Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Tradition et innovation : transfert et réception des textes républicains autour de 1789   Etudes

Par Raymonde Monnier, CNRS

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Dans l’histoire de la Révolution, l’interprétation de la première République a été depuis le 19e siècle un chantier disputé et perpétuellement réinvesti par de nouvelles interrogations. Entre moment fondateur et/ou traumatisme violent, il s’est polarisé depuis la troisième République autour des questions de la légitimité et de la nature du régime républicain. En dépit de l’inflexion politique profonde induite par l’abolition de la royauté en 1792, la périodisation qui sépare la monarchie de la République a tendance à masquer l’évolution des rapports entre les différents pouvoirs sur le moyen terme révolutionnaire. Avec l’avènement de la République, la notion de république acquiert une valeur politique et symbolique nouvelle qui, sans effacer les contenus classiques, modifie et multiplie ses usages en lui donnant une réalité institutionnelle. La révolution du 10 août, qui met véritablement « le monde à l’envers » (1), entraîne des relations inédites à l’intérieur d’un champ conceptuel profondément modifié par l’expérience démocratique, où la question ne se limite pas à fonder la république sur un nouveau contrat social. Il s’agit de construire les institutions et de conserver la République dans un environnement hostile – celui de l’Europe des rois – pour préserver les acquis 1789.

Lire la suite

Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

Lire la suite

Par delà les Anciens et les Modernes : le républicanisme de Jules Barni   Etudes

Par Renaud Quillet, Université d'Amiens

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Né en 1818, mort en 1878, Jules Barni a été élève à l’Ecole normale supérieure et major de l’agrégation de philosophie en 1840(1). Engagé de manière pionnière dans la traduction en français et l’exégèse de l’œuvre de Kant, il se sent appelé par les événements de 1848 à entrer activement dans le combat républicain et à développer sa propre conception du républicanisme. Il appartient à une génération qui doit défendre la voie républicaine contre la critique libérale professée au nom de la thématique de la « Liberté des Modernes », inaugurée par Benjamin Constant. Il est aussi et par là même l’un des acteurs d’un moment où la pensée républicaine se distingue et s’autonomise clairement de la pensée libérale, et, au moins pour partie, du socialisme. Tout en poursuivant durant près de trente ans son œuvre d’instigateur par excellence de l’appropriation française du kantisme, il va développer une théorisation de la République qui se forge au feu de la réflexion philosophique, bien entendu, mais aussi de l’expérience militante et électorale en 1848 et 1849, de l’opposition et de l’exil à Genève sous l’Empire, de l’activisme internationaliste et du compagnonnage avec Garibaldi, et enfin dans la collaboration avec Gambetta et la pratique politique dans les cercles républicains et au conseil municipal d’Amiens ainsi qu’au Parlement dans les années 1870. Avec une belle continuité, il articule ainsi autour de l’idée républicaine anthropologie, morale publique et privée, instruction publique, conceptions et pratiques constitutionnelles, économiques et sociales.

Lire la suite

« Robespierre a été un grand dirigeant de la démocratie en acte »   En ligne

Entretien avec Florence Gauthier publié dans le Canard républicain à l'occasion de la préemption exercée par l'Etat sur les manuscrits de Robespierre.
Extrait : "Robespierre a ainsi lutté pour fonder une république démocratique, dans laquelle la souveraineté populaire n’était pas seulement écrite sur le papier de la Constitution, mais une conscience et une pratique réelles. Avec Grégoire en particulier, il s’est battu pour faire respecter la souveraineté des autres peuples, avec l’objectif de construire une alliance de républiques démocratiques, dans le but d’empêcher la France de continuer de mener une politique de puissance conquérante, mais aussi de se protéger des offensives impérialistes éventuelles : c’est une dimension de leur combat trop souvent négligée ! On retrouve les mêmes préoccupations chez Thomas Paine, par exemple, sujet britannique, citoyen des États-Unis d’Amérique au moment de leur guerre d’indépendance et député à la Convention en France de 1792 à 1795. Ajoutons aussi chez Emmanuel Kant, qui a théorisé son Projet de paix perpétuelle (1795) à la lumière du grand cycle révolutionnaire qui s’est développé au tournant du XVIIIe siècle, et qui a eu connaissance de la Révolution de Saint-Domingue/Haïti, première révolution faite par des esclaves insurgés en Amérique."

A lire sur Agoravox

Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

Lire la suite

Manuscrits de Robespierre : poursuivre l'effort   Actuel

Communiqué de presse de la Société des études robespierristes envoyé à l'AFP le 24 mai 2011 :

L’État a finalement exercé son droit de préemption à l’occasion de la vente aux enchères des manuscrits de Robespierre chez Sotheby’s, à Paris, le mercredi 18 mai.

