1. La mission révolutionnaire de la France

A l'époque charnière qui fait l'objet de cette étude, quand la France après l'Amérique est entrée en révolution, la dynamique des droits de l'homme s'est propagée à travers le monde occidental. En Europe, elle agit sur les esprits, ébranle les idées reçues et devient bientôt une déferlante qui atteint même les régions où les empires ont perduré. Partout on prend conscience de ces « vérités qui vont de soi », les « self-evident truths » proclamées par Thomas Jefferson dans le préambule de la Déclaration d'Indépendance américaine: « que tous les hommes ont été créés égaux et ont reçu de leur Créateur certains droits inaliénables, dont le droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur ». Cette prise de conscience des droits naturels remet en cause l'ordre établi. Plus encore que la Déclaration américaine, qui posait un défi au roi d'Angleterre, la Déclaration française, qui énumère explicitement les droits et attributs du citoyen, se veut un acte fondateur à vocation universelle. Le principe d’égalité des droits, fondé sur un postulat moral, la loi naturelle, remet en cause l’absolutisme royal et la société d’ordres. De berceau des Lumières qu'elle était, la France devient à présent exportatrice de ferments révolutionnaires, et servira d’exemple et d’avertissement aux têtes couronnées d’Europe, comme modèle à imiter ou comme écueil à éviter.

La fermentation politique atteindra sans tarder la Pologne et la Russie, où la langue et la culture française étaient à l’honneur. La Pologne, gouvernée par un roi élu et une oligarchie de grands seigneurs, au mépris d'une petite noblesse proche de la gueuserie, d'une bourgeoisie affaiblie et de masses paysannes vivant dans la misère sous le joug du servage, se targue du nom de République et aura bientôt proclamé sa constitution avant la France. Tandis que l'empire de Russie est une société figée où le tsar autocrate exerce un pouvoir absolu, épaulé par une noblesse qui accapare tous les privilèges, aux dépens d'une paysannerie bien souvent réduite à l'esclavage, mais prête à s'insurger. Le message de liberté et d'égalité émanant de Paris, redouté par les monarques comme une menace de subversion, est reçu par les populations comme un appel à l'émancipation ou à l’indépendance. Catherine II, pour sa part, est résolue à étouffer « l’hydre jacobine » qui se répand jusqu’aux marches de son empire, elle n’hésitera pas à écraser l’insurrection de Kosciuszko, héros des deux mondes, et de concert avec la Prusse et l’Autriche procèdera au démembrement de la Pologne. Mais au début du nouveau siècle, son petit-fils Alexandre Ier, gagné aux idées libérales, pensera à contre-courant et trouvera dans le républicanisme français une source d’inspiration.

La justification de notre approche comparative triangulaire, c'est en premier lieu le ciment d'une langue commune, ainsi que l'existence d'un important corpus de documents conçus, rédigés et imprimés en français. Tant en Pologne qu'en Russie, la maîtrise parfaite de la langue française chez les jeunes gens de bonne famille a créé une affinité élective qui explique en grande partie l'effervescence libérale dans les milieux cultivés des deux capitales et au sein des états-majors. Ce lien linguistique et culturel s'incarne en la personne du jeune Paul Stroganov, qui accompagne son gouverneur Gilbert Romme à Versailles et à Paris en 1789, pour s'y imprégner d'idées révolutionnaires. Devenu l'ami et le proche conseiller du jeune tsar Alexandre Ier, déjà formé dans le respect du républicanisme, Stroganov lui transmet le fruit de son expérience: ils discuteront ainsi de l'avenir de l'Empire russe en français. Alexandre Radichtchev, traducteur de Mably, pourfendeur de l'autocratie impériale et bête noire de Catherine II, sera chargé par Alexandre Ier de rédiger un projet de code civil sur le modèle français. Tadeusz Kosciuszko, qui fut selon Michelet « le dernier chevalier et premier citoyen en Europe de l'Est » (1) , avait reçu sa formation d'ingénieur militaire en France, à Mézières, Paris et Brest, entre 1769 et 1774; il avait côtoyé La Fayette en Amérique et fit un long séjour à Paris en 1793, avant de prendre la tête du mouvement de libération nationale à Cracovie. Les Polonais francophiles de la légion de la Vistule qui ont rejoint l'armée d'Italie se voient offrir par Napoléon dès 1808 un avenir radieux sous le signe de la francophonie. Dans le duché de Varsovie seront bientôt implantées des institutions républicaines, telles que départements et préfectures, ainsi que le code Napoléon, rehaussant le rôle du français comme langue juridique et administrative; et l'empereur caresse le dessein de placer sur le trône de Pologne l'ami déclaré de la France, le prince Józef Poniatowski.

