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la liberté

Révolution Française

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Aux origines du racisme moderne   Annonces

 Florence Gauthier, Aux origines du racisme moderne

Florence Gauthier, Aux origines du racisme moderne, 1789-1791, Paris, CNRS Éditions, 2024, réédition en poche de L'aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur (1789-1791), chez le même éditeur en 2007. Nous proposons ici la recension publiée par Yannick Bosc dans la revue Contretemps, en mars 2011.

La Révolution des droits de l'homme, le préjugé de couleur et la domination coloniale

Afin de saisir les enjeux de l'histoire de Julien Raimond et des libres de couleur qui sont au centre de cet ouvrage de Florence Gauthier, il convient d'emblée d'en situer la perspective : celle des révolutions du droit naturel qui couvrent les deux rives de l'Atlantique et concernent trois continents : l'Europe, l'Amérique et l'Afrique. L'aristocratie de l'épiderme raconte en effet l'un des épisodes essentiels, mais jusqu'alors ignoré, de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Florence Gauthier étudie la construction de ce préjugé de couleur et sa fonction dans les colonies à esclaves. Contrairement au récit standard de l'historiographie qui tend à les séparer, elle montre que la question de l'esclavage pose, dès le XVIIIe siècle le problème de la domination coloniale. Les sources sur lesquelles elle s'appuie la conduisent également à conclure que, pour comprendre les Révolutions de France et de Saint-Domingue, il ne faut pas les dissocier mais les saisir ensemble, dans la dynamique de leurs échanges. En France, les libres de couleur contribuent ainsi à la structuration du côté gauche de l'Assemblée nationale. Face à eux, le combat sans merci du lobby colonial esclavagiste et ségrégationniste pour maintenir sa domination s'inscrit dans une Contre-Révolution dont il porte tous les masques.

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La Révolution française et les colonies   Annonces

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Quatrième de couverture et introduction de l'ouvrage de Marc Belisa, La Révolution française et les colonies, Paris, La Fabrique, 2023.

Quatrième de couverture :

En 1789, l’économie esclavagiste et la ségrégation raciale dominaient les colonies françaises en Amérique et dans l'Océan indien. En proclamant que les « hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », la Révolution française contribue à faire exploser les tensions qui traversaient les sociétés coloniales.

« Terreur » des colons blancs esclavagistes, la Déclaration des droits de l’homme est une arme aux mains des « libres de couleurs » et des esclaves noirs qui se révoltent. À Saint-Domingue et en Guadeloupe, malgré les intrigues des défenseurs du « préjugé de couleur », de véritables révolutions s’accomplissent en interaction avec la dynamique révolutionnaire en Europe. C'est la rencontre entre les révolutions coloniales et les mouvements radicaux en métropole qui permet la proclamation de l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue en août 1793, puis le vote de l'abolition générale par la Convention en février 1794, accueilli avec ferveur dans le pays.

Ce livre déroule le fil qui court de la convocation des États généraux à la réaction coloniale menée par Bonaparte en 1800-1804 – empêchée à Saint-Domingue par la résistance acharnée des armées noires de Toussaint Louverture et Dessalines. Durant ces quinze années, les rapports sociaux, les identités « raciales » et politiques ont été bouleversés et les deux piliers de la société coloniale que sont la domination de la métropole et l’esclavage ont été remis en cause.

Alors que les débats sur la mémoire de l’esclavage et de la colonisation sont vifs, Marc Belissa fournit une indispensable synthèse historique d’une période où s’est levé le « vent commun » de l’émancipation qui a soufflé sur le monde.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2023-2024   Séminaire

Programme 2023-2024 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace, Florence Gauthier et Suzanne Levin. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 2 et 3 Novembre, Colloque Natural Rights and Politics in the Early Modern Period, Scuola Superiore Meridionale (Naples).

- 7 décembre, Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 18 Janvier, Emmanuel Faye (Rouen-Normandie), Koselleck, les Lumières et la Révolution française.

- 1er février, Marc Belissa (Paris-Ouest Nanterre), La Révolution française et les colonies.

- 14 mars, Marion Pouffary (Sorbonne Université), Robespierre : la légende noire anarchiste.

- 25 avril, Rémy Duthille (Bordeaux Montaigne), A ses risques et périls ? Célébrer la Révolution française de 1789 dans la Grande-Bretagne de Pitt.

- 16 mai, Eric Mesnard (Paris-Est Créteil), L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial.

1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale   Annonces

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Introduction et table des matières de l'ouvrage de Florence Gauthier, 1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale, Selles-Sur-Cher, Atlantiques déchaînés, 2023, 99 p.

« Les principes du droit naturel sont simples, clairs et évidents, et il y a longtemps que la philosophie qui, à certains égards, a fait de si grands progrès, devrait nous rien laisser à désirer sur la nature des devoirs réciproques des sociétés. Quelques auteurs, qui ont traité cette matière, bien loin de chercher la vérité, n’ont voulu que la déguiser. Les uns n’ont osé croire que la politique des puissances de l’Europe fut injuste, les autres n’ont osé le dire. Des écrits faits pour nous instruire n’ont servi qu’à perpétuer notre ignorance et nos préjugés. Pendant qu’on ignore les lois par lesquelles la nature lie tous les hommes, pendant qu’on ne cherche qu’à rétablir un droit des nations favorable à l’ambition, à l’avarice et à la force, peut-on être disposé à penser avec Socrate, Platon, Phocion et Cicéron, que l’amour de la patrie, subordonné à l’amour de l’humanité, doit le prendre pour guide, ou on s’expose à produire de grands malheurs ? » Mably, Entretiens de Phocion, 1763 (1)

Depuis quelques décennies, ce que l’on nomme “la modernité” est présentée comme un héritage de la pensée des Lumières et de la Révolution de 1789. Cette façon univoque d’aborder “la” modernité masque l’héritage contradictoire de l’histoire européenne et de son premier empire colonial, comme des interprétations, elles aussi contradictoires, des Lumières. En même temps, l’historiographie de la Révolution française, au XXe siècle, a cherché à séparer une “ bonne révolution” dite “de la liberté et des droits de l’homme” (1789-1791), d’une “mauvaise révolution” dite “de l’égalité sans les droits de l’homme” (1792-1794). On a même pu affirmer que cette curieuse séparation entre liberté et égalité aurait produit deux traditions opposées : celle de “l’individualisme bourgeois et de la liberté du commerce” et celle “du parti unique et centralisateur” accolée, sans plus de preuves, au “Club des Jacobins”, préfigurant les totalitarismes (2) du XXe siècle.

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Call for Papers: “Natural Rights and Politics in the Early Modern Period”   Annonces

Despite the ubiquity of the idea of human rights in our political culture, and its strong presence in the work of political scientists, jurists and contemporary historians, scholarly interest in natural rights — the tradition from which human rights are drawn — remains sporadic and fragmentary. Natural rights were long considered the expression of a possessive and individualistic liberalism (C. B. Macpherson), born in tandem with capitalism and serving as its justification, or else as a nominalist aberration of Scholastic thought (Michel Villey). However, the pioneering work of medievalist Brian Tierney shows that subjective natural rights, seen as inhering in every individual in function of their humanity, go back at least as far as the 12th century. Far from being an expression of the omnipotence of the acquisitive will, natural rights were conceived of as limited by the principle of reciprocity. “Social” rights, such as the right to subsistence, are thus revealed to be not a late addition, but one of the first rights theorized by the medieval jurists of Bologna.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2022-2023   Séminaire

Programme 2022-2023 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 26 janvier, Marc Belissa (Nanterre – Paris Ouest), Quelle sororité ? Républiques américaine et française dans la culture politique républicaine-démocrate aux Etats-Unis (novembre 1792-mai 1794).

- 9 février, David Casassas (Barcelone - UB), Républicanisme et revenu d'existence.

- 9 mars, Thomas Perroud (Paris II), L’État républicain, les services publics et les communs.

- 13 avril Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 25 mai, Christopher Hamel (Rouen), Le républicanisme de Richard Price.

- 29 Juin, Myriam-Isabelle Ducrocq (Nanterre – Paris Ouest), L’Oceana de Harrington et sa réception dans la France des Lumières et de la Révolution: pour une autre vision du républicanisme anglais.

La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 14 avril 2022.
Intervention de Florence Gauthier (Paris-Diderot) :
La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ?
Exemple de son histoire du XVIIe au XIXe siècles en France.

Une nouvelle histoire de l'humanité   Recensions

Par Aurélien Larné, à propos du livre de David GRAEBER et David WENGROW, Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité, Les Liens Qui Libèrent, 2021.

David Graeber, disparu le 2 décembre 2020, était un anthropologue étasunien, membre de la London School of Economics. Ses travaux touchent à des sujets divers et originaux. Il se fait connaître du grand public en développant le concept de bullshit job, somme de métiers inutiles mais surpayés, produits par le système politico-économique ultralibéral, qu’il oppose aux infirmiers, musiciens, jardiniers ou enseignants ne bénéficiant que d’une très modeste estime sociale. Dans son ouvrage sur Les pirates des Lumières ou La véritable histoire de Libertalia, il expose comment la démocratie pirate donna lieu à l’expérience de la confédération betsimisaraka, entre 1712 et 1803, à Madagascar. Sa somme, Dette : 5 000 ans d’histoire, décrit, de l’Antiquité à nos jours, comment la dette fonctionne comme instrument d’oppression et de contrôle (1). David Wengrow est archéologue et professeur à l’Institut d’archéologie de l’University College de Londres. Ils sont les deux auteurs d’un livre intitulé Au commencement était... : Une nouvelle histoire de l'humanité qui a pour sujet l’origine des inégalités. Il s’agit d’un livre riche et stimulant dont le contenu ne peut être exposé en quelques lignes. Il est néanmoins possible d’en extraire les idées principales et de les discuter.

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Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2021-2022   Séminaire

Programme 2021-2022 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 18 novembre : Edern de Barros (Paris-Nord), Le régime mixte chez Mably et Condillac. L’histoire contre le despotisme légal des Économistes.
- 16 décembre : Marc Belissa (Nanterre) et Yannick Bosc (Rouen), Le Consulat, la fabrique de l’État et la société propriétaire.
- 10 février : Thomas Perroud (Paris II), Les usages juridiques de la loi d’Allarde aux XIX et XXe siècles.
- 17 février : Alberto Ribeiro G. de Barros (São Paulo), Vertu et Richesse chez Harrington.
- 31 mars : Jean-Baptiste Budjeia (Lille III), La société des Antipolitiques d’Aix.
- 14 avril : Florence Gauthier (Paris-Diderot), La politique d’assimilation est-elle une notion républicaine ? Exemple de son histoire du XVIIe au XIXe siècles en France.
- 12 mai : Jacques Guilhaumou (CNRS), Sieyès lecteur de Condillac et critique de « l'école de Condillac ».
- 2 juin : Suzanne Levin (Naples), La République de Prieur de la Marne. Défendre les droits de l'homme en état de guerre, 1792-an II.

Pourquoi, comment et par qui Bartolomeo de las Casas a-t-il été calomnié ?   Séminaire

Séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution du 25 mars 2021.
Intervention de Florence Gauthier (Paris Diderot) :
Pourquoi, comment et par qui Bartolomeo de las Casas a-t-il été calomnié ?

Napoléon Bonaparte ou la corruption de la société par la guerre permanente 1795-1821   En ligne

Par Florence Gauthier (Paris Diderot)

Va-t-on nous rejouer la triangulaire bien pensante d’un Napoléon, Sauveur des gens de biens, contre le double danger du peuple et du retour des royalistes, comme la légende invite à ne se remémorer que cette issue, dans une société en perte de connaissance et de liberté ? Toute cette agitation pour le bicentenaire de sa mort ressemble à quelques préparatifs d’une énième répétition…

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Sources pour l'histoire de la Révolution de Saint-Domingue   Sources

En 1993, 1995 et 1998, Florence Gauthier publiait dans les Annales historiques de la Révolution française d'importants documents inédits sur la Révolution de Saint-Domingue. Nous les rassemblons ici :
- Inédits de Dufay, Santerre et Léonard Leblois, au sujet de l'arrivée de la députation de Saint-Domingue à Paris. Janvier-Février 1794 - LIRE
- Inédits du comité de Sûreté générale concernant l'arrivée de la députation de Saint-Domingue à Paris. Janvier 1794 - LIRE
- Inédits de Belley, Mills et Dufay, députés de Saint-Domingue, de Roume et du comité de Salut public, concernant le démantèlement du réseau du lobby esclavagiste en France. Février-Mars 1794 - LIRE

Séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2020-2021   Séminaire

Programme 2020-2021 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Compte tenu de la situation sanitaire, le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

26 Novembre : Marc Belissa (Paris Nanterre), « The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux Etats-Unis (1790- 1793). 1- Une économie politique au service du few : le système fisco-financier de Hamilton.

3 décembre Marc Belissa (Paris Nanterre), « The Many and the Few ». Économie politique aristocratique versus économie politique républicaine aux Etats-Unis (1790- 1793). 2- La construction d’une « économie politique républicaine » critique.

14 Janvier : Benoît Basse (ETHICS- Lille), Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ?

11 Février : Christine Fauré (CNRS), Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël.

25 Mars : Florence Gauthier (Paris Diderot), Les politiques coloniales de l’Empire français, de Louis XIV à Bonaparte.

08 avril : Julie Ferrand (GATE-Saint-Etienne), Commerce, Propriété et Liberté dans Du gouvernement et des Lois de la Pologne de Gabriel Bonnot de Mably.

Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre   Etudes

Avant propos de Jacques Guilhaumou (ENS Lyon), suivi de la présentation des concordances et collocations de la lexie jacobin(s) chez Robespierre, par Cesare Vetter et Elisabetta Gon (Université de Trieste).

Le mot «jacobin(s)» dans le lexique de Robespierre : évidences lexicologiques et lexicométriques

Par Jacques Guilhaumou, Directeur de recherche honoraire au CNRS en Sciences du Langage, UMR « Triangle », ENS LSH Lyon.

La dénomination de « Jacobins » renvoie au fait que les Dominicains sont appelés en France « Jacobins ». Le Club breton, en s’installant à Paris dans l’un de leurs couvents à la fin de 1789, le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré, s'autodésigne d’emblée « Société des amis de la constitution, séante aux Jacobins ». De fait, Robespierre utilise très souvent le nom de « Jacobins » pour désigner la « Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins », puis la « Société des amis de la liberté et de l’égalité séante aux Jacobins » (en résumé La Société des Jacobins), et de ce fait les Jacobins réunis en son sein. Le tableau des collocations de « Jacobins » (voir ci-après) avec 353 emplois présente en première ligne la série de mots avec leurs fréquences : La (65) – la (31) – Société (31) – club (10) des (121) Jacobins / Les (143) Jacobins, associés aux spécificités, la Tribune (13) des Jacobins, le club (10), la séance (13) des Jacobins. Il s’agit là d’un premier indicateur d’usages, de nature lexicométrique. Certes l’indexation des collocations renvoie à une diversité textuelle, d’une part les discours et les écrits de Robespierre, et d’autre part les comptes-rendus dans les journaux de ses interventions à la Société des Jacobins et la Convention.

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Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme   Annonces

 Bosc et Faye, Hannah Arendt, la révolution et les droits de l'homme

Introduction de l'ouvrage Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme, Paris, Kimé, 2019, 192 p., sous la direction de Yannick Bosc et Emmanuel Faye.

L’essai De la revolution, paru en 1963, représente, après Condition de l’homme moderne et La crise de la culture, le troisième essai de la série d’ouvrages dans lesquels Hannah Arendt expose sa pensée politique. Arendt se propose de tirer les leçons de l’histoire, en opposant ce qu’elle nomme le « désastre » de la Révolution française, aspirée par « la question sociale », aux leçons d’une révolution supposée réussie, incarnée par la « Déclaration des droits » américaine.

Il importait donc qu’historiens et philosophes analysent ensemble la façon dont Arendt envisage les Révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l’homme et la remise en cause de celle-ci dans la pensée contre-révolutionnaire d’Edmund Burke. La formule arendtienne du « droit à avoir des droits » amorce-t-elle par exemple, comme certains le soutiennent aujourd’hui, un tournant politique dans la considération des droits de l’homme ? Ne représente-t-elle pas plutôt une machine de guerre contre la notion de droit naturel qui se trouve au fondement de ces droits ?

La pensée d’Arendt correspond à la transposition, dans le champ explicitement politique, des « existentiaux » d’ Être et temps de Heidegger : l’être au monde et l’être en commun, ainsi que la reprise de la distinction schmittienne entre le politique et le social. C’est à partir de cette double référence que, faisant sienne la question de l’agir qui ouvre la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1947) et reprenant une formulation de Burke : act in concert, Arendt identifie le politique à l’« agir en commun ». C’est pourquoi la première question que pose son œuvre et sa réception consiste à se demander comment il est possible qu’une conception du politique aussi directement tributaire de la pensée de Heidegger, mais aussi de Schmitt, a pu être considérée comme susceptible de refonder la démocratie et les droits de l’homme.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution   Séminaire

Programme 2019-2020 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle F051 (escalier E).

28 novembre : Suzanne Levin (Paris Ouest Nanterre), Prieur de la Marne : défendre une république de droit naturel.

30 janvier : Olivier Tonneau (Cambridge), Diderot, nature et politique.

6 février : Eddy Dufourmont (Bordeaux-Montaigne), Nakae Chômin (1847-1901), le Japon et la Révolution française.

12 mars : SÉANCE REPORTÉE Julie Ferrand (Saint-Etienne), Commerce, Propriété et Liberté dans Du gouvernement et des Lois de la Pologne de Gabriel Bonnot de Mably.

2 avril : Benoît Basse, Hannah Arendt : vers une refondation des droits de l’homme ? (à l’occasion de la sortie du collectif, Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme).

30 avril : Florence Gauthier (Paris-Diderot), Examinons les mots jacobins et jacobinisme : d’où viennent-ils ?

14 mai : Christine Fauré (CNRS), Sieyès était-il rousseauiste ? Réponse critique à Jonathan Israël

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?   Annonces

 Républicanisme et communs. Quelle république à l’âge des communs ?

Colloque international,13-15 novembre 2019, CEDRE (PSL), EnCommuns (AFD), ERIAC (Rouen), GREECS (Barcelone), GRHis (Rouen), IRIHS (Rouen), UNINE (Neuchâtel), coordonné par Yannick Bosc (GRHis) et Christopher Hamel (ERIAC), Université de Rouen Normandie, Maison de l’Université - Salle divisible nord - 3 Place Émile Blondel, Mont-Saint-Aignan.

Ce colloque pluridisciplinaire constitue le second volet d’un projet dont le premier acte s’est tenu à l’Université de Barcelone (UB) les 15-17 novembre 2018, sous forme d’ateliers de recherche qui ont permis de définir les axes du présent colloque.
Le projet dans lequel il s’inscrit vise à articuler les problématiques du républicanisme, des communs et du droit à l’existence qui forment trois objets de recherche distincts et disciplinairement cloisonnés, ce qui tend à affaiblir leur portée théorique et politique.
En philosophie politique, le républicanisme repose sur le principe de liberté comme non-domination qui a été d’abord identifié dans l’histoire de la pensée républicaine, puis largement investi sur le plan de la théorie politique, plus rarement sur celui de l’économie politique.
Un commun désigne un dispositif politique constitué d’un bien commun matériel ou immatériel, adossé à des règles qui en organisent l’usage. Celles-ci sont définies par une communauté ou une assemblée qui l’administre. Un commun renvoie à l’idée d’une propriété partagée.
Le droit à l’existence s’inscrit dans la tradition du droit naturel selon laquelle la raison d’être des sociétés humaines réside dans la garantie du droit à l’existence matérielle et politique de ses membres. La tradition du droit naturel repose sur le principe de liberté comme réciprocité. Le droit à l’existence est en particulier associé aux pratiques démocratiques étudiées par les historiens de la Révolution française.

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La Guerre du blé, au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique   Annonces

La guerre du blé au XVIIIe siècle, éd kimé

Extrait de la préface, rédigée par Florence Gauthier, pour la réédition de l'ouvrage qu'elle a dirigé avec Guy Ikni, La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire de la liberté économique, Paris, Kimé, 2019, 332 p.

Depuis les années 1960-1990, période dominée par une interprétation économiste de l’histoire, qu’elle soit « néolibérale » ou « marxiste », les travaux de l’historien Edward Palmer Thompson ont ouvert un chantier nouveau, dans l’étude de la culture populaire, rurale et urbaine, du XVIIe au XIXe siècle et depuis.
En 1988, avec Guy Ikni, nous avons publié La Guerre du Blé au XVIIIe siècle, grâce aux Éditions de la Passion, et en particulier à un de ses fondateurs, Jean-Pierre Miniou, comme un hommage à E.P. Thompson, bien vivant, et dont l’article « L’Économie Morale de la foule, en Angleterre au XVIIIe siècle », n’avait pas encore été traduit en France. Cet article nous avait particulièrement intéressés, car nous rencontrions dans nos recherches sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution française en particulier, une problématique très proche, avec ses spécificités bien sûr. Et nous avons demandé à des historiens intéressés par ce projet de nous rejoindre.
Je venais d’achever une thèse d’histoire sur la communauté villageoise en Picardie, avec son organisation économique, sociale et politique, centrée sur le système agraire communautaire et son assemblée générale des habitants des deux sexes, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis le Moyen-âge et l’Ancien régime, les communautés villageoises - dont l’existence précédait la féodalité et la monarchie constituées ultérieurement - possédaient leur propre système de droit et leurs archives. De son côté, Guy Ikni avait entrepris une thèse sur la paysannerie dans l’Oise, qu’il acheva en 1993 (1).

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Quatorze Juillet : l’histoire parle au présent !   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

En 1789, face à la crise de la monarchie française, le roi choisit d’ouvrir un processus politique en convoquant les États généraux, avec un suffrage très ouvert pour le Tiers-état : une voix par chef de feu. Notons que les femmes étaient très souvent chef de feu et n’étaient point exclues pour cause de sexe, contrairement aux affirmations récentes à ce sujet.
Cette vieille institution médiévale conservait une représentation de tous les sujets du roi - séparés en ordres : Clergé, Noblesse, Tiers-état - et rappelait, par son existence même, que la Constitution de la monarchie reposait, depuis le Moyen-âge, sur la reconnaissance du principe de souveraineté populaire. Plus tard, au XVIIe siècle, le roi de France avait cherché à imposer sa souveraineté et laissé s’endormir celle du peuple, en ne convoquant plus les États généraux. 1789 la réveilla et si bien que les électeurs, conscients de la profondeur de la crise, avaient mandaté leurs députés pour donner une constitution nouvelle au pays.
Les États généraux, convoqués selon la coutume médiévale le 1er mai, se réunirent avec quelque retard le 5 mai. Mais, le roi n’évoqua que l’aspect financier de la crise et le soir même, un petit noyau de députés se rebellait déjà contre ce refus de les entendre, prenait le titre de Communes - en référence aux résistances populaires médiévales, nommées Commune ou Union, comme le fit le Parlement d’Angleterre - et appela tous les députés à les rejoindre. Le 17 juin, ce noyau de députés ayant grossi, se déclarait Assemblée nationale et le 20 juin, plus nombreux encore, ajoutait constituante et prêtaient serment de rester unis jusqu’à l’établissement d’une nouvelle constitution.

