par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen
Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.
Aborder le républicanisme pendant la Révolution française, dans une perspective politique contemporaine qui considère la république comme un horizon d'attente, suppose de mettre en évidence les filtres qui en prédéterminent la lecture et la compréhension.
La Révolution française a été l'objet d'usages historiques et politiques, souvent intenses, qui ont sédimenté et subsumé la complexité initiale. Ils résultent du poids de l'histoire de France et de ses mythologies, mais également des rapports complexes qu'ont entretenu le socialisme et la Révolution française, rapports qui en retour ont engendré le récit selon lequel cette période l'histoire constituerait peu ou prou un totalitarisme. Ces filtres, multiples, sont autant d'éléments d'oubli, ou de dévitalisation des principes d'une Première République qui est dès lors en déshérence : en France, on se penche plutôt sur le XIXe siècle qui semble être la ressource principale de l'idée républicaine ; par ailleurs, selon le paradigme de la « révolution bourgeoise », la Première République ne serait plus en phase avec les nécessités de l'histoire et aurait été dépassée par la perspective de la révolution prolétarienne ; enfin, si ce moment républicain est totalitaire, sa place n'est pas dans la modernité, dans notre actualité ou notre futur, mais du côté des monstres politiques, du stalinisme et du nazisme.
Je laisserai ici de côté le paradigme de la « révolution bourgeoise » dont Albert Mathiez a déjà souligné qu'il empêche de comprendre ce qu'il a nommé la « révolution sociale » de l'an II (1). Je me consacrerai à l'idéologie de la modernité en faisant un détour par « l'exception républicaine française ».
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