I – La place des femmes dans la communauté traditionnelle

En France, sous l'Ancien Régime, la théorie politique exclut explicitement les femmes de l'espace public comme le préconise en 1586 le juriste Jean Bodin dans De la république : "Quant à l'ordre et à la condition des femmes, je ne veux pas m'en mêler. Je pense simplement qu'elles doivent être tenues à l'écart de toute magistrature, poste de commandement, tribunal, assemblées publiques et conseils, de sorte qu'elles puissent accorder toute leur attention à leurs tâches féminines et domestiques". Comme cela semble naturel et prescrit par la loi divine, les femmes sont donc écartées des positions sociales qui permettent d’exercer des fonctions de pouvoir.

En ce qui concerne la majorité des femmes, celles des catégories populaires, la réalité de la vie politique paraît se conformer à cette théorie. Dans la communauté traditionnelle, la femme semble exclue du pouvoir, de même d’ailleurs que les membres masculins les plus pauvres du Tiers-état. Néanmoins, une étude approfondie de la vie politique locale montre que, si elles sont rarement visibles, les femmes ne sont pas toujours véritablement absentes de la sphère politique bien que les traces de leur présence soient difficiles à saisir (1).

A) L’assemblée des habitants.

Il est admis que des veuves, chefs de famille, ont pu participer à l’assemblée des habitants. Mais, au-delà des veuves, la présence de femmes dans les assemblées qui ont rédigé les cahiers de doléances en 1789 a parfois été rapportée. On peut se demander si elle n’est pas l’indice d’une participation plus ou moins habituelle des femmes aux assemblées de la communauté lorsqu’elles se réunissaient sous leur forme la plus étendue. Seul un dépouillement systématique des archives communales permettrait peut-être d’obtenir les éléments d’information nécessaires à une étude significative, mais le rôle éventuel des femmes sera difficile à cerner car elles n'apparaissent guère dans les principales sources qui fondent l’étude de la vie politique locale.

De ce point de vue, le resserrement des assemblées municipales qui se produit dans de nombreuses communes du Sud-est au XVIIIe siècle a pu atteindre les femmes, comme la catégorie la moins aisée de la population rurale. En Provence et dans le Comtat Venaissin, les autorités, qu’il s’agisse des intendants du roi ou des responsables de l’administration pontificale, oeuvrent pour transformer les parlements d’habitants, jugés trop « tumultueux », en conseils oligarchiques clos. Mais si l’exclusion des femmes des instances de décisions de la communauté semble se confirmer, cela n’implique pas qu’elles n’y exercent aucune influence.

B) L’implication dans les luttes.

Dans les bourgs et les villages méridionaux, le pouvoir local repose largement sur des clans familiaux élargis sous forme de réseaux de relations. Les femmes sont intégrées dans ce système relationnel, ne serait-ce qu’au niveau des politiques d’alliances matrimoniales. Elles jouent un rôle non négligeable dans les courants d’opinion qui traversent quartiers populaires des villes et villages urbanisés. Comme l’ont montré les travaux d’Arlette Farge, les lieux de production de la parole sont largement féminins et, par leurs discussions sur les places, au lavoir, à la fontaine, au marché, dans les boutiques, les femmes prennent part aux luttes internes de leur communauté. La parole féminine est une des voies de diffusion des courants d’opinions à la campagne comme à la ville. Les lieux de sociabilité féminine sont des lieux d’échanges d’informations, vraies ou fausses, d’expression des mécontentements divers. La réputation de familles peut s’y construire ou s’y détruire, ce qui a une forte influence dans les rivalités pour l’exercice du pouvoir local.

Les informations permettant de préciser l’implication des femmes dans ces réseaux sont évidemment difficiles à trouver. Seules les archives judiciaires permettent d’approcher ce phénomène (2), mais elles ne rendent pas suffisamment compte des actions au quotidien puisqu’elles n’existent que lorsque la situation est devenue grave. Dans les phases de conflictualité urbaine violente, les femmes participent aux revendications populaires qui, si elles sont motivées par les conditions d’existence, rejoignent souvent les projets politiques d’une fraction de l’élite qui peut alors utiliser les révoltes, quitte à les désavouer lorsqu’elles lui semblent s’écarter des buts recherchés, les dépasser ou aboutir à une violence « inutile » et compromettante. Ces conflits, dans lesquels les femmes sont présentes, peuvent être considérés comme un élément structurel et structurant de la vie commune de la Cité (3).

L’implication des femmes dans les mouvements violents qu’ils soient internes à la communauté ou qu’ils opposent la communauté à l’extérieur prend ainsi un autre sens : ce n’est pas seulement en situation de crise que les femmes sont admises dans les luttes, aux côtés des hommes. On comprend mieux dès lors que leur présence soit considérée comme normale, et même souhaitée par les membres de la communauté et pas seulement parce que la justice se montrait moins sévère à leur égard. « Voyant qu’ils approchaient, j’ai envoyé chercher les femmes », indique ce villageois face à ce qui lui apparaît comme une menace pour la communauté.

