De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l'Ancien Régime et pendant la Révolution Etudes
jeudi 1 mai 2008Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II
En 1793 est publié un petit texte anonyme intitulé Réponse à l'impertinente question : Mais qu'est-ce qu'un Sans-Culotte ? (1) On pourrait parodier ce titre et se demander Mais qu'est-ce qu'une femme du peuple pendant la Révolution ? Dans la représentation que l'on en donne, est-elle d'abord femme, est-elle d'abord peuple ? Comment faire coexister dans la même image l'appartenance au sexe féminin privé de droits politiques et l'appartenance au peuple devenu Peuple Souverain ? Comment concilier la douceur que l'on aimerait être celle des femmes et la violence que l'on dit être celle du peuple ? Moins naïves ou impertinentes qu'il n'y paraît, ces questions indiquent d'emblée qu'il n'y pas une représentation des femmes du peuple, mais plusieurs : point de dessin au trait ferme et assuré, mais une série de croquis plus ou moins bien ébauchés, superposés ou opposés, selon les choix politiques du dessinateur, selon qu'il mette en avant le segment "femme" ou le segment "peuple", selon les couleurs qui l'emportent à tel moment dans la représentation dominante des femmes ou du peuple, et selon, ne l'oublions surtout pas, l'action même des femmes du peuple. On voudrait donc montrer ici comment ces diverses représentations sont construites en fonction d'arrière-plans politiques et idéologiques, et interroger en parallèle le rapport complexe, mais central, entre femmes, peuple, droits, représentation.
Poissardes, rosières et Tiers Etat
A la fin de l'Ancien Régime, les choses sont relativement simples. Le peuple est sujet et non citoyen, il ne possède pas les droits politiques. Et ce peuple sujet, souffrant ou révolté, est bien composé d'hommes et de femmes. Autrement dit : il y a bien une place dans l'imaginaire social pour les femmes du peuple, une place plus proche de celle des hommes du peuple que de celle des femmes d'autres milieux.
Les femmes du peuple sont représentées comme des mégères fortes en gueule sachant se faire entendre : on songe bien entendu au personnage littéraire de la poissarde, parodie d'un "bon peuple" grossier et naïf au langage pittoresque et cru, dont raffole la bonne société de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le Tableau de Paris (2) en donne une image proche : soucieux de peindre le "réceptacle de la lie du peuple" à ses "délicats lecteurs", Mercier observe la compagnie d'un cabaret des faubourgs :
"A la moindre contradiction, le visage de telle femme se tuméfiait ; l'autre jurait avec emportement : mais les hommes cédaient constamment à la voix de ces femmes. Une rixe s'étant élevée, et une femme ayant pris au collet un homme, et le secouant vigoureusement, son voisin calma tout à coup sa colère, en lui disant : Assieds-toi, c'est une femme qui parle. Les femmes criaillaient, et les hommes écoutaient. La langue n'était jamais rebelle à leurs expressions. Elles avaient un caractère de liberté absolue, et leur idiome grossier rendait facilement toutes leurs idées."(3)
Cette vigoureuse femme du peuple est aussi présentée dans plusieurs témoignages comme une émeutière en puissance, qui trouve avec évidence sa place dans la foule en colère, souvent aux premiers rangs. On se méfie de son humeur, qui peut la rendre, dit-on, "excessive" ; en 1790, les autorités s'inquiètent par exemple de la concentration de femmes dans les filatures ouvertes par la Municipalité parisienne pour les indigentes : "il y en a dans les femmes surtout qui sont terribles, et vous savez comme moi /.../ que l'on a plusieurs exemples de révoltes excitées par des femme" ; "cela aigrit l'humeur bilieuse de ces femmes qui en tout temps ne valent pas grand'chose, et encore moins lorsque la bile est en fermentation"(4). Humeur et bile renvoient à l'instinct, et les éventuelles protestations des ouvrières sont mises au compte de dérèglement corporel : rien là que de très courant au XVIIIe siècle lorsqu'il est question des femmes, ou lorsqu'il est question du peuple.