La Société des études robespierristes, l’Institut d’Histoire de la Révolution française (CNRS/Paris I Panthéon Sorbonne) et tous ceux, associations et citoyen(ne)s, qui se sont mobilisés se réjouissent de cette heureuse nouvelle. Notre élan collectif consacre la conception de fonds d’archives ouverts au public et la patrimonialisation de pièces indispensables à la juste appréciation de l’Histoire de la Révolution française.

Lire la suite

"French Revolution" place de la Bastille   Actuel

Depuis le 20 mai des manifestants campent place de la Bastille en soutien au mouvement des "indignés" de la Puerta del Sol à Madrid :

"Ils sont près de 300, presque tous jeunes, installés sur le terre-plein de la place de la République à Paris. A 20 heures, ils ont prévu de retourner à Bastille, lieu qu'ils ont provisoirement délaissé car une manif de soutien aux Ivoiriens leur faisait concurrence. « Ils ont des grosses sonos, on ne s'entendait pas », rigole une étudiante."

Lire la suite sur Rue 89

Limits of the Atlantic Republican Tradition   En ligne

A lire en ligne, le numéro de Republics of Letters autour de John Pocock et du républicanisme atlantique. On regrettera que la séparation des traditions jusnaturalistes et républicaines, qui est la principale limite des thèses de John Pocock, ne soit pas abordée.
Articles de John Pocock (The Atlantic Republican Tradition: The Republic of the Seven Provinces), Margaret Jacob (Was the Eighteenth-Century Republican Essentially Anticapitalist?), Jacob Soll (J. G. A. Pocock’s Atlantic Republicanism Thesis Revisited: The Case of John Adams’s Tacitism), Matthew Kadane (Anti-Trinitarianism and the Republican Tradition in Enlightenment Britain), Matthew Crow (Jefferson, Pocock, and the Temporality of Law in a Republic), Catherine Secretan (“True Freedom” and the Dutch Tradition of Republicanism), Luc Foisneau (Governing a Republic: Rousseau’s General Will and the Problem of Government) et Thomas Maissen (Why Did the Swiss Miss the Machiavellian Moment? History, Myth, Imperial and Constitutional Law in the Early Modern Swiss Confederation).

Lire ces articles dans Republics of Letters

Manuscrits de Robespierre aux enchères   Actuel

Souscription lancée par la Société des Études Robespierristes

Chers amis,

Vous avez peut-être appris par la presse la mise en vente aux enchères de quelque 150 pages de manuscrits de Robespierre, par Sotheby’s France, le 18 mai. Il s’agit d’un dossier qui avait été mis à l’abri par la famille du conventionnel Lebas, après son suicide, et qui réapparaît deux siècles plus tard. Il est évident que la place de ces papiers serait une collection publique et qu’ils ne doivent pas être dispersés chez des collectionneurs privés.

Il s’agit, au sens propre, d’un patrimoine national.

Lire la suite sur le site de la Société des Études Robespierristes
Voir la description des manuscrits

Les leçons de républicanisme de Thomas Paine (1802-1807)   Etudes

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010. Pour une version plus développée de ce thème, on pourra se reporter au n° 363 des Annales Historiques de la Révolution française, janvier-mars 2011, p. 59 et suivantes.

Dans les dernières années de sa vie passées en Amérique, Thomas Paine publie plusieurs textes courts dans la presse contre le parti "fédéraliste" chassé du gouvernement un an avant son retour dans le Nouveau Monde. Comment maintenir la république ? Quel rôle y jouent les partis, les factions ? Quels mécanismes de régulation et de perfectionnement faut-il adopter pour éviter la corruption qui la menace ? Comment transmettre la mémoire révolutionnaire et républicaine aux générations qui n’ont pas connu le moment fondateur ? Telles sont les questions posées par ces derniers textes politiques de Paine. Trois thèmes émergent de ce corpus : tout d’abord, celui des factions et des partis dans la république, deuxièmement, la question de la perfectibilité du régime républicain et des mécanismes constitutionnels qui doivent en assurer l’expression, et enfin la question des formes que doit prendre la "mémoire" du moment fondateur révolutionnaire dans le maintien de la vertu républicaine. Ces trois thèmes dessinent ce qui me semble être des "leçons de républicanisme" à destination de la génération nouvelle.