Lors de la campagne de Russie en 1812, les états-majors des armées ennemies communiquent en français. Quand le tsar Alexandre Ier, autoproclamé roi de Pologne, se rend à Varsovie en 1818 pour y inaugurer la diète et lui faire part de la nouvelle Charte constitutionnelle, le discours qu'il prononce en français est longuement applaudi, cette langue étant, par sa neutralité, garante de l'identité nationale, sinon de l'indépendance, du royaume. L'avant-projet de constitution pour la Russie, élaboré à sa demande mais jamais appliqué, est rédigé en français, langue constitutionnelle. Quand s'ouvre à Saint-Pétersbourg en 1825 le procès des insurgés décembristes, certains de ces fils des Lumières françaises répondent à leurs juges en français, langue de la liberté. Quand Léon Tolstoï enfin s'applique à recréer l'esprit de cette époque charnière dans Guerre et paix, il ressuscite méticuleusement tant la langue de l'envahisseur Napoléon, héritier de la Révolution française, que la langue véhiculaire de la haute société pétersbourgeoise, séduite par le libéralisme occidental: et Tolstoï rédige une bonne partie de son roman en français (2).

2. État de droit et État despotique

La langue n'est que le support du texte fondateur de la Révolution française qu’est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Préalable de l'État de droit, cette Déclaration servira de préambule à la constitution et de base à la législation. Texte qui relève de l'éthique, sans autre justification légale qu'un postulat moral ou religieux (ainsi, à l'instar de la Déclaration américaine qui attribue ces droits au « Créateur », l'Assemblée constituante les place « sous les auspices de l'Être éternel »): il n'empêche qu'il a fait l'objet d'un très large consensus parmi les contemporains (3). Ces droits dits « naturels, inaliénables et sacrés » dans la version française de 1789, sont conçus comme les « parents de la loi », au dire de Amartya Sen, c'est-à-dire comme géniteurs du droit, dans la mesure où ils accordent aux hommes la citoyenneté. C'est ainsi que la France, après l'Amérique, a conçu la démocratie, comme système de gouvernement participatif et délibératif, où les citoyens contribuent à l'élaboration de la loi, élisent représentants et s'informent grâce à la liberté de la presse (4) . La démocratie ainsi conçue pose un défi à l'autoritarisme et à l'absolutisme. Elle laisse entrevoir le remplacement du pouvoir monarchique absolu par un régime constitutionnel, le remplacement de l'arbitraire par la justice et à terme, l'avènement du républicanisme.

Nous avons retenu comme fil conducteur de cet essai l'opposition conceptuelle que nous propose Blandine Kriegel entre deux types d'État radicalement différents: l'État de droit et l'État despotique. Le despotisme, selon Kriegel, est le régime où l'autorité s'exerce par la force sur des individus assujettis, où règne la dialectique du maître et de l'esclave. Si marxistes et sociologistes ont tendance à rabattre toute forme d'État sur la forme impériale, c'est-à-dire l'État autoritaire, il existe en Europe selon Kriegel une autre tradition qui remonte à la Renaissance et à Jean Bodin, et qui affirme que le pouvoir souverain n'est pas impérial parce qu'il n'est pas fondé sur la force, mais sur la loi. L’État de droit, en revanche, s’oppose à l’absolutisme et aspire à la paix. Dans le sillage de Bodin, Thomas Hobbes et John Locke feront la distinction, empruntée à la Politique d'Aristote, entre république et empire. Locke affirmera que réduire l'État à la forme impériale signifie que tout gouvernement serait le produit de la force et de la violence, et comme chez les bêtes, ce serait le plus fort qui l'emporte (Deuxième traité de gouvernement) (5).