Mais revenons à Mercier. Homme de lettres engagé, il reflète le regard ambivalent porté par les milieux éclairés sur le peuple, plaint quand il souffre, craint quand il relève trop vivement la tête, barbare à civiliser et bon sauvage proche de la nature. Dans son Tableau, il fait la part belle aux femmes du peuple, en naviguant entre observations fines, corroborées par les archives, sur leurs occupations et leur place dans la cité, et descriptions relevant de l'imaginaire social. Bref, ce texte est à la fois témoignage sur leur vie et sur les représentations - qu'il contribue d'ailleurs à forger - que l'on a d'elles. Il est l'un des rares à décrire la dureté de leur travail, ignoré par la littérature de divertissement ou de réflexion et traité sous des dehors aseptisés et joyeux par l'iconographie (5) : avec des mots qui appellent la compassion, Mercier insiste lui sur les souffrances, l'effort qui déforme les corps, altère les voix. Sont-elles encore femmes ces "malheureuses créatures" dont le sexe (la féminité) est "défiguré" par "le hâle, le travail journalier, l'endurcissement des bras, le calus des mains" ? Oui, répond l'auteur au lecteur qui pourrait en douter, "leur sexe n'est point anéanti pour l'œil sensible" (6).
Ailleurs, il revient sur le thème de la liberté : de même qu'elles ont un langage libre, les femmes du peuple possèdent, grâce à leur travail et à leur maniement de l'argent, une relative indépendance que ne connaissent pas les autres femmes (7). Il est beaucoup moins original lorsqu'il s'attarde sur la jeune fille du peuple, beauté fraîche au joli minois, aux poses gracieuses même au travail ; mais sa simplicité et son innocence sont menacées de tous côtés et, en ville, ne sont pas appelées à durer bien longtemps : dévergondée par des compagnes à peine plus âgées, séduite par la vie facile, les équipages et bijoux que lui promettent des hommes riches, elle est, par sa nature même de femme (attirée par le luxe et la parure), de jeune (attirée par la facilité), de pauvre (attirée par l'argent), la proie potentielle du libertinage, une prostituée en puissance pour classes sociales supérieures. La description de la boutique de la marchande de mode évoque d'ailleurs plus un lupanar de luxe exposant publiquement des beautés populaires qu'un atelier où l'on travaille (8).
Quand il s'agit du peuple, la frontière est bien floue, dans les représentations - et les fantasmes des hommes qui écrivent ou dessinent -, entre innocence et effronterie, timidité et appels dérobés, yeux baissés et clins d'œil en coin. Comme pour les poissardes, on retrouve cette image convenue dans la littérature et l'iconographie du temps. Moins banale est la comparaison que fait Mercier entre la beauté des femmes du peuple et celle des femmes riches. Ce n'est plus alors l'homme vaguement concupiscent et égrillard sous couvert de morale qui domine, mais le réformateur, le champion du Tiers Etat contre la noblesse. Il oppose la beauté populaire, "naturelle", "simple", "fraîche" à la "laide femme de qualité", dénaturée par "son rouge, ses diamants, sa pâte luisante sur le visage", sa perruque, son parfum et autres signes de sa supériorité sociale. Dans ces passages, la femme du peuple représente le Tiers : sa beauté idéalisée est sans fards, son corps sain promesse d'avenir, alors que l'aristocrate tente en vain de cacher sa décrépitude, de retenir le temps par des artifices qui ne font que la conduire plus sûrement au déclin (9).
