Texte de présentation de l'exposition La Bastille, ou « l’Enfer des vivants » qui aura lieu du 9 novembre 2010 au 11 février 2011 à la Bibliothèque de l’Arsenal-BnF.

La Bastille, si présente dans la mémoire collective française, a disparu, mais ses archives, conservées à la bibliothèque de l’Arsenal continuent à la faire vivre. Lors de la prise de la forteresse le 14 juillet 1789, les émeutiers précipitent dans les fossés les archives qui y sont gardées. Après diverses tribulations, elles sont récupérées en 1798 par l’administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal. Plus ou moins oubliées, elles sont peu à peu « dévoilées » au cours du XIXe siècle, acquérant une aura chargée de mystère.
Organiser une exposition sur l'embastillement, sur le lieu même de conservation de ces archives, a donc paru une évidence. Construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, la forteresse a toujours joué le rôle de prison ; mais c’est à partir du règne personnel de Louis XIV qu’elle devient cette « Bastille de droit divin », prison politique fonctionnant sur le mode du « bon plaisir » et du secret. Des plus grands personnages jusqu’au petit peuple « maldisant », la Bastille accueille des prisonniers de toutes classes, et n’est nullement réservée à une élite sociale et intellectuelle, comme on l’a souvent imaginé. L’exposition entend montrer l’écart entre les réalités dont témoignent les archives, et les légendes qui sont attachées à la forteresse, donnant l’image réelle de la société d’Ancien Régime, jusqu’en ses dernières années.
Plusieurs pièces spectaculaires sont présentées comme la maquette monumentale de la Bastille ou la « chemise » de Latude portant un texte écrit avec son sang, mais surtout de fascinantes pièces d'archives, qui constituent le cœur de l’exposition. De ces documents souvent encore tachés de la boue des fossés, revêtus de signatures illustres ou couverts des humbles écritures des prisonniers, émane une indéniable force émotionnelle.