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Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

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Aux origines du racisme moderne   Annonces

 Florence Gauthier, Aux origines du racisme moderne

Florence Gauthier, Aux origines du racisme moderne, 1789-1791, Paris, CNRS Éditions, 2024, réédition en poche de L'aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur (1789-1791), chez le même éditeur en 2007. Nous proposons ici la recension publiée par Yannick Bosc dans la revue Contretemps, en mars 2011.

La Révolution des droits de l'homme, le préjugé de couleur et la domination coloniale

Afin de saisir les enjeux de l'histoire de Julien Raimond et des libres de couleur qui sont au centre de cet ouvrage de Florence Gauthier, il convient d'emblée d'en situer la perspective : celle des révolutions du droit naturel qui couvrent les deux rives de l'Atlantique et concernent trois continents : l'Europe, l'Amérique et l'Afrique. L'aristocratie de l'épiderme raconte en effet l'un des épisodes essentiels, mais jusqu'alors ignoré, de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Florence Gauthier étudie la construction de ce préjugé de couleur et sa fonction dans les colonies à esclaves. Contrairement au récit standard de l'historiographie qui tend à les séparer, elle montre que la question de l'esclavage pose, dès le XVIIIe siècle le problème de la domination coloniale. Les sources sur lesquelles elle s'appuie la conduisent également à conclure que, pour comprendre les Révolutions de France et de Saint-Domingue, il ne faut pas les dissocier mais les saisir ensemble, dans la dynamique de leurs échanges. En France, les libres de couleur contribuent ainsi à la structuration du côté gauche de l'Assemblée nationale. Face à eux, le combat sans merci du lobby colonial esclavagiste et ségrégationniste pour maintenir sa domination s'inscrit dans une Contre-Révolution dont il porte tous les masques.

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À l’ombre des Lumières. Des manuels scolaires aux programmes de l’enseignement secondaire (1930-2010)   Enseignement

par Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle, Sorbonne Université

La position du problème

Poser la question de l’enseignement des Lumières en France au XXe et XXIe siècle, c’est définir des moyens pédagogiques, des finalités sociales. C’est aussi placer au cœur de notre réflexion la relation des Lumières aux « Révolutions atlantiques » (Godechot (1)), et plus particulièrement à la Révolution française, au monde contemporain enfin.
Pour l’objet, comme souvent en histoire, il requiert deux modes de définition : comme période et comme signification, les deux étant étroitement liés puisque le premier travail de l’historien est à la fois de délimiter et d’unifier (2). Signification et périodisation sont ainsi le geste premier à accomplir, le temps étant le « lieu d’intelligibilité de l’histoire (3)». Or, dans l’univers scolaire en tout cas, la seconde entraîne la première. De cette périodisation, toujours en discussion de fait, nous nous contenterons ici d’en retenir deux approches. La première est celle d’une périodisation « courte », qui assimile le temps des Lumières à celui du règne de Louis XV, ou peu s’en faut (4). La seconde interroge à la fois les décalages européens et « l’entremêlement des temporalités », pour reprendre une expression empruntée à Louis Althusser par Michel Vovelle (5). Dans le cadre scolaire, force est de constater que c’est le premier qui l’emporte. Encore qu’il ne faudrait sans doute pas se laisser abuser par la forme des programmes et des manuels jusqu’aux années 1970 (6).

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2023-2024   Séminaire

Programme 2023-2024 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace, Florence Gauthier et Suzanne Levin. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 2 et 3 Novembre, Colloque Natural Rights and Politics in the Early Modern Period, Scuola Superiore Meridionale (Naples).

- 7 décembre, Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 18 Janvier, Emmanuel Faye (Rouen-Normandie), Koselleck, les Lumières et la Révolution française.

- 1er février, Marc Belissa (Paris-Ouest Nanterre), La Révolution française et les colonies.

- 14 mars, Marion Pouffary (Sorbonne Université), Robespierre : la légende noire anarchiste.

- 25 avril, Rémy Duthille (Bordeaux Montaigne), A ses risques et périls ? Célébrer la Révolution française de 1789 dans la Grande-Bretagne de Pitt.

- 16 mai, Eric Mesnard (Paris-Est Créteil), L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial.

Robespierre monstre ou héros ? Proudhon contre Robespierre   Etudes

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Marion Pouffary, Robespierre monstre ou héros ?, Lille, Septentrion, 2023.

L'ouvrage de Marion Pouffary, tiré de sa thèse de doctorat, étudie les légendes noires et dorées de Robespierre au XIXe siècle. Nous reproduisons ici les pages 174 à 182. L'extrait s'insère dans le chapitre VI traitant des légendes noires de Robespierre élaborées par les anarchistes, et en particulier ici par Proudhon. Marion Pouffary est chercheuse associée au Centre d'histoire du XIXe siècle de Panthéon-Sorbonne/Sorbonne Université

Le combat de Proudhon contre les disciples démocrates-socialistes de Robespierre

Si, comme le suppose Albert Mathiez, l'hostilité manifestée par le mouvement socialiste à l'encontre de Robespierre est en grande partie due à l'influence de Blanqui, cette analyse mérite d'être complétée et nuancée. En effet, dans aucun des écrits qu'il a publiés au cours de sa vie, Blanqui ne fait mention de Robespierre de manière négative et c'est uniquement dans ses notes sur l'Histoire des Girondins, qui n'ont pas été publiées, qu'il critique Robespierre. De plus, le mouvement ouvrier français, qui connaît un essor considérable à partir de 1860, est non seulement influencé par les idées de Blanqui mais aussi par celles de Proudhon. Il s'agit des rares socialistes pré-quarante-huitards dont l'influence se consolide dans un contexte de déclin de la production théorique socialiste en France, alors que les écrits de Marx sont encore peu connus (1). Or, contrairement à Blanqui, Proudhon a légué une importante œuvre écrite, dans laquelle il ne manque pas de proclamer dès les années 1840 (2) son hostilité à Robespierre. Celle-ci éclate au grand jour lors des polémiques qui l'opposent aux démocrates-socialistes (3) sous la Deuxième République, à une période où, selon Edward Castleton, il est sans doute le journaliste socialiste français le plus lu (4). La légende noire anarchiste qui naît dans les écrits de Proudhon reprend l'image du Robespierre bourgeois et clérical de la légende noire communiste mais se distingue de cette dernière en dénonçant l'autoritarisme de Robespierre, et fait alors écho à la critique de la tyrannie de Robespierre véhiculée par la légende noire libérale. En effet, la question de la liberté est au cœur des préoccupations des anarchistes, même si, contrairement aux libéraux qui voient dans le principe d'égalité le principal danger pour la liberté, c'est le principe d'autorité qui, pour les anarchistes, constitue la menace essentielle pour la liberté.

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1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale   Annonces

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Introduction et table des matières de l'ouvrage de Florence Gauthier, 1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale, Selles-Sur-Cher, Atlantiques déchaînés, 2023, 99 p.

« Les principes du droit naturel sont simples, clairs et évidents, et il y a longtemps que la philosophie qui, à certains égards, a fait de si grands progrès, devrait nous rien laisser à désirer sur la nature des devoirs réciproques des sociétés. Quelques auteurs, qui ont traité cette matière, bien loin de chercher la vérité, n’ont voulu que la déguiser. Les uns n’ont osé croire que la politique des puissances de l’Europe fut injuste, les autres n’ont osé le dire. Des écrits faits pour nous instruire n’ont servi qu’à perpétuer notre ignorance et nos préjugés. Pendant qu’on ignore les lois par lesquelles la nature lie tous les hommes, pendant qu’on ne cherche qu’à rétablir un droit des nations favorable à l’ambition, à l’avarice et à la force, peut-on être disposé à penser avec Socrate, Platon, Phocion et Cicéron, que l’amour de la patrie, subordonné à l’amour de l’humanité, doit le prendre pour guide, ou on s’expose à produire de grands malheurs ? » Mably, Entretiens de Phocion, 1763 (1)

Depuis quelques décennies, ce que l’on nomme “la modernité” est présentée comme un héritage de la pensée des Lumières et de la Révolution de 1789. Cette façon univoque d’aborder “la” modernité masque l’héritage contradictoire de l’histoire européenne et de son premier empire colonial, comme des interprétations, elles aussi contradictoires, des Lumières. En même temps, l’historiographie de la Révolution française, au XXe siècle, a cherché à séparer une “ bonne révolution” dite “de la liberté et des droits de l’homme” (1789-1791), d’une “mauvaise révolution” dite “de l’égalité sans les droits de l’homme” (1792-1794). On a même pu affirmer que cette curieuse séparation entre liberté et égalité aurait produit deux traditions opposées : celle de “l’individualisme bourgeois et de la liberté du commerce” et celle “du parti unique et centralisateur” accolée, sans plus de preuves, au “Club des Jacobins”, préfigurant les totalitarismes (2) du XXe siècle.

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Rousseau, Robespierre et la Révolution française   En ligne

Par Edgar Straehle, Université de Barcelone

Article en castillan d'Edgar Straehle, "Rousseau, Robespierre y la Revolución Francesa. Reflexiones en torno a la importancia de las influencias intelectuales en la política", Anales del Seminario de Historia de la Filosofía, 40(3) 2023, p.523-540.

Présentation : L'objectif de cet article est d'analyser et de problématiser l'influence de Rousseau sur Robespierre et, à partir de cet exemple, d'examiner plus largement la question de son influence sur les acteurs de la Révolution française. L’auteur se propose de réfuter les interprétations selon lesquelles la politique de Robespierre serait une sorte d’application ou de prolongement pratique de la pensée de Rousseau. Pour ce faire, il examine les différentes questions relatives à sa "grande influence", notamment les contradictions entre les écrits de Rousseau et ce qui a été dit en son nom, ou encore la façon dont il a été revendiqué par pratiquement tous les partis (même contre-révolutionnaires). Il ne s'agit pas de nier l'influence de Rousseau, mais de la nuancer et de montrer comment la réception de Rousseau pendant la Révolution française a été complexe, conjoncturelle et mouvante.

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Terreur, « Terreur », terreur etc. De quoi parle t-on ?   Recensions

Par Yannick Bosc, GRHis, Université de Rouen-Normandie

A propos de l’ouvrage de Michel Biard et Marisa Linton, Terror: The French Revolution and Its Demons, Cambridge, Polity Press, 2021, préface de Timothy Tackett, 241 p.

Dans cette traduction en anglais, raccourcie et remaniée d’un livre paru en français (1), Michel Biard et Marisa Linton proposent une mise au point sur la « Terreur » (grand T), un chrononyme qui est aussi une catégorie politique et l’une des catégories historiographiques les plus polémiques car elle ordonne les interprétations de la Révolution française et avec elle de la « modernité ». Au-delà, ils mobilisent l’histoire des émotions pour interroger l’articulation de la « terreur » (petit t) et de la « Terreur ». Nous verrons que la circulation entre les différentes acceptions et usages de la Terreur/terreur que proposent les auteurs est problématique. Les huit chapitres thématiques, la chronologie de la Convention et les cartes en annexe, composent un ensemble accessible aux non-spécialistes qui trouveront une synthèse des connaissances.
Les auteurs prennent d’emblée leurs distances avec les thèses classiques qui ont longtemps été dominantes. Ils tempèrent celle dite des «  circonstances » qui à leur avis minore le rôle joué par les émotions (l’impact de la guerre civile et étrangère est loin de tout expliquer) et rejettent l’interprétation selon laquelle la terreur (petit "t") serait inhérente à la Révolution française et la matrice des totalitarismes du XXe siècle : « Robespierre n’était pas Staline » (p.3). Dans un contexte d’« exception politique », il s’agit de « saisir ce que signifie vraiment la terreur pour la génération révolutionnaire » (p. 5), d’en restituer la complexité et pour cela de ne pas la réduire à la violence comme c’est ordinairement le cas. Ils rappellent que les révolutionnaires ont eux-mêmes contribué à fixer les clichés en déployant une rhétorique et une imagerie spectaculaires en direction des ennemis de la république, notamment celle de la guillotine qui résume souvent la période (et qui illustre la couverture de l’ouvrage, le sang n’étant pas oublié).

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Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?   Annonces

"Pourquoi sont-ils anti-robespierristes ?" : Mardi 20 juin à 18h30, table ronde du département d’histoire de l’Institut La Boétie. La Miroiterie – Espace Dubail, 18 passage Dubail, Paris 10e.

"Robespierre est une des figures les plus connues de la révolution française. C’est aussi la figure centrale sur laquelle se focalise beaucoup de critiques de la période révolutionnaire, notamment à partir de 1792.
Mais sa légende noire créée par une certaine tradition historiographique et dans le débat public ne correspond souvent pas à la réalité des faits. Derrière ces caricatures, on trouve de réelles divergences profondes avec l’ensemble du processus révolutionnaire, en non la seule figure de Robespierre. C’est bien ces oppositions qui sont intéressantes à décrypter en lien avec les faits historiques. Les historien·nes Isabelle d’Artagnan, Marc Belissa, Suzanne Levin et Hugo Rousselle exploreront ces questions durant cette table-ronde en faisant des allers-retours entre discours historiques et actuels sur Robespierre et la Révolution. Elle sera animée par Jean-Marc Schiappa, co-animateur du département d’histoire."

Voir sur le site de l’Institut La Boétie

Gracchus Babeuf   Annonces

 Babeuf de Schiappa

Avant-propos et extrait du dernier chapitre du Gracchus Babeuf de Jean-Marc Schiappa, Paris, Fayard, 2023.

AVANT-PROPOS

Lors d’une évaluation des problèmes de la recherche historique sur Babeuf et les babouvistes, nous interrogions : « Une “biographie” de Babeuf est-elle seulement possible (1) ? » Nous voulions souligner par là les difficultés considérables à notre sens d’une telle entreprise qui ne soit pas déformée ou oblitérée par l’enjeu de débats poli- tiques ultérieurs ; de ce point de vue, l’interrogation est fondée.

Il suffit de lancer n’importe quel moteur de recherche sur « Babeuf », y compris les sites électroniques de publications scientifiques, pour s’en convaincre. François Noël Babeuf est toujours (ou presque) nommé, cité, référencé comme métaphore, mais rarement (pour ne pas dire jamais) comme personnage historique (1760-1797). Surtout, on multiplie les erreurs.

On le désigne comme « premier communiste », ce qui est très approximatif ; « inventeur du mot communiste », ce qui est totalement faux ; « proto-marxiste », ce qui ne veut rien dire (tout ce qui est avant Marx est, étymologiquement parlant, proto-marxiste) ; on le mentionne comme fin d’une lignée, celle de « la grande mémoire de Robespierre, de Saint-Just, des sans-culottes » ; on le situe dans une continuité inexpliquée, « de Marat à Babeuf » ; on peut évoquer « la querelle entre Rousseau et Voltaire, un réveil des mânes de Gracchus Babeuf » ; ou l’insérer dans une accumulation disparate, « ils ont pour noms Socrate, Spartacus, Jésus, Bruno, Galilée, Babeuf », mais on trouve aussi « une seconde tradition que l’on peut qualifier de léniniste (…) bâtie autour d’un événement important de la période révolutionnaire, le procès de Gracchus Babeuf ». Contradictoirement, on l’intègre aussi dans la tradition de ce que l’on a appelé le « socialisme utopique ». S’il s’agit ici de publications récentes, on reconnaît sans peine l’ancienne formule de François Furet et Denis Richet à propos de cette « postérité confuse (2) ». Significativement, un chercheur avait parlé des compagnons de Babeuf comme « écartelés entre un passé mort et un avenir imaginaire, des hommes sans présent (3) ».

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La Société des Anti-Politiques d'Aix   Etudes

par Jean-Baptiste Budjeia, Université de Lille (UMR 8529-IRHiS)

Les Antipolitiques étaient un club politique au recrutement très populaire, dans une ville « aristocratique ». Aix, capitale de l’ancienne province de Provence, fut près de trois ans capitale du jeune département des Bouches-du-Rhône. Parmi ses trois députés aux états généraux du Royaume, elle avait envoyé son archevêque, Boisgelin, et le tonitruant Mirabeau. Mais cette « façade aristocratique » ne doit pas laisser oublier qu’il existait dans cette ville un mouvement populaire fortement engagé dans le processus révolutionnaire, mouvement porté par des artisans et des cultivateurs qui s’établirent en cercle le 1er novembre 1790 et se choisirent un nom, les Antipolitiques, qui ne peut laisser indifférent. Être Antipolitiques ne signifiait pas être contre la politique, mais contre les hommes politiques, du moins contre les pratiques qui leur étaient associées, ces hommes étant perçus comme des intrigants gouvernant pour leurs intérêts propres contre la Chose publique et le « bonheur commun » ; on opposait, en somme, les intérêts particuliers à la vertu, nous y reviendrons. Des artisans et des cultivateurs qui doubleraient sur sa gauche la Société des Amis de la Constitution d’Aix, tenue par les robins de la ville, et rivaliseraient de prestige et de ferveur patriotique avec les puissants Jacobins marseillais.

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Dictionnaire Robespierre. Tome 2   Annonces

Introduction au second volume du Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l'Incorruptible, Trieste, EUT, 2022, dirigé par Cesare Vetter et Elisabetta Gon. La version électronique du premier volume est disponible sur le site de l'Université de Trieste, ainsi que quelques extraits du second volume.

Les mots de Robespierre par Cesare Vetter (Université de Trieste)

Ce deuxième tome du Dictionnaire Robespierre continue à proposer les concordances complètes de quelques mots - clés du lexique de Robespierre. Pour faire la comparaison entre les Œuvres de Robespierre et les Archives Parlementaires nous avons adopté aussi pour Robespierre les critères de Philologic4 (1) sur les fréquences relatives : occurrences d'un mot par rapport à 10.000 mots. Dans ce deuxième tome nous présentons donc pour chaque mot la fréquence absolue, la fréquence relative normalisée et la fréquence relative selon les critères de Philologic4.
Je laisse au lecteur le soin d'exprimer des évaluations et des considérations analytiques sur le matériel que nous présentons ici. J'espère aussi que le lecteur puisera des idées et sera incité à se poser de nouvelles questions et à procéder à de nouvelles conceptualisations. Le Dictionnaire est un outil de travail que nous mettons à disposition de la communauté scientifique.

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Une nouvelle histoire de l'humanité   Recensions

Par Aurélien Larné, à propos du livre de David GRAEBER et David WENGROW, Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité, Les Liens Qui Libèrent, 2021.

David Graeber, disparu le 2 décembre 2020, était un anthropologue étasunien, membre de la London School of Economics. Ses travaux touchent à des sujets divers et originaux. Il se fait connaître du grand public en développant le concept de bullshit job, somme de métiers inutiles mais surpayés, produits par le système politico-économique ultralibéral, qu’il oppose aux infirmiers, musiciens, jardiniers ou enseignants ne bénéficiant que d’une très modeste estime sociale. Dans son ouvrage sur Les pirates des Lumières ou La véritable histoire de Libertalia, il expose comment la démocratie pirate donna lieu à l’expérience de la confédération betsimisaraka, entre 1712 et 1803, à Madagascar. Sa somme, Dette : 5 000 ans d’histoire, décrit, de l’Antiquité à nos jours, comment la dette fonctionne comme instrument d’oppression et de contrôle (1). David Wengrow est archéologue et professeur à l’Institut d’archéologie de l’University College de Londres. Ils sont les deux auteurs d’un livre intitulé Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité qui a pour sujet l’origine des inégalités. Il s’agit d’un livre riche et stimulant dont le contenu ne peut être exposé en quelques lignes. Il est néanmoins possible d’en extraire les idées principales et de les discuter.

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Série Noire à la Une : "Les crimes de la Terreur"   En ligne

Présentation de ce podcast de la BnF :
"Juillet 1794 : alors qu'un complot renverse Robespierre, ses ennemis participent à la construction d'une période sombre, où la Révolution s'est trahie elle-même... Mais cette dénonciation de Robespierre ou Carrier en bourreaux sanguinaires n'est-elle qu'une invention ? Comment cette construction continue-t-elle d'irriguer notre imaginaire ?
Dans ce nouvel épisode de Séries Noires à la Une, décryptage de ce qui sera appelé « Terreur », période qui déchaîna les passions - y compris dans les journaux, tandis que le nombre de titres explose : la presse se fait autant outil de communication qu'outil pamphlétaire, le rôle des journalistes étant alors ambigu. La « Terreur » est l'histoire de vrais et de faux « coupables », de « crimes » avérés ou inventés. Des noyades de Nantes à la Guillotine, retour sur un récit et sur ses survivances depuis la Révolution."
Intervenants :
Corinne Gomez-Le Chevanton, Ingénieure d'étude au CNRS-Sorbonne Université.
Suzanne Levin, docteure en histoire moderne, chercheuse associée au laboratoire DYPAC à l'Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Jean-Clément Martin, professeur honoraire à l'Université Paris 1, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française, auteur de plusieurs ouvrages sur la Terreur et sur la mémoire de la Révolution et des guerres de Vendée.

Écouter le podcast

La Fin de l'Etat par Jacques de Cock   Recensions

Contrairement à ses ouvrages publiés à la suite de l’aventure des "Œuvres complètes" de Marat avec Charlotte Goetz, le dernier livre de Jacques de Cock, "La Fin de l’Etat", n’est pas consacré à la Révolution française. Il s’agit d’un court essai historique et philosophique sur la manière dont l’Etat moderne s’est construit dans un premier temps, à partir du XVIe siècle, contre les communautés historiques humaines, puis, dans un second temps, a envahi l’ensemble des aspects de la vie sociale jusqu’en 1914 et a, selon Jacques De Cock, pris la place de la société depuis lors.

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Œuvres de Robespierre tome XII - Compléments 2 (1778-1794)   Annonces

 OMR tome 12

Le tome XII des Œuvres de Robespierre publié par la Société des études Robespierristes est en vente par souscription jusqu'à la fin du mois de février sur le site de la SER.

Texte de présentation de la souscription

Œuvres de Maximilien Robespierre Tome XII, Compléments - 2 Paris, Société des études robespierrises, sortie le 3 mai 2022, 432 p., 30 €
(Edition préparée par Annie Geffroy, Corinne Gomez-le Chevanton et Hervé Leuwers,
avec le concours de Lionel Gallois et Thomas Vermeulen)

En 2011, avec le soutien d’une souscription lancée par la Société des études robespierristes, d’exceptionnels manuscrits de Robespierre entraient aux Archives nationales. Ce douzième volume des Œuvres donne désormais accès à leur transcription ; il rappelle aussi l’incroyable médiatisation de cet événement, qui soulignait l’actualité préservée de la Révolution, le débat sur sa mémoire, ou les passions suscitées par le personnage.

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Refaire le musée d’histoire de Paris   Réplique

Appel du 21 janvier 2022 à des États généraux et une consultation citoyenne

Par Laurent Hebenstreit

Le musée Carnavalet, musée historique de la Ville de Paris, recevait 500 000 visiteurs par an dont un millier de groupes scolaires. Sa réouverture est malheureusement un fiasco. Le traitement scandaleux de la Révolution française est le symbole du désastre.

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Que les révolutions sont belles… quand les insurrections populaires sont écrasées !   Actuel

Par Marc Belissa, Université Paris Nanterre.

« Vouliez-vous une révolution sans révolution ? (…) Qui peut marquer après coup, le point précis où devraient se briser les flots de l’insurrection populaire ? » Robespierre, 5 novembre 1792

Le 10 août 2021, les lecteurs du Monde ont pu découvrir, sous la plume du journaliste Antoine Reverchon, un exercice d’histoire contre-factuelle, intitulé « Et si, le 10 août 1792, l’émeute des sans-culottes avait été écrasée ? ».

Rappelons que l’histoire contre-factuelle (et non « l’uchronie » comme l’écrit l’article) a pour but de réfléchir aux problèmes de la causalité historique et de comprendre les mécanismes dynamiques des événements. Pour cela, il est indispensable d’avoir une vision à peu près claire des enjeux et des rapports de force à l’instant où l’on pense la divergence entre ce qui s’est passé et ce qui aurait pu se passer et surtout d’éviter les préjugés sur ce qui aurait « dû » se passer.

Le journaliste du Monde imagine donc que les Suisses du palais des Tuileries, aidés par les gardes du corps du roi et les membres de la Garde nationale soldée, réussissent à massacrer la troupe des insurgés parisiens et des fédérés des départements. À midi, « l’insurrection est matée ». Selon ce récit alternatif, les Girondins « décident de l’occasion pour se débarrasser des ultras de la cour apparemment triomphants et des sectionnaires ». Encore faudrait-il qu’ils en aient eu les moyens politiques mais pourquoi pas… mais là où l’on rentre dans « l’alternative » très alternative, c’est qu’Antoine Reverchon imagine un accord entre Robespierre, Danton et Vergniaud pour suspendre Louis XVI et imposer Dumouriez comme tuteur du prince royal. Robespierre, c’est bien connu, étant un opportuniste, se rallie donc à cette situation constitutionnelle.

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Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël   Etudes

par Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS.

La panthéonisation de Jean-Jacques Rousseau, le 20 vendémiaire l’An III (11 octobre 1794), célèbre l’héritage de l’auteur du "Contrat Social" qui traversa toute la Révolution. C’est un pic de reconnaissance.
Jonathan Israël, dans un ouvrage de près de 1000 pages sur les idées révolutionnaires (1) , cherche dans un premier temps à évaluer ce rousseauisme révolutionnaire décidément trop vague :

« Une grande variété d’acteurs de tous bords adorait Rousseau, de la portraitiste… Élisabeth Vigier le Brun (qui détestait la Révolution) au catholique révolutionnaire Fauchet, jusqu’à Robespierre et Saint-Just… Rousseau était le héros, tant de la droite que de la gauche, il acquit un prestige d’une ampleur sans pareille » (2).

À travers le défilé des grandes voix de la Révolution, Jonathan Israël tente de nuancer cette approche. C’est ainsi que Brissot (p. 81), Marie-Josèphe Chénier (p.84) (3), Nicolas Bergasse, passent sous le radar du Rousseauisme. Mais peut-on étendre ce Rousseauisme tout azimut à l’abbé Sieyès ? Jonathan Israël constate que la rhétorique des débuts de la Révolution trouve son lexique dans les premiers essais de l’abbé Sieyès : Essai sur les privilèges, Qu’est-ce que le Tiers-État ?, Vues sur les moyens d’exécution, Reconnaissance et exposition raisonnée des droits de l’homme… . « Sans être tout à fait Rousseauiste, Sieyès emprunte néanmoins à Jean-Jacques certaines expressions » écrit Jonathan Israël de manière évasive sans se lancer dans une identification précise de ces fameuses formules.

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« Fraternité » dans le lexique de la révolution française   Etudes

Fraternité et Révolution française : parent pauvre ou mot dans la bouche de tout le monde ?

Par Cesare Vetter et Elisabetta Gon, Université de Trieste

A la fin du texte, les auteurs proposent les concordances complètes des mots qui font partie de la famille lexicale de « fraternité» chez Hébert, Marat, Saint-Just et Robespierre.

La « fraternité » recouvre-t-elle un rôle de « parent pauvre » dans le lexique de la Révolution, comme l'affirme Mona Ozouf (1) et comme l'a unanimement et longtemps soutenu l'historiographie révolutionnaire ? À la lumière de nouveaux potentiels de recherche provenant de la numérisation des sources et du déploiement des instruments de la linguistique computationnelle, la réponse doit être reconsidérée : en partie oui, en partie non (2). Le nombre d'occurrences est modeste, non seulement par rapport aux deux autres mots de la devise républicaine (« liberté, égalité, fraternité») (3), mais aussi par rapport à la plupart des mots à forte teneur sociopolitique de la période révolutionnaire. Modeste mais non négligeable (4). Les études sur les corpora numérisés de la période révolutionnaire dont les chercheurs disposent, nous disent que « fraternité » n'est pas parmi les « mots qui sont dans la bouche de tout le monde» (5), cependant sa présence est significative tant en termes de fréquence absolue que de fréquence relative dans le discours public de la Révolution. Les évidences lexicométriques dont nous disposons en ce moment sont provisoires et pourraient changer suite à l'acquisition de nouveaux corpora numérisés. Elles semblent toutefois indiquer plutôt qu’un parent pauvre, un parent modeste, mais digne.

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Qu'est-ce que la "propriété" en 1792 ?   Textes

Qu’est-ce que « la propriété » pour les contemporains de la décennie révolutionnaire ? Se limite-t-elle à la propriété « bourgeoise » des biens matériels ? L’américain James Madison (1751-1836), alors membre de la Chambre des Représentants des Etats-Unis, répond dans un article non signé (la chose est alors courante) publié dans la National Gazette de Philip Freneau. Ce journal paraissant à Philadelphie est devenu au moment de la publication de l’article une sorte d’organe de ce que Madison appelle lui-même le « parti républicain » opposé à la politique du Secrétaire d’Etat au Trésor, Alexander Hamilton. Pour Madison, Jefferson (alors Secrétaire d’Etat dans le gouvernement de Washington), Freneau et tous ceux qui commencent à s’auto-désigner comme des « républicains » par opposition aux « monocrates » (qualificatif utilisé par les « républicains » pour désigner politiquement ceux que l’on appellera par la suite les « fédéralistes »), la politique menée par Hamilton, en prétendant défendre « la propriété » et la prospérité des Etats-Unis, vise à construire un système fisco-financier au bénéfice de spéculateurs sur la dette des Etats-Unis et plus généralement du « few » (c’est-à-dire du « petit nombre ») au détriment du « many » (c’est-à-dire du « plus grand nombre »). Madison, Jefferson et les « républicains » comme George Logan ou John Taylor élaborent une « politique économique républicaine » qu’ils opposent au système hamiltonien. La publication de cet article participe de cette réflexion et de cette élaboration en cours en 1792.

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Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre   Etudes

Avant propos de Jacques Guilhaumou (ENS Lyon), suivi de la présentation des concordances et collocations de la lexie jacobin(s) chez Robespierre, par Cesare Vetter et Elisabetta Gon (Université de Trieste).

Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre : évidences lexicologiques et lexicométriques

Par Jacques Guilhaumou, Directeur de recherche honoraire au CNRS en Sciences du Langage, UMR « Triangle », ENS LSH Lyon.

La dénomination de « Jacobins » renvoie au fait que les Dominicains sont appelés en France « Jacobins ». Le Club breton, en s’installant à Paris dans l’un de leurs couvents à la fin de 1789, le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré, s'autodésigne d’emblée « Société des amis de la constitution, séante aux Jacobins ». De fait, Robespierre utilise très souvent le nom de « Jacobins » pour désigner la « Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins », puis la « Société des amis de la liberté et de l’égalité séante aux Jacobins » (en résumé La Société des Jacobins), et de ce fait les Jacobins réunis en son sein. Le tableau des collocations de « Jacobins » (voir ci-après) avec 353 emplois présente en première ligne la série de mots avec leurs fréquences : La (65) – la (31) – Société (31) – club (10) des (121) Jacobins / Les (143) Jacobins, associés aux spécificités, la Tribune (13) des Jacobins, le club (10), la séance (13) des Jacobins. Il s’agit là d’un premier indicateur d’usages, de nature lexicométrique. Certes l’indexation des collocations renvoie à une diversité textuelle, d’une part les discours et les écrits de Robespierre, et d’autre part les comptes-rendus dans les journaux de ses interventions à la Société des Jacobins et la Convention.

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Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme   Annonces

 Bosc et Faye, Hannah Arendt, la révolution et les droits de l'homme

Introduction de l'ouvrage Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme, Paris, Kimé, 2019, 192 p., sous la direction de Yannick Bosc et Emmanuel Faye.

L’essai De la revolution, paru en 1963, représente, après Condition de l’homme moderne et La crise de la culture, le troisième essai de la série d’ouvrages dans lesquels Hannah Arendt expose sa pensée politique. Arendt se propose de tirer les leçons de l’histoire, en opposant ce qu’elle nomme le « désastre » de la Révolution française, aspirée par « la question sociale », aux leçons d’une révolution supposée réussie, incarnée par la « Déclaration des droits » américaine.

Il importait donc qu’historiens et philosophes analysent ensemble la façon dont Arendt envisage les Révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l’homme et la remise en cause de celle-ci dans la pensée contre-révolutionnaire d’Edmund Burke. La formule arendtienne du « droit à avoir des droits » amorce-t-elle par exemple, comme certains le soutiennent aujourd’hui, un tournant politique dans la considération des droits de l’homme ? Ne représente-t-elle pas plutôt une machine de guerre contre la notion de droit naturel qui se trouve au fondement de ces droits ?

La pensée d’Arendt correspond à la transposition, dans le champ explicitement politique, des « existentiaux » d’ Être et temps de Heidegger : l’être au monde et l’être en commun, ainsi que la reprise de la distinction schmittienne entre le politique et le social. C’est à partir de cette double référence que, faisant sienne la question de l’agir qui ouvre la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1947) et reprenant une formulation de Burke : act in concert, Arendt identifie le politique à l’« agir en commun ». C’est pourquoi la première question que pose son œuvre et sa réception consiste à se demander comment il est possible qu’une conception du politique aussi directement tributaire de la pensée de Heidegger, mais aussi de Schmitt, a pu être considérée comme susceptible de refonder la démocratie et les droits de l’homme.

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Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?   Annonces

 Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?

Colloque international,13-15 novembre 2019, CEDRE (PSL), EnCommuns (AFD), ERIAC (Rouen), GREECS (Barcelone), GRHis (Rouen), IRIHS (Rouen), UNINE (Neuchâtel), coordonné par Yannick Bosc (GRHis) et Christopher Hamel (ERIAC), Université de Rouen Normandie, Maison de l’Université - Salle divisible nord - 3 Place Émile Blondel, Mont-Saint-Aignan.

