Je tenterai donc ici de mettre à plat les problèmes soulevés par cette question : la Constitution de l'an III est-elle un produit du républicanisme classique ? Il s'agira également de l'ouvrir à un problème plus large : celui de l’an III et du républicanisme. Je partirai d'une présentation de la thèse de Jainchill sur le républicanisme classique thermidorien que je confronterai aux métamorphoses qui, suivant Baker, affectent le républicanisme classique. Cela me conduira à une critique du « théâtre des héros et anti-héros», selon l'expression par laquelle Philip Pettit désigne la typologie d'Isaiah Berlin, dans laquelle s'inscrit Baker, qui oppose la liberté positive et la liberté négative, celle des Anciens à celle des Modernes.

Un républicanisme classique thermidorien ?

La question principale – la Constitution de l'an III est-elle un produit du républicanisme classique ? – peut être déclinée en deux questions secondaires. La première constituera mon point de départ. Elle consiste à se demander en quoi la Constitution de l'an III peut être caractérisée comme républicaine classique ? La seconde sera l'horizon de la première : cette classification est-elle pertinente pour saisir le moment thermidorien ?

Pour Andrew Jainchill, on ne peut saisir le projet politique thermidorien et la logique de la Constitution de l'an III qu'en se référant aux catégories du républicanisme classique. Il estime en effet que les conventionnels ont alors diagnostiqué les problèmes qui se posaient à la République française à partir de cette culture politique et proposé des solutions à partir du répertoire républicain classique . Il y a ainsi, pour Jainchill, une persistance du républicanisme classique pendant la Révolution française et ce jusqu'à l'an III. Donc, s'il partage avec Baker une même interprétation de la Révolution française, et en particulier de la Terreur – grosso modo celle de l'école Furet à laquelle renvoient les citations – Jainchill se distingue cependant de Baker. Aux transformations du républicanisme au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française qui sont répérées par ce dernier – sur lesquelles je reviendrai – Jainchill en apporte une autre, celle du moment thermidorien que Baker exclut du républicanisme classique.

Pour Jainchill, le creuset de cette ultime métamorphose du républicanisme classique résulte de l'expérience des cinq premières années de la révolution et tout spécialement de « l'expérience politique, culturelle et existentielle de la Terreur » (Baczko). Les thermidoriens, obsédés par ce qu'ils désignent alternativement comme la « tyrannie » et « l'anarchie » du règne de Robespierre –Jainchill n'analyse pas ces termes– ont cherché à ancrer la république, à la stabiliser. Ce faisant ils reprennent les outils principaux de la tradition du républicanisme classique : équilibrer les pouvoirs ; contraindre les citoyens actifs à l'indépendance et à la vertu politique ; promulguer les devoirs des citoyens ; mettre l'accent sur la famille patriarchale. Il s'agit là, pour Jainchill d'un retour à une forme traditionnelle de républicanisme classique, antidémocratique et élitiste, limitant le droit de vote et regardant du côté du législateur vertueux, plus que du côté du peuple vertueux, afin de fonder l'ordre politique de la nation.

Jainchill souligne que le républicanime classique n'est pas un langage politique uniforme : il en existe différentes incarnations, dans différents contextes historiques, différentes circonstances.

Mais, poursuit-il, en dépit de cette diversité, le républicanisme classique est principalement caractérisé par une conception de la république entendue comme quelque chose de spécifique, de contingent et de séculier, qui s'oppose donc à l'universel. Il s'agit d'une conception de la république fixée dans le temps, dans laquelle la personnalité morale ou politique réalise sa pleine humanité par l'identification avec le bien public ( liberté positive). Cette république, précise Jainchill en citant Pocock, est fragile, instable : « la république était vue comme se confrontant à sa propre fin, comme essayant de rester moralement et politiquement stable dans le flot des événements irrationnels conçus comme essentiellement destructifs de tous les systèmes de stabilité séculière » . Dans cette optique, la stabilité et la sécularisation sont les deux termes clés pour comprendre le moment thermidorien.

Jainchill poursuit sa description des canons du républicanisme classique en insistant sur le fait que la conscience de cette instabilité républicaine était, pour les républicains classiques, la source d'une profonde angoisse. Ils pensaient que la république ne pouvait être stabilisée que par l'indépendance et la vertu civique qui sont le produit d'une citoyenneté active . En retour cette indépendance et cette vertu civique nécessitaient une institution que Machiavel, par exemple plaçait dans l'armée –c'est un lieu commun humaniste, mais à Florence, Machiavel n'est pas resté dans les généralités livresques et a milité pour le retour à une milice citoyenne– et Harrington dans une combinaison de l'armée et de la propriété du sol. En attachant la santé de la république à la vertu civique d'une citoyenneté active, le républicanisme classique s'est tout autant incarné sous des formes populaires qu'aristocratiques. Cependant, elle constituait la plupart du temps une doctrine élitiste, réduisant les citoyens vertueux à un groupe limité d'hommes seulement. Quant au niveau constitutionnel, Jainchill s'appuyant toujours sur Pocock indique que le républicanisme classique ne requiert pas une idée particulière de la souveraineté. Pocock rappelle, en se référent à Polybe, que la Constitution devait équilibrer les 3 formes de gouvernement – monarchie, aristocratie et démocratie – dont chacune, isolée, pouvait dégénérer en des formes corrompues : tyrannie, oligarchie et anarchie.