La Révolution, par la prolifération de luttes politiques, multiplie les occasions d’implication des femmes comme l’ont montré les travaux pionniers de Dominique Godineau.

II - La place des femmes dans les associations politiques révolutionnaires

La volonté des femmes de s'engager dans les pratiques politiques nouvelles s'affirme dans leur participation aux sociétés populaires (4). De façon générale, les renseignements fournis par les papiers des sociétés populaires sont parmi les témoignages les plus significatifs des mentalités et des attitudes politiques des communautés concernées. La région étudiée possède un réseau extrêmement dense de clubs comme l’a montré l’enquête menée par Jean Boutier et Philippe Boutry :

Vaucluse : 134 sociétés recensées (92,4% des communes)

Bouches-du-Rhône : 88 (83,8%)

Var : 136 (60,4%)

Basses Alpes : 147 (56,5%) .

Mais nous sommes loin de disposer de documents significatifs pour l'ensemble des sociétés recensées et, en particulier, nous ignorons pour bon nombre d'entre elles si des femmes assistaient aux séances.

Pour participer au mouvement associatif, les militantes ont deux possibilités : se faire admettre dans des clubs mixtes ou créer des clubs féminins.

A) Les clubs féminins.

Suzanne Desan a recensé en France 56 clubs de femmes entre 1789 et le 30 octobre 1793, date de leur interdiction(6). Les historiennes américaines Joan Landes et Olwen Hufton ont entamé un débat sur les motivations de cette fermeture des clubs féminins. Pour Joan Landes, elle est issue d’une véritable volonté d’interdire la politique aux femmes tandis qu’Olwen Hufton pense qu’elle est contingente aux événements et avait pour but essentiel de diminuer les tensions sur les marchés et de réduire le pouvoir des Enragés. Il semble, effectivement, que les événements parisiens aient eu une importante influence sur cette décision. En effet, en province (7), les rapports des clubs féminins avec les clubs masculins des mêmes villes dans lesquels sont inscrits maris, pères et frères sont, en général très étroits. Certains de ces clubs avaient encouragé à la création de sociétés féminines ; ils collaboraient pour l'organisation des fêtes, et parfois pour l'émission de pétitions. Le militantisme concernait les mêmes familles dans leurs composantes masculines et féminines. Les membres provenaient, le plus souvent, de la bourgeoisie mais aussi du monde de l'artisanat et de la boutique; les "citoyennes peu fortunées", minoritaires, n’étaient pas totalement absentes. Le phénomène est d'abord urbain bien que plus étendu dans la région du Sud.

À Marseille, dans les débuts de la Révolution, Dames citoyennes et Dames Héroïnes peuvent s’exprimer dans l’espace public, certaines de leurs proclamations sont publiées (8). Utilisant la rhétorique révolutionnaire, elles parlent un langage de la citoyenneté fondé sur les droits et les devoirs qui sont issus de leur attachement aux nouvelles lois de la Nation (9). Ces sociétés exprimaient par des pétitions l’opinion des Dames, indépendamment de celle des hommes.

Les Dames veulent être intégrées à la cérémonie de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 et prêter le serment civique. Le 13 juillet 1790, une déclaration avait été envoyée à l’Assemblée nationale pour approuver ses « immortels décrets » et la « sainte Constitution. Les autorités municipales qui avaient accepté que les Dames tiennent des réunions politiques acceptent aussi qu’elles participent à la fête et prêtent le serment civique. La proclamation municipale reprend les propos des Dames, qui se comparent explicitement aux héroïnes du XVIe siècle. Néanmoins, les Marseillaises ne prêtent pas le serment le 14 juillet, comme elles l’auraient souhaité, « avec leurs époux-citoyens, leurs enfants et leurs frères » (10) , mais le 15 séparément et après les hommes (11).

L’analyse des adresses patriotiques que le club envoie à l’Assemblée nationale montre l’importance qu’il accorde dans l’évolution politique aux transformations du mariage et des relations familiales. D’ailleurs, ces femmes pratiquent souvent la politique en famille, mères, filles, belles-filles aux Dames citoyennes, pères, fils et gendres aux Jacobins. Cette participation politique de familles entières se retrouvera aussi dans le mouvement sectionnaire marseillais. Mais les Dames s’expriment également en dehors de l’espace maternel et familial.