Or, le reflux vers l'empire en France, dû à l'aventure militaire et coloniale, est visible dans l'absolutisme de Louis XIV, et cette glissade se poursuivra de nouveau sous Napoléon. Mais entretemps, l'État de droit a réaffirmé le savoir de la Renaissance et développé de nouveaux chapitres: les droits de l'homme et du citoyen fondés sur la loi naturelle, loi morale qui défend de tuer, de voler, d'opprimer, et qui diffuse l'idée, chère à Jean-Jacques Rousseau et à Gabriel Bonnot de Mably, que les citoyens libres et égaux se sont associés par intérêt commun, que chaque citoyen participe à l'effort collectif et sort garant du bien commun (6).

Nous aurons à nuancer l'analyse historique de Kriegel en ce qui concerne le moment clé de la Révolution française. Car c'est alors que la France prend conscience, après l'Amérique, du principe de la primauté de la loi, « the rule of law », fondement même de l'État de droit. Et c'est sous la première République, proclamée après la chute de la royauté le 10 août 1792, que ce principe sera revendiqué avec force. Si les Girondins ont d'abord mené une guerre de libération, bientôt interprétée par les provinces voisines comme impérialiste, la Montagne s'est bornée à défendre l'hexagone et jusqu'à la victoire de Fleurus n'a pas nourri d'ambitions de conquête. Pendant plusieurs mois, malgré les crises politiques et les luttes intestines qui divisent la France sous la Convention nationale, l'État de droit a peu à peu pris racine, comme en témoigne l'élaboration d'une nouvelle constitution républicaine. Avant que cette même Convention, sous les contraintes de la guerre et de la contre-révolution, ne soit amenée à mettre la Terreur à l'ordre du jour et à établir une dictature de salut public, qui l'oblige à changer de priorités, mais non à abandonner la notion de légalité durement acquise.

3. Héros et martyrs: dramatis personæ

Platon, dans ses Dialogues avec Socrate, avance la notion selon laquelle les relations humaines sont déterminées par deux impulsions fondamentales et toujours conflictuelles, à savoir la soif du pouvoir et le désir de justice (7) . Dans la mesure où la soif du pouvoir domine et que tout lui est soumis, le désir de justice est réduit à l'impuissance, et l'injustice règne. Y remédier devient alors un impératif, qui mobilise quelques êtres courageux, minorité agissante animée par un profond souci d'équité. Notre étude se veut un essai d'histoire comparative vue à travers la pensée et l'expérience vécue de ces hommes et femmes, issus de contrées et de milieux différents, mais réunis par un commun désir de justice et de réforme démocratique.

Tels sont les héros de notre histoire. Ou plutôt les « antihéros », dans la mesure où ils se différencient radicalement des héros de légende: ces derniers s'affirment au combat, sont promis à une destinée de conquérant ou de surhomme, sèment la destruction et la mort, se révèlent les promoteurs de l'État despotique. Plutôt insignifiante, aux yeux de Tolstoï, l'action des « grands hommes », tels que Alexandre le Grand, Jules César ou Napoléon, ne peut être considérée comme la cause de la grandeur et de la chute des empires, et n'explique pas à elle seule le caractère tragique d'une époque (8).

Le héros tel que nous l'entendons n'a donc pas, au départ, vocation de changer le monde. « On n'est pas révolutionnaire, on le devient », aurait dit Lazare Carnot, l'un de nos protagonistes (9). Et dans ce devenir il peut s'affirmer un maître à penser, quitte à en assumer tous les risques. Car en s'opposant à la volonté de puissance ou en luttant contre la réaction, parfois au coût de sa vie, notre héros peut se transformer en martyr, victime sacrificielle de son engagement. Tel Gilbert Romme ou Alexandre Radichtchev, il peut être acculé au suicide; ou telle la Liégeoise Théroigne de Méricourt, l'amazone de la liberté, être emportée par la folie. En répondant à l'appel aux armes pour défendre sa patrie, il court intrépide à une mort probable sur le champ d'honneur, tel Józef Poniatowski. Déçu et frustré dans ses espoirs de voir naître en Russie une véritable démocratie, le comte Paul Stroganov trouvera dans la lutte contre la tyrannie une nouvelle vocation: il y entraînera son fils unique, et connaîtra le martyre de le voir tomber sous la mitraille ennemie. Il mourra le cœur brisé en 1817. Sa veuve Sophie, née princesse Golitsyne, se consacrera dès lors, dans le sillage de Romme, à la vulgarisation des nouvelles techniques agronomiques.

