L’imaginaire de la Constitution de 1789 à 1830 : symbolique d’union ou de division politique ? Etudes
par Rolf Reichardt, Universität Gießen
Lorsque, pour célébrer la Révolution, l’Association pour le développement de la Philatélie française émit en mars 1989, avec souscription réservation, une série de timbres dont l’ensemble représente la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 89 (1) , elle fit preuve d’une fine intuition des sentiments majoritaires de la population. Car suivant les sondages du Figaro Magazine et de Sofres-L’Express, trois quarts des Français regardaient alors la Déclaration comme le meilleur symbole positif de la Révolution – consensus national minimum bientôt familièrement dénommé « droitlomisme (2) ». Et en s’inspirant d’un placard illustré de 1789 , représentation contemporaine la plus connue et la plus solennelle de la première Déclaration (fig. 1), la série de timbres-poste suggère que cela a toujours été ainsi. Or s’il convient d’en douter partiellement, cette libre interprétation d’une estampe n’en semble pas moins symptomatique d’une imagerie révolutionnaire qui, munie de ses procédés spécifiques d’expression, a laissé sur les esprits une empreinte plus profonde et plus durable que la logomachie mise en scène dans les assemblées et dans la presse : un processus de visualisation et de commémoration emphatique dont la présente communication veut esquisser quelques lignes de force.