À Castellane, dans les Basses Alpes, une société féminine est fondée le 3 juin 1792 avec l'aide d'hommes patriotes (12). C'est d'ailleurs le club masculin qui, après avoir délibéré s'il invitait les Dames patriotes à venir assister aux séances, avait résolu de les inciter à former elles-mêmes une société des Amies de la Constitution. Les Dames s'affilient ensuite à la société masculine et en sont dépendantes ; elles avaient demandé deux commissaires masculins qui puissent suivre leurs travaux et les instruire. Néanmoins elles ne craignent pas d'affirmer des idées d'émancipation, comme dans ce discours que la présidente adresse aux clubistes masculins : « Frères et amis, c'est avec une grande satisfaction que nous venons vous exprimer nos sentiments qui ne le cèdent en rien aux vôtres pour le patriotisme, jusqu'à ce jour vous nous avez regardé comme vos idoles, mais lors même que vous sembliez ne recevoir de lois que de nous, nous étions vos esclaves et vous ne nous regardiez que comme un joujou qui servait à vous amuser et vous distraire pour les conseils et les affaires ». Mais la suite du discours montre que ces femmes patriotes se résignent à la différenciation des rôles politiques : « ... condamnées par les loix de notre sexe à nous occuper dans l'intérieur, que des affaires qui ont rapport à nos ménages, nous pouvons être utiles et maintenir la Constitution, non seulement en inspirant du courage mais en prêchant la paix et l'union ».

Le 17 juin 1792, les Amies de la Constitution furent invitées à se joindre à leurs frères pour assister à leurs séances. Les dames acceptèrent, mais leur société "conserverait son caractère distinct indépendant et aurait une présidente qui figurerait avec le président et les soeurs auraient voix comme membre de la Société des frères et amis" (13).

A Arles (14), un club féminin a été créé en octobre 1792 par deux femmes : les citoyennes Philippeau, gouvernante de Guibert, curé constitutionnel de Sainte-Croix, et Boisneaux, femme séparée de son mari, qui tenait la maison d'Antonelle aîné. Il s’agit donc de deux femmes que leur métier fait évoluer dans un milieu patriote.

La première séance est convoquée dans l’église des grands Augustins et réunit principalement des paroissiennes du curé Guibert. L’existence de ce type d’associations de paroissiennes destinées à soutenir les prêtres constitutionnels est attestée en de nombreux endroits en France. Elle répond à l’engagement de dévotes en faveur des prêtres réfractaires qui était très important à Arles. Le club féminin regroupe une soixantaine de membres, d’horizons sociaux assez différents. 22 de ces clubistes s’étaient déjà fait connaître par leur participation aux insurrections populaires. L’activité de la société est néanmoins assez traditionnelle : de nombreuses séances sont consacrées aux travaux manuels pour confectionner des ouvrages à destination de l’armée, les membres se préoccupent de l’entretien des hôpitaux, par ailleurs elles organisent des repas patriotiques et participent aux fêtes révolutionnaires . À travers les associations politiques, elles exercent donc des fonctions proches de celles qui leur étaient attribuées par la communauté traditionnelle.



B) Les clubs "mixtes".

Les clubs véritablement mixtes sont rares, en effet les possibilités d’action des femmes dans les sociétés populaires sont très différentes selon les cas.

À partir de 1791, il n’y a plus de traces des Dames citoyennes à Marseille, mais les femmes ne disparaissent pas de l’espace public, elles participent aux séances du club des Jacobins et aux assemblées des sections. Les femmes sont bien accueillies au club des Jacobins. Le 7 novembre 1790, Marie Martin y avait prononcé un éloge des Dames citoyennes. Son discours est publié (17). Marie Martin souligne le patriotisme des Dames, l’énergie qu’elles apportent à soutenir la Révolution. Elle met l’accent sur les liens entre citoyenneté, patriotisme, sentiments et devoirs. Bien sûr, le rôle d’éducatrice des femmes est mis en valeur pour enseigner le patriotisme et les devoirs inhérents :

« Heureuses sont celles qui, donnant des enfants à la patrie, et serrant dans leurs bras ces tendres fruits d’un amour conjugal, feront sucer avec le lait, ces grands principes d’égalité, cet amour ardent pour la patrie, pour la liberté, et cet attachement inviolable à la Constitution. » (18).

Le plus souvent, dans les départements du Sud-est, les femmes peuvent venir aux séances des sociétés populaires, mais elles n'ont pas voix délibérative et doivent se contenter d'assister. Les registres des sociétés montrent que leur présence pose parfois des problèmes : elles sont trop bruyantes, elles "distraient" les clubistes masculins et on délibère de n'autoriser leur présence que si elles se mettent à part.

A Vaison, les femmes avaient été reçues sans voix délibérative mais avec le droit de faire pétitions et discours. Le 8 mai 1792, constatant que les femmes engendrent de l'agitation, on leur enjoint de se tenir dans les chapelles latérales de l'église où se réunissent les Jacobins sous peine d'une amende de six sous ou de l'exclusion (19). Le 23 nivôse an II (12 janvier 1794), la société de Volonne décide qu'à l'avenir les femmes siégeront à la droite de la salle et les hommes à la gauche.

De même à Trets (20), les femmes et les enfants qui assistaient aux séances du club en 1793 furent accusés d’y occasionner trouble et tumulte. Le 31 mars, on décide donc que, désormais, seules les femmes seront reçues et le dimanche seulement. Le 7 pluviôse an II (26 janvier 1794), la société décide de leur donner un « quartier au coeur de la salle » et que celles qui ne voudront pas s’y installer seront exclues. Plus d’une fois, les comptes-rendus rapportent que le bruit gène les clubistes et que le président est obligé de réclamer le silence pour la lecture des papiers reçus et des lettres à communiquer. Le procès-verbal du 30 pluviôse an II indique que les femmes ne font que causer et que les citoyens sont inquiets de ne pouvoir entendre les motions.