La métaphore sur le naturel et la santé populaires opposés à l'artifice et à la dégénérescence de la noblesse est fréquente à la fin de l'Ancien Régime (10) : ce qui nous intéresse ici, c'est que la femme du peuple est utilisée pour représenter l'ensemble du peuple dans un discours politique. Or cette capacité de représentation se retrouve ailleurs. En 1773-1774, un procès oppose le village de Salency à son seigneur à propos de l'élection de la rosière ; les avocats des villageois en font un symbole, identifiant Salency à la Nation et le seigneur à l'autorité monarchique. Et c'est la rosière qui incarne Salency, et par extension la Nation dont la renaissance est symbolisée par la vertu de la jeune fille (11). De même, pour illustrer en 1789 le conflit entre les trois ordres, on n'hésite pas à représenter un paysan ou une paysanne courbé/e sous le poids du/de la noble et du prêtre/de la religieuse qui le/la chevauchent ; quelques mois plus tard, le Tiers a triomphé et les rôles sont inversés ("J'savois ben qu'jaurions not tour") mais toujours déclinés au masculin et au féminin.
Ainsi, sans en avoir l'exclusive, les femmes peuvent-elles au seuil de la Révolution, au même titre que les hommes, représenter le peuple, que ce soit à travers les images de la poissarde, de la rosière ou de la paysanne accablée par les privilégiées. Et les représentations que l'on donne d'elles additionnent celles que l'on a de la femme et du peuple. En ce sens, on peut dire que, pour les élites sociales et culturelles, les femmes du peuple, parce que femmes, sont encore plus peuple : plus instinctives, plus sauvages, plus inconstantes, plus faciles à séduire, voire aussi plus susceptibles d'attendrissement apitoyé. La question qui se pose maintenant est double : ces représentations sont-elles modifiées pendant et par la Révolution ? et que devient la capacité féminine à représenter le peuple dès lors que celui-ci n'est plus sans droits ?
La disparition des femmes du peuple
Une première constatation, au premier abord assez déroutante, s'impose : on trouve peu, pendant la Révolution, de références aux femme du peuple dans le discours ou l'iconographie. En 1790-1791, alors qu'on assiste à une véritable guerre de pamphlets entre Père Duchêne royalistes et Père Duchêne patriotes, est bien créé le personnage de la Mère Duchêne, symbole dans plusieurs brochures contre-révolutionnaires du "bon sens populaire", qui défend l'ancien ordre des choses contre la constitution. Les journalistes patriotes répliquent par la voix de Mère Duchêne révolutionnaires (12) ; toutefois, malgré la verdeur obligée du vocabulaire, elle ne symbolise ni le peuple ni les femmes du peuple : alors qu'en général elle ne fait aucune distinction sociale entre les Françaises, elle s'indigne de la présence dans une fête civique de "ces sacrées garces qui font le rebut de la halle /.../ avec leur voix de roulier et de battelier, avec leur visage rouge et enflammé, avec leur regard effronté, avec leur air menaçant" (13) . De plus, royalistes ou révolutionnaires, les Mère Duchêne disparaissent fin 1791 comme la plupart des Père Duchêne.
Sur les gravures de la période, les femmes du peuple sont bien présentes dans la foule, mais on est là plus dans l'ordre du descriptif que de la représentation. En revanche, depuis les travaux de Maurice Agulhon, les historiens s'interrogent sur les ressorts qui conduisent à représenter la Nation, la République par des images de femmes alors que celles-ci sont privées des droits politiques (14) : femmes bien en chair mais socialement désincarnées, elles ne relèvent pas de cette étude.
On voudrait plutôt s'interroger ici sur l'effacement des femmes du peuple des représentations. Il ne répond certainement pas à leur absence de la scène publique car, au contraire, elles ont activement participé au mouvement révolutionnaire. Elles sont de toutes les foules insurgées, parfois en tête ; dans les tribunes ouvertes pour le public, elles suivent les séances des clubs et des diverses assemblées, nationale ou sectionnaires ; elles s'inscrivent aux sociétés fraternelles mixtes et apposent signatures ou croix au bas de pétitions, etc. Et à partir de 1792 on voit émerger au sein de la sans-culotterie de fortes figures de militantes populaires, ouvrières en couture ou de l'artisanat, blanchisseuses, petites marchandes. A Paris, elles créent en mai 1793 le club des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, qui jouera pendant plusieurs mois un rôle important dans le mouvement révolutionnaire(15). La sans-culotterie, notamment parisienne, ne fut pas seulement formée d'hommes, mais possédait bien deux composantes, l'une masculine et l'autre féminine. Les rapports entre les deux étaient cependant loin d'être égalitaires, notamment parce que les femmes étaient exclues des droits politiques, possédés par tous les hommes de septembre 1792 à août 1795.
