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Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Valeurs républicaines : le retour ?   Actuel

Manifestation du 4 septembre 2010

Rue 89 a demandé à Patrick Weil et Dominique Borne de faire quelques rappels sur les valeurs républicaines à la veille de la manisfestation du 4 septembre :

"L'appel a été lancé en plein mois d'août, lorsque 40 associations, partis et syndicats ont répondu à l'appel de la Ligue des droits de l'homme afin de réagir au discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et au virage sécuritaire du gouvernement. La date choisie pour manifester ne doit rien au hasard : le 4 septembre, jour anniversaire de la proclamation de la IIIe République, une manière de réaffirmer l'attachement à des valeurs républicaines sérieusement mises à mal. C'est donc place de la République, comme il se doit, que les Parisiens sont appelés à se rassembler à partir de 14 heures, alors qu'au même moment des rassemblements se tiendront dans toute la France".

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Photographie de la manifestation du 4 septembre 2010, publiée dans la Photothèque du Mouvement Social. Le 4 juin 1793, une délégation du peuple (2 noirs, 2 métis, 2 blancs) intervenait à l’Assemblée Nationale pour exiger l’abolition de l’esclavage, portant le drapeau bleu, blanc, rouge sur lequel figuraient trois silhouettes noire, blanche et métissée symbolisant l’unité du genre humain.

"La liberté des nègres", par le citoyen Piis   Textes

Par Félix Mangano, Université Paris Diderot - Paris 7

Le texte de La liberté des nègres que l'on trouvera plus bas est tiré du recueil de Chansons patriotiques : chantées, tant à la section des Tuileries, que sur le théâtre du Vaudeville, par le citoyen Piis, an II (1794), p.32. Il est consultable sur Gallica. Cette chanson a également été imprimée sous le titre La liberté de nos colonies, vaudeville républicain chanté à la section des Tuileries le 20 pluviôse (voir sur Gallica). Antoine-Pierre-Augustin de Piis (1755-1832), l'auteur, est le fils de Pierre-Joseph Varennes, chevalier de Saint-Louis et baron de Piis, major au Cap et propriétaire au Dondon à Saint-Domingue, cité dans la Description Topographique, Physique, Civile, Politique Et Historique De La Partie Française De L'isle De Saint-Domingue, de Moreau de Saint-Mery (1796-1797). Descendant de colon, Antoine-Pierre-Augustin de Piis connaît bien les questions de la traite négrière et de l’esclavage dans les colonies.

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Réflexion sur les formes historiques et sociodiscursives de l'engagement en Révolution   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-Lyon/Université de Lyon

A propos de l'ouvrage de Guillaume Mazeau, Le bain de l’histoire. Charlotte Corday et l’attentat contre Marat (1793-2009), Paris, Champvallon, 2009, 427 pages.

La mort de Marat, le 13 juillet 1793, est un événement régulièrement revisité, de génération en génération, par les journalistes, par les érudits locaux et plus irrégulièrement par les historiens « universitaires ». L’originalité de la démarche de Guillaume Mazeau est de prendre parti, dès l’introduction, pour une histoire universitaire engagée à propos de l’assassinat commis par Charlotte Corday contre Marat. Il s’agit alors, entre histoire, historiographie et mémoire, d’entrer dans « une fabrique du passé » où se dévoilent des pratiques sociales enracinées dans l’événement « assassinat de Marat ». Ainsi l’attention de l’historien se porte prioritairement sur les formes de l’engagement qui se manifestent dans la multiplicité des expériences de l’événement autour de la figure de Charlotte Corday.

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L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (4)   Synthèses

Abolition de 1848 (détail) Biard

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après les volets 1, 2 et 3, voici la quatrième et avant dernière livraison.