Le statut ambigu des sociétés populaires méridionales entre centre de sociabilité et association politique apparaît ici. Manifestement, certaines Provençales et certains Provençaux venaient au club pour se rencontrer et discuter, d’autres voyaient dans les clubs de véritables centres d’expression politique, piliers de la vie politique locale et permettant de s’insérer dans la politique nationale.

Dans les Basses Alpes, la présence de femmes est attestée dans plusieurs clubs comme à Digne, à la Motte (21). A Riez, Suzanne Grimandet, bourgeoise d'origine noble est membre à part entière de la société, elle figure sur la liste des cotisants du 1er avril 1793. Le 20 octobre 1793, à Thorame Haute, après une longue discussion, on décide que les femmes seront invitées toutes les fois que la société s'assemblera.

Dans le Vaucluse, les femmes sont admises au serment à Aubignan le 17 octobre 1792, à Malemort le 17 février 1793, elles sont ensuite invitées à faire de la charpie et à faire don de leurs croix en or à la patrie (22). L'action caritative est, en effet, considérée comme un rôle féminin et on apprécie que les femmes participent à l'action civique en constituant des réseaux d'entraide et en contribuant à la mobilisation patriotique par le don.

A Aix-en-Provence, les femmes semblent s'être intéressées assez vite aux séances du club qui, lorsqu'elles sont publiques, attirent beaucoup de monde. Mais ce n'est qu'en janvier 1792 qu'elles sont associées à la société des Antipolitiques. Un serment spécial, celui d'élever leurs enfants dans les principes révolutionnaires, leur est demandé ; une tribune leur est réservée mais les membres masculins du club ne leur accordent pas une participation active : elles ne font ni motion, ni discours. En l'an II, on trouve 6 femmes sur les listes. En germinal an II, une carte d'entrée spéciale est donnée aux femmes qui souhaitent assister aux séances.

Ailleurs, apparemment plus rarement, elles sont considérées comme membres à part entière. La société de Largentière dans l'Ardèche, étudiée par Jean-Louis Issartel, accorde à ses adhérentes le droit de voter, mais les hommes monopolisent les fonctions électives dans les bureaux, à part une veuve nommée trésorière adjointe pour recueillir des fonds au profit des volontaires.

A Arles, les femmes ont été admises à devenir membres du club, elles représentent 20% des membres au début, mais quand le club prend de l’ampleur et passe de 60 à 700 adhérents, le nombre des femmes n’augmente pas et elles ne représentent alors que moins de 2 % du total. Il est vrai qu’entre octobre 1792 et octobre 1793 le club de femmes draine les militantes (23). Après sa fermeture, les patriotes arlésiennes adhérent, à partir de novembre 1793, au club des Jacobins. Elles passent apparemment sans problèmes du club féminin au club masculin. Elles sont très nombreuses à prêter le serment (24) et il semble qu’elles soient considérées comme des membres à part entière du club. En quelques mois, 650 membres sur 1100 sont des femmes, soit 59% des effectifs. On leur accorde officiellement le droit de porter les armes dont s’étaient déjà emparées les Monnaidières lors des expéditions révolutionnaires (25). En novembre 1793, les femmes ont une place privilégiée dans la cérémonie qui a lieu en l'honneur de Marat à l'occasion de l'élévation d'une statue. Par ailleurs, elles forment la composante essentielle des cortèges d'intimidation qui se déplaçaient dans Arles en promenant une guillotine.

Richesse des sources ou originalité des Arlésiennes, celles-ci semblent avoir été très vite intégrées à la vie politique révolutionnaire. Pour le 14 juillet 1790 elles avaient organisé un banquet patriotique qu’elles partagèrent avec leurs consoeurs marseillaises. Il semble que la place importante prise par les femmes dans le processus révolutionnaire à Arles soit liée au radicalisme d’une des tendances du mouvement révolutionnaire arlésien ; comme à Paris, elle contribua d’ailleurs à accroître les accusations d’extrémisme portées contre cette tendance. Les Monnaidiers écrivent à Maignet le 25 messidor au II (13 juillet 1794) pour tenter de se disculper de l’accusation d’hébertisme (26).