Ces bouleversements induisent une redistribution des cartes sur le plan des représentations. Par le fait révolutionnaire, le peuple est devenu Peuple, Souverain : une figure politique, formée de citoyens porteurs de droits. Et, désormais, on ne trouve plus que des hommes pour l'incarner. Si les femmes possédaient la capacité de représenter un peuple humilié, elles la perdent, parce que femmes, dès lors que celui-ci accède au statut de Peuple citoyen, fort et triomphant de ses ennemis. Le registre allégorique est à ce titre éclairant car, au milieu de toutes les figures féminines représentant les grandes notions et valeurs, l'une tranche par sa masculinité affirmée : Hercule, symbole en 1793-1794 du Peuple victorieux (16).
Le sans-culotte est la figure la plus connue de ce Peuple révolutionnaire. Or, bien que la sans-culotterie soit formée d'hommes et de femmes, on ne trouve quasiment pas d'images positives de ces dernières, qui semblent tout bonnement ne pas exister. La Réponse à l'impertinente question dresse ainsi un très beau portrait du sans-culotte : pauvre, vivant simplement mais utile à la société par son travail, politiquement engagé, prêt à se sacrifier pour la République "au premier son du tambour", et n'hésitant pas au besoin à "fendre les oreilles de tous les malveillants". Il est deux fois question des femmes dans ce texte : le sans-culotte "loge tout Simplement avec Sa femme et ses enfans, S'il en a, au quatrième ou cinquième étage" ; "le Soir, il se présente à Sa Section, non pas poudré, musqué, botté dans l'espoir d'être remarqué de toutes les Citoyennes des tribunes...". Ainsi, même lorsqu'elles suivent les débats politiques, les femmes, épouse ou objets de (non) séduction, n'apparaissent ici qu'en fonction du sans-culotte. Et on ne connaît pas de pendant féminin à ce texte, qui présenterait de façon emblématique la militante populaire, voire un couple de sans-culottes, comme il en a pourtant souvent existé. Seuls ceux qui détiennent les droits du citoyen peuvent représenter le Peuple politique, Hercule ou sans-culotte (17).
Il y a plus : non seulement la femme du peuple perd sa capacité représentative mais, parallèlement, elle-même disparaît des représentations. Alors que le peuple est glorifié, il n'y a pas, dans le discours jacobin majoritaire, de représentation spécifique de la femme du peuple, comme il y en a une de l'homme du peuple : le segment "du peuple" s'efface totalement, la spécificité sociale est gommée au profit de la spécificité sexuelle et la femme du peuple est renvoyée à un tout : les femmes, la Femme.
Epouse et mère, celle-ci ressemble comme une sœur à la Sophie dont rêvait Rousseau pour son Emile. Et qu'elles soient ou non du peuple, les femmes, pour être jugées bonnes républicaines, doivent se conformer à ce portrait idéal, exact inverse de celui du sans-culotte dressé à la même date dans la Réponse. Alors que celui-ci est défini socialement et politiquement par opposition aux Messieurs, aux Coquins (les riches, inutiles, oisifs, indifférents ou comploteurs) et qu'il est inscrit dans le temps révolutionnaire, les femmes sont présentées sans distinctions sociales ou politiques, sans attache temporelle. La Réponse représente le sans-culotte au travail, dans la rue, sa section, à l'armée. Or, la majorité des révolutionnaires assurent que la place des femmes, quelles qu'elles soient, est dans "le sanctuaires domestique" (18) et que "la place publique", les "tribunes", les "assemblées", les "rassemblements", les "champs de bataille" ne leur conviennent pas.