Jainchill coule ensuite un certain nombre de caractérisques de la Constitution de 1795 et du débat qui l'a précédé à l'intérieur de ces différents préceptes du républicanisme classique qu'il a préalablement rappelés : comme les républicains classiques, les principaux députés de la Convention thermidorienne et les membres de la commission des Onze – qui a établi le projet de Constitution– ont choisi les leçons de l'expérience, de l'histoire contre les postulats théoriques. La commission des Onze rejette ainsi tout recours à la loi naturelle ou à tout autre cadre pré-politique. Consciente de la fragilité de la république, elle entend fonder le corps politique dans une Constitution aux pouvoirs équilibrés (réhabilitation de l'exécutif, bicamérisme), dans la vertu civique d'une nation de citoyens actifs imposant des conditions matérielles et morales strictes pour accéder à la citoyenneté. Pour boucler l'ensemble, la Convention adopte une déclaration des devoirs du citoyen qui vise à orienter les dispositions morales des citoyens vers le bien public.

Une fois que ce canevas est établi, l'article consiste essentiellement en une description du débat et de la Constitution sur les points évoqués : histoire et expérience ; équilibre des pouvoirs ; droits et devoirs ; finir la révolution.

Le républicanisme classique thermidorien de Jainchill est donc défini par rapport à une tradition, mais aussi comme un moment de la Révolution française. Ce qui le caractérise est donc lié à cette tradition mais également lié à ses conditions d'émergence à un moment spécifique de la Révolution : il apparaît à la suite de ce qu'il nomme une « révolution messianique » (le jacobinisme, la Terreur) au cours de laquelle la république a échoué dans son effort pour adopter le caractère quasi divin de la monarchie : « En cela, écrit Jainchill, le républicanisme classique thermidorien rejette la croyance messianique jacobine selon laquelle une république toujours vigilante pourrait éventuellement faire éclater les limites de l'histoire, comme dans le langage démocratique radical de Robespierre et plus largement dans le jacobinisme. Articulé dans le sillage de la Terreur et soutenu par le désir de stabilité politique, le républicanisme classique thermidorien a revivifié une ancienne version du républicanisme classique et de ce fait constitué un moment élitiste et laïque (secularizing moment) à l'intérieur de la Révolution française et plus généralement dans l'imaginaire politique français. »

La caractéristique du républicanisme classique thermidorien serait donc de rompre avec la « rhétorique messianique et antihistorique du jacobinisme » , c'est-à-dire avec un « républicanisme classique de la Terreur qui, après plusieurs transformations, doit être d'abord compris comme une variante très éloignée du paradigme républicain classique ». Jainchill poursuit : « Les thermidoriens n'étaient pas les premiers en France à déployer la langue du républicanisme classique. Comme Keith Michael Baker l'a en particulier montré, le républicanisme classique était l'un des langages politiques les plus importants dans la France du dix-huitième-siècle et pendant la Révolution. »

« Pendant la révolution, Baker montre, principalement dans les discours de Marat, de Robespierre, et de Saint-Just, que le républicanisme classique a subi d'autres « mutations » (...) qui l'a métamorphosé en un mélange « explosif » qui a abouti à la Terreur. »

Ces deux conceptions, présentées comme antithétiques, sont donc ramenées à une matrice politique commune. On pourrait voir là une variation sur le thème de l'unité en dernière instance de Robespierre et de Boissy d'Anglas (voire leur alliance objective), que l'on trouve par exemple chez François Furet et Denis Richet : « veut-on dire que les thermidoriens ont réagi contre les classes inférieures, leurs prétentions à participer au gouvernement de la cité ? Sans doute, mais ce courant profond, qui est la logique même de la Révolution des lumières, a repris facilement son chenal dès germinal an II : Boissy d'Anglas ne fait sur ce point que continuer Robespierre ». (1)

Les mutations : vers le républicanisme classique de la Terreur

Selon Baker, la Terreur est le cancer du républicanisme classique dont les « métastases » ont proliféré au cours du XVIIIe siècle, engendrant Marat, Robespierre et Saint-Just qui incarnent chacun un des aspects de la pathologie : Marat la suspicion généralisée, Robespierre la vertu moralisante, Saint-Just la révolution messianique.

La Révolution française se caractériserait par la combinaison de deux traditions dont l'association se révèlerait explosive : celle de la conception de la crise du républicanisme classique, où le désordre est l'expression de l'instabilité inhérente à l'homme, et celle de la conception de la révolution de la philosophie des lumières dans laquelle la révolution est un processus mondial de transformation marqué par le progrès de l'humanité. Cette combinaison génère un changement d'échelle dans l'expérience de la crise qui n'est plus circonscrite à un territoire. Le langage du républicanisme classique est alors radicalisé. Il sort des limites d'un conflit localisé pour se projeter dans le danger infini et le risque sans fin : on ne peut clore la révolution que lorsque tous ses ennemis seront détruits à l' échelle de l'humanité.

