Le républicanisme libéral de Thomas Paine Etudes
lundi 28 novembre 2011Par Carine Lounissi, Université de Rouen - LARCA Université Paris-Diderot
Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.
Thomas Paine est souvent décrit comme un auteur – car il n’est pas toujours considéré comme un penseur à part entière – échappant aux catégorisations habituelles. Il n’est pas un père fondateur stricto sensu, car il n’a pas participé à la rédaction de la Constitution de 1787. Bien qu’il envisage très tôt l’Union des Etats américains issus des anciennes colonies britanniques, il n’est pas un « fédéraliste » au sens où ce terme désigne une allégeance politique opposé au camp des jeffersoniens, auquel Paine se rattache. Il n’est pas non plus véritablement un « radical » au sens anglais du terme, le « radicalisme » s’appliquant à un groupe de penseurs souhaitant avant tout démocratiser la monarchie britannique en réformant notamment le système électoral de la Grande-Bretagne, mais n’appelant pas à un renversement de la monarchie pour la plupart d’entre eux. Dans le cadre politique français, Paine n’a été ni un « girondin », bien qu’ayant fréquenté des figures considérées comme « girondines » telles que Condorcet ou Brissot, ni un thermidorien, car il a critiqué la Constitution de l’an III avant de s’y rallier par la suite. Comme le suggère le titre de cette présentation, Paine n’est pas non plus un « républicain » au sens pocockien du terme. Il redéfinit une forme de républicanisme autre fondée sur une conception libérale de l’Etat et c’est ce que je souhaite montrer ici. La pensée politique de Paine est en effet un anti-monarchisme qui rejette toute forme héréditaire de gouvernement. Le contrat politique qu’il propose comme fondement de l'Etat est à la fois libéral et républicain (I), ce qui conduit Paine à refonder le républicanisme tel qu’il existait au XVIIIe siècle (II), et ce qui nous amène à repenser les catégories de « républicanisme » et de « libéralisme » qui ne doivent pas se concevoir uniquement indépendamment l’une de l’autre (III).
Un contrat politique libéral et républicain
Paine fonde sa théorie politique d’emblée sur un contrat politique à la fois « libéral », au sens où il doit préserver les libertés fondamentales de l’individu, et « républicain », au sens où le seul régime politique légitime est à ses yeux la démocratie représentative. Dès les premières pages de Common Sense, il montre l’incompatibilité du régime politique anglais et d’une théorie contractualiste immanente reposant sur un contrat que les gouvernés signent entre eux. Les institutions de son pays natal n’étaient pas, en effet, à ses yeux, la combinaison entre la démocratie, l’aristocratie et la monarchie, mais bien plutôt entre deux formes de tyrannies héréditaires et un élément républicain, largement corrompu par le monarque, même s’il affirma ensuite que l’autre partie républicaine du système britannique se trouvait dans la tradition judiciaire du jugement par jury (1).
En partant de l’égalité originelle entre les hommes au sortir de la Création, il réfute la légitimité d’un contrat entre le roi et ses sujets, car ce serait mettre l’effet avant la cause. En vertu de ce principe, il estimait non seulement que l’acte de fondation devait être démocratique, c’est-à-dire reposer sur un contrat horizontal où chacun entrerait à part égale, mais encore que la forme de la procédure de fondation ne pouvait être dissociée de celle du régime qui naîtrait du contrat. Le régime consécutif à une fondation contractualiste ne pouvait être qu’une république ou une démocratie représentative.
Comme Spinoza, Paine voit un lien naturel et de nature entre contrat et démocratie : « Dans les républiques (…) le pouvoir souverain (…) demeure là où la nature l’a placé : dans le peuple » (2), affirme-t-il en 1786 dans Dissertations on Government, « république » désignant ici la démocratie représentative. Dans le Traité théologico-politique, Spinoza indique sa préférence pour la démocratie qui lui apparaît être le régime « le plus naturel » ou, nuance-t-il, « le moins éloigné de la liberté que la Nature reconnaît à chacun » et ce en vertu du contrat à l’origine de la démocratie par lequel « nul ne transfère son droit naturel à un autre de telle sorte qu’il n’ait plus ensuite à être consulté, il le transfère à la majorité de la société dont lui-même fait partie ; et dans ces conditions tous demeurent égaux comme ils l’étaient auparavant dans l’état de nature » (3). La démocratie était, selon lui, le régime le plus proche théoriquement de l’état de nature. En d’autres termes, le contrat qui permettait d’être en conformité avec le droit naturel était celui qui créait une démocratie (4). Paine n'exprime pas ce principe aussi explicitement que Spinoza, mais le contrat qu'il définit est sous-tendu par les mêmes exigences.
Pour Paine, le contrat immanent au fondement de la république est, de plus, un pacte mutuel de renonciation par tous au despotisme de chacun sur chacun. Tous, précise-t-il dans Dissertations on Government se défont du « droit qu’ils s’étaient arrogés de rompre et de violer leurs engagements (…) ou d’escroquer, de mentir ou de tyranniser leurs semblables » (5), négatif de l’idée que le contrat doit être un pacte d’engagement à respecter l’équité. C’est une position qui tendrait à se rapprocher du concept de liberté comme non-domination tel que le définit Philip Pettit (6).