1846 : l'abolition de l'esclavage en Tunisie

Les esclaves dans la région de Tunis
Le Bey de Tunis avait depuis longtemps sa garde d'élite et des forces militaires formées de captifs noirs que fournissait la traite transsaharienne. Au XIXe siècle, les esclaves étaient voués, dans les villes, à des tâches domestiques au service des couches aisées. L'esclavage à des fins économiques, s'il n'avait plus de place en ville, se maintenait dans les oasis du Sud.
En terre d'islam, l'affranchissement était traditionnel et pouvait prendre un caractère collectif à l'occasion de la naissance, du mariage ou du décès du maître. Les confréries des affranchies, politiquement protégées, encadraient la vie des nouveaux libres, mais servaient aussi de refuge aux esclaves fugitifs, enfin de conservatoire des cultures africaines noires, s'abritant sous un vernis islamisé.

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Calomnie, dénonciation et politique   Actuel

Par Emilie Brémond-Poulle, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Les révélations liées au scandale politico-financier Bettencourt/Woerth (*) ont entraîné une série de réactions vives de la part des députés, ministres et membres de l’UMP, accusant le journal en ligne Médiapart, à l’origine des révélations, de calomnie, pratiques fascistes et autres. Débutée, il y a plus d’un mois, la polémique s’est progressivement étendue, faisant feu de tout bois, pour finalement se recentrer sur les rapports entre le pouvoir et la presse. En dépit de sa disparition des « unes » au profit de nouveaux sujets, il semble intéressant de faire part des réflexions inspirées par cette affaire : de part son contexte et les sujets abordés, elle a fait écho à des questions rencontrées dans mon travail de thèse sur la pratique de la dénonciation politique dans L’Ami du Peuple de Marat entre 1789 et 1793 (1). Un parallèle avec la période révolutionnaire semble assez évident, puisque des événements ou des personnages ont été largement cités dans les débats et les discussions de ces derniers mois. Parfois utilisée comme exemple démocratique, en renfort d'un argument anti-gouvernemental, il est remarquable que la Révolution française ait principalement servi de contre-exemple dans les interventions des hommes politiques de la majorité.

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Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie   Annonces

Nous publions l'introduction du deuxième numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, « Les Abolitions, de la Normandie aux Amériques», (2009, 240 pages) sous la direction d'Eric Saunier, ainsi que l'éditorial du premier numéro qui présentait le projet.

Introduction du n°2
Par Eric Saunier, Université du Havre, CIRTAI

La publication du premier numéro des Cahiers de l’histoire et des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions en Normandie, en choisissant pour thème la traite et ses implications dans les villes portuaires négrières (1), avait pour objectif d’impulser une réflexion générale dont le but est de restituer la spécificité de l’histoire et de la mémoire de la traite des noirs, de l’esclavage et de leurs abolitions en Basse-Seine dans le cadre des questionnements contemporains concernant ce sujet. C’est également dans cette perspective qu’est placé ce second volume qui prolonge la journée d’études organisée le 7 mai 2009 à la Maison de l’Armateur. Il propose en effet de regarder, en partant du cadre régional, les conditions dans lesquelles se déroula le lent et complexe processus qui, du vote de la Convention le 4 février 1794 à la décision d’abolir l’esclavage au Brésil en 1888, aboutit à proclamer l’émancipation des esclaves. Le thème de l’abolition de l’esclavage est en effet un objet d’études privilégié pour réfléchir à l’existence de comportements régionaux originaux. Il permet aussi de valoriser un patrimoine mémoriel largement méconnu. Sur le premier plan, dans le contexte du retard historiographique affectant la connaissance du fait esclavagiste en Basse-Seine (2), l’étude de l’opinion face à l’esclavage fait en effet exception et, sur le plan mémoriel, la Normandie présente l’avantage de compter, avec le pasteur Guillaume de Félice (1803-1871), qui desservit l’Église de Bolbec entre 1828 à 1838, et le philosophe et député de la Manche Alexis de Tocqueville (1805-1859), deux figures majeures du combat pour l’abolition entre la Restauration et la Seconde république. Cet intérêt est accru par le fait que, comme le montrent les publications récentes (3), l’abolition est l’objet d’un renouvellement des études universitaires qui permet d’intégrer depuis peu son histoire (4) dans le cadre de l’histoire de l’évolution des idées et des mutations sociales qui touchèrent l’Europe au XIXe siècle.