Second écueil, en instituant la pratique de la représentation et en même temps en insistant sur le fait que la souveraineté réside dans l'unité et l'indivisibilité de la volonté générale, l'Assemblée nationale constituante rend suspecte toute décision législative prise par le corps des représentants. La souveraineté représentée pouvait toujours être concurrencée au nom de la souveraineté incarnée dans le peuple. L'unité de la volonté générale, écrit Baker, requiert l'unité dans le peuple et l'unité avec le corps des représentants. Par dessus tout, cela nécessite que l'unité de l'un soit reflété dans l'unité de l'autre : tel est pour Baker le but des révolutions du 10 août, du 31 mai-2 juin et du 5 septembre (la mise à l'ordre du jour de la Terreur). Dès lors conclut-il, Marat est prêt à pousser ses dénonciations jusqu'à l'impossible réalisation de l'unité. Plus le processus révolutionnaire se déploie et plus il demande des têtes. Le républicanisme classique c'est « métastasé » dans un discours de la terreur.

Pour sa démonstration, basée sur le principe d'unité de la volonté générale, Baker a besoin de Rousseau qui, très classiquement, est la clé du type d'interprétation dans lequel il s'inscrit. Cette base de l'argumentation est avancée comme une évidence. Or, sans parler de Florence Gauthier qui a sérieusement ébranlé cette évidence, je rappellerai que Stéphane Rials, juriste « libéral » (qui n'est pas a priori hostile au courant historiographique dans lequel s'inscrit Baker) indique en 1988, dans les premières lignes de son ouvrage sur la Déclaration des droits, qu'il ne considère plus, comme il le pensait autrefois, que la Déclaration était plutôt rousseauiste : « l'économie de la Déclaration comme sa dynamique ... ne sont pas celles du Contrat social. Elles empruntent infiniment plus à Locke qu'à Jean-Jacques, mais leur lockianisme très général est tel qu'un siècle de travail de la pensée du britannique a pu le modeler, singulièrement dans le climat français » (2). C'est précisement ce « siècle de travail de la pensée de Locke modelé dans le climat français » que Baker n'évoque jamais. On ne trouve pas une seule fois le nom de Locke dans son article. La pathologie de la Terreur se situe en effet au sein de ce qu'il nomme l'entrelacement de la tradition du républicanisme classique et des théories du droit naturel radicalisé. Pour Baker, cette radicalisation est à rechercher chez Rousseau. Il consacre également un développement substantiel à Mably. Mais je noterai qu'en cherchant une théorie des droits naturels radicalisée chez Rousseau, Baker élude Locke chez Mably car sa démonstration nécessite un Mably – et une Révolution française – sans Locke.

La radicalisation rousseauiste des droits naturels associée à la tradition du républicanisme classique va introduire dans cette dernière un élément qui lui est étranger. C'est une étape importante de la pathologisation puisque, explique Baker, « le républicanisme classique était à l'opposé de toute tentative pour naturaliser le pouvoir en le faisant dériver des conditions ou potentialités de quelque état pré-politique, comme il s'opposait aux efforts faits pour sacraliser le pouvoir (en le faisant dériver d'un ordre divin) ou pour le légitimer historiquement comme l'expression de la coutume et de la tradition. Au contraire, il voyait l'ordre politique comme étant toujours contingent, dépendant de l'exercice de la volonté politique. » Selon Baker, Rousseau radicalise la tradition jusnaturaliste continentale (les jurisconsultes), la seule à laquelle se réfère Baker et à partir de laquelle il construit sa démonstration. Pour arriver à Rousseau, il passe par la critique des théories des jurisconsultes que fait Mably. Mably, écrit Baker, reproche aux écrits de Grotius, Wolf et Pufendorf de placer la loi au dessus de la liberté : il explique ainsi dans Des droits et des devoirs du citoyen que les docteurs de la loi naturelle ont oublié que les lois injustes pouvaient détruire l'état . L'intention de Mably est de démontrer que « le despotisme avec ses prisons, ses gibets, ses pillages, ses dévastations sourdes, et ses imbéciles inepties, est le terme inévitable des principes de vos jurisconsultes ». A la suite de cette citation de Mably, Baker explique que l'on trouve une même critique des arguments absolutistes des jurisconsultes chez Rousseau. Cela le conduit à établir une forte parenté entre les théories de Mably et celles de Rousseau et implicitement faire partager par Mably la conception du contrat social de Rousseau. Cette conception rousseauiste est détaillée par Baker parce qu'elle est stratégique dans sa démonstration. Elle établit en effet la jonction avec la Révolution française et le thème de l'impossible unité entre la souveraineté incarnée et de la souveraineté représentée . Selon Baker, Rousseau trouve « une solution théorique qui implique une démocratisation radicale de la théorie du contrat social entendue comme une base fondamentale pour la politique de participation directe de l'ensemble du corps des citoyens à la conduite politique des affaires. La vertu civique et la volonté générale étaient inextricablement liées, l'une ne pouvant survivre sans l'autre. Cette fusion des arguments conduit directement à l'insistance de Rousseau sur l'incompatibilité de la pratique de la représentation avec le vrai exercice de la volonté générale par le peuple en tant que corps, une insistance qui sera fatidiquement prouvée après 1789. »