La république ou la démocratie représentative était donc, selon Paine, la forme de régime qui émergerait spontanément à partir de la société naturelle. C’est ce qu’il suggéra dès les premières pages de Common Sense. Paine y sépare les trois sources juridico-politiques de légitimité invoquées pendant le débat entre les colonies et la Grande-Bretagne depuis la fin de la Guerre de Sept Ans, à savoir la tradition constitutionnelle britannique, les chartes et contrats coloniaux, et enfin le droit naturel. Les colons britanniques interprétaient leurs droits en tant que sujets de la Couronne comme « certains droits de nature réservés aux citoyens par la constitution anglaise » (7) pour citer John Adams écrivant sous le pseudonyme de Novanglus en 1775. Il évoquait même une liberté fictive de total recommencement des premiers émigrants arrivés sur le sol américain : « ils avaient clairement le droit d’ériger dans cet espace vierge une constitution britannique, ou bien une démocratie parfaite, ou bien toute forme de gouvernement qu’ils auraient jugée adéquate » (8), dit-il. Il les envisageait donc comme des individus retournés à l’état de nature et pouvant se faire les signataires de n’importe quel contrat. En réalité, ils n’établirent ni l’une ni l’autre.
De ce point de vue, le pamphlet de Paine apparaît comme l’aboutissement logique des dix années de débat entre les colonies et la métropole. La césure ainsi placée par Paine clôturait l’histoire coloniale. L’apport de Paine n’est donc pas tant d’avoir été « le premier à exposer la théorie des droits naturels des colons sans se référer à ou s’appuyer sur les lois et les usages du pays »(9), mais d’avoir montré que les deux registres étaient fondamentalement incompatibles et que l’un pouvait exister sans l’autre. C’est donc un républicanisme fondé sur les droits naturels que défendait Paine.
Une forme nouvelle de républicanisme ?
Le républicanisme de Paine est doublement révolutionnaire. D'une part, la révolution ne peut être que républicaine d'après lui, et d'autre part, il rompt avec les critères du schéma républicain tel qu’il était envisagé au XVIIIe siècle : la limitation de l’étendue du territoire, l’égalité des conditions et le rejet du commerce et du luxe.
Comme Madison dans Le Fédéraliste, Paine établit que la forme représentative du régime républicain est préférable à la démocratie directe quelle que soit la taille du territoire (10), même si l’analyse de Paine n’est pas fondée sur les mêmes considérations que celles du Fédéraliste n°10. En parallèle à son refus d’accréditer l’idée que la république ne pouvait exister que sur un territoire de faible étendue, Paine rejeta la thèse inverse qui établissait une corrélation entre monarchie et grand espace, en se fondant sur la relation entre « savoir » et « pouvoir » (11). Dans Dissertations on Government, il montre qu’il est impossible de dissocier « pouvoir souverain » et « savoir souverain » (12). Seule la représentation permet une telle continuité. En 1776, dans un écrit publié après Common Sense, il exprime déjà cette idée en affirmant que de fréquentes élections entraîneraient un élargissement du « cercle du savoir » (13). A l’inverse, la monarchie interrompt cette chaîne. Sous un tel régime, d’après lui, « de l’ignorance, le gouvernement sombre dans la tyrannie » (14), notamment parce que les connaissances d’un individu sont insuffisantes pour assurer la bonne gestion d’un royaume trop étendu (15).
La république ne nécessite pas, en outre, la parfaite égalité des conditions. Si l’égalité originelle des individus implique l’égalité des droits dans le corps politique, de la même manière, l’égalité première dans l’accès au monde doit se traduire par l’égalité des chances dans la société organisée. Malgré les injustices qu’il savait être probablement à l’origine de nombre de propriétés, et bien qu’il eût approuvé la vente des biens du clergé en France, Paine ne souhaitait donc pas bouleverser l’ensemble du système des propriétés. En cela, il respectait, sciemment ou non, le principe formulé par Rousseau dans son Discours sur l’économie politique où il avait affirmé que le rôle de l’institution politique dans ce domaine était de « prévenir l’extrême inégalité des fortunes, non en enlevant les trésors à leurs possesseurs mais en ôtant à tous les moyens d’en accumuler, ni en bâtissant des hôpitaux pour les pauvres, mais en garantissant les citoyens de le devenir »(16).
Pour Paine, l’égalité républicaine n’est pas celle des conditions, mais des droits civils et des chances. Au vu de ses positions sur l’égalité, il put sans peine se défendre d’être un « niveleur » dans le second volet de Rights of Man (17). Dans la perspective utopiste qu’était la sienne, William Godwin considérait pourtant que cette forme de « républicanisme n’est pas un remède qui s’attaque à la racine du mal », car « l’injustice, l’oppression et la misère peuvent élire domicile dans ses heureux fiefs » (18). A ses yeux, « le véritable républicanisme » (19) était l’égalité, mais ce républicanisme authentique ne passait pas uniquement par l’égalité des droits. Il fallait aller plus loin : « il est inutile de démontrer une proposition aussi simple que celle selon laquelle tout républicanisme, toute égalisation de rangs et d’immunités, tend fortement vers une égalisation des propriétés » (20). Cette tendance était, donc, selon lui, inscrite dans l’idée même de république. Ce faisant, Godwin se plaçait, lui, dans le prolongement de la tradition selon laquelle le régime républicain requérait l’égalité économique des citoyens, avec laquelle Paine, au contraire, rompit : la république devait, selon ce dernier, prendre pour base l’homme en tant qu’homme indépendamment de toute autre considération. Son républicanisme était donc, pourrait-on dire, avant tout un humanisme. Le danger ne résidait pas tant dans l’existence du luxe et de l’inégalité en eux-mêmes que dans le fait de prendre celle-ci pour fondement du contrat politique.