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Comment peut-on être robespierriste ?   Recensions

Par Olivier Tonneau, Université de Cambridge

Le livre de Marcel Gauchet "Robespierre, l'homme qui nous divise le plus" récemment paru a suscité cette réponse d'Olivier Tonneau, enseignant chercheur à Cambridge et auteur de "Maudite Révolution" dont nous avons rendu compte sur notre site. La version originale de cet article est parue sur le site En attendant Nadeau Nous publions ici une version de cet article avec les notes de bas de page.

« Le moment est venu », déclare solennellement Marcel Gauchet, de nous accorder sur « l’homme qui nous divise le plus » parce qu’il incarne, pour les uns, l’idéal démocratique dans toute sa pureté, pour les autres, l’idéologie totalitaire. Puisque l’auteur entend dépasser « la querelle des robespierristes et des antirobespierristes » (1), on pouvait espérer que son essai en renouvelle les termes. Il n’en est pourtant rien. On trouve dès l’introduction les affirmations fondamentales de la thèse antirobespierriste classique (2) : l’ouvrage montrera comment « l’ambition de donner toute leur extension aux droits de l’homme allait pouvoir basculer vers un système inédit d’oppression » (3), basculement qui coïncide avec la transformation de l’ « incorruptible » Robespierre en « tyran » (4).

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2018-2019   Séminaire

Programme 2018-2019 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle E 655 pour les deux premières séances et salle F 671 pour les suivantes.

22 novembre : Sarah Vanuxem (Nice), La propriété comme faculté d’habiter.

6 décembre : Jean-Claude Gaudebout (Paris Nanterre), Condorcet physiocrate. DÉPLACÉ : se tiendra le 24 janvier

10 janvier : Edern de Barros (Paris Villetaneuse), Lycurgue au XVIIIe siècle : l'opposition entre régime mixte et despotisme légal, ou le dogmatisme anhistorique de l'économisme physiocratique

7 février : Myriam-Isabelle Ducrocq (Paris Nanterre), Harrington et les penseurs de l'égalité en France.

14 mars : Suzanne Levin (Paris Nanterre), Prieur de la Marne face au fédéralisme.

11 avril : Gaïd Andro (Nantes) , Administrer la liberté politique ? Expérimentation, reconfiguration et occultation d'une pensée administrative révolutionnaire (1789-1799).

16 mai : Carine Lounissi (Rouen), Paine et la Révolution française.

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale   Annonces

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, éditions critique

Albert Mathiez, Robespierre et la république sociale, Paris, Éditions Critiques, 2018, 368 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage regroupe les principaux textes que Mathiez a consacrés à Robespierre. Nous proposons ici l'un d'entre eux, intitulé "Robespierre", une conférence organisée par le Groupe Fraternel du XIIIe et par la 7e Commission de l'USTICA (Union syndicale des techniciens de l'industrie, du commerce et de l'agriculture), publiée en 1924 par les éditions de la Maison des Jeunes.

Citoyens,
Aucun homme d’État de la Révolution n’a été plus populaire pendant sa vie que celui que les contemporains surnommèrent dès la Constituante du beau nom d’Incorruptible, aucun pourtant n’a été plus tristement calomnié après sa mort ni plus bassement outragé. On imprime couramment, jusque dans les livres scolaires qui servent à l’éducation des enfants de l’école laïque, qu’il fut un pieux calomniateur, un mystique assassin, un hypocrite sanguinaire, un ambitieux sans scrupules, on lui dénie jusqu’au talent, jusqu’à l’éloquence. On en fait un cerveau médiocre, une âme rétrécie. Quand ces gentillesses s’étalent sous la plume d’académiciens, d’écrivains bien-pensants, de remparts de l’ordre établi, cela s’explique, et il est naturel que Robespierre, qui a incarné la démocratie la plus hardie et qui l’a faite triompher tant qu’il a vécu, soit toujours poursuivi par la haine des ennemis de la justice et du progrès.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2017-2018   Séminaire

Programme 2017-2018 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G075 escalier E, 2e étage.

9 novembre : Yannick Bosc (Rouen) et Florence Gauthier (Paris-Diderot), Albert Mathiez, la Révolution russe et la révolution française.

14 décembre : Jean-Fabien Spitz (Paris 1), Droit de propriété et droit de nécessité chez Grotius : les fondements philosophiques de l’état social.

18 janvier : Clément Thibaud (Nantes), Publics et contre-publics des Droits de l’Homme en Terre-Ferme (1793-1815).

8 février : Marc Belissa (Paris Ouest Nanterre), La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis (1).

15 mars : Marc Belissa (Paris Ouest Nanterre), La réception de la première partie de Rights of Man aux États-Unis (2).

5 avril : Marie Cornu (CNRS) et Judith Rochfeld (Paris 1), Les communs et le droit.

3 mai : Gaïd Andro (Nantes), Administrer la liberté politique ? Expérimentation, reconfiguration et occultation d'une pensée administrative révolutionnaire (1789-1799).

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, le CHISCO EA1587 et l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Mathiez, la Révolution russe et la Révolution française   En ligne

Sur le site des Editions Critiques, vidéos dans lesquelles Yannick Bosc et Florence Gauthier présentent le recueil d'articles d'Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française, qu'ils ont introduit.

Grand historien de la Révolution française, Albert Mathiez fut aussi un intellectuel engagé, un partisan intransigeant de la démocratie sociale qui s’enthousiasma pour la révolution russe. Ces vingt-deux articles écrits au fil des événements analysent sur le vif ce séisme social et politique.
Des journées de février 1917 jusqu’à la fin de la guerre civile, l’auteur tisse l’analogie avec la Révolution française. Dans les deux cas, il observe la force motrice des mouvements populaires, à contre-courant des interprétations selon lesquelles les révolutions appliquent des théories.

Point de vue sur un débat : Boucheron, Skinner, Spitz et la fresque dite du Bon gouvernement   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Le livre de Patrick Boucheron, Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Seuil Points, 2013, fait état des débats sur les interprétations de la fresque dite du Bon gouvernement de Sienne, réalisée en 1339, et en particulier celle de Quentin Skinner, L’Artiste en philosophie politique. Ambrogio Lorenzetti et le Bon Gouvernement, Paris, Raisons d’agir, 2003, d’une manière qui m’a parue précise et fructueuse : on peut ainsi mieux comprendre l’objet du débat et l’auteur présente les arguments avec sérieux, mais aussi avec une grande prudence.
Jean-Fabien Spitz a publié une recension du livre de Boucheron , « Donner à voir le gouvernement libre ? », La Vie des Idées (17 XII 2013).

J-F Spitz entre d’emblée dans ce qui est l’objet du débat exposé par Boucheron dans son livre : le gouvernement communal de Sienne vient tout juste de sortir d’une période de « seigneurialisation » de la Commune. La fresque est une réponse à la propagande seigneuriale de l’époque, pour faire comprendre les effets bénéfiques d’un gouvernement communal.

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Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française   Annonces

 Mathiez Révolution russe et Révolution française

Albert Mathiez, Révolution russe et Révolution française, Paris, Éditions Critiques, 2017, 140 p., introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier. L'ouvrage rassemble les textes publiés par Mathiez sur les Révolutions russes et l'URSS, de 1917 à 1931. Nous en proposons ici un extrait : "La chute de Kerenski", article paru dans Le Petit Comtois du 10 novembre 1917 (28 octobre dans le calendrier julien), deux jours après la Révolution d'octobre.

La Révolution Russe continue à se développer sur le rythme de la Révolution française, et cela n’a rien de particulièrement surprenant, quand on sait que les intellectuels qui en ont pris, je ne dis pas la direction (!), mais l’initiative, étaient tous nourris des œuvres de nos grands historiens et vivaient dans notre glorieux passé, encore plus hélas ! que dans le présent. Donc le Girondin Kerenski est abattu par les Montagnards que nous appelons aujourd’hui les Maximalistes.

Comme les Girondins d’autrefois, Kerenski est victime de l’équivoque fondamentale de sa politique. Il voulait continuer la guerre, pensée louable ! mais il ne voulait pas malheureusement les moyens d’intéresser le peuple à cette guerre. Il a retardé la solution de la question agraire, question capitale dont j’ai essayé ici même d’exposer sommairement les données. Refusant aux paysans la terre objet de leurs désirs, il n’a pu les entraîner derrière lui. Ses vainqueurs, dans leur proclamation d’hier, déclarent qu’ils remettront immédiatement la terre aux paysans. Ainsi, après la chute de la Gironde, les Montagnards abolissaient sans indemnité les derniers droits féodaux qui subsistaient encore en France.

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La non-violence révolutionnaire   Recensions

Par Suzanne Levin, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

A propos du livre de Micah ALPAUGH, Non-Violence and the French Revolution. Political Demonstrations in Paris, 1787-1795, New York, Cambridge University Press 2014, VIII-292 p.

Toujours présente dans l’historiographie de la Révolution française, la question de la violence révolutionnaire a pris, depuis le bicentenaire (1), un caractère quasi-obsessionnel, dont l’écho est tel que la violence est souvent tout ce que l’on retient de la Révolution dans la culture générale. S’il est sans doute peu de spécialistes de la Révolution qui avanceraient que « la violence fut le moteur de la Révolution », comme le fait Simon Schama, auteur anglais d’un ouvrage grand public paru pour le bicentenaire (2), force est de constater qu’une grande partie de l’historiographie récente rejoint ce sentiment. Sans compter les multiples études consacrées directement à la problématique de la violence dans la Révolution, pour certains, toute étude sur ce sujet se doit désormais de se focaliser sur la violence. Et cette dernière ne suffit plus : toute explication qui soit ne passerait pas par l’hypothèse de l’archaïsme – surtout du peuple – soit ne ferait pas de la violence le péché originel de « l’idéologie révolutionnaire », risque d’être suspectée d’en être partisane (3).

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La construction du droit naturel à partir du droit romain   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 31 mars 2016.
Florence Gauthier (Université Paris-Diderot) :
La construction du droit naturel à partir du droit romain

Avec le soutien du CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, du CHISCO EA1587
et de l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.

Robespierre, la fabrication d’un médiocre   Recensions

Par Anne-Marie Coustou, Professeur d'histoire-géographie

A propos de l'ouvrage de Jean-Clément Martin, Robespierre, la fabrication d’un monstre, Paris, Perrin, 2016, 400 p.

Paru après Robespierre, la fabrication d’un mythe, de Marc Belissa et Yannick Bosc (2013), l’ouvrage de Jean-Clément Martin au titre quasi identique ne propose pas, à la différence du premier, de revenir sur la construction des légendes noires ou dorées de l’Incorruptible. L’introduction qui s’ouvre sur l’épisode du pseudo-masque de Robespierre que l’auteur qualifie de « quasi-comique » nous en donne l’objet. L’on pourrait penser que l’aspect « quasi-comique » résiderait dans ce montage cousu de fil blanc censé révéler « la vraie tête » du révolutionnaire. Mais pour l’auteur, c’est la réaction des défenseurs de l’Incorruptible qui est risible car «… aujourd’hui comme hier, écrit-il, on peut débattre sans crainte de la violence de Marat, de la vénalité de Danton ou de la frivolité de la reine, alors que l’épiderme national demeure sensible dès qu’on l’évoque (Robespierre) » (p. 1 et 2). Cette « crainte du débat » ne semble pas très dissuasive au vu du nombre de biographies et articles dépréciatifs parus sur l’Incorruptible. Par contre, cette « crainte » s’avère révélatrice du propos de l’auteur dont l’objectif est de libérer la parole sur Robespierre et, en quelque sorte, de déverrouiller le débat à son sujet. Le propos du livre consiste donc « à expliquer pourquoi il est le seul dans ce cas » alors qu’il est, selon Martin, un révolutionnaire parmi tant d’autres, pas même franchement remarquable par ses prises de position, ni même le plus attaché aux principes ou le plus désintéressé.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2016-2017   Séminaire

Programme 2016-2017 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.

17 novembre : Marc Belissa, République monarchique ou démocratique ? La querelle des titres et la construction d’un cérémonial républicain aux Etats-Unis en 1789-1791. LIRE et VOIR

8 décembre : Christine Fauré, Le journal des dames. VOIR

19 janvier : Alexandre Guermazi, Les assemblées générales des sections parisiennes, démocratie et représentation en l'an I de la République.

23 février : Vincent Grégoire, Impérialisme et cosmopolitisme. Théories de l’Etat et problèmes coloniaux (XVIe-XVIIIe siècle).

16 mars : Suzanne Levin, La conception de la souveraineté populaire chez Prieur de la Marne. VOIR

27 avril : Jean-Claude Gaudebout, La déclaration des droits de Condorcet en 1789.

11 mai : Yannick Bosc, Les prud'homies de pêcheurs comme modèle républicain.

8 juin : Emmanuel Faye, Hannah Arendt, Burke et les droits de l'homme.

Le séminaire L’Esprit des Lumières et de la Révolution est soutenu par le CH19 – Panthéon Sorbonne/Paris Sorbonne, le CHISCO EA1587 et l’ED395, "Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent", Paris Ouest Nanterre.
Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich.

La place et le rôle du mouvement populaire dans la Révolution française   Entretiens

Série de cinq entretiens avec Florence Gauthier sur AligreFM, dans une série d'émissions qui se sont déroulées de novembre 2015 à mai 2016 autour du rôle du mouvement populaire pendant la Révolution française.

Ecouter

Zéromacho corrige la Déclaration des droits de 1789   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

L’Association Zéromacho a réécrit le texte de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, parce qu’elle aurait été conçue « par des députés qui étaient tous des hommes et au seul bénéfice des hommes : elle ne s’appliquait ni aux femme ni aux esclaves ». Le titre devient « Déclaration des droits humains des citoyennes et des citoyens » et tout le texte est adapté en ce sens. Sous le titre « Éléments historiques » on apprend que le vote de cette Déclaration aurait eu lieu « le 27 août 1789 », « en présence du roi » (1).
Ces approximations laissent rêveur…
La Déclaration des droits a été votée non le 27, mais le 26 août et sans la présence du roi, qui n’assistait pas aux travaux de l’Assemblée constituante. Pourquoi ? Parce qu’il n’en avait pas le droit : la Déclaration établissait la séparation des pouvoirs et la suprématie du législatif sur l’exécutif. Or, le roi n’était pas un élu du peuple et avait perdu tous ses pouvoirs, depuis le début de la Révolution qui transforma les Etats généraux en Assemblée nationale constituante.

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La terreur des droits de l'homme   Annonces

Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme, Kimé

Introduction de l'ouvrage de Yannick Bosc, La terreur des droits de l'homme. Le républicanisme de Thomas Paine et moment thermidorien, Paris, Kimé, 2016, 297 p.

« C'est en s'entraînant à modifier le regard
qu'on obtiendra de nouvelles vues des choses. »
Jean Dubuffet, Bâtons rompus, 1986

Thomas Paine est le personnage principal de cette histoire qui se déroule pendant la Convention thermidorienne, au cours du débat constitutionnel de l'été 1795, à un moment stratégique de la Révolution française. Pourtant, ni le principal protagoniste, ni la Constitution de 1795 ne semblent de prime abord nous placer au cœur de l'épopée révolutionnaire telle que nous avons l'habitude de l'entendre racontée. Rares sont en effet les historiens qui ont étudié le rôle de Thomas Paine dans la Révolution française. Ils sont encore moins nombreux à s'y être intéressé dans le moment thermidorien, cette période d'entre-deux qui suit l'exécution des robespierristes après le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et engendre le Directoire. Outre le fait que cette étude se focalise sur un acteur certes célèbre mais apparemment périphérique et une période qui le semble également, elle perturbe encore le récit classique en associant ce qui est ordinairement dissocié : la Terreur et les Droits de l'homme. Pour comprendre ces paradoxes penchons-nous d'abord sur Paine qui en est un à lui seul.

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Révolution française : souveraineté populaire et commis de confiance   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

L’institution du commis de confiance correspond au mode d’élection des représentants, depuis le Moyen-âge. Cette institution vient des Romains, mais ils en faisaient un usage différent. Le Moyen-âge a donc repris et repensé la pratique du commis de confiance pour en faire une institution électorale.
Le Moyen-âge inventait-là une forme très intéressante, parce qu’elle renvoie à l’idée de souveraineté. Dans le cadre des assemblées générales des habitants des communautés villageoises, des communes, des corps de métier, etc…, le commis est chargé d’une mission et doit rendre des comptes à ses commettants, sinon il est destitué et remplacé : cela signifie que les mandataires sont reconnus comme souverains dans ce mode de chargé de mission.
D’où l’intérêt de rappeler l’existence de cette institution, puisque nos systèmes électoraux ne la connaissent plus ! Aujourd’hui, ce sont les élus qui s’imposent comme souverains aux électeurs. Le résultat des élections actuelles est encore une manifestation de cette nouvelle hiérarchie.
Il faut bien voir que, dans le système actuel, le fonctionnement des partis politiques a pris la place de l’assemblée générale médiévale et l’a ainsi confisquée aux citoyens : ce point est fondamental à comprendre. De peuple souverain, il n’y a plus que le nom dans le texte de la Constitution, et un peuple vidé de ses pouvoirs. Voilà ce qu’il me semblait important à clarifier.

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Les néoconservateurs à la française   Recensions

Christine Fauré, Les néoconservateurs à la française

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

A propos du livre de Christine Fauré, Les néoconservateurs à la française, Editions Mimésis, 2015, 145 p.

L’auteur nous propose une analyse originale et pertinente du phénomène néoconservateur qui, depuis les années 1970, sévit dans les sciences sociales et politiques en France, en déclarant la guerre à Mai 68 et à l’idée de révolution sociale. Elle en présente les sources, les dangers, les résultats.
Tocqueville apparaît au centre des références des néoconservateurs, qui l’utilisent « pour tenir une parole intelligente » contre la Révolution française, comme événement fondateur de notre histoire politique (p. 7). Ce dispositif est répété par Raymond Aron pour condamner Mai 68 et sera repris, de François Furet à Pierre Nora et Luc Ferry. Christine Fauré met en lumière la double fonction de cet usage de Tocqueville : « désigner une place sur l’échiquier politique et dire le présent » (p. 7).
Aron, interprétant Tocqueville, ne manque pas de désinvolture en le mettant en parallèle avec Marx, mais un Marx réduit… au marxisme stalinien, ou encore un fondateur de la sociologie et, surtout, un prophète « de la société inquiète et pacifique dans laquelle les Occidentaux vivent » depuis 1945 (Aron cité p. 15), soit une modernité démocratique enfin trouvée.

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Clore le gouffre de la Terreur   Etudes

Par Françoise Brunel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Clore le gouffre de la Terreur » (1), est la version française originale de la communication présentée à la Conférence internationale sur la Terreur dans la Révolution française organisée, à Stanford University les 10-13 décembre 1992, par Keith Michael Baker, Steven Lawrence Kaplan et Colin Lucas. Le texte a été publié en anglais sous le titre « Bridging the Gulf of the Terror » dans The French Revolution and the Creation of Moderne Political Culture, volume 4, The Terror, sous la direction de Keith Michael Baker, Oxford, Pergamon Press Elsevier Science, 1994. Comme certaines réflexions et pistes de recherche ont trouvé un écho dans de récents travaux, nous n’avons pas jugé inutile de le publier en français, la publication en langue anglaise étant demeurée confidentielle dans les bibliothèques françaises. S’agissant d’une version originale, nous n’avons modifié ni le texte ni les notes, hormis de rares précisions historiographiques indispensables aujourd’hui et indiquées en caractères gras.(FB)

Que l’an III pouvait être « une mine d’or pour l’étude de l’an II », Richard Cobb l’a écrit et démontré par ses travaux (2). En d’autres termes, parler de mettre fin à la Terreur, c’est encore parler de la Terreur. Quel est le statut juridique de la Terreur ? Quel est surtout son lien avec le Gouvernement révolutionnaire ? Quel est, enfin, le régime qui, de thermidor an II à brumaire an IV, durant quinze mois, gouverne la France ? Et, dès lors, quelle peut être l’interprétation du 9 thermidor et celle du « moment thermidorien » dans la « synthèse républicaine » (3). Interrogeons ces mois intenses qui, de la chute de Robespierre à la mise en œuvre d’une nouvelle constitution, voient la fin, non de la Montagne, mais de la Terreur, non le démantèlement, mais l’investissement du Gouvernement révolutionnaire pour une création politique originale, un Gouvernement révolutionnaire sans Terreur – mais non sans une certaine contrainte – sous la conduite d’une coalition de Montagnards, de députés de la Plaine et bientôt de Girondins, réintégrés de frimaire à ventôse an III.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2015-2016   Séminaire

Séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier.
Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l’Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.

Le séminaire 2015-2016 est organisé autour de la construction et de la déconstruction des acteurs de l’histoire et des notions qui sont mobilisées dans l’événement révolutionnaire. Comment une notion se fabrique-t-elle et un acteur devient-il un personnage ? Quelles sont leurs fonctions et leurs usages, dans l’histoire savante ou scolaire et dans la fiction ?

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La philosophie politique de Gabriel Bonnot de Mably   Recensions

Peter Friedemann, Die Politische Philosophie des Gabriel Bonnot de Mably

Par François Ternat, GRHis-Université de Rouen

A propos du livre de Peter Friedemann, Die Politische Philosophie des Gabriel Bonnot de Mably (1709-1785). Eine Studie zur Geschichte des republikanischen und des sozialen Freiheitsbegriffs, Berlin, LIT Verlag, Politische Theorie und Kultur, 350 p., 2014.

Voici un livre salutaire qui ouvre l’étude de l’histoire des idées politiques aux apports que constitue la pensée de Mably : l’esprit des Lumières s’enrichit du regard porté par un de ses représentants les plus brillants sur la « chose publique ». Cet ouvrage savant, riche et inspiré, nous invite à redécouvrir une pensée politique féconde et prolixe, susceptible de vivifier nos réflexions et de nourrir nos choix de citoyens sur le devenir de nos sociétés bien actuelles.
Certes, grand connaisseur et sans doute l'un des meilleurs spécialistes de Mably, Peter Friedemann n’en est pas à son premier essai pour sortir de l’ombre un écrivain essentiel du siècle des Lumières pourtant quelque peu oublié, du moins éclipsé par ses plus emblématiques consorts, Montesquieu, Diderot, Raynal, Rousseau…Florence Gauthier, Marc Belissa et au-delà le séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution ont également beaucoup œuvré dans ce sens (1). Peter Friedemann a une longue familiarité – depuis quarante ans, le temps d’une carrière – avec ce philosophe politique, un des pères spirituels de la Révolution française, sinon son « véritable philosophe » selon le mot de Jules Isaac, comme l’avait rappelé Marc Deleplace dans une notice sur un précédent travail consacré à Mably. Après avoir en effet déjà publié, avec Hans Erich Bödecker, l’œuvre politique de Mably (Gabriel Bonnot de Mably : Politische Texte 1751-1783, Baden-Baden, Nomos, 2000 ; traduction française, Gabriel Bonnot de Mably. Textes politiques 1751-1783, Paris, L’Harmattan, 2008, dont on peut lire l'introduction sur Révolution Française.net), outils de travail très appréciés et de forte utilité, Peter Friedemann nous propose à présent, en une éclairante synthèse, le fruit de ses recherches antérieures, qui appelle à son tour et au plus tôt sa traduction en français pour les lecteurs francophones.