Le 30 octobre 1793, dans son rapport sur l'interdiction des clubs de femmes(19), le député Amar résume bien l'opinion générale en affirmant que "les fonctions privées auxquelles sont destinées les femmes par la nature même tiennent à l'ordre général de la société" : "elles ne doivent" donc "pas sortir de leur famille pour s'immiscer dans les affaires du gouvernement". La force, voire la violence, font partie intégrante des représentations positives du sans-culotte - dont la pique est un des emblèmes. En revanche la majorité des révolutionnaires considèrent que "la première et la plus grande qualité d'une femme est la douceur"(20), accompagnée de la retenue et de la timidité. Le modérantisme politique est dénoncé en 1793-94, et notre sans-culotte se rend à sa section "pour appuyer de toute sa force les bonnes motions, et pulvériser" les mauvaises ; mais Amar justifie l'interdiction des clubs de femmes et leur exclusion des droits politiques en ces termes : "faites pour adoucir les mœurs de l'homme, doivent-elles prendre une part active à des discussions dont la chaleur est incompatible avec la douceur et la modération qui font le charme de leur sexe ?"
Dans ces représentations idéalisées (21) de femmes douces, fragiles, vouées à s'occuper uniquement de leur époux et leurs enfants dans la sphère du privé, on ne reconnaît guère les femmes du peuple rencontrées dans les archives. Obligées de travailler durement, vivant en grande partie dans la rue, elles sont toujours là pour donner haut et fort leur avis sur le moindre événement, intervenir et, pour certaines, s'engager activement dans le mouvement révolutionnaire. Elles, la représentation jacobine des femmes les ignore purement et simplement, les escamotent. Parce qu'il est très difficile de concilier image de la Femme et image du peuple révolutionnaire. Parce que l'action réelle des femmes du peuple ne peut trouver place dans la représentation de la Femme. La tension est trop grande. Commentant les exploits militaires d'une jeune femme soldat, Collot d'Herbois assure ainsi : "Je ne la range même pas parmi les femmes, mais je déclare que cette fille est un mâle"(22). Energie, courage, fermeté, intrépidité n'ont de sens qu'au masculin. D'ailleurs les quelques femmes soldats sont renvoyées chez elles par le décret du 30 avril 1793 : la présence féminine à l'armée ne peut pas être celle de guerrières aux vertus "masculines" mais celles de nourricières - cantinières et blanchisseuses.
Et comment nommer celles que l'on ne sait comment représenter ? Le peuple révolutionnaire, c'est le sans-culotte : un mot masculin, sans équivalent féminin (23). Dans une pétition écrite en l'an II par des ouvrières, on lit : "Voilà, citoyens, les hommes qu'on a mis pour gouverner les pauvres infortunées. Vous ne devez pas douter que ces messieurs sont fort indifférents pour le sort des femmes de sans-culottes." Une société populaire prend leur défense : "Les citoyennes ont réclamé des secours /.../, des augmentations /.../. Un vrai sans-culotte quand il souffre ne pourrait-il faire entendre sa voix sans qu'on le regarde comme un perturbateur ?" (24). Le passage du moral pauvres infortunées au politique femmes de sans-culottes, ou du féminin pluriel les citoyennes au singulier masculin un vrai sans-culotte en dit long sur la difficulté à situer, concevoir, ou tout au moins à nommer, donc représenter, socialement et politiquement, la femme du peuple dans le langage de la Révolution.
La représentation est cependant possible. A condition d'avoir une autre image de la femme ou une autre image du peuple.
