La République et le républicanisme polonais, modèles ou contre-modèles des Lumières ? Etudes
Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO
Cette étude est une première ébauche d'une introduction pour une nouvelle édition des textes de Mably sur la Pologne à paraître prochainement aux éditions Kimé. Elle a été présentée lors du séminaire L'esprit des Lumières et de la Révolution le 19 janvier 2007.
La république et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des « traditions » et des sujets de dissertation pour collégiens lecteurs de Tacite et de Cicéron. Il existe dans l’Europe moderne un certain nombre d’États républicains dont l’expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Ces républiques modernes sont des objets complexes et qui ne laissent pas facilement enfermer dans les catégories politiques actuelles. Dans un texte de 1762, Stanislas Leczynski, le roi détrôné de Pologne, et lui-même penseur du républicanisme polonais, fait la liste des États républicains de son temps, il distingue l’Angleterre, la Hollande, la Suède, la Pologne, Venise, les Cantons suisses et Gênes. Dans cette liste qui peut paraître étonnante, il existe au moins trois États couramment présentés comme des monarchies : l’Angleterre, la Suède et la Pologne. Pour Leczynski, comme pour beaucoup d’autres commentateurs, ces États sont pourtant des républiques, car le pouvoir royal y est très limité et la souveraineté n’y est pas exclusivement monarchique (1). S’il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance du modèle anglais dans la pensée des Lumières et si l’on connaît l’intérêt de Mably pour la Suède, on sait moins que la Pologne est également présente dans le débat sur la République en Europe occidentale.