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Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La Révolution impossible, et pourtant là….   Recensions

Par Françoise Brunel, EA 127 « Modernités et Révolution », Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH/Université de Lyon

A propos de Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel, 2007, 394 pages, et Les Onze, Paris, Verdier, 2009, 137 pages.

Un projet littéraire sur la Terreur

Dans ses Propos sur la littérature, Pierre Michon revient à plusieurs reprises sur un projet de roman qui l’occupe depuis plus d’une dizaines d’années : « J’ai plusieurs textes en train. L’un d’eux est une fiction sur la Terreur de 93 » et de préciser l’environnement adéquat à l’écriture de ces projet : « …si bien que le Marat assassiné de David est là aussi à quatre ou cinq exemplaires, partout où je peux porter les yeux » (p. 67). Il précise : « Tout de même, en ce moment, pour le livre que j’écris et qui porte sur une période bien précise du XVIIIe siècle, j’ai des mètres et des mètres de documentation, sur les costumes révolutionnaires, sur un décret, sur n’importe quoi, sur tout » (p. 108). Il s’explique ailleurs plus longuement sur l’importance de l’enjeu de ce projet littéraire : « D’abord cette grande machine à propos de 1793, du moins autour, sur laquelle je suis depuis plusieurs années, ou ce que j’essaye d’affronter, c’est le nœud des arts et de la politique, l’éclipse de Dieu, le meurtre du père et le massacre réciproque des fils, et l’impuissance des arts à rendre compte, tout le fatras. Ou encore : pourquoi la Révolution française n’a pas produit d’œuvres d’art à la hauteur de l’événement ? Mais le problème est bien vaste pour moi, et cette histoire de Terreur me terrifie, littéralement je veux dire. Pourtant je suis heureux de ce que j’en ai écrit jusque-là, et si ça se trouve, c’est fini à mon insu…» (p. 158).

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The French Revolution in 2010: the Bicentenary comes of age?   Annonces

Call for Papers: Conference, University of Portsmouth, UK, 5-6 July 2010.

Associated emblematically with François Furet, the dominant historical interpretation of 1789 expressed in 1989 asserted, against an alleged Marxist orthodoxy, that control of politics through language was the overriding driver - and the fundamental problem - of revolutionary processes. Twenty-one years later, has such a view ‘come of age’ by standing the test of time, or is it challenged, undermined, or indeed overtaken by newer (or older) ways of seeing the conflict and crisis of late eighteenth-century France? Even more fundamentally, in 1989 the historiographical conflict over the Revolution took place within a cultural and historical frame that continued to acknowledge the events of 1789 as of world-historical significance: a significance seemingly reinforced, though in unpredicted ways, by the upheavals of 1989 itself in Europe. Can we still claim that the French Revolution has resonances in the present, and if we can, are those echoes the old ones of social structure and political control, or newer ideas of cultural influence? To debate these issues, the University of Portsmouth is hosting an international conference on 5-6 July 2010. Proposals for papers (20-25 minute duration) are invited on any aspect of the origins, antecedents, precursors, events, processes, structures, proponents, opponents, outcomes and heritages of the French Revolution. Interdisciplinary studies and reflections are particularly welcome. A broad range of individual perspectives is sought, but presenters are also encouraged to respond to the larger issues raised above, particularly through contextualising individual research projects.

Please send abstracts of proposed papers (250 words) and a brief CV (2 pages max.) to david.andress@port.ac.uk
The closing date for this call is 1 October 2009.

Making Sense of Thomas Paine   En ligne

A l'occasion du bicentenaire de la mort de Thomas Paine, le numéro 4 de la revue en ligne Common Place (juillet 2009) lui consacre un dossier : textes de J. M. Opal ("Common Sense and Imperial Atrocity"), Matteo Battistini ("Radical Revisions") et Nathalie Caron ("Debating Freedom of Speech and Conscience").

A Revolution in Fiction: the Navigation of Feeling   En ligne

A Revolution in Fiction is designed as a collaborative weblog to encourage exchanges among literature, history, art history, and the human sciences across the ages, and more particulary during the French Revolution.

Revolution Now: We hope to explore and publicize new findings about French revolutionary art, literature, and culture, and to inspire more research on the little-known, transitional period between the ancien régime and modernity (1780-1830).

