Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Les discours de la haine   Annonces

Introduction et table des matières de l'ouvrage dirigé par Marc Deleplace, Les discours de la haine. Récits et figures de la passion dans la cité, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

deleplace discours de la haine

La haine n’est certes pas une passion inconnue des historiens, qui interroge les comportements collectifs et pose au plus haut point la question des conditions de la destruction du lien social, lorsqu’elle s’exprime sans frein, et du rétablissement de l’ordre rationnel de la Cité, par les procédures de contrôle qu’elle implique. Elle n’est pas non plus un objet indifférent à l’historien si l’on s’en tient, parmi d’autres, à un certain nombre de travaux qui ont d’ores et déjà porté leur attention sur ses manifestations sociales, qu’il s’agisse, dans l’ordre politique, de la haine de la royauté dans la république romaine, ou, touchant à l’ordre social, le surgissement de la haine et son contrôle dans l’espace de la commune médiévale. Haine politique ou haine sociale ne sont donc pas des angles morts de l’interrogation historienne, bien au contraire. Mais prolonger la réflexion sur la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d’une approche historique. Approche qui peut s’inscrire dans une démarche d’historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste, puisque telle est la perspective tracée par le présent colloque qui a souhaité croiser les regards de ces spécialités apparemment éloignées les unes des autres par leurs objets, par leurs méthodes d’investigation, par les langages mêmes qui sont les leurs.

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Une citoyenneté sans identité nationale : raviver le désir de la marche pour l’égalité   Actuel

Par Saïd Bouamama, acteur de la Marche pour l’égalité de 1983, et Sophie Wahnich, historienne (Laios-CNRS)
Dialogue publié dans la revue Vacarme n°46

Paris, 21 Novembre 2008

Sophie : En 1986, je travaille sur l’étranger dans la Révolution française, j’espère explicitement trouver dans ce moment historique un modèle d’hospitalité qui vienne contrecarrer la politique de Pasqua et donner des outils pour imaginer une autre république, fidèle à ses principes : une humanité une, une égalité entre les hommes, égalité faite de relations libres et réciproques entre les citoyens et entre les peuples. Au XVIII e siècle, la notion de nationalité n’est pas encore constituée, encore moins la notion d’Etat-nation. Le roi donne cependant des lettres de « naturalité » aux étrangers qui en font la demande et la souveraineté du peuple se dote d’une assemblée nationale constituante. Un écheveau d’ambiguïtés ? Des difficultés pour le moins à venir. Cette capacité à découpler ou à rendre moins exclusif le lien entre citoyenneté et « naturalité française » selon les termes de l’époque, a de fait bien existé pendant la Révolution française. Autour du « nom français », ce qui se jouait n’était pas une identité nationale mais une manière d’être au monde et de vouloir y jouer un rôle.

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1789-2009 un 1er mai   Actuel

Manifestation du 1er mai à Paris

Images tirées de La photothèque du mouvement social
Voir également le texte de Sophie Wahnich : Après 1789, 2009 ?

Le manuscrit de l’égalité barrée : égalité et insurrection en 1795   Etudes

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Notre point de départ est la pièce manuscrite, que nous reproduisons ci-dessous (1), dans laquelle le mot égalité est barré. Nous confronterons ce document qui a trait à l’élaboration de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1795 avec « le récit standard » de la Révolution française (2) à propos de la notion d’égalité et du moment thermidorien. Cela nous conduira à placer notre propos dans la perspective du processus ouvert en 1789 et à interroger l’égalité dans ce parcours qui la lie au droit à l’insurrection.

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How neoliberals falsify the West’s political history   En ligne

Article de Michael Hudson, "The Language of Looting", publié dans Counter Punch le 23 février 2009 et dans Sin Permiso le 1er mars 2009

"Today’s clash of civilization is not really with the Orient; it is with our own past, with the Enlightenment itself and its evolution into classical political economy and Progressive Era social reforms aimed at freeing society from the surviving trammels of European feudalism. What we are seeing is propaganda designed to deceive, to distract attention from economic reality so as to promote the property and financial interests from whose predatory grasp classical economists set out to free the world. What is being attempted is nothing less than an attempt to destroy the intellectual and moral edifice of what took Western civilization eight centuries to develop, from the 12th century Schoolmen discussing Just Price through 19th and 20th century classical economic value theory."