Ce colloque pluridisciplinaire constitue le second volet d’un projet dont le premier acte s’est tenu à l’Université de Barcelone (UB) les 15-17 novembre 2018, sous forme d’ateliers de recherche qui ont permis de définir les axes du présent colloque.
Le projet dans lequel il s’inscrit vise à articuler les problématiques du républicanisme, des communs et du droit à l’existence qui forment trois objets de recherche distincts et disciplinairement cloisonnés, ce qui tend à affaiblir leur portée théorique et politique.
En philosophie politique, le républicanisme repose sur le principe de liberté comme non-domination qui a été d’abord identifié dans l’histoire de la pensée républicaine, puis largement investi sur le plan de la théorie politique, plus rarement sur celui de l’économie politique.
Un commun désigne un dispositif politique constitué d’un bien commun matériel ou immatériel, adossé à des règles qui en organisent l’usage. Celles-ci sont définies par une communauté ou une assemblée qui l’administre. Un commun renvoie à l’idée d’une propriété partagée.
Le droit à l’existence s’inscrit dans la tradition du droit naturel selon laquelle la raison d’être des sociétés humaines réside dans la garantie du droit à l’existence matérielle et politique de ses membres. La tradition du droit naturel repose sur le principe de liberté comme réciprocité. Le droit à l’existence est en particulier associé aux pratiques démocratiques étudiées par les historiens de la Révolution française.

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Gertrud Kolmar. Robespierre, poésie et portrait   En ligne

Gertrud Kolmar, Robespierre, Poésie suivi de Le Portrait de Robespierre. Édition bilingue. Traduit de l’allemand et postfacé par Sibylle Muller, Éd. Circé, 214 p.

Cousine de Walter Benjamin, Gertrud Kolmar était une jeune femme cultivée issue de la bourgeoisie juive, qui se sentait parfaitement intégrée à l’Allemagne. Parlant russe et français, elle vécut un temps à Dijon. Elle enseigna, s’occupa d’enfants, mais surtout, elle écrivit. Son œuvre courte, mais forte, à laquelle la guerre et la déportation mirent fin, fut heureusement sauvée du désastre grâce à sa sœur Hilde. Astreinte en 1941 au travail forcé dans une usine berlinoise, elle fut déportée et mourut en mars 1943 à Auschwitz, à moins de cinquante ans. Ce n’est qu’en 1951 que la République fédérale la déclara officiellement décédée.

La publication de ces poèmes et du portrait de Robespierre, écrits au tout début du nazisme, prend un regain d’intérêt dans notre époque où passe furtivement l’ombre des années Trente, quand vacillaient les principes issus de la Révolution. Les interrogations face à un avenir incertain se ressemblent beaucoup, quels que soient l’heure et le lieu … Gertrud Kolmar en tout cas avait en son temps de bonnes raisons de s’inquiéter pour son pays et pour elle-même. Elle sentit très vite que son monde allait être mis à feu et à sang. Est-ce cela qui la conduisit à s’interroger sur une autre période de troubles et de souffrances, la Révolution Française, et plus spécialement la Terreur ? Tandis qu’elle voyait fleurir les dictatures et pressentait le désastre imminent, voulut-elle retrouver, sous les poussières de la carrière, les traces de l’antique Vertu qu’elle croyait logée dans le cœur de Robespierre, guidant sa pensée et son bras ? Elle donne en tout cas une vérité poétique à ces quelques mois qui furent ressentis comme un cataclysme en France et dans le monde.

Lire la suite de la présentation de Jean-Luc Tiesset sur le site En attendant Nadeau.

Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre   Annonces

 Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre

Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre, Paris, Éditions Critiques, 2019, 208 p.

Je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela,
je ne veux être que cela ; je méprise quiconque
a la prétention d'être quelque chose de plus.
Robespierre

La représentation politique ne commence pas avec la Révolution française et le peuple n’a pas attendu 1789 pour s’intéresser aux affaires de la cité. Les pratiques médiévales mobilisées à l’occasion des élections d’assemblées sous l’Ancien régime (états généraux, provinciaux, communes urbaines et rurales, communautés de métier etc.) constituent même le socle de la culture politique à partir de laquelle la Révolution se déploie. En revanche, c’est avec la Révolution française qu’une nouvelle question se pose concrètement et non plus seulement théoriquement dans les traités philosophiques : comment concevoir la représentation d’un peuple déclaré souverain, c’est à dire d’un peuple qui dispose en droit du pouvoir et sur lequel repose toute légitimité politique, celle du roi comprise ?
Notre actualité résonne du désaveu des politiques, de la crise de la représentation et de la montée de l’abstentionnisme depuis longtemps. Pourtant, ceux qui aujourd’hui convoquent les « valeurs » républicaines au chevet du malade ne se penchent que rarement sur la souveraineté populaire qui est censée en être la base. Au contraire, la souveraineté, lorsqu’elle est réaffirmée dans l’espace public, est d’emblée suspectée de « souverainisme », de « populisme », de « repli nationaliste ». L’extrême droite est systématiquement mise en avant afin de discréditer l’idée même de souveraineté populaire et d’en occulter la nature fondamentalement démocratique. Réduisant le mouvement populaire des gilets jaunes à une foule, les relais du pouvoir ont ainsi exhumé l’ochlocratie (la foule, le vulgaire détenant le pouvoir) pour désigner ce que les thermidoriens nommaient l’anarchie : le fait de se constituer peuple souverain, c’est-à-dire d’agir comme tel.

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La Guerre du blé, au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique   Annonces

La guerre du blé au XVIIIe siècle, éd kimé

Extrait de la préface, rédigée par Florence Gauthier, pour la réédition de l'ouvrage qu'elle a dirigé avec Guy Ikni, La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique, Paris, Kimé, 2019, 332 p.

Depuis les années 1960-1990, période dominée par une interprétation économiste de l’histoire, qu’elle soit « néolibérale » ou « marxiste », les travaux de l’historien Edward Palmer Thompson ont ouvert un chantier nouveau, dans l’étude de la culture populaire, rurale et urbaine, du XVIIe au XIXe siècle et depuis.
En 1988, avec Guy Ikni, nous avons publié La Guerre du Blé au XVIIIe siècle, grâce aux Éditions de la Passion, et en particulier à un de ses fondateurs, Jean-Pierre Miniou, comme un hommage à E.P. Thompson, bien vivant, et dont l’article « L’Économie Morale de la foule, en Angleterre au XVIIIe siècle », n’avait pas encore été traduit en France. Cet article nous avait particulièrement intéressés, car nous rencontrions dans nos recherches sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution française en particulier, une problématique très proche, avec ses spécificités bien sûr. Et nous avons demandé à des historiens intéressés par ce projet de nous rejoindre.
Je venais d’achever une thèse d’histoire sur la communauté villageoise en Picardie, avec son organisation économique, sociale et politique, centrée sur le système agraire communautaire et son assemblée générale des habitants des deux sexes, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis le Moyen-âge et l’Ancien régime, les communautés villageoises - dont l’existence précédait la féodalité et la monarchie constituées ultérieurement - possédaient leur propre système de droit et leurs archives. De son côté, Guy Ikni avait entrepris une thèse sur la paysannerie dans l’Oise, qu’il acheva en 1993 (1).

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Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez   Annonces

 Belissa Dumouriez

Le moment thermidorien de Charles-François Dumouriez, Œuvres politiques (1795), Paris, Kimé, 2019, introduit, édité et annoté par Marc Belissa - Université Paris Nanterre.

Présentation

Pour comprendre la complexité de la période thermidorienne — entre l’exécution de Robespierre et l’installation du Directoire — il est nécessaire de revenir aux réflexions des contemporains de l’événement et à leur lecture des processus en cours. Parmi les commentateurs de ce "moment thermidorien" figure un personnage particulièrement intéressant du fait de son positionnement politique original, antirépublicain mais opposé à la contre-révolution : l’ancien général Charles-François Dumouriez, alors en exil depuis sa trahison de 1793. Dans une série de cinq textes de combat publiés en Allemagne entre mars et décembre 1795, Dumouriez analyse à distance le processus de rupture entamé avec l’élimination des robespierristes, qui se poursuit par la répudiation de la constitution de 1793 et la fondation d’un nouveau régime : la république des propriétaires. Les thermidoriens entendent « terminer la Révolution », en finir avec la « Terreur » et refonder la république comme le gouvernement des « meilleurs » selon le mot de Boissy d’Anglas. Partisan d’une monarchie constitutionnelle et « nationale », Dumouriez encourage les thermidoriens à rompre avec le passé révolutionnaire et à aller plus loin dans la remise en cause de la « Terreur » et de la République. Situé à la « droite » de l’échiquier politique, Dumouriez défend une alternative monarchiste « modérée » à la République. Son point de vue décalé est révélateur de l’étendue des possibles dans ce moment charnière et peut être vu comme une anticipation de la politique monarchiste « libérale » qui sera à l’œuvre sous la Monarchie de Juillet après 1830.
Cette édition présentée, commentée et annotée des œuvres politiques de 1795 du général Dumouriez entend non seulement sortir ces textes de l’oubli (ils n’ont jamais été réédités depuis leur parution) mais aussi contribuer à les replacer dans le cadre des réflexions historiques sur ce "moment thermidorien" fécond en réflexions sur le sens de la Révolution et sur l’histoire de la République et de la Monarchie en France.

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Comment peut-on être robespierriste ?   Recensions

Par Olivier Tonneau, Université de Cambridge

Le livre de Marcel Gauchet "Robespierre, l'homme qui nous divise le plus" récemment paru a suscité cette réponse d'Olivier Tonneau, enseignant chercheur à Cambridge et auteur de "Maudite Révolution" dont nous avons rendu compte sur notre site. La version originale de cet article est parue sur le site En attendant Nadeau Nous publions ici une version de cet article avec les notes de bas de page.

« Le moment est venu », déclare solennellement Marcel Gauchet, de nous accorder sur « l’homme qui nous divise le plus » parce qu’il incarne, pour les uns, l’idéal démocratique dans toute sa pureté, pour les autres, l’idéologie totalitaire. Puisque l’auteur entend dépasser « la querelle des robespierristes et des antirobespierristes » (1), on pouvait espérer que son essai en renouvelle les termes. Il n’en est pourtant rien. On trouve dès l’introduction les affirmations fondamentales de la thèse antirobespierriste classique (2) : l’ouvrage montrera comment « l’ambition de donner toute leur extension aux droits de l’homme allait pouvoir basculer vers un système inédit d’oppression » (3), basculement qui coïncide avec la transformation de l’ « incorruptible » Robespierre en « tyran » (4).

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La vertu dans le lexique de Robespierre : évidences lexicologiques et lexicométriques   Etudes

Par Cesare Vetter et Elisabetta Gon, Université de Trieste

Chez Robespierre, dimension morale et dimension politique sont étroitement liées. Au cours de l'été 1791 Robespierre affirme ainsi que la « politique (…) des fondateurs de la liberté » ne peut « être que la morale même » (1). Dans son discours Sur les principes de morale politique (5 février 1794) il souligne que « dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire » (2). La contre-révolution, avant d'être une « contre révolution politique » est une « contre-révolution morale » (3). Le point de convergence de ce puissant entrelacement entre morale et politique est la vertu. La tâche du législateur est de «conduire les hommes au bonheur, par la vertu, et à la vertu, par une législation fondée sur les principes immuables de la morale universelle, et faite pour rétablir la nature humaine, dans tous ses droits et dans toute sa dignité première » (4). La vertu permet aux hommes d’ « attacher leur bonheur individuel au bonheur public » (5).
La notion de vertu a toujours été au centre de la réflexion historiographique sur la pensée de Robespierre. Nous nous limiterons ici à quelques considérations d'ordre général et à proposer en avant-première à la communauté scientifique les concordances complètes de la lexie « vertu(s) » dans les onze volumes des Œuvres de Robespierre, que nous avons composées pour le deuxième tome du Dictionnaire Robespierre (voir la présentation du premier volume), en cours d'élaboration avancée (6).

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Maudite révolution ! Reprise   Annonces

Maudite révolution ! d'Olivier Tonneau est au Théâtre Pixel tous les vendredis soir à 21h30 du 12 octobre au 9 novembre.

« Pourquoi Nedjma, 15 ans, se passionne-t-elle pour Robespierre ? Pourquoi la révolution est-elle, dans toute l’histoire de France, la seule chose qui la concerne ? Un homme cherche à comprendre. Il découvre comment la révolution est devenue le mythe fondateur de la république coloniale mais aussi comment elle a survécu dans les paroles et les actes de ceux-là mêmes que la France opprimait. A la recherche de Nedjma, il rencontre Robespierre, Saint-Just, Toussaint Louverture, Jules Vallès, Aimé Césaire, Yacine Kateb ou encore Thomas Sankara : le désir d’une rencontre ravive l’aspiration révolutionnaire. »

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Le théâtre Pixel

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale   Annonces

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, éditions critique

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, Paris, Éditions Critiques, 2018, 368 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage regroupe les principaux textes que Mathiez a consacrés à Robespierre. Nous proposons ici l'un d'entre eux, intitulé "Robespierre", une conférence organisée par le Groupe Fraternel du XIIIe et par la 7e Commission de l'USTICA (Union syndicale des techniciens de l'industrie, du commerce et de l'agriculture), publiée en 1924 par les éditions de la Maison des Jeunes.

Citoyens,
Aucun homme d’État de la Révolution n’a été plus populaire pendant sa vie que celui que les contemporains surnommèrent dès la Constituante du beau nom d’Incorruptible, aucun pourtant n’a été plus tristement calomnié après sa mort ni plus bassement outragé. On imprime couramment, jusque dans les livres scolaires qui servent à l’éducation des enfants de l’école laïque, qu’il fut un pieux calomniateur, un mystique assassin, un hypocrite sanguinaire, un ambitieux sans scrupules, on lui dénie jusqu’au talent, jusqu’à l’éloquence. On en fait un cerveau médiocre, une âme rétrécie. Quand ces gentillesses s’étalent sous la plume d’académiciens, d’écrivains bien-pensants, de remparts de l’ordre établi, cela s’explique, et il est naturel que Robespierre, qui a incarné la démocratie la plus hardie et qui l’a faite triompher tant qu’il a vécu, soit toujours poursuivi par la haine des ennemis de la justice et du progrès.

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Maudite révolution !   Annonces

Une pièce d’Olivier Tonneau, par la Compagnie Tabasco. Dimanche 28 janvier à 15h, Théâtre El Duende, 23 rue Hoche, 94200 Ivry-sur-Seine. Réservations : theatre-elduende.com ou 01 46 71 52 29. Présentation :

Liberté, égalité, fraternité: c'est à Robespierre que la France doit la belle devise qui orne tous ses bâtiments publics. Mais elle n'en fut pas toujours digne. Elle s'en est même autorisée pour justifier les pires exactions : le colonialisme, les discriminations, les guerres…
La pièce retrace l'éveil politique d'un homme confronté à des œuvres littéraires, débats parlementaires, journaux intimes, pamphlets politiques joués par deux comédiennes. Proposant une forme de théâtre documentaire, Maudite révolution tisse ainsi la trame, au fil des âges et sur tous les continents, de la lutte sans cesse recommencée pour les droits de l'homme. Redécouvrir la révolution par ses marges permet que le mythe national redevienne aspiration universelle.

La pièce sur le site du Théatre El Duende

La présentation d'Olivier Tonneau sur son blog

Le voyage des Républiques anglaises dans l'espace européen aux XVIIe et XVIIIe siècles   En ligne

Numéro 8 (juin 2017) de Philosophical Enquiries. Revue des philosophies anglophones, sous la direction de Luc Borot et Myriam-Isabelle Ducrocq, consacré à la circulation des modèles républicains anglais :
"Nous publions ici les actes du séminaire qui s’est tenu à l’Institut de Recherches sur la Renaissance et les Lumières à l’Université Paul Valéry de Montpellier de 2015 à 2017. Il sera question du voyage des Républiques anglaises dans l’espace européen, à partir de la période fondatrice des années 1650. Voyage physique tout d’abord : celui des républicains en exil ou de personnes aux sympathies républicaines en simple déplacement sur le continent, voyage de découverte vers l’Angleterre, spécifiquement motivé par un intérêt pour sa culture politique, voyage également des livres emportés avec soi. Voyage métaphorique ensuite : celui des thèmes, des références, des idées, parfois véhiculées par la traduction, qui s’incorporent à une nouvelle manière de penser."
Au sommaire : Harrington (son épistémologie de la science politique, sa traduction sous la Convention, son influence sur Sieyès), Barnave, Mirabeau, Robespierre, les républicains anglais en exil, la Pologne, le débat anglais sur la Révolution française.

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La terreur des sans-cravates   Actuel

Les députés de La France Insoumise se sont présentés sans cravate à l'Assemblée. Extrait d'un article qui s’en inquiète vivement, publié dans Challenges le 27 juin 2017 et intitulé "Mélenchon, Ruffin et les Sans-cravates : une menace à prendre au sérieux", où l'on fantasme sur le peuple et la Révolution :

" "La question des codes vestimentaires a été portée par notre camp. Par exemple par le Tiers-État lors des États généraux" a déclaré Jean-Luc Mélenchon. (...) L’assimilation Sans-culottes et Sans-cravates ne relève pas du simple divertissement. Elle est une arme politique de destruction massive du système. Quand Mélenchon dit: "Il y avait des Sans-culottes, il y aura désormais des Sans-cravates", il ne plaisante pas. Il pose très sérieusement les bases de la lutte politique qu’il entend mener. Le peuple contre les aristocrates. Les floués contre les nantis. Les pauvres contre les riches. Le bas contre le haut. Application à la lettre des préceptes politiques de l’idéologue d’extrême gauche qui a pensé Syriza et Podemos, Chantal Mouffe, qui entend "Construire un peuple" pour l’amener à remplacer le peuple ancien.
Mélenchon et Ruffin ressuscitent effectivement la Révolution. Non pas l’esprit des constituants de 1789, mais plutôt celui des Hébertistes de 1793. Avec eux, c’est l’esprit du Père Duchesne (le Fakir de l’époque) qui entre à l’Assemblée nationale, comme il était entré à la Convention avec Hébert, Roux et Chaumette et les Enragés. Ceux-là aussi entendaient « se mettre à la portée de cette classe peu instruite du peuple qui ne pourrait comprendre d’importantes vérités si elles n’étaient énoncées avec des expressions qui lui sont particulières ». Ils en firent tellement qu’à la fin, les jugeant dangereux, Robespierre lui-même finira par les envoyer là où ils rêvaient d’envoyer l’oligarchie de l’époque. Le destin des Sans-cravates sera-t-il aussi tragique que celui des Sans-culottes ?"

Lire l'article dans Challenges

Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française   Annonces

 Mathiez Révolution russe et Révolution française

Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française, Paris, Éditions Critiques, 2017, 140 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage rassemble les textes publiés par Mathiez sur les Révolutions russes et l'URSS, de 1917 à 1931. Nous en proposons ici un extrait : "La chute de Kerenski", article paru dans Le Petit Comtois du 10 novembre 1917 (28 octobre dans le calendrier julien), deux jours après la Révolution d'octobre.

La Révolution Russe continue à se développer sur le rythme de la Révolution française, et cela n’a rien de particulièrement surprenant, quand on sait que les intellectuels qui en ont pris, je ne dis pas la direction (!), mais l’initiative, étaient tous nourris des œuvres de nos grands historiens et vivaient dans notre glorieux passé, encore plus hélas ! que dans le présent. Donc le Girondin Kerenski est abattu par les Montagnards que nous appelons aujourd’hui les Maximalistes.

Comme les Girondins d’autrefois, Kerenski est victime de l’équivoque fondamentale de sa politique. Il voulait continuer la guerre, pensée louable ! mais il ne voulait pas malheureusement les moyens d’intéresser le peuple à cette guerre. Il a retardé la solution de la question agraire, question capitale dont j’ai essayé ici même d’exposer sommairement les données. Refusant aux paysans la terre objet de leurs désirs, il n’a pu les entraîner derrière lui. Ses vainqueurs, dans leur proclamation d’hier, déclarent qu’ils remettront immédiatement la terre aux paysans. Ainsi, après la chute de la Gironde, les Montagnards abolissaient sans indemnité les derniers droits féodaux qui subsistaient encore en France.

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Thomas Paine, A Transatlantic Republican Between Two Revolutions   Annonces

JEAH Thomas Paine

Le dernier numéro du Journal of Early American History (vol. 6, n° 2- 3, 2016) propose un dossier Thomas Paine s'appuyant sur les contributions présentées lors du deuxième colloque international Thomas Paine organisé par Marc Belissa à Paris Ouest Nanterre en septembre 2014 avec le soutien de la COMUE Paris Lumières, des Thomas Paine Studies at Iona College et de la Thomas Paine Historical Association. Nous en proposons l'introduction.

Par Marc Belissa, Université Paris Ouest Nanterre – CHISCO et Gary Berton, Secretary of the Thomas Paine National Historical Association and Coordinator of the Institute for Thomas Paine Studies

Thomas Paine said the American Revolution was the cause of all mankind.(1) In France, sixteen years later, he said the French Revolution was also the cause of all mankind, and it was not a contradiction. He regarded both as the same revolution – the same revolution that was brewing as well in England. To understand Paine is to see him as a transatlantic revolutionary and democratic theorist. His principles were universal, and it was these first principles that he repeatedly referred to and promoted. They weren’t confined to a particular nation, although he adapted them to particular circumstances. They weren’t ephemeral or dependent on those circumstances. They defined an Age – the Age of democratic revolutions(2) that began with Common Sense and continues to today. Each of his key works quickly became international best-sellers and Common Sense’s influence in Europe was as great as Rights of Man’s influence on American politics. Paine must be regarded as an international political philosopher in order to come to grips with his influence and legacy, and to analyze his principles with regard to what have developed as « republics », and what has happened to « democracy ».

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Réponse de Jean-Clément Martin à la recension d'Anne-Marie Coustou   Réplique

Jean-Clément Martin nous a adressé cette réponse à la recension de son ouvrage Robespierre, la fabrication d'un monstre par Anne-Marie Coustou. Nous la publions intégralement. A la différence de Jean-Clément Martin, nous ne voyons dans cette recension ni propos "diffamatoires" ni "procès politique" mais une critique argumentée de son livre.
La rédaction

Intitulé « Robespierre, la fabrication d’un médiocre », le texte de Mme Coustou consacré à mon livre Robespierre. La fabrication d’un monstre accumule tant de déformations et d’accusations mensongères, que j’attends de la revue qui l’a diffusé, Révolution Française.net, la publication de ma réponse et une mise au point désavouant des propos inexacts voire diffamatoires. La recherche systématique de confusions, d’intentions perverses et de désinformations est inadmissible d’autant qu’elle s’appuie sur des citations tronquées ou mal comprises, voire dévoyées.

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Robespierre, la fabrication d’un médiocre   Recensions

Par Anne-Marie Coustou, Professeur d'histoire-géographie

A propos de l'ouvrage de Jean-Clément Martin, Robespierre, la fabrication d’un monstre, Paris, Perrin, 2016, 400 p.

Paru après Robespierre, la fabrication d’un mythe, de Marc Belissa et Yannick Bosc (2013), l’ouvrage de Jean-Clément Martin au titre quasi identique ne propose pas, à la différence du premier, de revenir sur la construction des légendes noires ou dorées de l’Incorruptible. L’introduction qui s’ouvre sur l’épisode du pseudo-masque de Robespierre que l’auteur qualifie de « quasi-comique » nous en donne l’objet. L’on pourrait penser que l’aspect « quasi-comique » résiderait dans ce montage cousu de fil blanc censé révéler « la vraie tête » du révolutionnaire. Mais pour l’auteur, c’est la réaction des défenseurs de l’Incorruptible qui est risible car «… aujourd’hui comme hier, écrit-il, on peut débattre sans crainte de la violence de Marat, de la vénalité de Danton ou de la frivolité de la reine, alors que l’épiderme national demeure sensible dès qu’on l’évoque (Robespierre) » (p. 1 et 2). Cette « crainte du débat » ne semble pas très dissuasive au vu du nombre de biographies et articles dépréciatifs parus sur l’Incorruptible. Par contre, cette « crainte » s’avère révélatrice du propos de l’auteur dont l’objectif est de libérer la parole sur Robespierre et, en quelque sorte, de déverrouiller le débat à son sujet. Le propos du livre consiste donc « à expliquer pourquoi il est le seul dans ce cas » alors qu’il est, selon Martin, un révolutionnaire parmi tant d’autres, pas même franchement remarquable par ses prises de position, ni même le plus attaché aux principes ou le plus désintéressé.

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XVIIIe siècle : La République sociale avant la république   Entretiens

En relation avec le colloque "Modernités Républicaines", La Fabrique de l'histoire, l'émission d'Emmanuel Laurentin sur France Culture était consacrée le mercredi 23 novembre à la question des origines de l'idée républicaine au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française. Marc Belissa et Stéphanie Roza sont intervenus dans cette émission au cours de laquelle ont été lus des extraits de textes de Rousseau, Mably, Robespierre et Billaud-Varenne. On pourra retrouver le replay de l'émission sur le site de France Culture. Présentation :
"Les historiens de l'idée républicaine, et en particulier l'école de Cambridge représentée par Quentin Skinner, considèrent la liberté de l'individu et les vertus civiques comme centrales dans la définition de cet idéal à l'âge des Lumières. Mais n' oublient-ils pas qu'à cette même époque, en France, les écrits de Rousseau propageaient, avant même la Révolution, l'idée de souveraineté du peuple qui sous-entendait l'égalisation des conditions sociales ? La République sociale est-elle née avant même 1792 et la république formelle ?"

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Mélenchon avec Robespierre le 9 thermidor   Actuel

La Révolution française est, jusqu'ici, bien peu présente dans les débats de la "pré-campagne" électorale pour la présidentielle de 2017. Dans une nouvelle émission de télévision intitulée "Et si c'était vous" de la chaîne "Toute l'histoire" et en collaboration avec le journal "Le Monde", le psychanalyste Gérard Miller et le journaliste Nicolas Truong interrogent Jean-Luc Mélenchon en l'invitant à remonter le temps jusqu'au 9 thermidor an II et à le redescendre jusqu'à nos jours pour analyser les traces de la Révolution dans les projets politiques contemporains.
Depuis 2011 et l'achat par l'État de manuscrits de l'Incorruptible, le fantôme de Robespierre — quasi disparu depuis le Bicentenaire — réapparaît régulièrement dans les usages politiques contemporains de la Révolution française. Jean-Luc Mélenchon est le "politique" qui se réfère le plus souvent à la figure de Robespierre. Un nouveau chapitre de l'histoire de la "fabrication du mythe" telle que Marc Belissa et Yannick Bosc l'ont évoquée dans leur Robespierre.

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Robespierre et la question de la guerre   Synthèses

Par Anne-Marie Coustou, professeur d'histoire-géographie

S’intéresser aux idées que défend un homme politique, et surtout un révolutionnaire, à propos de la guerre et de l’armée, c’est le meilleur moyen d’appréhender sa conception des droits des peuples et des relations des peuples entre eux, ou plutôt, comme on disait au XVIIIe siècle, du droit des gens. C’est pourquoi il est si important de connaître les idées et l’action de Robespierre dans ce domaine.
D’autre part, le problème de la guerre est au cœur des problématiques de la Révolution française car, comme toutes les révolutions, elle ne peut s’analyser comme un fait purement national, les perspectives qui s’offraient à elle étant étroitement liées avec la situation dans les monarchies européennes voisines. Or, quelle était la situation de la France par rapport à l’Europe dans les années qui ont suivi 1789 ?

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Rue Robespierre à Paris, fin et suite   Actuel

Dans le prolongement de la proposition du groupe UDI-Modem de créer un parcours « Révolution française » dans l’espace public parisien, Danielle Simonnet, conseillère de Paris (FG), a soumis au Conseil de Paris le vœu "qu'une rue, une place ou un lieu de mémoire à Paris" soit consacré à Robespierre. Cette demande appuyée par une lettre ouverte d'historiens à Anne Hidalgo, Maire de Paris, a été finalement rejetée alors que les présidents des différents groupes semblaient s'accorder sur le principe d'une mission qui en étudierait l'opportunité.

Lire le commentaire de Danielle Simonnet, voir la vidéo de son intervention

Dictionnaire Robespierre   Annonces

Dictionnaire Robespierre

Publication en français du premier volume sur huit prévus du Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l’Incorruptible, de Cesare Vetter, Marco Marin et Elisabetta Gon de l'Université de Trieste. Une partie est accessible sur le site des Éditions de l'Université de Trieste. Nous en proposons ici la présentation et ci-dessous l'introduction de Cesare Vetter : "Le Dictionnaire Robespierre, étape intermédiaire entre la création d'un corpus numérisé de la Révolution française et la mise en œuvre d'une banque de données" :

Je présente ici la matérialisation d'un rêve que je caresse depuis très longtemps. Dès que nous avons commencé notre travail de numérisation – auprès du Département de Sciences Humaines de l'Université de Trieste – sur certaines sources importantes de la Révolution française, dans la perspective de pouvoir réaliser des analyses lexicologiques et lexicométriques, j'ai été séduit par l'idée de proposer à la communauté scientifique un instrument de travail permettant de vérifier avec précision l'emploi de certains mots clés dans le lexique de Robespierre. Il s'agit d'une étape intermédiaire vers la création d'une banque de données globale concernant le matériel numérisé sur la Révolution Française à notre disposition, ouverte à tout le monde et interrogeable par des logiciels d'analyse linguistique appropriés. La banque de données demeure encore un objectif lointain pour des raisons de financement et de droits d'auteur, que j'espère résoudre dans l'avenir.

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Robespierre et la question du droit de guerre et de paix   Réplique

Par Anne-Marie Coustou-Miralles

Dans sa récente biographie de Robespierre, l’historien Jean-Clément Martin reprend à son compte la critique émise par Manon Roland, qui haïssait Robespierre et cherchait à le faire passer pour un personnage médiocre, critique selon laquelle la stratégie de l’Incorruptible aurait consisté à « reprendre des idées émises par d’autres et à les mettre en forme » (1). Comme exemple « frappant » illustrant cette prétendue stratégie, il cite le débat sur le droit de guerre et de paix qui s’ouvrit à l’Assemblée constituante le 15 mai 1790. C’est donc sur cet exemple précis choisi par l’auteur lui-même que nous analyserons la validité de cette critique faite à l’Incorruptible.

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La terreur des droits de l'homme   Annonces

Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme, Kimé

Introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme. Le républicanisme de Thomas Paine et moment thermidorien, Paris, Kimé, 2016, 297 p.

« C'est en s'entraînant à modifier le regard
qu'on obtiendra de nouvelles vues des choses. »
Jean Dubuffet, Bâtons rompus, 1986

Thomas Paine est le personnage principal de cette histoire qui se déroule pendant la Convention thermidorienne, au cours du débat constitutionnel de l'été 1795, à un moment stratégique de la Révolution française. Pourtant, ni le principal protagoniste, ni la Constitution de 1795 ne semblent de prime abord nous placer au cœur de l'épopée révolutionnaire telle que nous avons l'habitude de l'entendre racontée. Rares sont en effet les historiens qui ont étudié le rôle de Thomas Paine dans la Révolution française. Ils sont encore moins nombreux à s'y être intéressé dans le moment thermidorien, cette période d'entre-deux qui suit l'exécution des robespierristes après le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et engendre le Directoire. Outre le fait que cette étude se focalise sur un acteur certes célèbre mais apparemment périphérique et une période qui le semble également, elle perturbe encore le récit classique en associant ce qui est ordinairement dissocié : la Terreur et les Droits de l'homme. Pour comprendre ces paradoxes penchons-nous d'abord sur Paine qui en est un à lui seul.

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Retrouver la Révolution   Actuel

Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L

Sur Médiapart, entretien autour du dernier roman de Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L, 256 p. Extraits :

"L’Histoire ne s’impose pas avec des formes établies, naturelles : ce sont les hommes qui font l’Histoire, même si nous ressentons tous aujourd’hui l’impression que rien ne va plus, que nous sommes à bout et au bout d’un système, d’une civilisation. D’où la nécessité d’un changement du cadre de pensée. Voilà pourquoi je me suis intéressée à ce grand changement de cadre de pensée que fut la Révolution française. On est alors passé de l’acceptation des sujets soumis aux privilèges à un refus d’une telle inégalité, jugée anormale. Nous y revoilà, face à la domination exercée par le capitalisme néolibéral, qui se promeut en horizon indépassable. Alors comment ? Tout le monde cherche, c’est précisément ce que décrit mon livre…"
"L’idée de ce roman est née de la réédition de La Révolution française d’Albert Mathiez, en 2012. Je l’ai alors relu, retrouvant l’enthousiasme ressenti lorsque j’étais étudiante. Je me suis mise à lire Robespierre et Saint-Just, découvrant chez eux, par-delà les formules impressionnantes, l’incroyable force des mots. Et j’ai eu envie que ces mots, oubliés ou dont nous n’avons jamais eu connaissance, vivent à nouveau, pour tout le monde. L’écrivain œuvre à redonner de la densité au langage et rien n’était plus exaltant que d’organiser la circulation d’une telle parole parmi des personnages, ici et maintenant. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que tout le monde ne soit pas d’accord : il y a un colleur d’affiches d’extrême droite, une mère raciste attendant son enfant à la porte de l’école, ou encore un membre de l’Académie française, qui ne voient pas du tout les choses comme Mathias…
Oui, j’ai ressenti une grande jubilation à offrir en partage cette langue révolutionnaire, qui pourrait être parmi nous, qui devrait être parmi nous."

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Terreur, vertu, amitié, authenticité   Recensions

Marisa Linton Choosing Terror

A propos de l'ouvrage de Marisa Linton, Choosing Terror. Virtue, Friendschip and Authenticity in the French Revolution, Oxford University Press, 2015, 323 pages.

