Par Françoise Brunel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Clore le gouffre de la Terreur » (1), est la version française originale de la communication présentée à la Conférence internationale sur la Terreur dans la Révolution française organisée, à Stanford University les 10-13 décembre 1992, par Keith Michael Baker, Steven Lawrence Kaplan et Colin Lucas. Le texte a été publié en anglais sous le titre « Bridging the Gulf of the Terror » dans The French Revolution and the Creation of Moderne Political Culture, volume 4, The Terror, sous la direction de Keith Michael Baker, Oxford, Pergamon Press Elsevier Science, 1994. Comme certaines réflexions et pistes de recherche ont trouvé un écho dans de récents travaux, nous n’avons pas jugé inutile de le publier en français, la publication en langue anglaise étant demeurée confidentielle dans les bibliothèques françaises. S’agissant d’une version originale, nous n’avons modifié ni le texte ni les notes, hormis de rares précisions historiographiques indispensables aujourd’hui et indiquées en caractères gras.(FB)

Que l’an III pouvait être « une mine d’or pour l’étude de l’an II », Richard Cobb l’a écrit et démontré par ses travaux (2). En d’autres termes, parler de mettre fin à la Terreur, c’est encore parler de la Terreur. Quel est le statut juridique de la Terreur ? Quel est surtout son lien avec le Gouvernement révolutionnaire ? Quel est, enfin, le régime qui, de thermidor an II à brumaire an IV, durant quinze mois, gouverne la France ? Et, dès lors, quelle peut être l’interprétation du 9 thermidor et celle du « moment thermidorien » dans la « synthèse républicaine » (3). Interrogeons ces mois intenses qui, de la chute de Robespierre à la mise en œuvre d’une nouvelle constitution, voient la fin, non de la Montagne, mais de la Terreur, non le démantèlement, mais l’investissement du Gouvernement révolutionnaire pour une création politique originale, un Gouvernement révolutionnaire sans Terreur – mais non sans une certaine contrainte – sous la conduite d’une coalition de Montagnards, de députés de la Plaine et bientôt de Girondins, réintégrés de frimaire à ventôse an III.

Lire la suite