Le dernier critère de cette tradition de républicanisme frugal fut également abandonné par Paine. De fait, il ne reprit pas l’idée platonicienne de la méfiance que le commerce suscite par la multiplication des désirs qu’il provoque. Le commerce était l’objet de deux interprétations au XVIIIe siècle : l’une, négative, que nous venons de rappeler, et l’autre, plus positive, qui lui accordait une dimension civilisatrice, et que développa notamment Montesquieu dans L’esprit des lois (21), où la dimension négative n’était, toutefois, pas totalement éliminée par ce dernier puisqu’il affirmait que même s’« il polit et adoucit les mœurs barbares », « le commerce corrompt les mœurs pures » (22). De son côté, Paine retint la dimension civilisatrice du commerce. Dès Letter to the Abbe Raynal, écrit publié en 1782, le commerce apparaît, sur le plan national et international, comme un facteur de civilisation (en tant que processus), un instrument ayant la faculté de « cordialiser » (23) par le biais de l’intérêt. Dans la description sommaire des rapports entre les différents secteurs économiques qu’il avait faite quatre ans plus tôt dans « A Serious Address to the People of Pennsylvania », ce n’était pas la catégorie des marchands qui contenait en elle-même potentiellement le germe de la corruption de la société, mais celle des « professions libérales » (24), parmi lesquelles il classait logiquement les « avocats » mais également, de façon plus inattendue peut-être, les « écrivains ».
Cependant, deux ans plus tôt encore, dans Common Sense, il avait affirmé que « le négoce diminue à la fois le sens du patriotisme et celui de la défense militaire » et même que « l’accroissement de son commerce a valu à l’Angleterre de perdre sa force d’âme » (25). D’après Christopher Lasch, il s’agirait là de l’ « une des rares manifestations, parfaitement exemplaire, de l’idéologie républicaine décelable chez Paine » (26). Cette remarque sur l’impact négatif du commerce resta, de fait, isolée : on n’en trouve pas d’écho dans ses autres textes.
L’idée selon laquelle une république devait être exempte de commerce était, en réalité, liée à celle de la nécessité de maintenir intacte la vertu citoyenne. Cet impératif reposait notamment sur une croyance en la fonction purificatrice de l’agriculture, idée défendue par Jefferson dans les Notes on the State of Virginia, même si lorsqu’il sera président, il souhaitera encourager à la fois l’agriculture et le commerce, ainsi que par James Madison qui, dans un article publié en mars 1792 dans la National Gazette, intitulé « Republican Distribution of Citizens », considérait que « la meilleure répartition est celle qui favoriserait le plus la santé, la vertu, l’intelligence et la compétence chez le plus grand nombre possible de citoyens »(27) et concluait que l’activité économique qui permettrait d’atteindre cet idéal est l’agriculture. Dans l’introduction du volet de 1792 de sa réponse à Burke, Paine semblait adhérer à cette thèse en affirmant que « les besoins qui accompagnent nécessairement la mise en culture d’une terre sauvage »(28) avaient été un facteur déterminant dans la formation d’une société non corrompue sur le sol américain. Si cette idée n’avait pas la même importance chez Paine que chez Jefferson, le premier n’en considérait pas moins l’agriculture comme le socle de toute l’économie, comme il l’expliqua dans « A Serious Address to the People of Pennsylvania » en 1778 (29), mais comme l’a souligné Eric Foner, celui-ci « ne partageait pas les inquiétudes des Américains dans la tradition du parti agrarien qui voyait le développement économique comme une décadence » (30). De même, reprenant des conclusions déjà exposées notamment par J. Dorfman dans les années 1930 (31), Pocock confirme qu’ « en termes anglais, on peut voir la deuxième partie de Rights of Man comme marquant une prise de distance décisive par rapport à un quelconque rêve de démocratie rustique, républicaine ou anglo-saxonne », notamment parce que Paine prend en compte le crédit (32).
En outre, la « vertu » en tant que telle n’occupe pas une place centrale explicite dans la théorie painienne de la république. Il est vrai que, dans Common Sense, il mentionnait « la vertu de la chambre des communes (la partie républicaine de la constitution) »(33) et « la vertu républicaine »(34). Il y opposait la vertu à la corruption et l’associait à la liberté puisqu’il avança que « lorsque les vertus républicaines défaillent, c’est l’esclavage qui s’ensuit »(35). Dans un article publié en 1782, il fit encore référence à « la vertu sur laquelle les républiques sont fondées » (36) et ce, dans un passage où Montesquieu est cité. Le terrain n’aurait pu être mieux préparé pour faire parler ce dernier, qui, on le sait, avait associé la vertu (morale) à la démocratie (37), d’une part, et avait établi, d'autre part, une forme de vertu (politique) républicaine qu’il définissait comme « l’amour de la république » (38). Par la suite, néanmoins, Paine n’aura recours explicitement à la notion de vertu que très ponctuellement. Non seulement les occurrences du mot sont rares sous la plume de Paine, mais encore cette notion n’est-elle pas définie.