Malgré l'exemple arlésien, on constate que, le plus souvent, la participation des femmes aux sociétés populaires reste dans la tradition de l'action charitable féminine. Les femmes multiplient alors les réseaux d'entraide, qu'il s'agisse de l'instruction, des soins à donner aux malades, de l'aide aux pauvres, aux soldats et à leurs familles. Mais cette action de bienfaisance découle d'un engagement politique patriotique, de plus l'assistance aux séances des clubs constitue pour les femmes un apprentissage des pratiques politiques et certaines d'entre elles en profitent pour affirmer des idéaux révolutionnaires

En plus des activités caritatives, c'est le rôle de mère que les Jacobins veulent valoriser : les femmes doivent enfanter des citoyens républicains c'est-à-dire les mettre au monde et les élever en les imprégnant de l'idéal révolutionnaire. Leurs devoirs cantonnent les femmes dans la sphère privée : c'est dans leur foyer qu'elles seront le plus utiles à la Révolution (27). Mais cette mission donne aux femmes une place importante dans de nombreuses fêtes révolutionnaires organisées par les sociétés populaires ou les municipalités : elles sont les mères des générations futures régénérées, en ce sens elles participent à la construction d'un monde nouveau. Néanmoins, les fêtes que j'ai pu étudier dans le Comtat ne me semblent pas tellement valoriser les femmes : elles mettent leurs plus beaux habits pour être les "ornements" de la journée, prêtent le serment, chantent des hymnes mais ces cérémonies qui célèbrent souvent des victoires se révèlent assez martiales avec une place de choix réservée aux responsables politiques et à la garde nationale.

C) Les femmes dans les sections

Les archives judiciaires prouvent que les femmes ont participé au mouvement sectionnaire du printemps et de l’été 1793. Les recherches menées par Jacques Guilhaumou pour Marseille montrent que des citoyennes ont demandé à participer aux assemblées de section de leur quartier (28). Ces demandes provoquent une certaine résistance masculine. Lorsque les sections se décident à accepter les citoyennes, elles exigent qu’elles soient séparées des hommes puisque lorsque les tribunes leur sont accessibles, elles deviennent interdites aux hommes. Ces femmes sectionnaires appartiennent à des familles impliquées dans le mouvement fédéraliste, elles sont, le plus souvent, issues du monde de la boutique et de l’artisanat mais on y trouve aussi des domestiques.

Certains des documents analysés par Jacques Guilhaumou montrent l’influence du sexe féminin dans la mobilisation contre l’armée de la Convention. Le registre de la section 4 du 9 août 1793 cite le discours de Thérèse Clappier, agée de 16 ans, fille d’un parfumeur, arrêtée ainsi que ses parents pour fédéralisme (29). Après l’échec du mouvement sectionnaire, une partie des hommes qui y ont participé s’enfuit, d’autres sont arrêtés en même temps que les femmes compromises.

Le tribunal criminel de Marseille jugea 86 femmes pour leur attitude pendant le fédéralisme, 62 d’entre elles furent acquittées malgré des accusations de propos et d’actes inciviques (30).

Mes recherches dans le Vaucluse confirment cette présence de femmes dans les sections où elles prennent parfois la parole, comme à Carpentras où un patriote accuse la citoyenne Amiel d’avoir demandé lors d’une séance de la section qu’il soit guillotiné (31). Comme les hommes de leur environnement ces fédéralistes ont une attitude politique ambiguë, entre utilisation des pratiques républicaines et attitudes contre-révolutionnaires.

III - La place des femmes dans les réseaux contre-révolutionnaires

A) Les pratiques contre-révolutionnaires féminines.

Au-delà de simples attitudes de résistance, certaines femmes s'engagent véritablement du côté de la contre-révolution (32). Ces femmes qui participent à l’action contre-révolutionnaire le font dans le cadre de réseaux à base familiale concernant parfois plusieurs communautés. Elles semblent y avoir une action spécifique tenant des assemblées secrètes, colportant les nouvelles, espionnant le camp adverse.

Dénonciations et contre-dénonciations témoignent de l’importance de la parole féminine dans les pratiques politiques villageoises : elles sont dénoncées pour avoir fait circuler de fausses nouvelles, pour avoir critiqué les mesures prises par le camp au pouvoir, pour avoir menacé les adversaires (33). Ces propos ont souvent pour but de convaincre les autres habitants et donc de recruter pour leur propre camp. Des femmes du peuple ne craignent pas d’affirmer violemment leurs idées politiques traitant les députés de voleurs et l’Assemblée de « chambre des couyons »(34).

A Port Chamas, des « personnes mal intentionnées », sont dénoncées au comité de surveillance le 5 ventôse an II (23 février 1794). Ces personnes « se faisaient un plaisir d'inventer des lois et qu'elles disaient être prononcées par la Convention nationale comme lois du Royaume; entr'autres une portant que tous les citoyens avaient le droit de requérir à leur gré fille et femme qu'il leur conviendrait pour en faire sa concubine une ou deux nuits » et qu’en cas de refus elles seraient condamnées à la déportation ou à la guillotine... En fait, une femme, la dite Sabatier, comparait devant le comité pour avoir répandu une telle « rumeur parmi le peuple », crédibilisant ainsi des « bruits scandaleux et des lois factices qui déshonoraient notre république française ». Il s’agit de la soeur d’un contre-révolutionnaire emprisonné à Marseille.

