Par Florence Gauthier, Université Paris 7 Denis-Diderot
Introduction de l'ouvrage de Florence Gauthier, L'aristocratie de l'épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de Couleur. 1789-1791, Paris, CNRS Editions, 2007, 448 p.
L’histoire du « préjugé de couleur » dans les colonies esclavagistes françaises d’Amérique, qui donna corps à l’établissement d’une « aristocratie de l’épiderme », a très insuffisamment retenu l’attention des historiens, à l’exception du beau travail d’Yvan Debbasch (1). L’histoire que nous proposons de retracer est celle de l’apparition de ce « préjugé de couleur », qui mit aux prises un nouveau parti de colons cherchant à imposer un ordre juridique ségrégationniste dans ces colonies, à la fin du XVIIIe siècle.
Ce nouveau « parti ségrégationniste » suscita la résistance des victimes de ce « préjugé de couleur », des colons métissés qui, de « sujets libres du roi de France » état dont ils jouissaient jusque-là, étaient menacés d’exclusions, dont nous verrons apparaître, peu à peu, diverses formes.
La résistance des victimes de ce « préjugé » connut, elle aussi, différentes phases et évolua, de la fuite pure et simple de la colonie dans un premier temps, à la prise de conscience éclairée qui permit l’action philosophique et politique pour introduire, dès les débuts de la Révolution en France, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur le continent américain.
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