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

« Existe-t-il, relativement à l’authenticité de l’expression des sentiments, un jugement de « spécialiste » ? (...) ‘L’authenticité d’une expression ne peut être démontrée, elle doit être ressentie’ -Soit -, mais que fait-on de l’authenticité, une fois celle-ci reconnue ? » (Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, Paris, Gallimard, 2004, p. 318)



Auteure d’un précédent ouvrage, paru, en 2001, sur The Politics of Virtue in Enlightenment France, Marisa Linton nous propose présentement un étude particulièrement originale sur les pratiques discursives des dirigeants du Club des Jacobins à Paris entre 1789 et 1794. De manière plus précise, son objet de recherche porte sur l’authenticité du langage politique propre au jacobinisme, ce que j’appelle le savoir politique jacobin, dans ses liens avec les circonstances historiques. A ce titre, Marisa Linton se considère comme une historienne du discours, tout en insistant fortement sur son orientation contextualiste. En effet, elle précise d’emblée les enjeux de son investigation dans les termes suivants : « In this book, I have investigated the relation between revolutionary ideas and the actuel practice of politics. I have tried to retain a sense of how people chose to use the language » (p. 15, c’est nous qui soulignons). Comment faut-il entendre une telle référence aux choix individuels, peu fréquente dans l’historiographie de la Révolution française ? En quoi permet-elle d’élaborer une méthode nouvelle d’approche du discours jacobin ?

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Clore le gouffre de la Terreur   Etudes

Par Françoise Brunel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Clore le gouffre de la Terreur » (1), est la version française originale de la communication présentée à la Conférence internationale sur la Terreur dans la Révolution française organisée, à Stanford University les 10-13 décembre 1992, par Keith Michael Baker, Steven Lawrence Kaplan et Colin Lucas. Le texte a été publié en anglais sous le titre « Bridging the Gulf of the Terror » dans The French Revolution and the Creation of Moderne Political Culture, volume 4, The Terror, sous la direction de Keith Michael Baker, Oxford, Pergamon Press Elsevier Science, 1994. Comme certaines réflexions et pistes de recherche ont trouvé un écho dans de récents travaux, nous n’avons pas jugé inutile de le publier en français, la publication en langue anglaise étant demeurée confidentielle dans les bibliothèques françaises. S’agissant d’une version originale, nous n’avons modifié ni le texte ni les notes, hormis de rares précisions historiographiques indispensables aujourd’hui et indiquées en caractères gras.(FB)

Que l’an III pouvait être « une mine d’or pour l’étude de l’an II », Richard Cobb l’a écrit et démontré par ses travaux (2). En d’autres termes, parler de mettre fin à la Terreur, c’est encore parler de la Terreur. Quel est le statut juridique de la Terreur ? Quel est surtout son lien avec le Gouvernement révolutionnaire ? Quel est, enfin, le régime qui, de thermidor an II à brumaire an IV, durant quinze mois, gouverne la France ? Et, dès lors, quelle peut être l’interprétation du 9 thermidor et celle du « moment thermidorien » dans la « synthèse républicaine » (3). Interrogeons ces mois intenses qui, de la chute de Robespierre à la mise en œuvre d’une nouvelle constitution, voient la fin, non de la Montagne, mais de la Terreur, non le démantèlement, mais l’investissement du Gouvernement révolutionnaire pour une création politique originale, un Gouvernement révolutionnaire sans Terreur – mais non sans une certaine contrainte – sous la conduite d’une coalition de Montagnards, de députés de la Plaine et bientôt de Girondins, réintégrés de frimaire à ventôse an III.

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Republican Freedom and Basic Income. A Contemporary Interpretation of Jefferson and Robespierre   Etudes

Par Bru Laín, Université de Barcelone

This paper was discussed at the Mancept Workshop in Political Theory, 4th–6th September 2013, University of Manchester. This version just includes some linguistic and reference nuances.

Abstract: This paper explains the role that material independence plays in articulating the republican notion of freedom. As it suggests, a contemporary conception of this freedom would require two major policies. On the one hand, the introduction of some floors to assure individuals the minimum material means in order for them to achieve a protected social status. On the other, to impose a sort of ceilings restricting the excessive wealth accumulation by few private hands that potentiate multiple relations of domination and civil dependence jeopardizing the sphere of the free civil society. The paper defends that for the republican notion of freedom as non-domination both the guarantee of material independence and the limitation of accumulation, are necessary conditions –although not sufficient– to articulate an effective and free civil society. In doing so, the work of Thomas Jefferson and Maximilien Robespierre may be a powerful toolkit to re-think both institutional requirements. The paper concludes arguing that a proposal such as the Basic Income would properly endorse this republican notion of freedom as non-domination for our contemporary societies.

Keywords: Freedom, Republicanism, Material Independence, Jefferson, Robespierre, Basic Income.

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La « Terreur », de Robespierre à Daech, en passant par Podemos   Actuel

Par Florence Gauthier, Historienne

Un nouvel accès d’un prurit « terrorisant » frappe depuis quelques temps ! Il a été réactivé récemment par Pedro J. Ramirez, ancien directeur du journal El Mundo, de Madrid, qui a publié un pavé de près de 1000 pages, intitulé en espagnol : El primer naufragio, 2013, traduit en français sous le titre provocateur suivant : Le Coup d’état. Robespierre, Danton et Marat contre la démocratie, Paris Vendémiaire, 2014. Et le 10 juin 2015, dans le journal ''Ouest-France'', le sociologue Michel Wieviorka s’en prend à son tour à Robespierre, pour le comparer… à Daech !
Il faut noter que Pedro J. Ramirez a tenu à induire une comparaison avec Pablo Iglesias, fondateur du parti Podemos, non dans son livre, dans lequel il n’en dit mot, mais dans les interviews qu’il donne au sujet de son livre : il compare alors Iglesias et Robespierre, exprimant ses positions politiques personnelles (1).

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The Physiocrats Against the Right to Existence   En ligne

A lire en ligne, l'article de Florence Gauthier, publié dans la dernière livraison de la revue Economic Thought : "Political Economy in the Eighteenth Century: Popular or Despotic? The Physiocrats Against the Right to Existence". Résumé :

Control over food supply was advanced in the kingdom of France in the Eighteenth century by Physiocrat economists under the seemingly advantageous label of ‘freedom of grain trade’. In 1764 these reforms brought about a rise in grain prices and generated an artificial dearth that ruined the poor, some of whom died from malnutrition. The King halted the reform and re-established the old regime of regulated prices; in order to maintain the delicate balance between prices and wages, the monarchy tried to limit speculation in subsistence goods and achieved some success in regulating the provisioning of public markets. Le Mercier de la Rivière concluded that executing these reforms required more effective political control. After 1774 the new king gave the Physiocratic reforms a second chance, reforming property rights and establishing an aristocracy of the landed rich. Again, this led to price hikes and as a result so-called ‘popular emotions’ erupted. Turgot ordered military intervention to dispel the protesters, marking a first rupture between the monarchy and the people over speculation on subsistence. Turgot’s experiment failed and he was dismissed, but the Physiocracy had discovered that the market in subsistence offered new opportunities for economic power under the misleading legitimacy of ‘economic laws’. Turgot’s followers, Dupont de Nemours and Condorcet, continued to develop this ‘theory’ that was later translated into a ‘scientific language’ that ultimately asserted the autonomy of the economic sphere and its alleged independence from ethics and politics. The paper examines the continuity of events through the six great jacqueries and the French Revolution, including the all- important agrarian reform that ensued after 1792. Robespierre’s concept of ‘popular political economy’ is analysed and compared with the notion of unfettered private property rights that lies at the heart of neoliberalism.

Lire l'article en .pdf, accéder au numéro de Economic Thought

La Révolution française et l'histoire du monde   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l’histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques 1815-1991, Paris, Armand Colin, 2014, 302 pages.

La recherche sur l’actualité de la Révolution française au regard de la transmission de son héritage connaît un net regain d’intérêt chez les politistes et les historiens. En témoigne l’ouvrage collectif dirigé par Sophie Wahnich,Histoire d’un trésor perdu. Transmettre la Révolution française, paru en 2013 (Paris, Les Prairies ordinaires), qui interroge ce qu’il en est aujourd’hui du potentiel créateur de la Révolution française, s’articulant ainsi aux préoccupations présentes sur la citoyenneté. L’historien Jean-Numa Ducange intervient dans ce collectif pour y présenter la part de la transmission socialiste de la Révolution française. Présentement, il intègre ses recherches personnelles sur les historiographies socialistes de la Révolution française dans une exploration beaucoup plus vaste des travaux et des débats parmi les historiens, mais aussi dans le milieu des hommes politiques, avec une attention particulière à la portée politique du fait révolutionnaire dans leurs pays respectifs. A ce titre, il mobilise, avec une parfaite maîtrise scientifique, l’abondante littérature secondaire en plusieurs langues. Il peut ainsi proposer une vaste synthèse de la réception française, et plus largement internationale, de la Révolution française. Notre compte-rendu insiste sur les enjeux de cette approche globale, en particulier dans l’étape finale, sans entrer dans le détail des analyses.

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Citoyenneté, République, Démocratie : une approche quantitative   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste

Texte présenté lors de la séance du séminaire L'Esprit des lumières et de la Révolution du 22 janvier 2015.

Nous allons étudier les usages discursifs de trois lexies qui forment l'intitulé du séminaire de cette année, c'est-à-dire : « citoyenneté », « république » et « démocratie ».
L'analyse portera sur les auteurs et sur les ouvrages numérisés (ou en cours de numérisation) à l'Université de Trieste. Il s'agit des Œuvres de Robespierre et de Marat, du Père Duchesne de Hébert (imprimé entre le 4 novembre 1790 et le11 mars 1794) (1), de 115 catéchismes révolutionnaires (de la période 1788-1799), des 34 premiers numéros des Actes des Apôtres (publiés entre novembre 1789 et mi-février 1790), et de trois volumes des Révolutions de France et de Brabant de Desmoulins, pour un total de 38 numéros qui correspondent aux publications du mois de décembre 1789 et de quelques mois de 1790 (notamment de janvier à mai et de septembre à novembre) (2). Les occurrences de tous les corpora utilisés sont 6 000 000. Pour effectuer cet étude, j'ai profité de certains outils propres à la « lexicométrie » (dite aussi « statistique lexicale »), qui, selon Muller "est l'étude statistique du langage, effectué presque toujours à travers l'usage de l'ordinateur. Avec les techniques de la lexicométrie on peut procéder à des études comparatives et statistiques du vocabulaire. Elle permet d'établir les contextes d'emploi d'un vocable et les combinaisons les plus fréquentes dans lesquelles il entre, ce qui donne des informations sur le ou les sens de ce vocable" (3).

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Saint-Just : Sur la Police générale   Actuel

Publication d'une traduction anglaise du rapport de Saint-Just Sur la Police générale, pour le 220e anniversaire de sa mort

La revue sud-africaine de sciences politiques Theoria. A Journal of Social and Political Theory a fait paraître en décembre 2014 (vol. 61, n°141) un numéro sur « La Police et la Théorie critique ». Il met en exergue cette citation de Saint-Just : « Il n’est point de gouvernement qui puisse maintenir les droits des citoyens sans une police sévère ; mais la différence d’un régime libre à un régime tyrannique est que, dans le premier, la police est exercée sur la minorité, opposée au bien général, et sur les abus ou négligences de l’autorité ; au lieu que, dans le second, la police de l’état s’exerce contre les malheureux, livrés à l’injustice et à l’impunité du pouvoir.» Dans l’éditorial Jérémie Barthas pointe les enjeux démocratiques d'une « haute police » consacrée à la surveillance des élites au pouvoir ; il suggère que « la redéfinition du concept et de la fonction de la police » proposée par Saint-Just dans son Rapport sur la Police générale pourrait servir à « renforcer l’outillage théorique de la Théorie critique du pouvoir policier ».

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Cultures des républicanismes   Annonces

Cultures des républicanismes Kimé

Introduction et table des matières de l'ouvrage collectif Cultures des républicanismes. Pratiques, représentations, concepts de la Révolution anglaise à aujourd'hui, sous la direction de Yannick Bosc, Rémi Dalisson, Jean-Yves Frétigné, Christopher Hamel et Carine Lounissi, Paris, Kimé, 2015, 277 p.

Les enjeux intellectuels et politiques des problématiques du républicanisme
Yannick Bosc, GRHis-Normandie Université

L'objectif de cet ouvrage collectif est de confronter des recherches qui portent sur des objets ou des problématiques proches, ordinairement isolées par les cloisonnements disciplinaires ou les spécialités, mais qui intéressent le républicanisme. Ce terme est entendu dans le sens large d'une culture du bien commun – commonwealth – ou de la chose publique – res publica – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie.

Il existe différentes cultures de la chose publique qui sont qualifiées de républicaines. Cette diversité se manifeste par des pratiques, des représentations et des concepts. Les caractéristiques de ces cultures peuvent varier en fonction des époques et des espaces étudiés : ce sont par exemple les cultures républicaines de l'Angleterre du XVIIe siècle, de la Révolution française ou de l'Italie du XIXe siècle. Ces cultures ne sont pas fermées sur elles-mêmes mais empruntent souvent les unes aux autres. Elles circulent et sont constitutives d'une dynamique politique dont l'ampleur devient considérable avec les révolutions qui touchent le monde atlantique et l'Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Révolution française, si l'on reprend les mêmes exemples, puise ainsi largement dans la tradition anglaise et l'italienne dans la française. Quant au républicanisme anglais il s'inspire de l' « humanisme civique » qui se déploie dans les cités italiennes de la Renaissance.

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Etre républicain sous la Constituante : la crise de Varennes   Etudes

Par Suzanne Levin, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution le 18 décembre 2014.

Quel fut le rapport de la Révolution française au (x) républicanisme(s) ? Voilà une question qui va au cœur du projet révolutionnaire et qui recouvre un vaste champ d’études. Il est donc juste que, depuis déjà plus d’un quart de siècle, cette problématique ait été renouvelée par plusieurs historiens, s’attaquant à ses divers aspects, à diverses époques de la Révolution, à divers acteurs. On peut citer parmi eux les animateurs passés et présents du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution et, en dehors de ce séminaire, notamment Raymonde Monnier.
Bien des aspects de cette problématique restent pourtant encore à éclaircir. L’aspect dont il s’agit ici est très particulier, mais non moins important pour notre compréhension de l’évolution du concept de la république à l’époque révolutionnaire. Il tourne autour des définitions changeantes de la république parmi les républicains autoproclamés et leurs défenseurs dans les débats journalistiques du printemps et de l’été 1791. Qu’est-ce que cela veut dire quand des révolutionnaires se réclament explicitement du républicanisme à cette époque ? Par ailleurs, en quoi la fuite du roi constitue-t-elle un tournant pour l’usage et l’évolution de la signification de ce terme ?

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Qui a peur de l’Incorruptible ? Pablo Iglesias et la Révolution française   Actuel

Par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge

Cet article est paru en anglais dans le journal The Guardian du 18 février 2015.

Pablo Iglesias, le dirigeant du parti espagnol Podemos, est un homme traqué par l’Histoire – et particulièrement par l’histoire de la Révolution française. Ses références à la guillotine font en effet couler beaucoup d’encre dans les médias espagnols. En juin 2012, en réaction aux coupes budgétaires imposées par le gouvernement, Pablo Iglesias tweetait : « Des coupes, d’accord… mais avec la guillotine » . Un an plus tard, il publiait une tribune intitulée « Une Guillotine à la Puerta Del Sol » . La même année, dans une interview télévisée, Iglesias demandait : « Savez-vous quel acte symbolise l’avènement historique de la démocratie ? C’est l’exécution d’un roi, Louis XVI, décapité par la guillotine. »

« Les Espagnols se seraient épargnés bien des horreurs s’ils avaient fait usage de l’outil de la justice démocratique » déplorait Iglesias, avant de citer Robespierre : « Punir les oppresseurs de l'humanité, c'est clémence ; leur pardonner, c'est barbarie. » Il ne se passe pas une semaine sans qu’il soit fait référence à ces propos dans le débat public. La semaine passée, Eduardo Garcia Serrano, fondateur du journal de centre-droit El Mundo, surnommait ironiquement Iglesias « El incorruptible Senor X ».

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Liberté d'expression, liberté de la presse, de quoi parle-t-on ?   Textes

Les débats sur la liberté de la presse ont été âpres, en particulier en août 1789 lors de l’examen de ce qui deviend l’article 11 de la déclaration des droits. Si Robespierre ou La Fayette défendent la liberté totale de la presse, de nombreux députés du côté droit et du côté gauche s’inquiètent des risques d’une liberté illimitée, notamment pour la réputation des personnes. La formule retenue est donc un compromis : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi". Mais il faut plus de deux ans à l’Assemblée pour préciser ce que sont les "abus" de la liberté de la presse.

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La république au village en l'an II   Etudes

Par Guy-Robert Ikni

Cet article a été publié dans M. Vovelle (dir.), Révolution et République, Paris, Kimé, 1994, p. 252-262.

Au cours de la dernière période, des travaux novateurs ont rouvert le dossier de la politisation au village en s'interrogeant, notamment, sur les modalités d'implantation d'un jacobinisme rural (1). L'historien ne peut plus se contenter d'opposer une «bonne paysannerie», demeurée fidèle alliée de la République jacobine, et une « paysannerie » contre ou anti-révotutionnaire. Ni l'adhésion de la première, ni le refus de la seconde ne revêtirent un caractère univoque. Il demeure néanmoins quelques ambiguïtés tenaces concernant l'étude des rapports des paysans et de la politique. L'historien peut-il encore à cet égard cantonner la politisation des campagnes dans ce qu'il est convenu d'appeler la politique locale, par opposition à la grande politique ? A l'inverse, peut-on considérer comme le fit au siècle dernier le juriste Bouthors, que les principes, et le déroulement même de la Révolution française résultèrent avant tout de l'action des communautés paysannes qui, aux yeux de l'auteur, étaient déjà des modèles de petites républiques bâties autour des principes qui annonçaient en fait ceux de 1789 (2) ?

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Le lien entre Marseille et Robespierre est maintenu   Actuel

Discours de Mikaël BALMONT lors de la conférence de presse du Collectif Robespierre qui s'est tenue le samedi 18 octobre 2014 sur la place Robespierre de Mazargues à Marseille :

Le Collectif de Défense de la place Robespierre a souhaité organiser cette conférence de presse pour remercier le millier de signataires de la pétition que nous avions initiée pour défendre le nom de cette place : Robespierre. Parmi ces milliers de signataires, nous tenions tout particulièrement à remercier les centaines de mazarguais qui se sont mobilisés à nos côtés.
Les attaques des élus de droite à l'encontre des acquis et des idéaux de la Révolution Française ne datent pas d'hier : déjà en 1999, le Maire de secteur, l'UMP Guy Teissier, a voulu débaptiser la place Robespierre, il a voulu réécrire l'Histoire en salissant la mémoire de cette figure de la Révolution Française. Et déjà, en 1999, des mazarguais et des marseillais, citoyens et élus, soutenus par des historiens tels que Michel Vovelle s'étaient élevés contre cette manipulation. La Mairie de droite avait alors renoncé face à la conviction du peuple marseillais qui savait bien ce qu'il devait à Robespierre. En effet, il existe un lien particulier entre Robespierre et Marseille que je tiens à rappeler.

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« Système de terreur » et « système de la terreur » dans le lexique de la Révolution française   Etudes

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Préambule : Quinet et le « système de la Terreur »

Dans le livre XVII de La Révolution (Théorie de la Terreur), Edgar Quinet, pour caractériser la Terreur de l’an II, utilise sans distinction les expressions « système de terreur » et « système de la Terreur » (1). On trouve une occurrence de « système de la Terreur » aussi dans le livre XVI (La Religion sous la Terreur)(2) et deux occurrences de « système de la Terreur » dans la Critique de la Révolution (3). Dans La Révolution - comme cela est déjà connu – les désignants « jacobins » et « montagnards » coïncident et dans le livre XII (La Convention), il décrit ainsi la différence entre Gironde et Montagne au sujet de la Terreur :

Ainsi se résout la question souvent posée, si la terreur eût été aussi sanglante entre les mains des girondins qu’entre celles des jacobins. Les premiers n’en eussent point fait un système ; cette conception ne fût jamais sortie de leur esprit (4).

La connotation de la Terreur en tant que « système » souleva dans les dernières années du Second Empire un large et passionnant débat parmi les républicains français (5) et demeure encore fondamentale dans la réflexion sur la Terreur.

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La Révolution française et l'histoire du monde   Annonces

Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l'histoire du monde

Introduction et début du premier chapitre de l'ouvrage de Jean-Numa Ducange, La Révolution française et l'histoire du monde. Deux siècles de débats historiques et politiques, 1815-1991, Paris, Armand Colin, 2014, 304 pages.

À l’étranger, la France, son histoire et sa culture politique ont longtemps été associées à la Révolution de 1789, que ce soit pour célébrer ou au contraire dénigrer cet héritage. Encore aujourd’hui, dans un contexte où toute voie révolutionnaire peut sembler largement discréditée parmi les populations des cinq continents, surtout au regard du siècle précédent, la Révolution française demeure néanmoins un événement universellement cité, à défaut d’être toujours réellement connu, pouvant encore susciter la défiance ou l’admiration. Internet indique aujourd’hui des millions d’entrées pour « 1789 », mais aussi pour « 1793 » sans même évoquer les grandes figures qui traversent la période, de La Fayette à Napoléon, en passant par Robespierre, que l’on ne cesse d’évoquer régulièrement.
Cette célébrité a fait couler beaucoup d’encre. Des dizaines de milliers de volumes depuis deux siècles ont eu pour ambition d’écrire l’histoire de celle que l’on a longtemps désignée comme la « Grande Révolution », pour la comprendre en son temps, mais aussi pour la situer par rapport à d’autres événements. Écrire une histoire de la Révolution, c’est toujours obéir à des motivations multiples, liées notamment au contexte dans le quel le projet prend naissance.

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L'Antiquité, modèle dans le "moment républicain" de 1791 ?   Etudes

par Suzanne Levin (doctorante CHISCO-Paris Ouest Nanterre)

Ce texte a été présenté le 23 mai 2014 dans le séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Quel a été l’impact de la crise de Varennes sur le républicanisme ou sur les discours qui entourait le terme « république » dans la presse « patriote » ? Comment cette presse a-t-elle utilisé la référence à l’Antiquité gréco-romaine pour définir et légitimer ses conceptions du républicanisme ? Le texte suivant ne traite qu’une portion de cette question. Il s’agit d’examiner la référence à l’Antiquité au moment même de la crise de Varennes, sans prendre en compte l’évolution de cet usage et du débat sur le républicanisme dans lequel il s’inscrit, sur une période plus longue de vingt semaines. L’examen des quatre semaines qui séparent la fuite du roi de sa réinstallation et de la répression qui s’ensuit permet néanmoins de cerner les réactions immédiates à la crise et les solutions proposées par la presse patriote.

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La place Robespierre à Marseille ne sera pas débaptisée   Actuel

Dans une lettre aux signataires de la pétition marseillaise, Mikaël Balmont, parlant au nom du collectif de défense de la place Robespierre à Mazargues (Marseille), rend compte des résultats de la mobilisation.

Chers signataires,

Votre mobilisation n'est jamais inutile, puisqu'après la lettre de Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille, nous assurant avoir entendu nos propos et demandant au maire de secteur de ne pas débaptiser la Place Robespierre, c'est une autre voix qui s'élève grâce à vous, celle des représentants des habitants du quartier.

En effet, le Comité d'Intérêt de Quartier de Mazargues précise, par la plume de son Président d'Honneur David Sciaky, dans un article paru dans le dernier numéro du magazine CIQ INFOS :

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En première ligne : l'égalité   Annonces

Du 19 au 21 septembre 2014, le festival littéraire En première ligne consacre son édition 2014 à l'égalité. Il se tient à l'Espace Robespierre, à Ivry-sur-Seine, métro Mairie d'Ivry. Présentation :

En Première Ligne poursuit son exploration des liens qui se tissent entre la littérature et le monde social. Chaque année, le festival choisit un fil qui lie les débats et préside au choix des invités. 2011 : la représentation du travail en littérature, 2012 : la fraternité, 2013 : Féminin / Pluriel(le). En 2014, le festival aura pour fil rouge l’égalité. En Première Ligne est un festival littéraire qui rassemble des auteurs autour de débats et de rencontres avec les lecteurs et le public. Mais il se donne surtout pour objectif, à travers de nombreuses initiatives, de rapprocher du livre et de la lecture les populations qui en sont le plus éloignées. Un lieu de réflexion mais aussi un lieu de fête et de partage.

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Thomas Paine, le républicanisme, le droit à l'existence et la critique du libéralisme économique   Synthèses

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Par Yannick Bosc, GRHIS-Normandie Université

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

En 1797, Thomas Paine publie Agrarian Justice, un ouvrage qu'il dédie « à la législature et au directoire exécutif de la République française » et dont il précise qu'il a pour fonction de « révolutionner l'état de civilisation ». Ce texte important, qui a été redécouvert à la fin des années 1980 à la faveur des débats autour du livre de John Rawls, A theory of justice (1971), est à l'origine du principe d'allocation universelle ou revenu de base (basic income). Paine estime qu'une société ne peut être considérée comme civilisée que si les êtres humains qui la compose ont à leur disposition de quoi vivre dignement. Il prévoit donc la création d'un fonds national, alimenté par une perception sur les héritages, dont on prélèvera une somme d'argent qui sera donnée à toute personne arrivant à l'âge adulte ou entrant dans la vieillesse, riches et pauvres indistinctement selon le principe d'universalité. Ce plan, précise Paine, permettra de soulager sur le champ « les aveugles, les boiteux, les vieillards indigents, il fournira à la génération naissante le moyen d'empêcher la reproduction de ces classes malheureuses »(1). Ces mesures ne reposent pas sur la charité, mais sont établies au nom des principes républicains, principalement de la liberté. Paine définit cette dernière comme égalité des droits personnels (2). C'est lorsqu'il y a égalité des droits personnels , donc lorsque la liberté est garantie que, selon Paine, existe une république.

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La Commune de Paris et la production de guerre, 1793-1794   Etudes

Par Aurélien Larné, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 13 décembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Le 28 juillet 1793, l’armée autrichienne occupait le nord de la France et y rétablit l’Ancien Régime. La guerre contre les monarchies européennes avait été entreprise par l’Assemblée législative, sous l’impulsion des Brissotins contre lesquels s’étaient opposés une partie des membres de la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité (Robespierre, Billaud-Varenne, Marat). Elle avait ensuite été poursuivie par la Convention girondine contre l’avis de certains Montagnards. Par ailleurs, la multiplication des recrutements d’hommes pour les armées avait entraîné la Vendée dans la guerre civile. À la fin du mois de mars 1793, la guerre de conquête avait tourné à la débâcle et le décret du 13 avril matérialisa la transformation de cette guerre de conquête en guerre défensive. À partir du mois de juin, pour la Convention montagnarde, la victoire de la guerre défensive devint l’objectif unique (1) .

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Vertu et politique : les pratiques des législateurs (1789-2014)   Annonces

Colloque international organisé par le Club des amis de l’Incorruptible (Assemblée nationale), la Société des études robespierristes et le programme ANR Actapol, sous la direction de Alain Tourret, Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers, Paris – Assemblée nationale – Salle Victor Hugo, Jeudi 18, vendredi 19 et samedi 20 septembre 2014.

Par une tradition qui remonte à l’Antiquité, le XVIIIe siècle s’est largement interrogé sur la nature, la nécessité politique et les formes de la vertu publique ; est-elle une spécificité du régime démocratique, ou doit-elle s’imposer à tout régime ? Doit-elle être une exception, ou doit-elle s’imposer partout ? Les protagonistes de la Révolution reprennent le questionnement et, dans leur construction d’un nouveau régime politique, ils envisagent d’emblée, dès 1789, la vertu publique comme une nécessité. La naissance de la république à l’automne 1792 confirme et renforce cette conviction ; l’entrée dans un régime d’exception, en 1793, ne la fait pas disparaître. Qui ne connaît le célèbre discours de Robespierre associant la vertu et la terreur, la première impuissante sans la seconde, la seconde funeste sans la première ? La vertu est au cœur même de l’attente politique des années 1790, même pendant cette période, aux limites incertaines, que l’historiographie nomme le plus souvent « la terreur ».

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Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque Henri Guillemin et Robespierre

Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre, actes du colloque organisé le 26 octobre 2013 par l'association Présence d'Henri Guillemin, Utovie/h.g, Bats, 2014. Préface d’Édouard Mangin et table des matières :

Au-delà de parachever le travail fourni pour que cet événement ait lieu, l’édition des actes du colloque « Henri Guillemin et la Révolution Française – le moment Robespierre », qui se déroula le 26 octobre 2013 à L’Institut Catholique de Paris (ICP), procure pour les organisateurs un double plaisir, ou plutôt, un plaisir à double détente, teinté à la fois de nostalgie et de désir de reconduire ce qui est toujours un peu une aventure. La première émotion provient des textes eux-mêmes. Relire les interventions, c’est assurément les redécouvrir à froid et en savourer leur profondeur, leur portée et leurs subtilités, sur un thème peu courant et surtout plein d’enjeux, où les opinions se diffractent pour de multiples raisons, parmi lesquelles la méconnaissance des faits ou le parti pris idéologique. La Révolution française – le moment Robespierre est en effet un sujet suffisamment riche et complexe pour ne pas l’enfermer, serait-ce dans la plus belle des chapelles, ou le plus imposant des temples. A cet égard, la diversité des intervenants peut être perçue comme un reflet de la démarche non conventionnelle d’Henri Guillemin, constituée à la fois de recherches historiques scrupuleuses, et d’affirmations sans ambages, de convictions puissantes et intimes nées d’extraordinaires intuitions sur le sens de l’Histoire et les lois humaines ; rassemblant à la fois le déploiement logique des faits propre à l’historien, et l’appel aux forces de l’imaginaire de l’écrivain.

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Historiographie de Robespierre   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 23 mai 2013.
Marc Belissa (Université Paris Ouest Nanterre-La Défense) : Historiographie de Robespierre.

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense.
Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

Débaptiser la place Robespierre à Marseille ?   Actuel

Lettre ouverte à Guy Tessier, président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole

Comme le relate le journal La Marseillaise dans son édition du 5 mai 2014, Guy Tessier, maire UMP et président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, entend faire aboutir le projet de débaptiser la place Robespierre dans le 9e arrondissement de Marseille. Nous avons décidé de rédiger une lettre ouverte pour expliquer notre opposition à ce projet.

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Catéchismes révolutionnaires : typologies, langages et méthodologies   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste
Ce texte a été présenté le 15 novembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.Traduction de Valeria De Marco (1).

J'aborderai la question des catéchismes révolutionnaires par leur définition et j’expliquerai les raisons qui m’ont portées à étudier ce genre de littérature. Après avoir évoqué les caractères généraux de ces publications pendant la Révolution, je présenterai les catéchismes politiques depuis le XVIIe siècle, ce qui permettra de saisir les différentes typologies de l’époque révolutionnaire en les inscrivant dans la longue durée. La distinction entre les sources de l’époque monarchique et celles de la République sera d'abord traitée quantitativement puis, par le biais de la « linguistique des corpora », je montrerai, à titre d’exemple, comment au temps de la République, le mot-clé « nation » et remplacé par d’autres lexies (2). Enfin, j'établirai un bilan de l'histoire des catéchismes pendant la Révolution et conclurai en évoquant les catéchismes séculiers au XIXe et au XXe siècle.

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Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802)   Annonces

Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen

Introduction à la réédition de l'ouvrage de Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802), Paris, Syllepse, 2014, 388 p. La première édition avait été publiée aux PUF en 1992 sous le titre Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802.

« On entend présentement concevoir l’histoire des idées un peu comme on concevait jadis l’histoire politique, en ne s’occupant que des rois. Soit mépris aristocratique, soit réaction contre une récente école qui ne voulait voir que le social et ignorer l’individuel, les modernes semblent répugner à étudier les idées philosophiques dans l’âme des collectivités, à faire l’histoire démocratique des idées, à reconnaître la haute valeur d’une telle étude. » Julien Benda, 1928 (1)

Lorsque j’écrivais ce livre, publié en 1992, je m’interrogeais depuis un moment déjà sur ces deux mots, que j’avais lus, maintes fois, dans les sources de toutes les catégories sociales au XVIIIe siècle et dans la période révolutionnaire : droit naturel.
Je ne m’en étais pas rendu compte avant, parce que l’on disait de façon générale droits de l’homme, mais les sources parlaient précisément de droits naturels ! Alors, je suis partie à leur recherche… et ils m’ont entraînée dans une longue aventure à travers le temps et l’espace, qui m’a conduite, pour commencer, jusqu’à l’orée de la préhistoire…
Tout près de moi, une amie berlinoise, Aglaïa Hartig (2), grande connaisseuse de la littérature française du XVIIIe siècle, qui vivait alors à Paris, avait répondu à ma question comme la fée des contes : « Tu trouveras du droit naturel chez Kant et chez le philosophe Ernst Bloch ». Elle avait raison ! Droit naturel et dignité humaine d’Ernst Bloch (1976) et son Thomas Münzer, théologien de la révolution (1964), me permirent de commencer à saisir ce qu’était ce droit naturel, ainsi que les rudes batailles qui se livrèrent en son nom.