Lire la suite

Marat : vie posthume   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Université Paris 1

waste land marat assassiné

A propos du film Waste Land

Primé à Sundance et à Berlin, ce film retrace la fabuleuse aventure de Vik Muniz de son domicile de Brooklyn à la banlieue de Rio de Janeiro. Là, dans la plus grande décharge du monde, l’artiste fait poser les catadores, (ramasseurs de déchets) et les associe à la création de gigantesques compositions. Créées à partir des matériaux trouvés sur place, elles sont tirées de l’imagerie populaire ou d’œuvres d’art mondialement connues. L’une d’entre elles, intitulée Marat (Sebastiao) va bouleverser la vie de ces gens de peu et, par la même occasion, devenir l’objet central du film. Réalisée à partir d’une baignoire trouvée dans la décharge, elle s’inspire explicitement du Marat Assassiné peint par Jacques-Louis David en 1793 peu après la mort du fameux révolutionnaire. (...)
Que des catadores, vivant avec quelques dollars par jour, aient retrouvé leur dignité grâce à la mémoire de celui qui, en 1793, était considéré comme le défenseur du peuple et des plus fragiles, voilà qui témoigne, au contraire, d’une étonnante transmission des processus d’identification. Depuis deux cents ans, la figure de l’Ami du Peuple poursuit ainsi sa vie posthume, des faubourgs de Paris aux favelas de Rio.

Lire le texte sur Lumières du Siècle et voir la bande annonce de Waste Land

Éléments d’une histoire du droit naturel : à propos de Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney   Etudes

Par Florence Gauthier, Université Paris Diderot - Paris 7

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

« Pour la divinité, tout est beauté, vertu, justice. Ce sont les hommes qui ont conçu le juste et l’injuste »
Héraclite d’Ephèse

Il existe, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, un indéniable intérêt pour l’étude du droit naturel, mais, la signification même de ces termes demeure encore bien opaque, ce qui m’a incitée à présenter ici une étude limitée à trois auteurs, Léo Strauss, Michel Villey et Brian Tierney, afin de contribuer à en préciser les contours.

Lire la suite

Renouveler l'enseignement de l'histoire et de la géographie   Enseignement

Naissance du blog Pour un aggiornamento de l'enseignement de l'histoire et de la géographie sur le site Hypotheses.org :

"Ce carnet a pour objet de proposer une réflexion et des propositions dans l’optique d’un renouvellement de l’enseignement de l’histoire et de la géographie scolaires et universitaires. Il réunit une équipe d’enseignants et de chercheurs de différentes disciplines et degrés d’enseignement qui souhaitent tout à la fois organiser une veille en ce domaine et construire un espace de discussions et de propositions à destination de la communauté éducative et du grand public. Il s’agira de discuter aussi bien des questions de programmes, de pratiques, d’épistémologie des deux disciplines, en confrontant des travaux scientifiques, des analyses et des témoignages. L’un des objectif principaux est de permettre l’organisation d’assises pour un aggiornamento de l’enseignement de l’histoire-géographie, prévues en 2012."

Voir le blog

Le beau dimanche   Actuel

Film de Dominique Cabrera. Durée 50 minutes. Scénario: Laurent Roth et Sophie Wahnich. Chorégraphie et collaboration musicale: Ana Yepes. Image: Hélène Louvart. Son: Xavier Griette. Montage: Sophie Brunet.

Une cinéaste, une historienne et douze comédiens travaillent à rendre sensible le 17 Juillet 1791. Ce jour là, 6000 parisiens sont allés sur le champ de Mars signer une pétition pour demander le jugement du roi qui venait d’être arrêté à Varennes dans sa fuite vers les armées de l’Autriche et de la Prusse.

L'homme économique   En ligne

Dans L'homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme (Gallimard, 2007) Christian Laval étudie la genèse des valeurs néolibérales aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Extrait de la quatrième de couverture : "Le néolibéralisme entend triompher partout dans le monde comme la norme unique d’existence des êtres et des biens. Il n’est pourtant que la pointe émergée d’une conception anthropologique globale qu’au fil des siècles l’Occident a élaborée. Celle-ci pose que l’univers social est régi par la préférence que chacun s’accorde à lui-même, par l’intérêt qui l’anime à entretenir les relations avec autrui, voire l’utilité qu’il représente pour tous. La définition de l’homme comme "machine à calculer" s’étend bien au-delà de la sphère étroite de l’économie, elle fonde une conception complète, cohérente, de l’homme intéressé, ambitionnant même un temps de régir jusqu’aux formes correctes de la pensée, à l’expression juste du langage, à l’épanouissement droit des corps."

Voir la vidéo d'un entretien avec Christian Laval et lire une recension de son ouvrage dans Mouvements

 

Licence Creative Commons
Révolution Française.net est sous Licence Creative Commons : Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification