas Paine est l'auteur de Common Sense (1776)" associée au contexte de la mise en place de la Constitution de Pennsylvanie en 1776. Cet énoncé définitoire est historiquement central: il a par là même valeur d'affirmation de constituants historiques d'un sens commun indexé à des moments historiques précis de l'histoire conjointe du libéralisme et du républicanisme. Il faut donc conserver en mémoire, et donc en arrière-plan de ce travail, les études sur Paine, à l'égal de celles de Carine Lounissi, Marc Belissa et Yannick Bosc en lecture sur le présent site. Quand on sait l'énorme influence que cet ouvrage a eu, ainsi que le souligne Christopher Hamel, dans sa présentation d'une nouvelle traduction à paraître bientôt chez l'éditeur, "Aux forges de Vulcain", on ne peut que s'interroger sur les intuitions fondamentales de Paine qui justifient sa place centrale dans la réflexion de Sophia Rosenfeld: en premier lieu, le lien normatif entre sens commun et liberté, et son corollaire le pouvoir d'une l'évidence de sens commun; en second lieu, le souci d'indépendance, et son effet immédiat, l'appel à l'autogouvernement de l'individu.
De part et d'autre de ce moment central, présenté dans le chapitre 4 ("Building a Common Sense Republic. Philadelphia, 1776"), Sophia Rosenfeld individualise historiquement des styles de politique et des états idéaux indexés sur le sens commun du peuple.
En premier lieu, c'est à Londres, entre 1688 et 1739, avec "The Ghost of Common Sense", - titre du chapitre 1 qui nous renvoie à un nouvel horizon d'une communauté auto-régulée dans un champ d'expériences politiques marqué par la nécessité de produire un ordre après une révolution -, que nous trouvons du sens commun. La crise de légitimité qui secoue les Anglais touche autant au fondement du savoir qu'à la vie publique. Sur ces deux faces, la référence au sens commun, comme base de non-conflit, profite à un ordre social et moral où les opinions divergentes sont régulées soit par le fait d'un agrément général, soit par la recherche d'un consensus. Des auteurs tels que Addison et Richard Steele, des journaux tels que the Spectator, The Free Thinker, désignent l'esprit de sens commun à travers diverses formulations: un "Stock of Sense" présent dans chaque esprit individuel apte à juger; "the plain Notions of Common Sense", comme réservoir des notions raisonnables aux yeux des élites; "the Common Sense of Mankind", au titre bon sens (good sense). Désormais il peut être question, par le titre même d'un ouvrage anonyme, de The Life and Adventures of Common Sense, voire d'un journal, Common Sense : or The Englishman's Journal, - ce dernier étant un journal d'opposition -, du "Standard of Common Sense", une norme social élargie du fait des changements cognitifs et sociaux d'une Angleterre en pleine mutation libérale. La rhétorique du sens commun prend alors toute sa place dans la vie politique en délimitant les paramètres consensuels du débat. L'accord général sur la valeur du sens commun ainsi constitué équivaut à un véritable mécanisme, "a mechanism for producing and even intensifying ideological strife within the context of a increasingly stable political order " précise Sophia Rosenfeld (page 54). Le sens commun devient en quelque sorte un opérateur épistémique.
Le second chapitre intitulé "Aberdeen, Everyman's Perception of the Word 1758-1770" nous introduit aux Lumières écossaises, marquées par des auteurs tels que Beattie et Thomas Reid et la Philosophical Society (1758) d'Aberdeen. Avec Thomas Reid et son An Inquiry into the Human Kind, on the Principles of Common Sense (1764), il s'agit d'une nouvelle philosophie de l'esprit qui considère le sens commun comme une capacité mentale. Le lien à la psychologie humaine est ici fortement marqué avec l'insistance sur un pouvoir localisé dans l'esprit, source de convictions à la base de croyances, outil de régulation, de démarcation, d'inclusion/exclusion. Dans un tel cadre épistémologique, James Beattie, dans, son Essay on the Nature and Immutability of Truth, définit le sens commun dans les termes d'un pouvoir de l'esprit plutôt instinctif, c'est-à-dire, dans ses termes à lui, "a power of the mind which perceives truth, or commands belief, not by the progressive argumentation, but by an instantantaneous and instinctive impulse" (cité page 74). Il met donc plutôt l'accent sur la capacité de jugement du peuple en recherchant les notions que les hommes tiennent en commun en tant que résultat de leur constitution commune. Notions qui permettent de mettre en place les pièces de l'infrastructure mentale nécessaire au développement de la politique vers le peuple, et de son adhésion au nouvel ordre social. Dans le cadre de la société philosophique d'Aberdeen se précise ainsi un point de vue plutôt communautariste avec l'insistance sur le bien commun dans le cadre du progrès humain promu par le seul fait de l'observation. Mais il s'agit toujours d'explorer l'anatomie de la pensée humaine, de promouvoir une philosophie de l'esprit avec en son centre la philosophie du sens commun. A la différence de Descartes d'une part, de Locke et Hume d'autre part, il est aussi question chez Thomas Reid de faire retour à Aristote et à sa conception du sens commun en considérant que le sens commun correspond à un degré de jugement commun aux hommes qui échangent mots et objets (plus précisément dans ces termes à lui, " a that degree of judgment which is common to men with whom we can converse and transact business", cité page 72) jusque dans les aspects les plus divers de la vie quotidienne.
