« L’ouverture de la Révolution » : Qu’est-ce que le Tiers État ? Annonces
mardi 3 décembre 2013Quatrième de couverture, extraits et table des matières de l'ouvrage de Christine Fauré, « L’ouverture de la Révolution » : Qu’est-ce que le Tiers État ? de l’abbé Sieyès, 1ère et 3ème édition, 1789, Chryséis éditions, distribution Amazon/kindle.
Qu’est-ce que le tiers état ? La brochure publiée en janvier 1789 par l’abbé Sieyès, inconnu jusqu’alors, est accueillie par un triomphe et assure à son auteur une notoriété durable jusqu’en 1799. La troisième édition, toujours dans le premier semestre de l’année 1789, propose, pour affronter les élections aux états généraux, une rallonge de cinquante pages, pimentée d’expressions immédiatement assimilables par le peuple, car le soutien que le clergé devait lui apporter dans cette élection demeurait incertain. C’est grâce à ce succès littéraire que Sieyès réussit in extremis le tour de force d’être élu député du tiers de la ville de Paris, transgressant les règles de la représentation des ordres.
Comme dans un opéra, Qu’est-ce que le tiers état ? est l’ouverture de la Révolution. Il concentre tous les thèmes chers à l’époque, une rage antinobiliaire mais pas seulement : il inaugure une argumentation d’ordre économique pour justifier la nouvelle importance politique du tiers. Le tiers état est « tout » parce qu’il assure la totalité des travaux qui soutiennent l’existence de la société. Une fulgurance démocratique fait de ce simple libelle la première mise en mots du phénomène révolutionnaire.
Extraits de la présentation du texte de Sieyès par Christine Fauré :
Cette carrière « d’ecclésiastique administrateur » pour reprendre les termes de sa notice biographique, prend fin en 1789, lors de son élection aux États Généraux comme député du Tiers État de Paris, alors qu’il était membre du clergé et que cette appartenance devait en principe l’exclure de l’Assemblée du Tiers. Cette élection est due au succès des trois libelles qu’il rédige et publie coup sur coup entre l’été 1788 et le début de l’année 1789, et notamment au triomphe qui accueille Qu’est-ce que le Tiers État ?...
Sieyès à la lumière de ses lectures nombreuses ne cherche-il pas simplement à réagir à des propos existants dans la littérature juridique de l’époque, par exemple aux commentaires du jurisconsulte Robert - Joseph Pothier (1699-1772) qui avait écrit dans son fameux Traité des personnes et des biens, à propos du Tiers État : « Nous n’avons rien de particulier à remarquer ici sur cet ordre de personnes … »
Sieyès repousse les conceptions culturelles et historiques de la constitution qui, à la manière d’Edmund Burke dans ses Reflections on the Revolution in France (1790), lient l’acte constitutionnel à l’héritage des générations. Sieyès se montre dans ce domaine un rationaliste politique intraitable. Sa définition de la constitution l’amène à expliquer la nature du fameux « pouvoir constituant », le seul maître du jeu selon lui et souligne « l’intensité radicale de la force d’innovation »…
Qu’est-ce que le Tiers-État ? est traversé par une logique démocratique, matérialiste et sensualiste que les réflexions d’ordre épistémologique menées par Helvétius, Condillac et Bonnet avaient développées à partir de la physique expérimentale et des sciences naturelles. En effet ces philosophes ont tenté de réduire à leur manière la distance entretenue entre le corps et les opérations de l’esprit et ont mis au cœur de leur recherche, l’activité et ses incarnations successives…
Sieyès, dans Qu’est-ce que le Tiers-État ?, énonce une théorie du contrat limité, à l’inverse du Contrat social de Rousseau et même du Traité théologico-politique de Spinoza dans lequel ce genre de restriction n’avait pas cours. L’écriture peut apparaître encore maladroite, balbutiante, loin de la limpidité de son discours du 2 thermidor an III : « On ne met point en commun tous les droits que chaque individu apporte dans la société, toute la puissance de la masse entière des individus »…
Le constitutionnalisme de Sieyès a été raillé par le parlementaire anglais Edmund Burke (1729-1797), auteur des précoces Réflexions sur la France révolutionnaire (1789). Sieyès apparaissait comme un maniaque aux yeux de ce conservateur d’outre-Manche, avant tout soucieux d’éviter à la monarchie anglaise les mésaventures de la couronne française: « L’abbé Sieyès a un vaste colombier dont toutes les cases sont pleines de constitutions, sortant de la main de l’ouvrier, étiquetées, numérotées et assorties pour toutes saisons et toutes fantaisies », écrivait Burke avec sarcasme dans une lettre à un noble lord publiée en 1796. Dès Qu’est-ce que le Tiers-État ?, c’est-à-dire bien avant que ne se pose concrètement la nécessité de rédiger une constitution, Sieyès emploie en terme de fréquence lexicale, 57 fois le mot constitution, substantifs et adjectifs réunis, avec des densités remarquables de 3 ou 4 fois par page.
Table des matières :
L’OUVERTURE DE LA RÉVOLUTION, par Christine Fauré
La rédaction des trois libelles, 1788-1789
La transformation des concepts
Sieyès et Spinoza
Le contrat limité
Faiseur de constitution
Bibliographie
Annexe : Manuscrit de la main de Sieyès : article de Journal qu’il aurait fait lui-même sur son livre : Qu’est ce que le Tiers ? ». Transcription.
QU’EST-CE QUE LE TIERS-ÉTAT ? de l’abbé Sieyès
1ère édition et compléments de la 3ème édition (1789)
Chapitre premier : Le Tiers-État est une Nation complète
Chapitre II : Qu’est-ce que le Tiers-État a été jusqu‘à présent ? RIEN
Chapitre III : Que demande le Tiers-État ? à devenir quelque chose.
Chapitre IV :Ce que le Gouvernement a tenté et ce que les privilégiés proposent en faveur du tiers.
Chapitre V : Ce qu’on aurait du faire. Principes à cet égard.
Chapitre VI : Ce qui reste à faire. Développement de quelques principes.