La militante populaire : de la femme libre à la tricoteuse
Pendant l'été 1793, s'appuyant sur l'engagement des femmes du peuple, un petit nombre de militant(e)s proposent une image de la républicaine différente de celle de l'épouse cantonnée dans son foyer : celle de la "femme libre" (25), représentation de la militante populaire. Opposée aux femmes frivoles, aux "petites maîtresses" (26), elle se singularise par son mépris de la coquetterie et de la séduction physique, présentées comme autant de symboles de la dégradation morale où sont réduites les femmes lorsqu'un peuple est asservi. Deux mots caractérisent avant tout la femme libre, deux mots habituellement réservés aux hommes dans le discours révolutionnaire : énergie et action. Sans être remises en cause, ses fonctions "naturelles" de mère et d'épouse ne sont pas jugées incompatibles avec une intervention dans la sphère publique. Tout en reconnaissant que leurs "premières obligations" sont des "devoirs privés", des femmes du peuple refusent le préjugé qui, "reléguant les femmes dans la sphère étroite de leurs ménages, faisait de la moitié des individus des êtres passifs et isolés". Se disant offensées et humiliées par la neutralité, elles veulent "tenir leur place dans l'ordre social" et "concourir à l'utilité commune" en "sentinelles vigilantes", sourdes aux "clameurs des petits esprits que les nouveautés étonnent".
A la même date, des sans-culottes parisiens campent pour la postérité (27) un portrait des militantes révolutionnaires qui tranche encore plus sur la représentation habituelle des femmes. Après avoir loué leur zèle, leur audace et leur courage, qui font d'elles de vraies républicaines et révolutionnaires, les auteurs continuent : "Républicaines, aux fades hommages d'êtres dégradés et serviles, aux plaisirs des esclaves, aux fantômes romanesques, aux langueurs des chevaliers, aux soupirs de l'éternel serrail /sic/ où le sexe végète chez les peuples asservis, elles préfèrent l'estime des seuls hommes libres." Ce refus de l'enfermement dans l'amour romanesque et le sérail, lieu clos par excellence, lieu de l'esclavage (28), est immédiatement suivi par celui de l'enfermement dans l'espace domestique et l'amour familial : "Epouses et mères républicaines, leurs foyers ne peuvent contenir l'abondance de leurs affections". Mères, elles le sont "des générations à venir" : autre façon de ne pas lier la républicaine à un amour maternel exclusif et privé. Epouses, c'est en elles une vertu de ne pas écouter le "jaloux égoïsme" de leur mari qui voudrait limiter leur amour à sa seule personne, mais "d'épanouir leur âme pour le bonheur du genre humain". Et finalement, plus que l'amour d'un amant, d'un enfant ou d'un mari, c'est un amour "immense" et "dévorant" "du présent et de l'avenir" qui pousse la républicaine à agir avec énergie.
Cette représentation, aux antipodes de la Sophie rousseausiste et qui semble bien être celle que la majorité des militantes avaient d'elles-mêmes, n'est pas très éloignée de celle du sans-culotte. La femme libre n'est pas "un mâle", elle est femme et révolutionnaire. Individu social et politique, elle est née avec la Révolution et non pas dépendante d'un temps de la nature immuable. S'étant inscrite grâce à son activité dans le peuple révolutionnaire, le peuple politique, elle peut prétendre aux mêmes qualités que le sans-culotte, qui ne sont plus incompatibles avec sa "nature" féminine.
Mais cette représentation reste très minoritaire. Pour la majorité des contemporains, révolutionnaires ou non, ces qualités doivent rester masculines et les femmes n'ont pas à intervenir sur la scène publique. Et celle qui le fait n'est plus une femme. A partir de là, les représentations de la militante divergent, me semble-t-il, selon que l'on soit favorable ou non au mouvement populaire. Ceux qui ne le rejettent pas paraissent les plus embarrassés : pour eux, la militante devient au mieux un "mâle" comme le dit sans fard Collot d'Herbois, ou, pis, une "femme-homme", un être hybride qui a "fait le dégoûtant échange des charmes que lui donna la nature, contre une pipe et une culotte" (29).