Dans leur combat contre-révolutionnaire les femmes peuvent utiliser une certaine invisibilité que leur procurait leur relégation dans le domaine privé. A Sainte-Cécile, dans le Comtat Venaissin, l’épouse d’un ménager, Rose Delaye, complice des anciens dirigeants de la cité est accusée de s’être introduite, à l’occasion de visites de bon voisinage, chez les patriotes pour les espionner et rapporter leurs propos aux aristocrates, d’avoir fait courir des calomnies contre les révolutionnaires et d’avoir tenu des propos sanguinaires contre eux au moment du fédéralisme. Deux autres femmes sont accusées d’avoir tenu chez elles des assemblées d’aristocrates puis d’avoir diffusé des libelles contre les patriotes et des images du Sacré Coeur portant l’inscription « Cor Jesu Misere nobis », ce qui, pour leurs dénonciateurs, est le signe qu’elles font partie du complot de Jalès, le sacré Coeur étant l’emblème des mouvements contre-révolutionnaires (35). Les femmes sont donc intégrées ici aux affrontements entre camps opposés, particulièrement intenses à Sainte-Cécile dont le nom était devenu un des symboles de la lutte contre Avignon révolutionnaire et contre le rattachement à la France (36).

En décembre 1792, lorsque la municipalité passe aux patriotes au cours d’élections qui ont eu lieu en présence de représentants du département de la Drôme dont la commune fait alors partie, les contre-révolutionnaires contestent le résultat et c’est une femme qui exprime leur sentiment en vitupérant contre la nouvelle municipalité et en disant « on fera venir d’autres représentants et on en élira une autre ». Le réseau contre-révolutionnaire est dirigé par le comte Sébastien de Saussac, il est puissant et populaire dans la cité où un repas « populaire » organisé contre les patriotes rassemble environ 80 personnes.

B) La protection des valeurs : famille, communauté, religion (37).

Ces femmes sont engagées dans une attitude de résistance à la Révolution en fonction de rôles qui leur sont traditionnellement reconnus par la communauté. Leurs actions sont, en effet, motivées par leur volonté de protéger la cellule familiale, les valeurs traditionnelles, l’identité religieuse ; elles ont alors le même sentiment de lutter pour la protection de la communauté que les patriotes qui dénoncent les contre-révolutionnaires.

Les femmes peuvent s’engager dans l’opposition à la Révolution pour la défense de leurs familles. Leur fonction de nourricière les conduit à cacher des réserves de grains susceptibles d’être réquisitionnées. En tant que maîtresses de maison, elles dissimulent des jeunes qui ne veulent pas rejoindre l’armée mais aussi des prêtres réfractaires, des émigrés revenus clandestinement et participent ainsi à l’action des réseaux contre-révolutionnaires du Sud-est.

Des femmes s’engagent pour la défense des biens de la famille, en particulier dans les cas d’émigration des membres masculins de la famille avec lesquels elles restent en liaison. Ces hommes espèrent que le sexe et l’absence apparente d’action politique de leurs épouses les protégeront et que leur présence empêchera la confiscation des biens. Les comités de surveillance répugnent effectivement le plus souvent à arrêter les parentes d’émigrés quand il n’y a rien d’autre à leur reprocher.

Les femmes se mettent aussi en visibilité dans les affaires concernant la religion, elles sont facilement accusées de sentiments de fanatisme. L’activisme religieux des femmes, qui correspond à leur rôle dans la communauté traditionnelle, est utilisé par les réseaux contre-révolutionnaires. Les actes d’accusation de la Commission populaire d’Orange montrent que l’accusation de fanatisme portée contre des laïques associe prises de position politiques et religieuses, pour les juges l’intégration à la Nation républicaine est rejetée au nom de l’identité catholique (38).

Les tentatives de déchristianisation sont mal accueillies dans la majorité des communes rurales des anciennes enclaves pontificales. Le représentant en mission Maignet constate l'importance du fanatisme dans les districts d'Orange, de Carpentras et du Buis (39). Sans qu'il y ait de division sexuelle absolue, la mobilisation des femmes en faveur de l'identité religieuse semble plus forte que celle des hommes. De nombreuses Comtadines choisissent de défendre ce qu'elles estiment être le salut de la communauté toute entière.

A Malemort du Comtat, c’est une cabale menée par des femmes qui force le curé constitutionnel, Mathieu Mistarlet, premier président de la société populaire à fuir sa paroisse. Pendant cette campagne, des placards avaient été affichés où le curé constitutionnel était traité de Judas et les patriotes de Caïn. La sage femme « connue pour son fanatisme » et sa fille, servante du ci-devant prieur, une soeur de l’hôpital, une femme dite « la Vierge » et deux veuves sont dénoncées pour avoir prêché le fanatisme et s’être élevées publiquement contre le nouveau curé. La défense de la religion traditionnelle, et du curé réfractaire, conduit ces femmes à participer à une action politique d’opposition à la révolution pour laquelle 44 personnes sont dénoncées (32 hommes et 12 femmes). (40).

Ce sont des femmes qui, sous la Terreur, connaissent les cachettes des prêtres réfractaires et qui les amènent au chevet des mourants ; les soins aux malades, l’accompagnement des derniers instants étant également une tâche féminine traditionnelle.

