Le féminisme et la subjectivité révolutionnaire : expérimentations et résistances Recensions
samedi 29 octobre 2016Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon
A propos du livre de Eliane Viennot, Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir 1789-1804, Paris, Perrin, 2016, 409 pages.
Avec l’avènement de la démocratie moderne, les citoyennes doivent expérimenter elles-mêmes les nouvelles potentialités politiques, les concrétiser dans toutes sortes de formes d’expérimentations et de résistances au pouvoir masculin, avec le soutien de quelques rares hommes dont le témoignage est d’autant plus précieux. Avancées et reculs dans le champ des rapports entre les sexes marquent alors les divers moments de la Révolution française, obligeant le chercheur soucieux de les retracer avec minutie de se situer au plus près des événements. C’est ce que nous propose Eliane Viennot, professeure de littérature française de la Renaissance à l'Université Jean Monnet (Saint-Etienne), dans la suite de sa passionnante enquête entamée au cours les années 1990 sur La France, les femmes et le pouvoir, dont l’objectif est de circonscrire la place du féminisme dans l’exception politique française. Cette somme historique sur l’histoire du féminisme vient en effet de s’enrichir d’un troisième volume relatif à la période révolutionnaire, après ceux sur L’invention de la loi salique, Ve-XVIe siècle (2006), et Les résistances de la société, XVIIe-XVIIIe (2008). Face à une Révolution française qui se veut l’ouverture des possibles par l’invention de la démocratie politique, il est légitime de s’interroger sur ce qu’il en est, au sein des événements révolutionnaires, du rééquilibrage des rapports de force entre les sexes, et de la résistance des hommes à ce mouvement d’émancipation.
Mais d’emblée, cette interrogation se heurte à un paradoxe juridico-légal : ce que rend d’abord possible la révolution, c’est l'émergence d'une volonté d'instaurer un ordre juridique sous domination masculine, en dépit des avancées de la démocratie politique inscrite à l'horizon du droit naturel déclaré, où se concrétise une part d'égalité hommes-femmes au sein même de l'action révolutionnaire. A ce titre, L'ordre masculin se présente comme l'ordre social en tant que tel, soit comme une société des frères basée sur la liberté et l’égalité, une communauté fraternelle de mâles égaux, de bons maris, susceptible de constituer seule la société civile, comme l’ont montré la philosophe Geneviève Fraisse et les historiennes Joan W. Scott et Joan B. Landes. Ainsi se met en place la perspective d’un privilège masculin unifié, sur la base de l’abolition des privilèges multiples d’Ancien Régime. La part de la négociation présente au sein d’espaces souvent mal intriqués permettait aux femmes de se doter de capacités, et de le faire fructifier. Et Eliane Vienot d’en conclure : « A l’heure où se met en place l’égalité - théorique - entre tous les hommes, il s’agit que les femmes, toutes les femmes, soient enfin à leur place, c’est-à-dire dominées, et non plus potentiellement dominantes comme certaines l’étaient dans l’Ancien Régime. Ce qui n’est pas simple, dans un tel contexte, et prend quatre ans à être mis au point » (p. 134).
Dans un premier temps, Eliane Viennot montre que le temps de l’irruption des possibles, les années 1789-1793, est aussi celui où les femmes occupent le terrain politique de manière inédite. Les citoyennes apparaissent ainsi comme une composante à part entière du mouvement révolutionnaire, femmes du peuple et femmes des élites confondues. Ce temps inaugural permet alors à l’historienne de prendre appui sur une telle expérimentation de la conscience féminine pour en désigner les enjeux au sein des rapports de force entre les sexes. Premier constat : s’il existe, dès 1789, un consensus parmi les patriotes pour que les femmes participent aux événements révolutionnaires, ce consensus s’inscrit dans une conception différentialiste et utilitariste des rôles revenant à chaque sexe. Les historiennes Dominique Godineau, Susan Desan, Christine Fauré, Martine Lapied et bien d’autres l’ont montré : des femmes sont admises dans les assemblées primaires et à la collecte des doléances, elles sont également actives dans les assemblées locales, voire nationales, surtout par leur présence dans les tribunes et les travées, mais aussi en s’exprimant à la barre de l’assemblée nationale ; elles participent tout autant aux sociétés et aux clubs en Province comme à Paris. Une telle présence témoigne certes d’une ouverture d’esprit des hommes, d’autant plus que les salons persistent, se multiplient, donnant aux femmes de l’aristocratie et de la bourgeoisie un relatif leadership dans les débats privés ; mais elle rend également compte, par réaction, de propos paternalistes qui vont inciter des femmes à constituer des espaces non mixtes, à l’exemple des groupes de « Dames patriotes ». Cependant un premier recul apparaît dès 1790 : la création des communes et des départements va de pair avec l’exclusion des citoyennes au sein des espaces décisionnels.