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Le Code noir. Idées reçues sur un texte symbolique   En ligne

Recension par Florence Gauthier du livre de Jean-François Niort, Le Code noir. Idées reçues sur un texte symbolique, Paris, Le Cavalier Bleu, 2015

Après avoir retrouvé, étudié et publié le texte de l’Édit de mars 1685 et d’un grand nombre de ses différentes versions répondant à un travail de recherche sérieux, scientifique, qui commence par établir les textes eux-mêmes et permettre ainsi de passer à des commentaires et des analyses fondées sur des sources enfin précises, Jean-François Niort, juriste, publie aujourd’hui un petit livre critique de certains préjugés, parmi les plus courants, qu’il a sélectionnés et qui éclairent le sous-titre : Idées reçues sur un texte symbolique.
Pourquoi un « texte symbolique » ? Parce que ce texte a subi la longue occultation de l’histoire du colonialisme esclavagiste français des XVIIe et XVIIIe siècles, occultation qui a été construite peu à peu dès le début du XIXe siècle et qui a duré environ un siècle et demi ! Ce qui constitue une très longue surdité intellectuelle et un retard dans les recherches, dont nous sommes encore victimes.
Le réveil relativement récent de l’intérêt pour cette histoire, depuis la Seconde guerre mondiale, lié à un puissant mouvement de décolonisation, s’est accéléré avec les préparatifs du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage de 1848. Cette commémoration s’est faite, précise l’auteur : « dans le sillage de l’ouvrage fameux de Louis Sala-Molins, Le Code noir ou le calvaire de Canaan, grand succès de librairie constamment réédité depuis sa parution en 1987, ainsi que dans le cadre d’un efficace lobbying mené par divers groupes communautaires ou identitaires concernés (CIPN, Comité Marche 98, MIR et d’autres encore), le tout ayant fait du Code noir, plus encore qu’un symbole de l’oppression colonialiste et esclavagiste française, un véritable objet politique. »

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La « Terreur », de Robespierre à Daech, en passant par Podemos   Actuel

Par Florence Gauthier, Historienne

Un nouvel accès d’un prurit « terrorisant » frappe depuis quelques temps ! Il a été réactivé récemment par Pedro J. Ramirez, ancien directeur du journal El Mundo, de Madrid, qui a publié un pavé de près de 1000 pages, intitulé en espagnol : El primer naufragio, 2013, traduit en français sous le titre provocateur suivant : Le Coup d’état. Robespierre, Danton et Marat contre la démocratie, Paris Vendémiaire, 2014. Et le 10 juin 2015, dans le journal ''Ouest-France'', le sociologue Michel Wieviorka s’en prend à son tour à Robespierre, pour le comparer… à Daech !
Il faut noter que Pedro J. Ramirez a tenu à induire une comparaison avec Pablo Iglesias, fondateur du parti Podemos, non dans son livre, dans lequel il n’en dit mot, mais dans les interviews qu’il donne au sujet de son livre : il compare alors Iglesias et Robespierre, exprimant ses positions politiques personnelles (1).

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The Physiocrats Against the Right to Existence   En ligne

A lire en ligne, l'article de Florence Gauthier, publié dans la dernière livraison de la revue Economic Thought : "Political Economy in the Eighteenth Century: Popular or Despotic? The Physiocrats Against the Right to Existence". Résumé :

Control over food supply was advanced in the kingdom of France in the Eighteenth century by Physiocrat economists under the seemingly advantageous label of ‘freedom of grain trade’. In 1764 these reforms brought about a rise in grain prices and generated an artificial dearth that ruined the poor, some of whom died from malnutrition. The King halted the reform and re-established the old regime of regulated prices; in order to maintain the delicate balance between prices and wages, the monarchy tried to limit speculation in subsistence goods and achieved some success in regulating the provisioning of public markets. Le Mercier de la Rivière concluded that executing these reforms required more effective political control. After 1774 the new king gave the Physiocratic reforms a second chance, reforming property rights and establishing an aristocracy of the landed rich. Again, this led to price hikes and as a result so-called ‘popular emotions’ erupted. Turgot ordered military intervention to dispel the protesters, marking a first rupture between the monarchy and the people over speculation on subsistence. Turgot’s experiment failed and he was dismissed, but the Physiocracy had discovered that the market in subsistence offered new opportunities for economic power under the misleading legitimacy of ‘economic laws’. Turgot’s followers, Dupont de Nemours and Condorcet, continued to develop this ‘theory’ that was later translated into a ‘scientific language’ that ultimately asserted the autonomy of the economic sphere and its alleged independence from ethics and politics. The paper examines the continuity of events through the six great jacqueries and the French Revolution, including the all- important agrarian reform that ensued after 1792. Robespierre’s concept of ‘popular political economy’ is analysed and compared with the notion of unfettered private property rights that lies at the heart of neoliberalism.

Lire l'article en .pdf, accéder au numéro de Economic Thought

La mise en lumière de la monstruosité du colonialisme et de l'esclavage en Amérique dès le XVIe siècle   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Il serait erroné de croire que les crimes commis par des Européens en Amérique, depuis sa « découverte » selon la formule consacrée, n'auraient pas suscité immédiatement un choc, doublé d'une inquiétude profonde, et de tentatives multiples pour dénoncer ces faits et s'y opposer dans l’espoir d’y mettre fin.
Quels étaient ces crimes ? Pour les résumer, le pillage puis la destruction des sociétés indiennes, la mise en esclavage des vaincus, l'extermination qui a conduit à vider un certain nombre de régions de leur population, l'appropriation enfin de territoires appartenant à ces peuples, qui ont été dépouillés de tous leurs droits de vivre.
Cette dépopulation a entraîné de nouveaux crimes lorsque les colons d'Amérique, à la recherche d'une main-d'œuvre, généralisèrent la traite de captifs africains déportés en Amérique pour être mis en esclavage sur les plantations.

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Cultures des républicanismes   Annonces

Cultures des républicanismes Kimé

Introduction et table des matières de l'ouvrage collectif Cultures des républicanismes. Pratiques, représentations, concepts de la Révolution anglaise à aujourd'hui, sous la direction de Yannick Bosc, Rémi Dalisson, Jean-Yves Frétigné, Christopher Hamel et Carine Lounissi, Paris, Kimé, 2015, 277 p.

Les enjeux intellectuels et politiques des problématiques du républicanisme
Yannick Bosc, GRHis-Normandie Université

L'objectif de cet ouvrage collectif est de confronter des recherches qui portent sur des objets ou des problématiques proches, ordinairement isolées par les cloisonnements disciplinaires ou les spécialités, mais qui intéressent le républicanisme. Ce terme est entendu dans le sens large d'une culture du bien commun – commonwealth – ou de la chose publique – res publica – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie.

Il existe différentes cultures de la chose publique qui sont qualifiées de républicaines. Cette diversité se manifeste par des pratiques, des représentations et des concepts. Les caractéristiques de ces cultures peuvent varier en fonction des époques et des espaces étudiés : ce sont par exemple les cultures républicaines de l'Angleterre du XVIIe siècle, de la Révolution française ou de l'Italie du XIXe siècle. Ces cultures ne sont pas fermées sur elles-mêmes mais empruntent souvent les unes aux autres. Elles circulent et sont constitutives d'une dynamique politique dont l'ampleur devient considérable avec les révolutions qui touchent le monde atlantique et l'Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Révolution française, si l'on reprend les mêmes exemples, puise ainsi largement dans la tradition anglaise et l'italienne dans la française. Quant au républicanisme anglais il s'inspire de l' « humanisme civique » qui se déploie dans les cités italiennes de la Renaissance.

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Etre républicain sous la Constituante : la crise de Varennes   Etudes

Par Suzanne Levin, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution le 18 décembre 2014.

Quel fut le rapport de la Révolution française au (x) républicanisme(s) ? Voilà une question qui va au cœur du projet révolutionnaire et qui recouvre un vaste champ d’études. Il est donc juste que, depuis déjà plus d’un quart de siècle, cette problématique ait été renouvelée par plusieurs historiens, s’attaquant à ses divers aspects, à diverses époques de la Révolution, à divers acteurs. On peut citer parmi eux les animateurs passés et présents du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution et, en dehors de ce séminaire, notamment Raymonde Monnier.
Bien des aspects de cette problématique restent pourtant encore à éclaircir. L’aspect dont il s’agit ici est très particulier, mais non moins important pour notre compréhension de l’évolution du concept de la république à l’époque révolutionnaire. Il tourne autour des définitions changeantes de la république parmi les républicains autoproclamés et leurs défenseurs dans les débats journalistiques du printemps et de l’été 1791. Qu’est-ce que cela veut dire quand des révolutionnaires se réclament explicitement du républicanisme à cette époque ? Par ailleurs, en quoi la fuite du roi constitue-t-elle un tournant pour l’usage et l’évolution de la signification de ce terme ?

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La Convention, nouvelle assemblée constituante, 22 septembre 1792 - 22 août 1795   En ligne

Par Florence Gauthier, Université Paris-Diderot

Pourquoi une deuxième constituante après celle de 1789-1791 ? Précisons les grands enjeux de la période pour le comprendre.
En 1789, cherchant une issue à la crise, la monarchie choisit d’ouvrir un processus politique en réunissant les États généraux, qui ne l’avaient plus été depuis 1614 ! Le suffrage était très ouvert pour le Tiers-état : une voix par chef de feu - et les femmes l’étaient très souvent : elles n’étaient nullement exclues à cause de « leur » sexe, contrairement aux mystifications récentes à ce sujet. Par contre étaient exclus ceux qui n’avaient pas de « feu » : les errants et les domestiques qui habitaient chez leur maître.
Les députés des États généraux ont commencé par accomplir une révolution juridique en remplaçant la souveraineté royale par la souveraineté populaire : ils l’ont fait en tant que commis de confiance.
Le commis de confiance (en latin : fidei commis) est une personne à qui une assemblée confie une mission. Cette « confiance » signifie que les électeurs demandent des comptes au commis de confiance et que, si celui-ci trahit leur mission ou se révèle incapable de la mener, il sera destitué en cours de mission par ses électeurs et remplacé : voilà ce qu’était la responsabilité du commis de confiance devant ses électeurs. Il est important de savoir que cette institution est apparue au Moyen-âge et a été pratiquée dans les communautés villageoises, les communes urbaines ou les corps de métier et les États généraux durant des siècles, jusqu’à la Révolution comprise, et disparut au XIXe siècle.

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L'Antiquité, modèle dans le "moment républicain" de 1791 ?   Etudes

par Suzanne Levin (doctorante CHISCO-Paris Ouest Nanterre)

Ce texte a été présenté le 23 mai 2014 dans le séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Quel a été l’impact de la crise de Varennes sur le républicanisme ou sur les discours qui entourait le terme « république » dans la presse « patriote » ? Comment cette presse a-t-elle utilisé la référence à l’Antiquité gréco-romaine pour définir et légitimer ses conceptions du républicanisme ? Le texte suivant ne traite qu’une portion de cette question. Il s’agit d’examiner la référence à l’Antiquité au moment même de la crise de Varennes, sans prendre en compte l’évolution de cet usage et du débat sur le républicanisme dans lequel il s’inscrit, sur une période plus longue de vingt semaines. L’examen des quatre semaines qui séparent la fuite du roi de sa réinstallation et de la répression qui s’ensuit permet néanmoins de cerner les réactions immédiates à la crise et les solutions proposées par la presse patriote.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2014-2015   Séminaire

Séminaire animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le jeudi de 18h à 20h à l'Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle G 361, escalier G au 2e étage.
Cette année, le séminaire sera consacré aux notions de citoyenneté, de république et de démocratie, qui sont au programme des concours d'enseignement, et aux problématiques des communs et de l'économie politique qui leur sont associées, en lien avec le séminaire droit de propriété, communs et entreprises, coordonné par Benjamin Coriat et Fabienne Orsi (IFRIS-CEPN).

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Thomas Paine, le républicanisme, le droit à l'existence et la critique du libéralisme économique   Synthèses

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Par Yannick Bosc, GRHIS-Normandie Université

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

En 1797, Thomas Paine publie Agrarian Justice, un ouvrage qu'il dédie « à la législature et au directoire exécutif de la République française » et dont il précise qu'il a pour fonction de « révolutionner l'état de civilisation ». Ce texte important, qui a été redécouvert à la fin des années 1980 à la faveur des débats autour du livre de John Rawls, A theory of justice (1971), est à l'origine du principe d'allocation universelle ou revenu de base (basic income). Paine estime qu'une société ne peut être considérée comme civilisée que si les êtres humains qui la compose ont à leur disposition de quoi vivre dignement. Il prévoit donc la création d'un fonds national, alimenté par une perception sur les héritages, dont on prélèvera une somme d'argent qui sera donnée à toute personne arrivant à l'âge adulte ou entrant dans la vieillesse, riches et pauvres indistinctement selon le principe d'universalité. Ce plan, précise Paine, permettra de soulager sur le champ « les aveugles, les boiteux, les vieillards indigents, il fournira à la génération naissante le moyen d'empêcher la reproduction de ces classes malheureuses »(1). Ces mesures ne reposent pas sur la charité, mais sont établies au nom des principes républicains, principalement de la liberté. Paine définit cette dernière comme égalité des droits personnels (2). C'est lorsqu'il y a égalité des droits personnels , donc lorsque la liberté est garantie que, selon Paine, existe une république.

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La Commune de Paris et la production de guerre, 1793-1794   Etudes

Par Aurélien Larné, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 13 décembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Le 28 juillet 1793, l’armée autrichienne occupait le nord de la France et y rétablit l’Ancien Régime. La guerre contre les monarchies européennes avait été entreprise par l’Assemblée législative, sous l’impulsion des Brissotins contre lesquels s’étaient opposés une partie des membres de la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité (Robespierre, Billaud-Varenne, Marat). Elle avait ensuite été poursuivie par la Convention girondine contre l’avis de certains Montagnards. Par ailleurs, la multiplication des recrutements d’hommes pour les armées avait entraîné la Vendée dans la guerre civile. À la fin du mois de mars 1793, la guerre de conquête avait tourné à la débâcle et le décret du 13 avril matérialisa la transformation de cette guerre de conquête en guerre défensive. À partir du mois de juin, pour la Convention montagnarde, la victoire de la guerre défensive devint l’objectif unique (1) .

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Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque Henri Guillemin et Robespierre

Henri Guillemin et la Révolution française : le moment Robespierre, actes du colloque organisé le 26 octobre 2013 par l'association Présence d'Henri Guillemin, Utovie/h.g, Bats, 2014. Préface d’Édouard Mangin et table des matières :

Au-delà de parachever le travail fourni pour que cet événement ait lieu, l’édition des actes du colloque « Henri Guillemin et la Révolution Française – le moment Robespierre », qui se déroula le 26 octobre 2013 à L’Institut Catholique de Paris (ICP), procure pour les organisateurs un double plaisir, ou plutôt, un plaisir à double détente, teinté à la fois de nostalgie et de désir de reconduire ce qui est toujours un peu une aventure. La première émotion provient des textes eux-mêmes. Relire les interventions, c’est assurément les redécouvrir à froid et en savourer leur profondeur, leur portée et leurs subtilités, sur un thème peu courant et surtout plein d’enjeux, où les opinions se diffractent pour de multiples raisons, parmi lesquelles la méconnaissance des faits ou le parti pris idéologique. La Révolution française – le moment Robespierre est en effet un sujet suffisamment riche et complexe pour ne pas l’enfermer, serait-ce dans la plus belle des chapelles, ou le plus imposant des temples. A cet égard, la diversité des intervenants peut être perçue comme un reflet de la démarche non conventionnelle d’Henri Guillemin, constituée à la fois de recherches historiques scrupuleuses, et d’affirmations sans ambages, de convictions puissantes et intimes nées d’extraordinaires intuitions sur le sens de l’Histoire et les lois humaines ; rassemblant à la fois le déploiement logique des faits propre à l’historien, et l’appel aux forces de l’imaginaire de l’écrivain.

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Débaptiser la place Robespierre à Marseille ?   Actuel

Lettre ouverte à Guy Tessier, président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole

Comme le relate le journal La Marseillaise dans son édition du 5 mai 2014, Guy Tessier, maire UMP et président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, entend faire aboutir le projet de débaptiser la place Robespierre dans le 9e arrondissement de Marseille. Nous avons décidé de rédiger une lettre ouverte pour expliquer notre opposition à ce projet.

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Appel à contribution : appliquer les lois (1789-1815)   Annonces

Appel à contribution pour la journée d'études doctorale Appliquer la loi : acteurs, modalités et limites de l'exécution de la loi (1789-1815), 5 décembre 2014, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Cette journée d’études s'inscrit dans le prolongement des travaux menés au sein de l’IHRF, dans le cadre de l’ANR RevLoi. La numérisation de la collection Baudouin a en effet permis l’organisation de plusieurs manifestations scientifiques autour des processus de fabrication et de diffusion de la loi en Révolution (1). Elle tient compte également des chantiers ouverts par les récents colloques Voter et élire (2), sur les Comités de surveillance (3), et la notion de République (4). Cette journée d’études se propose d’examiner, en aval de l’adoption de la loi, les différentes déclinaisons de son exécution, entre 1789 et 1815. Il s’agira de mettre en évidence les acteurs institutionnels et politiques chargés de son exécution, les moyens qui sont mis à disposition des agents de l’Exécutif ainsi que les procédés qui sont mis en œuvre par ces agents pour la faire appliquer. Que devient en effet la loi une fois qu’elle est votée ? Une loi adoptée est-elle nécessairement exécutée et est-elle toujours exécutée à la lettre ? En somme, que fait-on, concrètement, de la loi dans la pratique ?

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Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802)   Annonces

Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen

Introduction à la réédition de l'ouvrage de Florence Gauthier, Triomphe et mort de la révolution des droits de l'homme et du citoyen (1789-1795-1802), Paris, Syllepse, 2014, 388 p. La première édition avait été publiée aux PUF en 1992 sous le titre Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802.

« On entend présentement concevoir l’histoire des idées un peu comme on concevait jadis l’histoire politique, en ne s’occupant que des rois. Soit mépris aristocratique, soit réaction contre une récente école qui ne voulait voir que le social et ignorer l’individuel, les modernes semblent répugner à étudier les idées philosophiques dans l’âme des collectivités, à faire l’histoire démocratique des idées, à reconnaître la haute valeur d’une telle étude. » Julien Benda, 1928 (1)

Lorsque j’écrivais ce livre, publié en 1992, je m’interrogeais depuis un moment déjà sur ces deux mots, que j’avais lus, maintes fois, dans les sources de toutes les catégories sociales au XVIIIe siècle et dans la période révolutionnaire : droit naturel.
Je ne m’en étais pas rendu compte avant, parce que l’on disait de façon générale droits de l’homme, mais les sources parlaient précisément de droits naturels ! Alors, je suis partie à leur recherche… et ils m’ont entraînée dans une longue aventure à travers le temps et l’espace, qui m’a conduite, pour commencer, jusqu’à l’orée de la préhistoire…
Tout près de moi, une amie berlinoise, Aglaïa Hartig (2), grande connaisseuse de la littérature française du XVIIIe siècle, qui vivait alors à Paris, avait répondu à ma question comme la fée des contes : « Tu trouveras du droit naturel chez Kant et chez le philosophe Ernst Bloch ». Elle avait raison ! Droit naturel et dignité humaine d’Ernst Bloch (1976) et son Thomas Münzer, théologien de la révolution (1964), me permirent de commencer à saisir ce qu’était ce droit naturel, ainsi que les rudes batailles qui se livrèrent en son nom.

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4 février 1794 : la Convention montagnarde abolissait l’esclavage dans les colonies françaises   Entretiens

Sur Le Canard Républicain et Agoravox, entretien avec Florence gauthier. Extrait :

Depuis le XVIIe siècle, le Roi de France possédait un empire colonial dans le Nouveau Monde, dont le centre de gravité était la Partie française de Saint-Domingue, « île à sucre et à esclaves », qui était devenue, au XVIIIe siècle, le premier producteur de sucre. Toutefois, le système esclavagiste entra en crise dès le début du XVIIIe siècle à cause de la raréfaction des captifs de chasse à l’homme, vendus par les Royaumes africains pour être mis en esclavage. La ponction avait été si forte qu’elle réduisit la population de l’Afrique et le prix des captifs haussa : il fut multiplié par trois tout au long de ce siècle en ce qui concerne la traite vers l’Amérique ! La crise du système de la traite provoqua la panique des planteurs qui comprirent que le système de reproduction de la main-d’œuvre devrait être prochainement transformé. À Saint-Domingue, les planteurs eurent une réaction particulière : ils crurent se protéger et gagner du temps en créant une concurrence entre eux sur le critère de la couleur, sous la forme d’une politique de discrimination contre les « colons de couleur », dans le but de s’emparer de leurs biens. Or, il faut savoir que dans les colonies françaises, les grands colons arrivés depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, n’avaient pas hésité à épouser des femmes africaines, dont ils eurent des enfants légitimes, créant une classe de colons métissée.

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Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   En ligne

Les vidéos du colloque organisé le samedi 26 octobre 2013 par l’association Présence Henri Guillemin (PHG) sont sur Médiapart, interventions de : Patrick Berthier : La genèse de l'ouvrage "Robespierre, mystique et politique" ; Florence Gauthier : Robespierre, théoricien et acteur d’une république démocratique et sociale ; Etienne Chouard : Henri Guillemin-Robespierre, la problématique de la représentation politique aujourd'hui ; Yannick Bosc : Robespierre ou la Terreur des droits de l'homme ; Olivier Blanc : L'argent de la Terreur: les augmentations de patrimoine des élus de l'an II ; Marc Belissa : Robespierre et la religion dans l'historiographie (1794-2012) ; Serge Deruette : Le problème de l'héritage de Robespierre aujourd'hui ; Patrick Rodel : Conférences sur la Révolution française ; table ronde : première partie et deuxième partie.

La dette   Séminaire

Séance du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution du jeudi 21 mars 2013 consacré à la dette.
Florence Gauthier (Université Paris Diderot) : Les enjeux de la dette de l'Ancien Régime.
Benjamin Coriat (Université Paris Nord), Economistes Atterrés : Les économistes et la problématique de la dette.

Avec le soutien du CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre-La Défense. Merci à Agnès Wendling pour le montage et à Olivier Lombroso pour ses conseils techniques.

Réponse à Monsieur Olivier Blanc à propos de la mystification de la figure d’Olympe de Gouges   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

Le 1er novembre dernier, Monsieur Olivier Blanc publiait contre mon article sur Olympe de Gouges, une attaque pleine d’aigreur et d’insultes à mon endroit, ce qui laisse penser qu’il ignore les règles élémentaires de l’honnêteté qui se pratiquent dans les débats. Monsieur Olivier Blanc (M.O.B.) me prend pour une partisane des « méthodes staliniennes ». Quelle erreur, quelle horreur ! Il faut le rassurer immédiatement sur ce point ! Non Monsieur, je suis même critique des méthodes staliniennes et je me suis donné le mal de les démonter, en ce qui concerne l’historiographie de la Révolution française, et de façon détaillée dans plusieurs de mes travaux. Par exemple, à l’occasion du Centenaire de la Société des Études Robespierristes, j’ai présenté une intervention consacrée au grand historien de la Révolution française, Albert Mathiez. Ce dernier a été une des premières cibles « extérieures » de l’historiographie « stalinienne » soviétique des années 1929-1930 et reçut les honneurs de leur censure. Entre 1930 et 1932, date de sa mort, Mathiez a développé une critique lucide et précieuse du phénomène stalinien dès sa naissance, qui mérite d’être connue.