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Un discours de Danton à la Convention le 31 mai 1793   Textes

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Lors de la très longue séance à la Convention du 31 mai 1793, Danton prononce, au cours de la matinée et parmi les premiers intervenants, un discours « sous le rapport politique » fort de sa légitimité acquise en tant que rapporteur du Comité de Salut Public trois jours plus tôt, le 28 mai. Alors que Thuriot « réclame la cassation de la commission extraordinaire des douze » mise en place sous la pression du côté droit, et qui a arrêté, puis relâché des magistrats du peuple, en particulier Hébert, Vergniaud s’y oppose en demandant l’ajournement de cette proposition. Danton intervient alors sur ce sujet précis, en soutien de Thuriot, selon une argumentation précise, organisée par séquences, dont nous allons analyser d’abord succinctement la disposition rhétorique, avant de publier le discours lui-même.

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Le sans-culotte comme emblème   Recensions

Par Emilie Bremond-Poulle, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

A propos de l'ouvrage de Michael Sonenscher, Sans-Culotte an Eighteenth-Century Emblem in the French Revolution, Princeton, 2008.

Michael Sonenscher, enseignant chercheur au King’s College, Université de Cambridge, entreprend dans cet ouvrage l’examen de l’expression « sans-culottes » sous un angle nouveau. Il dévoile comment, avant de refléter le mouvement révolutionnaire parisien, cette expression était employée dans les salons du XVIIIe siècle. Ainsi, en introduisant son livre, il annonce « C’est un livre à propos des sans-culottes et du rôle qu’ils ont joué dans la Révolution française. C’est aussi un livre à propos de Rousseau, et non moins à propos des salons »(1). Il s’agit donc ne pas faire de confusions, Michael Sonenscher, historien spécialisé dans l’histoire économique et de la pensée politique au XVIIIe, ne cherche pas à refaire l’histoire du mouvement sans-culotte, mais à livrer une vue plus globale sur l’histoire des idées aux XVIIIe, en appuyant sa réflexion sur les usages de cette expression. Développant autour de deux de ses domaines de prédilection, l’économie et la pensée politique, son livre englobe avec adresse des sujets variés : allant de l’usage des références à la philosophie antique au cours du XVIIIe aux réflexions physiocratiques sur la propriété. Le résultat en est un ouvrage relativement long et dense, divisé en six chapitres.

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Souveraineté populaire : de quoi parle-t-on ?   Notions

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tous.

En France aujourd’hui, du fait de notre constitution politique, nous sommes soumis à un despotisme que le président de la République est en train de transformer en tyrannie, en restant sourd aux cris du peuple comme à ses manifestations diverses de résistance, manifestations qui montent en puissance depuis maintenant trois mois. Ces tendances despotiques et tyranniques sont relayées et renforcées par le système européen, qui opère par diktats pour imposer la « globalisation », qui n’est autre que la soumission volontaire à l’impérialisme des multinationales, façonnées sur le modèle des Etats-Unis. Le système européen qui sert de relais à cette « mondialisation », refuse lui aussi d’entendre le Non ! des peuples, qui se sont exprimés contre le projet de constitution. Résultat, ce système est en état de violation de la souveraineté populaire et donc en état d’illégitimité et d’illégalité depuis 2005. La crise financière, économique, sociale est utilisée comme prétexte pour mettre la politique au service des banques et accélérer, ce qu’en France, notre chef de gouvernement appelle les « réformes pour lesquelles j’ai été élu », réformes qui ne sont autres que la continuation de l’entreprise de démolition, qui a débuté il y a plus de 30 ans, des protections sociales mises en place à partir de 1946, sous les formes principales d’une désindustrialisation du pays et de la casse des services publics. Les coups portés, que l’on peut mesurer à la montée spectaculaire de la misère, de la pauvreté, du chômage, et la perspective de leur accroissement quasi quotidien, ont fait réapparaître à grande échelle peur et démoralisation, qui nourrissent ce que La Boëtie a appelé la Servitude volontaire, texte qu’il a écrit contre les tyrannies de son époque (1).