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L'éloquence en France et en Angleterre   Textes

Paris et Londres en miroir

Fragment (117-124) tiré de : Paris et Londres en miroir. Lettres de voyage extraites du Babillard de Jean-Jacques Rutlidge, présentation et notes de Raymonde Monnier, Presses Universitaires de Saint-étienne, collection Lire le Dix-huitième siècle, 2010, 152 p.

Huitième Lettre du Voyageur Anglais (1778)(1)

Je vous suis obligé, mon cher Babillard, de m’avoir mis en liaison avec M. D**. Cet agréable et judicieux Français témoigne autant d’avidité de bien connaître mon pays, que j’en ai de m’instruire, par la pratique, et de me rendre familier tout ce qui concerne le sien. Jusqu'à présent des obstacles multipliés l’on empêché de franchir la mer, qui les séparent : en attendant le moment favorable, il donne régulièrement chaque jour, quelques heures à l’étude de la Langue anglaise. En général cependant, vos Français dédaignent assez tout autre langage que le leur : il y a trente ans, qu’un homme un peu familiarisé avec deux ou trois idiomes étrangers, aurait été un phénomène parmi vous. Le nôtre y acquiert tous les jours : M. D** ne s’est point contenté de l’étudier, assez pour entendre nos Livres ; il travaille encore à surmonter la difficulté, que ses Compatriotes trouvent presque tous à le prononcer : alternativement il vient s’entretenir avec moi un matin, et le lendemain je vais causer une heure ou deux avec lui : ainsi nous nous efforçons de nous rompre et de nous habituer mutuellement aux articulations et à l’accent des Langues française et anglaise, dont nous échangeons entre nous des leçons théoriques et pratiques.

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Les paysans haïtiens contre Monsanto   Actuel

Six mois après le séisme, les paysans haïtiens refusent le don d'un lot de semences hybrides par le groupe d'agrochimie Monsanto : "Nous nous battons pour notre souveraineté alimentaire et nos semences locales. Les dons de Monsanto sont une attaque contre l'agriculture paysanne et notre biodiversité", précise Chavannes Jean-Baptiste, le leader du MPP (Mouvement des paysans de Papaye). Selon Le Monde du 1er juillet 2010, "la polémique a débuté mi-mai lorsque le Père spiritain Jean-Yves Urfié, un Breton, chimiste de formation, qui a longtemps vécu en Haïti, a dénoncé sur Internet le don par Monsanto de "475 tonnes de semences OGM". Aux Etats-Unis, la mobilisation des altermondialistes s'est amplifiée après la publication sur le site du Huffington Post, d'un article de Ronnie Cummins, de l'association des consommateurs de produits biologiques. Il y dénonçait les "pilules empoisonnées visant à refaire d'Haïti une colonie d'esclaves, non plus de la France, mais de Monsanto et des multinationales de l'agrobusiness"."

Lire l'article du Monde et lire l'analyse de La Via Campesina du 22 juin 2010.

Nouvelle parution numérique : Karl Marx, Critique du droit politique hégélien (1843)   Outils

Le site des Classiques des sciences sociales propose un édition numérique du texte du Jeune Marx, Critique du droit politique hégélien rédigé en 1843 mais publié seulement en 1927, donc resté longtemps manuscrit. Ce texte est essentiel pour comprendre la manière dont Marx aborde la Révolution française, avant même qu’il s’engage dans de vastes lectures de textes révolutionnaires lors de son séjour à Paris à la Bibliothèque Nationale en 1844. On y trouve en particulier la fameuse formule « le pouvoir législatif a fait la Révolution française » qui nous renvoie à l’aptitude de la Convention Nationale à organiser un pouvoir universel au plus près d’une figure du peuple fondatrice de la démocratie.

L'exposition Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! (3)   Synthèses

Vincent Ogé 1790

Révolution Française.net publie en feuilleton les panneaux de l’exposition Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! coordonnée par Florence Gauthier. Après la première livraison et la deuxième, voici la troisième.