Dans les campagnes comtadines, la défense de l'identité religieuse paraît majoritaire, y compris pour les hommes bien qu'il existe souvent un noyau de Jacobins pour lesquels les sentiments religieux sont secondaires, voire combattus. Le rôle de l'attachement à la foi catholique dans l'évolution vers des positions de résistances à la Révolution paraît encore plus évident chez les femmes que chez les hommes, bien que certaines Comtadines aient fait passer leur sentiment d'appartenance à la nation française avant leur identité religieuse (41).

Ce combat pour la défense de la religion traditionnelle traduit l’importance de l’identité religieuse pour les femmes. En effet, dans la communauté religieuse chaque croyant avait sa place et l’Eglise accordait une grande valeur à la recherche de la perfection individuelle, idéal à la portée des femmes. Par ailleurs, la religion leur permettait d’avoir un rôle social par l’intermédiaire des oeuvres de charité et par leur action dans le cadre de la paroisse, en collaboration avec les curés. La fermeture des églises et l’élimination du culte public rejette donc la religion dans le domaine privé alors qu’elle offrait aux femmes une de leurs rares possibilités d’intervention dans le domaine public. Par leur résistance à la déchristianisation, des femmes essaient de conserver un rôle public et apparaissent même parfois comme des guides pour la communauté.

Conclusion

Les pratiques par lesquelles des femmes ont tenté d’accéder à la sphère politique pendant la Révolution se sont appuyées sur la notion de souveraineté populaire, mais elles étaient aussi les héritières de pratiques qui existaient pendant l’Ancien Régime dans les quartiers populaires des villes et dans les villages et qui montraient que les femmes n’étaient pas uniquement cantonnées dans l’espace privé.

Pendant la période de crise qu’est la Révolution, l’affaiblissement des normes, la multiplication des formes de pratiques politiques et de types d’associations, donnent aux femmes des possibilités accrues de s’exprimer dans l’espace public. Le retour à la « normale » s’accompagne d’un repli sur le domaine privé. Dès mai 1795, les femmes sont exclues des assemblées publiques. Après la Révolution, il devient à nouveau difficile de trouver les traces d’une participation féminine à la vie politique. Cela n’implique pas qu’elles ne jouent plus aucun rôle dans les stratégies de lutte qui se prolongent, car la vie politique locale fait toujours preuve de vitalité dans le Sud-est et la dimension familiale du politique qui existe au sein des communes continue à offrir aux femmes, entre espace privé et espace public, davantage de possibilités d’intervention ou de pression que le niveau national.

N.B. Cet article a été élaboré à partir d’une communication, le 5 mars 1999, au Séminaire de l’IHRF "Structures politiques et réseaux" coordonné par Bernard Gainot, et mise à jour en fonction des nouveaux travaux.

Notes

(1) Cf Femmes entre ombre et lumière. Recherches sur la visibilité sociale (XVIe-XXe siècles), ouvrage collectif du GRFM sous la direction de Geneviève Dermenjian, Jacques Guilhaumou et Martine Lapied, Publisud, 2000.

(2) Cf Karine LAMBERT et Martine LAPIED, « Femmes du peuple dans les archives judiciaires », dans « Femmes des Lumières », Revue Dix-huitième siècle n°36, 2004, p.155-170.

(3) Cf Martine LAPIED, « Conflictualité urbaine et mise en visibilité des femmes dans l’espace public de l’Ancien Régime à la Révolution, en Provence et dans le Comtat Venaissin », dans « Les usages politiques des conflits urbains. France méridionale. Italie, XVe – XIXe siècles », sous la direction de Wolfgang Kaiser, Provence Historique n°202, 2001, p. 427 - 438.

(4) Cf Martine LAPIED, - "La place des femmes dans la sociabilité et la vie politique locale en Provence et dans le Comtat sous la Révolution française", dans "Femmes et politique en Provence (XVIIIe-XXe siècle)", sous la direction de Martine Lapied et Eliane Richard, Provence Historique , T XLVI, fasc. 186, oct-déc 1996, p. 457-469.

(5) Cf l'enquête sur les sociétés populaires de Jean BOUTIER et Philippe BOUTRY, A. H. R. F. n°266 (sept.- oct. 1986).

(6) D'après Suzanne DESAN, "Constitutionnal Amazons. Jacobin Women's Clubs in the French Revolution", dans Re-creating Authority in Revolutionary France, Rutgers University Press, New Jersey, 1992.

(7) Cf Martine LAPIED, « La visibilité des femmes dans la Révolution française », dans La Révolution française, au carrefour des recherches, sous la direction de Martine Lapied et Christine Peyrard, Publications de l’Université de Provence, Collection Le temps de l’histoire, 2003

(8) Voir dans Paule-Marie DUHET, Cahiers de doléances des femmes et autres textes, op. cit.