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Murder in Aubagne. Lynching, Law and Justice during the French Revolution   Recensions

D. M. G. Sutherland, University of Maryland, College Park.

A propos d'un ouvrage et d'un débat

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", Université de Lyon, CNRS-ENS/LSH

Bien connu des historiens de la Révolution française, par ses nombreux livres et sa publication en 2003 d'un ouvrage collectif sur Violence et Révolution française (1), Donald Sutherland s'intéresse, dans son dernier ouvrage sur "Murder in Aubagne", aux luttes de factions, et à leur arrière-plan de pendaisons et d'assassinats commis pendant la Révolution française à Aubagne,"ville agraire" proche de Marseille d'environ 7.000 âmes, 60% de la population y vivant, d'une manière ou d'une autre, de l'agriculture. Le centre du propos de l'auteur porte donc sur le "le factionalisme" qu'il considère comme la source essentielle des événements révolutionnaires locaux, et donc leur explication la plus pausible, ce qui l'incite à étudier de manière minutieuse la part de responsabilités des autorités locales dans leur déroulement.

A ce titre, les enjeux idéologiques sont mis au second plan, ou tout du moins sont perçus seulement comme des effets - voir par exemple la qualification "contre-révolutionnaires" par les Jacobins - d'une lutte de factions, avec la volonté de la faction dominante du moment d'éliminer physiquement ses adversaires. Ainsi la lutte continuée contre "les ennemis du peuple" permet à l'une des factions en présence de l'emporter sur l'autre, au gré des retournements politiques nombreux dans le Midi de la France (la révolution, le fédéralisme, la contre-révolution).

Par ailleurs, tout en émettant un point de vue particulier sur la révolution à Marseille, longuement décrite dans sa relation à la vie politique de la commune proche d'Aubagne, cet historien américain ouvre un débat, en particulier avec les travaux d'histoire sociale et politique, sur Aubagne et sa région, d'un jeune historien français, Cyril Belmonte.

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"Allégorie forever", opéra farandole sur la Révolution française   Annonces

Vendredi 12 juin 2009, au Centre culturel Aragon à Oyonnax, création d'Allégorie forever. Cet opéra farandole initié par le Centre culturel de rencontre d'Ambronay a pour objectif d'amener des élèves à s'épanouir à travers une pratique artistique régulière et pluridisciplinaire en les faisant participer à la création d'un opéra. Le livret a été confié à une historienne, Sophie Wahnich et à un metteur en scène Pierre Kuentz, la musique contemporaine à Marie Hélène Fournier. Associés aux enfants, des artistes professionnels (chanteurs, instrumentistes, chef de chœur, metteur en scène, etc.) travaillent depuis deux ans.

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Journée d'étude "Thomas Paine et la Révolution française"   Annonces

Cette journée d’études, organisée par Carine Lounissi à l’occasion du bicentenaire de la mort de Paine, se tiendra à l'Université de Rouen (site de Mont-Saint-Aignan, Maison de l’Université – Salle des associations) le 19 juin 2009.

Programme de la journée et plan d'accès

Peuple et violence dans l’histoire de la revolution française   Réplique

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La violence politique dans l’historiographie de la Révolution française

Si l’histoire de la Révolution française ne se limite pas, fort heureusement, à l’analyse de la violence qui s’y est déployée, cette violence semble encore la frapper aujourd’hui d’un discrédit qui conduit à plusieurs impasses historiographiques. La première consiste à éviter soigneusement d’en parler pour ne pas réveiller des démons et ainsi faire comme si les droits de l’homme et du citoyen n’avaient pas eu besoin de la violence populaire pour être ratifiés par le roi, dès octobre 1789. La violence de la période révolutionnaire est traitée comme un épiphénomène, ou comme un secteur d’histoire qu’il faudrait traiter à part. La seconde consiste à en parler d’une manière quasi expressionniste à l’aide d’un vocabulaire choisi dans le registre thermidorien : « spectre », « violence débridée », « surenchère », « gouffre », « anarchie », et de refuser d’en analyser les enjeux théoriques pour en faire une pure pragmatique du fait révolutionnaire. La Révolution française devient alors un ring où tous les coups semblent possibles, permis ou acceptés en l’absence d’arbitre, puisque l’État, qui dans ce récit se doit de réprimer, est décrit comme « faible »(1).

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Directoire, triumvirat et despote   Mots

Les débats bachelotiques autour de la “gouvernance” des hôpitaux sont au moins d’un grand intérêt sémantique ; trois mots y reviennent comme une litanie : directoire, triumvirat et despote. Notons d’abord que Sarkozy a parlé de “despote absolu”, et qu’il aurait pu faire l’économie de l’adjectif (en ces temps d’économies budgétaires) car le despotisme implique l’absoluité.

