Biographies révolutionnaires Annonces

Le numéro 290 des Annales du Midi d'avril-juin 2015 est consacré aux biographies révolutionnaires (voir le sommaire). Introduction de Christine Peyrard qui a coordonné ce dossier :
Issues d’une journée d’études universitaire aixoise (1), ces contributions font suite au colloque international sur Peuples en Révolution (2), non point pour opposer les mouvements populaires aux parcours de vie, mais pour porter l’accent sur les engagements individuels permettant de mieux comprendre la Révolution française. Déjà, dans ce colloque, quelques protagonistes, célèbre comme Thomas Paine, ou anonyme comme Gertrude Verne, permettaient d’illustrer des prises de position révolutionnaire (3) et, chemin faisant, de retrouver la problématique des « intermédiaires culturels » qui avait, en son temps, marqué la recherche universitaire (4) et reste, aujourd’hui, encore une source de réflexions.
En effet, à partir de l’étude de cas de Joseph Sec, ce menuisier aixois qui était, à 75 ans, en 1792 un jacobin prononcé et qui exprimait ses convictions par la construction d’un curieux monument cénotaphe, Michel Vovelle s’est interrogé tant sur l’ascension sociale d’un fils de ménager de Cadenet devenu maître menuisier dans la ville parlementaire, que sur son engagement révolutionnaire et son univers mental à partir de son testament de pierre (5). Cette première biographie d’un inconnu de l’histoire (qui a permis la réhabilitation d’un monument aixois, désormais, « historique »), poursuivie par la mise en lumière magistrale de Théodore Desorgues (6), ce poète de la Révolution française complètement oublié, ouvrait la voie à une redécouverte de celles et ceux qui avaient fait la Révolution, comme à une réflexion sur l’émergence de groupes sociaux intermédiaires. Ce colloque aixois de 1978 offrait la possibilité d’approfondir la dialectique entre cultures populaire et savante et de sortir d’un dualisme sommaire. Car c’est bien tout un monde de l’entre-deux qui est à l’œuvre dans la construction d’une société nouvelle à partir de 1789, que ce soit dans la participation aux mouvements révolutionnaires, la démocratie électorale de l’an II, l’engagement clubiste jusqu’à la suppression des sociétés populaires après le 9 Thermidor ou le témoignage artistique. La Révolution, en rejetant les codes anciens de l’absolutisme monarchique et de la société d’ordres, est sans doute la période historique qui se prête le mieux à l’étude de ces « porte-parole » qui se multiplient, grâce à la liberté révolutionnaire et à la multiplicité des lieux de parole publique.