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Démocratie bourgeoise : note sur la genèse d’un oxymore et sur l’origine d’un cadeau   Notions

Par Antoni Domenech, Université de Barcelone

La vulgarisation de la pensée politique et de son histoire, au XXe siècle, est parvenue à imposer à travers d’amples circuits, y compris universitaires, l’idée que la démocratie est un phénomène fondamentalement moderne. Cette idée s’est imposée à l’aide de deux arguments, mais historiquement, elle est irrecevable. Le premier argument introduit une sorte de « liberté des Anciens » - ces inutiles amants de la vertu dévoués à la vie publique, qui sacrifiaient par abnégation leurs affaires privées – opposée plus ou moins strictement, selon la version canonique du thermidorien Benjamin Constant (1), à la « liberté des modernes », ces gens plus occupés à résoudre leurs problèmes personnels que préoccupés par les questions de la vie politique publique. Le second argument veut que les démocraties de l’Antiquité et, en particulier, l’athénienne n’aient pas été des démocraties au sens « moderne » du terme, et suppose qu’il s’agissait de régimes politiques dans lesquels d’étroites minorités de libres et riches oisifs totalement déchargés des tâches matérielles, pouvaient se permettre de délibérer politiquement, tandis qu’une immense masse d’esclaves s’affairait sans relâche à la production.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2013-2014   Séminaire

Séminaire animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace et Florence Gauthier. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi de 18h à 20h à l'Université Paris Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, salle F 368, escalier E, 2e étage.

15 novembre : Marco Marin, « Les catéchismes révolutionnaires : typologies, langages et méthodologies », Université de Trieste. LIRE

13 décembre : Aurélien Larné, « Pache, la Commune de Paris et l'effort de guerre en 1793-1794 » doctorant CHISCO Paris Ouest Nanterre LIRE

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Henri Guillemin et la Révolution Française : le moment Robespierre   Annonces

Colloque organisé par l’association Présence Henri Guillemin (PHG), qui se tiendra à le samedi 26 octobre 2013 à l'Institut Catholique de Paris (ICP) 21 rue d'Assas 75006 Paris.

Programme :

9h00 – 9h40 : Accueil/Introduction

Patrick Berthier, professeur émérite, agrégé de lettres, spécialiste d’Henri Guillemin.

Thème d'intervention : la genèse du livre de Henri Guillemin sur Robespierre "Robespierre, mystique et politique"

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Colloque Cultures des républicanismes   Annonces

Colloque Cultures des républicanismes Rouen 21 et 22 novembre 2013

Programme du colloque international, Cultures des républicanismes. Pratiques-Représentations-Concepts de la Révolution anglaise à aujourd’hui, Rouen 21 et 22 novembre 2013

Ce colloque pluridisciplinaire aborde les cultures des républicanismes sous l'angle de la circulation des pratiques, des représentations et des concepts dans le temps, dans l'espace, mais également entre champs académiques. Le républicanisme doit être entendu au sens large d'une culture de la chose publique – ce qui renvoie à l'étymologie – et non exclusivement au sens étroit et usuel d'une forme de gouvernement définie par opposition à la monarchie. Le colloque privilégie les républicanismes inscrits dans des traditions révolutionnaires. Il se penche sur la manière dont l'idéal républicain façonne la Révolution anglaise débouchant sur le régicide, l'abolition de la monarchie et de la Chambre des Lords au milieu du XVIIe siècle, et perdure dans le contexte de l'absolutisme européen. Il examine la transition du XVIIIe au XIXe siècle, moment charnière au cours duquel les réactions aux révolutions du monde atlantique et l'impact de l'industrialisation conduisent à l'élision du paradigme jusnaturaliste, à la modification de la question républicaine et à l'émergence des théories socialistes. La période la plus contemporaine permettra de mesurer l'actuel regain des problématiques du républicanisme, lorsqu'elles sont appréhendées comme des outils efficaces pour déterminer des normes politiques à partir desquelles refonder nos sociétés en crise. A travers les cultures des républicanismes c'est en particulier le politique face à l'emprise de l'économique qui retiendra notre attention. Cela nous conduira à mettre l'accent sur les notions de liberté, d'égalité, de propriété et de citoyenneté.

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Olympe de Gouges, histoire ou mystification ?   Réplique

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot

À propos de l’article « Olympe de Gouges, une femme contre la Terreur », de Myriam Perfetti, paru dans Marianne, n°852 du 17-23 août 2013, p. 76-79.

Je viens de lire cet article et j’en reste perplexe. Que d’erreurs accumulées ! que de fantaisies ! et qui conduisent dans leur simple logique à des interprétations fausses ou fallacieuses qui leurrent le lecteur sur les faits, au lieu d’éclairer sa lanterne. Il y a une question de méthode qui se pose ici ! Le chapeau de l’article résume la thèse de l’auteur : « Elle (Olympe de Gouges) fut la première des féministes et le paya de sa vie ». Dans le rappel chronologique, on peut lire : « Arrêtée en juillet 1793 pour avoir violemment interpellé Robespierre », elle « est condamnée à mort ».
Le rappel de ses activités est plein d’enthousiasme pour « la pionnière », qui donna « l’acte fondateur d’un féminisme qui ignorait son nom », elle est même comparée à Simone de Beauvoir, à Hypatie philosophe néoplatonicienne du IVe siècle de notre ère, et aux Femen dans leur récent combat en Tunisie, et tout cela en même temps ! Et puis encore, cette femme « en avance sur son temps » a tant apporté par ses « anticipations » : elle a prévu « le Pacs avec deux cents d’avance » ! et même « l’impôt sur le revenu » ! et puis encore des réformes sociales, « qui ne seront mises en place qu’au… XXe siècle »... Elle se réclame de la justice sociale, de l’égalité en droits entre les sexes, du droit au divorce, de la recherche en paternité et se prononce pour l’abolition de la peine de mort.

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Droit naturel : enjeux et débats   Annonces

Corpus, numéro 64, Droit naturel

Dernière livraison de Corpus, revue de philosophie, n°64 (2013), consacrée au droit naturel.
Introduction de Florence Gauthier, "Du droit naturel à travers enjeux et débats : le point sur les recherches actuelles" :

L’équipe du Séminaire L’esprit des Lumières et de la Révolution s’intéresse tout particulièrement, depuis sa création, à la réinscription du champ politique dans les problématiques du droit naturel à l’époque moderne et a déjà publié, individuellement et collectivement, de nombreux travaux à ce sujet (1). On constate aujourd’hui un indéniable renouveau d’intérêt pour ce droit naturel dont il faut rappeler que la longue existence a été traversée de périodes d’approfondissements et de développements prometteurs, suivies d’éclipses plus ou moins prolongées, en fonction de l’intensité des débats et des enjeux à son sujet.
Historiens et philosophes, nous proposons ici un état des connaissances actuelles en abordant des points précis qui nous sont apparus comme autant d’obstacles à une meilleure intelligence de l’histoire tumultueuse du droit naturel, obstacles qui nous ont stimulés pour essayer de les mieux saisir et d’en permettre la critique.
La Revue Corpus, en la personne de Francine Markovits sa directrice éditoriale, nous a accueillis pour ce numéro spécial et nous la remercions chaleureusement.

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Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale   En ligne

Conférence de Florence Gauthier, du 5 mars 2013, intitulée « Robespierre et l’an II ou la construction d’une république démocratique et sociale », organisée par le Cercle guérétois de l’ASSOCIATION POUR UNE CONSTITUANTE. Florence GAUTHIER a présenté et annoté le Tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, publié à l’occasion du Centenaire de la Société des études robespierristes en 2007.

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La Révolution française : actualité d'une référence   Actuel

Chronique de l'Association pour une constituante diffusée par Radio Aligre dans l'émission Voix contre oreille. Florence Gauthier intervient sur la Révolution française.

Pourquoi tant de haine envers la Révolution française ?
En 1945, la Révolution française était une référence positive dans l’histoire du monde.
Après les horreurs commises par nazisme et fascisme, l’idée que l’humanité avait des droits et que les pouvoirs publics devaient les défendre était redevenue une référence majeure. Cette idée renouait avec l’histoire de la Révolution française depuis qu’elle avait été brutalement interrompue, le 9 thermidor.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen était l’expression même de la Révolution, son Manifeste. Loin d’être réservée au savoir savant, l’idée des droits humains est ancienne, elle date du Moyen-âge et apparut lorsque les paysans se révoltèrent contre le servage. Ce mouvement affirma sa volonté que le pouvoir politique accepte de reconnaître le droit de résistance à l’oppression. Au XVIIIe siècle, la Révolution française se réclama de cette idée.

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Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations   Etudes

la felicita è un idea nuova in Europa, Vetter et Marin

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Nous publions l'introduction de Cesare Vetter, "Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations historiographiques", à La felicità è un’idea nuova in Europa. Contributo al lessico della Rivoluzione francese, tome II, sous la direction de Cesare Vetter et Marco Marin, EUT, Trieste, 2013, 731 pages. La version électronique de l'intégralité de l'ouvrage est libre d'accès sur l’archive numérique OpenstarTS de l’Université de Trieste. Le volume est également disponible en version papier. ISBN 978-88-8303-470-1.

1. Structure du volume : sources, méthodologies, propos

Ce deuxième tome de La felicità è un’idea nuova in Europa suit un fil conducteur bien précis : il permet au lecteur de vérifier à travers des évidences lexicologiques et lexicométriques les plus récents et importants débats qui tournent autour les questions inhérentes à la Révolution française. Les évidences que l’on va proposer ici résultent de la consultation de deux différents corpora informatiques : l’un est le corpus informatique des textes de la Révolution française que nous avons constitué pendant ces dernières années et que nous continuons à implémenter – avec la contribution décisive de Marco Marin - auprès du Département d’Histoire (présentement Département d’études humanistiques) de l’Université de Trieste ; l’autre est le corpus des catéchismes révolutionnaires que Marco Marin a constitué individuellement dans le cadre da sa thèse de doctorat au SUM (Istituto Italiano di Scienze Umane). Le corpus de la Révolution française dont je dispose (pour l’instant on ne peut pas être mis en ligne à cause des contraintes normatives en termes de droits éditoriaux) embrasse la bibliographie suivante : Œuvres politiques de Marat (10 vol., Bruxelles, 1989-1993) et autres écrits de Marat qui précédent la Révolution ;Œuvres de Robespierre (11 vol., Paris, 2000 - 2007) ; Œuvres complètes de Saint-Just (Paris, 1984) ; le journal de Hébert (Le Père Duchesne, 10 vol., Paris, 1969) ; Du Bonheur de Lequinio (20 brumaire an second). Le corpus informatique constitué par Marco Marin se compose de 111 catéchismes, desquels 104 sont imprimés et 7 sont restés manuscrits. La majorité de ces catéchismes ont fait l’objet d’une transcription manuelle, c'est-à-dire que nous n'avons pas utilisé de logiciels de reconnaissance de texte. De plus, Marco Marin et Elisabetta Gon ont transcrit, digitalisé et analysé lexicométriquement la lettre inédite de Robespierre de 1792 récemment mise en lumière (1).

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La Révolution française et le monde 2012-2013   Annonces

Séminaire animé par Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre, jeudi 13h30-15h30, salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

Une source, un ouvrage

Cette année, le séminaire sera centré sur le rapport entre sources et historiographie de la Révolution française. Comment s’opère le passage de l’archive, de la source à la problématique historique ? Par quels cheminements les historiens conçoivent leurs objets et leurs sujets ?
Les chercheurs que nous accueillerons nous présenteront tout d’abord des sources de natures diverses (archives manuscrites, imprimées, images, etc.) puis l’ouvrage qui a été le fruit de leur travail dans l’archive.
Chaque séance comprendra donc deux parties : la première dans laquelle les intervenants commenteront avec vous une source particulière, la seconde dans laquelle ils vous présenteront leurs ouvrages respectifs en les insérant dans les champs actuels de l’historiographie de la période révolutionnaire.

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220e anniversaire de la République   Annonces

colloque 220e anniversaire de la république

Actes du colloque 220e anniversaire de la République, organisé par le Grand Orient de France, qui s'est tenu le 22 septembre 2012.

Sommaire :
- "Pourquoi nous sommes (encore) républicains" par Philippe Foussier, Conseiller de l'Ordre du Grand Orient de France
- "Avant la République, les Lumières" par Roland Desné, professeur émérite à l'Université de Reims - CNRS
- "Comment les francs-maçons devinrent républicains ?" par Eric Saunier, historien, Université du Havre
- "Le 21 septembre 1792: de l'an IV de la Liberté à l'an I de la République" par Elisabeth Liris, Institut d'Histoire de la Révolution française - ANR IRICE
- "République montagnarde, démocratie sociale et droits de l'Homme" par Florence Gauthier, historienne, Université de Paris VII
- "La République, de la nation à l'universel" par Samuel Tomei, docteur en histoire, membre du comité de rédaction de la revue Humanisme
- "Liberté, égalité, fraternité... laïcité ?" par Catherine Kintzler, philosophe, professeur émérite Université Lille III
- "Redonner sens à la fraternité" par Jérémy Mercier, membre du comité de rédaction de la revue Humanisme
- "De la Révolution française à nos jours, une Constituante face aux crises" par André Bellon, président de l'Association pour une Constituante

- "Conclusion" par José Gulino Grand Maître du Grand Orient de France, à lire en .pdf

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2012-2013   Séminaire

Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich.
Le séminaire de cette année, animé par Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier est organisé autour de trois séances de trois heures avec deux intervenants. La première sera consacrée à l'émeute et mettra en particulier l'accent sur la relation des historiens de la Révolution française au présent. La deuxième aura pour objectif de croiser la Révolution française et les problématiques d'autres sciences sociales, en l'occurrence les sciences économiques, autour de la dette. Enfin la dernière séance proposera deux synthèses thématiques sur les enjeux épistémologiques des travaux de ce séminaire.

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La Révolution française d'Albert Mathiez   Annonces

Albert Mathiez La Révolution française

Albert Mathiez, La Révolution française, Paris, Bartillat, 2012, 658 p. Introduction de Yannick Bosc et Florence Gauthier.
Cette réédition rassemble en un seul volume les trois parties de l'ouvrage publiées entre 1922 et 1927 : La Chute de la royauté ; La Gironde et la Montagne ; La Terreur. Pour la première fois,
La Révolution française est accompagnée d'un index, d'une chronologie et d'un appareil critique rappelant l'oeuvre et la vie d'Albert Mathiez. Nous en proposons le premier chapitre consacré à "La crise de l'Ancien Régime".

Les révolutions, les véritables, celles qui ne se bornent pas à chan­ger les formes politiques et le personnel gouvernemental, mais qui transforment les institutions et déplacent la propriété, cheminent longtemps invisibles avant d’éclater au grand jour sous l’effet de quelques circonstances fortuites. La Révolution française, qui surprit, par sa soudaineté irrésistible, ceux qui en furent les auteurs et les bénéficiaires comme ceux qui en furent les victimes, s’est préparée lentement pendant un siècle et plus. Elle sortit du divorce, chaque jour plus profond, entre les réalités et les lois, entre les ins­titutions et les mœurs, entre la lettre et l’esprit.
Les producteurs, sur qui reposait la vie de la société, accroissaient chaque jour leur puissance, mais le travail restait une tare aux termes du code. On était noble dans la mesure où on était inutile. La naissance et l’oisiveté conféraient des privilèges qui devenaient de plus en plus insupportables à ceux qui créaient et détenaient les richesses. En théorie le monarque, représentant de Dieu sur la terre, était absolu. Sa volonté était la loi. Lex Rex. En fait il ne pouvait plus se faire obéir même de ses fonctionnaires immédiats. Il agissait si mollement qu’il semblait douter lui-même de ses droits. Au-dessus de lui planait un pouvoir nouveau et anonyme, l’opinion, qui minait l’ordre établi dans le respect des hommes.

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Les néoconservateurs à la française   Annonces

Les néoconservateurs à la française

Nous publions ici un résumé, la table des matières et des extraits de l'ouvrage de Christine Fauré, directrice de recherche émérite au CNRS, Les néoconservateurs à la française, Chryséis éditions, distribution Amazon/kindle, 133 p.

Résumé : Depuis plus de vingt cinq ans en France, des néoconservateurs s’en prennent à toute radicalité philosophique, à tout esprit de réforme sociale. Dans le secret des cénacles, puis dans des réseaux mieux structurés, au titre d’une démocratie apaisée, ils rejettent toute tentative de modifier l’ordre existant, douloureux pour le plus grand nombre ; ils tirent leur exemple des penseurs qui étaient en leur temps contre-révolutionnaires. Ils veulent mettre un point final à une Révolution française pourvoyeuse de messages politiques. La pensée conservatrice contemporaine se réfère unanimement à Tocqueville, nouveau maître à penser, lui même contempteur de la Révolution de 1848 et partisan de la colonisation de l’Algérie, abuse du concept de totalitarisme pour effrayer. Elle cible des périodes historiques et exprime un rejet quasi militant des événements de mai 68. Elle étouffe un désir de justice : pourtant c’est dans le sillon de cette révolte qui embrasa l’ensemble de la société française que Béate Klarsfeld lance en 1969 sa chasse aux nazis, privilégiant l’action directe, préalable à la réouverture en 1970 des procès de la collaboration française. Ces servants d’un nouveau culte ont pour nom dans la lignée de Raymond Aron : Luc Ferry, Pierre Nora, Marcel Gauchet, Stéphane Courtois…

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Révolution française et événement   Enseignement

Par Marc Deleplace, Centre d’histoire du XIXe siècle-Université Paris-Sorbonne

Introduction : La Révolution comme événement, la place de l’événement dans la Révolution

L’événementiel de la Révolution française demeure, au fil du renouvellement des programmes, à la fois incontournable et potentiellement foisonnant. L’enseignement de la Révolution en 4e et Seconde se heurte de ce fait à une difficulté, ou à ce qui est perçu comme une difficulté, particulière, propre à cet objet.
Le récit scolaire de la Révolution a plus que d’autres sans doute été marqué par le besoin de continuité, jugée seule apte à permettre d’entrer dans la logique complexe de l’événement, en assurant les liens de causalités historiques (1) . Il a par ailleurs été en partie déterminé par la forte charge civique de l’événement. Fondation de la France contemporaine, de l’histoire contemporaine, de la République, du régime démocratique, du discours politique moderne, de la citoyenneté démocratique, autant de cadres interprétatifs susceptibles d’alourdir la charge d’un récit devenu un incontournable historique et civique.
Réfléchir à l’organisation pédagogique du récit révolutionnaire, d’autant plus aujourd’hui que sa continuité est mise à mal à la fois par l’évolution de la structure des programmes et par la réduction du temps imparti à cette étude, implique donc de revenir dans un premier temps sur la question de l’interprétation globale de l’événement Révolution française, car c’est en fonction de lui, du sens donné à l’événement, que peut se concevoir un choix raisonné dans le foisonnement des événements de la période révolutionnaire, associée dans les programmes au 1er Empire.
J’entamerai donc mon parcours par quelques réflexions sur le récit révolutionnaire au regard des programmes de l’enseignement secondaire depuis 1985, puis je reviendrai sur la lecture globale de l’événement, et enfin j’aborderai la question de sa déclinaison événementielle interne.

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L'Arbre de la Liberté   En ligne

Film documentaire de Maxence Denis (2004)

Présentation : De l'Ayiti des Indiens jusqu'à la guerre de libération qui conduisit à l'indépendance d'Haïti, ce documentaire nous parle des différents combats qu'ont menés des hommes sur cette terre afin de l'en délivrer du joug de la servitude. De Caonabo à Toussaint Louverture, par-delà des luttes de races ou de couleurs, ces hommes se sont battus pour la Liberté et l'Égalité universelles...
Intervenants : Jacqueline Scott Lemoine (écrivain, comédienne),Odette Roy Fombrun (historienne),Florence Gauthier (historienne),Ferdinand Abissi (instituteur),Jacques de Cauna (historien),Christianne Taubira (député de la Guyanne),Jean-Louis Donnadieu (historien),Pierre Buteau (historien) Musique : Micheline Laudun Denis, Adjabel, Raoul Denis jr.

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Révolution française : refonder les problématiques du républicanisme   Etudes

par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Aborder le républicanisme pendant la Révolution française, dans une perspective politique contemporaine qui considère la république comme un horizon d'attente, suppose de mettre en évidence les filtres qui en prédéterminent la lecture et la compréhension. La Révolution française a été l'objet d'usages historiques et politiques, souvent intenses, qui ont sédimenté et subsumé la complexité initiale. Ils résultent du poids de l'histoire de France et de ses mythologies, mais également des rapports complexes qu'ont entretenu le socialisme et la Révolution française, rapports qui en retour ont engendré le récit selon lequel cette période l'histoire constituerait peu ou prou un totalitarisme. Ces filtres, multiples, sont autant d'éléments d'oubli, ou de dévitalisation des principes d'une Première République qui est dès lors en déshérence : en France, on se penche plutôt sur le XIXe siècle qui semble être la ressource principale de l'idée républicaine ; par ailleurs, selon le paradigme de la « révolution bourgeoise », la Première République ne serait plus en phase avec les nécessités de l'histoire et aurait été dépassée par la perspective de la révolution prolétarienne ; enfin, si ce moment républicain est totalitaire, sa place n'est pas dans la modernité, dans notre actualité ou notre futur, mais du côté des monstres politiques, du stalinisme et du nazisme. Je laisserai ici de côté le paradigme de la « révolution bourgeoise » dont Albert Mathiez a déjà souligné qu'il empêche de comprendre ce qu'il a nommé la « révolution sociale » de l'an II (1). Je me consacrerai à l'idéologie de la modernité en faisant un détour par « l'exception républicaine française ».

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Toussaint Louverture. Le combat des aigles ?   Réplique

Par Florence Gauthier, ICT-Paris Diderot Paris 7

A propos de Toussaint Louverture. Le combat des aigles, téléfilm de Philippe Niang, 2011, 2h60, diffusé sur France 2, les 14 et 15 février 2012

Le Coup d’état du 18 brumaire-9 novembre 1799 livrait le gouvernement de la France au général Bonaparte qui, après l’échec de l’expédition d’Egypte, tentait d’initier un nouvel empire colonial français en Amérique : il lorgnait vers la Louisiane en passant par la reconquête de l’ancienne colonie de Saint-Domingue. C’est dire qu’avec Bonaparte, le parti colonial esclavagiste revenait au pouvoir.

Toussaint Louverture, qui avait dirigé, depuis 1794, la guerre d’indépendance de la colonie de Saint-Domingue contre les colons esclavagistes et leurs alliés, comprit le danger et s’y prépara. En 1801, il promulgua une Constitution, qui reconnaissait son pouvoir de gouverneur à vie, déclarait l’interdiction de l’esclavage, instaurait l’indépendance et proposait une alliance privilégiée avec l’ancienne métropole France sur un pied d’égalité entre les deux peuples. Il établissait son pouvoir personnel et despotique. Il proposait aussi une sortie du colonialisme très remarquable.

