"Conversation entre Robespierre , Sophie Wahnich, historienne et Ian Brossat, président du groupe des élus communistes de Paris", dans l'Humanité du 6 septembre 2008 :

Sophie Wahnich : Droit de pétition, liberté de la presse et droit de s’assembler sans armes constituent les trois piliers de l’espace public démocratique qui s’est constitué dès 1789. À ce titre, ce sont des institutions fondatrices de la citoyenneté effective des Français, qu’ils soient ensuite classés dans la catégorie des citoyens actifs ou passifs par la Constitution votée le 3 septembre 1791.

Ian Brossat : Ces institutions sont encore les nôtres. Elles garantissent un exercice quotidien de la démocratie. Cette tradition est encore très vivace en France, comme le montrent la campagne pour le référendum européen de 2005 ou les mouvements anti-CPE de 2005. Force est de constater, cependant, que la voix du peuple ne couvre que par intermittences le brouhaha du pouvoir. On entend de plus en plus de responsables politiques qui prétendent s’affranchir de cette respiration populaire. Entre deux élections, il faudrait retenir son souffle. On se souvient de la phrase de Jean-Pierre Raffarin : « Ce n’est pas la rue qui gouverne. » Mais il y en a d’autres : « Vous m’avez élu pour cela », « rendez-vous dans cinq ans », « laissez-nous gouverner », « quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit »… Il y a là deux conceptions de la démocratie qui s’affrontent : une démocratie permanente d’un côté, une démocratie exclusivement représentative de l’autre.

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