« Le métier d’historien aujourd’hui en regard de la réflexion de Marc Bloch » : pourquoi avoir choisi de mettre en résonance les préoccupations historiennes contemporaines avec la pratique et les propositions de Bloch ? Marc Bloch épistémologue sonne faux aux oreilles de nombreux historiens, mais seulement si on réduit l’épistémologie à un discours « méta » sur l’histoire et l’histoire elle-même à « la routine érudite » et à « l’empirisme déguisé en sens commun » que Bloch considérait déjà comme « les poisons les plus dangereux » pour les historiens de son époque. La sempiternelle opposition des pratiques et de la théorie ne peut servir indéfiniment de paravent pour continuer à ignorer que la discipline est largement entrée dans un moment réflexif sur ses pratiques, ses références théoriques et – de manière plus « dramatique » ces derniers temps en France – sur sa légitimité sociale. C’est bien dans l’espace ouvert par Apologie pour l’histoire que nous – historiens – nous tenons aujourd’hui : un espace de questionnement et de problèmes marqué par la tension entre le vrai et le juste et dont l’enjeu principal est la légitimité de notre discipline. Dans quelle mesure l’histoire continue-t-elle à ouvrir aux hommes « une route vers le vrai et, par la suite, le juste » ? L’utilité de l’histoire ne peut découler que de sa « légitimité proprement intellectuelle » nous explique Bloch : « pour agir raisonnablement, ne faut-il pas d’abord comprendre ?», écrit-il. Le principe vaut pour les historiens eux-mêmes, c’est bien le sens du « faire de l’histoire » aujourd’hui qu’il nous faut en premier lieu interroger. Comprendre le métier d’historien aujourd’hui en regard de Bloch implique pour nous non seulement de questionner les inflexions épistémologiques (comme la réflexion renouvelée sur la question de la preuve) mais également d’analyser, dans une perspective plus sociologique, les conditions nouvelles de l’exercice du métier et de la diffusion des travaux historiens ainsi que la place et le rôle de la « communauté » des historiens dans la cité. Ce séminaire, qui se prolongera en 2007-2008 et débouchera en 2009 sur l’organisation d’un colloque international, a l’ambition de contribuer à cette compréhension participante du métier d’historien d’aujourd’hui.

Vendredi 23 novembre

• François Hartog : Le cas Pierre Vidal-Naquet

Vendredi 14 décembre

• Gérard Noiriel : L’engagement des historiens • Sylvain Protano : Les directeurs de thèse

Vendredi 25 janvier

• Philippe Artières et Laurent Martin : Histoire sociale/Histoire culturelle

Vendredi 15 février

• Hervé Drévillon : Un retour de l’histoire-batailles • Pascal Brioist : Histoire des techniques comme histoire culturelle.

Vendredi 28 mars

• Stéphane Van Damme : L’histoire intellectuelle au défi des sciences sociales • Charles-Yves Zarka : Histoire intellectuelle et histoire de la philosophie.

Vendredi 16 mai

• Sophie Massé : L’engagement des historiens • Emmanuelle Picard : Les enseignants-chercheurs en Histoire