Humanité de l’insurrection : Paris (germinal – prairial, an III), Londres (août 2011) Actuel
mercredi 14 novembre 2012Par Déborah Cohen, Telemme-Université d'Aix-Marseille 1
Il y a bien sûr l’émeute, le moment de l’action, de la violence collective, des images fortes que retiennent les médias et l’histoire, la Convention envahie, la tête au bout d’une pique du représentant Féraud, les vitrines brisées, les marchandises emportées, tenues à pleins bras par des gamins ensanglantés. À rester le regard rivé à ces clichés, on risque de ne pas comprendre, de se figer dans la sidération de ce qui paraît survenir en toute absurdité. Il faudrait sans doute regarder de plus près le déroulement exact de l’émeute, être certains des conditions exactes de survenue de la violence, être certains de l’ampleur prétendue des pillages (un jeune homme de 23 ans a ainsi été condamné à six mois de prison pour participation à une émeute dans laquelle il ne s’est saisi que d’une bouteille d’eau minérale, un jeune garçon de 11 ans a été condamné pour le vol d’une petite poubelle). Contre les visions issues d’une anthropologie pessimiste, réduisant l’homme à des passions mauvaises et l’émeutier à la violence d’une bête, il s’agira ici de contribuer au travail de requalification par le sens auquel se livre bien des sociologues, historiens et quelques journalistes. Il s’agira de rendre à l’insurrection sa part d’humanité.
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