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Buonarroti. La Conspiration pour l’égalité, dite de Babeuf   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT- Université Paris Diderot Paris 7

Philippe Buonarroti naquit à Pise, en 1761, où il fit ses études. Dès sa jeunesse, il fut marqué par l’indépendance de l’île de Corse, qui s’était insurgée contre l’occupation génoise, depuis 1729, sous la direction politique de Paoli père. L’indépendance de la Corse et la Constitution républicaine et démocratique de Pascal Paoli fils, en 1755, fut un grand sujet de débats et d’enthousiasme à cette époque. Cependant en 1768, Gênes vendit, comme une vulgaire marchandise, la Corse au Roi de France qui la conquit manu militari l’année suivante. De nombreux patriotes corses cherchèrent des refuges et Pise fut l’un d’eux. Buonarroti fit partie de ces jeunes républicains qui s’enthousiasmèrent pour cette expérience, il rencontra des réfugiés corses et se lia d’amitié avec l’un d’eux, Christophe Salicetti, de quatre ans son aîné.

Lire la suite de la présentation sur Le Canard Républicain, et lire en .pdf les cinquante premières pages de La Conspiration pour l'égalité, dite de Babeuf de Philippe Buonarroti (1828). Albert Mathiez a estimé qu'elles constituent le « résumé le plus impressionnant et le plus vrai de l’histoire de la Révolution ».

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2011-2012   Séminaire

Groupe de travail créé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h dans les locaux de l'UFR d'histoire de l'Université Paris Diderot-Paris 7, salle 6, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris . Exceptionnellement, la première séance que nous organisons avec le CHISCO aura lieu le mercredi 16 novembre de 9h45 à 12h30 à l'Université Paris Ouest Nanterre.

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L'essence du jacobinisme : un universalisme blanc, masculin et catholique ?   Réplique

Par Marc Belissa, Université Paris 10 et Yannick Bosc, Université de Rouen

Esther Benbassa, en introduction de La France en situation post-coloniale ?, numéro hors série de la revue Mouvements (septembre 2011) écrit : « La France n'a jamais cessé d'être nationaliste, d'un nationalisme lié directement à l'essence même du jacobinisme qui, s'il se présente sous le label d'un universalisme, entend assurer la domination d'une couleur, d'une religion et d'un genre, un universalisme donc blanc, masculin et catholique. »

Ne nous étendons pas sur ce qu'Esther Benbassa nomme « jacobinisme ». Ne nous demandons pas si le « jacobinisme » (et non le club dit des Jacobins) existe pendant la Révolution française autrement que comme désignant dans la presse contre-révolutionnaire. Restons donc dans le sens commun. Le « jacobinisme » c'est, entre autres choses, le club des Jacobins et prenons le problème par un autre bout.
Dans son ouvrage sur L'aristocratie de l'épiderme (Paris, CNRS Editions, 2007), Florence Gauthier raconte l'un des épisodes essentiels et ignoré (on le constate dans cette présentation surprenante d'Esther Benbassa), de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette dénonciation provient en particulier du club des jacobins, et singulièrement de Grégoire, de Brissot ou de Robespierre.

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Une révolution paysanne   Synthèses

ou Les caractères originaux de l’histoire rurale de la Révolution française

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7. gauthierflore@orange.fr

La Révolution française, révolution des droits de l’homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l’esclavage dans les colonies, deux des piliers de l’oppression des peuples. Cette double abolition se réalisa en faveur de l'humanité opprimée. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale.

Nous nous intéresserons ici au mouvement paysan qui imposa son rythme à la Révolution et dont l'objectif n'était pas seulement de se libérer du régime féodal. En effet, des rapports d'un type nouveau se développaient depuis la fin du Moyen-Âge. On pouvait voir dans les campagnes du Royaume de France, les progrès de la concentration de la propriété foncière par l’expropriation d’une partie grandissante de la paysannerie de ses tenures héritables, mais aussi ceux de la concentration de l’exploitation agricole aux mains d’une étroite couche de fermiers capitalistes entrepreneurs de culture (1), qui pratiquaient la réunion des fermes en rassemblant dans leurs mains les différents marchés de terre en location. On voyait encore la formation d’un marché privé des subsistances grâce à la spéculation à la hausse des prix des grains à une époque où les céréales représentaient la base de l’alimentation du petit peuple des villes et de l’immense population des paysans pauvres et sans terre. Ici, le pouvoir économique transformait le besoin social de se nourrir en arme alimentaire, ou guerre du blé, qui tuait, comme nous le savons, sous forme de disettes factices (2).

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Tradition et innovation : transfert et réception des textes républicains autour de 1789   Etudes

Par Raymonde Monnier, CNRS

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Dans l’histoire de la Révolution, l’interprétation de la première République a été depuis le 19e siècle un chantier disputé et perpétuellement réinvesti par de nouvelles interrogations. Entre moment fondateur et/ou traumatisme violent, il s’est polarisé depuis la troisième République autour des questions de la légitimité et de la nature du régime républicain. En dépit de l’inflexion politique profonde induite par l’abolition de la royauté en 1792, la périodisation qui sépare la monarchie de la République a tendance à masquer l’évolution des rapports entre les différents pouvoirs sur le moyen terme révolutionnaire. Avec l’avènement de la République, la notion de république acquiert une valeur politique et symbolique nouvelle qui, sans effacer les contenus classiques, modifie et multiplie ses usages en lui donnant une réalité institutionnelle. La révolution du 10 août, qui met véritablement « le monde à l’envers » (1), entraîne des relations inédites à l’intérieur d’un champ conceptuel profondément modifié par l’expérience démocratique, où la question ne se limite pas à fonder la république sur un nouveau contrat social. Il s’agit de construire les institutions et de conserver la République dans un environnement hostile – celui de l’Europe des rois – pour préserver les acquis 1789.

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Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

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« Robespierre a été un grand dirigeant de la démocratie en acte »   En ligne

Entretien avec Florence Gauthier publié dans le Canard républicain à l'occasion de la préemption exercée par l'Etat sur les manuscrits de Robespierre.
Extrait : "Robespierre a ainsi lutté pour fonder une république démocratique, dans laquelle la souveraineté populaire n’était pas seulement écrite sur le papier de la Constitution, mais une conscience et une pratique réelles. Avec Grégoire en particulier, il s’est battu pour faire respecter la souveraineté des autres peuples, avec l’objectif de construire une alliance de républiques démocratiques, dans le but d’empêcher la France de continuer de mener une politique de puissance conquérante, mais aussi de se protéger des offensives impérialistes éventuelles : c’est une dimension de leur combat trop souvent négligée ! On retrouve les mêmes préoccupations chez Thomas Paine, par exemple, sujet britannique, citoyen des États-Unis d’Amérique au moment de leur guerre d’indépendance et député à la Convention en France de 1792 à 1795. Ajoutons aussi chez Emmanuel Kant, qui a théorisé son Projet de paix perpétuelle (1795) à la lumière du grand cycle révolutionnaire qui s’est développé au tournant du XVIIIe siècle, et qui a eu connaissance de la Révolution de Saint-Domingue/Haïti, première révolution faite par des esclaves insurgés en Amérique."

A lire sur Agoravox

Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

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Les leçons de républicanisme de Thomas Paine (1802-1807)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010. Pour une version plus développée de ce thème, on pourra se reporter au n° 363 des Annales Historiques de la Révolution française, janvier-mars 2011, p. 59 et suivantes.

Dans les dernières années de sa vie passées en Amérique, Thomas Paine publie plusieurs textes courts dans la presse contre le parti "fédéraliste" chassé du gouvernement un an avant son retour dans le Nouveau Monde. Comment maintenir la république ? Quel rôle y jouent les partis, les factions ? Quels mécanismes de régulation et de perfectionnement faut-il adopter pour éviter la corruption qui la menace ? Comment transmettre la mémoire révolutionnaire et républicaine aux générations qui n’ont pas connu le moment fondateur ? Telles sont les questions posées par ces derniers textes politiques de Paine. Trois thèmes émergent de ce corpus : tout d’abord, celui des factions et des partis dans la république, deuxièmement, la question de la perfectibilité du régime républicain et des mécanismes constitutionnels qui doivent en assurer l’expression, et enfin la question des formes que doit prendre la "mémoire" du moment fondateur révolutionnaire dans le maintien de la vertu républicaine. Ces trois thèmes dessinent ce qui me semble être des "leçons de républicanisme" à destination de la génération nouvelle.

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Éléments d’une histoire du droit naturel : à propos de Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot - Paris 7

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

« Pour la divinité, tout est beauté, vertu, justice. Ce sont les hommes qui ont conçu le juste et l’injuste »
Héraclite d’Ephèse

Il existe, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, un indéniable intérêt pour l’étude du droit naturel, mais, la signification même de ces termes demeure encore bien opaque, ce qui m’a incitée à présenter ici une étude limitée à trois auteurs, Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney, afin de contribuer à en préciser les contours.

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Les Lumières, la Révolution française et le monde - Séminaire 2011   Annonces

Séminaire Master HMHMM 209, jeudi 13h30-15h30, salle D 301 (bâtiment D, troisième étage), Paris Ouest Nanterre. Enseignant : Marc Belissa.

La Révolution française : une histoire vivante. Bilans et chantiers de la recherche.

Cette année sera consacrée à un bilan historiographique thématique de la recherche sur la période révolutionnaire.

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Les héritages des républicanismes et la république comme utopie   Annonces

Les héritages des républicanismes et la république comme utopie, atelier du Congrès Marx International VI hors les murs associé au Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Paris 1), se tiendra le samedi 27 novembre 2010 de 10h à 18h à l'Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

Les problématiques du républicanisme, principalement connues par des travaux anglo-saxons, sont peu présentes en France. Les équivalents français de ces recherches en histoire politique et histoire des concepts ou des idées, quant à eux, ne dépassent guère le cercle étroit des spécialistes, au demeurant peu nombreux. Il s'agira dans cet atelier, de poursuivre, d'approfondir et d'élargir la réflexion entamée en 2008 lors du colloque Républicanismes et droits naturels, en se concentrant sur trois points qui sont apparus comme les principaux blocages : d'abord, le fait que la notion de républicanisme est réputée avoir épuisé ses potentialités révolutionnaires et semble désormais, en France, fixée peu ou prou aux valeurs de la IIIe République ; ensuite que le républicanisme est séparée des traditions jusnaturalistes et socialistes ; enfin, que l'approche standard des expériences républicaines tend à les cloisonner dans le temps et dans l'espace.

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2010-2011   Séminaire

Groupe de travail associé au Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Paris 1) et animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h :

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L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (5)   Synthèses

Camp de Gurs

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier (voir les volets 1, 2, 3 et 4). Voici la dernière livraison.


Après la Traite ?

Où trouver les instruments de l'industrie ?

"En Afrique, les instruments sont là, ils sont nombreux, ils s'entretiennent d'eux-même. Si la terre exige plus de travail, la population inoccupée est si abondante qu'elle fournit aisément à ce besoin".
TALLEYRAND, 1754-1838, Mémoires.

"Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la : non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites !"
VICTOR HUGO, Discours du 18 mai 1879.

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La réaction thermidorienne d'Albert Mathiez   Annonces

Albert Mathiez La réaction thermidorienne

Nous publions le premier chapitre du classique d'Albert Mathiez, La réaction thermidorienne, réédité par les Editions La Fabrique, 2010, 410 p., avec introduction et notes de Yannick Bosc et Florence Gauthier.

Je me propose d'exposer avec quelque détail l'histoire intérieure des quinze derniers mois de la Convention nationale, depuis la chute de Robespierre au 9 thermidor an II (27 juillet 1794) jusqu'à l'avènement du Directoire, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Ces quinze mois ont reçu le nom mérité de Réaction thermidorienne (Réaction, cela veut dire Retour en arrière, recul), et, en effet, nous allons assister à la destruction progressive des institutions et des usages de l'époque précédente, de l'époque de la Terreur, en même temps qu'à l'exécution et à la persécution de tous les hommes qui avaient auparavant exercé le pouvoir ou participé à l'administration.
Avant le 9 thermidor, sous la pression des nécessités politiques et économiques de l'état de guerre, afin de vaincre l'ennemi intérieur et extérieur comme pour nourrir les villes et les armées menacées d'une famine permanente, le pouvoir s'était de plus en plus concentré.

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L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (4)   Synthèses

Abolition de 1848 (détail) Biard

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après les volets 1, 2 et 3, voici la quatrième et avant dernière livraison.

1846 : l'abolition de l'esclavage en Tunisie

Les esclaves dans la région de Tunis
Le Bey de Tunis avait depuis longtemps sa garde d'élite et des forces militaires formées de captifs noirs que fournissait la traite transsaharienne. Au XIXe siècle, les esclaves étaient voués, dans les villes, à des tâches domestiques au service des couches aisées. L'esclavage à des fins économiques, s'il n'avait plus de place en ville, se maintenait dans les oasis du Sud.
En terre d'islam, l'affranchissement était traditionnel et pouvait prendre un caractère collectif à l'occasion de la naissance, du mariage ou du décès du maître. Les confréries des affranchies, politiquement protégées, encadraient la vie des nouveaux libres, mais servaient aussi de refuge aux esclaves fugitifs, enfin de conservatoire des cultures africaines noires, s'abritant sous un vernis islamisé.

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Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie   Annonces

Nous publions l'introduction du deuxième numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, « Les Abolitions, de la Normandie aux Amériques», (2009, 240 pages) sous la direction d'Eric Saunier, ainsi que l'éditorial du premier numéro qui présentait le projet.

Introduction du n°2
Par Eric Saunier, Université du Havre, CIRTAI

La publication du premier numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, en choisissant pour thème la traite et ses implications dans les villes portuaires négrières (1), avait pour objectif d’impulser une réflexion générale dont le but est de restituer la spécificité de l’histoire et de la mémoire de la traite des noirs, de l’esclavage et de leurs abolitions en Basse-Seine dans le cadre des questionnements contemporains concernant ce sujet. C’est également dans cette perspective qu’est placé ce second volume qui prolonge la journée d’études organisée le 7 mai 2009 à la Maison de l’Armateur. Il propose en effet de regarder, en partant du cadre régional, les conditions dans lesquelles se déroula le lent et complexe processus qui, du vote de la Convention le 4 février 1794 à la décision d’abolir l’esclavage au Brésil en 1888, aboutit à proclamer l’émancipation des esclaves. Le thème de l’abolition de l’esclavage est en effet un objet d’études privilégié pour réfléchir à l’existence de comportements régionaux originaux. Il permet aussi de valoriser un patrimoine mémoriel largement méconnu. Sur le premier plan, dans le contexte du retard historiographique affectant la connaissance du fait esclavagiste en Basse-Seine (2), l’étude de l’opinion face à l’esclavage fait en effet exception et, sur le plan mémoriel, la Normandie présente l’avantage de compter, avec le pasteur Guillaume de Félice (1803-1871), qui desservit l’Église de Bolbec entre 1828 à 1838, et le philosophe et député de la Manche Alexis de Tocqueville (1805-1859), deux figures majeures du combat pour l’abolition entre la Restauration et la Seconde république. Cet intérêt est accru par le fait que, comme le montrent les publications récentes (3), l’abolition est l’objet d’un renouvellement des études universitaires qui permet d’intégrer depuis peu son histoire (4) dans le cadre de l’histoire de l’évolution des idées et des mutations sociales qui touchèrent l’Europe au XIXe siècle.

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L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (3)   Synthèses

Vincent Ogé 1790

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après la première livraison et la deuxième, voici la troisième.

Les insurrections au nom du droit naturel dans la Caraïbe (1789-1802)

"Tous les esclaves ne font qu'un cri : liberté"
Dès la mise en place de la traite négrière et de l'esclavage, des résistances multiformes apparurent. Au XVIIIe siècle, les esclaves s'approprient la langue des Lumières pour légitimer leurs actions. L'exemple des Révolutions française et haïtienne renforce les aspirations à la liberté dans la Caraïbe et radicalise les objectifs insurrectionnels en visant la destruction du système colonial.

Saint-Pierre, août 1789. A la Martinique, des esclaves alliés à des "libres de couleur" tentent une insurrection dans la ville de Saint-Pierre, en soulevant les ateliers.

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Médéric Moreau de Saint Méry contre Julien Raimond (1789-1791)   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Julien Raimond, comme Moreau de Saint Méry, ont été peu étudiés, mais déjà des préjugés ont campé nos deux protagonistes. Pour l’éternité ? Nous ne le souhaitons pas et allons tenter d’éclairer la biographie et la rencontre de ces deux personnages. Au passage, nous découvrirons la source de quelques-uns de ces préjugés.

Que dit-on de Julien Raimond ? Né en 1744 à Bainet, dans la province du Sud de Saint-Domingue, il mourut en 1801. Luc Nemours lui a consacré une brève étude, publiée en 1951, dans laquelle il le présente comme le chef des gens de couleur de Saint-Domingue. Dans son beau travail consacré à la catégorie des libres de couleur dans les colonies françaises de la Caraïbe de 1635 à 1833, Yvan Debbasch présente Julien Raimond comme un défenseur des libres de couleur. John Garrigus, dans une étude de 1990, estime lui aussi que Raimond s’est occupé de défendre les droits de sa couleur. Enfin, Pierre Pluchon, un historien qui ne cache pas ses préjugés racistes, dresse un portrait doublement péjoratif de Julien Raimond, l’un des chefs mulâtres libres qui fut, avec son gendre Pascal, un affairiste à la conduite trouble.

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L’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! (1)   Synthèses

Blake

Révolution Française.net publie en feuilleton (cinq livraisons) les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe !, coordonnée par Florence Gauthier qui en présente le projet :

Cette exposition est le fruit d’une collaboration originale entre des étudiants, des enseignants et des personnels IATOS de l’Université Paris 7-Denis Diderot, avec le soutien de l’UFR Géographie, Histoire, Sciences de la Société (GHSS). En 1998, la date retenue pour la commémoration officielle, en France, de l’abolition de l’esclavage fut celle de 1848, laissant dans l’oubli celle de 1793-1794. Ce « trou de mémoire collectif » a suscité des questions chez les étudiants de Licence et de Maîtrise, qui avaient étudié l’histoire de la première abolition de l’esclavage, en 1793-1794, et la Révolution de Saint-Domingue/Haïti dans mes cours et séminaires.

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Naissance (et mort ?) du capitalisme   Recensions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Note de lecture sur Ellen Meiksins Wood, L'origine du capitalisme. Une étude approfondie, 2002, trad. François Tétreau, Montréal, Lux Editeur, 2009, 313 p.

L'origine du capitalisme d'Ellen M. Wood est à la fois une synthèse érudite de ses recherches et un ouvrage militant. En effet, si le capitalisme a une origine, comme l'indique le titre, cela signifie qu'il possède également une fin. L'enjeu est donc « de comprendre le capitalisme, pour comprendre ce qu'il faudrait faire pour l'abolir ». Au cœur de ce livre, il y a la dénonciation de la croyance, très largement partagée, en une existence quasi naturelle du capitalisme. Ce système économique , au sein duquel tous les acteurs dépendent entièrement du marché et dont l'objectif est de maximiser les profits, émerge à l'époque moderne. Cependant, on considère généralement qu'il serait l'aboutissement inéluctable de tendances qui ont toujours été présentes. L'histoire du capitalisme se réduit donc le plus souvent à l'étude de la manière dont les obstacles à son déploiement ont été levés – celui du féodalisme en particulier – , tantôt de manière progressive, tantôt grâce à la violence révolutionnaire, la fameuse « révolution bourgeoise ».

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Sur L'idée de droits naturels de Brian Tierney   Recensions

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris-Diderot, Paris 7

Note de lecture sur Brian Tierney, The Idea of Natural Rights. Studies on Natural Rights, Natural Law and Church Law, 1150-1625, Michigan/Cambridge UK, Eerdmans, 1997, 380 p.

« Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d’un mot ; sans doute, il a reçu diverses impressions des évènements auxquels il a servi ; selon les lieux, il a réveillé des idées différentes… »

Balzac, Lucien Lambert cité par B. Tierney, op. cit., n 14, p. 47.

Ayant été frappée par la présence, dans les sources de l’histoire des Révolution de France et de Saint-Domingue, d’une ‘petite phrase’, droit naturel, à laquelle j’ai consacré un premier livre (1) publié en 1992, je viens de rencontrer, avec douze ans de retard, cet ouvrage pionnier de Brian Tierney sur une question encore si mal connue : celle de l’apparition de la ‘petite phrase’ et des sources des débuts de son histoire, sur laquelle planent encore tant de préjugés et d’interprétations non étayées par la recherche historique. Voilà pourquoi il m’a semblé intéressant de faire connaître ce travail par ce compte-rendu tardif, puisque nous sommes en 2009.

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Haïti/ 500 ans d’histoire par ses peintres   Annonces

haiti 500 ans d'histoire par ses peintres

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7

Une exposition de peinture d’histoire haïtienne est présentée à Paris à l’UNESCO (Place de Fontenoy, 75 007) jusqu’au 31 mars.

En Haïti, la peinture est une activité populaire qui a été remarquée en particulier par André Breton, lors de son passage dans les Antilles dans les années 1940. On a pu dire que les Haïtiens forment « un peuple de peintres » (André Malraux). Ils ont peint et continuent de peindre leur vie, leur monde et leur histoire. Jean-Marie Drot est parti à la recherche de cette histoire d’Haïti et nous offre une exposition passionnante, qui commence avec l’arrivée de Christophe Colomb dans l’île d’Haïti (une magnifique peinture de Serge-Moléon Blaise), les premiers contacts entre Espagnols et Indiens, puis la dégradation de ces rapports en conquêtes, pillages et mise en esclavage des Indiens sont peints par Eddy Jacques, Fréddy Chérasard, Frantz Zéphyrin. Ce dernier exprime la monstruosité du système et la perte d’humanité des esclavagistes en les peignant sous les traits de « bêtes impitoyables et féroces, destructeurs et ennemis suprêmes du lignage humain », comme l’écrivait Bartolomé de Las Casas dans sa Très brève relation de la destruction des Indes, en 1552. Les résistances indiennes et les massacres réalisés par les conquérants ont poussé les colons à aller chercher une nouvelle main-d’œuvre en Afrique et organiser la traite des captifs déportés en Amérique et mis en esclavage sur les plantations, dont on trouvera plusieurs évocations de Freddy Chérasard en particulier. La Révolution de Saint-Domingue/Haïti tient une place centrale, précédée par des tableaux de la révolte de Makandal et de son martyre par Edouard Jean et par Wilson Anacréon. Frantz Zéphyrin a peint le martyre de Makandal condamné au bûcher, dont l’esprit échappe aux flammes (1758), et celui de Boukman (1791).

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Sur le principe de fraternité   Notions

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

En 1848, sous la seconde république, Liberté, Egalité, Fraternité devient la devise officielle de la république. Mais c'est pendant la Révolution française qu'elle prend corps. Sous la première république, les en-têtes des documents officiels n'ont pas de formule fixée : le plus souvent on trouve Liberté-Egalité de part et d'autre de la feuille, mais on rencontre également la formule inversée Egalité-Liberté, d'autres triptyques comme Liberté-Egalité-Justice, ou encore d'autres formules, par exemple Unité, Indivisibilité de la République. On notera que dans les courriers officiels la fraternité est distinguée dans la formule de politesse salut et fraternité. Cependant, si elle n'est pas la devise unique d'une période qui n'en connaît guère, la formule Liberté, Egalité, Fraternité est bien née pendant la révolution française, dans cet ordre – la liberté et la fraternité encadrant l'égalité – et a bien été proposée comme devise, mais pour les gardes nationales et non pas de la république – et ce près de deux ans avant la proclamation de cette dernière.