Les insurrections au nom du droit naturel dans la Caraïbe (1789-1802)

"Tous les esclaves ne font qu'un cri : liberté"
Dès la mise en place de la traite négrière et de l'esclavage, des résistances multiformes apparurent. Au XVIIIe siècle, les esclaves s'approprient la langue des Lumières pour légitimer leurs actions. L'exemple des Révolutions française et haïtienne renforce les aspirations à la liberté dans la Caraïbe et radicalise les objectifs insurrectionnels en visant la destruction du système colonial.

Saint-Pierre, août 1789. A la Martinique, des esclaves alliés à des "libres de couleur" tentent une insurrection dans la ville de Saint-Pierre, en soulevant les ateliers.

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Maison-musée de Saint-Just   Annonces

Inauguration de la nouvelle présentation de la maison-musée de Saint-Just à Blérancourt (Aisne) le samedi 26 juin 2010 à 11 heures :

"Réhabilitée et ouverte au public il y a 14 ans, la maison où le jeune Conventionnel avait vécu dès son enfance jusqu’en 1792, fait aujourd’hui peau neuve en introduisant des moyens numériques modernes. Cinq séquences retracent le parcours de Saint-Just en Révolution à travers cinq grands écrans tactiles; plusieurs niveaux de lecture (grand public, public érudit ou scolaires), permettront à chaque visiteur de suivre l'exposition virtuelle à son rythme. Le parti retenu a été celui de l'Histoire conjugué avec l'interactivité et l'évolutivité offertes par les moyens audio-visuels modernes, ce qui favorisera la mise en valeur du patrimoine historique de Blérancourt et permettra à la maison de Saint-Just de gagner en attractivité, tout en conservant son cachet original. Le projet s'est efforcé de rester le plus neutre possible afin que chaque visiteur se détermine en toute liberté face à ce destin si contrasté."

Voir le site de l'Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just pour le communiqué de presse et l'invitation

Médéric Moreau de Saint Méry contre Julien Raimond (1789-1791)   En ligne

Par Florence Gauthier, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Julien Raimond, comme Moreau de Saint Méry, ont été peu étudiés, mais déjà des préjugés ont campé nos deux protagonistes. Pour l’éternité ? Nous ne le souhaitons pas et allons tenter d’éclairer la biographie et la rencontre de ces deux personnages. Au passage, nous découvrirons la source de quelques-uns de ces préjugés.

Que dit-on de Julien Raimond ? Né en 1744 à Bainet, dans la province du Sud de Saint-Domingue, il mourut en 1801. Luc Nemours lui a consacré une brève étude, publiée en 1951, dans laquelle il le présente comme le chef des gens de couleur de Saint-Domingue. Dans son beau travail consacré à la catégorie des libres de couleur dans les colonies françaises de la Caraïbe de 1635 à 1833, Yvan Debbasch présente Julien Raimond comme un défenseur des libres de couleur. John Garrigus, dans une étude de 1990, estime lui aussi que Raimond s’est occupé de défendre les droits de sa couleur. Enfin, Pierre Pluchon, un historien qui ne cache pas ses préjugés racistes, dresse un portrait doublement péjoratif de Julien Raimond, l’un des chefs mulâtres libres qui fut, avec son gendre Pascal, un affairiste à la conduite trouble.

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1789 secondes   Actuel

A l'occasion du spectacle de rue 1789 secondes de la Compagnie Internationale Alligator , les habitants de Villeurbanne sont invités à rédiger leurs doléances. Présentation du spectacle : "Retour vers le passé, retour lointain jusqu’à la Révolution française. 1 789 secondes, création mouvementée et touchante de la compagnie Internationale Alligator, nous précipite dans ces années lumières obscures. La période est revisitée à trois cents à l’heure, la scène à 360° pour une performance qui joue avec la rue et l’explore sous toutes ses coutures. Le public, en plein coeur de l’action, se voit entraîné, interpellé, voire même choqué mais toujours impliqué puisqu’il passe tour à tour d’un rôle de citoyen à celui de député, puis de Tiers État ou encore d’armée en marche…
Réel pont entre passé et présent, la compagnie Internationale Alligator, qui arpente une nouvelle dynamique, offre ici un spectacle où les événements de l’époque résonnent malicieusement avec l’histoire d’aujourd’hui."