Alors même qu’il avait élaboré un nouveau concept de république, les contradicteurs anglais de Rights of Man n’eurent de cesse de lui opposer les anciennes conditions d’existence d’un tel régime. D’après ces critères, la république ne leur semblait adaptée qu’à la condition innocente de l’humanité. Elle ne pouvait exister que dans une société simple et primitive. Comme le lui objecta Thomas Hearn, dans A Short View of the Rise and Progress of Freedom in Modern Europe, « le système représentatif et égalitaire (…) est (…) prévu pour une société naissante, pour des bergers, des pêcheurs et des chasseurs, et où la richesse de l’Etat n’est guère encore devenue un objet de tentation ou une incitation au pillage »(39). John Jones, dans The Reason of Man, estimait que l’instauration d’un tel régime entraînait une régression et un retour à « l’état de nature »(40).
Paine, de son côté, pensait, au contraire, que la révolution républicaine revenait à faire entrer l’humanité dans « l’âge de raison », dans l’âge adulte, motif qui prolonge le registre employé pour la Révolution américaine qui avait mis fin à la minorité des colonies. A l’inverse, ses opposants croyaient déceler dans la pensée des « républicains » une tentative de retour à l’enfance, car impliquant une volonté d’établir « cette chimère puérile de l’égalité naturelle des hommes », pour citer à nouveau Thomas Hearn (41). Selon eux, le régime républicain reposait donc sur une conception naïve et infantile de l’humain. Or, rappelaient-ils, la vertu était loin d’être la chose la mieux partagée du monde. Une telle espérance équivalait à l’attente pathologique d’un retour du pré-lapsaire. Par conséquent, ils opposaient le caractère illusoire d’une telle vision au réalisme politique ayant intégré les défaillances morales de l’homme. Même lorsque la notion de vertu était interprétée dans le sens politique que lui donnait Montesquieu, elle ne pouvait être que le fruit d’une éducation de type spartiate (42).
Paine s’était donc affranchi des thèses reçues sur le « républicanisme », dont il ne subsistait dans sa pensée que quelques traces résiduelles, en particulier dans Common Sense. Pour lui, le régime républicain était avant tout fondé sur la raison et la volonté. Le gouvernement en général devait pallier les défaillances de la vertu, comme il le suggéra dès Common Sense, mais la forme républicaine n’était pas plus apte qu’une autre à restituer à l’homme son « innocence perdue »(43). L’Etat n’était pas une fin en soi pour Paine. La démocratie représentative était le régime qui permettait d’assurer le mieux la liberté. On est donc fondé à se demander si le républicanisme de Paine n’était pas d’abord un libéralisme.
Un républicanisme libéral ? (44)
La distinction entre société et gouvernement, qu’on peut considérer comme d’inspiration lockéenne – à condition d’utiliser le mot « société », non dans le sens précis que lui donne Locke, mais en tant qu’il désigne la relation sociale entre les individus (par opposition à la solitude de l’homme naturel que décrit Rousseau) qui existe à l’état de nature lockéen, ou plus précisément la relative indépendance de la seconde par rapport au premier – ne constitue qu’un seul des critères que l’on peut retenir pour définir la doctrine libérale. Comme l’explique Pierre Manent, dans son Histoire intellectuelle du libéralisme, les libéraux tendent à considérer que « les individus, (…) nouent naturellement ou spontanément des relations pacifiques qui donnent naissance à une société, sinon autosuffisante, du moins suffisamment consistante pour n’avoir pas besoin, afin de tenir ensemble, d’un gouvernement absolu »(45). Paine figure en bonne et due place, au même titre que Burke, dans l'anthologie d'extraits de textes fondateurs du libéralisme publiée par ce dernier et intitulée Les libéraux (46).
Globalement, le libéralisme politique peut se définir comme une manière de mettre l’accent sur la volonté individuelle qui implique une limitation ou un contrôle du pouvoir de l’Etat par des principes tels que la séparation et l’indépendance des trois pouvoirs, dont on sait que la fusion définissait la tyrannie depuis Montesquieu, et le respect des libertés individuelles dont les gouvernants doivent assurer l’exercice par la définition d’un cadre qui le rend possible. C’est le résultat d'une combinaison de la conception de la « république », en tant que principe s’opposant à la tyrannie, et de la théorie des droits naturels. En se fondant sur les critères utilisés par Pierre Manent, on peut retenir trois points principaux pour cerner plus précisément le libéralisme politique : la séparation des trois pouvoirs, la représentation et la distinction entre la société et le gouvernement (47). Si Paine refusait le premier critère car ne reconnaissant que deux pouvoirs, les deux autres sont partie prenante dans sa pensée. Il est, en sus, un démocrate et le libéralisme politique n’impliquait pas nécessairement la défense de la démocratie représentative ayant pour base le suffrage universel et l’absence de toute forme d’hérédité comme fondement de légitimité politique. Comme l’affirme Isaac Kramnick, « peu de libéraux montraient une telle ferveur dans l’attachement à la démocratie et à l’égalitarisme » (48).