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Pour une ontologie historique du discours robespierriste   En ligne

Robespierre et la formation de l'esprit politique au cours des années 1780

Par Jacques Guilhaumou UMR "Triangle", ENS/LSH, Université de Lyon.

La publication récente d'un onzième volume des Œuvres de Robespierre, sous la responsabilité de Florence Gauthier, et qui porte en grande part sur ses interventions en tant qu'avocat, académicien, puis acteur de la campagne électorale aux États généraux dans les années 1780, permet de décrire l'ontologie historique du discours robespierriste. Il s'agit d'analyser la manière dont Robespierre se constitue lui-même comme sujet observant, participant puis agissant au tout début de la Révolution française. Robespierre apparaît ainsi partie prenante du travail de l'esprit politique qui prédomine chez les futurs législateurs, à l'exemple de Sieyès déjà étudié, durant cette période. Un travail basé sur un socle sociologique d'observation sociale qui précise sa participation active à l'élaboration de notions-concepts ouvrant la possibilité de nommer l'ordre politique, avant même que ce nouvel ordre s'inscrive en 1789 à l'horizon du droit naturel déclaré. Sa touche personnelle concerne l'accent mis sur le nécessaire rôle des femmes et l'incontournable prise en compte de la situation des malheureux, et plus largement des opprimés.

Lire cette étude parue dans Mots sur HAL-CNRS

Trésors cachés de la Révolution française à Carnavalet   Brèves

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Exposition jusqu’au 3 janvier 2010, au Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné 75004, Métro Saint-Paul.

Il ne faut pas manquer ces trésors cachés, parmi lesquels on pourra admirer de nombreuses pièces remarquables. Par exemple, Le Triomphe du peuple français de Jacques Louis David, dessin au crayon, plume et lavis, réalisé sous la Convention montagnarde (et après l’assassinat de Marat comme l’atteste la figure de ce dernier découvrant sa poitrine poignardée), projet qui devait décorer un rideau de scène : hommage du peintre au droit de résistance à l’oppression (Voir Philippe Bordes et Régis Michel éd., Aux armes et aux arts ! Les arts de la Révolution, 1789-1799, Paris, Adam Biro, 1988, p. 117 ; Philippe Bordes, David, Paris, Hazan, 1988, p. 64).

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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2009-2010   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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La Révolution française : le langage du droit contre le discours de l'exclusion   Synthèses

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pour Alphonse Aulard, la Révolution française réside dans les efforts faits pour réaliser la Déclaration des droits rédigée en 1789 et complétée en 1793. Quant à la contre-révolution, poursuit-il, ce sont les tentatives faites pour s'en détourner (1). Le côté gauche de l'Assemblée nait ainsi du travail politique qui consiste à rappeler les principes déclarés en 1789 et à dénoncer les contradictions de représentants du peuple qui s'efforcent majoritairement de les esquiver. La ligne de partage entre révolution et contre-révolution passe par l'acceptation ou le rejet de la Déclaration. Mais plus précisement, puisqu'il existe plusieurs manières de concevoir le rôle et le contenu de ce texte fondateur, les conflits politiques se cristallisent sur les termes du contrat : qu'est-ce qu'un ordre social ? Qu'est-ce qu'être citoyen ? En quoi consiste la liberté, l'égalité ou la propriété ? Suivant les réponses apportées, les politiques mises en oeuvre tendront vers la réalisation des principes déclarés ou s'en écarteront. Le langage du droit, en tant que langue des droits naturels en actes, est ce qui guide le législateur dans la constitution d'une société juste. Il est la langue politique de la Révolution française (2) dont l'objet principal est de lutter contre le discours de l'exclusion qui est celui de la contre-révolution.

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Albert Mathiez, historien de la Révolution française. Le métier d'historien face aux manipulations de l'histoire   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Albert Mathiez, le célèbre historien de la Révolution française, fondateur de la Société des études robespierristes, en novembre 1907, et de la revue Annales révolutionnaires en 1908, demeure néanmoins un penseur méconnu et encore insuffisamment étudié. Bien sûr, on remerciera James Friguglietti, ici présent, d’avoir publié la première, et fort utile, biographie d’Albert Mathiez, en 1974, mais la matière comme le temps écoulé, invitent à approfondir notre connaissance d’un des grands historiens du XXe siècle, qui rencontra, malgré sa mort prématurée, une audience internationale. Mon modeste apport se limitera à tenter de dégager les raisons du combat acharné que mena Mathiez pour faire admettre le droit de penser librement et l’indépendance de la recherche, en l’occurrence en histoire de la Révolution française. Le contexte historique de ce rude combat, celui de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe, était particulièrement lourd et plein de dangers.

Cette communication a été présentée au colloque du centenaire de la Société des études robespierristes (décembre 2007) et publiée dans les Annales historiques de la Révolution française n°353, 3-2008, p.95-112
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Souveraineté populaire : de quoi parle-t-on ?   Notions

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tous.

En France aujourd’hui, du fait de notre constitution politique, nous sommes soumis à un despotisme que le président de la République est en train de transformer en tyrannie, en restant sourd aux cris du peuple comme à ses manifestations diverses de résistance, manifestations qui montent en puissance depuis maintenant trois mois. Ces tendances despotiques et tyranniques sont relayées et renforcées par le système européen, qui opère par diktats pour imposer la « globalisation », qui n’est autre que la soumission volontaire à l’impérialisme des multinationales, façonnées sur le modèle des Etats-Unis. Le système européen qui sert de relais à cette « mondialisation », refuse lui aussi d’entendre le Non ! des peuples, qui se sont exprimés contre le projet de constitution. Résultat, ce système est en état de violation de la souveraineté populaire et donc en état d’illégitimité et d’illégalité depuis 2005. La crise financière, économique, sociale est utilisée comme prétexte pour mettre la politique au service des banques et accélérer, ce qu’en France, notre chef de gouvernement appelle les « réformes pour lesquelles j’ai été élu », réformes qui ne sont autres que la continuation de l’entreprise de démolition, qui a débuté il y a plus de 30 ans, des protections sociales mises en place à partir de 1946, sous les formes principales d’une désindustrialisation du pays et de la casse des services publics. Les coups portés, que l’on peut mesurer à la montée spectaculaire de la misère, de la pauvreté, du chômage, et la perspective de leur accroissement quasi quotidien, ont fait réapparaître à grande échelle peur et démoralisation, qui nourrissent ce que La Boëtie a appelé la Servitude volontaire, texte qu’il a écrit contre les tyrannies de son époque (1).

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Peuple et violence dans l’histoire de la revolution française   Réplique

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La violence politique dans l’historiographie de la Révolution française

Si l’histoire de la Révolution française ne se limite pas, fort heureusement, à l’analyse de la violence qui s’y est déployée, cette violence semble encore la frapper aujourd’hui d’un discrédit qui conduit à plusieurs impasses historiographiques. La première consiste à éviter soigneusement d’en parler pour ne pas réveiller des démons et ainsi faire comme si les droits de l’homme et du citoyen n’avaient pas eu besoin de la violence populaire pour être ratifiés par le roi, dès octobre 1789. La violence de la période révolutionnaire est traitée comme un épiphénomène, ou comme un secteur d’histoire qu’il faudrait traiter à part. La seconde consiste à en parler d’une manière quasi expressionniste à l’aide d’un vocabulaire choisi dans le registre thermidorien : « spectre », « violence débridée », « surenchère », « gouffre », « anarchie », et de refuser d’en analyser les enjeux théoriques pour en faire une pure pragmatique du fait révolutionnaire. La Révolution française devient alors un ring où tous les coups semblent possibles, permis ou acceptés en l’absence d’arbitre, puisque l’État, qui dans ce récit se doit de réprimer, est décrit comme « faible »(1).

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Marat et la dictature : évidences lexicométriques, précisions philologiques, conceptualisation   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Je propose ici une relecture critique provisoire d'un ancien essai que j'ai écrit sur Marat (1). Relecture critique provisoire, parce que je suis encore occupé à croiser les évidences lexicométriques qui ressortent du corpus digitalisé des Oeuvres politiques, les vérifications sur les éditions sur papier déjà existantes les plus significatives et les rapprochements sur la Collection avec des corrections manuscrites de Marat, retrouvée par Charlotte Goëtz et Jacques De Cock en Ecosse à la bibliothèque des comtes de Rosebery et achetée par la suite par la Bibliothèque Nationale de Paris (indiquée désormais comme Collection corrigée) (2). Un travail long et difficile, mais point inutile, comme je crois qu'il en ressortira des exemples sur lesquels je m'arrêterai dans cette étude.

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Albert Mathiez, Les Grandes journées de la Constituante   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7

Un précieux petit livre d’un des meilleurs historiens de la Révolution française, déjà ancien et pourtant nullement dépassé pour sa méthode. L’objectif de Mathiez était de faire connaître les faits historiques au grand public, sous une forme attrayante et peu volumineuse. Son travail est une mise en scène de fragments de sources, de courts passages d’autres historiens qui ont particulièrement bien analysé ou bien raconté un fait et de quelques images de l’époque bien sûr. La mise en scène consiste à rendre clairs ce qui a conduit à ces « grandes journées », comme on les appela alors, et à relier entre eux ces morceaux choisis. Ainsi apparaît une histoire brève et en même temps détaillée et très vivante de six moments sélectionnés parmi d’autres, puisqu’il fallait se limiter, et significatifs de l’histoire de la première assemblée constituante de la Révolution en France, de 1789 à 1’achèvement de la première constitution, celle de 1791.

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Républicanismes et droit naturel. Des Humanistes aux Révolutions des Droits de l'Homme et du Citoyen   Annonces

républicanismes et droit naturel

Les actes du colloque organisé par notre séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution en juin 2008 viennent de paraître aux éditions Kimé (avec le concours du CHISCO Paris Ouest Nanterre, ICT Paris VII Denis Diderot et IHRF Paris I Panthéon-Sorbonne). On trouvera ci-dessous l'introduction et la table des matières.

Républicanismes et droits naturels à l'époque moderne. Des humanistes aux révolutions de droits de l'homme et du citoyen, Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier (dir.), Paris, Kimé, 2009, 248 p.

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l’histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique". À partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit (1) ou Jean-Fabien Spitz (2) ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique.

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Préjugé de couleur contre unité du genre humain   Entretiens

Sur le droit naturel moderne et les débuts de la Révolution de Saint-Domingue-Haïti. Enregistrement de l'interview de Florence Gauthier par Anne Logeay, samedi 6 décembre 2008 sur Fréquence Protestante.

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L'émeute populaire du 5 septembre 1791 à Nantes   Etudes

Par Samuel Guicheteau, Cerhio-Université Rennes 2

samuel guicheteau ouvriers nantais

Cette étude est développée dans l'ouvrage de Samuel Guicheteau : La Révolution des ouvriers nantais. Mutation économique, identité sociale et dynamique révolutionnaire (1740-1815), Rennes, PUR, 2008, ouvrage tiré d'une thèse soutenue à Rennes 2. L'auteur nous propose ici un extrait centré sur l'analyse d'un événement particulier : l'émeute du 5 septembre 1791 à Nantes. Il s'emploie à mettre en valeur les formes de la participation spécifiquement ouvrière à une émeute populaire dans le cadre révolutionnaire.

Connue comme une grande place négociante et portuaire (1) , Nantes est aussi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une grande ville industrielle et ouvrière. Dans les ateliers et les manufactures, sur les quais et les chantiers, de très nombreux ouvriers (2) et ouvrières y travaillent. En cette période, la ville croît (3) et la Révolution industrielle naît. Si la création des grandes manufactures cotonnières – les indienneries, puis les filatures mécanisées – témoigne avec éclat de ce puissant essor, le travail dispersé connaît lui aussi d’importants changements. Certes, le monde ouvrier nantais présente, à première vue, une grande diversité. Mais la plupart des ouvriers partagent une identité commune forgée au travail : celle-ci se fonde sur la qualification et l’autonomie qui nourrissent un idéal de fierté et de dignité (4). Remis en cause par l’industrialisation, cet idéal s’affirme cependant dans la résistance que les ouvriers opposent aux nouvelles exigences patronales et au renforcement de la police du travail.

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Rousseau sur la guerre et la paix   Annonces

Rouseau guerre et paix

Blaise Bachofen et Céline Spector (dir.), Principes du droit de la guerre - Ecrits sur la paix perpétuelle, Paris, Vrin, 2008, 342 p.

Une nouvelle édition des textes de Rousseau sur la guerre et la paix vient de paraître chez Vrin sous la direction de Blaise Bachofen et de Céline Spector. L'originalité de cette publication est la reconstruction proposée des "Principes du droit de la guerre" jusque-là édités sous la forme de fragments sans lien entre eux. Les textes présentés ici ne sont donc pas "inédits" à proprement parler, mais cette édition leur donne une nouvelle cohérence et elle éclaire d'un jour nouveau le projet des "Institutions politiques" de Rousseau, comme ses textes de et sur l'abbé de Saint-Pierre. Ce corpus comprend d'une part les "Principes du droit de la guerre" et les "Fragments sur la guerre" tels qu'ils apparaissent dans les manuscrits, puis d'autre part une version "mise au net" des "Principes du droit de la guerre", aboutissant ainsi à un "nouveau" texte de Rousseau. Suivent "L'Extrait de Projet de paix perpétuelle de M. de l'abbé de Saint-Pierre" et le "Jugement sur la paix perpétuelle". Le corpus est accompagné de quatre commentaires substantiels dont on trouvera le titre dans la table des matières à la suite de l'introduction que nous publions ci-dessous.




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L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2008-2009   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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Les femmes et le savoir politique pendant la Révolution française   Etudes

Perspectives franco-allemandes

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Les historiens ont souligné, dans un premier temps, les interdits à l’égard de la présence des femmes en politique au cours de la Révolution française, en particulier au sein des assemblées représentatives. Ce qui n’empêche pas, à vrai dire, l’apparition de formes multiples de mixité politique dans la société civile, sans compter la participation des femmes aux luttes révolutionnaires comme l'ont montré de nombreux travaux. Pour autant, la scène politique dans sa forme représentative s'instaure comme une exclusive des hommes dans sa pratique et sa théorisation même, exclusivité particulièrement bien explicitée chez Sieyès, l’inventeur du système français de la représentation politique.

Ainsi se met en place la dissociation historique entre une « école d’intelligence et de mœurs » de « la société des femmes » (1), la galanterie incluse, telle qu’elle s’impose dans les salons des Lumières, et le savoir politique de la société des hommes constitué par la première génération des législateurs-philosophes de la Révolution française. Dissociation qui interdit, pour une très longue période, la présence des femmes dans le monde des législateurs et leur univers de croyance en la vérité politique, y compris parmi les républicains, à l'exemple de l'annotation du député jacobin Lequinio sur l'incapacité des femmes à assumer "les fatigues morales du gouvernement politique" dans le chapitre sur les femmes de son ouvrage, Les préjugés détruits, que nous reproduisons en annexe.

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La Constitution de l'an III : un républicanisme classique ?   Réplique

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

logo colloque républicanisme

Ce texte préparatoire au Colloque Républicanismes et droit naturel a été présenté dans le cadre du séminaire « L'esprit des Lumières et de la Révolution » , le 16 février 2007.

Le rapprochement entre la Constitution de l'an III et le républicanisme classique est proposé par Andrew Jainchill dans un article intitulé « The Constitution of the Year III and the persistence of Classical Republicanism », publié en 2003 dans les French Historical Studies (vol.23, n°3). Il prend appui sur un texte de Keith Michael Baker qui sera au centre de mon propos : « Transformations of classical Republicanism in Eighteenth-Century France », publié en 2001 dans The Journal of Modern History (vol 73, n°1). Cette étude de Baker qui fait autorité aux Etats-Unis sur la question du républicanisme classique dans la France du XVIIIe siècle, n'a guère rencontré d'échos en France, hormis Raymonde Monnier qui en résume la thèse dans son ouvrage sur Républicanisme, patriotisme et Révolution française (2005) et indique qu'elle n'en suit pas les typologies, mais sans développer sa critique (même si au demeurant, on peut considérer l'ouvrage de Raymonde Monnier lui-même comme une réponse aux thèses de Baker).

Ces deux articles me semblent utiles pour saisir le contenu d'une réflexion, essentiellement anglo-saxonne, sur le républicanisme classique et la Révolution française, dont Keith M. Baker constate qu'elle est quasi ignorée en France, dans le sens où la république et le républicanisme y sont traités indépendamment des problématiques du républicanisme classique. En retour on pourra répondre à Keith Baker qu'il méconnaît les problématiques du droit naturel en révolution, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'elles ne cadrent pas avec son interprétation de la Révolution française. Cependant, nous verrons que si Baker ignore la problématique révolutionnaire du droit naturel, il n'ignore en revanche pas la philosophie du droit naturel. Cette disjonction m'amène également à considérer que ces articles ont aussi l'intérêt de mettre en évidence les apories sur lesquelles débouchent les lectures de la Révolution française qui y sont proposées. Il me semble en effet que ces deux articles sont incompatibles – alors que Jainchill s'inspire de Baker – et que cette incompatibilité tient en particulier à la figure de Thomas Paine, autrement dit aux découpages des catégories politiques qui sont mises en oeuvre par les auteurs.

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Domesticité, travail et citoyenneté en l'an II   Etudes

par Jean-Pierre Gross

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Ce texte est un résumé de la communication présentée par Jean-Pierre Gross lors du colloque Républicanismes et droits naturels qui s'est tenu les 5 et 6 juin 2008.

Les républicains anglais de 1647 proposaient d'accorder le suffrage à tous les hommes d'âge adulte, hormis les serviteurs à gages et les mendiants. Les Montagnards en 1793 prétendent émanciper les domestiques et leur offrir (femmes exclues) le statut de citoyen à part entière. Quelle fut l'incidence de ce projet? S'agit-il d'un repère significatif dans l'évolution de la démocratie?

"Tout homme peut engager ses services, son temps; mais il ne peut se vendre, ni être vendu; sa personne n'est pas une propriété aliénable. La loi ne reconnaît point de domesticité; il ne peut exister qu'un engagement de soins et de reconnaissance, entre l'homme qui travaille et celui qui l'emploie" (Article XVIII, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793)

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Toujours Elle, en 1968, irrécupérable !   Actuel

Par Florence Gauthier

Elle, qui est-ce ? Mais c'est Elle ! Elle était là, avec nous, en 68. Je me souviens très bien de son passage. J'étais étudiante à la Sorbonne et j'appartenais à un de ces "groupuscules", qui semblent encore craints aujourd'hui, tant on les tient en exécration. Cependant, et les craintifs seront rassurés, dès le mois de mai 68, ce "groupuscule" avait déclaré que le mouvement était "petit-bourgeois" et qu'il fallait s'y opposer. Nous rîmes alors -je me souviens de cet éclat de rire à plusieurs- et continuâmes sans lui. Dans les semaines qui suivirent, nous apprîmes que ce "groupuscule" s'était auto dissout, estimant qu'il n'avait pas été à la hauteur des évènements. C'était vrai, c'était intelligent et courageux. Pour ma part, mon expérience des partis qui s'autoproclamaient « scientifiquement » -c’était le mot à l’époque- indispensables pour prendre le pouvoir et imposer leur dictature, sur le modèle de l'URSS ou d'ailleurs, m'avait suffisamment éclairée.

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La pensée des Lumières : le travail naturel de l’esprit   Synthèses

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, ENS-LSH.

Au cours des vingt dernières années, l’approche de la pensée des Lumières s’est singulièrement complexifiée à la suite d’une série de publications, soit généralistes sous la forme de Dictionnaires, soit particulières sous la forme de monographies. Nous avons lu et rendu compte d’une partie, certes limitée, de cette vaste production éditoriale, mais presque toujours dans une perspective synthétique. Ainsi, au-delà d’un abord de la pensée des lumières centrée au départ sur la cohérence de l’entreprise encyclopédique elle-même, et du fait même que nous avons toujours essayé de mesurer l'ampleur d’une « économie du discours » (Francine Markovits) en matière d’échange, de communication, de langage, mise en place au sein de l'atelier analytique des Lumières, nous nous orientons de plus en plus vers la caractérisation, au cours des Lumières tardives (les années 1770-1780 donc), de ce qu'il en est du travail de l’esprit politique, de sa dimension matérialiste avec son point d'aboutissement en 1789, au point de proposer une réflexion autonome en ce domaine, comme le montre aussi une autre intervention sur le présent site .

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Impact et résonances de la Révolution haïtienne   Annonces

couverture haiti 1804 lumières et témèbres

Introduction et table des matières de l'ouvrage Haïti 1804 – Lumières et ténèbres. Impact et résonances d’une révolution, dirigé par Léon-François Hoffmann, Frauke Gewecke, Ulrich Fleischmann, Iberoamericana/Vervuert (Bibliotheca Ibero-americana, 121), Madrid/Frankfurt am Main, 2008, 288 pages.

Cette formidable expression de l’aspiration de l’homme à la liberté et à la dignité que fut la Révolution haïtienne n’avait suscité à l’époque, dans l’Occident dit civilisé, que l’indignation et la dérision, suivies d’un silence assourdissant. Peut-être ce dernier est-il enfin en train de se dissiper. En effet, à l’occasion des célébrations du bicentenaire de la Révolution française en 1989, puis en 1998 de celle du deux cents cinquantième anniversaire de l’abolition définitive de l’esclavage officiel dans les colonies françaises, les historiens et les hommes de lettres du monde entier ont commencé à accorder à la Révolution haïtienne l’attention que mérite son extraordinaire importance dans l’aventure humaine. Outre son intérêt scientifique, le Congrès International «Haïti 1804-2004», qui s’est tenu à Berlin du 4 au 6 novembre 2004, l’année de la célébration du bicentenaire de l’Indépendance haïtienne, s’inscrit dans cette volonté de contribuer à racheter un tant soit peu l’inexcusable silence de nos aînés.

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Le combat des libres de couleur   Annonces

Le jeudi 19 juin 2008, de 14h30 à 17h00, dans le cadre du séminaire du LAIOS (laboratoire d’anthropologie des institutions et organisations sociales), EHESS, salle 214, 54 Bd Raspail, Florence Gauthier (Université Paris 7) et Sophie Wahnich (LAIOS-CNRS) interviendront sur Le combat des libres de couleur : enjeux et pratiques transnationales au 18e siècle.

La Révolution française et la fin des colonies   Recensions

par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

A propos du du livre d'Yves Bénot, La Révolution française et la fin des colonies, Paris, La Découverte, 1988, rééd. 2004.



Le compte-rendu de ce livre a été publié dans les Annales Historiques de la Révolution Française (1988, p. 491-93). Nous le rééditons vingt ans après, car ce livre a constitué, au moment de sa parution, une véritable rupture en ouvrant un chantier novateur et, pour cette raison, nous apparaît toujours d’actualité. Yves Bénot nous a quitté le 3 janvier 2005. Nous reproduisons donc ce compte-rendu tel qu’il a été rédigé initialement, en corrigeant quelques coquilles, et en rajoutant une Note additive vingt ans après.

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Toussaint Louverture : un révolutionnaire noir d'Ancien Régime ?   Recensions

par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

A propos du livre de Pierre Pluchon, Toussaint Louverture. Un révolutionnaire noir d'Ancien Régime, Paris, Fayard, 1989, 654 pages.

