Sieyès et les origines de la « science naturelle de l’état social » Etudes
par Reinhard Bach, Université de Greifswald
De nombreuses publications ont ces derniers temps jeté un éclairage nouveau sur le rôle joué par l'abbé Sieyès dans le contexte de la Révolution. Si ce rôle apparaissait pour l'historiographie traditionnelle de moindre importance face aux grands noms de l'époque tels Robespierre, Danton, Mirabeau, Condorcet...et en règle générale marqué par des contradictions apparentes, ce jugement a été révisé, sur des points importants, au plus tard depuis les travaux de Bredin, Guilhaumou, Pasquino, Chr. Fauré, Quiviger entre autres (1). Les études les plus récentes ont ceci de commun, c'est qu'elles soulignent l'influence personnelle qu'a, en fait, exercée l'abbé Sieyès sur les événements politiques de 1789. Ceci concerne en particulier leur orientation intellectuelle, tout particulièrement l'impératif de répondre de façon innovatrice aux défis de nature totalement nouvelle lancés par la pratique politique, comme par exemple la mise en œuvre des idées démocratiques modernes, la revendication de la souveraineté politique émanant de la nation, mais également la réalisation dans les faits au niveau politique du libéralisme économique, ceci en harmonie avec les droits de l'homme et du citoyen qui venaient d'être déclarés en toute solennité. Certains aspects des contradictions dans les positions politiques de l'abbé ont été relativisés dans ce contexte, notamment grâce à l'accent mis sur son originalité. Ceci mis à part il existe toujours cependant des jugements historiographiques contradictoires, reflétant par là l'énorme complexité de la situation révolutionnaire des années allant de 1789 à 1799.