La question du positionnement de Paine par rapport au libéralisme et au républicanisme s’inscrit, rappelons-le, dans le cadre de la querelle historiographique autour du sens de la Révolution américaine, qui, on le sait, oppose deux groupes d’historiens, les uns, tels Bernard Bailyn et Gordon S. Wood, identifiant la pensée de Sidney, Harrington, Trenchard et Gordon comme le substrat philosophique de la Révolution, et les autres, Joyce Appleby notamment, étant plutôt d’avis que la paternité philosophique en revient essentiellement à Locke (49). De son propre aveu, dans un article de 1807 dans lequel il élucide ses relations avec l'auteur du Second Traité, Paine avait, semble-t-il, déjà tranché ce débat en affirmant que « dans la conduite de sa révolution, le peuple d’Amérique ne s’inspira en rien de Locke » (50).
De fait, certains analystes de Paine privilégient la piste « républicaine », et ce notamment en se fondant surCommon Sense. D’après David Wootton, ce pamphlet aurait fait entrer dans le domaine de l’écrit une « culture républicaine orale » dont Sylas Neville en particulier était, selon lui, le représentant au XVIIIe siècle (51). C’est aussi le point de vue que défend Mark Philp, qui se concentre également sur Common Sense (52). Cependant, ceux qui ont pris en compte l’ensemble de l’œuvre de Paine tendent à s’accorder sur l’idée que celui-ci a opéré une synthèse entre le « républicanisme » et le « libéralisme » lockéen (53). Christopher Lasch, dans The True and Only Heaven, publié en 1991, inclut ainsi un chapitre intitulé « Tom Paine : libéral ou républicain ? », dont le contenu va dans le sens de cette interprétation, en soulignant que Paine n’est ni opposé à la représentation, ni hostile au développement commercial, ce qui le coupe du courant « républicain », à l’exception du passage de Common Sense déjà commenté ci-dessus dans lequel il proposait une vision négative du commerce. Lasch, critiquant ainsi la position d’Isaac Kramnick, considère que la pensée de Paine se situe à la fois en dehors du « républicanisme » et du libéralisme. Il préfère qualifier la troisième voie définie par Paine de « populiste » dans la mesure où, tout en empruntant des éléments à chacune de ces deux branches, celui-ci a opéré une fusion originale (54), sans pour autant préciser quels sont les éléments « républicains » qu’on serait à même de déceler chez Paine. Or, dans la synthèse qu’a opérée l’auteur de Rights of Man, c’est bien la composante libérale qui domine, comme le souligne Lasch à juste titre (55). Cette combinaison est différente de celle réalisée par Jefferson qui se trouvait lui aussi à la croisée du libéralisme et du « républicanisme » (56). Le troisième président américain penchait, en effet, plus fortement, semble-t-il, du côté « républicain ». Suivant également une ligne médiane, Karen Ford prend pour point de départ la distinction établie par Joyce Appleby entre une ancienne et une nouvelle forme de républicanisme pour conclure que la pensée de Paine rentre bien sous la seconde par une alliance inédite entre républicanisme et libéralisme, dans la mesure où le premier est centré sur la permanence constitutionnelle et sur le lien entre participation politique et liberté, et où le second met l’accent sur la liberté individuelle face à l’Etat (57).
Il faut souligner que la thèse pocockienne de l’existence d’un courant « républicain » présente plusieurs failles pour ce qui concerne le XVIIIe siècle, sur Trenchard et Gordon, comme l’a montré Christopher Hamel (58), et sur Montesquieu, considéré comme l’un des fondateurs du libéralisme politique. Dans son texte consacré au coup d’Etat du 18 Fructidor, Paine voyait, du reste, dans l’adhésion de l’auteur de L’esprit des lois à la thèse de la limitation de l’étendue territoriale comme condition de viabilité de la république, une garantie contre l’embastillement. Lorsqu’il affirmait que ce dernier « avait un penchant prononcé pour le gouvernement républicain »(59), il semblerait donc que ce terme fût entendu par Paine dans un sens proche de sa propre conception.
En définitive, ce qui est en jeu dans le libéralisme comme dans le républicanisme, c’est de parvenir à l’articulation idéale entre la liberté et l’égalité, ou entre leurs différentes formes, la position libérale tendant à privilégier la liberté par rapport à l’égalité et le républicanisme mettant plus l’accent sur la seconde, peut-on dire pour résumer. Or, comme le fait justement remarquer Karen Ford (60), Paine ne donne pas de définition de la notion de liberté, à l’exception de celle qui se trouve dans l’article 2 de son projet de Déclaration pour la Constitution de 1793 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui n’est pas contraire aux droits d’autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits » (61). Paine adoptait là la définition proposée à l’article 4 de la Déclaration de 1789 (62). Ce n’est donc pas une définition qu’il a formulée lui-même. Elle tend à poser la liberté comme non-interférence, pour reprendre les termes de Pettit.
Paine peut donc être inclus dans le groupe de ceux qu'Annie Léchenet qualifie de « républicains libéraux »(63) où elle classe Jefferson et Madison. Le peuple restait, à leurs yeux, le meilleur garant de la liberté. Selon les termes employés par Madison en janvier 1792, être républicain signifiait veiller à « défendre la liberté contre le pouvoir »(64), en particulier au moyen des Constitutions. Dans un article de décembre 1791, il souligna que « la république implique la notion de droits du peuple », et que « pour s’assurer des avantages d’un tel système, chaque bon citoyen sera d’emblée une sentinelle gardant les droits du peuple »(65). Comme Paine, Madison, dans un article publié en février 1792, considérait le régime républicain comme celui mettant en place « un gouvernement, puisant sa force dans la volonté de la société, et agissant (…) selon l’entendement et l’intérêt de la société »(66).
C'est également en s'appuyant sur Madison et sur Paine que, dans un article récent, Andreas Kalyvas et Ira Katznelson tentent de dépasser le clivage républicanisme / libéralisme. Ils les tiennent tous deux pour des tenants d'une forme moderne de républicanisme et d'un nouveau libéralisme. Ils concluent que « le résultat » de la réflexion de ces deux auteurs « ne peut être décrit avec exactitude comme une simple synthèse qui serait un terrain commun réunissant deux traditions antagonistes »(67). De fait, le libéralisme a d'abord été une « critique d'une certaine organisation des pouvoirs politiques et religieux » notamment absolutiste, selon l'expression de Pierre Manent (68). C'est aussi une composante du républicanisme pocockien. Ce qu'a fait Paine c'est combiner le libéralisme et le contractualisme en les intégrant dans un schéma démocratique de la représentation pour définir une nouvelle forme de républicanisme. Sa critique anti-monarchique n'est pas simplement une nouvelle expression d'adhésion à la « vertu civique », comme l'indiquent A. Kalyvas et I. Katznelson (69), car elle s'inscrit dans une démarche républicaine ou anti-monarchique qui rejette toutes les formes de monarchie, et ne s'apparente à la charge menée contre la corruption par les Country Whigs que de loin, ou du moins Paine lui donne-t-il un sens différent. La vertu civique, au sens de participation nécessaire à la vie de la démocratie représentative, est pourtant bien l’un des fondements de ce régime selon Paine, mais la participation est définie comme un droit fondamental et non comme une vertu : le droit de vote est pour lui le « droit premier par lequel tous les autres droits sont garantis » (70) comme il le rappelle en 1795 dans Dissertation on First Principles of Government. En revanche, ce n’est pas pour Paine la communauté politique qui réalise l’humanité de l’homme, car la notion de communauté politique est atrophiée dans sa pensée, mais cela ne signifie pas pour autant que seuls la sociabilité et l'engagement dans la société constitueraient le socle de la vertu selon Paine comme le pense Gordon S. Wood, commentant la distinction établie par Paine entre société et gouvernement dans Common Sense, et qui identifie même à cet égard l’émergence de ce qu’il appelle « la nouvelle vertu sociale » qui s’opposerait à la vertu classique qui se fonde sur la participation au politique (71).
Conclusion
Nous aurions pu parler ici également du « libéralisme républicain de Thomas Paine », tant ses écrits tendent à montrer comment les deux paradigmes que sont le « républicanisme » et le « libéralisme » sont indissociables dans sa pensée. Les traces résiduelles de républicanisme pocokien qui sont encore visibles surtout dans ses premiers textes tendent à s’effacer progressivement pour faire advenir une forme moderne d'un républicanisme fondé sur un contrat libéral garantissant les droits naturels où la participation et la vigilance du citoyen sont une vertu importante, mais elle n’a plus, semble-t-il, le même sens que celui que lui donnaient les « républicains » identifiés par Pocock. La thèse de Philip Pettit, enfin, selon laquelle Paine serait un « républicain » parce qu’il adhère à la liberté comme non-domination (72) est assez convaincante : le contrat politique est bien pour Paine une renonciation au despotisme de chacun sur chacun. Ce qui pose problème en revanche, c’est que les implications proprement philosophiques des notions de « droit » et de « liberté » sont relativement absentes d’une pensée dont la visée pédagogique est parfois un obstacle. Si la pensée de Paine permet donc de remettre sur le métier des catégories intellectuelles, c’est un processus qui a ses limites compte tenu de ces manques.
NOTES
(1) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings. Edition de Mark Philp. Oxford : Oxford University Press, 1995, pp. 176-177.
(2) « In republics … the sovereign power … remains where nature placed it – in the people », Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine. Edition de Philip S. Foner. New York : The Citadel Press, 1945, vol. 2, p. 373.
(3) Baruch de Spinoza. Traité théologico-politique. Paris : Garnier-Flammarion, 1965, chap. 16, p. 268.
(4) Ibid., p. 266.
(5) « the assuming right of breaking and violating their engagements … or defrauding, imposing or tyrannizing upon each other », Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 375.
(6) Philip Pettit. Republicanism : A Theory of Freedom and Government. Oxford : Oxford University Press, 1997, p. 22.
(7) « certain rights of nature reserved to the citizens by the English constitution », John Adams. The Political Writings of John Adams. Edition de George A. Peek, Jr. New York : Liberal Arts Press, 1954, p. 62.
(8) « (they) had a clear right to have erected in this wilderness a British constitution, or a perfect democracy or any other form of government they saw fit », ibid., pp. 60-61.
(9) « the first to state the theory of natural rights of the colonists without reference or reliance upon the laws or customs of the land », Benjamin Wright. American Interpretations of Natural Law. Cambridge (Massachusetts) : Harvard University Press, 1931, p. 92.
(10) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 233.
(11) Ibid.
(12) Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 371.
(13) Thomas Paine. Common Sense and Other Writings. Edition de Gordon S. Wood. New York : The Modern Library, 2003, p. 79.
(14) « the government inevitably falls from ignorance into tyranny », Thomas Paine. Collected Writings. Edition de Eric Foner. New York : Literary Classics of the United States, collection « The Library of America », 1995, p. 377.
(15) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., pp. 231-232. C’était déjà l’argument de Rousseau dans le Contrat social : « s’il est difficile qu’un grand Etat soit bien gouverné, il l’est beaucoup plus qu’il soit bien gouverné par un seul homme », Jean-Jacques Rousseau. Du contrat social. Paris : Garnier Flammarion, 1992, liv. III, chap. 6, p. 101.
(16) Jean-Jacques Rousseau. Discours sur l’économie politique. Paris: Garnier-Flammarion, 1990, p. 77.
(17) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 224.
(18) « republicanism is not a remedy that strikes at the root of evil. Injustice, oppression and misery can find an abode in those happy seats », William Godwin. An Enquiry Concerning Political Justice. (1793) dans : Mark Philp (sous la direction de). The Political and Philosophical Writings of William Godwin. Londres : Pickering, 1993, vol. 3, liv. VIII, chap. 4, p. 438.
(19) Ibid.
(20) « it is not necessary to prove so simple a proposition, as that all republicanism, all equalisation of ranks and immunities, strongly tends towards an equalization of property », ibid., p. 473.
(21) Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu. De l’esprit des lois. Paris : Garnier Flammarion, 1979, vol. 2, liv. XX, chap. 1 et 2, pp. 9-10.
(22) Ibid., p. 9.
(23) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 265.
(24) Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 283.
(25) Thomas Paine. Le sens commun. Traduction de Bernard Vincent. Paris : Aubier, collection « Bilingue », 1983, p. 139. Citations originales : « commerce diminishes the spirit both of patriotism and military defence » ; « with the increase of commerce, England hath lost its spirit », Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 42.
(26) Christopher Lasch. Le seul et vrai paradis, une histoire de l’idéologie du progrès et de ses critiques. Traduction de Frédéric Joly. Editions Climats, 2002, p. 163, « one of the few unadulterated expressions of republican ideology in Paine’s writings », Christopher Lasch. The True and Only Heaven, Progress and its Critics. New York : W. W. Norton, 1991, p. 178.
(27) « the best distribution is that which would most favor, health, virtue, intelligence, and competency in the greatest number of citizens », James Madison. The Papers of James Madison. Chicago : University Press of Chicago. Charlottesville : University Press of Virginia, 1962, vol. 14, p. 245 (c'est Madison qui souligne)
(28) Thomas Paine. Les droits de l’homme. Traduction de Bernard Vincent. Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 1991, p. 152. « the wants which necessarily accompany the cultivation of a wilderness », Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 211.
(29) Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 283.
(30) « Paine did not share the fears of Americans in the agrarian party tradition who viewed economic growth as decay, Eric Foner, « Thomas Paine’s Republic : Radical Ideology and Social Change », dans : Alfred Young (sous la direction de). Explorations in the History of American Radicalism. The American Revolution. DeKalb : Northern Illinois University Press, 1976, p. 227.
(31) John Dorfman, « The Economic Philosophy of Thomas Paine », Political Science Quarterly, 1938, vol. 53, p. 372.
(32) John G. A. Pocock. Vertu, commerce et histoire. Traduction d’Hélène Aji. Paris : Presses Universitaires de France, 1998, p. 359. Citation originale : « in English terms, we may read part two of the Rights of Man as marking a decisive move away from any dream of a merely rustic, republican, or Anglo-saxon democracy », John G. A Pocock. Virtue, Commerce and History. Cambridge : Cambridge University Press, 1985, p. 288.
(33) « the virtue of the house of commons (the republican part in the constitution) », Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 19.
(34) Ibid.
(35) Thomas Paine. Le sens commun, op. cit., p. 89, « when the republican virtue fails, slavery ensues », Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 19.
(36) « the virtue on which republics are founded », Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 344.
(37) Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu. De l’esprit des lois, op. cit., liv. III, chap. 3, vol. 1, p. 144.
(38) Ibid., liv. V, chap. 2, p. 167.
(39) « the representative and equalizing system … is … calculated for infant society, for shepherds, fishermen and huntsmen, where the riches of the state is scarce yet become an object of temptation, or an excitement to plunder », Gregory Claeys (sous la direction de). Political Writings of the 1790s. Londres : Pickering, 1995, vol. 6, p. 341.
(40) Ibid., vol 5, p. 401.
(41) « this childish chimera of the natural equality of man», ibid., vol. 6, p. 346.
(42) Ibid., vol. 6, p. 337.
(43) Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 5.
(44) Je m’en tiendrai ici à la notion de libéralisme politique. Pour les vues potentiellement libérales de Paine sur le plan économique, voir Carine Lounissi. La pensée politique de Thomas Paine en contexte : théorie et pratique. (à paraître).
(45) Pierre Manent. Histoire intellectuelle du libéralisme. Paris : Hachette, collection « Puriel », 1988, p. 153.
(46) Pierre Manent. Les libéraux. Paris : Gallimard, 2001, pp. 375-433.
(47) Pierre Manent. Histoire intellectuelle du libéralisme, op. cit., p. 139, p. 145 et p. 153.
(48) « few liberals were so fervently committed to democracy and egalitarianism », Isaac Kramnick, « Tom Paine: Radical Liberal », dans : Isaac Kramnick. Republicanism and Bourgeois Radicalism : Political Ideology in Late Eighteenth-century England and America. Ithaca : Cornell University Press, 1990, p. 160.
(49) Sur cette querelle historiographique, voir notamment : Gwenda Morgan. The Debate on the American Revolution. Manchester : Manchester University Press, 2007, pp. 132-145 et Lucia Bergamasco, « Le républicanisme: thème historique, paradigme historiographique », Cahiers Charles V (L'Amérique: des colonies aux républiques) n°39, décembre 2005, pp. 15-43.
(50) « the people of America, in conducting their revolution, learned nothing from Locke », Alfred Owen Aldridge, « Thomas Paine and the New York Public Advertiser », New York Historical Society Quarterly, 1953, vol. 88, p. 381.
(51) David Wootton, « The Republican Tradition : from Commonwealth to Common Sense », dans : David Wootton. Republicanism and Commercial Society : from the English Civil War to American Revolution. Stanford : Stanford University Press, 1994, pp. 3-4.
(52) Mark Philp. Paine. Oxford : Oxford University Press, 1989, p. 30.
(53) John Keane. Tom Paine : a Political Life. Londres : Bloomsbury, 1995, p. xx. Gregory Claeys. Thomas Paine : Social and Political Thought. Boston : Unwin Hyman, 1989, p. 5. Jack Fruchtman. Thomas Paine : Apostle of Freedom. New York : Four Walls Eight Windows, 1994, pp. 6-8.
(54) Christopher Lasch.The True and Only Heaven, Progress and its Critics, op. cit., p. 180.
(55) Ibid.
(56) Voir notamment : Garret Ward Sheldon. The Political Philosophy of Thomas Jefferson. Baltimore et Londres : The John Hopkins University Press, 1991, p. 17.
(57) Thomas Paine. Property, Welfare and Freedom in the Thought of Thomas Paine : A Critical Edition. Edition de Karen M. Ford. Lewiston : Edwin Mellen Press, 2001, op. cit., p. 32.
(58) Christopher Hamel, « Prendre la vertu et les droits au sérieux : l'hypothèse d'un républicanisme des droits », Les Études philosophiques, 2007, n°4, p. 499-517.
(59) « was strongly inclined to republican government », Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 598.
(60) Karen M. Ford. The Political Theory of Thomas Paine (1737-1809) : Is There a Conflict Between Liberty and Democracy. Thèse d’études économiques et sociales soutenue en 1995 à l’Université de Manchester, p. 229.
(61) Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet. Œuvres. Stuttgart-Bad Cannstatt : Friedrich Frommann Verlag, 1968, vol. 12, p. 416. « Liberty is the power to do everything that does not interfere with the rights of others : thus, the exercise of the natural rights of every individual has no limits save those that assure to other members of society the enjoyment of the same rights », Thomas Paine. The Complete Writings of Thomas Paine, op. cit., vol. 2, p. 558.
(62) Il l’avait citée dans le premier volet de Rights of Man, où il avait ajouté l’adjectif « politique » pour qualifier « la liberté » dans sa traduction, alors que le terme ne figure pas dans l’original Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 162.
(63) Annie Léchenet. Jefferson et Madison, un débat sur la république. Paris : Presses Universitaires de France, 2003, p. 69.
(64) « defending liberty against power », James Madison. The Papers of James Madison, op. cit., vol. 14, p. 192.
(65) « a republic involves the idea of popular rights» ; « To secure the advantages of such a system, every good citizen will at once be a sentinel over the rights of the people », ibid., p. 179.
(66) « a government, deriving its energy from the will of the society, and operating … on the understanding and interest of society »,ibid., p. 234.
(67) « The result cannot be accurately described as a simple synthesis on a middle ground between two contending traditions », Andreas Kalyvas, Ira Katznelson, « The Republic of the Moderns : Paine's and Madison's Novel Liberalism », Polity, n° 38, 2006, p. 476.
(68) Pierre Manent. Les libéraux, op. cit., p. 11.
(69) Andreas Kalyvas, Ira Katznelson, « The Republic of the Moderns : Paine's and Madison's Novel Liberalism », article cité, p. 466.
(70) « the primary right by which other rights are protected », Thomas Paine. Rights of Man, Common Sense and Other Political Writings, op. cit., p. 398.
(71) Gordon S. Wood. The Radicalism of the American Revolution. New York : Vintage, 1991, p. 217.
(72) Philip Pettit. Republicanism : A Theory of Freedom and Government, op. cit., p. 56.
Carine Lounissi, "Le républicanisme libéral de Thomas Paine", Révolution Française.net, Novembre 2011.
http://revolution-francaise.net/2011/11/28/460-le-republicanisme-liberal-de-thomas-paine