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Récit d'un événement : De la "marche civique" à "l'émeute"du 5 Vendémiaire an III à Marseille.   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS/LSH Lyon

Nous proposons présentement l'analyse discursive d'un événement qualifié de façon restrictive d'émeute par les historiens, et qui prend l'allure, au regard des archives disponibles, d'une marche civique : le rassemblement jacobin du 5 vendémiaire an III (26 septembre 1794) à Marseille. Dans le but de complexifier l'abord de cet événement, nous nous efforçons d'abord de décrire comment de simples spectateurs d'une "farandole" peuvent adhérer à un mouvement basé sur les principes républicains au point d'en devenir les protagonistes. Puis nous centrons notre attention sur la stratégie discursive des représentants en mission, qui tend à nier les médiations attestées, décrites par ailleurs dans les sources, avec l'objectif d'instaurer la mise en scène d'une loi révoquée depuis 1793, la loi martiale. Ainsi les ressources réflexives de cet événement discursif s'avèrent plus riches que le simple qualificatif d'émeute le laisse penser, en particulier à travers les témoignages que nous reproduisons par ailleurs, et bien sûr les justifications des citoyens arrêtés à l'issue de cette "émeute".

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Aristocratie de l'épiderme   Entretiens

Enregistrement de l'émission Rembobinage du mardi 29 janvier 2008, sur Aligre FM, au cours de laquelle Jérémie Foa recevait Florence Gauthier pour son ouvrage, L'Aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur 1789-1791, Paris, CNRS, 2007. Lire l'introduction de l'ouvrage

Ecouter l'émission

Colloque républicanismes et droit naturel   Annonces

Résumés des communications pour le colloque Républicanismes et droit naturel à l'époque moderne qui se tiendra, les 5 et 6 juin 2008, dans la salle des thèses de l'Université de Paris VII Denis Diderot, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Entrée libre.

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Robespierre contre le décret dit du marc d'argent   Commentaires

Par Yannick Bosc, GHRIS-Université de Rouen

Maximilien Robespierre, « Sur la nécessité de révoquer les décrets qui attachent l'exercice des droits du citoyen à la contribution du marc d'argent ou d'un nombre déterminé de journées d'ouvrier », avril 1791. Extraits et proposition de commentaire de ce célèbre discours qui est une bonne introduction à la pensée politique de Robespierre.

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« Privées par notre sexe du droit honorable de donner notre suffrage... ».   Synthèses

Le vote des femmes pendant la Revolution française

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

On sait que la Révolution française refusa les droits politiques aux femmes. Pourquoi la démocratie naissante exclut elle ainsi les femmes ? Question fondamentale (et immense !)... mais qui n'est pas celle qui nous préoccupera directement ici (1). Il me semble en effet intéressant, dans le cadre d'une réflexion d'ensemble sur l'articulation entre femmes et démocratie en France, d'examiner plus en détail le suffrage féminin pendant la Révolution. Intéressant parce que, sans posséder le droit, des femmes ont pourtant voté pendant la Révolution. Gestes souvent oubliés qui méritent attention : quels sens donner à ces votes ? Ne redéfiniraient ils pas un rapport autre à la citoyenneté ? Et c'est là le second intérêt de l'étude : le droit de vote est, de nos jours, considéré comme le droit politique par excellence, le référent de la citoyenneté, mais en était il de même à une date où la démocratie était en train de se construire, à une date où les notions, les définitions étaient par conséquent moins figées ? Autrement dit, examiner la lutte des femmes pour leur reconnaissance politique, pour leur inclusion dans la démocratie naissante, à travers la seule réclamation du droit de suffrage, n'est ce pas faire fausse route, ou tout au moins amputer notre compréhension du passé ?

Je voudrais ici tenter d'apporter des éléments de réponse à ces questions en présentant différents aspects du vote féminin et de sa réclamation pendant la Révolution. Mais, avant de commencer, il est nécessaire pour mon propos de souligner que l'on peut aborder la question du suffrage sous plusieurs angles. Le vote peut d'abord être considéré comme un moyen d'expression destiné à faire entendre sa voix, et donc exister dans l'espace public, s'y inscrire. Il est aussi un pouvoir décisionnel permettant de participer au choix de la politique de son pays en élisant ses représentants, ou en répondant à des référendums : en émettant son vœu, selon l'étymologie même du mot. Enfin il peut être appréhendé comme un droit : attribut de la citoyenneté, symbole de la souveraineté, il marque I'appartenance au peuple souverain.

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Philosophie allemande et Révolution Française   Dossiers

Un espace de traductibilité politique

« L’observation contenue dans La Sainte Famille /Marx/ – que le langage politique français équivaut au langage de la philosophie classique allemande – a été exprimée ‘poétiquement’ par Carducci dans cette formule : ‘ Ils décapitèrent Emmanuel Kant, Dieu – Maximilien Robespierre, le roi ‘ », (Gramsci, Cahiers de prison,11, § 49)

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Dictature : les vicissitudes d'un mot. France et Italie (XVIII et XIX siècles)   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Version longue en italien

Dans le lexique contemporain les mots dictateur / dictature et leurs dérivés adjectifs et adverbiaux ont une connotation négative. Dans tous les registres et dans beaucoup de langues. Dans le langage commun parlé, dans la communication politique, culturelle, télévisée et journalistique (mais souvent aussi dans la production historiographique) dictature et ses dérivés sont utilisés comme des synonymes de despotisme et tyrannie, pour supprimer toute légitimité aux personnes, aux événements, aux propositions. Ils évoquent des réactions de refus, ils véhiculent le dégoût.

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La Révolution française et le monde- Séminaire 2008   Annonces

Programme du séminaire de Master (HHIM209) de Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO . Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage).

On étudiera dans ce séminaire la dimension extérieure de la Révolution française entre 1789 et 1800 : ses conséquences européennes et mondiales, sa politique extérieure. On s’intéressera en particulier cette année aux mouvements révolutionnaires en Amérique et dans les colonies européennes pendant cette période. On insistera sur l’historiographie, les sources et les méthodes pour l’étude de la période révolutionnaire. Des séances seront consacrées aux travaux d'étudiants (dates et modalités à déterminer ultérieurement)

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La « révolution moderne » de l’artifice politique (16ème-19ème).   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », CNRS/ENS-LSH Lyon.

Marcel Gauchet propose, en quatre volumes, une réflexion originale sur L’avènement de la démocratie (1), dans la continuité de son précédent ouvrage sur Le Désenchantement du monde (2) où il s’agissait de mettre en évidence l’emprise du religieux dans l’histoire des sociétés humaines, et la lente désintrication du religieux et du politique au fil des siècles. Le premier volume est titré La révolution moderne : il précède un second volume sur La crise du libéralisme. Il apparaît alors comme une sorte de prologue relatif aux multiples révolutions de la modernité, entre 1492 et 1880. Marcel Gauchet les regroupe sous la désignation de « révolution moderne », au titre de la dynamique politique qui impose progressivement l’autonomie comme la forme politique dominante d’organisation, c'est-à-dire « la révolution de l’autonomie ».

Ainsi se précise, par étapes, « une configuration inédite de l’être-ensemble », que l’auteur rapporte à « cette part structurelle et inconsciente du fonctionnement de la démocratie des modernes », où la religion n’est plus le contenu dominant, mais dont la forme persiste, quitte à resurgir de diverses manières, à différentes époques. Il s’agit donc de « dégager les composantes spécifiques du monde désenchanté qui émergent au fils de ce parcours, dans l’ordre politique, dans l’ordre juridique et dans l’ordre historique » (p. 10).

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De Juan de Mariana à la Marianne de la République française ou le scandale du droit de résister à l’oppression   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

Le sujet dont il sera question ici : le nom, Marianne, donné à la République, en France, vient de celui de Juan de Mariana, jésuite espagnol du XVIe siècle, peut paraître à première vue étrange. Il s’est peu à peu dégagé des recherches que j’ai menées depuis plus de 25 ans et m’a paru atteindre sa maturité, c’est la raison pour laquelle j’espère parvenir à le rendre audible. Je suis historienne de la Révolution en France et dans les colonies françaises du XVIIIe siècle et tout a commencé avec un mot : droit naturel, ce mot qui apparaît dans les Déclarations des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de 1793 et qui résume la théorie de ces révolutions. Ces révolutions ont mis à l’ordre du jour la nécessité de déclarer les droits de l’homme et du citoyen, les droits des peuples à leur souveraineté, le droit à l’existence, le droit de résister à l’oppression. C’est pourquoi je pense qu’il convient de les appeler Révolutions des droits de l’homme et du citoyen. C’est en cherchant à mieux comprendre cette notion de droit naturel que je suis remontée des Lumières aux Révolutions anglaises et hollandaise du XVIIe siècle, aux guerres de religion du XVIe siècle et au tout début de l’ère moderne. La période moderne débute avec la Renaissance. En suivant le droit naturel à sa source, je l’ai trouvé en Espagne, développé par l’École de Salamanque et précisément dans la définition renouvelée du droit naturel moderne qui a permis l’épanouissement de la philosophie du droit naturel moderne.

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Entre les deux rives de l’Atlantique   Annonces

Par Florence Gauthier, Université Paris 7 Denis-Diderot

aristocratie épiderme f. gauthier

Introduction de l'ouvrage de Florence Gauthier, L'aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur. 1789-1791, Paris, CNRS Editions, 2007, 448 p.

L’histoire du « préjugé de couleur » dans les colonies esclavagistes françaises d’Amérique, qui donna corps à l’établissement d’une « aristocratie de l’épiderme », a très insuffisamment retenu l’attention des historiens, à l’exception du beau travail d’Yvan Debbasch (1). L’histoire que nous proposons de retracer est celle de l’apparition de ce « préjugé de couleur », qui mit aux prises un nouveau parti de colons cherchant à imposer un ordre juridique ségrégationniste dans ces colonies, à la fin du XVIIIe siècle.

Ce nouveau « parti ségrégationniste » suscita la résistance des victimes de ce « préjugé de couleur », des colons métissés qui, de « sujets libres du roi de France » état dont ils jouissaient jusque-là, étaient menacés d’exclusions, dont nous verrons apparaître, peu à peu, diverses formes.

La résistance des victimes de ce « préjugé » connut, elle aussi, différentes phases et évolua, de la fuite pure et simple de la colonie dans un premier temps, à la prise de conscience éclairée qui permit l’action philosophique et politique pour introduire, dès les débuts de la Révolution en France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur le continent américain.

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Marseille - Paris, la formation et la propagation d'un mot d'ordre: "du pain et du fer" (1792-1793)   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", CNRS/ENS-LSH Lyon.

Pendant longtemps, les historiens de la Révolution française ont conçu de manière unilatérale les rapports entre Paris et la province au niveau de la circulation des hommes, des idées et des mots d'ordre. Le couplet sur le centralisme idéologique des Parisiens, en particulier pendant la période jacobine, se retrouvait très souvent sous leur plume. La communication politique était ainsi réduite à son expression la plus simple : Paris impose sans partage ses idées aux provinciaux. Les travaux effectués autour de Michel Vovelle, à partir d'une source sérielle, les Archives parlementaires, ont décloisonné l'interprétation traditionnelle des liens entre Paris et la province, et ont permis à cet historien d’en proposer une nouvelle synthèse (1). L'étude de la réception, par l'entremise des adresses, des initiatives parisiennes met alors en évidence l'importance de la marge stratégique dont disposent les patriotes de toute la France sur le terrain idéologique. Puis, les travaux en de domaine se sont diversifiés, à l’exemple du numéro spécial des Annales Historiques de la Révolution française N°330 (2002).

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L’esprit des Lumières et de la Révolution 2007-2008   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Nous vous convions aux séances qui se tiendront le vendredi, de 18 à 20 h, à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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Colloque républicanismes et droit naturel, 5 et 6 juin 2008   Annonces

colloque républicanismes et droit naturel

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l‘histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique".

A partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit ou Jean-Fabien Spitz ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique fondé sur une conception de la liberté comme "non-domination".

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Robespierre complété   Annonces

Publication du tome XI des Œuvres de Maximilien Robespierre, édition et notes de Florence Gauthier, édité par la Société des Etudes Robespierristes. Bon de souscription pour le tome XI et offre pour les 11 volumes.

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Souveraineté et pouvoir local: expérimenter la démocratie à Marseille (1789-1794)   Etudes

Un pouvoir communicationnel (2)

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

" Unité de la république d'une part, gouvernement fédératif de l'autre: voilà le champ de bataille du jour et les grands mots dont on étourdit le peuple qui, heureusement pour lui, n'y comprend rien. On cherche par tous les moyens à lui faire un monstre de ce mot fédéralisme (…) Dans l'idiome de ses Messieurs unité républicaine est le synonyme de la tyrannie de Paris. Mais cette tyrannie, comme toutes les autres, disparaîtra devant le souffle du génie de la liberté. Il faut que Marseille soit la soeur et non la sujette de Paris " (Journal Français du 25 novembre 1792)

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La Révolution française et la rupture des Temps modernes   Synthèses

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

Tout au long de l’histoire, des réseaux de croyance se constituent autour de traditions novatrices dont chaque individu hérite avec la possibilité de les étendre, les modifier voire les rejeter. Tel est le cas des traditions politiques émancipatrices mises en place pendant les Temps modernes (16ème-18ème siècles). Entre humanisme, civisme, artificialisme, républicanisme, et sous l’égide des valeurs de liberté et d’égalité, la rupture historique de la modernité politique fait alors signe vers la formation européenne de la Nation, avec un temps fort, le moment de radicalité propre à la Révolution française.

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Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne   Recensions

À propos du livre de Laurent Dubois, Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne, Rennes, Les Perséides, 2005.

Par Fabien Marius-Hatchi, Université Paris VII – Denis Diderot

Couverture Dubois Vengeurs du nouveau monde

Cette histoire oppose, d’une part, l’image que se font de leurs victimes ceux qui leur causent des souffrances indicibles et, d’autre part, les luttes de ces victimes qui, par miracle, se résorbent dans l’invention d’une nation nouvelle et d’une autre nature.

Jean Casimir (Préface, p. 11)

Paru aux États-Unis en 2004 – l’année du bicentenaire de la proclamation de la République d’Haïti, le livre de Laurent Dubois se présente comme une synthèse de l’histoire de la Révolution haïtienne établie à partir d’une lecture croisée de sources primaires et des principaux travaux historiques parus aux États-Unis, en France et en Haïti, essentiellement depuis un quart de siècle.

Héritier des travaux précurseurs des Haïtiens Beaubrun Ardouin et Thomas Madiou pour le 19e siècle, de ceux du Trinidadien C.L.R. James et du Martiniquais Aimé Césaire pour le 20e siècle, l’ouvrage de Laurent Dubois se situe dans la lignée, notamment, d’une historiographie étasunienne qui – tel David Geggus ou John D. Garrigus – cherche à “entrevoir avec plus de clarté ce que les événements de cette période ont pu signifier pour ceux qui les vécurent” (p. 25). À la suite de son premier livre A Colony of Citizens: Revolution and Slave Emancipation in the French Caribbean, 1787-1804 (1) dans lequel il abordait le programme politique révolutionnaire porté par les esclaves insurgés de la Guadeloupe, Laurent Dubois ambitionne donc de reconstituer l’histoire de l’insurrection de Saint-Domingue, de l’abolition de l’esclavage et de l’indépendance de la République d’Haïti à partir des conceptions et des aspirations des esclaves.

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L’idée de révolution aujourd’hui : pour une cosmopolitique de l’économie politique populaire   Annonces

Altermondialisme/anticapitalisme. Pour une cosmopolitique alternative

Congrès Marx International V (3-6 octobre 2007)

Appel à contributions de la section histoire par Florence Gauthier et Jacques Guilhaumou.

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A proposito di felicità, rivoluzione francese, banche dati e linguistica computazionale.   Epistémologie

Par Cesare Vetter, Università di Trieste

Traduction française (pdf) - English translation (pdf)

Fin dalla metà degli anni Novanta ho aperto – presso il Dipartimento di Storia dell’Università di Trieste – un cantiere di lavoro sull’idea di felicità nel XVIII e XIX secolo. Un cantiere di lavoro che comprende ricerche mie personali, discussioni con i colleghi, confronti con gli studenti nell’attività didattica e un ampio e organico piano di tesi di laurea. L’analisi dell’idea di felicità incrocia le problematiche affrontate in precedenti lavori. Integra e per molti versi arricchisce la riflessione sulla dittatura (1) . È mio fermo convincimento che la nozione di felicità è terreno privilegiato – e finora non sufficientemente frequentato – per ricostruire i percorsi del pensiero e dell’iniziativa politica in età moderna e contemporanea. Anche per la nozione di felicità – così come per altre grandi questioni dell’Ottocento e del Novecento – la rivoluzione francese costituisce snodo essenziale.

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La Terreur   Dossiers

La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site.

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La Révolution française et le monde   Annonces

Séminaire de Master de Marc Belissa (HHIM209), Université Paris X-Nanterre, Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

On étudiera dans ce séminaire la dimension extérieure de la Révolution française entre 1789 et 1800 : ses conséquences européennes et mondiales, sa politique extérieure. On s’intéressera en particulier aux mouvements révolutionnaires ou patriotiques en Europe et en Amérique pendant cette période. On insistera sur l’historiographie, les sources et les méthodes pour l’étude de la période révolutionnaire en France et en Europe.

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La Grande Révolution de 2014   Annonces

Julliard 2014 BF 15

Scénographie de Raphaël Julliard, "La Grande Révolution de 2014" à La BF 15, 11 quai de la Pêcherie à Lyon, du 13 janvier au 3 mars 2007, et conférence le 3 février avec les historiens et historiens d'art Yannick Bosc, Florence Gauthier, Lada Mamedova, Maria Stavrinaki.
Vernissage le 12 janvier 2007 à partir de 18h30.

Sur ce site, voir le texte de Raphael Julliard sur David









La dénonciation chez Marat   Editions

Par Emilie Brémond-Poulle, Université Paris VII-Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage d'Emilie Brémond-Poulle, La dénonciation chez Marat (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 279 pages, l'ouvrage est à lire en intégralité en pdf.

couverture Brémond la dénonciation chez marat

Chaque personnage un tant soit peu célèbre de la Révolution française a hérité d’une réputation, d’un mythe. C’est dire que son nom seul suffit à susciter l’effroi ou, au contraire, l’admiration. Ainsi, si l’on parle de Robespierre « l’incorruptible », de Danton « le vénal », de Mirabeau « l’orateur » ou même de Saint-Just « l'ange exterminateur » ou « l’idéaliste », on évoque Marat « le sanguinaire », « celui qui a été tué dans sa baignoire ». Bien sûr, certaines personnes sont capables de resituer son action de journaliste, mais c’est quand même cette image négative qui l’emporte. Marat, comme beaucoup d’hommes de la Révolution française, est à la fois méconnu et célèbre.

Jean-Paul Marat est né en Suisse, à Boudry dans la principauté de Neuchâtel, le 24 mai 1743. Son père Jean Mara était un prêtre mercédaire d’origine Sarde. Ayant quitté ses fonctions suite à une affaire politico-religieuse, il trouva refuge à Genève. Il se rallie alors au calvinisme et devient dessinateur. Il épouse Louise Cabrol, une jeune femme d’origine française en mars 1741. Ils eurent neuf enfants, Jean-Paul étant le second. Il étudia au Collège de Neuchâtel et quitta sa famille à l’age de 16 ans. Il devint ensuite précepteur du fils d’un négociant de Bordeaux, pendant deux ans. Puis il rejoint Paris (entre 1762 et 1765) où il complète ses études. Il s’initie à la médecine et la philosophie, mais il n’y a pas de trace de diplôme. En 1765, il part pour l’Angleterre et s’y installe dix ans. Il vit tout d’abord à Londres, où il est médecin, puis à Newcastle. Il reçoit son diplôme de médecine à Londres, en 1775, et publie quelques articles sur des sujets médicaux. Cependant, il n’a pas cessé de s’intéresser à la philosophie et à la littérature. Ainsi, en 1775, il est déjà l’auteur de quelques essais et d’un roman. En 1770, il écrit Les aventures du jeunes comte Potowski. L’ouvrage ne fut jamais publié de son vivant. C’est une première tentative. Puis, en 1773, il publie A Philosophical Essay on Man, mais clandestinement. Il ne le traduira en français qu’en 1775. Toutefois, le texte de référence du Marat de ces années là est bien The chains of slavery, publié à Londres en 1774. Le contenu en est éminemment politique. En se basant sur des exemples historiques, il montre comment les despotes accentuent sans cesse leur emprise sur les peuples. Marat a ainsi, simultanément, une activité de médecin, de philosophe et de théoricien politique.

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Tribulations ministérielles   Actuel

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

« Tribulation : Tourment moral, souvent considéré comme une épreuve. Du latin tribulare, battre avec le tribulum, la herse à battre le blé. »

Dictionnaire Robert

Il était une fois dans un royaume riche et grand par son immense population comme par le faste de sa monarchie, un jeune roi du nom de Louis XVI, qui venait d’accéder au trône. Comme il arrive souvent, il voulut tout faire à l’inverse de son prédécesseur et appela au poste convoité de contrôleur général des finances, qui équivalait à celui de Prime Minister établi dans le royaume voisin, un grand réformateur répondant au nom de Turgot. En ce temps-là, l’esprit de réforme était porté par un parti que l’on désignait par le terme récent de philosophes économistes car, en ce siècle de Lumières, la faculté de philosopher était élevée au pinacle.( Fort heureusement, cela a bien changé depuis et la philosophie est considérée comme une activité réservée aux spécialistes, n’ayant aucun caractère populaire, plutôt dangereuse et l’on préfère les économistes sans philosophie aucune.)

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Le civisme à l'épreuve de la Révolution française   Notions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Confrontée au « nouvel ordre de choses » qui renvoie à la toute puissance d’une nation française une et indivisible, la génération des hommes de la Révolution française invente à sa manière le civisme en le définissant. Mais elle est tout autant prise dans ses limites, en particulier du fait des exclusions partielles instaurées par le nouvel ordre politique au sein d'une part importante de la population, les citoyennes en premier lieu. S’il convient donc de préciser le contexte philosophique du civisme révolutionnaire, il importe tout autant d’insérer une telle élucidation théorique dans un trajet discursif où l’acte de civisme relève de diverses conventions, pratiques et rituels aux effets diversifiés, voire contradictoires (1).

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Le débat sur le commerce du blé (1768-1775) : formes et porteurs légitimes de la rationalité en question   Etudes

Par Déborah Cohen, Institut Universitaire de Florence.

Le 29 mai 2005, la France vote majoritairement « Non » au référendum qui lui est proposé. Le lendemain M. Barnier, ministre des affaires étrangères, juge que « dans ce référendum, on a bien vu que les Français n’avaient qu’un seul bulletin de vote et qu’ils avaient répondu à trois ou quatre questions à la fois. Et parmi ces questions, il y a celles (…) sur le sens du projet européen et l’incompréhension de ce projet, il faut en tenir compte » (1). Pour le ministre, il ne s’agit évidemment pas de tenir compte du rejet du texte proposé, d’y entendre un jugement populaire et censé, construit à partir d’une analyse de ce qui était proposé et d’une confrontation avec la réalité vécue et avec la réalité souhaitée, rêvée peut-être, par les électeurs ; ce qu’il s’agit de prendre en compte, c’est la supposée incompréhension des électeurs qui, interrogés sur un point, auraient, de manière illégitime et comme de mauvais élèves, répondu sur d’autres. Comment le peuple des électeurs a-t-il pu se tromper ainsi ? comment a-t-il pu ne pas voir où se trouvait le vrai, le bon, le juste ?