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La représentation de l'événement révolutionnaire ou la peinture à l'épreuve de la gravure   Etudes

Par Philippe Bordes, Institut national d’histoire de l’art, Paris

Le Dix-Août de Bertaux

Le Dix-Août de "Bertaux", (1) conservé au château de Versailles, est une peinture célèbre, souvent exposée, souvent reproduite (voir sa reproduction en grand format). Aux yeux des historiens qui l'invoquent, c'est un témoignage visuel de l'époque révolutionnaire allant de soi, pouvant être reproduit presque sans commentaire. L'œuvre est considérée comme l'illustration fidèle d'un événement majeur. On sait qu'elle fut exposée au Salon de 1793, exactement un an après la scène historique représentée. Elle s'intègre dans l'effort concerté des révolutionnaires pour solenniser le souvenir de cette journée décisive. Telle une veduta, la reconstitution de l'événement sur la toile prétend à une grande exactitude. La façade des Tuileries que l'on voit sur la gauche, les costumes militaires et civils, les cadavres, les mêlées et charges confuses des combattants, soulignent les visées documentaires de l'auteur. A tel point que l'analyse de l'image sert généralement non pas à révéler l'invention et l'imagination qui sont au cœur de la création artistique, mais à développer un discours peu critique fondé sur l'idée d'une sorte de vérité de la représentation. (2) Pourtant, quelle que soit l'intensité des contraintes documentaires exercées par l'actualité sur une représentation peinte ou gravée, celle-ci reste une construction imaginaire élaborée à partir de codes visuels. (3)

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Les discours de la haine   Annonces

Introduction et table des matières de l'ouvrage dirigé par Marc Deleplace, Les discours de la haine. Récits et figures de la passion dans la cité, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.

deleplace discours de la haine

La haine n’est certes pas une passion inconnue des historiens, qui interroge les comportements collectifs et pose au plus haut point la question des conditions de la destruction du lien social, lorsqu’elle s’exprime sans frein, et du rétablissement de l’ordre rationnel de la Cité, par les procédures de contrôle qu’elle implique. Elle n’est pas non plus un objet indifférent à l’historien si l’on s’en tient, parmi d’autres, à un certain nombre de travaux qui ont d’ores et déjà porté leur attention sur ses manifestations sociales, qu’il s’agisse, dans l’ordre politique, de la haine de la royauté dans la république romaine, ou, touchant à l’ordre social, le surgissement de la haine et son contrôle dans l’espace de la commune médiévale. Haine politique ou haine sociale ne sont donc pas des angles morts de l’interrogation historienne, bien au contraire. Mais prolonger la réflexion sur la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d’une approche historique. Approche qui peut s’inscrire dans une démarche d’historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste, puisque telle est la perspective tracée par le présent colloque qui a souhaité croiser les regards de ces spécialités apparemment éloignées les unes des autres par leurs objets, par leurs méthodes d’investigation, par les langages mêmes qui sont les leurs.

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Une citoyenneté sans identité nationale : raviver le désir de la marche pour l’égalité   Actuel

Par Saïd Bouamama, acteur de la Marche pour l’égalité de 1983, et Sophie Wahnich, historienne (Laios-CNRS)
Dialogue publié dans la revue Vacarme n°46

Paris, 21 Novembre 2008

Sophie : En 1986, je travaille sur l’étranger dans la Révolution française, j’espère explicitement trouver dans ce moment historique un modèle d’hospitalité qui vienne contrecarrer la politique de Pasqua et donner des outils pour imaginer une autre république, fidèle à ses principes : une humanité une, une égalité entre les hommes, égalité faite de relations libres et réciproques entre les citoyens et entre les peuples. Au XVIII e siècle, la notion de nationalité n’est pas encore constituée, encore moins la notion d’Etat-nation. Le roi donne cependant des lettres de « naturalité » aux étrangers qui en font la demande et la souveraineté du peuple se dote d’une assemblée nationale constituante. Un écheveau d’ambiguïtés ? Des difficultés pour le moins à venir. Cette capacité à découpler ou à rendre moins exclusif le lien entre citoyenneté et « naturalité française » selon les termes de l’époque, a de fait bien existé pendant la Révolution française. Autour du « nom français », ce qui se jouait n’était pas une identité nationale mais une manière d’être au monde et de vouloir y jouer un rôle.

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