Présentation et extrait de l'ouvrage de Nakae Chômin, Écrits sur Rousseau et les droits du peuple, Les Belles Lettres, 2018, CLXXXVIII et 290 p, traduction d'Eddy Dufourmont et Jacques Joly, introduction et notes d'Eddy Dufourmont.
Au début des années 1880, le Japon est traversé par un vaste mouvement démocratique réclamant une constitution et les libertés fondamentales. Le journaliste et penseur Nakae Chômin (1847-1901) y joue un rôle majeur.
En 1874, Chômin traduit Du contrat social en japonais avant de le faire en chinois classique, en 1882-1883, sous le titre Min.yaku yakkai (Traduction commentée du Contrat social). Cette traduction sera l’un des livres de chevet des démocrates japonais des années 1880 ainsi que des réformateurs chinois en 1898. Dans cette œuvre, Chômin réussit à expliquer nombre d’idées complètement nouvelles en vidant les notions du confucianisme de leur sens usuel pour leur donner celles du Contrat social. À ce titre, le Min.yaku yakkai n’a pas été une traduction mais bien une réinvention. Chômin utilisa le chinois classique pour traduire d’autres textes (Constitution française de 1793, Déclaration d’indépendance américaine) et écrire de courts essais, tous inclus ici, qui témoignent de son souci de penser la transition vers une société nouvelle, faire connaître Rousseau et promouvoir les droits du peuple.
Nakae Chômin est l'un des principaux penseurs du Japon moderne et contemporain. Journaliste et fondateur d’une école d’études françaises, il a été surnommé le « Rousseau de l’Orient » pour son engagement dans le Mouvement pour les libertés et les droits du peuple (Jiyû minken undô), dans les années 1880, et aussi pour ses traductions du Contrat social, du Discours sur les sciences et les arts. Ces dernières ne constituent qu’une partie d’un important travail de traduction, qui fait de Nakae un précurseur dans l’acquisition de la philosophie européenne, dont il s’est nourri lors de son séjour à Paris et Lyon en 1872-3. Il est notamment le traducteur du Fondement de la Morale d’Arthur Schopenhauer de La Morale dans la démocratie de Jules Barni. Nakae est aussi l’auteur d’un des tout premiers ouvrages de synthèse consacré à la philosophie européenne, La Quête philosophique (Rigaku kôgen, 1886). La parution en 1887 de sa fiction politique, Dialogues politiques entre trois ivrognes (Sansuijin keirin mondô, 1887), son plus grand succès éditorial, marque l’apogée de son activité. Nakae est élu à la Chambre basse lors de sa constitution en 1890, en tant que représentant du Parti libéral (Jiyûtô), mais il démissionne très vite, refusant les compromis qu’opèrent certains de ses alliés avec le gouvernement.
Lire un extrait du Min.yaku yakkai, la traduction commentée du Contrat social.
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