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Sur la Terreur : réponse à David Andress   Réplique

Par Jean-Pierre Gross

Le débat que David Andress a bien voulu engager sur la Terreur, suite aux comptes rendus parus sur son ouvrage, soulève un bon nombre de questions propices à la réflexion. Ne serait-il pas possible, tout d’abord, de dissiper le flou et de se mettre d’accord sur une définition de la Terreur au sens strict du terme ? Sans la confondre, par exemple, à la violence pure et simple, consubstantielle à la Révolution dès ses débuts ? Ou en la limitant chronologiquement, à une période de douze mois (juillet 1793 à thermidor an II) ? Ou à la répression active, dans les zones et villes rebelles, en lui soustrayant les aires relativement pacifiques, exemptes de contestation, où l’incitation prit le pas sur la contrainte ? Est-il permissible de différencier les “bons aspects” et les “mauvais aspects” de la Terreur ? De séparer “la violence légitime de la violence illégitime”? Compte tenu des objections de David Andress, de telles distinctions peuvent paraître, en effet, simplistes ou tendancieuses.

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Terreur et libéralisme égalitaire   En ligne

par Jean-Pierre Gross et Florence Gauthier

L’historien Jean-Pierre Gross est intervenu en 1997, dans le Monde Diplomatique, sur la question du libéralisme égalitaire des Jacobins. Cet article, également disponible sur Espai Marx, a été publié par l’auteur la même année que son important ouvrage, Faire Shares for all. Jacobin Egalitarianism in Practice, Cambridge University Press, 1997, traduit en français sous le titre, Egalitarisme jacobin et droits de l’homme. La Grande famille et la Terreur, Paris, Arcantères, 2000. Jean-Pierre Gross montre que la pratique et l'idéal des jacobins montagnards relèvent d’un projet de société fondé sur la justice et la réciprocité, et renvoient donc à une « grande famille » où le droit à l’existence est assuré au même titre que le droit à l’épanouissement, et où l’esprit de partage l’emporte sur les antagonismes de classes. Projet inattendu et, à n’en pas douter, résolument moderne. Par ailleurs, Florence Gauthier a rendu compte de l'apport important de ce chercheur dans les Annales Historiques de la Révolution française, en deux temps, à propos de l'ouvrage original en anglais, puis par un rappel après sa traduction en français.

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Pour une critique de l’histoire « déceptive »   Historiographie

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Rien n’est vraiment identifiable, nous disent les historiens actuels, si l'on fait confiance à la nature en tenant compte de ses objets, de ses contenus et de ses exigences, si l'on attire l'attention sur des processus naturels qui identifient pourtant des choses intéressantes en vue de penser le devenir. De fait l'historien, considérant d'abord l'ancrage du fait historique dans le quotidien et l’imaginaire culturels d’une époque, juge ce monde naturel source d'illusion historiographique. Dans cette perspective "critique", aucun principe explicatif, aucune référence normative ne peuvent être appréhendés selon des causes naturelles, dans la mesure où l'historien pense n'avoir accès à la nature et à ses objets qu'à travers la médiation de données symboliques, elles-mêmes produites par l'activité socio-culturelle. Il convient alors d'adopter, face aux objets historiques « naturalisés » par l'historiographie, une attitude plutôt « déceptive » qui se veut garante, par la critique des « mythes historiographiques », d’une perception « mesurée » de l’avenir. Pour notre part, nous considérons que cette approche historienne procède d'une mise à distance de la part « naturelle » de réciprocité au sein du processus de reconnaissance sociale, là où s'expérimente une émancipation humaine issue de la demande de déclaration et de réalisation des droits naturels.

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L’esprit des Lumières et de la Révolution 2006-2007   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Les séances se tiendront à l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 2e étage, salle 216.

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Jacobinisme et marxisme. Le libéralisme politique en débat.   Notions

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

La tradition marxiste, du Jeune Marx à Gramsci, s’est constamment interrogée sur le sens intégral, donc positif, de la notion de jacobinisme, tant sur le plan historique que conceptuel (Guilhaumou, 1985). Les historiens actuels se sont plutôt intéressés à « la fortune et l’infortune » du mot de jacobin auquel s’attache une forte connotation négative ou positive (Ozouf, 1984). Le lexicologue précise pour sa part que l’entrée en politique de jacobin en 1790 se fait dans le cadre d’une association polémique, au sein la presse de droite, qui permet de stigmatiser le club des Jacobins comme extrémiste (Geffroy, 1997). Ainsi le terme de jacobinisme est présent en 1791 dans un quotidien royaliste à succès, le Journal de la Cour et de la Ville. Peu enclins à user abondamment d’un terme de la réaction antirévolutionnaire, les historiens progressistes de la Révolution française, de Jean Jaurès à Albert Soboul, ont, dans le même temps pris leur distance avec le qualificatif d’historien marxiste. Dans son dernier entretien, Albert Soboul (1987) précise: « Je ne pense pas qu’il y ait une histoire marxiste et une histoire qui ne le soit pas ». Il y a l’Histoire tout court ». Sans doute, l’Histoire tout court est marxiste à ses yeux lorsqu’il précise : « Je proteste contre le discrédit auquel on a voué le marxisme à l’heure actuelle et qui, à mon avis, ne s’adresse qu’à un marxisme fermé, dogmatique et sectaire ». Cependant il n’en reste pas moins que les historiens progressistes de la Révolution française refusent d’opposer la méthode marxiste à la méthode de l’historien. Ils considèrent le marxisme seulement comme une méthode critique de recherche et de réflexion, positionnée en complément de la méthode de l’historien.

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Un parcours notionnel : patrie, patriotisme.   Mots

par Jacques Guilhaumou et Raymonde Monnier, CNRS.

dictionnaire usages socio politiques Guilhaumou Monnier

Le huitième fascicule du Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), dont nous présentons l'introduction (1), s’inscrit résolument, par son choix thématique, dans une perspective d’histoire des concepts aux enjeux précisés par ailleurs (2). Il procède de la rencontre entre des chercheurs de diverses disciplines sur le terrain d’une notion-clé, la patrie. Il importe de préciser d’emblée que le meilleur moyen d’appréhender le déploiement d’un concept dans son historicité est d’éviter toute approche analytique sur la base d’une modélisation a priori de ses formes d’expression. S’agissant d’une notion-concept profondément ancrée dans la culture politique, il convient d’en cerner les usages et les significations conjoints à partir d’une série ouverte de questions : Peut-on parler d’un patriotisme monarchique et aristocratique avant la Révolution française ? Comment évolue le terme de patriote avant de devenir synonyme de révolutionnaire ? Quelles sont les traditions civiques, esthétiques et éthiques dans lesquelles s’actualise la référence à la patrie ? Comment appréhender la question morale au contact de l’apparition d’une science des mœurs ? Qu’en est-il du renouveau patriotique en 1789 par rapport à la formation d’une nation libre ? Comment se manifeste la passion patriotique tout au long de la Révolution française ?

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Les femmes et la Révolution française : recherches en cours.   Synthèses

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, UMR "Telemme", MMSH/Université de Provence

Les débats autour de la parité ont fourni l'occasion de réfléchir sur la participation des femmes à la vie politique en France et, en particulier, sur les raisons de la faiblesse de leur nombre dans les deux chambres législatives (1). Au delà des explications à dominante sociologique, cette faible représentation nous renvoie aux racines historiques d’un phénomène qui paraît plus durable en France que dans d’autres États européens, avec un ancrage spécifique dans la Révolution française (2). Dans un pays où les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’en 1945, l’absence de tradition d’action politique pourrait bien sûr être mise en cause. De fait, pendant une période particulièrement longue, les possibilités d’expression des femmes dans le domaine politique étaient limitées et la norme sociale tendait à les exclure de l’espace public pour les cantonner dans la sphère privée. Sous l’Ancien Régime, la théorie politique exclut explicitement les femmes, et de ce point de vue, l’exclusion est plus marquée en France que dans la plupart des autres États européens à cause de la loi salique (3). La Révolution peut alors apparaître comme une occasion manquée pour l’accession des femmes aux droits politiques (4). En effet, leur cas se sépare de celui des hommes des catégories populaires puisqu’elles n’obtiennent à aucun moment le droit constitutionnel de s’exprimer par le suffrage, ni celui d’exercer des fonctions officielles de responsabilité mêmes locales et, le plus souvent, elles n’ont même pas voix délibérative dans les assemblées (5). Les refus vont de la privation du droit de vote à l’interdiction de défendre la Nation dans l’armée, le 30 avril 1793, et à la fermeture des clubs féminins, le 30 octobre 1793.

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Les classiques des sciences sociales et la Révolution française   Outils

logo publication en ligne sciences sociales Le site « Les classiques des sciences sociales », sous la responsabilité du sociologue Jean-Marie Tremblay constitue un outil exceptionnel d’investigation tant sur les auteurs classiques, que sur les sciences sociales contemporaines et la méthodologie en sciences sociales, dont on connaît l’influence constante, génération après génération, sur les historiens de la Révolution française.

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Grégoire, un philosophe chrétien d’obédience républicaine.   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Dans un article récent, intitulé «De la littérature des nègres de l’abbé Grégoire: un plaidoyer manqué ? », Cromohs, 10 (2005): 1-6, disponible en ligne, Carminella Bondi rappelle que, lorsqu’en 1819, le Département de l’Isère élut l’abbé Grégoire à la Chambre des Députés, la polémique s’enfla. On tenta de le convaincre de démissionner, il refusa. Mais en fin de compte son élection est invalidée. Et Carminella Bondi d’ajouter : « A l’un des députés (d’Argenton) qui s'efforçait de lui faire comprendre que les temps avaient changé, il répondit: ‘J’ai traversé vingt-cinq ans de Révolution. J’ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même’ ». Cette réplique caractérise bien le personnage qui, à un moment aussi difficile que celui du rétablissement de l'esclavage dans les colonies et l'établissement d'un ordre raciste, au départ sous l’égide napoléonienne comme le rappelle Florence Gauthier sur le présent site, donc dans un contexte de rupture avec la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, publie un ouvrage intitulé De la littérature des Nègres, où il continue à plaider, comme pendant la Révolution, la cause des Noirs et des métissés discriminés par le préjugé de couleur. Son Apologie de Las Casas (1800), analysée par Jean Daniel Piquet dans un article de la Revue d’histoire et de philosophie religieuses de 2002, participe de la même dimension émancipatrice jamais démentie de sa pensée. La philosophie de Grégoire, au plus près de ses écrits, de ses engagements, tout particulièrement pendant la Révolution française, et de ses liens privilégiés avec d’autres révolutionnaires, mérite donc un attention particulière, présentement sur la base de trois récents ouvrages à son propos.

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Critique du concept de "révolution bourgeoise" appliqué aux Révolutions des droits de l'homme et du citoyen du XVIIIe siècle   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

La tradition marxiste voit dans les révolutions de la liberté et de l’égalité, qui précédèrent ce que l’on a appelé “la révolution prolétarienne” inaugurée par la Révolution russe, des “révolutions bourgeoises”. On sait que Marx a laissé des éléments d’analyse, qui présentent des moments différents et même contradictoires de sa réflexion, correspondant à l’évolution de ses connaissances et de sa compréhension de la Révolution française. Le schéma interprétatif, dont il sera question ici, a été produit par la tradition marxiste et est, lui-même, une interprétation des analyses laissées par Marx. Toutefois, mon propos n'est pas de reconstituer comment un tel schéma interprétatif a été produit, bien que ce travail reste à faire, il est même urgent, mais, plus précisément de chercher à savoir si ce schéma interprétatif correspond à la réalité historique. Pour situer le problème, je me limiterai à l’exemple de ce que l’on appelle “la Révolution française”. Et je voudrais commencer en rappelant rapidement les souffrances que quelques grands historiens marxistes se sont infligés pour faire cadrer les résultats de leur recherche avec le schéma interprétatif de la “révolution bourgeoise”.

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La Révolution française à l’horizon du mouvement social. Une question de visibilité sociale   Actuel

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, CNRS-ENS LSH Lyon

Un enjeu éthique

Fortement marqué par la recrudescence au cours des années 1990 du mouvement social par le fait des luttes et de la parole des sans, nous avons essayé d’en évaluer les caractéristiques propres à l’épreuve de la Révolution française, et tout particulièrement du phénomène conjoint des porte-parole (Guilhaumou, 1998b). Nous avons voulu ainsi attester du présent de la Révolution française dans le mouvement social, donc sa part inhérente, voire immanente, aux ressources cognitives permettant de comprendre la portée émancipatoire des luttes sociales actuelles. Nous avons ainsi contribué, nous semble-t-il, à donner une visibilité et une centralité historiques à un mouvement des sans relégué trop souvent sur les marges de la société.

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1793-94 : La Révolution abolit l'esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

S'il y eut rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises d'Amérique, c'est bien parce qu'il y avait été précédemment aboli. Cela s'était réalisé en deux temps en 1793 puis en 1794. Tout d'abord, la colonie de Saint-Domingue, où une insurrection des esclaves avait commencé depuis la nuit des 22-23 août 1791, parvint à déclarer l'abolition de l'esclavage le 29 août 1793. Six mois plus tard, la Convention montagnarde s'engageait à aider la Révolution de Saint-Domingue et élargit l'abolition à toutes les colonies françaises par son vote du 16 pluviôse an II-4 février 1794. Il faut savoir que cette histoire de l'abolition de l'esclavage, puis de son honteux rétablissement, a été l'objet d'une double occultation qui n'a commencé de se dissiper que très récemment, depuis environ une quinzaine d'années. Je propose donc de raconter cette histoire où se mêlent le pire et le meilleur de l'humanité en trois temps :

- qu'était-ce qu'une colonie à esclaves sous l'ancien régime ?



- qu'a-t-on aboli en 1793 puis en 1794 ?

- qu'a-t-on rétabli et établi en 1802 ?

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Centralisme ''jacobin'', vraiment ?   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

"Abusés par les mots, les hommes n'ont pas horreur des choses les plus infâmes décorées de beaux noms ; et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aussi, l'artifice ordinaire des cabinets est-il d'égarer les peuples en pervertissant le sens des mots, et souvent des hommes de lettres avilis ont l'infamie de se charger de ce coupable emploi." Jean-Paul Marat, The Chains of Slavery, London, 1774, Les chaînes de l'esclavage, Paris, 1792, rééd., Bruxelles, Pôle Nord, 1995.

Avec quoi peut-on penser ? Sans doute avec des mots et des concepts. Les ministres, les députés et la presse en utilisent un qui me plonge régulièrement dans des abîmes de perplexité, c'est celui de centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur. L'abus qui en a été fait et qui se poursuit m'a incitée à le clarifier. Centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur, qu'est-ce que cela est sensé désigner ? Une politique de centralisation administrative. L'exemple qui vient illustrer ces termes est le plus souvent celui des préfets. Ce centralisme sans qualificatif est présenté comme une spécificité politique française, celle de la monarchie, mais aussi celle de la Révolution de 1789, et c'est là qu'il devient jacobin et, curieusement, le demeure ensuite, comme si la politique française était, ou fut longtemps, jacobine jusqu'au jour de renouveau où la décentralisation vint enfin. Mitterrand parlait de la décentralisation à laquelle il œuvra comme d'une révolution dans le sens où elle interrompit la tradition française de centralisation. On trouve encore le qualificatif jacobin jeté comme une insulte à quelques hommes politiques, comme Pasqua. Il se pourrait que le plus effrayant des deux soit Pasqua !

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La mémoire contre l'événement révolutionnaire   Historiographie

par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

A l’occasion du colloque de décembre 1994 sur La France des années 80 au miroir du bicentenaire, tenu à Paris, j’ai dressé un bilan très personnalisé du bicentenaire de la Révolution française. Présentement, je propose ce texte inédit à la lecture, en le maintenant dans son état originel. Je conserve en particulier l’usage de la première personne. En alternance avec ma production scientifique ordinaire, principalement centrée dans le temps du Bicentenaire sur l'histoire des langages de la Révolution française, je suis intervenu plus spécifiquement sur le terrain du discours commémoratif à propos des thèmes suivants: « Faut-il brûler l'historiographie de la Révolution française ? » (1989) (1), « L'historiographie de la Révolution française existe: je ne l'ai pas rencontrée" (1989) (2) », Gestes d'une commémoration: les '36.000 racines de la démocratie locale' » (1992) (3), « La mémoire et l'événement: le 14 juillet 1989 » (1994) (4). Ces interventions, qui vont nourrir tout du long ma réflexion présente, rendent compte d'une prise de distance à l'égard de l'histoire commémorative, soulignée par le contraste entre une activité limitée sur la scène commémorative à une présence discrète, mais continue, au sein des CLEF 89, dont j’ai été l’un des animateurs au plan national, et un fort engagement sur le terrain proprement scientifique par la participation à une cinquantaine de colloques relatifs à la Révolution française, entre 1985 et 1993.

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Repères chronologiques 1763-1795   Outils

1763 : Traité de Paris (Guerre de 7 ans).

1774 : mort de Louis XV, avènement de Louis XVI.

1774-76 : Turgot contrôleur général des finances.

1775 : Guerre des farines.

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Une « révolution » coloniale ?   Recensions

Par Fabien Marius-Hatchi, Université Paris VII-Denis Diderot

Tirée de sa thèse de doctorat Entre esclavage et liberté : esclaves, libres et citoyens de couleur en Guadeloupe, une population en Révolution (1789-1802), l’ouvrage de Frédéric Régent porte sur l’histoire de l’archipel guadeloupéen entre le déclenchement de la Révolution française, qui entraîna un processus révolutionnaire dans les colonies des Amériques, et la politique de reprise en main et de rétablissement de l’esclavage conclue sous Bonaparte. Presque totalement ignoré en France – y compris par un certain nombre de ceux qui sont chargés d’enseigner l’Histoire - le cycle révolutionnaire qui couvre les années 1789 à 1802 se situe, depuis les revendications indépendantistes des décennies 1960-1980 puis les commémorations historiques successives programmées entre 1989 et 2004 (1), au centre de la mémoire populaire guadeloupéenne. En s’intéressant à cette période de l’histoire de la colonie, le livre de Frédéric Régent prend donc place dans ce double contexte totalement opposé sur chacune des rives de la mer océane. C’est à la mesure de ce contexte que se révèle ainsi le double positionnement adopté ici par l’historien : la volonté affirmée de révéler un passé inconnu ou méconnu de ses contemporains, accolée à la silencieuse ambition de remplacer les mythes d’une mémoire brûlante par la froide connaissance scientifique.

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De la Révolution de Saint-Domingue à l’Indépendance d’Haïti. Comment sortir de l’esclavage ? 1789-1804   Synthèses

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

L’abolition de l’esclavage en 1793-94 prend place dans la période de crise du premier empire colonial européen, en Amérique, qui provoqua un cycle révolutionnaire des deux côtés de l’Atlantique. L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue, depuis août 1791, ouvrit une perspective de grande ampleur en mettant à l’ordre du jour l’abolition de l’esclavage, la destruction de la société coloniale, les formes à inventer de la décolonisation. L’insurrection des esclaves conduisait à l’abolition de l’esclavage en août et septembre 1793 et gagna le soutien de la Convention montagnarde qui s’engagea à défendre la liberté générale le 16 pluviôse an II-4 février 1794. L’opposition que suscita la rencontre entre les deux révolutions fut immense. Le lobby esclavagiste, lié à la contre-révolution en France, en Angleterre, en Espagne et dans les colonies, déplaça le champ de bataille de l’Europe à la Caraïbe, entre 1793 et 1804. L’enjeu était le maintien ou non des politiques impériales des puissances européennes esclavagistes et ségrégationnistes. De cette guerre terrible naquit la République d’Haïti, premier gouvernement des noirs, première expérience de décolonisation.

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"Un arsenal pour les séditieux" : la Déclaration des droits comme pratique politique   Etudes

Par Yannick Bosc, ICT-Paris 7

La Révolution française est ponctuée par trois Déclarations des droits de l'homme et du citoyen (1789, 1793, 1795) qui sont encore souvent regardées comme des textes théoriques qui relèvent de «l'histoire des idées» et au mieux des «idées politiques» (1). Si on admet qu'ils sont précieux pour le juriste, ou le philosophe, on estime souvent qu'ils sont d'un faible secours pour l'historien qui s'intéresse aux pratiques politiques. Ce jugement repose sur le sentiment d'un décalage général, quand on considère les actions humaines, entre les principes et les faits, la théorie et la pratique. Ce sentiment est peut être justifié par le travail historique qui analysant les faits montre le difficile ajustement ou la contradiction des intentions et des réalisations. La séparation des idées et des pratiques et leur juxtaposition dans l'analyse historique est cependant moins intéressante que l'étude de leur dynamique.

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Philosophie allemande et Révolution française   Recensions

Revue critique

Par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

De l'étude désormais classique de Joachim Ritter sur Hegel et la Révolution française (1957) aux travaux sans cesse approfondis de Lucien Calvié depuis son ouvrage de 1989 sur la Révolution française et les intellectuels allemands, en passant par les considérations de Manfred Buhr et Domenico Losurdo sur Fichte et la Révolution française et bien d'autres études, l'analyse de la relation entre la philosophie classique allemande et la Révolution française constitue un aspect majeur de la littérature critique sur l'idéalisme allemand qui n’a jamais cessé de s’amplifier. Nous commencerons par l'apport de Domenico Losurdo dans la mesure où il a coordonné, au début des années 1990, un débat entre chercheurs sur ce thème. Il a ainsi réuni 21 chercheurs allemands, français et italiens autour de deux voies de recherche à la fois distinctes et complémentaires.

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Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot

Esclavage ou liberté ? La Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l'esclavage dans les colonies, sans indemnités en faveur des seigneurs et des maîtres. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale. Il signalait encore leur origine commune dans l'esclavage, qu'il s'agisse de l'héritage de l'esclavage antique dans les formes du servage et dans les transformations pluriséculaires des rapports féodaux, ou de l'esclavage moderne créé par des Européens dans les colonies d'Amérique.

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Kant idéaliste ? Le débat sur la paix perpétuelle 1795-1801   Etudes

Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO

En apparence, quoi de plus "utopique" et "idéaliste" au sens vulgaire que les projets de paix perpétuelle qui fleurissent tout au long de l’époque moderne ? Et pourtant Domenico Losurdo a montré dans son livre de 1993 Autocensure et Compromis dans la pensée politique de Kant à quel point le Projet de paix perpétuelle publié par le philosophe en 1795 ne pouvait se comprendre sans référence au contexte bien "concret" des relations internationales et de la guerre contre-révolutionnaire du début du Directoire.

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L’esprit des Lumières et de la Révolution 2005-2006   Séminaire

Groupe de travail animé par Marc Bélissa, Yannick Bosc, Françoise Brunel, Marc Deleplace, Florence Gauthier, Jacques Guilhaumou, Fabien Marius-Hatchi, Sophie Wahnich. Université Paris 1, 17 rue de la Sorbonne, escalier C, 3e étage, salle Picard, de 18 à 20 h.

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