Dès 1789 et surtout à Paris, journaux et pétitions témoignent d’une situation complexe : la classe intellectuelle masculine est tout à fait rétive à l’égalité des sexes, sans qu’il s’agisse d’un consensus, et les groupes de femmes constitués au cours des événements sont également politiquement divisées. Quant aux femmes du peuple, elles ont d’abord des revendications économiques, à l’exemple des journées d’octobre 1789, certes sur la base politique de la revendications des droits naturels. Les femmes participent également à l’élan patriotique, par leurs contributions aux dons patriotiques, et surtout par leur présence dans l’armée, du fait de la capacité d’une partie d’entre elles à porter les armes. Il convient également de préciser que la mixité est également présente au sein des opposants à la révolution. Une telle variété de la participation des femmes aux activités politiques atteste d’une conscience révolutionnaire, et incite donc l’historienne à nous proposer un état du féminisme révolutionnaire. Répétant « nous aussi, nous sommes citoyennes », les femmes écrivent aux instances élues, s’adressent aux militants, rédigent des fictions politiques, etc. Usant quelque temps d’une imprimerie des femmes, elles rappellent que si « les hommes font les lois, les femmes font les mœurs ». Qui plus est, « Faire hommage de sa personne » à la patrie, selon la formule de Claire Lacombe, revient à donner ses biens, sa fortune, sa force à la patrie, tout en s’unissant à un patriote. Bref, les citoyennes veulent participer à la régénération de la société. A ce titre, elles dénoncent l’esclavage des femmes au titre d’une « conscience de sexe » attestée dès 1788. Ainsi Théroigne considère qu’ « il est temps que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps ». Tout risque de recul est dénoncé, toute injustice est dénoncée : ainsi lorsque « les hommes de couleurs libres » se voient accorder la citoyenneté, une Requête des dames est déposée à l’Assemblée nationale dans les termes suivants : « Serons-nous donc les seules pour qui existera toujours l’âge de fer ». Il convient également de faire le bilan de leurs requêtes sociétales en matière d’héritage, d’éducation, de travail, de mode de vie. Ne serait-ce que sur la question du travail qui est au cœur de leurs revendications : il existe bien « une classe de femmes...très capable d’exercer une infinité de places lucratives occupées jusqu’à présent par des hommes » (Mme Bastide). Quant à la revendication du divorce, elle suscite la crainte d’inciter les hommes à se remarier selon leur bon vouloir, ce qui explique pourquoi Olympe de Gouges laisse à l’état manuscrit sa pièce sur La Nécessité du divorce (1790). L’essentiel demeure cependant la revendication de la mise en œuvre de la citoyenneté à égalité entre les hommes et les femmes. Au sein d’une telle multiplicité de revendications évoqués, face à une demande aussi importante en faveur de l’égalité des sexes, il convient également de souligner une ample présence de la mise en cause des privilèges du sexe masculin. Ainsi Etta Palm déclare aux Amis de la Vérité : « Partout les lois sont en faveur des hommes parce que partout le pouvoir est entre leurs mains ».
Eliane Vienot en conclut que le féminisme révolutionnaire se caractérise en grande part par l’engagement personnel, parfois total des femmes qui le portent, même si les historiennes ont montré l’importance des engagements collectifs de femmes présentes en masse au sein des hommes. C’est ainsi que des citoyennes mobilisent l’ensemble de leurs connaissances et de leurs capacités rhétoriques pour convaincre leurs lecteurs et leur auditoire d’adhérer à la pensée de la différence des sexes. Certes le clivage entre différentialisme inclusif (les femmes peuvent tout faire en cas de nécessité) et différentialisme exclusif (il convient de respecter la partition des territoires entre les sexes, ainsi du clivage entre le génie et la sensibilité) suscite un plus ou moins grand intérêt pour l’égalité des sexes chez les citoyennes. Le féminisme révolutionnaire est donc traversé de divisions, ne serait-ce que du fait de l’adhésion d’une partie des citoyennes à l’existence d’un destin féminin naturel (se marier, faire des enfants, être un bonne mère, être gardienne des mœurs plus que des lois ce qui les incite à minorer leurs revendications, être en accord avec le chef de famille). C’est ainsi que Louise de Keralio marque son désaccord aves les féministes maximalistes dans les colonnes du Mercure national. Qui plus est, Christine Fauré a insisté sur le fait que l’on n’a pas trouvé trace de la revendication d’un droit de suffrage par les femmes. Anne Verjus a mis ainsi en évidence la portée concrète du familialisme et du conjugalisme révolutionnaires. Cette chercheure insiste en effet sur la constitution de la famille comme société politique en montrant la transition d’une période « patriarcaliste », les premières années de la révolution (1789- 1792) à une période « conjugaliste » apte à une pensée politique constituée autour du chef de famille, et non du citoyen. A partir des débats d’assemblée, de divers ouvrages de députés et de rapports à des concours, elle montre que la famille est considérée de plus en plus comme une fiction égalitaire à la fois juridique et concrète apte à régir et imposer les droits dans la société. Si la femme peut être incluse dans la cité, mais ne peut participer au vote, c’est qu’il ne doit y avoir qu’un seul suffrage par famille, celui du père de famille : « Le vote d’un, compte pour deux, celui de la femme est virtuellement compris dans celui du mari » (Charles-Guillaume. Théremin, De la condition des femmes dans les républiques, 1798).
Quoiqu’il en soit, il en ressort un éparpillement des féministes, limitant par là même leurs actions collectives jusqu’au sein du mouvement parisien qu’elles impulsent. Il faut dire que « le camp du refus » parmi les hommes prend forme rapidement par leur souci de plus en plus manifeste de mettre « hors sujet » la question de l’égalité des sexes. De fait, l’homogénéité culturelle plus que social des membres des assemblées expliquent leur surdité face aux demandes des femmes : pour eux les femmes sont naturellement différentes, et rien ne peut aller à l’encontre de cette évidence naturelle. Les féministes leur lisent des pétitions, mais les députés ne les entendent pas le plus souvent. La cause des femmes avance donc par ricochets de réformes positives, ainsi du droit au divorce, de l’égalité des enfants devant l’héritage, de l’abolition de la peine de mort pour vol, etc. Mais les régressions sont tout aussi perceptibles, ainsi des mesures qui permettent aux hommes de vivre librement leur sexualité sans en supporter les conséquences ou du refus quasi-unanime des députés de dispenser une bonne instruction aux enfants de sexe féminin. L’avis de Condorcet, dans ses Mémoires sur l’instruction publique (1791) en faveur d’une même instruction pour les hommes et les femmes est d’autant plus remarquable. De son côté Jean-Marie Calès s’exclame, en plein débat sur les travaux du Comité d’instruction publique, « Je n’entends jamais parler des femmes ». Mais rien n’y fait, plus la question politique, c’est-à-dire la question de l’expression des droits politiques, marque l’urgence, plus le principe de l’inégalité hommes-femmes progresse au sein des prises de position des députés élus. Une telle volonté politique d’imposer l’équivalence homme-citoyen est la cible principale des féministes, ainsi d’Olympe de Gouges dans sa Déclaration des droits de la femme (1791). Ainsi le nouveau dispositif constitutionnel ne cesse de verrouiller le dispositif d’exclusion des femmes, en dépit de l’instauration d’une image féminine pour symboliser la république proclamée le 21 septembre 1792. Eliane Vienot parle alors d’une « féminisation compensatoire de l’imaginaire public » apte à expulser toujours plus les femmes réelles des allées du pouvoir. Le témoignage de députés tels que Lequinio, Villette et Guyomar en faveur de l’égalité des droits est d’autant plus remarquable : « La Déclaration des droits de l’homme est-elle commune à la femme ? /.../ Je dis oui, j’attends qu’un homme plus éclairé dise non ».
Dans un tel contexte, l’activisme féminin grandissant fait débat dans l’espace public. Là aussi les avis favorables chez les hommes sont largement minoritaires, à l’exemple du Cercle social (Bonneville, Fauchet, Condorcet) et des journaux proches. C’est dire que la philosophie de l’égalité des sexes sous-tendant un tel activisme ne progresse guère. Le débat tourne autour de la question : faut-il admettre ou non les femmes au droit de cité ? Ce qui permet des prises de position progressistes en faveur des femmes de la part des hommes, ainsi de Lavicomterie dans son ouvrage Du peuple et des rois (1790). En contrepartie, la femme la plus violemment attaquée est bien sûr la reine Marie-Antoinette, ce qui incite Olympe de Gouges à lui dédier ses Droits des femmes, considérant qu’elle doit faire partie du combat des femmes pour l’égalité.
Une période nouvelle s’ouvre avec l’assassinat de Marat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793, et la mobilisation immédiate des femmes révolutionnaires en faveur du nouveau culte de Marat. Les femmes sont-elles dans un tel contexte gagnantes ou perdantes ? Du côté des militantes activistes de plus en plus présentes dans le mouvement révolutionnaire, c’est une occasion de manifester leur force en entourant le corps de Marat. Mais elles vont quelques mois plus tard subir frontalement la répression du gouvernement révolutionnaire, par leur assimilation aux factions. La mixité croissante des instances révolutionnaires parisiennes, le Club des Citoyennes républicaines révolutionnaires inclus, est tout autant à double tranchant : d’un côté un consensus se met en place, parmi le peuple de Paris, en qui concerne la participation à égalité des femmes dans le mouvement révolutionnaire, surtout pendant l’été 1793, d’un autre côté, la Convention montagnarde répond de manière contradictoire à cet idéal d’égalité. Si la demande d’égalité suscite un travail législatif propice à l’amélioration de la condition des femmes, certes dans des limites que l’on peut juger régressive, ainsi à propos de l’héritage, les décisions sont sans cesse bloquées par des ajournements et des achoppements dès qu’il est question explicitement de l’égalité des sexes. Ainsi dans un premier temps, l’action déterminée des femmes révolutionnaires, en particulier à l’aide de rassemblements, de députations et de multiples pétitions sur le vote, radicalise le mouvement. Mais, dans un second temps, les régressions se multiplient : Le 9 brumaire an II, (30 octobre 1793), les sociétés féminines sont dissoutes ; le 4 prairial an II (23 mai 1794), la Convention interdit l’admission des femmes aux assemblées de section ; en prairial an III (mai 1795), elle leur interdit ‘assister aux assemblées politiques puis ordonne l’arrestation des « attroupements » de plus de cinq femmes. La répression des insurrections de prairial an III les condamne donc à se taire au plan politique, les porte-parole féminines sont mises en prison, à l’exemple de Claire Lacombe. En province comme à Paris, la violence s’exerce sur des femmes : ponctuellement, certaines sont fouettées et bastonnées, mais, de manière générale, c’est le statut de sujet politique qui leur est déniée. On peut ainsi montrer la mise en place d’un antiféminisme politique au sein des notables jacobins, puis thermidoriens.