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La Bastille, ou « l’Enfer des vivants »   Annonces

Texte de présentation de l'exposition La Bastille, ou « l’Enfer des vivants » qui aura lieu du 9 novembre 2010 au 11 février 2011 à la Bibliothèque de l’Arsenal-BnF.

La Bastille, si présente dans la mémoire collective française, a disparu, mais ses archives, conservées à la bibliothèque de l’Arsenal continuent à la faire vivre. Lors de la prise de la forteresse le 14 juillet 1789, les émeutiers précipitent dans les fossés les archives qui y sont gardées. Après diverses tribulations, elles sont récupérées en 1798 par l’administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal. Plus ou moins oubliées, elles sont peu à peu « dévoilées » au cours du XIXe siècle, acquérant une aura chargée de mystère.
Organiser une exposition sur l'embastillement, sur le lieu même de conservation de ces archives, a donc paru une évidence. Construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, la forteresse a toujours joué le rôle de prison ; mais c’est à partir du règne personnel de Louis XIV qu’elle devient cette « Bastille de droit divin », prison politique fonctionnant sur le mode du « bon plaisir » et du secret. Des plus grands personnages jusqu’au petit peuple « maldisant », la Bastille accueille des prisonniers de toutes classes, et n’est nullement réservée à une élite sociale et intellectuelle, comme on l’a souvent imaginé. L’exposition entend montrer l’écart entre les réalités dont témoignent les archives, et les légendes qui sont attachées à la forteresse, donnant l’image réelle de la société d’Ancien Régime, jusqu’en ses dernières années.
Plusieurs pièces spectaculaires sont présentées comme la maquette monumentale de la Bastille ou la « chemise » de Latude portant un texte écrit avec son sang, mais surtout de fascinantes pièces d'archives, qui constituent le cœur de l’exposition. De ces documents souvent encore tachés de la boue des fossés, revêtus de signatures illustres ou couverts des humbles écritures des prisonniers, émane une indéniable force émotionnelle.

La Russie mise en "Lumières"   Annonces

Introduction de l'ouvrage de Marc Belissa, La Russie mise en "Lumières". Représentations et débats autour de la Russie dans la France du XVIIIe siècle, Paris, Kimé, 2010.

Belissa La Russie mise en lumières

Parmi les "idées reçues" sur la Russie recensées dans un petit livre récent (1) , on retrouve quelques topoi, forcément entendus ici ou là dans une conversation mondaine ou dans une "brève de comptoir" : la Russie est un pays aussi asiatique qu'européen… Les Russes ont l'âme slave… La Russie est archaïque… Les Russes sont toujours saouls… Les Russes aiment les pouvoirs despotiques… Les Russes sont brutaux… On pourrait continuer la liste indéfiniment tant ce type de lieux communs abondent toujours à l'ouest de l'Europe !

Ce qui est plus étonnant est de constater que nombre de textes de l'époque moderne, dès le XVIe siècle, et plus encore à partir du XVIIIe siècle quand la Russie fait réellement son "entrée en Europe", développaient déjà les mêmes idées reçues (avec, certes, quelques variantes). Ainsi, le capitaine Jacques Margeret au début du XVIIe siècle écrivait que les Russes étaient rudes, grossiers et sans politesse. A la fin du même siècle, le diplomate Foy de la Neuville ajoutait qu'ils n'étaient que des esclaves barbares, défiants et cruels. A la fin du XVIIIe siècle encore, le Dictionnaire universel de Jean-Baptiste Robinet reprenait l'antienne de la barbarie et de l'archaïsme russe : ils sont naturellement soupçonneux et sanguinaires. Ignorants et barbares, ils ne trouvent de plaisir que dans l'usage immodéré de la boisson la plus forte possible…

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