La réception, elle, n'est guère à la mesure de cette dénonciation de l'imaginaire sanguinaire puisque l'on trouve par exemple cette lecture sur le site spécialisé Les Trois Coups.com : « (…) le collectif (d'ores et déjà) choisit de questionner les révolutions, ces mouvements qui renversent les ordres sociaux existants. Comment la Ière République, symbole de la démocratie, a-t-elle pu se transformer en dictature ? Comment ces utopistes aux buts si humanistes ont-ils pu faire de la terreur un des ressorts de leur gouvernement ? Comment le siècle des Lumières a-t-il pu ainsi s'achever dans le sang ? ». Pour sa part, Le Monde du 24 Septembre 2009 évoque une « création collective sur ces journées de 1793 et 1794 qui virent les idéaux révolutionnaires se dévoyer dans la Terreur, au nom de la fidélité à ces mêmes idéaux ». Après le spectacle les discussions rendent le même écho : « c'était certainement comme ça, des types complètement perdus qui se raccrochent à la vertu », cette dernière n'étant visiblement pas considérée comme « amour de l'égalité » (ainsi la définissaient Montesquieu ou Robespierre) mais un puritanisme. Le message n'est visiblement pas passé.
De fait, si la première partie de la pièce montre un Robespierre plus complexe qu'à l'accoutumée, qui tente de tenir des principes démocratiques dans une situation extraordinairement violente de guerre généralisée, on n'échappe finalement pas aux stéréotypes : ni à la raideur, ni au masque blanc, ni à la chasteté, ni au sang en contrepoint. Lorsque Robespierre est en slip (au sens littéral), le spectacle attendu commence.
Aussi n'est-ce pas seulement le spectateur qui apporte ses représentations et trouve ce qu'il a apporté : la dictature, le dogmatisme et le sang qui semblent devoir accompagner toute révolution. Elles imprègnent également ceux-là mêmes qui voudraient pourtant les mettre à distance. Comme l'écrit le metteur en scène, Sylvain Creuzevault, dans le livret qui accompagne la pièce, « le mouvement dominant de la transmission de l'histoire du gouvernement révolutionnaire de l'an II est aujourd'hui encore, et presque continûment (depuis lui), thermidorien en France, il est contre-révolutionnaire ». Nous y sommes.

A lire en .pdf le dossier de presse dont un entretien avec Sylvain Creuzevault qui présente ce projet collectif passionnant mais inaccompli.