Désormais, l’antiféminisme dominant permet de refermer la parenthèse d’un mouvement révolutionnaire puissant, incluant les femmes et leur demande d’égalité. Eliane Vienot étudie ce retour à la normale impulsé par l’immense majorité des hommes de l’époque à travers les travaux de l’assemblée des députés. Les débats autour du statut du chef de famille ( « le bon mari »), de la teneur du code civil, sur l’héritage égalitaire, sur le système scolaire, et d’autres aspects, hormis l’accent mis sur le conjugalisme, s’avèrent régressifs face à l’action révolutionnaire féminine, en usant de sa répression pour multiplier les facteurs de séparation entre les sexes, ainsi des refus de mixité dans les métiers artistiques les plus prestigieux.
Cependant, au sortir de la Révolution, en l’absence de mouvement populaire, et de sa composante féminine, les femmes ne sont pas absentes de la scène publique, bien au contraire. Perdantes au sein de la modernité politique naissante, elles se regroupent en petit nombre, mais de manière très déterminée pour revendiquer avec force leurs droits, tout en bénéficiant de l’appui d’hommes tout aussi déterminés et de plus en plus nombreux. Eliane Vienot retrace, à la fin de son ouvrage, le début de cette nouvelle étape du mouvement féministe dont il ressort son aptitude à investir des domaines valorisés. Il en est ainsi de l’écriture, tout particulièrement avec l’essor du genre romanesque et des essais. L’historienne témoigne, à l’aide des écrits présentés, de diverses formes de revendication au droit à l’écriture, associées à des mises en cause de l’ensemble des mesures régressives dans le domaine du rapport des sexes au cours de la décennie révolutionnaire. Et fait tout aussi important : un lien s’opère avec le succès d’écrits masculins sur les droits et les mérites des femmes perçues tout autant comme des héroïnes passées de la Révolution que leurs contemporaines dans une lutte commune d’hommes et des femmes pour l’égalité des sexes.
Une ultime réflexion porte sur le poids du modèle français dans l’essaimage des valeurs de liberté et d’égalité en Europe et au delà des océans suite à la Révolution française, et sur ses conséquences en ce qui concerne la valeur universelle ou non de l’égalité hommes-femmes. Majoritairement, la prise en compte du modèle français conforte la mise à l’écart des femmes de la vie politique et de la sphère publique moderne, à défaut de « donner l’exemple d’une rigoureuse justice envers les compagnes de nos travaux » (Guyomar).
Que ressort-il de cette synthèse tout à fait réussie sur le féminisme révolutionnaire ? Elle donne à voir des schémas féministes d’expérience individuelles et subjectives en révolution, qui situent le choix des féministes au sein même de l’expérimentation révolutionnaire. Quelle perspective de recherche ouvre-t-elle ? J’y trouve, du point de vue de l’histoire des femmes et du genre, les modalités propices à une histoire de la subjectivation révolutionnaire. J’entends par là d’abord l’accent mis sur un processus réflexif où des citoyennes révolutionnaires rendent compte par leurs actes, leurs écrits, leurs sentiments d’une quête d’égalité dans les rapports entre les sexes. Mais, face aux régressions introduites par la démocratie moderne d’abord masculine mais rendues visibles par l’activisme féminine et ses soutiens masculins, il s’agit surtout d’un processus d’adhésion à la révolution politique du fait des choix spécifiques des citoyennes révolutionnaires. L’originalité d’un tel processus, c’est qu’il relève d’un mouvement tout entier de l’être féminin vers ce qui le légitime, le rapport égalitaire de soi à l’autre. Et ce rapport prend, tout particulièrement en révolution, la forme d’actes dans lesquels les citoyennes manifestent, s’arment, revendiquent à l’égal des hommes. Les femmes révolutionnaires font donc preuve d’un réelle maîtrise d’elles-mêmes, ne se contentant pas d’agir au gré des circonstances qui leur sont temporairement favorables. Rien de surprenant donc qu’il s’agisse d’un processus long et continu attesté jusqu’à nos jours en lien avec l’actualité de la révolution.