Nulle surprise donc si l'appel au bon sens fait désormais fortune, à l'exemple de la Bibliothèque du bon sens portatif à plusieurs auteurs, écrivant en français et publiant à Londres en 1773. Dans une Europe francophone au sein des élites. Amsterdam occupe ici une place stratégique, comme le montre Sonia Rosenfeld dans le chapitre 4 ("The radical Uses of Bon Sens. Amsterdam, 1760-1775"). Ici une conception radicale de l'usage du bon sens s'impose. En effet, en poussant le raisonnement à l'extrême, à l'exemple de la Philosophie du bon sens ou réflexions philosophiques sur l'incertitude des connaissances humaines du Comte d'Argens, tout un chacun, femmes incluses, peut philosopher, et donc exercer sa critique contre l'autorité par les pensées les plus ordinaires. Et bien sûr, le baron d'Holbach a toute sa place en ce domaine : le bon sens est au centre de la promotion d'un matérialisme apte à rendre tout gouvernement à la fois commun et populaire. Nulle surprise donc si les antiphilosophes s'emparent du thème du bon sens contre l'individualisme des philosophes pour le redéfinir dans un sens plus social. Reste l'idée des uns et des autres d'une doxa collective où chacun pense de la même manière, ouvrant la porte à une vision populiste du monde. Cependant, deux surprises nous attendent en matière de sens commun.
La première surprise vient de l'autre côté de l'Atlantique, à Philadelphie en 1776 avec le succès d'un petit pamphlet Common Sense de Thomas Paine, vendu à 75. 000 exemplaires pour la première édition ! Paine associe les horizons du bien commun des écossais et du bon sens des continentaux radicaux à la nouvelle constitution, et à son environnement public, d'une manière spécifique que Sophia Rosenfeld précise dans les termes suivants: "The fixing of a paradoxical conception of common sens to a democratic vision of politics as authorative cause and effect must be counted as one of Paine's and his cohort's chief and most lasting legacies" (page 139). Un tel appel à la célébration publique du sens commun introduit une alternative politique, sous la forme d'un nouveau style politique dans la manière même de raisonner, d'user de telle ou telle expression, du fait de la prééminence proclamée de la capacité d'auto-compréhension de chaque individu associée à sa volonté. Une nouvelle démocratie populaire prend naissance dans les termes même du sens commun.
La seconde surprise nous vient de la France en révolution, et tout particulièrement des années 1790-1792. La référence au sens commun prend de nouveau de l'ampleur, mais du côté des patriotes modérés. La figure de l'homme du bon sens concerne alors autant les femmes patriotes que les citoyens sous des titres qui parlent d'eux-mêmes: La Femme patriote, ou le gros bon sens, Le Gros bon sens, adressé à l'Assemblée Nationale, Le bon sens français, etc. La trajectoire du sens commun n'emprunte pas le chemin des grandes notions comme la Raison, la Liberté, la Vérité, d'autant que les Jacobins y voient une simple figure de rhétorique, peu apte à rendre compte de ce qui est au cœur de la politique révolutionnaire, l'invention par l'artifice par le fait même de l'existence de l'Assemblée Nationale. Les événements leur donnent raison avec la main mise progressive sur le terme de bon sens pas les monarchistes modérés au cours de l'hiver 1790-1791 en vue de promouvoir toute une littérature pseudo-populiste avec des titres de pamphlets anti-jacobins tels que Le Crieur du bon sens et patriote, Le Stationnaire patriote aux frontières, ou l'appel au bon sens, Le Bon sens. Réflexions libres sur les affaires actuelles. Bien d'autres pamphlétaires royalistes pratiquent Le gros bon sens, titre de l'un des écrits concernés, et parmi les plus connus Adrien-Quentin Buée et Jean-Gabriel Peltier. Les personnages du Père Duchesne et de la Mère Duchesne occupent également une place dans la campagne monarchiste pour l'auto-régulation de la politique par les règles du bon sens, dans l'espoir d'un mécanisme populaire de réaction contre les Jacobins. De fait, rien de tel n'apparaît, et la raison révolutionnaire s'éloigne d'autant d'un appel au sens commun perçu comme du populisme.
