René Merle nous propose de redécouvrir cet important corpus dialectal, sauvé par les érudits ou dormant dans les archives, mais que "le renaissantisme d'oc, et particulièrement provençal, a mis longtemps à distance, tant ces textes entraient mal dans ses cadres idéologiques prégnants", précise-t-il. Il justifie alors la nécessaire réoccupation par le chercheur de ce champ longtemps méconnu de l'écriture révolutionnaire en idiome non-français par le fait que ces textes proclament langue d'un Peuple - ici un peuple défini par l'usage de la langue occitane et du francoprovençal - une parole éclatée, et donc souvent méprisée. Parole néanmoins utilisée en manifestation emblématique, ou en communication qui se veut efficace : communication « descendante » le plus souvent. Il précise aussi que "la période révolutionnaire interpelle d'autant plus à cet égard que la responsabilité, individuelle et collective, des méridionaux, y a été plus grandes" d'un événement à l'autre. Et d'ajouter en préalable à sa présentation d'ensemble de ce corpus et de son interprétation: "Notre angle méthodologique est l'inventaire et la mise en perspective chronologiques des textes, en tenant compte dans la restitution de critères discriminants : textes publiés et textes demeurés manuscrits, textes à zones de diffusion réduite, ou large, textes enclos dans un propos français, et textes publiés isolément."

René Merle présente également deux réflexions synthétiques sur le même sujet, l'une sur Les différences et les ressemblances dans l'utilisation de ces textes, l'autre sur Citoyenneté et idiome natal, la dialectique identitaire pendant la Révolution.