Or, il n'est pas nécessaire d'aller chercher dans Rousseau pour trouver « une solution théorique qui implique une démocratisation de la théorie du contrat social », pour reprendre l'expression de Baker, c'est-à-dire pour trouver une conception critique du contrat des jurisconsultes. On la trouve également chez Locke, dans le Deuxième traité du gouvernement civil (1690). Comme le rappelle Florence Gauthier dans Triomphe et mort du droit naturel en révolution (1992) : « Rousseau a repris l'idée de souveraineté populaire, comme droit des peuples à se constituer en société politique par un acte volontaire, à la synthèse lockienne. Il est en effet curieux que l'historiographie néglige ce point de la théorie lockienne, et attribue l'idée de souveraineté populaire, comme acte volontaire s'opposant à un « contrat » de soumission entre les peuples et ses chefs, à Rousseau seulement » (p.18-19).

Avec Baker, nous sommes dans cette posture historiographique qui néglige « ce point de la théorie lockienne ». Je remarquerais également que dans la dizaine de pages qu'il consacre aux conceptions politiques de Marat, Robespierre et Saint-Just, jamais il ne fait allusion à la Déclaration des droits à l'état de nature ou aux droits naturels. Or pour qui les a lus, il faut vouloir l'éviter. Il le faut d'autant plus que ce sont là des objets sur lesquels il se penche dans son article.

Comme je l'indique plus haut, Baker cite un extrait de la première des lettres qui compose Des droits et devoirs du citoyen de Mably afin d'attester son rousseauisme.Cette citation est isolée de la démonstration dans laquelle elle s'insère. Or, elle consiste dans le premier exposé – nous sommes au début du livre – du point de vue lockien que défend Mably, à travers le personnage de Stanhope, et qu'il va défendre tout au long de l'ouvrage contre les idées du narrateur qui représente l'homme attaché à ses préjugés, inspirés des jurisconsultes et de Hobbes. Stanhope considère que les théories de Grotius, Puffendorf, Wolff ne servent qu'a « dépouiller le citoyen de ses droits les plus légitimes » (p.17). Quant à « Hobbes, dit-il, il aurait pu ravir à Locke la gloire de nous faire connaître les principes fondamentaux de la société ; mais attaché par une suite d'événements ou par intérêt, à un parti malheureux, il a employé toutes les ressources d'un génie puissant pour établir un système funeste à l'humanité, et qu'il aurait condamné si, au lieu des désordres de l'anarchie, il eut éprouvé les inconvénients du despotisme ».

Dès les premières pages de l'ouvrage, on constate donc que Mably critique effectivement les jurisconsultes – et Hobbes ce que ne précise pas Baker – et que cette critique est explicitement à lire dans le cadre d'une préférence lockienne. En d'autres termes c'est Locke qui est au centre de la discussion. Ce n'est pas une découverte puisque l'introduction de l'édition à laquelle se réfère Baker, celle de Jean-Louis Lecercle qui date de 1972, l'indique précisement.

Baker procède de la même manière, en éludant une nouvelle fois Locke, lorsqu'il veut montrer que Mably est imprégné des modèles politiques classiques et plus largement l'impact des modèles classiques, grecs et romains, dans le débat sur les Constitutions modernes. Baker se réfère aux Observations sur les lois et le gouvernement d'Amérique (1783) et dit que Mably y « juge sévèrement les Constitutions des Etats d'Amérique à la lumière de l'expérience politique des anciens » sans plus de précision. On a ainsi l'impression que là réside la seule ressource théorique de Mably et son seul discours. Or s'il met en avant des références à l'expérience politique des anciens, elles ne sont ni exclusives, ni toujours à leur avantage : par exemple dans la première lettre – adressée à John Adams– il loue les Droits de l'homme et critique les républiques anciennes. Donc il n'oppose pas les principes anciens qui seraient positifs et les principes modernes de ces constitutions qui seraient négatifs, sa critique ne porte pas sur les principes du droit naturel. Au contraire Mably estime que les Etats-Unis « ont adopté les vrais et sages principes de Locke sur la liberté naturelle de l'homme et la nature du gouvernement » (3).

Constatons donc que Baker tend à esquiver les références à Locke, même lorsqu'elles sont évidentes. On peut en conclure qu'il a besoin d'un Mably rousseauiste, argumentant essentiellement à partir de modèles républicains classiques, et qu'il n'envisage jamais un Mably travaillant le républicanisme classique dans la théorie lockienne. Baker s'inscrit dans cette lecture parce qu'elle sauvegarde le conflit des anciens et des modernes qui articule sa démonstration.

En effet, si Mably est utilisé pour introduire Rousseau, il a également pour fonction d'amorcer le débat avec les physiocrates dans lequel est explicitée l'opposition des anciens et des modernes.

