La Terreur comme état de siège fictif civil et comme fraternité Annonces
mercredi 21 janvier 2009Extrait du chapitre IV de l'ouvrage d'Anne Simonin, Le déshonneur dans la République : une histoire de l'indignité (1791-1958), Paris, Grasset, 2008, p.263-269
La Terreur, en principe à l’ordre du jour depuis le 5 septembre 1793, et l’instauration du gouvernement révolutionnaire, le 10 octobre 1793, constitue la période la plus controversée de la Révolution, celle qui fera l’enjeu des interprétations les plus opposées, sans que l’on parvienne encore aujourd’hui à s’accorder sur la nature de l’ordre public mis en place. Saturée de commentaires, la Terreur n’en demeure pas moins une « énigme ». La Terreur est le nom générique donné à la période comprise entre le printemps ou l’été 1793 et l’été 1794. Cette époque, asssez brève – en gros, une année – a sa temporalité. On « entrerait » dans la Terreur avec la constitution du « grand comité » de Salut Public, le 10 juillet 1793 ; on « sortirait » de la Terreur avec la mise en accusation, les décrets de mise hors de la loi et l’exécution de Robespierre, de vingt et un députés robespierristes, les 9 et 10 thermidor an II (27-28 juillet 1794), et de quatre-vingt-trois personnes les deux jours suivants. Divisés sur la fin de la Terreur, les historiens ne se sont jamais mis d’accord sur la date de son inauguration : « Il n’existe pas de consensus sur une date ou un événement qui symboliserait le début de la Terreur. » L’indétermination des bornes chronologiques ne trahit pas une obsession positiviste, mais bien plutôt une difficulté à penser la Terreur, et l’étonnante résistance d’une période dont l’histoire ne reste pas à faire, parce que beaucoup a été fait et écrit, mais dont l’interprétation n’est pas épuisée.
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Voir aussi le compte-rendu de Bruno Bernardi dans La vie des idées