Par Renaud Quillet, Université d'Amiens

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Né en 1818, mort en 1878, Jules Barni a été élève à l’Ecole normale supérieure et major de l’agrégation de philosophie en 1840(1). Engagé de manière pionnière dans la traduction en français et l’exégèse de l’œuvre de Kant, il se sent appelé par les événements de 1848 à entrer activement dans le combat républicain et à développer sa propre conception du républicanisme. Il appartient à une génération qui doit défendre la voie républicaine contre la critique libérale professée au nom de la thématique de la « Liberté des Modernes », inaugurée par Benjamin Constant. Il est aussi et par là même l’un des acteurs d’un moment où la pensée républicaine se distingue et s’autonomise clairement de la pensée libérale, et, au moins pour partie, du socialisme. Tout en poursuivant durant près de trente ans son œuvre d’instigateur par excellence de l’appropriation française du kantisme, il va développer une théorisation de la République qui se forge au feu de la réflexion philosophique, bien entendu, mais aussi de l’expérience militante et électorale en 1848 et 1849, de l’opposition et de l’exil à Genève sous l’Empire, de l’activisme internationaliste et du compagnonnage avec Garibaldi, et enfin dans la collaboration avec Gambetta et la pratique politique dans les cercles républicains et au conseil municipal d’Amiens ainsi qu’au Parlement dans les années 1870. Avec une belle continuité, il articule ainsi autour de l’idée républicaine anthropologie, morale publique et privée, instruction publique, conceptions et pratiques constitutionnelles, économiques et sociales.

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