Baker considère à juste titre qu'il est plus pertinent d'inscrire Mably dans la tradition du républicanisme classique que d'en faire un « avatar du socialisme utopique ». Selon lui, si cette filiation se répère à l'évidence dans ses écrits sur l'histoire ancienne, elle est également présente dans Des droits et des devoirs du citoyen ou encore dans les Doutes proposés aux philosophes économistes. Baker estime qu'il y a en particulier, dans ce dernier écrit qui critique les conceptions physiocratiques, une « confrontation entre les anciens et les modernes ».

Les physiocrates, écrit Baker, « proposent une version rationalisée de la monarchie absolue au service de la société commerciale moderne, une vision de l'ordre social naturel dans laquelle la politique serait rendue redondante par l'évidence en soi de l'autorité de la raison et l'harmonie en soi des choix d'individus éclairés agissant pour poursuivre leur propre intérêt ». Les physiocrates sont du côté des Modernes et Mably qui les critique est du côté des Anciens : « Mably, précise Baker, répond en appelant à l'expérience des Anciens et au souvenir de l'histoire, insistant sur le fait que l'ordre des passions ne pourra se réaliser que par l'affirmation soutenue d'une volonté politique commune, jamais par la soi disant auto suffisante règle de la raison ». Mably réintroduit du politique là où les physiocrates pensent l'économie comme une science totale de la société. Mais une nouvelle fois, Baker évacue totalement la nature lockienne de la critique de Mably, par laquelle il s'oppose à la conception du droit naturel développée par les physiocrates : leur ordre naturel, leur raison, sont pour Mably finalement contre nature et déraisonnables, dans la mesure où leur système crée un état de guerre entre les propriétaires - que favorisent les théories des physiocrates- et ceux qui ne le sont pas. En d'autres termes, il leur reproche de ne pas être lockien, puisque selon Locke la fonction des sociétés (l'état social) est précisement d'éviter l'état de guerre.

Baker estime que Mably peut être considéré comme la figure emblématique du républicanisme classique du XVIIIe siècle, dont l'une des caractéristiques est la critique de la modernisation de l'Etat monarchique en lien avec l'émergence de l'économie moderne : « un Etat de plus en plus administratif qui simultanément nourrissait et était nourri par l'individualisme de la société commerciale moderne, un Etat qui stimulait le commerce afin d'accroître les revenus des taxes tout en déployant les instruments du marché du crédit afin de financer une armée et une bureaucratie permanente ». La description que Baker propose du républicanisme classique, dans lequel il inscrit Mably, lui permet de définir les éléments de la matrice qui seront travaillés par la radicalisation rousseauiste et par les métamorphoses de la Révolution française : ce discours du républicanisme classique « est avant tout , écrit Baker, un discours de la volonté politique. Il voit le désordre et les vicissitudes comme un état naturel de l'existence humaine dérivant du jeu instable des passions qui peuvent seulement être contenues par un ordre politique dans lequel les intérets individuels seraient indentifiés avec le bien commun à travers l'inculcation de la vertu civique. Dans un tel univers le désordre peut être seulement contenu par une forte volonté générale, la liberté n'étant assurée que par l'exercice de cette vertu civique qui constitue un engagement actif et une participation de chaque citoyen aux affaires publiques. L'érosion de la vertu civique par l'individualisme et l'intérêt personnel conduit au despotisme, jusqu'à ce que, inévitablement l'empiètement du despotisme produise la destruction de la vertu civique. » Le problème essentiel du républicanisme classique, poursuit Baker, « était de savoir comment soutenir la vertu civique et avec elle comment faire perdurer le corps politique. De là la centralité, dans ce langage, des métaphores organiques : les images de vigueur et de faiblesse, de santé et de maladie, de vie et de mort. De là également la métaphore de la crise, le moment où l'existence du corps politique est devant une alternative : soit il retrouvera santé et vigueur soit il tombera dans une irréversible et fatale maladie, le moment où la liberté peut vivre ou mourir. » La Terreur, dernière des mutations cancéreuses du républicanisme classique, est à l'horizon. Contre la Terreur, le moment thermidorien marquera la victoire des Modernes sur les Anciens. Apparemment bouclée, la démonstration de Baker aboutit cependant à des apories qui résultent en particulier de l'élision du droit naturel lockien. Par ailleurs, l'absence de cette perspective jusnaturaliste lockienne conduit Jainchill à privilégier des critères qui ne sont pas, selon moi, les plus pertinents pour saisir la spécificité du projet politique thermidorien.

Critique du théâtre des héros et des anti-héros

Jugée à l'aune des catégories du républicanisme classique, la Constitution de l'an III doit être située en deçà de Machiavel. Le républicanisme du Florentin, rappelle Quentin Skinner, se distingue par le fait qu'il est favorable au tumulte considéré comme la conséquence de l'engagement civique intense et donc comme la manisfestation de la plus haute vertu civique (4) . Or l'une des caractéristiques du projet politique thermidorien est la crainte du peuple électrisé par les principes (5). Boissy d'Anglas accuse ainsi la Constitution de 1793 – qui est à ses yeux la Terreur instituée – de former un peuple constamment délibérant et d'organiser l'opposition. Selon ses termes, elle est la marque de la tyrannie de l'anarchie. Ce ne sont donc pas les « terroristes » qui sont fascinés par l'unité et redoutent le débat et l'opposition, mais leurs ennemis. En ce sens, la Convention montagnarde est un moment machiavélien.