Thadée Kosciuszko, refoulé et découragé, se gardera de faire la guerre contre les guerriers impénitents: mais en se retirant de la mêlée, il ne renoncera pas pour autant à ses convictions. Car le héros peut également s'affirmer par sa retenue. Martyr, il peut l'être comme certains hérétiques au temps de la Réforme, « jusqu'au feu exclusivement »: héros tranquille qui répugne aux actions d'éclat, mais œuvre avec patience, laboure le sous-sol, demeure fidèle à sa cause: tels Lazare Carnot, qui défend le républicanisme face à la résurgence de la monarchie dynastique, ou le Vaudois Frédéric-César Laharpe, démocrate de la première heure, fondateur de la République helvétique, ou Mikhaïl Koutouzov, le héros prudent de la guerre patriotique russe. Tel encore le prince Adam Czartoryski, défenseur indomptable de l'indépendance polonaise et martyr de « longue haleine ».

Ce dernier est prince et magnat, issu d'une vieille lignée polonaise, allié au dernier roi Stanislaw August. La dynastie des Czartoryski en Pologne, comme celle des Stroganov en Russie, incarne le pouvoir et la richesse. Grands seigneurs éclairés, hommes réfléchis qui penchent vers la modération, mais acquis aux idées libérales, sensibles aux aspirations égalitaires et respectueux des exigences de la citoyenneté, ils sont tournés vers l'avenir et se flattent de tenir le destin de leur pays entre leurs mains. Ce sont des patriotes idéalistes qui croient à l'universalité des droits de l'homme et au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Leur engagement ne les entraînera pas jusqu'à la révolte. Si leur résilience face à l'échec et leur aptitude au sacrifice expliquent leur effacement, l’oubli où ils sont glissés ne doit pas occulter l’intérêt que présente leur action inaccomplie.

4. Progrès et régressions

Il ressort que l’État de droit n’est pas le fruit de la révolte en tant que telle, celle-ci pouvant détruire les libertés et entraîner la répression ou la réaction, mais de la valeur des idées défendues, et de la persévérance de ses défenseurs. Après avoir brossé la toile de fond d'une époque tourmentée, secouée par les insurrections paysannes et les tentatives d'émancipation refoulées de l'ère prérévolutionnaire, notre étude se concentre sur l'action de cette minorité d'hommes et de femmes de bonne volonté qui s'élèvent contre l'absolutisme et le pouvoir arbitraire. Les résultats concrets de leurs combats seront plutôt maigres. Faut-il en conclure qu'ils se sont bercés d'illusions? Le décalage est tel entre le but recherché et le résultat obtenu, qu'on aboutit au constat, décevant à première vue, que les rêves annonciateurs ont un caractère virtuel. Les grands mouvements d'idées, telles que celui de l'émancipation (des minorités, des esclaves, des serfs, des domestiques, des femmes), ne se prêtent guère aux raccourcis. Les « progrès de l'esprit humain » dont rêvait Condorcet à la fin de sa vie (10), sont un processus lent et incertain, marqué de reculades, qui se poursuit de génération en génération, et qui ne portera ses fruits que dans un temps long à proprement parler désespérant.

Il ne s'agit donc pas d'un processus linéaire. Tolstoï, à la fin de sa grande fresque historique, s'est interrogé sur l'hypothèse selon laquelle une idée puisse générer un effet, que le livre Du contrat social, par exemple, puisse expliquer la violence révolutionnaire, les noyades de Nantes, les exécutions au temps de la Terreur (11). Rien n'est moins évident. Ne faut-il pas récuser également la notion de fatalité qu'un certain postmodernisme de droite attribue à la pensée de Rousseau, en le qualifiant de « l'ancêtre du goulag » (12) ? Et ne pas donner créance à la puissance supposée de l'utopie? Ainsi, deux de nos martyrs, Romme en France et Radichtchev en Russie, se sont inspirés de l'œuvre de Rousseau et aussi de celle de Mably. Ce dernier avait rêvé à un âge d'or égalitaire où régnerait la communauté des biens, mais avait conclu qu'un tel idéal était irréalisable dans une société fondée sur la propriété et la liberté. Conclusion réaliste que ni Romme ni Radichtchev ne contestera, même si la vision utopique de Mably aura remué leur conscience et orienté leur engagement en faveur de l'égalité des droits, sans pour autant les transformer, ni l'un ni l'autre, en partisans de la « loi agraire » (13).