(9) Cf Martine LAPIED, - « Parole publique des femmes et conflictualité pendant la Révolution dans le Sud-est de la France », dans « La prise de parole publique des femmes sous la Révolution française », sous la direction de Christine Fauré et Annie Geoffroy, AHRF n°344, 2006, p.47-62

(10) Délibération des Dames citoyennes du district Saint-Martin du 7 juillet 1790.

(11) Voir Yvonne KNIBIEHLER, « Femmes de Provence en révolution », dans Les femmes et la Révolution française, sous la direction de Marie-France Brive, Presses Universitaires du Mirail, 1989, T1, p.149-155.

(12) Cf Patrice ALPHAND, « Les sociétés populaires » dans « La Révolution dans les Basses-Alpes », Annales de Haute Provence n°307, 1989, p.288-350.

(13) AD Alpes de Haute Provence L 301.

(14) Cf Martine LAPIED, « Les Provençales actrices de la révolution ? L’exemple des Arlésiennes », dans Pour la Révolution française, recueil d’études en hommage à Claude Mazauric réunies par Christine Le Bozec et Eric Wauters, Public de l’Université de Rouen, 1998.



(15) BM Arles Ms 650.

(16) AC Arles H 125.

(17) Le Patriotisme des Dames citoyennes ; discours prononcé à la tribune de l’Assemblée Patriotique par Mademoiselle Marie Martin le 7ème novembre de l’an II de la Liberté, Marseille, 1790.

(18) Ibid.

(19) AD Vaucluse 6 L 35.

(20) AD B du Rh L 1875 – 1876.

(21) Cf Patrice ALPHAND, « Les sociétés populaires » dans La Révolution dans les Basses-Alpes, op. cit.

(22) Cf Martine LAPIED, Le Comtat et la Révolution française : naissance des options collectives, Publications de l'Université de Provence, 1996.

(23) BM Arles Ms 633.

(24) BM Arles Ms 662.

(25) Cf Martine LAPIED, « Les Provençales actrices de la révolution ? L’exemple des Arlésiennes », dans Pour la Révolution française, op. cit.

(26) AC Arles H 125.

(27) Cf. Lynn HUNT, "The Family Romance of the French Revolution", dans The Terror, Pergamon, New York, 1994.

(28) Cf Jacques GUILHAUMOU, « Conduites politiques de Marseillaises pendant la Révolution française », dans Femmes et politique en Provence XVIIIe - XXe siècles, Provence Historique n°186, 1996, p. 471-487. Pour le contexte du fédéralisme, voir le dossier sur Marseille révolutionnaire

(29) Cf Jacques GUILHAUMOU, Marseille républicaine (1791-1793), Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1992. Ce texte est reproduit sur le site

(30) Béatrice GRISON, Le tribunal révolutionnaire des Bouches-du-Rhône, Mémoire de maîtrise de l’Université de Provence, direction Monique Cubells, 1987

(31) ADV 6L34.

(32) Cf Martine LAPIED, « La fanatique contre-révolutionnaire, réalité ou représentation ? », dans Le genre face aux mutations. Masculin et féminin du Moyen-Âge à nos jours, sous la direction de Luc Capdevila, Sophie Cassagnes, Martine Cocaud, Doninique Godineau, François Rouquet, Jacqueline Sainclivier, Presses Universitaires de Rennes, Collection Histoire, 2003

(33) Cf Jacques GUILHAUMOU et Martine LAPIED, « Les femmes dans les archives des comités de surveillance des Bouches-du-Rhône », dans Femmes entre ombre et lumière. Recherches sur la visibilité sociale (XVIe-XXe siècles), op. cit., p. 247-258.

(34) Comité de surveillance de Grasse, AD des Alpes Maritimes, L 921-923.

(35) ADV 6L68 et 6L69.

(36) Cf Martine LAPIED, Le Comtat et la Révolution française : naissance des options collectives, op. cit.

(37) Cf Martine LAPIED, - « Les femmes entre espace privé et espace public pendant la Révolution française », dans Georges Duby, regards croisés sur l’oeuvre - Femmes et féodalité, sous la direction d’Annie Bleton-Ruget et Michel Rubellin, Presses Universitaires de Lyon, 2000, p. 312-322.

(38) Cf Martine LAPIED, « Les Comtadines et la Révolution française : une défense prioritaire de l’identité religieuse ? », dans les actes du colloque Religion et identité, sous la direction de Gabriel Audisio, Public de l’Université de Provence, 1998.

(39) Cf Jacques GUILHAUMOU et Martine LAPIED, "La mission Maignet", Annales Historiques de la Révolution Française, n°300, avril-juin 1995, p. 283-294. Et aussi sur le présent site.

(40) ADV 1L438.

(41) Cf Martine LAPIED, « Les Comtadines et la Révolution française : une défense prioritaire de l’identité religieuse ? », dans les actes du colloque Religion et identité, op. cit.

Martine Lapied, "Les femmes entre communautés traditionnelles et associations politiques", Etudes, Révolution Française.net, mis en ligne le 4 janvier 2008, URL: http://revolution-francaise.net/2008/01/04/195-les-femmes-entre-communautes-traditionnelles-et-associations-politiques