Lire le texte en anglais dans Counter Punch ou en espagnol dans Sin Permiso

« Contre-révolution », « guerre civile », « lutte entre deux classes » : Montlosier (1755-1838), penseur du conflit politique moderne   Mots

Par Marie-France Piguet, Centre Alexandre Koyré, CNRS

Resté célèbre pour sa lutte contre l’influence politique des Jésuites et du courant ultramontain, suite à la publication en 1826 de son Mémoire à consulter, le comte de Montlosier s’est fait connaître au début du 19ème siècle en renouant avec les problématiques du 18ème siècle qui ont traité de l’histoire de la monarchie et en les renouvelant. Il a fourni des arguments historiques aux polémiques politiques de la Restauration et exprimé très tôt dans le siècle qu’un conflit interne à une nation pouvait être à la source de transformations et de bouleversements politiques durant les « temps modernes ». Dans ce contexte, il a joué un rôle pionnier dans l’émergence de la notion de lutte de classes, donnant même dès 1821 une des premières attestations connues de l’expression sous une forme non encore lexicalisée, « une lutte entre deux classes ». Pendant la Révolution, il a siégé à l’Assemblée constituante comme député de la noblesse d’Auvergne, avant d’émigrer à la fin de son mandat en septembre 1791. Il a traité de la guerre civile pour en déplorer l’absence au cours de la période révolutionnaire, et soutenu cette position originale à plusieurs reprises, principalement dans des brochures de circonstance, puis plus ponctuellement dans ses ouvrages postérieurs. Cette étude cherche à explorer les relations entre « guerre civile » et « lutte entre les classes » chez cet auteur.

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Percevoir et traduire la violence verbale du peuple. De l’Ancien régime au XIXème siècle   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Face à l’archive, l’historien est d’emblée confronté à une langue sous l’emprise d’autorités détentrices de moyens répressifs et judiciaires lorsqu’il s’agit de contrôler les attitudes populaires, et tout particulièrement la violence verbale du peuple. Pour autant, il ne renonce pas à y recherche l’expression d’un singularité, au-delà de la simple mention de propos violents. Ainsi l’historienne Arlette Farge (1992) excelle dans l’art de rendre intelligible les paroles populaires, de leur donner une légitimité propre. Sous sa plume, la production politique de la parole populaire entre, avec le 18ème siècle, dans l’ordre de la vraisemblance en dépit de son désordre apparent. D’ailleurs, notre présente étude se veut un hommage au travail de cette historienne, étendu à la question de la violence féminine (Dauphin, Farge, 1997).

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Francia : la crisis social y el fantasma de Robespierre   Actuel

Par Hugo Moreno, Université Paris 8, texte publié dans Sin Permiso le 15 mars 2009



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"Parecen escucharse algunos ecos de Mayo 68, así como de 1848, y hasta el fantasma de Robespierre que parece preocupar al presidente Sarkozy. "Cuidado con los franceses, adoraban al rey y después le cortaron la cabeza", ha dicho. Quizá la intuición del político oportunista esté dando en el clavo." El presidente Sarkozy continúa su política de demolición de las estructuras económicas, políticas, institucionales del Estado de bienestar que aseguraron la prosperidad en la postguerra. Una tras otra son barridas por las "reformas" -en realidad las contrarreformas- inspiradas por la ideología del neoliberalismo de la derecha conservadora disfrazada con la impostura del reformismo. En poco más de un año, el "monarca electivo" no cesa en sus esfuerzos, inspirados tardíamente por la "revolución conservadora" del thatcherismo y del reaganismo. Paradoja de la situación, justamente en el preciso momento de su derrumbe, cuando aparece evidente el agotamiento del modelo neoliberal. El estado de gracia de Sarkozy se terminó pronto. El año 2009 comenzó con una resistencia social inédita, abarcando los más diversos sectores de la sociedad, movilizados desde abajo por la defensa de conquistas que costaron siglos de luchas en todos los planos.

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Après 1789, 2009 ?   Actuel

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La Révolution française, vingt ans après le bicentenaire, affleure à nouveau dans les discours publics. Le président de la République de reconnaître que ce n’est pas facile de gouverner un "pays régicide". Alain Minc de mettre en garde ses "amis de la classe dirigeante" en rappelant que 1789 a commencé en 1788 et qu’il faut sans doute savoir renoncer à certains privilèges. Jean-François Copé de déplorer "la tentation naturelle de refaire en permanence 1793".
Ces énoncés témoignent pour le moins d’une inquiétude : le peuple français ne se laisse pas si facilement gouverner, il a su et saurait peut-être à nouveau devenir révolutionnaire, voire coupeur de têtes. Parler de la Révolution française vise soit à la congédier en affirmant qu’on ne laissera pas faire à nouveau, soit à en faire le lieu d’une expérience utile pour ne pas répéter les erreurs passées. La violence doit aujourd’hui pouvoir rester symbolique et ne pas atteindre les corps. Pour ce faire, il faut savoir d’un côté la retenir, et de l’autre tarir les sources de son surgissement.