Jainchill ne traite pas de cette peur du peuple constamment délibérant, pas plus qu'il ne propose une analyse en terme de souveraineté (pourtant centrale chez Baker) dans la mesure où, écrit-il, la forme républicaine classique s'accommode de tout. Or, la question de la souveraineté est la marque du saut qualitatif des conceptions du politique qui s'élaborent à la fin du XVIe siècle et elle est l'enjeu de la Constitution de 1795. De même, Jainchill reste au niveau de généralités très succinctes lorsqu'il aborde les droits naturels quoiqu'il cite des travaux où cette question est fondamentale (6) et que Baker travaille ce point – même si de mon point de vue, il n'en saisit pas l'essentiel.

Jainchill ne semble donc pas partir d'une interrogation sur ce qu'est le moment thermidorien dans la Révolution française mais du républicanisme classique dans lequel il coule une lecture standard de la Révolution française. Constatons enfin que si Jainchill reprend la thèse de Baker sur le républicanisme classique de la Terreur, son analyse n'est pourtant pas compatible avec ce schéma explicatif puisqu'il y inscrit une variation qui le contredit : nous l'avons vu, la Convention thermidorienne serait, selon Jainchill, du côté des Anciens.

Il est important de confronter le républicanisme classique et la Révolution française. Il faut également considérer l'hypothèse selon laquelle la conception politique thermidorienne remettrait au goût du jour un archaïsme. En revanche, il ne me semble pas que ses considérations puissent suffire. Les échos d'archaïsme ne doivent pas masquer l'essentiel : le changement de paradigme et non pas seulement la variation sur le thème. En d'autres termes, le fait que la solution thermidorienne consiste à s'inscrire dans une conception de la liberté, donc de l'état social, qui asseoit un nouveau type de domination fondé sur la propriété et la jouissance, ce que Baker, qui reprend Benjamin Constant, nomme les Modernes. On peut estimer qu'à trop englober, la notion de « républicanisme classique » finit – en tout cas dans l'usage qu'en fait Jainchill– par perdre en efficacité.

Jainchill est en porte à faux avec la typologie de Baker qui est elle-même bancale. Baker place en effet la Convention thermidorienne et Thomas Paine dans le camp des Modernes. Dès l'introduction, ce dernier est désigné comme un archétype de la conception moderne de la république qui s'oppose à celle du républicanisme classique. Quant à la Convention thermidorienne sur laquelle Baker conclut son texte, il écrit : « Quand après thermidor, la Convention se charge de nouveau de créer une Constitution républicaine, c'est du côté des Modernes qu'elle regarde, pas des Anciens ». Or, Paine est fondamentalement hostile aux projet républicain thermidorien, ce que Baker semble ignorer. Il est pourtant le seul conventionnel à faire une critique radicale de la Constitution de l'an III dont il estime qu'elle est « rétrograde des véritables principes de liberté ».

Suivant Baker, le républicanisme des Modernes s'affirme et se distingue du républicanisme des Anciens au moment où la fuite du roi à Varennes fait émerger la question républicaine dans la France révolutionnaire. Le républicanisme des Anciens produira le jacobinisme ; le républicanisme des Modernes, est incarné par Paine. Baker définit le républicanisme des Modernes comme « celui qui s'exprime dans la langue des droits, de la raison, de la représentation ; il déploie le discours rationnel de la modernité et du progrès social ». Baker cite, en appui de cette définition la célèbre lettre ouverte de Paine à Siéyès, publiée dans Le Moniteur Universel, du 8 juillet 1791, dans laquelle, contre Siéyès, Paine défend et définit le républicanisme en ces termes : « je n'entends point par républicanisme ce qui porte ce nom en Hollande et dans quelques Etats d'Italie. J'entends simplement un gouvernement par représentation ; un gouvernement fondé sur les principes de la Déclaration des droits ». Par ailleurs, Baker associe Paine à Concorcet – à propos de cette lettre à Siéyès, Baker estime que Paine parle aussi pour Condorcet– dans la mesure où, en juillet 1791, ils ont fondé une société républicaine et édité quatre numéros du journal Le républicain, ou défenseur du gouvernement représentatif. Condorcet est donc un autre de ces Modernes. La Gironde en est également.

Or, contredisant ce schéma a priori – qui a le statut d'un quasi postulat – il faut constater que Paine et Robespierre partagent une même conception de la république. Elle n'est pas selon eux une forme particulière de gouvernement mais la mise en oeuvre du principe d 'égalité, c'est-à-dire de la liberté entendue comme réciprocité. Les deux hommes ont également une définition identique de la souveraineté qui ne correspond pas à cette recherche frénétique de l'unité que décrit Baker pour Robespierre, suivant un schéma holiste, mais est fondée en l'homme et repose sur chaque individu dans la mesure où elle résulte d'une constitution de l'état social pensée en termes lockiens : « la souveraineté réside dans le peuple, dans tous les individus du peuple » dit Robespierre le 22 octobre 1789 là où Paine écrit que « chaque citoyen est une portion de la souveraineté » (7). En 1795, contre la Constitution thermidorienne, Paine réitère cette même conception de la république et de la souveraineté. Si dans la lettre à Siéyès, il tient à se distinguer du républicanisme de Hollande c'est en revanche à la Hollande qu'il renvoie la Constitution de 1795 –ce qui dans une certaine mesure conforte la thèse de Jainchill : « Je vous ai présenté, il y a peu de jours, par la voie ordinaire de la distribution, un petit écrit intitulé Dissertation sur les premiers principes du gouvernement. Cet écrit fut commencé il y a plusieurs mois ; je le destinais au peuple de Hollande, (référence à la république batave et au traité de La Haye du 16 mai 1795-27 floréal an III) qui commençait alors une révolution dans le système de son gouvernement, bien plus qu'au peuple français, qui avait déjà depuis longtemps effectué ce changement. Mais il est dans la constitution qui vous est présentée quelques articles, et dans le rapport qui l'a précédée (celui de Boissy d'Anglas) quelques points d'une apparence tellement rétrograde des véritables principes de la liberté, qu'ils rendent ce même travail, fait dans une autre vue, applicable à la circonstance, et c'est ce qui m'a déterminé à vous le présenter. » Pour avoir réaffirmé sa conception de la République et de la souveraineté en 1795, Paine est assimilé à Robespierre (8). De fait les principes fondamentaux qui leur sont communs les distinguent des conceptions politiques qui sont mises en oeuvre par la Constitution de l'an III.

La typologie que propose Baker, si elle sert son interprétation de la Révolution française, et en revanche problématique dès qu'on lit Mably ou Paine. Il est en effet plus cohérent de rapprocher Paine de Mably que de la Convention thermidorienne. Mais Baker est obligé d'avoir cette lecture pour que sa démonstration tienne. Car un déplacement de Paine, qui est une pièce maîtresse, conduirait à révolutionner ce que Philip Pettit, dans sa critique d'Isaiah Berlin, nomme « le théâtre des héros et des anti-héros », ceux qui sont du côté de la liberté négative, les Modernes, les héros, ceux qui sont du côté de la liberté positive, les Anciens, les anti-héros. « Berlin, écrit Philip Pettit, ne s'est pas contenté de présenter la liberté négative sous un jour favorable et de peindre la liberté positive sous un jour inquiétant. Il a en outre réussi à insinuer que si la plupart des penseurs modernes, ayant un tant soit peu les pieds sur terre, ont entendu la liberté en son sens négatif, la conception positive de la liberté provenait en revanche de sources antérieures plus suspectes. C'est dans les oeuvres des « philosophes politiques classiques anglais », tels que Hobbes, Bentham et Mill, dans celles des penseurs éclairés des Lumières françaises, tels que Montesquieu, Constant et Tocqueville, et dans celle de ces héros américains que sont Jefferson et Paine, bref c'est au panthéon du libéralisme moderne qu'il trouve la conception négative de la liberté. Il associe, par ailleurs, la conception positive de la liberté à la pensée des romantiques continentaux tels Herder, Rousseau, Kant, Fichte, Hegel et Marx ; il l'associe également aux doctrines de ces groupes religieux ou quasi religieux que constituent les bouddhistes, les chrétiens ou les stoïciens, ainsi qu'à la pensée politique radicale, voire totalitaire, des jacobins et des communistes » (9). Notons que nous disposons là d'un autre indicateur de l'incompatibilité de Paine, dans le fait qu'il puisse rejoindre Jeremy Bentham au sein de la typologie de Berlin alors que Bentham dénonce, en 1795, et en des termes très thermidoriens, ce qu'il nomme les « sophismes anarchiques » des droits naturels déclarés qu'il qualifie de langage de la Terreur : « Une chose, au coeur de toute cette confusion, est par trop claire. Ils ne savent pas de quoi ils parlent sous le nom de droits naturels, et ils voudraient pourtant que ceux-ci soient imprescriptibles, à l'abri de tout pouvoir des lois, fertiles en occasions d'appeler les membres de la communauté à entrer en rébellion contre les lois. Quel était donc leur but en déclarant l'existence de droits imprescriptibles et sans spécifier un quelconque critère qui puisse permettre d'en connaître un seul ? Ceci, et rien d'autre : exciter et entretenir un esprit de résistance à toutes les lois, un esprit d'insurrection contre tous les gouvernements » (10).