C'est du côté de l'Allemagne, et de Kant avec sa Critique du jugement (1790) que l'idée de sens commun va obtenir ses lettres de noblesse dans le débat intellectuel, - comme le montre Sophia Rosenfeld dans le chapitre 6 ("Königsberg to New York. The fate of Common Sense in the Modern World"), et devenir ainsi un enjeu actuel -, tout en restant inscrit dans la tradition des Lumières et de la Révolution française. A l'écoute de son époque, Kant s'intéresse à la manière dont se manifeste la capacité des hommes à juger d'un événement à portée universelle. Le sens commun se trouve alors au centre d'une telle faculté de jugement dans la mesure où il s'agit de trouver l'universel dans la manière proprement réflexive dont les hommes rendent compte de leur activité dans un espace intersubjectif. Ainsi Kant écrit que "l'Idée du sens commun à tous", nous renvoie à "une faculté (un pouvoir) de juger qui, dans sa réflexion, tient compte en pensée (a priori) du mode de représentation de tout autre, pour en quelque sorte comparer son jugement à la raison humaine toute entière" (Critique de la faculté de juger, Paris, Aubier, 1995, p. 278). D'autres penseurs allemands, et Friedrich Schiller en particulier dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, amplifient la perspective kantienne. Le point de vue de l'observation sociale, basé sur le sens commun, se retrouve ainsi en première ligne au sein d'une société en pleine mutation.
Désormais, il devient possible , - et c'est la tâche du XIXème siècle -, de créer de nouvelles institutions dont la fonction principale est de transformer les observateurs légitimés par le sens commun en des participants politiques actifs, de part et d'autre de l'Atlantique. Ainsi en est-il des partis politiques, des organisations syndicales, des écoles publiques, et de bien d'autres institutions. L'appel au sens commun, ancré dans les Lumières, devient le moyen privilégié de promouvoir la capacité mentale du peuple. Ainsi, précise Sophia Rosenfeld, se posent désormais les questions suivantes: "Can the individuals who make up the subset of "the people" being considered for admission to the political nation (peasants, the working poor, blacks, women, or any other subordinate identity group) judge properly themselves ? That is, do they have the ability to make the common sense determinations essential to meaningful participation in the political process and the production of good outcomes ? "(page 230). Le sens commun devient ainsi un instrument conceptuel pour la création de nouvelles communautés, en vue de leur intégration à la nation. Quant aux guerres du XXème siècle, elles font revivre à leur façon le sens commun, bien souvent dans un sens populiste. Peut-on alors, par contraste, parler d'un retour, dans la seconde moitié du XXème siècle, aux champs d'expérimentation et de novation initiés autour du sens commun dès les Lumières ? C'est ce qu'on appelle, depuis une trentaine d'années, "le retour à Kant".
Des grands penseurs allemands, tels que Heidegger, Gadamer, Arendt, revivifient ainsi la tradition interprétative qui fait du sens commun la condition de possibilité du jugement rationnel dans ses effets proprement pratiques, ce qui permet de considérer le sens commun du point de vue des vérités sociales au sein d'une communauté concrète. Le sens commun se retrouve aussi, par une telle interrogation, au centre de toute interrogation sur la généalogie des penseurs depuis les Temps Modernes : il devient une catégorie majeure en matière de qualités politiques, voire même il définit le sens politique par excellence. Et Sophia Rosenfeld d'en conclure par une remarque essentielle sur le rôle du sens commun dans l'espace de la communication " Common sense ultimately works to help us talk to each other but also to limit what we can hear and from whom" (page 256).
Le concept de sens commun tient ainsi à nos possibilités et à nos limites intérieures en matière d'esprit libéral et républicain. Appréhendé dans ses effets pratiques, il est bien devenu un des moyens privilégiés en politique de fonder la démocratie. L'histoire de ce concept permet donc de mieux comprendre la revification actuelle de la tradition critique des Lumières et des Révolutions et de son potentiel explicatif.