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Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   En ligne

Les vidéos du colloque organisé le samedi 26 octobre 2013 par l’association Présence Henri Guillemin (PHG) sont sur Médiapart, interventions de : Patrick Berthier : La genèse de l'ouvrage "Robespierre, mystique et politique" ; Florence Gauthier : Robespierre, théoricien et acteur d’une république démocratique et sociale ; Etienne Chouard : Henri Guillemin-Robespierre, la problématique de la représentation politique aujourd'hui ; Yannick Bosc : Robespierre ou la Terreur des droits de l'homme ; Olivier Blanc : L'argent de la Terreur: les augmentations de patrimoine des élus de l'an II ; Marc Belissa : Robespierre et la religion dans l'historiographie (1794-2012) ; Serge Deruette : Le problème de l'héritage de Robespierre aujourd'hui ; Patrick Rodel : Conférences sur la Révolution française ; table ronde : première partie et deuxième partie.

Robespierre et le délit de sale gueule   Actuel

Dans son blog, Alexis Corbière, élu du parti de gauche, réagit à la "reconstitution" de la tête de Robespierre :

Décidément, même en 3D, la haine du plus illustre porte-parole du jacobinisme, leur fait encore perdre la tête. J’annonce immédiatement mon intention, ce billet de blog sera exclusivement rédigé en défense de Maximilien Robespierre, toujours attaqué, moqué, caricaturé, même plus de deux siècles après sa mort. Il sera aussi l’occasion de reparler de masques de cire, qui pour certains, brandis par le peuple de Paris, en juillet 1789, débutèrent en quelque sorte la grande Révolution. Mais, n’allons pas trop vite.

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La tête kitsch de Robespierre   Actuel

pseudo tête de Robespierre

Les lecteurs du journal L'Alsace.fr (12/12/2013) ont eu la surprise de trouver sur leur site une "reconstitution" photographique du prétendu visage de Robespierre réalisée par Philippe Froesch, un mulhousien qui s'était déjà illustré en "reconstituant" la prétendue tête de Henry IV. Le commentaire du journaliste est édifiant : "C’est un homme au visage grêlé par la petite vérole, à l’air fatigué par la Terreur qu’il avait fait régner dans un pays débarrassé de son roi." Bigre ! Sur quel relique ignorée par les historiens cette "reconstitution" a-t-elle été conçue ? Réponse : "Ce masque aurait été moulé sur la tête décapitée de Robespierre par une Strasbourgeoise, Marie Grosholtz, devenue célèbre ensuite sous le nom de Madame Tussaud." Le conditionnel est en effet plus que de rigueur ! Contrairement à une légende qui avait encore cours au début du XXe siècle (Hector Fleischmann, Le Masque mortuaire de Robespierre, E. Leroux, 1911), il n'existe pas de masque mortuaire de Robespierre dont le corps et la tête ont été jetés dans la fosse du cimetière des Errancis et recouverts de chaux vive sur ordre exprès de la Convention qui ne voulait laisser aucune trace du corps du Conventionnel qu'elle venait de faire exécuter. Le corps de Robespierre a été, comme Marc Belissa et Yannick Bosc l'ont montré dans un ouvrage qui vient de paraître, l'enjeu de la construction d'une légende particulière, articulé avec celle de son prétendu "caractère". Nul doute que le professeur en médecine Charlier (lui aussi impliqué dans l'histoire de la "tête" de Henry IV) donnera dans la conférence de presse qu'il tiendra le 21 décembre des détails "intéressants" qui viendront ajouter une couche plus ou moins nouvelle à ce mythe.

Robespierre. La fabrication d'un mythe   Annonces

Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d'un mythe

Conclusion de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d'un mythe, Paris, Ellipses, 2013, 576 p.

"Robespierre n’a pas d’aventure amoureuse, (…) n’a jamais livré bataille et vit dans la théorie, (…) il se méfie de la foule et du peuple, (…) cache des souvenirs de Marie-Antoinette sous son matelas, (…) il est immature, (…) guidé par un idéal de pureté néo-romaine, (…) les têtes tombent, tombent, (…) il exerce un pouvoir sans partage avec ses deux séides, le terrible Couthon et Saint-Just, (…) des flots de sang débordent des caniveaux. " Quel est l’auteur de cette litanie ? Galart de Monjoie (1795) ? Hippolyte Taine (1875) ? Friedrich Sieburg (1936) ou le duc de Lévis Mirepois (1978) ? Non, il s’agit du journaliste Franck Ferrand, le 17 mai 2011, dans l’émission "Au cœur de l’histoire " qu’il anime sur Europe 1, à propos de la souscription lancée par la SER pour le rachat des manuscrits du révolutionnaire. Le même présente le documentaire "Robespierre bourreau de la Vendée ? " (mars 2012), une mise en scène de la propagande royaliste que France 3 a diffusée quatre fois.

Depuis le 9 thermidor, le discours défavorable à Robespierre est ainsi demeuré d’une remarquable stabilité, comme la polarisation des passions que le révolutionnaire alimente. En deux siècles, sur une toile de fond hostile dominante, toujours vigoureuse et en constante adaptation – la légende noire se recycle admirablement –, quatre phases distinguent des "moments Robespierre" au cours desquels on constate le retour d’un discours positif sur l’Incorruptible dans l’espace public.

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Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque organisé par l’association Présence Henri Guillemin (PHG), qui se tiendra à le samedi 26 octobre 2013 à l'Institut Catholique de Paris (ICP) 21 rue d'Assas 75006 Paris.

Programme :

9h00 – 9h40 : Accueil/Introduction

Patrick Berthier, professeur émérite, agrégé de lettres, spécialiste d’Henri Guillemin.

Thème d'intervention : la genèse du livre de Henri Guillemin sur Robespierre "Robespierre, mystique et politique"

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Colloque Cultures des républicanismes   Annonces

Colloque Cultures des républicanismes Rouen 21 et 22 novembre 2013

Programme du colloque international, Cultures des républicanismes. Pratiques-Représentations-Concepts de la Révolution anglaise à aujourd’hui, Rouen 21 et 22 novembre 2013

Ce colloque pluridisciplinaire aborde les cultures des républicanismes sous l'angle de la circulation des pratiques, des représentations et des concepts dans le temps, dans l'espace, mais également entre champs académiques. Le républicanisme doit être entendu au sens large d'une culture de la chose publique – ce qui renvoie à l'étymologie – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie. Le colloque privilégie les républicanismes inscrits dans des traditions révolutionnaires. Il se penche sur la manière dont l'idéal républicain façonne la Révolution anglaise débouchant sur le régicide, l'abolition de la monarchie et de la Chambre des Lords au milieu du XVIIe siècle, et perdure dans le contexte de l'absolutisme européen. Il examine la transition du XVIIIe au XIXe siècle, moment charnière au cours duquel les réactions aux révolutions du monde atlantique et l'impact de l'industrialisation conduisent à l'élision du paradigme jusnaturaliste, à la modification de la question républicaine et à l'émergence des théories socialistes. La période la plus contemporaine permettra de mesurer l'actuel regain des problématiques du républicanisme, lorsqu'elles sont appréhendées comme des outils efficaces pour déterminer des normes politiques à partir desquelles refonder nos sociétés en crise. A travers les cultures des républicanismes c'est en particulier le politique face à l'emprise de l'économique qui retiendra notre attention. Cela nous conduira à mettre l'accent sur les notions de liberté, d'égalité, de propriété et de citoyenneté.

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Olympe de Gouges, histoire ou mystification ?   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

À propos de l’article « Olympe de Gouges, une femme contre la Terreur », de Myriam Perfetti, paru dans Marianne, n°852 du 17-23 août 2013, p. 76-79.

Je viens de lire cet article et j’en reste perplexe. Que d’erreurs accumulées ! que de fantaisies ! et qui conduisent dans leur simple logique à des interprétations fausses ou fallacieuses qui leurrent le lecteur sur les faits, au lieu d’éclairer sa lanterne. Il y a une question de méthode qui se pose ici ! Le chapeau de l’article résume la thèse de l’auteur : « Elle (Olympe de Gouges) fut la première des féministes et le paya de sa vie ». Dans le rappel chronologique, on peut lire : « Arrêtée en juillet 1793 pour avoir violemment interpellé Robespierre », elle « est condamnée à mort ».
Le rappel de ses activités est plein d’enthousiasme pour « la pionnière », qui donna « l’acte fondateur d’un féminisme qui ignorait son nom », elle est même comparée à Simone de Beauvoir, à Hypatie philosophe néoplatonicienne du IVe siècle de notre ère, et aux Femen dans leur récent combat en Tunisie, et tout cela en même temps ! Et puis encore, cette femme « en avance sur son temps » a tant apporté par ses « anticipations » : elle a prévu « le Pacs avec deux cents d’avance » ! et même « l’impôt sur le revenu » ! et puis encore des réformes sociales, « qui ne seront mises en place qu’au… XXe siècle »... Elle se réclame de la justice sociale, de l’égalité en droits entre les sexes, du droit au divorce, de la recherche en paternité et se prononce pour l’abolition de la peine de mort.

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L'amour des lois   En ligne

Dossier du n°10 de Jus Politicum, revue de droit politique (juillet 2013), coordonné par Jean-Philippe Heurtin et Sophie Wahnich, consacré à l'amour des lois. A lire en ligne :
Jean-Philippe Heurtin et Sophie Wahnich, Y a t-il un paradoxe de l’amour des lois ?
Yannick Bosc, Robespierre et l'amour des lois.
Sophie Wahnich, L’amour des lois dans la période révolutionnaire et la question d’une religion de la patrie.
Jean-Philippe Heurtin, Obliger à aimer les lois. Paradoxe de l’augustinisme juridique chez Jean Domat.
Francine Markovits, Le paradoxe de l’amour des lois. Une lecture de Montesquieu.
Gabrielle Radica, Amour des lois et amour de soi chez Rousseau.

Interpeller les acteurs de la Révolution française : le récit protagonistique   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Haim Burstin, Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, 443 pages.

A la suite du saut qualitatif et quantitatif des recherches autour de la Révolution française, ces vingt dernières années, nous pouvons constater l’ouverture de voies nouvelles en matière de synthèse. Cette ouverture peut prendre appui sur la réflexivité des discours et des pratiques, donc se situer à relative distance des jugements historiographiques, ainsi que nous l’avons proposé de manière partielle dans notre ouvrage sur L’avènement des porte-parole de la République (1789-1792). Essais de synthèse sur les langages de la Révolution française (1998). A ce titre, nous avons mis l’accent, dans la lignée de la théorie critique (Gadamer, Habermas) et de l’ethnométhodologie (Garfinkel, Quéré), sur le fait que la connaissance de l’événement révolutionnaire s’appuie désormais en grande part sur la manière dont le langage des révolutionnaires constitue ses ressources au sein d’un contexte d’action. Nous avons été peut-être quelque peu optimiste, au regard des contraintes propres de l’historien dans son travail critique sur les archives.

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Renta Básica Ciudadana   Actuel

Recueil d'articles en espagnol publié par la revue Sin Permiso sur l'allocation universelle (Renta Básica ou Basic Income), dont Thomas Paine a le premier formulé le principe sous le Directoire. Paine dénonce alors une République qui met en avant la propriété au détriment du droit à l'existence, droit dont il a la défense en partage avec les Montagnards, et en particulier Robespierre. A travers l'allocation universelle, l'intérêt que portent aujourd'hui des économistes et des philosophes à ces principes est une des manifestations de l'actualité de la Révolution française pour nos sociétés en crise. Début de la présentation de l'ouvrage :

Este libro de Sin Permiso está dedicado a la Renta Básica. A lo largo de la existencia de nuestra revista la propuesta de la Renta Básica ha tenido un papel destacado. Aunque solamente sea como anécdota, el primer artículo que se publicó en nuestra revista electrónica, que está incluido en este libro, estaba dedicado a la Renta Básica. Su título era “La Renta Básica de Ciudadanía y las poblaciones trabajadoras del primer mundo”. En estos casi ocho años desde que iniciamos la edición electrónica semanal de Sin Permiso, nuestra revista ha editado más de 70 artículos sobre la Renta Básica. Aquí ofrecemos una selección que no llega ni a la mitad de los publicados. Este libro no pretende abarcar ni muchos menos todas las cuestiones relacionadas con la Renta Básica, pero creemos que recoge de forma aceptable algunos de los debates y algunos de los acontecimientos especialmente relevantes que sobre esta propuesta se han venido sucediéndose a lo largo de estos años. Sin Permiso es una revista política. Y con la Renta Básica también se ha optado en las publicaciones periódicas, y esta selección es una buena muestra, por aquellos artículos, entrevistas y eventos con un directo interés político.

Télécharger Renta Básica Ciudadana, Sin Permiso, 2013

La Révolution française selon HistoryTeachers… et Lady Gaga !   En ligne

Des enseignants américains (le groupe HistoryTeachers) ont mis en ligne une série de clips video reprenant des airs connus avec des textes historiques à visée pédagogique. La Révolution française a été mise en musique sur une chanson de Lady Gaga ! Même si on y retrouve quelques lieux communs discutables ("Robespierre Reign of Terror !"), l'exercice est amusant… Il n'est pas sûr néanmoins que ces clips puissent remplacer un véritable enseignement de la Révolution française au niveau du collège !

Voir le clip

Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale   En ligne

Conférence de Florence Gauthier, du 5 mars 2013, intitulée « Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale », organisée par le Cercle guérétois de l’ASSOCIATION POUR UNE CONSTITUANTE. Florence GAUTHIER a présenté et annoté le Tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, publié à l’occasion du Centenaire de la Société des études robespierristes en 2007.

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Le débat politique, la Terreur et Robespierre   Actuel

Deux articles d'Antoine Bourguilleau parus sur Slate.fr :

La chasse aux terroristes (de 1793) : "Alors que, nous fêtons, si l’on peut dire, le 220e anniversaire de la création du Tribunal révolutionnaire et du Comité de salut public, le vocabulaire et les références à la Terreur sont omniprésents dans l'actualité politique française. Mais que savons-nous vraiment de cette période ?"
Lire la suite sur Slate.fr

Robespierre, un moralisateur incompris : "Qu'il s'agisse de parler de fiscalité ou de transparence, «l'Incorruptible», repoussoir ou modèle, est souvent cité dans le débat politique français. Le plus souvent n’importe comment."
Lire la suite sur Slate.fr

Le retour du "point 89" !   Actuel

Le point retour 89 ?

En décembre 2012, Rue89 avait révélé l’invention par Catherine Deneuve d’un nouveau "point Godwin" (qui "désigne le moment où (…) une discussion sur Internet finit toujours par évoquer la Seconde Guerre Mondiale") en référence cette fois-ci à 1789 et à la Révolution française. Laurence Parisot, la future ancienne dirigeante du MEDEF avait évoqué en parlant de la situation faite aux exilés fiscaux "d'un climat de guerre civile qui s’apparente à 1789". L’article de Rue89 concluait ainsi "Le point 1789 fait rire ; il est aussi le révélateur d’un état d’esprit troublant, qui fait identifier ses auteurs aux nantis de l’époque révolutionnaire, dont ils partagent l’insécurité et les peurs." Il ne croyait pas si bien dire !

Le "point 89" revient ces jours-ci sous la forme du "Point 89" en couverture du journal de droite bien connu Le Point. Dans une image pleine de sens, on voit François Hollande perruqué en Louis XVI, s’inquiétant visiblement des piques, d’un bonnet phrygien et des lueurs d’un incendie éclairant l’arrière-plan de l’image.

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Les historiens de garde   En ligne

Article de Camille Pollet, "Deutsch, Ferrand, Buisson, Zemmour, Bern : la télé préfère les « historiens » réacs", sur Rue89, publié le 25 mars 2013 à propos de l'ouvrage de William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Nicolas Offenstadt, Les Historiens de garde. De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, Paris, éditions inculte, 2013.

"Formé à Sciences Po et à l’Ehess, institutions dont il tend aujourd’hui à se démarquer, Franck Ferrand présente des émissions d’histoire sur Europe 1 et sur France 3. En bien des aspects, il rejoint L. Deutsch et Jean Sévillia du Figaro sur la dénonciation de la Révolution française. Dans un documentaire diffusé quatre fois en moins d’un an sur France 3, « Robespierre, bourreau de la Vendée », F. Ferrand, images de « charniers » et musique lugubre à l’appui, insiste sur les massacres de la Terreur (1793-1794) et donne largement la parole aux controversés Reynald Secher et Stéphane Courtois, qui emploient le terme de « génocide » pour qualifier la répression de Vendée. Les auteurs du livre « Les historiens de garde » affirment que l’historien Jean-Clément Martin, lui aussi intervenant dans l’émission, a été coupé au montage sur ce débat. Tout comme de nombreux chercheurs, ils dénoncent une manipulation télévisuelle, et rappellent que, pour le cas vendéen, le terme de « génocide » est inadapté. Bon nombre d’historiens spécialisés dans la Révolution française (l’IHRF notamment), sans minimiser les violences et les massacres, considèrent au contraire que cette période, plus bénéfique que regrettable, fut porteuse d’émancipation et de progrès. L’idée d’une filiation entre la Terreur révolutionnaire et les totalitarismes du XXe siècle a bien été propagée par François Furet (et Thierry Ardisson) dans les années 1980, et même reprise récemment par L. Deutsch. Pour une majorité d’historiens cependant, cette prétendue filiation relève aujourd’hui d’une historiographie désuète, d’amalgames douteux, et traduit une pensée réactionnaire."

Lire l'article sur Rue 89

Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations   Etudes

la felicita è un idea nuova in Europa, Vetter et Marin

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Nous publions l'introduction de Cesare Vetter, "Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations historiographiques", à La felicità è un’idea nuova in Europa. Contributo al lessico della Rivoluzione francese, tome II, sous la direction de Cesare Vetter et Marco Marin, EUT, Trieste, 2013, 731 pages. La version électronique de l'intégralité de l'ouvrage est libre d'accès sur l’archive numérique OpenstarTS de l’Université de Trieste. Le volume est également disponible en version papier. ISBN 978-88-8303-470-1.

1. Structure du volume : sources, méthodologies, propos

Ce deuxième tome de La felicità è un’idea nuova in Europa suit un fil conducteur bien précis : il permet au lecteur de vérifier à travers des évidences lexicologiques et lexicométriques les plus récents et importants débats qui tournent autour les questions inhérentes à la Révolution française. Les évidences que l’on va proposer ici résultent de la consultation de deux différents corpora informatiques : l’un est le corpus informatique des textes de la Révolution française que nous avons constitué pendant ces dernières années et que nous continuons à implémenter – avec la contribution décisive de Marco Marin - auprès du Département d’Histoire (présentement Département d’études humanistiques) de l’Université de Trieste ; l’autre est le corpus des catéchismes révolutionnaires que Marco Marin a constitué individuellement dans le cadre da sa thèse de doctorat au SUM (Istituto Italiano di Scienze Umane). Le corpus de la Révolution française dont je dispose (pour l’instant on ne peut pas être mis en ligne à cause des contraintes normatives en termes de droits éditoriaux) embrasse la bibliographie suivante : Œuvres politiques de Marat (10 vol., Bruxelles, 1989-1993) et autres écrits de Marat qui précédent la Révolution ;Œuvres de Robespierre (11 vol., Paris, 2000 - 2007) ; Œuvres complètes de Saint-Just (Paris, 1984) ; le journal de Hébert (Le Père Duchesne, 10 vol., Paris, 1969) ; Du Bonheur de Lequinio (20 brumaire an second). Le corpus informatique constitué par Marco Marin se compose de 111 catéchismes, desquels 104 sont imprimés et 7 sont restés manuscrits. La majorité de ces catéchismes ont fait l’objet d’une transcription manuelle, c'est-à-dire que nous n'avons pas utilisé de logiciels de reconnaissance de texte. De plus, Marco Marin et Elisabetta Gon ont transcrit, digitalisé et analysé lexicométriquement la lettre inédite de Robespierre de 1792 récemment mise en lumière (1).

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Les manuscrits de Robespierre aux Archives Nationales   Sources

En 2011, les manuscrits de Robespierre, que détenaient les descendants de son ami Le Bas, sont entrés dans les collections publiques, grâce en particulier à la Société des études robespierriste fondée par Albert Mathiez et à la forte mobilisation des donateurs. Ces brouillons de Robespierre sont accessibles sur le site des Archives nationales. Ils sont regroupés dans 12 dossiers qui couvrent une période qui s'étend de 1791, avec un manuscrit sur les finances de la France, aux fragments du dernier discours de Robespierre le 8 thermidor an II.

Lire les manuscrits de Robespierre

Robespierre, une politique de la philosophie   Annonces

Robespierre. Une Politique de la philosophie. La fabrique

L'ouvrage de Georges Labica, Robespierre. Une Politique de la philosophie, publié en 1990 est réédité par La fabrique. Nous en publions l'introduction.

Introduction : une pensée de l’inédit

Pourquoi ajouter un nouveau Robespierre à une bibliographie qui compte déjà quelques sommes décisives et qui n’a cessé de s’étendre, malgré les réserves récemment encore manifestées, lors de la commémoration du bicentenaire de la Révolution de 1789, à l’endroit de l’Incorruptible ? Tout simplement parce qu’il m’a semblé que la pensée politique de Maximilien Robespierre méritait, en tant que telle, d’être prise au sérieux. Ce livre est donc d’un philosophe à l’écoute de l’un des siens.
Dont il convient d’emblée d’en souligner l’originalité.
Le caractère proprement novateur de la pensée de Robespierre, s’il n’a rien, pour l’époque, d’exceptionnel, puisque le partagent nombre de ses contemporains (Saint-Just, Marat, Grégoire, Couthon, de Gouges, Billaud, Roux, Babeuf, etc.), n’en prend pas moins une valeur emblématique. Il s’agit de penser la révolution au moment même où elle se produit, au moment où, tantôt à tâtons, tantôt avec fulgurance, elle entreprend de maîtriser intellectuellement ses actes, en inventant de toutes pièces sa terminologie. Cela n’a pas de précédent. Il est difficile, et beaucoup plus qu’on ne le croit, de cerner le concept de révolution, même pour nous qui bénéficions du corpus marxiste et d’un siècle et demi d’expériences historiques et théoriques. À plus forte raison pour Robespierre, qui est le produit de la Révolution, littéralement fait par elle, emporté par son mouvement, et s’acharnant, avec une opiniâtreté, cette fois, sans analogue, à la saisir, collant à ses processus, ne l’ayant ni vue venir, ni anticipée, mais la suivant, s’en laissant inspirer au jour le jour et tentant en vain, on le sait, d’en assurer le contrôle.

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Les Anti-Lumières contre la République   Annonces

Humanisme n°297 Dossier Anti_Lumières

Ce texte de Jérémy Mercier présente le dossier de la revue Humanisme, n°297 (octobre 2012), consacré aux Anti-Lumières :

Dès le XVIIIe siècle, au nom du catholicisme, de la monarchie et de la contre-révolution, une guerre fut menée contre les valeurs des Lumières « franco-kantiennes » ayant préparé idéologiquement la Révolution française. Aujourd’hui, au moment même où les concepts de raison, de citoyenneté, de souveraineté populaire, de laïcité et de Nation volent en éclats sur l’autel de la mondialisation et du néolibéralisme, sans parler des dérives fondamentalistes religieuses, cette même guerre continue. Pire, elle s’amplifie tandis que l’espace public tend à se réduire à une sphère de spectacle et d’obscénité, attaquant méthodiquement les constructions politiques et philosophiques de l’Aufklärung. Tandis que les Lumières « franco-kantiennes », dont nous parle Zeev Sternhell, promouvaient la sortie de l’homme de son état de minorité et le combat contre l’ordre existant, ainsi que l’esprit critique, l’instruction publique, l’égalité des droits et l’égalité entre hommes et femmes, la tolérance, la démocratie et l’universalité humaine, le courant des anti-Lumières se développait, refusant tout à la fois ces valeurs et l’émancipation de l’humanité, la critique de l’esclavage, du colonialisme ; or, la République signifiait depuis Rousseau et Robespierre à la fois la démocratie et la justice sociale. Burke et Herder, Joseph de Maistre, de Bonald, Taine furent notamment, en Europe, les tenants d’un tel courant anti-humaniste et anti-jacobin, en menant une guerre acharnée contre les fondements et le legs des Lumières au nom de la toute puissance de l’Église, de la monarchie qui se fondent sur l’inégalité des droits.

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"Robespierre bourreau de la Vendée" : protestation du Parti de Gauche   Actuel

Dépêche AFP : "Selon un communiqué du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon a adressé aujourd’hui une lettre au président de France Télévisions Rémy Pflimlin pour protester contre le contenu d’un magazine diffusé sur France 3 intitulé Robespierre, bourreau de la Vendée ? et selon lui « truffé d’erreurs et dangereusement orienté ». Une copie de la lettre a été adressée à Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), et demande aussi que les historiens puissent bénéficier d’un droit de réponse.
« Pour la troisième fois en moins d’un an, France 3, chaîne de télévision du service public, a diffusé la semaine dernière, une émission nommée “Robespierre : bourreau de la Vendée ?”, épisode du magazine historique “L’ombre d’un doute” », écrit M. Mélenchon, coprésident du PG, dans une lettre cosignée par son secrétaire national Alexis Corbière. « Le contenu de cet épisode est un offensant et grossier plaidoyer à charge contre la Révolution de 1789, truffé d’erreurs et dangereusement orienté vers une banalisation de l’idée de génocide », expliquent-ils. « Nous nous adressons à vous pour protester avec la plus grande fermeté contre le fond et la forme de cet épisode. Avec la majorité des historiens et universitaires, nous le jugeons scandaleux et absurde. Votre attitude est également condamnable lorsque vous conduisez le service public à rediffuser étrangement cette émission malgré sa grande médiocrité. »"

Lire la suite sur Libération ; Lire sur Révolution Française.net une critique de cette émission

Thermidor Terminus : la mort de Robespierre   Actuel

Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre André Benedetto Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine

Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre, pièce d'André Benedetto créée au Théâtre des Carmes à Avignon en 1988, est reprise au Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine, avec François Bourcier et Roland Timsit, vendredi 15 février (21h) et Samedi 16 février 2013 (19h).
Présentation : "Robespierre est incontestablement l’homme qui a joué le rôle le plus important lors de la Révolution et c’est à lui que l’on doit notre devise « Liberté Égalité Fraternité ». Mais son œuvre est contestée, décriée, nombreux le dépeignent comme un tyran organisateur de la « Terreur ». André Benedetto, en dramaturge engagé, a tenu à briser les fausses idées et mensonges qui pèsent sur le révolutionnaire en écrivant Thermidor Terminus ou la mort de Robespierre. Une œuvre tout à la fois poétique et historique. Deux personnages occupent la scène, Duplay, ami proche de Robespierre, et Philippe Buonarotti, auteur du Manifeste des égaux. François Bourcier et Roland Timsit, tous deux comédiens et metteurs en scène, incarnent ces deux personnages et explorent ainsi un épisode peu connu de notre passé, qui interroge notre présent, notre système politique, nos espoirs."

Voir le site du Théâtre Jean Vilar

La Révolution française et ses catégories historiographiques   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, 630 pages.

L'historien Jean-Clément Martin, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française, nous propose présentement un ouvrage tout à la fois passionnant, érudit et problématisé. Il s'agit principalement de faire un récit politique des événements, sans en revenir à l'histoire positiviste d'autrefois, ou de tomber sous la dépendance d'une histoire de la pensée politique d'aujourd'hui dont il importe cependant d'évaluer les acquis récents. Tout l'enjeu porte sur la portée opératoire ou non des catégories historiographiques déployées, depuis Jules Michelet jusqu'à Michel Vovelle, dans les Histoires de la Révolution française au regard des modalités politiques de l'entrée en lutte des révolutionnaires. Jean-Clément Martin fait alors preuve du souci constant de ne pas faire correspondre de manière univoque telle catégorie généralisante avec tel référent dans la réalité. Il considère donc le processus d'invention de la politique en révolution au titre d'une dynamique révolutionnaire de mieux en mieux connue depuis les travaux nombreux et divers de ces trente dernières années, comme en témoigne l'imposante bibliographie en fin de volume (pages 585-623). Il s'agit bien de mettre en avant le processus d'invention politique lui-même en déployant progressivement les multiples formes attestées de l'expérimentation révolutionnaire.

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Bataille parlementaire droite-FN sur le front vendéen   Actuel

Révélée jeudi 17 janvier par Slate, la cosignature par Marion Maréchal-Le Pen d'une proposition de loi sur la «reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794» déposée par le député Droite populaire Lionnel Luca et signée par plusieurs députés UMP et divers droite suscite des remous.
Samedi 19, un des signataires UMP, le député du Var Philippe Vitel, a annoncé à Slate sur Twitter qu'il allait retirer sa signature.
Vendredi, un autre signataire, le député UMP des Bouches-du-Rhône Dominique Tian, avait effectivement affirmé la même chose à Médiapart:
«Ce n'est pas très délicat de la part de Lionnel Luca de ne pas nous avoir dit qu'il allait lui proposer. Si j'avais su, je n'aurais pas signé.»
«On doit être très clairs avec le FN, il n'y a pas de passerelle, pas d'alliance, pas de connivence, ce ne sont pas nos amis», a-t-il également expliqué au site Marsactu. Contacté par Slate vendredi, l'apparenté UMP Alain Leboeuf, élu de la circonscription de La Roche-sur-Yon (Vendée), qui affirme avoir signé cette proposition le 20 novembre, maintient lui sa position: «Je suis Vendéen et je me suis prononcé très clairement par rapport à ce sujet vendéen. Les historiens s'accordent à affirmer qu'il y a eu un certain nombre de massacres. Je suis cosignataire par conviction et pas par rapport à untel ou untel, ce n'est pas mon sujet.»

Lire la suite sur Slate ; autour de la problématique du "génocide" vendéen : Lire sur Révolution Française.net

La Révolution française et le monde 2012-2013   Annonces

Séminaire animé par Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre, jeudi 13h30-15h30, salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

Une source, un ouvrage

Cette année, le séminaire sera centré sur le rapport entre sources et historiographie de la Révolution française. Comment s’opère le passage de l’archive, de la source à la problématique historique ? Par quels cheminements les historiens conçoivent leurs objets et leurs sujets ?
Les chercheurs que nous accueillerons nous présenteront tout d’abord des sources de natures diverses (archives manuscrites, imprimées, images, etc.) puis l’ouvrage qui a été le fruit de leur travail dans l’archive.
Chaque séance comprendra donc deux parties : la première dans laquelle les intervenants commenteront avec vous une source particulière, la seconde dans laquelle ils vous présenteront leurs ouvrages respectifs en les insérant dans les champs actuels de l’historiographie de la période révolutionnaire.

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La république de Genève et la France au XVIIIe siècle   Etudes

Par Fabrice Brandli, Université de Genève

Brandli Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle

Fabrice Brandli vient de faire paraître une version abrégée de sa thèse de doctorat consacrée aux relations diplomatiques entre la France et Genève au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française : Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle. Cultures politiques et diplomatie, Rennes, PUR, 2012. Cette thèse s’intéresse particulièrement aux formes de la culture politique diplomatique entre deux États, l’un puissant, l’autre faible dans le système politique de l’Ancien Régime. Fabrice Brandli met l’accent sur la signification politique et culturelle des formes prises par le cérémonial diplomatique et ses relations avec le droit des gens et le droit public de l’Europe. Nous publions ici un extrait du chapitre VI intitulé "Le don en diplomatie, gage d’amitié ou signe de domination ?" dans lequel l’auteur analyse en particulier l’évolution des formes des relations entre Genève et la République thermidorienne et directoriale à travers l’épisode des échanges de drapeaux entre les deux républiques alors que l’idéal de fraternité universelle, porté notamment par Robespierre en l’an II, se modifie en profondeur avec l’affirmation de la Grande Nation à partir de l’an III.

L’échange des drapeaux ou les limites de la fraternité républicaine

La culture politique des agents de la diplomatie franco-genevoise durant l’Ancien Régime contribue à équilibrer la conception égalitaire de la souveraineté comme catégorie juridique du droit des gens et les normes de l’usage qui distinguent entre la puissance de l’État monarchique français et la faiblesse de la République de Genève. Les Révolutions française et genevoise, après 1792, modifient-elles en profondeur les paradigmes et les pratiques de la diplomatie en matière de représentation ? La relative similitude des principes politiques adoptés par les deux États conduit-elle à renouveler les significations du don diplomatique dans le cadre plus général du cérémonial ? En réalité, après les déclarations de fraternité les plus débridées surgissent les entraves à la réciprocité où se mêlent de part et d’autre des aspirations contradictoires.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2012-2013   Séminaire

Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich.
Le séminaire de cette année, animé par Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier est organisé autour de trois séances de trois heures avec deux intervenants. La première sera consacrée à l'émeute et mettra en particulier l'accent sur la relation des historiens de la Révolution française au présent. La deuxième aura pour objectif de croiser la Révolution française et les problématiques d'autres sciences sociales, en l'occurrence les sciences économiques, autour de la dette. Enfin la dernière séance proposera deux synthèses thématiques sur les enjeux épistémologiques des travaux de ce séminaire.

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Les néoconservateurs à la française   Annonces

Les néoconservateurs à la française

Nous publions ici un résumé, la table des matières et des extraits de l'ouvrage de Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS, Les néoconservateurs à la française, Chryséis éditions, distribution Amazon/kindle, 133 p.