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Marat et la dictature : évidences lexicométriques, précisions philologiques, conceptualisation   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Je propose ici une relecture critique provisoire d'un ancien essai que j'ai écrit sur Marat (1). Relecture critique provisoire, parce que je suis encore occupé à croiser les évidences lexicométriques qui ressortent du corpus digitalisé des Oeuvres politiques, les vérifications sur les éditions sur papier déjà existantes les plus significatives et les rapprochements sur la Collection avec des corrections manuscrites de Marat, retrouvée par Charlotte Goëtz et Jacques De Cock en Ecosse à la bibliothèque des comtes de Rosebery et achetée par la suite par la Bibliothèque Nationale de Paris (indiquée désormais comme Collection corrigée) (2). Un travail long et difficile, mais point inutile, comme je crois qu'il en ressortira des exemples sur lesquels je m'arrêterai dans cette étude.

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Albert Mathiez, Les Grandes journées de la Constituante   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7

Un précieux petit livre d’un des meilleurs historiens de la Révolution française, déjà ancien et pourtant nullement dépassé pour sa méthode. L’objectif de Mathiez était de faire connaître les faits historiques au grand public, sous une forme attrayante et peu volumineuse. Son travail est une mise en scène de fragments de sources, de courts passages d’autres historiens qui ont particulièrement bien analysé ou bien raconté un fait et de quelques images de l’époque bien sûr. La mise en scène consiste à rendre clairs ce qui a conduit à ces « grandes journées », comme on les appela alors, et à relier entre eux ces morceaux choisis. Ainsi apparaît une histoire brève et en même temps détaillée et très vivante de six moments sélectionnés parmi d’autres, puisqu’il fallait se limiter, et significatifs de l’histoire de la première assemblée constituante de la Révolution en France, de 1789 à 1’achèvement de la première constitution, celle de 1791.

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Subversion politique et sémantique chez Thomas Paine   En ligne

"Lexique de la révolution, révolution du lexique : subversion politique et sémantique chez Thomas Paine", texte de Carine Lounissi (ERIAC-Université de Rouen) publié dans la revue Cercles, n°7, en 2003.

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Parlez-vous sans-culotte ? Le parler-peuple sous la Révolution   Mots

par Jacques Guilhaumou, Triangle, ENS-LSL Lyon

A propos de Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Tallandier, 2009, 575 p.

Michel Biard, historien de la Révolution française, nous propose un Dictionnaire historique, autrement dit contextualisé des expressions populaires que l’on pouvait lire dans le journal le Père Duchesne d’Hébert. L’originalité de ce travail précis et minutieux consiste à centrer notre attention sur un corpus, le Père Duchesne d’Hébert, qui occupe une grande place dans les travaux des historiens de la Révolution française, d’Albert Mathiez à Albert Soboul. Par ailleurs, c’est « l’écho sonore des sans-culottes » qui se fait entendre, – à l’égal de la voix du « peuple des groupes » disséminé dans les rues –, ce qui introduit une résonance avec les slogans des manifestations actuelles contestant la politique gouvernementale. Alors qu’un ministre de l’éducation se permet de dire devant des manifestants : « C’est encore ce peuple braillard et gavé de tout », de manière méprisante, et aussi quelque peu ordurière, le Père Duchesne est là pour attester qu’un tel « jean-foutre » se heurte à un « peuple débadaudé » et prompt à répondre à un tel mépris.

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Les étudiants de Grenoble prennent la Bastille   Actuel

Après avoir assisté à un cours d'Histoire en plein Grenoble (par C.Coulomb, maître de conférence en histoire moderne), plus de 200 étudiants, certains portant le bonnet rouge, et quelques enseignants-chercheurs se sont attaqués à la montée qui mène au fort de la Bastille (le fort qui domine la ville). S'en donnant à coeur joie, les étudiants armés de fausses fourches ont guillotiné (au cuter !) un personnage de carton représentant la LRU. Ce n'est pas encore l'ambiance de 1789, mais cette nouvelle prise montre la détermination des grévistes et leur opposition aux projets de réforme des universités.

La vidéo de cette journée du 25 février est en ligne sur le site Gre News

Républicanismes et droit naturel. Des Humanistes aux Révolutions des Droits de l'Homme et du Citoyen   Annonces

républicanismes et droit naturel

Les actes du colloque organisé par notre séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution en juin 2008 viennent de paraître aux éditions Kimé (avec le concours du CHISCO Paris Ouest Nanterre, ICT Paris VII Denis Diderot et IHRF Paris I Panthéon-Sorbonne). On trouvera ci-dessous l'introduction et la table des matières.

Républicanismes et droits naturels à l'époque moderne. Des humanistes aux révolutions de droits de l'homme et du citoyen, Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier (dir.), Paris, Kimé, 2009, 248 p.

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l’histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique". À partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit (1) ou Jean-Fabien Spitz (2) ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique.

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