Benjamin Constant (11) est la source de cette typologie, élargie par Berlin et reprise par Baker. Mais Constant ne classe pas Paine dans le camp des libéraux et Germaine de Staël qualifie Paine de démagogue violent. De fait la définition que Benjamin Constant donne de la liberté dans les temps modernes ne peut pas être celle de Paine(12) : « le peuple le plus attaché à sa liberté, dans les temps modernes, est aussi le peuple le plus attaché à ses jouissances : et il tient à sa liberté, surtout, parce qu'il est assez éclairé, pour y apercevoir la garantie de ses jouissances » (De l'esprit de conquête et d'usurpation , p.115 ). Pour Benjamin Constant, l'erreur des révolutionnaires est d'avoir voulu imposer au monde moderne, fondé sur une économie de la jouissance, une conception de la liberté héritée des anciens et inadaptée. Constant fait ainsi la description de la pensée politique de Mably, dont il écrit qu'elle rejoint en mal celle de Robespierre : « L'ouvrage de Mably, sur la législation ou principe des loix, est le code de despotisme le plus complet que l'on puisse imaginer. Combinez ses trois principes, 1. l'autorité législative est illimitée, il faut l'étendre à tout et tout courber devant elle. 2. La liberté individuelle est un fléau, si vous ne pouvez l'anéantir, restreignez la du moins, autant qu'il est possible. 3. La propriété est un mal : si vous ne pouvez la détruire, affoiblissez son influence de toute manière : vous aurez par cette combinaison la Constitution réunie de Constantinople et de Robespierre. » (13) Benjamin Constant poursuit le portrait charge de Mably en élargissant à Rousseau le camp des partisans de la liberté des anciens, c'est-à-dire ceux qui ont pris l'autorité pour la liberté : « L'abbé de Mably, comme Rousseau, et comme tant d'autres, avoit pris l'autorité pour la liberté, et tous les moyens lui paroissoient bons pour étendre l'action de l'autorité sur cette partie récalcitrante de l'existence humaine dont il déploroit l'indépendance. Le regret qu'il exprime partout dans ses ouvrages, c'est que la loi ne puisse atteindre que les actions : il auroit voulu qu'elle atteignit les pensées, les impressions les plus passagères, qu'elle poursuivit l'homme sans relâche, et sans lui laisser un azyle où il put échapper à son pouvoir. A peine apercevoit-il n'importe chez quel peuple (sic), une mesure vexatoire, qu'il pensoit avoir fait une découverte, et qu'il la proposoit pour modèle. Il détestoit la liberté individuelle en ennemi personnel, et dès qu'il rencontroit une nation qui en étoit privée, n'eut-elle point de liberté politique, il ne pouvoit s'empêcher de l'admirer » (14).

Mably, Rousseau et Robespierre en admirateurs de la tyrannie. Baker reprend ainsi sans distance les jugements de l'idéologie de la modernité au moment où elle se constitue. Il conclut donc très logiquement son texte en citant Benjamin Constant dont il reformule le point de vue : « La Terreur ne dérive pas seulement de l'erreur qui a consisté à préférer la liberté des Anciens à celle des Modernes, le républicanisme classique au discours des Lumières. Elle dérive de la manière explosive par laquelle la Révolution française a combiné les deux ». Baker ne se réfère jamais aux travaux de Quentin Skinner ou de Philip Pettit qui sont pourtant des références majeures pour le domaine qu'il traite. On le comprend. Sa thèse repose sur l'affrontement entre liberté négative et liberté positive. Comme nous l'avons vu avec Thomas Paine, il ne peut guère introduire la liberté comme non-domination qui dépasse cette opposition et remet en cause sa lecture de la Révolution française.

Notes

(1) La Révolution française,Paris, Hachette,1965, rééd. collection Pluriel, p.258.

(2) Stéphane Rials, La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Paris, Hachette, 1988, p.13-14.

(3) Mably, Sur la théorie du pouvoir politique, p.255

(4) Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001, p.262.

(5) Yannick Bosc, « « Un arsenal pour les séditieux » : la Déclaration des droits comme pratique politique », Révolution Française.net, Décembre 2005.

(6) Ceux de Françoise Brunel, Florence Gauthier et les miens.

(7) Droits de l'Homme, trad., Paris, Belin, 1987, p. 171.



(8) Yannick Bosc, « Paine et Robespierre : propriété, vertu et révolution » , Robespierre, de la Nation artésienne à la République et aux Nations, J.-P. Jessenne et alii (dir.), Villeneuve d'Asq, CHRNENO, 1994.

(9) Philip Pettit, Républicanisme. Une théorie de la liberté et du gouvernement, (1997), trad., Paris, Gallimard, 2004, p.36.

(10) Jeremy Bentham, Sophismes anarchiques, cité par Bertrand Binoche, Critiques des droits de l'homme, Paris, PUF, 1989, p.29.

(11) De l'esprit de conquête et d'usurpation (1814), De la liberté des anciens comparée à celle des modernes (1819)

(12) Yannick Bosc, « Thomas Paine, l'allocation universelle et le principe de révolution », Marx XXIe siècle, mai 2007.

(13) De l'esprit de conquête et de l'usurpation, dans leurs rapports avec la civilisation européenne, Première édition de 1814, Genève, Slatkine reprints, 1980, note p.119.

(14) Ibid., p.119-121.