Résumé : Depuis plus de vingt cinq ans en France, des néoconservateurs s’en prennent à toute radicalité philosophique, à tout esprit de réforme sociale. Dans le secret des cénacles, puis dans des réseaux mieux structurés, au titre d’une démocratie apaisée, ils rejettent toute tentative de modifier l’ordre existant, douloureux pour le plus grand nombre ; ils tirent leur exemple des penseurs qui étaient en leur temps contre-révolutionnaires. Ils veulent mettre un point final à une Révolution française pourvoyeuse de messages politiques. La pensée conservatrice contemporaine se réfère unanimement à Tocqueville, nouveau maître à penser, lui même contempteur de la Révolution de 1848 et partisan de la colonisation de l’Algérie, abuse du concept de totalitarisme pour effrayer. Elle cible des périodes historiques et exprime un rejet quasi militant des événements de mai 68. Elle étouffe un désir de justice : pourtant c’est dans le sillon de cette révolte qui embrasa l’ensemble de la société française que Béate Klarsfeld lance en 1969 sa chasse aux nazis, privilégiant l’action directe, préalable à la réouverture en 1970 des procès de la collaboration française. Ces servants d’un nouveau culte ont pour nom dans la lignée de Raymond Aron : Luc Ferry, Pierre Nora, Marcel Gauchet, Stéphane Courtois…

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Héros et Héroïnes de la Révolution française   Annonces

Nous reproduisons ici l'introduction et la table des matières des actes d'un colloque publié en 2012 par le CTHS sous la direction de Serge Bianchi.

Héros et Héroïnes de la Révolution française

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Cette inscription sur le fronton du Panthéon scelle le lien essentiel que la Révolution française a noué avec les personnages qu’elle a voulu célébrer à l’intérieur de ce monu ment singulier, église devenue temple de la mémoire, en avril 1791, pour l’éternité… Mais s’agit-il de « grands hommes » ou de « héros » ? Ce débat, qui a passionné les intellectuels du siècle des Lumières, prend toute sa dimension à l’énoncé des panthéonisés de la décennie révolutionnaire, éclairant ainsi le processus de la distinction nationale : Mirabeau, le législateur, le 4 avril 1791 ; Voltaire, le philosophe, le 11 juillet 1791 ; Le Peletier, le conven tionnel, martyr de la Liberté, en janvier 1793 ; Bara, l’enfant héroïque, le 28 juillet 1794 ? Les marins du Vengeur ; Jean-Jacques Rousseau, l’autre philosophe ; Marat, martyr de la Liberté, en août 1794… Des philosophes, des hommes politiques, des militaires : les législateurs successifs n’ont donc pas tranché, décrètent l’immortalité (?) dans l’urgence, jusqu’à « dépan théoniser » brutalement Mirabeau, puis Marat. Ainsi, le Panthéon, lieu de mémoire contesté par d’autres familles politiques, tour à tour église et monument laïque mémoriel, ne révèle qu’une partie des enjeux de la « fabrique » des héros et des grands hommes, au temps de la Révolution française, temps fondateur s’il en fut, marqué par tant d’apothéoses et d’honneurs posthumes.

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Révolution française et événement   Enseignement

Par Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle-Université Paris-Sorbonne

Introduction : La Révolution comme événement, la place de l’événement dans la Révolution

L’événementiel de la Révolution française demeure, au fil du renouvellement des programmes, à la fois incontournable et potentiellement foisonnant. L’enseignement de la Révolution en 4e et Seconde se heurte de ce fait à une difficulté, ou à ce qui est perçu comme une difficulté, particulière, propre à cet objet.
Le récit scolaire de la Révolution a plus que d’autres sans doute été marqué par le besoin de continuité, jugée seule apte à permettre d’entrer dans la logique complexe de l’événement, en assurant les liens de causalités historiques (1) . Il a par ailleurs été en partie déterminé par la forte charge civique de l’événement. Fondation de la France contemporaine, de l’histoire contemporaine, de la République, du régime démocratique, du discours politique moderne, de la citoyenneté démocratique, autant de cadres interprétatifs susceptibles d’alourdir la charge d’un récit devenu un incontournable historique et civique.
Réfléchir à l’organisation pédagogique du récit révolutionnaire, d’autant plus aujourd’hui que sa continuité est mise à mal à la fois par l’évolution de la structure des programmes et par la réduction du temps imparti à cette étude, implique donc de revenir dans un premier temps sur la question de l’interprétation globale de l’événement Révolution française, car c’est en fonction de lui, du sens donné à l’événement, que peut se concevoir un choix raisonné dans le foisonnement des événements de la période révolutionnaire, associée dans les programmes au 1er Empire.
J’entamerai donc mon parcours par quelques réflexions sur le récit révolutionnaire au regard des programmes de l’enseignement secondaire depuis 1985, puis je reviendrai sur la lecture globale de l’événement, et enfin j’aborderai la question de sa déclinaison événementielle interne.

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Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui   Recensions

par Serge Bianchi, Université de Rennes II

Du mercredi 21 mars au vendredi 23 mars s’est tenu, entre le musée de la Révolution française de Vizille et l’Université Stendhal de Grenoble, un colloque « international et interdisciplinaire » au titre aussi ambitieux que fascinant : "Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui".
Les objectifs des organisateurs, Martial Poirson (1) et Alain Chevalier (2), relèvent d’un pari novateur et assumé qui ne va pas de soi, avant la tenue de cette manifestation. Il s’agit, selon eux, de conduire une « histoire sociale et culturelle de l’imaginaire révolutionnaire contemporain », en analysant dans les « cultures étrangères et aires géographiques les plus diverses », les « réappropriations et détournements » des mythes de la Révolution française par les « cultures populaires » et « leurs relais médiatiques de masse ».

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Révolution française : refonder les problématiques du républicanisme   Etudes

par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Aborder le républicanisme pendant la Révolution française, dans une perspective politique contemporaine qui considère la république comme un horizon d'attente, suppose de mettre en évidence les filtres qui en prédéterminent la lecture et la compréhension. La Révolution française a été l'objet d'usages historiques et politiques, souvent intenses, qui ont sédimenté et subsumé la complexité initiale. Ils résultent du poids de l'histoire de France et de ses mythologies, mais également des rapports complexes qu'ont entretenu le socialisme et la Révolution française, rapports qui en retour ont engendré le récit selon lequel cette période l'histoire constituerait peu ou prou un totalitarisme. Ces filtres, multiples, sont autant d'éléments d'oubli, ou de dévitalisation des principes d'une Première République qui est dès lors en déshérence : en France, on se penche plutôt sur le XIXe siècle qui semble être la ressource principale de l'idée républicaine ; par ailleurs, selon le paradigme de la « révolution bourgeoise », la Première République ne serait plus en phase avec les nécessités de l'histoire et aurait été dépassée par la perspective de la révolution prolétarienne ; enfin, si ce moment républicain est totalitaire, sa place n'est pas dans la modernité, dans notre actualité ou notre futur, mais du côté des monstres politiques, du stalinisme et du nazisme. Je laisserai ici de côté le paradigme de la « révolution bourgeoise » dont Albert Mathiez a déjà souligné qu'il empêche de comprendre ce qu'il a nommé la « révolution sociale » de l'an II (1). Je me consacrerai à l'idéologie de la modernité en faisant un détour par « l'exception républicaine française ».

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« Robespierre, bourreau de la Vendée ? » : une splendide leçon d’anti-méthode historique   Réplique

Par Marc Belissa (Université Paris Ouest Nanterre-La Défense) et Yannick Bosc (Université de Rouen).

Alors que sévit une crise engendrée par la cupidité et le délitement des valeurs républicaines, la mobilisation de milliers de personnes pour l’achat des manuscrits de Robespierre au printemps 2011 a surpris. Elle a surpris à gauche ceux qui ont laissé l’héritage républicain en déshérence et à droite le ban et l’arrière-ban des dénonciateurs du « totalitarisme » robespierriste. Des décennies de « communication » n’ayant donc pas suffi il fallait dans l’urgence faire face au retour de « l’incorruptible ». En septembre dernier, la revue Historia a donc consacré un dossier à « Robespierre le psychopathe légaliste ». Le service public conscient de sa mission ne pouvant être en reste, France 3 a diffusé le mercredi 7 mars 2012 un documentaire « réalisé par Richard Vargas et raconté par Franck Ferrand » intitulé « Robespierre : bourreau de la Vendée ? ».

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La mort de Danton de Georg Büchner à la MC93   Annonces

La mort de Danton mise en scène de Georges Lavaudant

Du 9 mars au 1er avril 2012, la MC93 de Bobigny propose La mort de Danton de Georg Büchner dans une mise en scène de Georges Lavaudant.

Au début de l'année 1835, Büchner a 21 ans et vit en exil à Strasbourg lorsqu'il écrit La mort de Danton. Ce républicain sensible aux idées socialistes, traqué par la police, exprime dans cette pièce la manière dont une partie de la jeune génération allemande des années 1830 envisage la possibilité d'une révolution et réfléchit à ses incidences morales. Ainsi, face à la figure d'un Danton jouisseur et las de la Terreur, Büchner place celle d'un Robespierre torturé par son implication dans la répression. Influencé par La Révolution française que publie Adolphe Thiers entre 1823 et 1827, Büchner reprend des lieux communs de la « légende noire » de Robespierre qui se sont diffusés après Thermidor. C'est donc à partir de personnages historiques, mais dans les rôles stéréotypés qui leurs sont attribués au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, que Büchner compose cette fresque shakespearienne. Si elle n'est pas un récit d'historien, La mort de Danton constitue en revanche une réflexion sur l'histoire et la politique.

Tarif préférentiel de 15 euros au lieu de 25 euros pour les lecteurs de Révolution Française.net

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Sur Robespierre. Lettre ouverte à la rédaction d'Historia   Réplique

Par Jacqueline Grimault

Réponse au numéro 777 de la revue Historia de septembre 2011, consacré à "Robespierre, le psychopathe légaliste", et en particulier à l’éditorial de M. Pierre Baron, intitulé « Un cas d’école » et à l’article de Madame Anne Bernet : « Comment il a déshonoré la République ». Cette lettre a été envoyée à Pierre Baron, directeur de la rédaction d’Historia. Il n'y a pas répondu.

Ayant appris que la cellule psychologique d’Historia avait diagnostiqué chez Robespierre une « psychopathie légaliste », j’ai acheté le n°777 de votre revue pour savoir de quoi il retournait : je me suis demandée d’abord s’il fallait en rire ou en pleurer et finalement j’ai pris le parti de vous envoyer ces quelques réflexions. Elles concernent surtout l’éditorial qui donne le ton de quelques articles et celui de tous leurs titres.

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Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Cahier de doléances contemporain   Actuel

Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Extrait de l'ouvrage du collectif Luce Faber, Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Cahier de doléances contemporain, Excès-Les prairies ordinaires, 2012. Rencontre avec les éditeurs de ces doléances au Merle moqueur, la libraire du 104, le mercredi 18 janvier à 20h15.

DIGNITE HUMAINE

« IL FAUT QUE VOUS fassiez une cité, c’est-à-dire des citoyens qui soient amis, hospitaliers et frères ». C’était là le vœu de Saint-Just au printemps de l’an II. La Déclaration des droits de 1793 avait alors consacré une humanité une à l’article 3 : « tous les hommes sont égaux de part la nature et devant la loi », le devoir d’assistance aux plus démunis à l’article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. » Enfin, Robespierre avait proposé un article additionnel : « Les hommes de tous les pays sont frères et les différents peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir comme les citoyens du même État. » Cette manière de reconnaître l’universalité du genre humain fait de semblables plus ou moins fragiles, plus ou moins libres, plus ou moins riches, mais toujours membres de la commune humanité, était une pensée de la dignité humaine. Reconnaître un homme en chacun, même quand la vie l’avait amoindri, fondait la nécessité humanisante d’une société de secours réciproques. Une société non pas du care mais bien de la reconnaissance du même en l’autre, quels que soient l’autre et son degré d’altérité. Les seuls monstres l’étaient pour des raisons politiques, ils étaient ceux qui refusaient d’adhérer à ces principes fondant le lien humain.

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Rousseau, démocratie et participation populaire   Annonces

Le colloque Démocratie et participation populaire, qui clôture le séminaire de philosophie politique "Penser la Transformation", aura lieu du 26 avril 2012 au 27 avril 2012, à l'Université de Montpellier III (salle Camproux, site "route de Mende", Tram St Eloi). Ce colloque consacrera sa majeure partie au tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau. Cette partie, qui se déroulera jeudi 26 après-midi et vendredi 27 toute la journée, est intitulée "Rousseau et la voix du peuple".

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Robespierre, Terreur et Déclaration des droits de l'homme et du citoyen   En ligne

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Nous avons hérité d'une représentation de Robespierre essentiellement caractérisée par le sang et la violence de la Terreur, cette dernière étant considérée comme le prodrome du totalitarisme stalinien. Pour ses contemporains, Robespierre est au contraire associé aux principes de la Déclaration des droits dont il est « le commentaire vivant » selon Camille Desmoulins.

Qu'un homme puisse incarner à la fois la Terreur et la Déclaration n'a rien de paradoxal pendant la Révolution française. Ainsi, en 1795, une fois Robespierre éliminé et au moment où ses ennemis construisent la figure du « tyran sanguinaire », Jérémy Bentham résume l'opinion dominante en estimant que « le langage de la Terreur » est contenu dans l'article 2 de la Déclaration de 1789 : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression ». C'est là, pour Bentham et les thermidoriens, le langage de l'anarchie avec lequel il convient de rompre si l'on veut fonder un ordre social sur l'intérêt des possédants sans lequel, estiment-ils, il ne peut exister de prospérité.

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Fête fraternelle et républicaine pour célébrer l'achat des manuscrits de Robespierre   Actuel

Communiqué de la Société des études robespierristes :

"Le 5 novembre prochain, au centre le Robespierre à Ivry-sur-Seine, la Société des études robespierristes organise une fête fraternelle et républicaine pour célébrer l’entrée dans les collections publiques des manuscrits inédits de Robespierre.

Que vous ayez ou non participé à la souscription nationale qui a permis de sauvegarder les manuscrits de l’Incorruptible et de Lebas, vous êtes le bienvenu(e) à cette réunion publique au cours de laquelle sera projeté le film Robespierre d’Hervé Pernot (suivi d’un débat en présence du réalisateur). Elle sera aussi l’occasion d’évoquer l’actualité des études sur la Révolution française, de découvrir les publications de notre Société et des associations amies partenaires de l’opération, ainsi que de discuter du 220e anniversaire, le 21 septembre 2012, de la réunion de la Convention nationale et de la naissance de la Première République, qu’il conviendra de célébrer.

Afin de pouvoir vous accueillir dans les meilleures conditions et d’entrechoquer nos verres de la meilleure manière, nous vous encourageons à vous inscrire dès à présent et d’imiter celles et ceux qui nous ont déjà assurés de leur présence."

L'essence du jacobinisme : un universalisme blanc, masculin et catholique ?   Réplique

Par Marc Belissa, Université Paris 10 et Yannick Bosc, Université de Rouen

Esther Benbassa, en introduction de La France en situation post-coloniale ?, numéro hors série de la revue Mouvements (septembre 2011) écrit : « La France n'a jamais cessé d'être nationaliste, d'un nationalisme lié directement à l'essence même du jacobinisme qui, s'il se présente sous le label d'un universalisme, entend assurer la domination d'une couleur, d'une religion et d'un genre, un universalisme donc blanc, masculin et catholique. »

Ne nous étendons pas sur ce qu'Esther Benbassa nomme « jacobinisme ». Ne nous demandons pas si le « jacobinisme » (et non le club dit des Jacobins) existe pendant la Révolution française autrement que comme désignant dans la presse contre-révolutionnaire. Restons donc dans le sens commun. Le « jacobinisme » c'est, entre autres choses, le club des Jacobins et prenons le problème par un autre bout.
Dans son ouvrage sur L'aristocratie de l'épiderme (Paris, CNRS Editions, 2007), Florence Gauthier raconte l'un des épisodes essentiels et ignoré (on le constate dans cette présentation surprenante d'Esther Benbassa), de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette dénonciation provient en particulier du club des jacobins, et singulièrement de Grégoire, de Brissot ou de Robespierre.

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L'amour et la haine de Robespierre   Brèves

"Psychopathe légaliste" ; "forcené de la guillotine" ; "idéaliste fanatique" ; "légaliste outrancier" ; "solitude psychologique" ; "usage frénétique de la guillotine" ; "fumeux culte de l’Être suprême" ; "boucherie nationale" ; "Khmers rouge" ; "guillotine en surchauffe" ; "déshonneur de la République" ; "atrocité idéologique" ; "maniaque de la guillotine" etc. On trouve toutes ces subtilités dans le dossier que le numéro 777 (sic) d'Historia de septembre 2011 consacre à Robespierre. En novembre 1974, le numéro 336 de la même revue publiait un texte dans lequel Alain Decaux dialoguait avec le député d'Arras. Les intertitres de la rédaction et les légendes des illustrations évoquaient alors "l'honnête famille Duplay", les "beaux yeux verts", "la justice et la probité" du "disciple de Rousseau". "Un cas d'école" comme le titre l'éditorial d'Historia version 2011.

Une révolution paysanne   Synthèses

ou Les caractères originaux de l’histoire rurale de la Révolution française

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7. gauthierflore@orange.fr

La Révolution française, révolution des droits de l’homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l’esclavage dans les colonies, deux des piliers de l’oppression des peuples. Cette double abolition se réalisa en faveur de l'humanité opprimée. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale.

Nous nous intéresserons ici au mouvement paysan qui imposa son rythme à la Révolution et dont l'objectif n'était pas seulement de se libérer du régime féodal. En effet, des rapports d'un type nouveau se développaient depuis la fin du Moyen-Âge. On pouvait voir dans les campagnes du Royaume de France, les progrès de la concentration de la propriété foncière par l’expropriation d’une partie grandissante de la paysannerie de ses tenures héritables, mais aussi ceux de la concentration de l’exploitation agricole aux mains d’une étroite couche de fermiers capitalistes entrepreneurs de culture (1), qui pratiquaient la réunion des fermes en rassemblant dans leurs mains les différents marchés de terre en location. On voyait encore la formation d’un marché privé des subsistances grâce à la spéculation à la hausse des prix des grains à une époque où les céréales représentaient la base de l’alimentation du petit peuple des villes et de l’immense population des paysans pauvres et sans terre. Ici, le pouvoir économique transformait le besoin social de se nourrir en arme alimentaire, ou guerre du blé, qui tuait, comme nous le savons, sous forme de disettes factices (2).

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Pétition pour la création d'un musée Robespierre à Arras   Actuel

"Par le rôle éminent qu’il a joué pendant la Révolution Française où se fondait le devenir de la France dans un monde moderne, Robespierre est unanimement reconnu comme un personnage considérable de notre histoire. Bien au-delà de nos frontières, le nom d’Arras est associé à celui de son plus illustre citoyen et il est surprenant qu’aucun véritable lieu de mémoire ne lui soit consacré dans sa ville natale. Acquise en 1990 par la municipalité pour en faire un musée Robespierre, la maison qu’habita celui qui gouverna la France Révolutionnaire entre 1793 et 1794, fut remarquablement rénovée par les compagnons du Tour de France. Cette demeure est aujourd'hui affectée au musée du compagnonage . Les soussignés demandent instamment que la ville d’Arras restitue à la Maison Robespierre sa légitime vocation afin qu’elle devienne un musée qui aide les Arrageois et les innombrables visiteurs du monde entier à mieux connaître l’histoire de la Révolution Française et de celui qui en fut, quelque opinion qu’on puisse en avoir, l’homme clé."

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Pons de l'Hérault : archives en ligne   Sources

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pons de l'Hérault

Nous proposons ici les fac-similés de papiers d'André Pons, dit Pons de l'Hérault (1772-1853), tirés d'archives privées. Ce personnage, surtout connu des historiens de l'Empire, est également le héros du roman de Patrick Rambaud, L'absent, qui le met en scène sur l'île d'Elbe au moment de la captivité de Napoléon. La matière en est principalement fournie par les Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe (à lire sur Gallica) dans lesquels Pons, qui administre les mines de fer de l'île depuis 1809, relate ses relations, souvent tendues, avec l'empereur qu'il avait connu pendant le siège de Toulon en 1793. André Pons (il se rebaptise Marat-Lepelletier Pons en l'an II), officier de marine originaire de Sète, chef d'état major de la division navale de l'armée d'Italie, est en effet considéré comme un fervent républicain. Cependant, s'il dénonce le 18 brumaire, comme il s'oppose un demi siècle plus tard au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, il suit l'Empereur pendant les Cent-Jours, est nommé préfet du Rhône et tente de le rejoindre à Sainte Hélène.

Le texte qui suit permet de recontextualiser les papiers que nous publions. Ces éléments biographiques sont extraits de l'introduction que Léon-Gabriel Pélissier (1863-1912) consacre au Mémoire de Pons de l'Hérault aux puissances alliées qu'il a édité en 1899 et que l'on peut lire sur Gallica. Nous y renvoyons le lecteur qui voudrait consulter la totalité du texte, en particulier les copieuses notes de bas de page que nous ne restituons pas ici. Pélissier qui ne masque pas sa sympathie pour le personnage, quitte parfois à manquer de distance, est également l'éditeur des Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe.

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Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

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« Robespierre a été un grand dirigeant de la démocratie en acte »   En ligne

Entretien avec Florence Gauthier publié dans le Canard républicain à l'occasion de la préemption exercée par l'Etat sur les manuscrits de Robespierre.
Extrait : "Robespierre a ainsi lutté pour fonder une république démocratique, dans laquelle la souveraineté populaire n’était pas seulement écrite sur le papier de la Constitution, mais une conscience et une pratique réelles. Avec Grégoire en particulier, il s’est battu pour faire respecter la souveraineté des autres peuples, avec l’objectif de construire une alliance de républiques démocratiques, dans le but d’empêcher la France de continuer de mener une politique de puissance conquérante, mais aussi de se protéger des offensives impérialistes éventuelles : c’est une dimension de leur combat trop souvent négligée ! On retrouve les mêmes préoccupations chez Thomas Paine, par exemple, sujet britannique, citoyen des États-Unis d’Amérique au moment de leur guerre d’indépendance et député à la Convention en France de 1792 à 1795. Ajoutons aussi chez Emmanuel Kant, qui a théorisé son Projet de paix perpétuelle (1795) à la lumière du grand cycle révolutionnaire qui s’est développé au tournant du XVIIIe siècle, et qui a eu connaissance de la Révolution de Saint-Domingue/Haïti, première révolution faite par des esclaves insurgés en Amérique."

A lire sur Agoravox

Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

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Manuscrits de Robespierre : poursuivre l'effort   Actuel

Communiqué de presse de la Société des études robespierristes envoyé à l'AFP le 24 mai 2011 :

L’État a finalement exercé son droit de préemption à l’occasion de la vente aux enchères des manuscrits de Robespierre chez Sotheby’s, à Paris, le mercredi 18 mai.

La Société des études robespierristes, l’Institut d’Histoire de la Révolution française (CNRS/Paris I Panthéon Sorbonne) et tous ceux, associations et citoyen(ne)s, qui se sont mobilisés se réjouissent de cette heureuse nouvelle. Notre élan collectif consacre la conception de fonds d’archives ouverts au public et la patrimonialisation de pièces indispensables à la juste appréciation de l’Histoire de la Révolution française.

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Manuscrits de Robespierre aux enchères   Actuel

Souscription lancée par la Société des Études Robespierristes

Chers amis,

Vous avez peut-être appris par la presse la mise en vente aux enchères de quelque 150 pages de manuscrits de Robespierre, par Sotheby’s France, le 18 mai. Il s’agit d’un dossier qui avait été mis à l’abri par la famille du conventionnel Lebas, après son suicide, et qui réapparaît deux siècles plus tard. Il est évident que la place de ces papiers serait une collection publique et qu’ils ne doivent pas être dispersés chez des collectionneurs privés.

Il s’agit, au sens propre, d’un patrimoine national.

Lire la suite sur le site de la Société des Études Robespierristes
Voir la description des manuscrits

Résister à la duperie de soi : de Rousseau à Sieyès   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Revue critique à propos de :
Augustin Giovannoni, Les figures de l’homme trompé, Paris, PUF, 2010 ; et sous sa direction, Figures de la duperie de soi, Paris, Kimé, 2001.
Jean-Jacques Rousseau en 78 lettres, un parcours intellectuel et humain, présentation de Raymond Trousson, Paris, Editions Sulliver, 2010.
Rousseau et les philosophes, sous la direction de Michael O’Dean, Voltaire Foundation, Oxford 2010.
Frank Salaün, Le genou de Jacques. Singularité et théorie du moi dans l’œuvre de Diderot, Paris, Hermann, 2010.
Daniel Roche, Les circulations dans l’Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siècle), Paris, Fayard, 2010.

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Tunis, Le Caire. L'inévitable Terreur ?   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Paris 1

Le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II), Robespierre est mis en accusation. Après une nuit de confusion il est arrêté puis guillotiné avec ses proches. La France va enfin pouvoir sortir de la Révolution. En tout cas, c’est ce que ses amis de la veille tentent de faire croire, grâce à une géniale invention : la Terreur. Dans les jours qui suivent l’exécution de l’ « Incorruptible », Barère puis Fréron et Tallien réussissent à imposer l’idée que depuis plusieurs mois, la Révolution a dégénéré en une politique volontariste de violences systématiques, entièrement organisées par la faction au sommet de l’Etat et perpétrées par des sans-culottes sanguinaires. Les historiens ont montré combien la réalité avait été plus compliquée. Qu'importe. La « Terreur » est une formidable machine à raconter des histoires : en rejetant la responsabilité des violences sur Robespierre et ses séides, les hommes de thermidor peuvent se dédouaner des exactions commises entre 1793 et 1794 et ainsi présenter leur coup d’Etat comme un acte salvateur. Terminer la Révolution, c’est arrêter la Terreur.

Lire la suite sur Lumières du siècle

Journée d'étude : enseigner la Révolution française   Enseignement

La journée d’études consacrée à l’enseignement de l’histoire de la Révolution française, organisée conjointement par la Société des Études Robespierristes et l’Association des Professeurs d’Histoire Géographie, avec le soutien de la ville d’Ivry-sur-Seine, de l’IRHIS, de l’IHRF et d’Armand Colin, se tiendra le 19 mars prochain à Ivry, centre Robespierre.

Lire la présentation et le programme sur le site de la Société des Études Robespierristes

The American Jacobin Party   Actuel

Le Parti Jacobin Américain se présente comme un mouvement qui encourage la vertu politique. Il soutient des valeurs libertariennes (liberal-libertarian ideology) et cherche à associer protection sociale et garantie des droits de l'individu. Il se réfère en particulier à Robespierre qui est le nom de plume de l'un des fondateurs. Le site de ce mouvement met ainsi en exergue le discours du 18 pluviôse an II-5 février 1794, Sur les principes de morale politique qui doivent guider l'administration intérieure de la République.
Dans quelle mesure Robespierre est-il compatible avec le libertarisme, même de gauche, et quoique le philosophe Philippe Van Parijs y inscrive également Thomas Paine ? Le libertarisme renvoie en effet à une conception de la liberté sans entrave qui n'est pas celle de Robespierre, ni celle de Paine au demeurant, puisqu'ils conçoivent la liberté comme non-domination.

Voir le site et le blog

Jaurès/Kautsky : socialisme et Révolution française   Annonces

Socialisme et Révolution française

Nous publions l'introduction et la table des matières de l'anthologie de Jean-Numa Ducange sur Jean Jaurès et Karl Kautsky, Socialisme et Révolution française, Paris, Démopolis, 2010 (préface de Michel Vovelle).


La Révolution (toujours) en question

Qui, aujourd’hui, n’a pas entendu parler de Jaurès ? De tout bord, on s’en réclame ; de tout bord, on le cite. Peut être est-il temps de le relire, au-delà de quelques citations issues de textes clairsemés (1). Son Histoire socialiste de la Révolution française, pourtant son ouvrage le plus élaboré, n’est guère mobilisée par la « citomanie ». Dans sa vaste fresque de l’histoire révolutionnaire, Jaurès entend siéger à côté de Robespierre aux heures difficiles de la Convention : « Ici, sous ce soleil de juin 93 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux jacobins (2) ». Parmi ses héritiers présumés, combien assumeront, avec Jaurès, de s’asseoir aux côtés de Maximilien Robespierre ?

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Les héritages des républicanismes et la république comme utopie   Annonces

Les héritages des républicanismes et la république comme utopie, atelier du Congrès Marx International VI hors les murs associé au Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Paris 1), se tiendra le samedi 27 novembre 2010 de 10h à 18h à l'Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Les problématiques du républicanisme, principalement connues par des travaux anglo-saxons, sont peu présentes en France. Les équivalents français de ces recherches en histoire politique et histoire des concepts ou des idées, quant à eux, ne dépassent guère le cercle étroit des spécialistes, au demeurant peu nombreux. Il s'agira dans cet atelier, de poursuivre, d'approfondir et d'élargir la réflexion entamée en 2008 lors du colloque Républicanismes et droits naturels, en se concentrant sur trois points qui sont apparus comme les principaux blocages : d'abord, le fait que la notion de républicanisme est réputée avoir épuisé ses potentialités révolutionnaires et semble désormais, en France, fixée peu ou prou aux valeurs de la IIIe République ; ensuite que le républicanisme est séparée des traditions jusnaturalistes et socialistes ; enfin, que l'approche standard des expériences républicaines tend à les cloisonner dans le temps et dans l'espace.

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La déclaration du droit des gens de l’abbé Grégoire (juin 1793, 4 floréal an III)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

Cette étude reprend le texte d'une communication présentée lors d'un colloque consacré à Grégoire qui s'est tenu à Metz en novembre 2006.

Dès le mois de décembre 1789, une partie des patriotes du côté gauche souhaitent que l’Assemblée Constituante s’empare de la question des relations extérieures de la France régénérée et définissent les grandes lignes d’une politique pacifique, refusant la guerre offensive, la conquête et la diplomatie « machiavélique » des rois. Dans l’une de ses premières interventions, Volney avance ainsi l’idée d’une déclaration solennelle des principes qu’entend suivre désormais la France dans ses rapports avec les autres peuples. Il appelle l’Assemblée à montrer

« que ces mêmes règles de justice que vous avez reconnues dans les particuliers existent aussi dans les nations : que dans la grande société du genre humain, les peuples ne sont que des individus qui, doués des mêmes facultés et investis des mêmes droits, doivent être soumis à des lois semblables » (1).

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La réaction thermidorienne d'Albert Mathiez   Annonces

Albert Mathiez La réaction thermidorienne

Nous publions le premier chapitre du classique d'Albert Mathiez, La réaction thermidorienne, réédité par les Editions La Fabrique, 2010, 410 p., avec introduction et notes de Yannick Bosc et Florence Gauthier.

Je me propose d'exposer avec quelque détail l'histoire intérieure des quinze derniers mois de la Convention nationale, depuis la chute de Robespierre au 9 thermidor an II (27 juillet 1794) jusqu'à l'avènement du Directoire, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Ces quinze mois ont reçu le nom mérité de Réaction thermidorienne (Réaction, cela veut dire Retour en arrière, recul), et, en effet, nous allons assister à la destruction progressive des institutions et des usages de l'époque précédente, de l'époque de la Terreur, en même temps qu'à l'exécution et à la persécution de tous les hommes qui avaient auparavant exercé le pouvoir ou participé à l'administration.
Avant le 9 thermidor, sous la pression des nécessités politiques et économiques de l'état de guerre, afin de vaincre l'ennemi intérieur et extérieur comme pour nourrir les villes et les armées menacées d'une famine permanente, le pouvoir s'était de plus en plus concentré.

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Des intentions et de leur réception : à propos de « notre terreur »   Actuel

notre terreur

Par Yannick Bosc, GRHIS, Université de Rouen

Notre terreur, création collective de la troupe d'ores et déjà mise en scène par Sylvain Creuzevault, est centrée sur Robespierre et les derniers mois du Comité de Salut Public. Créée l'an passé à La Colline la pièce est reprise du 9 au 30 septembre 2010 dans ce même théâtre pour la 39e édition du Festival d'Automne.
Disons d'emblée que ce spectacle porté par d'excellents acteurs frappe principalement par l'écart entre les intentions affichées et la réception des spectateurs.
Les intentions sont claires : « Que reste-t-il des révolutionnaires de l’an II dans l’imaginaire populaire ? Du sang. Sur quelle tête cet imaginaire se concentre-t-il ? Robespierre. Les 9 et 10 thermidor an II de la République marquent son arrestation et sa mort. Notre terreur interroge et dénonce cette transmission que d’ores et déjà interprète comme une censure thermidorienne, comme la fabrication de l’homme à abattre, comme le terroriste » (voir la présentation du spectacle sur le site de La Colline ).

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L’armée, la révolution russe et la révolution française : la trahison du pouvoir exécutif   Annonces

Extrait de L’histoire de la révolution russe, Tome 1, Février, de Léon Trostky disponible sur le site des Classiques des sciences sociales

Les soldats se sentaient de nouveau dupés. L’offensive menait non point à la paix, mais à la guerre. Or, les soldats ne voulaient point de la guerre. Les patriotes embusqués à l’arrière traquaient et vilipendaient les soldats comme des couards. Mais les soldats avaient raison. Ce qui les guidait, c’était un juste instinct national, réfracté à travers la conscience de gens opprimés, trompés, torturés, soulevés par l’espoir révolutionnaire et de nouveau replongés dans le sanglant gâchis. Les soldats avaient raison. La continuation de la guerre ne pouvait donner au peuple russe rien d’autre que de nouvelles victimes, des humiliations, des calamités, rien d’autre qu’un renforcement de la servitude intérieure et extérieure.

La presse patriotique de 1917, non seulement celle des cadets, mais celle des socialistes, ne se lassait pas de signaler le contraste entre les soldats russes, déserteurs et lâches, et les héroïques bataillons de la grande Révolution française. Ces confrontations témoignent non seulement d’une incompréhension de la dialectique du processus révolutionnaire, mais d’une totale ignorance de l’histoire.

Les remarquables grands capitaines de la Révolution et de l’Empire français débutaient, presque constamment, en enfreignant la discipline, en désorganisateurs ; Milioukov dirait : en bolcheviks. Le futur maréchal Davout, quand il était le lieutenant d’Avout, pendant de longs mois, en 1789-1790, dissolvait la discipline « normale » dans la garnison d’Aisdenne, en chassant les commandants. Par toute la France eut lieu, jusqu’au milieu de 1790, un processus de totale décomposition de la vieille armée. Les soldats du régiment de Vincennes contraignaient leurs officiers à faire table commune avec eux. La flotte expulsait ses officiers. Une vingtaine de régiments soumirent leur commandement à des violences de divers genres. A Nancy, trois régiments jetèrent en prison les officiers. A partir de 1790, les tribuns de la Révolution française ne cessent de répéter, à propos des excès de l’armée : « C’est le pouvoir exécutif qui est coupable de n’avoir pas destitué les officiers hostiles à la Révolution. » Il est remarquable que, pour la dissolution de l’ancien corps des officiers, se soient prononcés aussi bien Mirabeau que Robespierre. Le premier songeait à rétablir le plus tôt possible une forte discipline. Le second voulait désarmer la contre-révolution. Mais tous deux comprenaient que l’ancienne armée ne pouvait plus durer.

Il est vrai que la Révolution russe, différente en cela de la française, se produisait en temps de guerre. Mais ce n’est pas une raison pour faire exception à la loi historique signalée par Engels

Sur le principe de fraternité   Notions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

En 1848, sous la seconde république, Liberté, Egalité, Fraternité devient la devise officielle de la république. Mais c'est pendant la Révolution française qu'elle prend corps. Sous la première république, les en-têtes des documents officiels n'ont pas de formule fixée : le plus souvent on trouve Liberté-Egalité de part et d'autre de la feuille, mais on rencontre également la formule inversée Egalité-Liberté, d'autres triptyques comme Liberté-Egalité-Justice, ou encore d'autres formules, par exemple Unité, Indivisibilité de la République. On notera que dans les courriers officiels la fraternité est distinguée dans la formule de politesse salut et fraternité. Cependant, si elle n'est pas la devise unique d'une période qui n'en connaît guère, la formule Liberté, Egalité, Fraternité est bien née pendant la révolution française, dans cet ordre – la liberté et la fraternité encadrant l'égalité – et a bien été proposée comme devise, mais pour les gardes nationales et non pas de la république – et ce près de deux ans avant la proclamation de cette dernière.

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Pour une ontologie historique du discours robespierriste   En ligne

Robespierre et la formation de l'esprit politique au cours des années 1780

Par Jacques Guilhaumou UMR "Triangle", ENS/LSH, Université de Lyon.

La publication récente d'un onzième volume des Œuvres de Robespierre, sous la responsabilité de Florence Gauthier, et qui porte en grande part sur ses interventions en tant qu'avocat, académicien, puis acteur de la campagne électorale aux États généraux dans les années 1780, permet de décrire l'ontologie historique du discours robespierriste. Il s'agit d'analyser la manière dont Robespierre se constitue lui-même comme sujet observant, participant puis agissant au tout début de la Révolution française. Robespierre apparaît ainsi partie prenante du travail de l'esprit politique qui prédomine chez les futurs législateurs, à l'exemple de Sieyès déjà étudié, durant cette période. Un travail basé sur un socle sociologique d'observation sociale qui précise sa participation active à l'élaboration de notions-concepts ouvrant la possibilité de nommer l'ordre politique, avant même que ce nouvel ordre s'inscrive en 1789 à l'horizon du droit naturel déclaré. Sa touche personnelle concerne l'accent mis sur le nécessaire rôle des femmes et l'incontournable prise en compte de la situation des malheureux, et plus largement des opprimés.

Lire cette étude parue dans Mots sur HAL-CNRS

Le tyrannicide dans l'Europe moderne   Annonces

cottret tuer le tyran

Conclusion de l'ouvrage de Monique Cottret, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans l'Europe moderne, Paris, Fayard, 2009, 450 pages.

En parcourant tous ces régicides, de la Florence des Médicis à la France révolutionnaire, la tentation paraît bien grande de tout enfermer dans un même cynisme : chaque époque, chaque groupe, chaque individu ne serait-il pas susceptible de construire le tyran dont il a besoin ? de fabriquer des motifs pour qualifier de tyran celui dont on ne veut plus et justifier ainsi une solution violente ? Retournements, échanges des arguments, instrumentalisations, manipulations, trahisons ne manquent pas effectivement dans cette histoire du politique. Pourtant tous les régicides ne se valent pas : loin de nous la curieuse idée de les classer, mais force est de constater les différences. Ceux qui se réclament de Judith, ceux qui évoquent Brutus ne sont pas tout à fait les mêmes. Il y a ceux qui utilisent le poignard, ceux qui font des procès, les régicides individuels et les régicides collectifs. Beaucoup agissent au nom de Dieu, d’autres au nom de l’Etat, de l’impulsion divine ou de la raison… Très longtemps on attaque le tyran, mais on continue à célébrer le bon roi. En 1649 pourtant comme en 1793, c’est bien la superstition royale qui est en cause : Dieu, ou le peuple, sont seuls souverains.

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Pas de rue Robespierre à Paris   Actuel

Georges Sarre et Michel Charzat, avec le soutien des groupes MRC et apparentés, Communiste et élus du Parti de Gauche, et de quelques élus socialistes et verts, ont proposé ce mercredi au Conseil de Paris de donner le nom de Robespierre à une rue de la capitale. Une courte majorité UMP-PS a hélas rejeté cette initiative, après l'hostilité affichée du Maire de Paris et une intervention d'une rare mauvaise foi et d'une rare violence de M. Bournazel pour l'UMP.

Lire la suite sur le site L'esprit républicain ; voir également le blog d'Alexis Corbière, Conseiller de Paris et Premier Adjoint au Maire du 12e arrondissement.

La Révolution française : le langage du droit contre le discours de l'exclusion   Synthèses

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pour Alphonse Aulard, la Révolution française réside dans les efforts faits pour réaliser la Déclaration des droits rédigée en 1789 et complétée en 1793. Quant à la contre-révolution, poursuit-il, ce sont les tentatives faites pour s'en détourner (1). Le côté gauche de l'Assemblée nait ainsi du travail politique qui consiste à rappeler les principes déclarés en 1789 et à dénoncer les contradictions de représentants du peuple qui s'efforcent majoritairement de les esquiver. La ligne de partage entre révolution et contre-révolution passe par l'acceptation ou le rejet de la Déclaration. Mais plus précisement, puisqu'il existe plusieurs manières de concevoir le rôle et le contenu de ce texte fondateur, les conflits politiques se cristallisent sur les termes du contrat : qu'est-ce qu'un ordre social ? Qu'est-ce qu'être citoyen ? En quoi consiste la liberté, l'égalité ou la propriété ? Suivant les réponses apportées, les politiques mises en oeuvre tendront vers la réalisation des principes déclarés ou s'en écarteront. Le langage du droit, en tant que langue des droits naturels en actes, est ce qui guide le législateur dans la constitution d'une société juste. Il est la langue politique de la Révolution française (2) dont l'objet principal est de lutter contre le discours de l'exclusion qui est celui de la contre-révolution.

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Renta Básica/Basic Income/Allocation universelle   Actuel

Le site Rede Renta Básica associé au Basic Income Earth Network (BIEN) rend compte de l'actualité du principe d'allocation universelle, formulé pour la première fois par Thomas Paine dans Justice agraire (an V-1797), principe qui consiste à verser inconditionnellement à toute personne, riche ou pauvre, un revenu d'existence : " le premier principe de la civilisation, écrit Paine, doit avoir été, et doit être encore, que la condition des individus qui naissent après l'établissement de cet état, ne soit pas plus malheureuse qu'elle ne l'aurait été s'ils étaient nés avant cette époque". Pour Paine mais aussi Mably ou Robespierre, autres théoriciens du droit à l'existence, la raison d'être d'une société est en effet de garantir une existence digne aux êtres humains qui la compose. Sans cela ils sont dans un état de guerre les uns avec les autres, et non dans un état social.

Voir le site

La Révolution impossible, et pourtant là….   Recensions

Par Françoise Brunel, EA 127 « Modernités et Révolution », Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH/Université de Lyon

A propos de Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel, 2007, 394 pages, et Les Onze, Paris, Verdier, 2009, 137 pages.

Un projet littéraire sur la Terreur

Dans ses Propos sur la littérature, Pierre Michon revient à plusieurs reprises sur un projet de roman qui l’occupe depuis plus d’une dizaines d’années : « J’ai plusieurs textes en train. L’un d’eux est une fiction sur la Terreur de 93 » et de préciser l’environnement adéquat à l’écriture de ces projet : « …si bien que le Marat assassiné de David est là aussi à quatre ou cinq exemplaires, partout où je peux porter les yeux » (p. 67). Il précise : « Tout de même, en ce moment, pour le livre que j’écris et qui porte sur une période bien précise du XVIIIe siècle, j’ai des mètres et des mètres de documentation, sur les costumes révolutionnaires, sur un décret, sur n’importe quoi, sur tout » (p. 108). Il s’explique ailleurs plus longuement sur l’importance de l’enjeu de ce projet littéraire : « D’abord cette grande machine à propos de 1793, du moins autour, sur laquelle je suis depuis plusieurs années, ou ce que j’essaye d’affronter, c’est le nœud des arts et de la politique, l’éclipse de Dieu, le meurtre du père et le massacre réciproque des fils, et l’impuissance des arts à rendre compte, tout le fatras. Ou encore : pourquoi la Révolution française n’a pas produit d’œuvres d’art à la hauteur de l’événement ? Mais le problème est bien vaste pour moi, et cette histoire de Terreur me terrifie, littéralement je veux dire. Pourtant je suis heureux de ce que j’en ai écrit jusque-là, et si ça se trouve, c’est fini à mon insu…» (p. 158).

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Le sans-culotte comme emblème   Recensions

Par Emilie Bremond-Poulle, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

A propos de l'ouvrage de Michael Sonenscher, Sans-Culotte an Eighteenth-Century Emblem in the French Revolution, Princeton, 2008.

Michael Sonenscher, enseignant chercheur au King’s College, Université de Cambridge, entreprend dans cet ouvrage l’examen de l’expression « sans-culottes » sous un angle nouveau. Il dévoile comment, avant de refléter le mouvement révolutionnaire parisien, cette expression était employée dans les salons du XVIIIe siècle. Ainsi, en introduisant son livre, il annonce « C’est un livre à propos des sans-culottes et du rôle qu’ils ont joué dans la Révolution française. C’est aussi un livre à propos de Rousseau, et non moins à propos des salons »(1). Il s’agit donc ne pas faire de confusions, Michael Sonenscher, historien spécialisé dans l’histoire économique et de la pensée politique au XVIIIe, ne cherche pas à refaire l’histoire du mouvement sans-culotte, mais à livrer une vue plus globale sur l’histoire des idées aux XVIIIe, en appuyant sa réflexion sur les usages de cette expression. Développant autour de deux de ses domaines de prédilection, l’économie et la pensée politique, son livre englobe avec adresse des sujets variés : allant de l’usage des références à la philosophie antique au cours du XVIIIe aux réflexions physiocratiques sur la propriété. Le résultat en est un ouvrage relativement long et dense, divisé en six chapitres.

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Peuple et violence dans l’histoire de la revolution française   Réplique

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La violence politique dans l’historiographie de la Révolution française

Si l’histoire de la Révolution française ne se limite pas, fort heureusement, à l’analyse de la violence qui s’y est déployée, cette violence semble encore la frapper aujourd’hui d’un discrédit qui conduit à plusieurs impasses historiographiques. La première consiste à éviter soigneusement d’en parler pour ne pas réveiller des démons et ainsi faire comme si les droits de l’homme et du citoyen n’avaient pas eu besoin de la violence populaire pour être ratifiés par le roi, dès octobre 1789. La violence de la période révolutionnaire est traitée comme un épiphénomène, ou comme un secteur d’histoire qu’il faudrait traiter à part. La seconde consiste à en parler d’une manière quasi expressionniste à l’aide d’un vocabulaire choisi dans le registre thermidorien : « spectre », « violence débridée », « surenchère », « gouffre », « anarchie », et de refuser d’en analyser les enjeux théoriques pour en faire une pure pragmatique du fait révolutionnaire. La Révolution française devient alors un ring où tous les coups semblent possibles, permis ou acceptés en l’absence d’arbitre, puisque l’État, qui dans ce récit se doit de réprimer, est décrit comme « faible »(1).

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La représentation de l'événement révolutionnaire ou la peinture à l'épreuve de la gravure   Etudes

Par Philippe Bordes, Institut national d’histoire de l’art, Paris

Le Dix-Août de Bertaux

Le Dix-Août de "Bertaux", (1) conservé au château de Versailles, est une peinture célèbre, souvent exposée, souvent reproduite (voir sa reproduction en grand format). Aux yeux des historiens qui l'invoquent, c'est un témoignage visuel de l'époque révolutionnaire allant de soi, pouvant être reproduit presque sans commentaire. L'œuvre est considérée comme l'illustration fidèle d'un événement majeur. On sait qu'elle fut exposée au Salon de 1793, exactement un an après la scène historique représentée. Elle s'intègre dans l'effort concerté des révolutionnaires pour solenniser le souvenir de cette journée décisive. Telle une veduta, la reconstitution de l'événement sur la toile prétend à une grande exactitude. La façade des Tuileries que l'on voit sur la gauche, les costumes militaires et civils, les cadavres, les mêlées et charges confuses des combattants, soulignent les visées documentaires de l'auteur. A tel point que l'analyse de l'image sert généralement non pas à révéler l'invention et l'imagination qui sont au cœur de la création artistique, mais à développer un discours peu critique fondé sur l'idée d'une sorte de vérité de la représentation. (2) Pourtant, quelle que soit l'intensité des contraintes documentaires exercées par l'actualité sur une représentation peinte ou gravée, celle-ci reste une construction imaginaire élaborée à partir de codes visuels. (3)

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Le manuscrit de l’égalité barrée : égalité et insurrection en 1795   Etudes

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Notre point de départ est la pièce manuscrite, que nous reproduisons ci-dessous (1), dans laquelle le mot égalité est barré. Nous confronterons ce document qui a trait à l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1795 avec « le récit standard » de la Révolution française (2) à propos de la notion d’égalité et du moment thermidorien. Cela nous conduira à placer notre propos dans la perspective du processus ouvert en 1789 et à interroger l’égalité dans ce parcours qui la lie au droit à l’insurrection.

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Percevoir et traduire la violence verbale du peuple. De l’Ancien régime au XIXème siècle   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Face à l’archive, l’historien est d’emblée confronté à une langue sous l’emprise d’autorités détentrices de moyens répressifs et judiciaires lorsqu’il s’agit de contrôler les attitudes populaires, et tout particulièrement la violence verbale du peuple. Pour autant, il ne renonce pas à y recherche l’expression d’un singularité, au-delà de la simple mention de propos violents. Ainsi l’historienne Arlette Farge (1992) excelle dans l’art de rendre intelligible les paroles populaires, de leur donner une légitimité propre. Sous sa plume, la production politique de la parole populaire entre, avec le 18ème siècle, dans l’ordre de la vraisemblance en dépit de son désordre apparent. D’ailleurs, notre présente étude se veut un hommage au travail de cette historienne, étendu à la question de la violence féminine (Dauphin, Farge, 1997).

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Francia : la crisis social y el fantasma de Robespierre   Actuel

Par Hugo Moreno, Université Paris 8, texte publié dans Sin Permiso le 15 mars 2009



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"Parecen escucharse algunos ecos de Mayo 68, así como de 1848, y hasta el fantasma de Robespierre que parece preocupar al presidente Sarkozy. "Cuidado con los franceses, adoraban al rey y después le cortaron la cabeza", ha dicho. Quizá la intuición del político oportunista esté dando en el clavo." El presidente Sarkozy continúa su política de demolición de las estructuras económicas, políticas, institucionales del Estado de bienestar que aseguraron la prosperidad en la postguerra. Una tras otra son barridas por las "reformas" -en realidad las contrarreformas- inspiradas por la ideología del neoliberalismo de la derecha conservadora disfrazada con la impostura del reformismo. En poco más de un año, el "monarca electivo" no cesa en sus esfuerzos, inspirados tardíamente por la "revolución conservadora" del thatcherismo y del reaganismo. Paradoja de la situación, justamente en el preciso momento de su derrumbe, cuando aparece evidente el agotamiento del modelo neoliberal. El estado de gracia de Sarkozy se terminó pronto. El año 2009 comenzó con una resistencia social inédita, abarcando los más diversos sectores de la sociedad, movilizados desde abajo por la defensa de conquistas que costaron siglos de luchas en todos los planos.

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Marat et la dictature : évidences lexicométriques, précisions philologiques, conceptualisation   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Je propose ici une relecture critique provisoire d'un ancien essai que j'ai écrit sur Marat (1). Relecture critique provisoire, parce que je suis encore occupé à croiser les évidences lexicométriques qui ressortent du corpus digitalisé des Oeuvres politiques, les vérifications sur les éditions sur papier déjà existantes les plus significatives et les rapprochements sur la Collection avec des corrections manuscrites de Marat, retrouvée par Charlotte Goëtz et Jacques De Cock en Ecosse à la bibliothèque des comtes de Rosebery et achetée par la suite par la Bibliothèque Nationale de Paris (indiquée désormais comme Collection corrigée) (2). Un travail long et difficile, mais point inutile, comme je crois qu'il en ressortira des exemples sur lesquels je m'arrêterai dans cette étude.

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Républicanismes et droit naturel. Des Humanistes aux Révolutions des Droits de l'Homme et du Citoyen   Annonces

républicanismes et droit naturel

Les actes du colloque organisé par notre séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution en juin 2008 viennent de paraître aux éditions Kimé (avec le concours du CHISCO Paris Ouest Nanterre, ICT Paris VII Denis Diderot et IHRF Paris I Panthéon-Sorbonne). On trouvera ci-dessous l'introduction et la table des matières.

Républicanismes et droits naturels à l'époque moderne. Des humanistes aux révolutions de droits de l'homme et du citoyen, Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier (dir.), Paris, Kimé, 2009, 248 p.

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l’histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique". À partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit (1) ou Jean-Fabien Spitz (2) ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique.

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Les guerres de la Révolution française : exportation de la liberté ou guerres de conquêtes ?   En ligne

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

Conférence prononcée dans le cadre des conférences du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense ayant pour thème "l'exportation armée des idées et des systèmes" et publiée dans les Cahiers du CEHD, n° 34, décembre 2008.

Dans son grand discours du 2 janvier 1792 contre la guerre projetée par les amis de Brissot et les Girondins, Robespierre déclarait : "La déclaration des droits n’est point la lumière du soleil qui éclaire au même instant tous les hommes ; ce n’est point la foudre qui frappe en même temps tous les trônes." Il ajoutait : " La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis." Ainsi, pour Robespierre, l’idée que l’on puisse « exporter » les principes au bout des baïonnettes était en soi « extravagante ». Pourtant, cette idée que la Révolution française a, dès l’origine, cherché à imposer ses principes au-dehors est un lieu commun d’une grande partie de l’historiographie, et l’image glorieuse des soldats de l’an II voulant libérer le monde par les armes a encore quelque écho dans les représentations de l’événement.

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La Terreur comme état de siège fictif civil et comme fraternité   Annonces

Extrait du chapitre IV de l'ouvrage d'Anne Simonin, Le déshonneur dans la République : une histoire de l'indignité (1791-1958), Paris, Grasset, 2008, p.263-269

Le déshonneur dans la République

La Terreur, en principe à l’ordre du jour depuis le 5 septembre 1793, et l’instauration du gouvernement révolutionnaire, le 10 octobre 1793, constitue la période la plus controversée de la Révolution, celle qui fera l’enjeu des interprétations les plus opposées, sans que l’on parvienne encore aujourd’hui à s’accorder sur la nature de l’ordre public mis en place. Saturée de commentaires, la Terreur n’en demeure pas moins une « énigme ». La Terreur est le nom générique donné à la période comprise entre le printemps ou l’été 1793 et l’été 1794. Cette époque, asssez brève – en gros, une année – a sa temporalité. On « entrerait » dans la Terreur avec la constitution du « grand comité » de Salut Public, le 10 juillet 1793 ; on « sortirait » de la Terreur avec la mise en accusation, les décrets de mise hors de la loi et l’exécution de Robespierre, de vingt et un députés robespierristes, les 9 et 10 thermidor an II (27-28 juillet 1794), et de quatre-vingt-trois personnes les deux jours suivants. Divisés sur la fin de la Terreur, les historiens ne se sont jamais mis d’accord sur la date de son inauguration : « Il n’existe pas de consensus sur une date ou un événement qui symboliserait le début de la Terreur. » L’indétermination des bornes chronologiques ne trahit pas une obsession positiviste, mais bien plutôt une difficulté à penser la Terreur, et l’étonnante résistance d’une période dont l’histoire ne reste pas à faire, parce que beaucoup a été fait et écrit, mais dont l’interprétation n’est pas épuisée.

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Voir aussi le compte-rendu de Bruno Bernardi dans La vie des idées

Socialistes français et allemands face à la Révolution de 1905 ou la tentation de l’analogie avec 1789   Etudes

Par Jean-Numa Ducange, GRHIS, Université de Rouen

« Avant tout mon attention était concentrée sur un grand événement, la Révolution russe. Pendant que les révisionnistes attendaient un improbable socialisme, j’étais de plus en plus convaincu que la révolution en Russie était imminente et qu’elle devait entraîner une révolution politique en Autriche et en Allemagne» (1).

Ces mots de Karl Kautsky, rédigés plus de vingt-cinq ans après les événements, évoquent la Révolution russe de 1905. À l’époque de celle-ci, il était considéré comme l’un des théoriciens majeurs du SPD et ses analyses, tant sur le plan syndical que politique, lui ont valu la renommée de « pape » du marxisme (2). Dans le cadre d’une vue d’ensemble sur le socialisme et le syndicalisme des années 1905-1906, il apparaît nécessaire de revenir sur l’événement de 1905, dont on a perdu de vue aujourd’hui l’impact profond qu’il avait eu à l’époque. Il est en effet un tournant essentiel pour les partis de la Deuxième Internationale, au premier rang desquels le parti allemand, alors dominant tant numériquement que théoriquement en raison de l’influence de ses analyses. Longtemps perçue à la lumière d’octobre 1917 - « répétition générale », selon la formule de Lénine - et retenue pour l’apparition des conseils ouvriers, la Révolution de 1905 entraine d’abord un bouleversement majeur des équations stratégiques des socialistes français et sociaux-démocrates allemands de l’époque. Plusieurs études ont montré combien ce choc eut des conséquences sur le socialisme international (3). L’usage de la grève de masse, en écho à celle intervenue en Russie, est depuis lors âprement débattu et revendiqué par l’aile gauche de la social-démocratie et plus particulièrement par Rosa Luxemburg (4). Plus généralement cette révolution entraîna la réactualisation de la possibilité d’une voie révolutionnaire, en Russie comme dans les pays occidentaux, à une époque où de nombreux socialistes la considéraient comme caduque, dans le sillage du révisionnisme d’Edouard Bernstein en Allemagne et de la participation de Millerand à un gouvernement en France (5).

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Sieyès et les origines de la « science naturelle de l’état social »   Etudes

par Reinhard Bach, Université de Greifswald

De nombreuses publications ont ces derniers temps jeté un éclairage nouveau sur le rôle joué par l'abbé Sieyès dans le contexte de la Révolution. Si ce rôle apparaissait pour l'historiographie traditionnelle de moindre importance face aux grands noms de l'époque tels Robespierre, Danton, Mirabeau, Condorcet...et en règle générale marqué par des contradictions apparentes, ce jugement a été révisé, sur des points importants, au plus tard depuis les travaux de Bredin, Guilhaumou, Pasquino, Chr. Fauré, Quiviger entre autres (1). Les études les plus récentes ont ceci de commun, c'est qu'elles soulignent l'influence personnelle qu'a, en fait, exercée l'abbé Sieyès sur les événements politiques de 1789. Ceci concerne en particulier leur orientation intellectuelle, tout particulièrement l'impératif de répondre de façon innovatrice aux défis de nature totalement nouvelle lancés par la pratique politique, comme par exemple la mise en œuvre des idées démocratiques modernes, la revendication de la souveraineté politique émanant de la nation, mais également la réalisation dans les faits au niveau politique du libéralisme économique, ceci en harmonie avec les droits de l'homme et du citoyen qui venaient d'être déclarés en toute solennité. Certains aspects des contradictions dans les positions politiques de l'abbé ont été relativisés dans ce contexte, notamment grâce à l'accent mis sur son originalité. Ceci mis à part il existe toujours cependant des jugements historiographiques contradictoires, reflétant par là l'énorme complexité de la situation révolutionnaire des années allant de 1789 à 1799.

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Robespierre dans l’iconographie du temps présent   Actuel

These works are incredibly adorable, clothing is so correct, and from such a perfect period, the dandyness is overwhelming I love it !". Tel est l'un des commentaires que l'on trouve sur un site de dessins Manga qui reproduit une série de portraits de Jacobins en dandys, en particulier Saint-Just, mais aussi Robespierre, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne et autres.

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Politique de Fichte : « jacobinisme », nation allemande et Antiquité   Etudes

Par Lucien Calvié, CRÉG et PLH-ÉRASME, Université de Toulouse II-Le Mirail

Fichte « jacobin » et/ou nationaliste : une querelle française

Auteur difficile à lire et à interpréter, Fichte est-il tout uniquement, à travers les fortes et rapides variations de la conjoncture politique de son temps d’adulte, de 1789 à sa mort en 1814, peu après le début des guerres antinapoléoniennes dites « de la liberté » ou « de libération » (Freiheitskriege ou Befreiungskriege), le « jacobin » – du moins le « jacobin » allemand, avec de précautionneux guillemets en raison de la difficulté d’une définition du jacobinisme, en France même et, plus encore, dans la zone d’expansion du phénomène révolutionnaire au cours des années 1790, en Allemagne (1), comme aussi en Italie, en Hongrie ou en Pologne – que laissent percevoir ses premiers écrits de 1793 ? Ou bien est-il surtout, sinon exclusivement, le nationaliste – ou l’ultranationaliste, dirait-on aujourd’hui en raison du galvaudage rapide de la terminologie politique –, voire le précurseur du pangermanisme, de l’idéologie völkisch et du nazisme que semblent parfois révéler ses Discours à la nation allemande de 1807 ?

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The state of research on the French Revolution in China   Historiographie

Par Yiping Sun, Department of History and Culture, Shandong University, China

When they hear that I study the French Revolution, almost every friend in France asks me the same question: why did you choose that subject ? I always feel I should say that it is because of my love for French culture, but in fact this was not true at the beginning of my studies. As it happened I had no choice, since my Tutor at that time was a French Revolution specialist and I attended several of his courses such as The History of the French Revolution, Modern World History, and The Enlightenment Movement. All my friends and colleagues liked discussing the French Revolution and, as time went by, I began to like it too, so really, I did not choose the French Revolution, on the contrary, it was the French Revolution which chose me.

However the more I studied it, the more reasons I discovered to make me continue, so that now it is no exaggeration to say that I am perhaps more favourably inclined to the French Revolution than many French people. The history of the French Revolution is so profound, French culture is so rich and colourful, the French language is so beautiful that I think I will never become tired of my field. There are also so many ideological similarities between French and Chinese culture, especially the mutual sharp dualism, as a result of the idealism to change a society, so that to understand your culture is to understand my own better, and this type of research is a permanent joy to me! As a Chinese researcher, I am here today to give you an overview of the state of research on the French Revolution in China, mainly in the past 10 years.

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Clip Robespierre   Actuel

Robespierre et les années 70 en Italie. Video de Enrico Manfedini (Università degli Studi di Venezia).

Les femmes et le savoir politique pendant la Révolution française   Etudes

Perspectives franco-allemandes

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Les historiens ont souligné, dans un premier temps, les interdits à l’égard de la présence des femmes en politique au cours de la Révolution française, en particulier au sein des assemblées représentatives. Ce qui n’empêche pas, à vrai dire, l’apparition de formes multiples de mixité politique dans la société civile, sans compter la participation des femmes aux luttes révolutionnaires comme l'ont montré de nombreux travaux. Pour autant, la scène politique dans sa forme représentative s'instaure comme une exclusive des hommes dans sa pratique et sa théorisation même, exclusivité particulièrement bien explicitée chez Sieyès, l’inventeur du système français de la représentation politique.

Ainsi se met en place la dissociation historique entre une « école d’intelligence et de mœurs » de « la société des femmes » (1), la galanterie incluse, telle qu’elle s’impose dans les salons des Lumières, et le savoir politique de la société des hommes constitué par la première génération des législateurs-philosophes de la Révolution française. Dissociation qui interdit, pour une très longue période, la présence des femmes dans le monde des législateurs et leur univers de croyance en la vérité politique, y compris parmi les républicains, à l'exemple de l'annotation du député jacobin Lequinio sur l'incapacité des femmes à assumer "les fatigues morales du gouvernement politique" dans le chapitre sur les femmes de son ouvrage, Les préjugés détruits, que nous reproduisons en annexe.

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Robespierre : une parole d’aujourd’hui ?   Actuel

"Conversation entre Robespierre , Sophie Wahnich, historienne et Ian Brossat, président du groupe des élus communistes de Paris", dans l'Humanité du 6 septembre 2008 :

Sophie Wahnich : Droit de pétition, liberté de la presse et droit de s’assembler sans armes constituent les trois piliers de l’espace public démocratique qui s’est constitué dès 1789. À ce titre, ce sont des institutions fondatrices de la citoyenneté effective des Français, qu’ils soient ensuite classés dans la catégorie des citoyens actifs ou passifs par la Constitution votée le 3 septembre 1791.

Ian Brossat : Ces institutions sont encore les nôtres. Elles garantissent un exercice quotidien de la démocratie. Cette tradition est encore très vivace en France, comme le montrent la campagne pour le référendum européen de 2005 ou les mouvements anti-CPE de 2005. Force est de constater, cependant, que la voix du peuple ne couvre que par intermittences le brouhaha du pouvoir. On entend de plus en plus de responsables politiques qui prétendent s’affranchir de cette respiration populaire. Entre deux élections, il faudrait retenir son souffle. On se souvient de la phrase de Jean-Pierre Raffarin : « Ce n’est pas la rue qui gouverne. » Mais il y en a d’autres : « Vous m’avez élu pour cela », « rendez-vous dans cinq ans », « laissez-nous gouverner », « quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit »… Il y a là deux conceptions de la démocratie qui s’affrontent : une démocratie permanente d’un côté, une démocratie exclusivement représentative de l’autre.

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La Constitution de l'an III : un républicanisme classique ?   Réplique

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

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Ce texte préparatoire au Colloque Républicanismes et droit naturel a été présenté dans le cadre du séminaire « L'esprit des Lumières et de la Révolution » , le 16 février 2007.

Le rapprochement entre la Constitution de l'an III et le républicanisme classique est proposé par Andrew Jainchill dans un article intitulé « The Constitution of the Year III and the persistence of Classical Republicanism », publié en 2003 dans les French Historical Studies (vol.23, n°3). Il prend appui sur un texte de Keith Michael Baker qui sera au centre de mon propos : « Transformations of classical Republicanism in Eighteenth-Century France », publié en 2001 dans The Journal of Modern History (vol 73, n°1). Cette étude de Baker qui fait autorité aux Etats-Unis sur la question du républicanisme classique dans la France du XVIIIe siècle, n'a guère rencontré d'échos en France, hormis Raymonde Monnier qui en résume la thèse dans son ouvrage sur Républicanisme, patriotisme et Révolution française (2005) et indique qu'elle n'en suit pas les typologies, mais sans développer sa critique (même si au demeurant, on peut considérer l'ouvrage de Raymonde Monnier lui-même comme une réponse aux thèses de Baker).

Ces deux articles me semblent utiles pour saisir le contenu d'une réflexion, essentiellement anglo-saxonne, sur le républicanisme classique et la Révolution française, dont Keith M. Baker constate qu'elle est quasi ignorée en France, dans le sens où la république et le républicanisme y sont traités indépendamment des problématiques du républicanisme classique. En retour on pourra répondre à Keith Baker qu'il méconnaît les problématiques du droit naturel en révolution, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'elles ne cadrent pas avec son interprétation de la Révolution française. Cependant, nous verrons que si Baker ignore la problématique révolutionnaire du droit naturel, il n'ignore en revanche pas la philosophie du droit naturel. Cette disjonction m'amène également à considérer que ces articles ont aussi l'intérêt de mettre en évidence les apories sur lesquelles débouchent les lectures de la Révolution française qui y sont proposées. Il me semble en effet que ces deux articles sont incompatibles – alors que Jainchill s'inspire de Baker – et que cette incompatibilité tient en particulier à la figure de Thomas Paine, autrement dit aux découpages des catégories politiques qui sont mises en oeuvre par les auteurs.

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Construire, reconstruire la république polonaise : Mably et Rousseau (1)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

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Ce texte est une introduction à la communication présentée par Marc Belissa lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

La république et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des "traditions" et des sujets de dissertation pour collégiens lecteurs de Tacite et de Cicéron. Il existe en Europe un certain nombre d’États républicains dont l’expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Ces républiques modernes sont des objets complexes et qui ne se laissent pas facilement enfermer dans les catégories politiques actuelles. Parmi celles-ci, la Pologne, est l’enjeu d’un débat important entre les années 1760 et 1780.

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Domesticité, travail et citoyenneté en l'an II   Etudes

par Jean-Pierre Gross

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Ce texte est un résumé de la communication présentée par Jean-Pierre Gross lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

Les républicains anglais de 1647 proposaient d'accorder le suffrage à tous les hommes d'âge adulte, hormis les serviteurs à gages et les mendiants. Les Montagnards en 1793 prétendent émanciper les domestiques et leur offrir (femmes exclues) le statut de citoyen à part entière. Quelle fut l'incidence de ce projet? S'agit-il d'un repère significatif dans l'évolution de la démocratie?

"Tout homme peut engager ses services, son temps; mais il ne peut se vendre, ni être vendu; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance, entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie" (Article XVIII, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793)

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La pensée des Lumières : le travail naturel de l’esprit   Synthèses

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, ENS-LSH.

Au cours des vingt dernières années, l’approche de la pensée des Lumières s’est singulièrement complexifiée à la suite d’une série de publications, soit généralistes sous la forme de Dictionnaires, soit particulières sous la forme de monographies. Nous avons lu et rendu compte d’une partie, certes limitée, de cette vaste production éditoriale, mais presque toujours dans une perspective synthétique. Ainsi, au-delà d’un abord de la pensée des lumières centrée au départ sur la cohérence de l’entreprise encyclopédique elle-même, et du fait même que nous avons toujours essayé de mesurer l'ampleur d’une « économie du discours » (Francine Markovits) en matière d’échange, de communication, de langage, mise en place au sein de l'atelier analytique des Lumières, nous nous orientons de plus en plus vers la caractérisation, au cours des Lumières tardives (les années 1770-1780 donc), de ce qu'il en est du travail de l’esprit politique, de sa dimension matérialiste avec son point d'aboutissement en 1789, au point de proposer une réflexion autonome en ce domaine, comme le montre aussi une autre intervention sur le présent site .

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Republicanism and Basic Income   Etudes

Par Antoni Domènech et Daniel Raventós, Université de Barcelone

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Texte associé aux travaux du colloque Républicanismes et droit naturel qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

David Casassas suggests that the proposal for a universal and unconditional Basic Income of citizenship and the republican political tradition are linked since, for historical republicanism, the connection between freedom and property is essential. And it is true that this connection is so fundamental that republican freedom actually derives from property, in other words, from the material independence of individuals. Upholding this republican idea that having to survive cum permissu superiorum was the clearest sign of non-freedom, Marx pointed out in a celebrated passage of “Critique of the Gotha Programme” that the man “who possesses no other property than his labour power must, in all conditions of society and culture, be the slave of other men who have made themselves the owners of the material conditions of labour. He can only work with their permission, hence live only with their permission.” However, we are not arguing that the relationship between what is now understood by “republicanism” and Basic Income is a simple one, as we shall discuss in the following four points.

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Le nom de Sieyès. L’intelligence politique de la Révolution française   Etudes

Par Jacques Guilhaumou, Université de Lyon, UMR « Triangle », ENS-LSH

Dans l’Encyclopédie des sciences philosophiques (1), Hegel aborde la question du langage de façon corrélée au système que constitue l’activité de l’intelligence. Il s’intéresse ainsi à la dynamique du langage en tant qu’opération productrice de signes permettant à l’intelligence d’extérioriser ses représentations au sein de l’espace/temps de l’intercommunication humaine où elle est plongée. Dans un tel processus, l’intelligence est située hors de soi par le concret de l’intuition dont elle se revêt pour exister comme objet de réflexion au sein de la conscience intersubjective des hommes. Hegel précise alors que l’intuition «ne vaut que comme représentant quelque chose d’autre» (2). Par le fait de l’imagination, elle a reçu en elle «une représentation autonome de l’intelligence» ce qu’on appelle, si l’on en use comme d’un signe, une signification. Elle permet donc, via le signe, l’acte de représentation de l’être posé de l’intelligence.

Ainsi le langage confère une existence à la fois caractéristique et singulière aux représentations de l’intuition produites par l’intelligence en leur donnant une signification propre. Cependant, si le mot est la manière la plus évidente d’extérioriser une telle signification dans des éléments simples, il n’en reste pas moins que c’est le nom qui s’avère la signification la plus singulière. En effet, le nom introduit une liaison entre l’intuition produite par l’intelligence et sa propre signification, son référent posé d’emblée. Il est ce quelque chose d’autre qui fonde l’acte de représentation; il est certes quelque chose d’extérieur par son existence référentielle, mais sa liaison avec l’intelligence est aussi quelque chose d’intérieur. Il n’est donc pas seulement comme le mot le produit de l’analyse de l’intelligence, il est la manifestation synthétique de l’intelligence.

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Récit d'un événement : De la "marche civique" à "l'émeute"du 5 Vendémiaire an III à Marseille.   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS/LSH Lyon

Nous proposons présentement l'analyse discursive d'un événement qualifié de façon restrictive d'émeute par les historiens, et qui prend l'allure, au regard des archives disponibles, d'une marche civique : le rassemblement jacobin du 5 vendémiaire an III (26 septembre 1794) à Marseille. Dans le but de complexifier l'abord de cet événement, nous nous efforçons d'abord de décrire comment de simples spectateurs d'une "farandole" peuvent adhérer à un mouvement basé sur les principes républicains au point d'en devenir les protagonistes. Puis nous centrons notre attention sur la stratégie discursive des représentants en mission, qui tend à nier les médiations attestées, décrites par ailleurs dans les sources, avec l'objectif d'instaurer la mise en scène d'une loi révoquée depuis 1793, la loi martiale. Ainsi les ressources réflexives de cet événement discursif s'avèrent plus riches que le simple qualificatif d'émeute le laisse penser, en particulier à travers les témoignages que nous reproduisons par ailleurs, et bien sûr les justifications des citoyens arrêtés à l'issue de cette "émeute".

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Colloque républicanismes et droit naturel   Annonces

Résumés des communications pour le colloque Républicanismes et droit naturel à l'époque moderne qui se tiendra, les 5 et 6 juin 2008, dans la salle des thèses de l'Université de Paris VII Denis Diderot, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Entrée libre.

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La « Tricoteuse » : formation d’un mythe contre-révolutionnaire   Mots

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

"Tricoteuses : C'est ainsi qu'on appela les femmes d'origine populaire qui suivaient en tricotant les séances de là Convention et apostrophaient les députés depuis les tribunes. Elles se trouvaient aussi sur le chemin menant à l'échafaud et participaient aux "messes rouges", trempant leurs mouchoirs dans le sang des victimes. La plus célèbre des tricoteuses est Aspasie Carlemigelli qui foula aux pieds le cadavre du député Féraud, massacré le 20 mai 1795..." (1).

"Tricoteuses : Durant la Terreur, elles s'installent, quelques unes sans doute avec leur tricot, au pied de la guillotine pour voir tomber les têtes. D'où la légende des Tricoteuses de Robespierre » (2).

"la tricoteuse" : "image fantasmatique de la femme sur laquelle la Révolution évacuait une partie de la sauvagerie dont elle se savait porteuse"..."celle qui au pied de l'échafaud se délecte avec une complète insensibilité au sanglant spectacle qui lui est offert" (3).

« Tricoteuses : terme désignant les femmes qui s’assemblent devant la guillotine ou suivent la charrette /des condamnés/ en tricotant » (4).

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Robespierre contre le décret dit du marc d'argent   Commentaires

Par Yannick Bosc, GHRIS-Université de Rouen

Maximilien Robespierre, « Sur la nécessité de révoquer les décrets qui attachent l'exercice des droits du citoyen à la contribution du marc d'argent ou d'un nombre déterminé de journées d'ouvrier », avril 1791. Extraits et proposition de commentaire de ce célèbre discours qui est une bonne introduction à la pensée politique de Robespierre.

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Philosophie allemande et Révolution Française   Dossiers

Un espace de traductibilité politique

« L’observation contenue dans La Sainte Famille /Marx/ – que le langage politique français équivaut au langage de la philosophie classique allemande – a été exprimée ‘poétiquement’ par Carducci dans cette formule : ‘ Ils décapitèrent Emmanuel Kant, Dieu – Maximilien Robespierre, le roi ‘ », (Gramsci, Cahiers de prison,11, § 49)

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Dictature : les vicissitudes d'un mot. France et Italie (XVIII et XIX siècles)   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Version longue en italien

Dans le lexique contemporain les mots dictateur / dictature et leurs dérivés adjectifs et adverbiaux ont une connotation négative. Dans tous les registres et dans beaucoup de langues. Dans le langage commun parlé, dans la communication politique, culturelle, télévisée et journalistique (mais souvent aussi dans la production historiographique) dictature et ses dérivés sont utilisés comme des synonymes de despotisme et tyrannie, pour supprimer toute légitimité aux personnes, aux événements, aux propositions. Ils évoquent des réactions de refus, ils véhiculent le dégoût.

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Lequinio et la narration philosophique de la mort pendant la Révolution française.   Etudes

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans son ouvrage sur La mort et l’Occident (1), Michel Vovelle attire notre attention sur « le partage laïc » instauré pendant la Révolution française face à l’idée de la mort. Il singularise ainsi le trajet parcouru des matérialistes, et tout particulièrement le député breton Lequinio à d’autres jacobins, tel que Robespierre, qui invoquent plus largement les droits de l'homme en la matière, et tout particulièrement le droit à l’immortalité. Ainsi, au titre d’un tel droit de l’homme, une nouvelle sensibilité « s’exprime dans les grandes liturgies de la fête funèbre ou de l’apothéose des héros morts » précise-t-il (2). Nous pouvons dire plus avant que les événements révolutionnaires qui mettent en scène la mort nous introduisent à une nouvelle philosophie.

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La longue patience du peuple   Annonces

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS-EHESS

Introduction de l'ouvrage de Sophie Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2008.

la longue patience du peuple

Un désir de république, l’insu manifeste

Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes sous vos sabots brisiez le joug qui pèse
Sur l’âme et sur le front de toute humanité ;

Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
O Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;

Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
O millions de Christs aux yeux sombres et doux ;

Nous vous laissions dormir avec la République
Nous courbés sous les rois comme sous une trique.
Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !

Arthur Rimbaud, Mazas, 3 septembre 1870 (1)

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La Révolution française.   Annonces

Par Jean-Clément Martin, IHRF-Université de Paris I

idées reçues révolution française

Introduction à l'ouvrage de Jean-Clément Martin, La Révolution Française, collection "Idées Reçues", Paris, Le Cavalier Bleu, 2007, 126 pages.

Et si la Révolution française n’était, aujourd’hui, que des idées reçues impossibles à changer ? La question n’est pas seulement une provocation. Peut-on raisonnablement penser que la connaissance historique puisse changer quoi que ce soit à la mémoire qui « sait » que la Bastille a été une forteresse féodale prise par le peuple, que la mort de Louis XVI signifie la fin de la royauté, que les églises ont été dévastées, que les nobles ont été persécutés … La liste est longue de toutes ces certitudes héritées des conversations familiales, des plaisanteries collectives ou des manuels scolaires, qui fondent des jugements sur la Terreur, la Vendée, Robespierre, … selon des appartenances familiales et régionales. L’exemple de Charlotte Corday, sainte dans les traditions historiographiques anglo-américaines, devenue héros de manga au Japon, est un de ces cas limites, où quoi que l’historien fasse, quels que soient les textes qu’il étudie, les preuves qu’il accumule, les légendes qu’il pourfend vaillamment et inutilement, rien ne changera, au moins de son vivant. L’historiographie de la Révolution possède d’innombrables érudits qui se sont attaqués, chacun à leur tour, aux racontars et aux mensonges, aux inventions et aux oublis, avec d’ailleurs plus ou moins de bonne foi. Qui ont-ils convaincu sinon les convaincus d’avance, partisans de leurs idées, amis de leurs amis et ennemis de tous les autres ?

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Grégoire sous la Législative : garantir la loi pour garantir la Révolution   Commentaires

Par Sandrine Bouché, ICT-Université Paris 7 Denis Diderot

Commentaire du Discours prononcé dans l’église cathédrale de Blois en présence des corps administratifs, tribunaux, garde nationale et troupes de ligne, pour Jacques Guillaume Simonneau, maire d’Etampes, assassiné le 3 mars 1792 pour avoir défendu la loi, par M. Grégoire, évêque du département de Loir-et-Cher. Ce texte a été réédité en 1977 dans le tome 4 des Œuvres de l’Abbé Grégoire rassemblées par Albert Soboul aux éditions Edhis. L’édition originale publiée en 1792 est disponible sur le site Gallica de la BNF

Grégoire prononce ce discours dans la cathédrale de Blois en tant qu’évêque. Depuis son élection en février 1791, il profite de cette fonction pour multiplier les lettres pastorales comme autant de tribunes dédiées à la voix de la révolution. Ce discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’hommage funèbre est le premier des deux que nous lui connaissions en tant qu’évêque, le second étant celui en hommage aux morts du 10 août 1792. Grégoire s’adresse à un auditoire éclectique de personnalités locales des corps administratifs, judiciaires et militaires (1). Il fait l’éloge de Simonneau, le maire d’Etampes, une commune distante d’environ 130 km de Blois, tué le 3 mars 1792 lors d’une émeute populaire réclamant la taxation des denrées. Depuis le mois de février 1792, la Beauce était en proie à des émeutes sur les marchés et de taxations populaires liées à l’instauration de la liberté illimitée du commerce par le décret de l’Assemblée constituante du 29 août 1789 (2). L’inflation des prix de toutes les denrées alimentaires due à leur rareté et surtout à une spéculation financière sur celles-ci, déclencha des émeutes populaires pour mettre en vigueur la taxation. À Etampes, un des plus grands marchés de la Beauce, Simonneau voulut résister à des paysans venus taxer les denrées. Il proclama la loi martiale, une rixe éclata et il fut tué de deux coups de fusils (3).

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De Juan de Mariana à la Marianne de la République française ou le scandale du droit de résister à l’oppression   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

Le sujet dont il sera question ici : le nom, Marianne, donné à la République, en France, vient de celui de Juan de Mariana, jésuite espagnol du XVIe siècle, peut paraître à première vue étrange. Il s’est peu à peu dégagé des recherches que j’ai menées depuis plus de 25 ans et m’a paru atteindre sa maturité, c’est la raison pour laquelle j’espère parvenir à le rendre audible. Je suis historienne de la Révolution en France et dans les colonies françaises du XVIIIe siècle et tout a commencé avec un mot : droit naturel, ce mot qui apparaît dans les Déclarations des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de 1793 et qui résume la théorie de ces révolutions. Ces révolutions ont mis à l’ordre du jour la nécessité de déclarer les droits de l’homme et du citoyen, les droits des peuples à leur souveraineté, le droit à l’existence, le droit de résister à l’oppression. C’est pourquoi je pense qu’il convient de les appeler Révolutions des droits de l’homme et du citoyen. C’est en cherchant à mieux comprendre cette notion de droit naturel que je suis remontée des Lumières aux Révolutions anglaises et hollandaise du XVIIe siècle, aux guerres de religion du XVIe siècle et au tout début de l’ère moderne. La période moderne débute avec la Renaissance. En suivant le droit naturel à sa source, je l’ai trouvé en Espagne, développé par l’École de Salamanque et précisément dans la définition renouvelée du droit naturel moderne qui a permis l’épanouissement de la philosophie du droit naturel moderne.

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L’esprit des Lumières et de la Révolution 2007-2008   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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Colloque républicanismes et droit naturel, 5 et 6 juin 2008   Annonces

colloque républicanismes et droit naturel

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l‘histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique".

A partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit ou Jean-Fabien Spitz ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique fondé sur une conception de la liberté comme "non-domination".

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Derecho a la existencia y Renta Básica   Annonces

par Antoni Domènech, Universidad de Barcelona

raventos condiciones materiales de la libertad

Préface au livre de Daniel Raventós, Las condiciones materiales de la libertad, Barcelona, El Viejo Topo, 2007. Voir également sur le site de la revue Sin Permiso, le texte Antoni Domènech et de Daniel Raventos ¿Quién teme a la Renta Básica de Ciudadanía?

Quien por vez primera habló de “derecho a la existencia” fue Robespierre, en un discurso celebérrimo –uno de los últimos— de 1794, para expresar la idea de que la sociedad debe garantizar a todos sus miembros, como primer derecho, el de existir material y socialmente. Thomas Paine habló un poco después, en un escrito no menos afamado –Agrarian Justice (1796)—, de la necesidad y la justicia de crear un “fondo nacional” mediante impuestos a la propiedad privada de las tierras, a fin de introducir una pensión vitalicia para “toda persona actualmente viva” (mayor de cincuenta años) de “10 libras esterlinas anuales” (1).

Más aún que la propuesta concreta en sí, era interesante el estilo de su argumentación normativa. Paine comenzaba distinguiendo entre la propiedad de la tierra, que debía ser común, y la apropiación privada de los frutos del esfuerzo en su cultivo, al que debía hacerse también justicia. Pero luego pasaba a mostrar los enormes daños causados “a más de la mitad de la población” por la propiedad privada agraria, preparando el terreno para justificar la necesidad de compensarlos:

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Les mots de Marat   Mots

par Agnès Steuckardt, Université de Provence

La Révolution française, en ouvrant l’espace politique à l’ensemble des locuteurs français, a changé leurs pratiques discursives et, conjointement, leur langue même, et plus particulièrement son lexique. Le débat politique public et la presse d’opinion ont, au cours de la période révolutionnaire, élaboré leurs usages linguistiques. Quelle part Marat a-t-il prise à cette révolution linguistique ? La lecture de L’Ami du peuple, assistée par les moyens que fournit le traitement automatique du vocabulaire (1), permet de suivre au jour le jour les mutations qui s’accomplissent dans et par ce discours, et qui construisent, pendant la période 1789-1792, une première manière de la langue politique en français. On dégagera dans un premier temps les conditions qui président à la production du discours de Marat, pour en venir ensuite à sa contribution au renouvellement du lexique politique.

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Marseille révolutionnaire (1787-an II). L'expérience du républicanisme   Dossiers

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, ENS-LSH Lyon

Suite à la publication en 1992 de notre ouvrage sur Marseille républicaine (1791-1793) - Paris, Presses de Sciences Po - ce dossier rend compte en partie de l'actualisation au fil des années de nos recherches sur Marseille en révolution, soit par des synthèses, soit par de nouvelles études, soit par la publication de documents. Nous y avons ajouté une chronologie jusqu'en l'an II.

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Robespierre complété   Annonces

Publication du tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, édition et notes de Florence Gauthier, édité par la Société des Etudes Robespierristes. Bon de souscription pour le tome XI et offre pour les 11 volumes.

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Souveraineté et pouvoir local: expérimenter la démocratie à Marseille (1789-1794)   Etudes

Un pouvoir communicationnel (2)

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

" Unité de la république d'une part, gouvernement fédératif de l'autre: voilà le champ de bataille du jour et les grands mots dont on étourdit le peuple qui, heureusement pour lui, n'y comprend rien. On cherche par tous les moyens à lui faire un monstre de ce mot fédéralisme (…) Dans l'idiome de ses Messieurs unité républicaine est le synonyme de la tyrannie de Paris. Mais cette tyrannie, comme toutes les autres, disparaîtra devant le souffle du génie de la liberté. Il faut que Marseille soit la soeur et non la sujette de Paris " (Journal Français du 25 novembre 1792)

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La mission Maignet en l’an II   Etudes

par Jacques Guilhaumou, ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, MMSH Aix-en-Provence

Maignet est chargé le 9 nivôse an II (29 décembre 1793), par la Convention Nationale, d'organiser le gouvernement révolutionnaire dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. Homme de terrain, tout en étant proche de Robespierre et Billaud-Varenne (1), il apparaît, à la lecture de son Instruction sur le gouvernement révolutionnaire du 19 nivôse, qu'il veut traduire le projet des Montagnards "maximalistes" dans les réalités locales. Mais Il prend d'abord le temps de réfléchir aux objectifs de sa mission.

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Le discours du représentant en mission Maignet en l’an II.   Mots

Un parcours communicationnel (3)

par Jacques Guihaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Une fois installé à Marseille, le Montagnard Maignet, proche de Robespierre, se consacre à l'établissement du gouvernement révolutionnaire dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, tout en opérant une entreprise de "régénération" en direction des citoyens provençaux, et plus spécifiquement des Marseillais. Certes sa politique trouve sa principale légitimité dans la mise en oeuvre de son Instruction sur le gouvernement révolutionnaire, présentée par ailleurs, à l'exemple de la multiplication des comités révolutionnaires. Mais il nous importe surtout de préciser les caractéristiques discursives d'un parcours communicationnel propice à l'action gouvernementale, sur la base de l'usage de diverses notions employées par ce représentant en mission, et tout particulièrement les notions d'énergie, d'activité, d'unité d'action, de mouvement, de machine politique, de mesures, d'objets, de choses, de personnes et enfin d'hommes. Nous abordons ainsi le volet proprement discursif de la politique de Maignet, parallèlement à la présentation de l'ensemble de sa politique de suspicion et de régénération, au sein d'une autre étude, en collaboration avec Martine Lapied, sur le présent site.

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Maignet et l'établissement du gouvernement révolutionnaire   Textes

INSTRUCTION du Représentant du Peuple Français envoyé dans les départements des Bouches du Rhône et du Vaucluse, SUR LE GOUVERNEMENT REVOLUTIONNAIRE

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L'intentionnalité historique au 18ème siècle   Recensions

De la conceptualisation de l’histoire aux usages des savoirs de l’histoire

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon.

Après avoir publié en 1989 une étude sur les Critiques des droits de l'homme opérées de Burke au jeune Marx (1), Bertrand Binoche explore, dans son ouvrage suivant, la complexité configurationnelle du concept d'histoire chez les Allemands, les Écossais et les Français dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. L'ampleur de son approche peut se mesurer à son souci de ne pas passer d'un auteur à l'autre par la seule énumération de contenus doctrinaux saisis comme des totalités closes, inertes mais par le fait d'appréhender les textes comme « des travaux, des activités voués à l'aporie et à l'invention qu'il faut analyser en tant que telles dynamiquement, et parce qu'elles sont diverses, comparativement ». Ainsi il s'agit moins de reconstruire la cohérence de telle ou telle oeuvre dont on juge rétrospectivement qu'elle relève de la connaissance philosophique de l'histoire que d'évaluer les tensions qui habitent un discours sur l'histoire, et d'y trouver de quoi féconder notre propre réflexion. Claude Gautier s’inscrit, au sein de ses ouvrages, dans la même perspective méthodologique, mais d’une façon plus resserrée dans le choix des auteurs étudiés.

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La Révolution à Marseille   Outils

Chronologie des événements (1788 - an II)

"Le 19 du mois de juin 1792, Marseille provoqua l'abolition de la royauté, et forma un Bataillon pour l'envoyer à Paris", Vie politique de François Isoard de Marseille.

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La proposition de loi sur "le génocide vendéen", une atteinte à la liberté du citoyen.   Actuel

Dans une récente intervention relative à La liberté de l’historien sur le site du Comité de vigilance sur les usages de l’histoire, Gérard Noiriel précise que « les lois sur la mémoire peuvent affecter indirectement la recherche et l'enseignement de l'histoire. Mais cela n'est pas nouveau. Les interventions politiques dans l'appréciation des événements du passé ont toujours existé en République. On peut certes critiquer ces lois. Mais il faut le faire en tant que citoyen et pas en tant qu'historien. C'est pour des raisons politiques que je refuse, pour ma part, qu'on mette sur le même plan une loi qui fait l'apologie de la colonisation avec celles qui condamnent le racisme, l'esclavage, les persécutions de masse. »

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L’imaginaire de la Constitution de 1789 à 1830 : symbolique d’union ou de division politique ?   Etudes

par Rolf Reichardt, Universität Gießen

Reichardt

Lorsque, pour célébrer la Révolution, l’Association pour le développement de la Philatélie française émit en mars 1989, avec souscription réservation, une série de timbres dont l’ensemble représente la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 89 (1) , elle fit preuve d’une fine intuition des sentiments majoritaires de la population. Car suivant les sondages du Figaro Magazine et de Sofres-L’Express, trois quarts des Français regardaient alors la Déclaration comme le meilleur symbole positif de la Révolution – consensus national minimum bientôt familièrement dénommé « droitlomisme (2) ». Et en s’inspirant d’un placard illustré de 1789 , représentation contemporaine la plus connue et la plus solennelle de la première Déclaration (fig. 1), la série de timbres-poste suggère que cela a toujours été ainsi. Or s’il convient d’en douter partiellement, cette libre interprétation d’une estampe n’en semble pas moins symptomatique d’une imagerie révolutionnaire qui, munie de ses procédés spécifiques d’expression, a laissé sur les esprits une empreinte plus profonde et plus durable que la logomachie mise en scène dans les assemblées et dans la presse : un processus de visualisation et de commémoration emphatique dont la présente communication veut esquisser quelques lignes de force.

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Marat : trois versions d'un meurtre   Enseignement

Par Patrick Garcia, IUFM de Versailles

Le 13 juillet 1793, Marat est assassiné par Charlotte Corday, une jeune fille âgée de 25 ans, issue de la petite noblesse normande et proche des Girondins. Aussitôt, Marat est considéré comme un martyr de la Révolution et son corps transféré au Panthéon. Le juste, épris de vérité, L'Ami du peuple - selon le titre de son journal - le martyr de la liberté, tel est le Marat que David choisit de représenter. Mais Marat n'est pas, loin s'en faut, une figure consensuelle. Associé à la Terreur, à laquelle il ne cesse d'appeler, sa dépouille est retirée du Panthéon aux lendemains de la chute de Robespierre. Commence alors un combat autour de la mémoire de Marat qui se noue en variations sur la représentation inaugurale de David.

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La Révolution française et la rupture des Temps modernes   Synthèses

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

Tout au long de l’histoire, des réseaux de croyance se constituent autour de traditions novatrices dont chaque individu hérite avec la possibilité de les étendre, les modifier voire les rejeter. Tel est le cas des traditions politiques émancipatrices mises en place pendant les Temps modernes (16ème-18ème siècles). Entre humanisme, civisme, artificialisme, républicanisme, et sous l’égide des valeurs de liberté et d’égalité, la rupture historique de la modernité politique fait alors signe vers la formation européenne de la Nation, avec un temps fort, le moment de radicalité propre à la Révolution française.

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Histoire de la Révolution française   Annonces

par Jules Michelet

Les éditions Gallimard rééditent en 2007, et en livre poche (quatre volumes, Folio histoire), l'Histoire de la Révolution française dans l'édition établie et annotée par Gérard Walter, et publiée en 1952 dans la Bibliothèque de la Pléiade. A cette occasion, nous reproduisons la Préface de 1847. Nous renvoyons également, sur le présent site, au compte-rendu de l'ouvrage récent de Paule Petitier sur Jules Michelet. L'homme histoire (2006).

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Néologismes en temps de Révolution   Mots

Fiction carnavalesque

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Parmi les milliers de mécontents que la révolution a suscités, un homme très honnête voit et ne veut voir que les effets de l’anarchie ou plutôt de la panarchie, c’est-à-dire de la législation de tous (1). Mais, soucieux d’en savoir plus, il se rend à Paris de sa Province méridionale pour rencontrer d’honnêtes gens et lire de bons journaux. Suivons les flâneries burlesques à travers Paris de cet aristocruche (2) qui ne connaît que des principes inconstitutionnels et mimonarchiques (3). Ne confond-t-il pas les vrais, ardents et utiles patriotes avec les têtes exaltées par des idées fausses, vagues, exagérées, inconsistantes, associant alors à la confusion des idées l’abus des mots (4) ? Son imagination ne trouve-t-elle pas dans ce séjour une raison singulière de s’échauffer, ne lui inspire-t-elle pas une foule d’idées, que nous croyons ne pas devoir laisser échapper au lecteur, aussi burlesques soient-elles ?

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Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne   Recensions

À propos du livre de Laurent Dubois, Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne, Rennes, Les Perséides, 2005.

Par Fabien Marius-Hatchi, Université Paris VII – Denis Diderot

Couverture Dubois Vengeurs du nouveau monde

Cette histoire oppose, d’une part, l’image que se font de leurs victimes ceux qui leur causent des souffrances indicibles et, d’autre part, les luttes de ces victimes qui, par miracle, se résorbent dans l’invention d’une nation nouvelle et d’une autre nature.

Jean Casimir (Préface, p. 11)

Paru aux États-Unis en 2004 – l’année du bicentenaire de la proclamation de la République d’Haïti, le livre de Laurent Dubois se présente comme une synthèse de l’histoire de la Révolution haïtienne établie à partir d’une lecture croisée de sources primaires et des principaux travaux historiques parus aux États-Unis, en France et en Haïti, essentiellement depuis un quart de siècle.

Héritier des travaux précurseurs des Haïtiens Beaubrun Ardouin et Thomas Madiou pour le 19e siècle, de ceux du Trinidadien C.L.R. James et du Martiniquais Aimé Césaire pour le 20e siècle, l’ouvrage de Laurent Dubois se situe dans la lignée, notamment, d’une historiographie étasunienne qui – tel David Geggus ou John D. Garrigus – cherche à “entrevoir avec plus de clarté ce que les événements de cette période ont pu signifier pour ceux qui les vécurent” (p. 25). À la suite de son premier livre A Colony of Citizens: Revolution and Slave Emancipation in the French Caribbean, 1787-1804 (1) dans lequel il abordait le programme politique révolutionnaire porté par les esclaves insurgés de la Guadeloupe, Laurent Dubois ambitionne donc de reconstituer l’histoire de l’insurrection de Saint-Domingue, de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance de la République d’Haïti à partir des conceptions et des aspirations des esclaves.

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La Révolution française au pays des trains fantômes   Actuel

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS.

"On a beaucoup parlé de la hauteur de la Révolution, il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut". ( Saint-Just)

1. En 1938, Jean Renoir achève le film sur la révolution française commandée par la CGT. La Marseillaise s’ouvrait sur l’iniquité d’un procès fait à un braconnier, décrivait la dynamique qui avait conduit à la chute de la monarchie et se refermait sur l’inachèvement d’une histoire d’amour : celle d’un peuple pour la liberté. Deux ans plus tard la Marseillaise est le chant patriotique des résistants français.

2. En 1983, Wajda le cinéaste polonais de l’homme de fer, réalise un Danton qui s’ouvre sur la guillotine, la pluie et la violence sadique infligée à un enfant qui apprend la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le film s’achève sur une guillotine détrempée du sang de Danton, et sur la voix tremblotante de l’enfant disant son compliment à Robespierre. Cette voix finit par se perdre. En 2004, la Pologne entre dans l’Europe élargie sans savoir quelles valeurs elle partage avec les autres pays européens. En 2006, elle réclame le rétablissement de la peine de mort comme horizon d’avenir pour l’ensemble des pays d’Europe.

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A proposito di felicità, rivoluzione francese, banche dati e linguistica computazionale.   Epistémologie

Par Cesare Vetter, Università di Trieste

Traduction française (pdf) - English translation (pdf)

Fin dalla metà degli anni Novanta ho aperto – presso il Dipartimento di Storia dell’Università di Trieste – un cantiere di lavoro sull’idea di felicità nel XVIII e XIX secolo. Un cantiere di lavoro che comprende ricerche mie personali, discussioni con i colleghi, confronti con gli studenti nell’attività didattica e un ampio e organico piano di tesi di laurea. L’analisi dell’idea di felicità incrocia le problematiche affrontate in precedenti lavori. Integra e per molti versi arricchisce la riflessione sulla dittatura (1) . È mio fermo convincimento che la nozione di felicità è terreno privilegiato – e finora non sufficientemente frequentato – per ricostruire i percorsi del pensiero e dell’iniziativa politica in età moderna e contemporanea. Anche per la nozione di felicità – così come per altre grandi questioni dell’Ottocento e del Novecento – la rivoluzione francese costituisce snodo essenziale.

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L'esprit de Marat   En ligne

Un blog, L'Ami du Peuple animé par un « collectif de rédacteurs indépendants engagés d'Ile de France » et « créé en la mémoire de Marat, créateur de ce journal de la Révolution française », a été ouvert sur le Web depuis quelques mois. A travers la personne de Marat, il s’agit de défendre des idéaux de justice et d'humanité.

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« La terreur à l’ordre du jour » : un parcours en révolution (1793-1794).   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Dans la gamme diversifiée des travaux lexico-sémantiques sur les discours de la Révolution française, les études d’Annie Geffroy (1) et de Gerd van den Heuvel (2) retracent l’histoire du mot terreur pendant la décennie révolutionnaire. L’analyse de discours ouvre à une approche plus événementielle et plus historique des usages de ce mot en se centrant présentement sur l’émergence de l’expression « la terreur à l’ordre du jour » le 30 août 1793 au Club des Jacobins, et sur son devenir jusqu’à la première défaite du mouvement populaire avec l’arrestation des dirigeants cordeliers en mars 1794. Nous nous proposons donc de préciser le contexte discursif de formation de cette expression pendant l’été 1793, puis de suivre sa propagation au cours l’automne 1793 et de l’hiver 1793-1794 en essayant dans le même temps d’en situer les enjeux politiques.

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Alphonse Aulard, Jean Jaurès et l'historiographie républicaine de la terreur   Textes

Alphonse Aulard considère, dans le passage de son Histoire politique de la Révolution française reproduit ci-dessous, que l’on ne peut pas parler de « système de terreur » en l’an II, mais qu’il a bien existé un « régime de terreur », tout particulièrement au moment où « le mot de Terreur fut employé usuellement pour désigner un moyen de gouvernement », c’est-à-dire à partir de la mise à l’ordre du jour de la terreur le 5 septembre 1793. Ainsi « dans la politique gouvernementale, surtout dans les discours, la terreur fut bien à l'ordre du jour pendant quelque temps ».

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La dénonciation chez Marat   Editions

Par Emilie Brémond-Poulle, Université Paris VII-Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage d'Emilie Brémond-Poulle, La dénonciation chez Marat (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 279 pages, l'ouvrage est à lire en intégralité en pdf.

couverture Brémond la dénonciation chez marat

Chaque personnage un tant soit peu célèbre de la Révolution française a hérité d’une réputation, d’un mythe. C’est dire que son nom seul suffit à susciter l’effroi ou, au contraire, l’admiration. Ainsi, si l’on parle de Robespierre « l’incorruptible », de Danton « le vénal », de Mirabeau « l’orateur » ou même de Saint-Just « l'ange exterminateur » ou « l’idéaliste », on évoque Marat « le sanguinaire », « celui qui a été tué dans sa baignoire ». Bien sûr, certaines personnes sont capables de resituer son action de journaliste, mais c’est quand même cette image négative qui l’emporte. Marat, comme beaucoup d’hommes de la Révolution française, est à la fois méconnu et célèbre.

Jean-Paul Marat est né en Suisse, à Boudry dans la principauté de Neuchâtel, le 24 mai 1743. Son père Jean Mara était un prêtre mercédaire d’origine Sarde. Ayant quitté ses fonctions suite à une affaire politico-religieuse, il trouva refuge à Genève. Il se rallie alors au calvinisme et devient dessinateur. Il épouse Louise Cabrol, une jeune femme d’origine française en mars 1741. Ils eurent neuf enfants, Jean-Paul étant le second. Il étudia au Collège de Neuchâtel et quitta sa famille à l’age de 16 ans. Il devint ensuite précepteur du fils d’un négociant de Bordeaux, pendant deux ans. Puis il rejoint Paris (entre 1762 et 1765) où il complète ses études. Il s’initie à la médecine et la philosophie, mais il n’y a pas de trace de diplôme. En 1765, il part pour l’Angleterre et s’y installe dix ans. Il vit tout d’abord à Londres, où il est médecin, puis à Newcastle. Il reçoit son diplôme de médecine à Londres, en 1775, et publie quelques articles sur des sujets médicaux. Cependant, il n’a pas cessé de s’intéresser à la philosophie et à la littérature. Ainsi, en 1775, il est déjà l’auteur de quelques essais et d’un roman. En 1770, il écrit Les aventures du jeunes comte Potowski. L’ouvrage ne fut jamais publié de son vivant. C’est une première tentative. Puis, en 1773, il publie A Philosophical Essay on Man, mais clandestinement. Il ne le traduira en français qu’en 1775. Toutefois, le texte de référence du Marat de ces années là est bien The chains of slavery, publié à Londres en 1774. Le contenu en est éminemment politique. En se basant sur des exemples historiques, il montre comment les despotes accentuent sans cesse leur emprise sur les peuples. Marat a ainsi, simultanément, une activité de médecin, de philosophe et de théoricien politique.

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Tribulations ministérielles   Actuel

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

« Tribulation : Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. Du latin tribulare, battre avec le tribulum, la herse à battre le blé. »

Dictionnaire Robert

Il était une fois dans un royaume riche et grand par son immense population comme par le faste de sa monarchie, un jeune roi du nom de Louis XVI, qui venait d’accéder au trône. Comme il arrive souvent, il voulut tout faire à l’inverse de son prédécesseur et appela au poste convoité de contrôleur général des finances, qui équivalait à celui de Prime Minister établi dans le royaume voisin, un grand réformateur répondant au nom de Turgot. En ce temps-là, l’esprit de réforme était porté par un parti que l’on désignait par le terme récent de philosophes économistes car, en ce siècle de Lumières, la faculté de philosopher était élevée au pinacle.( Fort heureusement, cela a bien changé depuis et la philosophie est considérée comme une activité réservée aux spécialistes, n’ayant aucun caractère populaire, plutôt dangereuse et l’on préfère les économistes sans philosophie aucune.)

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Nouvelles parutions numériques   Outils

Le site « Les classiques des sciences sociales », dont nous avons déjà signalé ci-dessous l'importance comme outil de travail, s’enrichit, dans sa rubrique nouveautés en novembre 2006, de plusieurs ouvrages relatifs aux Lumières et à la Révolution française. Un récent interview de Jean-Marie Tremblay montre l'immense succès de cette bibliothèque virtuelle.

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Le débat sur le commerce du blé (1768-1775) : formes et porteurs légitimes de la rationalité en question   Etudes

Par Déborah Cohen, Institut Universitaire de Florence.

Le 29 mai 2005, la France vote majoritairement « Non » au référendum qui lui est proposé. Le lendemain M. Barnier, ministre des affaires étrangères, juge que « dans ce référendum, on a bien vu que les Français n’avaient qu’un seul bulletin de vote et qu’ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles (…) sur le sens du projet européen et l’incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte » (1). Pour le ministre, il ne s’agit évidemment pas de tenir compte du rejet du texte proposé, d’y entendre un jugement populaire et censé, construit à partir d’une analyse de ce qui était proposé et d’une confrontation avec la réalité vécue et avec la réalité souhaitée, rêvée peut-être, par les électeurs ; ce qu’il s’agit de prendre en compte, c’est la supposée incompréhension des électeurs qui, interrogés sur un point, auraient, de manière illégitime et comme de mauvais élèves, répondu sur d’autres. Comment le peuple des électeurs a-t-il pu se tromper ainsi ? comment a-t-il pu ne pas voir où se trouvait le vrai, le bon, le juste ?

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Sur la Terreur : réponse à David Andress   Réplique

Par Jean-Pierre Gross

Le débat que David Andress a bien voulu engager sur la Terreur, suite aux comptes rendus parus sur son ouvrage, soulève un bon nombre de questions propices à la réflexion. Ne serait-il pas possible, tout d’abord, de dissiper le flou et de se mettre d’accord sur une définition de la Terreur au sens strict du terme ? Sans la confondre, par exemple, à la violence pure et simple, consubstantielle à la Révolution dès ses débuts ? Ou en la limitant chronologiquement, à une période de douze mois (juillet 1793 à thermidor an II) ? Ou à la répression active, dans les zones et villes rebelles, en lui soustrayant les aires relativement pacifiques, exemptes de contestation, où l’incitation prit le pas sur la contrainte ? Est-il permissible de différencier les “bons aspects” et les “mauvais aspects” de la Terreur ? De séparer “la violence légitime de la violence illégitime”? Compte tenu des objections de David Andress, de telles distinctions peuvent paraître, en effet, simplistes ou tendancieuses.

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David et la Grande Révolution de 2014   Actuel

Par Raphaël Julliard, concepteur de la chapelle temporaire pour une révolution à venir

Le 12 janvier 2007 aura lieu à Lyon l'inauguration d'une chapelle temporaire pour une révolution à venir. Située dans un espace d'exposition dédié à l'art contemporain, la BF15, sur la place des Terreaux, elle tentera de mettre en place une mythologie basée sur un principe de déterminisme historique pour la seconde moitié du XXème siècle. Une alternance, tous les 23 ans, de fin de guerres et d'événements à caractère révolutionnaire: les bombes en 1945 au Japon; mai 1968; la fin de la guerre froide avec la chute de l'URSS en 1991. Puis 23 ans plus tard, en 2014, le prochain retournement historique. Le projet sur la possibilité de l'avènement d'une révolution en l'an 2014 à commencé par la consultation de documents dans plusieurs domaines : histoire, bien sûr, mais aussi, philosophie, sociologie et histoire de l'art. Dans un premier temps, l'attention c'est portée sur l'autre grande révolution, politique en premier lieu, celle qui fait modèle ou archétype pour celles qui ont suivi, la Révolution française. En cherchant pour cette période, tout au long de ces événements, les liens entre art et révolution, la figure et l'oeuvre de Jacques-Louis David étaient inévitables.

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L’esprit des Lumières et de la Révolution 2006-2007   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Les séances se tiendront à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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Jacobinisme et marxisme. Le libéralisme politique en débat.   Notions

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

La tradition marxiste, du Jeune Marx à Gramsci, s’est constamment interrogée sur le sens intégral, donc positif, de la notion de jacobinisme, tant sur le plan historique que conceptuel (Guilhaumou, 1985). Les historiens actuels se sont plutôt intéressés à « la fortune et l’infortune » du mot de jacobin auquel s’attache une forte connotation négative ou positive (Ozouf, 1984). Le lexicologue précise pour sa part que l’entrée en politique de jacobin en 1790 se fait dans le cadre d’une association polémique, au sein la presse de droite, qui permet de stigmatiser le club des Jacobins comme extrémiste (Geffroy, 1997). Ainsi le terme de jacobinisme est présent en 1791 dans un quotidien royaliste à succès, le Journal de la Cour et de la Ville. Peu enclins à user abondamment d’un terme de la réaction antirévolutionnaire, les historiens progressistes de la Révolution française, de Jean Jaurès à Albert Soboul, ont, dans le même temps pris leur distance avec le qualificatif d’historien marxiste. Dans son dernier entretien, Albert Soboul (1987) précise: « Je ne pense pas qu’il y ait une histoire marxiste et une histoire qui ne le soit pas ». Il y a l’Histoire tout court ». Sans doute, l’Histoire tout court est marxiste à ses yeux lorsqu’il précise : « Je proteste contre le discrédit auquel on a voué le marxisme à l’heure actuelle et qui, à mon avis, ne s’adresse qu’à un marxisme fermé, dogmatique et sectaire ». Cependant il n’en reste pas moins que les historiens progressistes de la Révolution française refusent d’opposer la méthode marxiste à la méthode de l’historien. Ils considèrent le marxisme seulement comme une méthode critique de recherche et de réflexion, positionnée en complément de la méthode de l’historien.

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Laconisme et abondance : deux modèles pour le discours révolutionnaire   Mots

par Agnès Steuckardt, Laboratoire "Parole et langage", Université de Provence (Aix-Marseille I).

La présente contribution ouvre le débat sur les modèles qui présidaient, pendant la Révolution française, à l’élaboration du discours. Alors que, comme l’ont souligné à juste titre les synthèses les plus récentes, les révolutionnaires ont beaucoup décrié les séductions rhétoriques et se sont volontiers réclamés du laconisme, ils n’ont pas, à l’évidence, renoncé à l’abondance de l’éloquence. Cette pratique, apparemment contradictoire avec leur modèle théorique, n’est pas sans avoir fait elle-même l’objet d’un discours métadiscursif avant et pendant la Révolution. Les deux modèles, laconisme et abondance, semblent en fait coexister ; les modalités de leur articulation nous sont suggérées par certains passages de ces textes métadiscursifs, qui, en même temps qu’ils prônent un certain style d’expression, indiquent à quelle situation de parole il convient : si le laconisme caractérise la parole de celui qui détient l’autorité, les développements abondants semblent demeurer nécessaires à celui qui cherche à la conquérir.

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Les femmes et la Révolution française : recherches en cours.   Synthèses

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, UMR "Telemme", MMSH/Université de Provence

Les débats autour de la parité ont fourni l'occasion de réfléchir sur la participation des femmes à la vie politique en France et, en particulier, sur les raisons de la faiblesse de leur nombre dans les deux chambres législatives (1). Au delà des explications à dominante sociologique, cette faible représentation nous renvoie aux racines historiques d’un phénomène qui paraît plus durable en France que dans d’autres États européens, avec un ancrage spécifique dans la Révolution française (2). Dans un pays où les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’en 1945, l’absence de tradition d’action politique pourrait bien sûr être mise en cause. De fait, pendant une période particulièrement longue, les possibilités d’expression des femmes dans le domaine politique étaient limitées et la norme sociale tendait à les exclure de l’espace public pour les cantonner dans la sphère privée. Sous l’Ancien Régime, la théorie politique exclut explicitement les femmes, et de ce point de vue, l’exclusion est plus marquée en France que dans la plupart des autres États européens à cause de la loi salique (3). La Révolution peut alors apparaître comme une occasion manquée pour l’accession des femmes aux droits politiques (4). En effet, leur cas se sépare de celui des hommes des catégories populaires puisqu’elles n’obtiennent à aucun moment le droit constitutionnel de s’exprimer par le suffrage, ni celui d’exercer des fonctions officielles de responsabilité mêmes locales et, le plus souvent, elles n’ont même pas voix délibérative dans les assemblées (5). Les refus vont de la privation du droit de vote à l’interdiction de défendre la Nation dans l’armée, le 30 avril 1793, et à la fermeture des clubs féminins, le 30 octobre 1793.

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La Révolution comme confirmation de la spécificité française   Annonces

Par Daniel TEYSSEIRE, Professeur des universités honoraire.

Couverture du livre de Raymonde Monnier

Notre propos tend à situer la Révolution française dans le cadre d'une analyse sur la longue durée de ce que certains médias appellent encore - mais moins souvent que naguère - l'exception française, en particulier par rapport à l'Europe. Ainsi est montré successivement comment le royaume franc de Clovis le catholicisé se différencie des autres royaumes européens dits barbares attachés à l'hérésie arienne, comment le royaume de Philippe-Auguste est pleinement souverain par rapport à cette entité européenne qu'est le saint-Empire romain germanique, comment les souverains valois et bourbons récusent la dominance européenne catholique des Habsbourg, comment, enfin, la France révolutionnaire et républicaine se démarque souverainement du reste d'une Europe monarchiquement conservatrice. Ce suivi, dans le temps très long, de la différenciation française par rapport au reste de l'Europe constitue le décryptage sous des formes historiques variées d'un invariant ou d'un quasi-invariant, la volonté de constituer un corps politique transcendant tous les particularismes, ethniques, religieux, économiques, etc... Ce type de décryptage, voilà en quoi consiste la politique historique, si différente ainsi de l'histoire politique qui analyse les idées et les faits politiques dans le temps, sans trop guère se soucier d'en trouver l'invariant ou le quasi-invariant. Nous en présentons le résultat à propos de la Révolution française elle-même.

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Autour de Michelet : l’esprit, le sexe, l'histoire et la Révolution française.   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

« Les seuls événements de ma vie ont été mes idées » (Michelet)

Au portrait d’un Michelet « malade d’Histoire » dressé par Roland Barthes dans son Michelet publié en 1954, avec l’épisode bien connu de sa migraine « historique » au contact des massacres de septembre 1792, Paul Viallaneix, dans son ouvrage présenté en 1998 sous le titre Michelet, les travaux et les jours (1798-1870) a substitué une approche plus sereine d’un historien pris dans les combinaisons au quotidien de la vie intellectuelle. Dans son récent Jules Michelet. L’homme histoire (Grasset, 2006), Paule Petitier y ajoute plus que de simples considérations sur les fulgurances de l’historien, au titre de son génie propre. Elle apporte une touche personnelle, une lucidité particulière dont Jacques Seebacher, dans sa récente chronique de La Quinzaine littéraire (N°927, 16-31 juillet 2006), se demande si ces qualités ne sont pas issues tout autant d’une « féminité institutrice » que de son expérience textuelle consécutive à une lecture particulièrement minutieuse du Journal et de la Correspondance de Michelet, tout en les resituant avec précision dans leur contexte historique.

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Les classiques des sciences sociales et la Révolution française   Outils

logo publication en ligne sciences sociales Le site « Les classiques des sciences sociales », sous la responsabilité du sociologue Jean-Marie Tremblay constitue un outil exceptionnel d’investigation tant sur les auteurs classiques, que sur les sciences sociales contemporaines et la méthodologie en sciences sociales, dont on connaît l’influence constante, génération après génération, sur les historiens de la Révolution française.

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Contre nous de la tyrannie... Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution   En ligne

par Josiane Boulad-Ayoub, professeur titulaire de philosophie à l'UQUAM

La célèbre devise de la Révolution qui s’imposera partout, des premières lignes de la Déclaration des droits aux bannières de la république naissante, en passant par les projets de décors ou de costumes de David, les cartes à jouer ou les estampes populaires, a d’abord été découpée dans le Contrat social, dans l’Émile ou dans les articles de l’Encyclopédie par les Marat, les Robespierre, et les Desmoulins. Les composantes maîtresses du discours philosophique ont formé la base doctrinaire de leurs harangues révolutionnaires qui, jour après jour, répétaient au peuple l’évangile théorique contenu dans des livres bien trop savants ou bien trop chers pour lui. C’est par ces interprètes, journalistes, médecins ou avocats que les paroles de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et de d’Holbach ont été révélées aux simples soldats de la Révolution. Ainsi explicitée, adaptée, transformée, la Philosophie a pu servir de garant aux idées et aux valeurs que la Démocratie française propageait sur toute l’Europe, et qui, au nom des lois de la République une et indivisible, au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, faisait trembler les tyrans sur les champs de bataille ou, chez elle, guillotinait le roi.

Extrait de l’introduction de l’ouvrage de Josiane Boulad-Ayoub, Contre nous de la tyrannie…Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution publié en 1989, désormais disponible sur le Web par les soins de Jean-Marie Tremblay. Nous trouvons aussi sur le Web le numéro spécial des Etudes françaises, volume 25, 2-3 (1989) que Josiane Boulad-Ayoub a dirigé sur L’esprit de la Révolution.

Robespierre, défenseur de Marseille en 1791   Textes

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Lorsque les députés de Marseille précisent, dans une lettre à la Municipalité du 18 mars 1791, que « le patriotisme des Marseillais et leur noble dévouement n’ont jamais été méconnus dans l’assemblée nationale, et leurs concitoyens membres de cette assemblée n’ont laissé aucune occasion pour montrer quels étaient leurs principes », ils espèrent que « leur conduite sera un jour mieux appréciée ». A vrai dire, la Municipalité de Marseille, fort circonspecte sur leur action, préfère s’adresser à M. Robespierre, le 18 avril 1791, dans les termes suivants : « Vous avez déjà donné, Monsieur, à l’Assemblée patriotique de Marseille, des preuves d’un honorable attachement. La ville entière dont nous sommes les organes vous invite aujourd’hui à prendre sa défense. Sa cause est digne de vous, c’est celle du patriotisme luttant contre la calomnie, et de l’honneur repoussant la tâche dont on voudrait le flétrir ». Débordé de travail, Robespierre ne répond pas immédiatement à la Municipalité, qui lui écrit de nouveau le 27 mai, alors qu’il vient de lui envoyer une lettre qui n’est pas encore arrivée à bon port.La Municipalité de Marseille précise une fois de plus son attachement à la personnalité de Robespierre : « Elle se repose avec confiance sur les sentiments qui vous animent. Elle ne sera point sans défenseur tant que vous serez dans le sein de l’Assemblée nationale pour y soutenir la cause de la justice et de la liberté ; mais daignez lui donner une marque de votre attachement ; elle n’a pas besoin d’assurance, mais elle désire posséder dans ses archives une de vos lettres, qui soit le contrat de votre amitié, et le monument le plus précieux de son patriotisme. ».

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Le républicanisme avant la République. François Robert et le cercle du Mercure national   Annonces

Par Raymonde Monnier, CNRS.

Couverture du livre de Raymonde Monnier Extrait du chapitre 6 de Républicanisme, patriotisme et Révolution française, Paris, L’Harmattan, collection Logiques historiques, 2005, 360 p., auquel il convient de se reporter pour les références érudites.

La liberté d’expression et l’explosion de la presse aux premières heures de la révolution donnent naissance à une sphère démocratique de discussion où chacun s’autorise à donner son opinion sur la politique et les sujets d’intérêt général. L’essor de la presse quotidienne met la population parisienne au centre d’une révolution de l’information et de la communication, dans un espace symboliquement remodelé par l’installation du roi et de l’Assemblée à Paris. Avec le développement de la presse d’opinion dans les dernières années de l’ancien régime, la révolution donne naissance à une nouvelle figure du journaliste, le « journaliste patriote ». Dans un processus d’identification à une figure exemplaire, au nom d’une éthique de la vérité et de la justice, le journaliste auteur assume non seulement une fonction d’information, mais encore une fonction critique, voire une magistrature civique et participe d’un nouveau pouvoir (1).

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« Nous des Annales » : un compte rendu de Richard Cobb dans le Times Literary Supplement en 1966   Historiographie

Par Julien Louvrier, GRHIS-Université de Rouen.

Voici présentée dans une traduction française inédite, la recension proposée par l’historien britannique Richard Cobb, de l’ouvrage de François Furet et Denis Richet, La Révolution Française (1). Ce compte rendu au ton très virulent a été publié le 8 septembre 1966 par le Times Literary Supplement (T.L.S.) sous le titre « Annalists’Revolution », sans qu’il soit fait mention du nom de l’auteur, comme il était alors d’usage dans les colonnes de l’hebdomadaire londonien. Il a fallu attendre la seconde parution du texte dans le recueil A Second Identity (2), avec un nouveau titre, « Nous des Annales », pour découvrir enfin l’auteur de ce brûlot.

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Institutions civiles et Terreur   Synthèses

Par Françoise Brunel, Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne.

Cette contribution prend le risque de s’inscrire aux marges de la tradition historiographique classique. Ce sont, en effet, les rapports entre politique et esthétique qui seront abordés par l’évocation rapide de quelques textes officiels de l’an II. Telle approche peut surprendre, tant elle s’éloigne de deux voies interprétatives majeures : un Gouvernement révolutionnaire dégénérant en « violence d’Etat » (Albert Soboul), ou bien « l’abdication de la liberté sous la pression de la nécessité » (Hannah Arendt). Ce qui semble se perdre dans ces deux analyses, c’est le difficile enchevêtrement de la révolution comment et de la révolution pourquoi, de la politique et du programme, du devoir-faire et du devoir-être. Aussi la lecture ici tentée fera-t-elle retour à quelques textes majeurs, aventure relayée par les réflexions dans le domaine des stratégies langagières en analyse de discours (1).

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Critique du concept de "révolution bourgeoise" appliqué aux Révolutions des droits de l'homme et du citoyen du XVIIIe siècle   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

La tradition marxiste voit dans les révolutions de la liberté et de l’égalité, qui précédèrent ce que l’on a appelé “la révolution prolétarienne” inaugurée par la Révolution russe, des “révolutions bourgeoises”. On sait que Marx a laissé des éléments d’analyse, qui présentent des moments différents et même contradictoires de sa réflexion, correspondant à l’évolution de ses connaissances et de sa compréhension de la Révolution française. Le schéma interprétatif, dont il sera question ici, a été produit par la tradition marxiste et est, lui-même, une interprétation des analyses laissées par Marx. Toutefois, mon propos n'est pas de reconstituer comment un tel schéma interprétatif a été produit, bien que ce travail reste à faire, il est même urgent, mais, plus précisément de chercher à savoir si ce schéma interprétatif correspond à la réalité historique. Pour situer le problème, je me limiterai à l’exemple de ce que l’on appelle “la Révolution française”. Et je voudrais commencer en rappelant rapidement les souffrances que quelques grands historiens marxistes se sont infligés pour faire cadrer les résultats de leur recherche avec le schéma interprétatif de la “révolution bourgeoise”.

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1793-94 : La Révolution abolit l'esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

S'il y eut rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises d'Amérique, c'est bien parce qu'il y avait été précédemment aboli. Cela s'était réalisé en deux temps en 1793 puis en 1794. Tout d'abord, la colonie de Saint-Domingue, où une insurrection des esclaves avait commencé depuis la nuit des 22-23 août 1791, parvint à déclarer l'abolition de l'esclavage le 29 août 1793. Six mois plus tard, la Convention montagnarde s'engageait à aider la Révolution de Saint-Domingue et élargit l'abolition à toutes les colonies françaises par son vote du 16 pluviôse an II-4 février 1794. Il faut savoir que cette histoire de l'abolition de l'esclavage, puis de son honteux rétablissement, a été l'objet d'une double occultation qui n'a commencé de se dissiper que très récemment, depuis environ une quinzaine d'années. Je propose donc de raconter cette histoire où se mêlent le pire et le meilleur de l'humanité en trois temps :

- qu'était-ce qu'une colonie à esclaves sous l'ancien régime ?



- qu'a-t-on aboli en 1793 puis en 1794 ?

- qu'a-t-on rétabli et établi en 1802 ?

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La haine de la Révolution française, une forme de haine de la démocratie   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

D’après l’ouvrage de Jacques Rancière, La haine de la démocratie, Paris, La Fabrique, 2005, 106 pages, et à propos d’un article du Monde des Livres sur le livre de Michel Vovelle, La Révolution française expliquée à sa petite-fille, Paris, Seuil, 2006, 112 pages.

« Pour nous les jeunes, qui voyons la Révolution de si loin, tu crois qu’elle a encore un sens – (Michel Vovelle) Cette Révolution dans l’histoire reste aussi notre révolution, c’est pourquoi je l’aime. Mon maître Labrousse en parlait comme de ‘la révolution des anticipations’ » (page 100)

Jacques Rancière mène, depuis La Mésentente (1995), une réflexion sur la place en surnuméraire du peuple agissant dans les sociétés politiques, et plus précisément sur la démocratie comme mode de subjectivation du politique, en mettant l’accent sur ce moment où s’interrompt l’ordre dominant au titre d’un dispositif singulier de subjectivation qui concrétise l’effectivité d’une part des sans-parts, de l’exemple historique du Tiers-Etat à la réalité contemporain des Sans. Il s’agit bien de contester ce que l’on met ordinairement sous le nom de démocratie, c’est-à-dire une pratique consensuelle d’effacement des formes de l’agir démocratique. Cependant les choses se compliquent singulièrement au regard du renouveau actuel d’une haine de la démocratie, définie fort intentionnellement comme le règne du désir illimité des individus de la société de masse moderne. A travers l’usage actuel et dominant du mot de démocratie, Jacques Rancière perçoit la dénonciation, par les gouvernements en place, d’un mal qui renvoie à l’intensité de la vie démocratique, perçue sous la forme d’un pouvoir anarchique du peuple. Certes la mise en visibilité du surnuméraire, qui oblige de prendre en compte, par le fait du litige, la part de l’incompté dans la société, permet de donner une autre définition de la démocratie : ainsi elle n’est ni un type de constitution, ni une forme de société, mais elle est tout simplement « le pouvoir propre à ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés » (p. 54), le pouvoir politique donc.

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Centralisme ''jacobin'', vraiment ?   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

"Abusés par les mots, les hommes n'ont pas horreur des choses les plus infâmes décorées de beaux noms ; et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aussi, l'artifice ordinaire des cabinets est-il d'égarer les peuples en pervertissant le sens des mots, et souvent des hommes de lettres avilis ont l'infamie de se charger de ce coupable emploi." Jean-Paul Marat, The Chains of Slavery, London, 1774, Les chaînes de l'esclavage, Paris, 1792, rééd., Bruxelles, Pôle Nord, 1995.

Avec quoi peut-on penser ? Sans doute avec des mots et des concepts. Les ministres, les députés et la presse en utilisent un qui me plonge régulièrement dans des abîmes de perplexité, c'est celui de centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur. L'abus qui en a été fait et qui se poursuit m'a incitée à le clarifier. Centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur, qu'est-ce que cela est sensé désigner ? Une politique de centralisation administrative. L'exemple qui vient illustrer ces termes est le plus souvent celui des préfets. Ce centralisme sans qualificatif est présenté comme une spécificité politique française, celle de la monarchie, mais aussi celle de la Révolution de 1789, et c'est là qu'il devient jacobin et, curieusement, le demeure ensuite, comme si la politique française était, ou fut longtemps, jacobine jusqu'au jour de renouveau où la décentralisation vint enfin. Mitterrand parlait de la décentralisation à laquelle il œuvra comme d'une révolution dans le sens où elle interrompit la tradition française de centralisation. On trouve encore le qualificatif jacobin jeté comme une insulte à quelques hommes politiques, comme Pasqua. Il se pourrait que le plus effrayant des deux soit Pasqua !

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Repères chronologiques 1763-1795   Outils

1763 : Traité de Paris (Guerre de 7 ans).

1774 : mort de Louis XV, avènement de Louis XVI.

1774-76 : Turgot contrôleur général des finances.

1775 : Guerre des farines.

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On n’enseigne plus la Révolution française à vos enfants !   Enseignement

Par Marc Deleplace, IUFM de Reims

C’est sous le titre : « On n’enseigne plus l’histoire à vos enfants », qu’Alain Decaux lançait dans les colonnes du Monde en 1979, le débat sur les programmes établis en 1977 et qui marquaient une rupture avec la structure traditionnelle de l’organisation de l’enseignement de l’histoire en France. Telle est, sous une forme un peu provocatrice sans doute, le constat que l’on pourrait établir à la lecture des derniers programmes des classes de 4e et de seconde. Dans ce dernier cas en particulier, il n’est pas indécent de penser que l’objet Révolution française n’est plus le sujet historique soumis à l’examen critique des élèves. L’analyse comparée des programmes de 1985 et de 1996, puis de leur version remaniée pour la classe de seconde en 2000, permet d’établir le constat d’une évolution qui n’est pas que de pure forme. Au-delà des libellés des sujets d’études inscrits dans les programmes, ou plutôt dans leurs linéaments, s’inscrit une rupture dans la conception même de ces sujets, rupture que nous n’hésiterons pas à comparer à celle que les programmes de 1977 avaient tenté d’introduire, en provoquant les réactions que l’on sait. Cette évolution se caractérise par une modification des objets étudiés, pour ne pas dire par une mise au second plan des objets historiques traditionnels et leur remplacement par des problématiques générales.

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De la Révolution de Saint-Domingue à l’Indépendance d’Haïti. Comment sortir de l’esclavage ? 1789-1804   Synthèses

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

L’abolition de l’esclavage en 1793-94 prend place dans la période de crise du premier empire colonial européen, en Amérique, qui provoqua un cycle révolutionnaire des deux côtés de l’Atlantique. L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue, depuis août 1791, ouvrit une perspective de grande ampleur en mettant à l’ordre du jour l’abolition de l’esclavage, la destruction de la société coloniale, les formes à inventer de la décolonisation. L’insurrection des esclaves conduisait à l’abolition de l’esclavage en août et septembre 1793 et gagna le soutien de la Convention montagnarde qui s’engagea à défendre la liberté générale le 16 pluviôse an II-4 février 1794. L’opposition que suscita la rencontre entre les deux révolutions fut immense. Le lobby esclavagiste, lié à la contre-révolution en France, en Angleterre, en Espagne et dans les colonies, déplaça le champ de bataille de l’Europe à la Caraïbe, entre 1793 et 1804. L’enjeu était le maintien ou non des politiques impériales des puissances européennes esclavagistes et ségrégationnistes. De cette guerre terrible naquit la République d’Haïti, premier gouvernement des noirs, première expérience de décolonisation.

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"Un arsenal pour les séditieux" : la Déclaration des droits comme pratique politique   Etudes

Par Yannick Bosc, ICT-Paris 7

La Révolution française est ponctuée par trois Déclarations des droits de l'homme et du citoyen (1789, 1793, 1795) qui sont encore souvent regardées comme des textes théoriques qui relèvent de «l'histoire des idées» et au mieux des «idées politiques» (1). Si on admet qu'ils sont précieux pour le juriste, ou le philosophe, on estime souvent qu'ils sont d'un faible secours pour l'historien qui s'intéresse aux pratiques politiques. Ce jugement repose sur le sentiment d'un décalage général, quand on considère les actions humaines, entre les principes et les faits, la théorie et la pratique. Ce sentiment est peut être justifié par le travail historique qui analysant les faits montre le difficile ajustement ou la contradiction des intentions et des réalisations. La séparation des idées et des pratiques et leur juxtaposition dans l'analyse historique est cependant moins intéressante que l'étude de leur dynamique.

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Philosophie allemande et Révolution française   Recensions

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

De l'étude désormais classique de Joachim Ritter sur Hegel et la Révolution française (1957) aux travaux sans cesse approfondis de Lucien Calvié depuis son ouvrage de 1989 sur la Révolution française et les intellectuels allemands, en passant par les considérations de Manfred Buhr et Domenico Losurdo sur Fichte et la Révolution française et bien d'autres études, l'analyse de la relation entre la philosophie classique allemande et la Révolution française constitue un aspect majeur de la littérature critique sur l'idéalisme allemand qui n’a jamais cessé de s’amplifier. Nous commencerons par l'apport de Domenico Losurdo dans la mesure où il a coordonné, au début des années 1990, un débat entre chercheurs sur ce thème. Il a ainsi réuni 21 chercheurs allemands, français et italiens autour de deux voies de recherche à la fois distinctes et complémentaires.

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Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot

Esclavage ou liberté ? La Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l'esclavage dans les colonies, sans indemnités en faveur des seigneurs et des maîtres. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale. Il signalait encore leur origine commune dans l'esclavage, qu'il s'agisse de l'héritage de l'esclavage antique dans les formes du servage et dans les transformations pluriséculaires des rapports féodaux, ou de l'esclavage moderne créé par des Européens dans les colonies d'Amérique.

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Lire Saint Just   Recensions

Par Yannick Bosc, IUFM de Créteil

En tête des Oeuvres complètes de Saint-Just publiées en 2004 chez Folio-Gallimard, l’essai introductif de Miguel Abensour, « Lire Saint-Just », s’ouvre sur deux questions : « lit-on Saint-Just ? avez-vous lu Saint-Just ? » ; et s’articule sur une troisième : « est-il possible de lire Saint-Just aujourd’hui ? ». Miguel Abensour aurait pu ajouter : pourquoi le lire ? et certainement répondre, pour au moins échapper aux lieux communs des gloses à charge, agrémentées de vagues citations. Saluons donc ici le double effort des éditeurs : proposer des oeuvres complètes accessibles, dotées d’un appareil critique consistant, mais aussi d’un commentaire qui rompt avec l’air du temps. Lire Saint-Just nous éloignera de la légende noire, celle de « l’archange de la mort », du politique satanique dont certains passages des Institutions républicaines préfigureraient l’organisation des jeunesses hitlériennes (suivant Norman Hampson). Comme le note Miguel Abensour, « la présupposition que la révolution est nécessairement totalitaire a produit des dégâts intellectuels ».

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