Notre étude s’arrête en 1831, au moment où la Pologne, écrasée par l'empire russe, sera de nouveau privée d'indépendance et rayée de la carte de l'Europe pour près d'un siècle. Le poète Alexandre Pouchkine considère que le règlement de la question polonaise, qui suscite à Paris de fortes émotions, est une affaire entre les « deux tribus slaves » (14) . N'est-il pas temps de dissoudre les liens séculaires avec la France, dont la mission révolutionnaire est à bout de souffle? Mais lorsque son ami Piotr Tchaadaïev, en 1836, rédige la première de ses Lettres philosophiques, il choisit encore le français pour s'exprimer sur un sujet qui intéresse l'avenir de la Russie. Et Pouchkine, voulant lui adresser quelques remontrances, prend la plume lui aussi en français (15). Ces hommes cultivés, slavophiles, qui voulaient tourner le dos à l'Occident et reconnaître à leur pays son identité propre et son génie national, échangeaient encore leurs idées dans la langue de Voltaire. S'ils continuaient à rêver à l'abolition du servage et à la fin de l'autocratie, ils se déclaraient prêts à rompre avec l'héritage de la Révolution française, qu'ils avaient assimilé et qu'ils s'apprêtaient à adapter aux enjeux et aux contraintes de leur terroir.

Notes

(1) Jules MICHELET, Pologne et Russie: légende de Kosciuszko (dans la série Légendes démocratiques du Nord), Paris, Librairie nouvelle, 1852, p. 1; cité par Nora KOESTLER, « Tadeusz Kosciuszko, Held zweier Welten », dans Heiko HAUMANN & Jerzy GKOWRONEK, Der letzte Ritter und erste Bürger im Osten Europas, Basle et Francfort, Helbing & Lichtenhahn, 1996, p. 37.

(2) La meilleure édition de référence de Guerre et paix est en langue anglaise, et conserve tous les passages originaux en français: Leo TOLSTOY, War and Peace, traduit, annoté et introduit par Richard PEVEAR et Larissa VOLOKHONSKY, Londres, Vintage, 2007, 1273 p.

(3) Seul l'utilitariste Jeremy BENTHAM, dans ses Anarchical Fallacies de 1791-1792, en conteste la validité: les droits naturels et imprescriptibles revendiqués par les révolutionnaires français sont à ses yeux « un non-sens rhétorique, un non-sens monté sur échasses »: Amartya SEN, The Idea of Justice, London, Allen Lane, 2009, p. 356.

(4) Ibid., p. 323-335.

(5) Blandine KRIEGEL, L'Etat et les esclaves (1979); Etat de droit ou Empire ?, Paris, Bayard, 2002, p. 11-12, 24-25; résumé dans Querelles françaises, Paris, Grasset, 2008, p. 143-172.

(6) KRIEGEL, Etat de droit ou Empire ?, p. 190-194.

(7) PLATON, Gorgias, texte présenté par M. CANTO, Paris, 1987, p. 17-31, 42-45, 59-97.

(8) TOLSTOY, War and Peace, Épilogue, partie 2, iv, p. 1186-1192.

(9) Cité par Georges LEFEBVRE, introduction à la biographie de Gilbert Romme par Alessandro GALANTE-GARRONE, Paris, Flammarion, 1971.

(10) CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain; Fragment sur l'Atlantide, introduction de A. PONS, Paris, Flammarion, 1988.

(11) TOLSTOY, op. cit., « Épilogue », partie 2, ii, p. 1185, 1192.

(12) J-P. GROSS, Égalitarisme jacobin et droits de l'homme, Paris, Arcantères, 2000, p. 452.

(13) Voir Keith. M. BAKER, Inventing the French Revolution: Essays on French Political Culture in the Eighteenth Century, Cambridge, CUP, 1990, p. 104.

(14) Alexandre POUCHKINE, « Aux calomniateurs de la Russie » et « l'Anniversaire de Borodino », odes (1831), Œuvres poétiques, I, p. 200-203, voir chapitre VII, note 46.

(15) POUCHKINE, Lettre à Pierre TCHAADAÏEV, 1836, Œuvres, Paris, Gallimard (Pléiade), 1973, p. 890-891; voir chapitre VII, note 24.