Les adversaires de la sans-culotterie voient bien, eux, des femmes dans les militantes révolutionnaires. Et ils y voient des femmes du peuple - ce qu'elles étaient effectivement. N'ayant pas une image positive du peuple révolutionnaire, ils peuvent sans difficulté y inclure les femmes. Des femmes qui, parce du peuple et parce que militantes, ne pouvaient cependant pas avoir les qualités "féminines" de la Femme. "Laides à faire peur", elles crient tellement que leurs lèvres et leurs visages sont devenus tout noirs (!) écrivent par exemple des observateurs de police en mai 1793 (30). Mais c'est surtout en l'an III (1795) que va s'imposer une représentation d'elles, qui repose pleinement sur l'association entre leur genre (femme), leur origine sociale (peuple) et leur action politique (révolutionnaire). Après Thermidor, les sans-culottes sont réduits au silence, désarmés, emprisonnés ; dans le domaine des représentations, Hercule cède la place au buveur de sang (31). Dans un temps de répression politique et de famine, les femmes envahissent le devant de la scène : dans la rue et les tribunes de la Convention, elles attisent la colère, multiplient les manifestations d'hostilité et appellent à la révolte ; l'insurrection de prairial an III débute d'ailleurs par une marche des femmes sur la Convention. Considérées comme des "boutefeux", elles n'échapperont pas à la répression qui suit l'échec de Prairial – les députés voteront même 4 décrets les concernant spécifiquement, leur interdisant d'entrer dans les tribunes de la Convention, d'assister aux assemblées de section et de s'attrouper dans la rue au-dessus de cinq. Appelées en l'an II habituées des tribunes, elles sont désormais furies de guillotine. Si le thème de la violence et férocité féminines n'est certes pas nouveau, il est désormais omniprésent (32). Furies de guillotine l'évoque d'emblée : la femme du peuple est un monstre sanguinaire "vomie des enfers", qui ne pense qu'à envoyer ses ennemis à la guillotine. Pour les adversaires du mouvement populaire, elle va désormais incarner mieux que toute autre figure un peuple dénigré et redouté. L'on pourrait même ajouter : pour les adversaires de la Révolution, elle va incarner la Révolution. En effet, que les femmes, naturellement douces, soient devenues féroces souligne son aspect monstrueux. Le peuple ignare n'aurait pas dû quitter sa place pour se mêler de politique ; les femmes, en plus, n'auraient pas dû quitter leur foyer pour les tribunes publiques.
Et c'est en jouant sur ce double imaginaire, du peuple et de la femme, que va émerger la figure de la tricoteuse, qui est la représentation la plus célèbre de la révolutionnaire, celle qui vient à l'esprit lorsque l'on évoque les femmes du peuple pendant la Révolution. Elle a cependant connu une sensible transformation de la Révolution à nos jours. Le mot même de tricoteuse n'apparaît que très tardivement, en l'an III, et est très peu usité (33). Il désigne alors celles qui se pressent dans les tribunes des assemblées. Et c'est cette présence active dans l'espace politique qui leur est reprochée, que ce soit dans la légende accompagnant la fameuse gouache des frères Lesueur ou dans la première mention du mot dans un dictionnaire : "Postées, dans les tribunes, elles influençaient, de leurs voix enrouées, les législateurs assemblés" (34). Aucune représentation révolutionnaire de la tricoteuse ne la montre devant la guillotine - c'est furie de guillotine, expression beaucoup plus courante, qui porte l'association femmes-guillotine. En revanche, ses capacités vocales semblent bien être une des principales caractéristiques de la tricoteuse. Ici on insiste sur sa voix enrouée. Là, on la représente les mains sur les hanches, l'air menaçant et la bouche grande ouverte. Ailleurs, c'est le Diable prêt à engloutir la sans-culotterie qui précise qu'il veut comme dessert la langue, rouge écarlate, de la tricoteuse. "Vociférations des furies de guillotine" devient un lieu commun du langage de l'an III. Rappelons enfin que déjà en 1793 un policier signalait qu'à force de crier leurs lèvres avaient noircies. Si on peut douter de cette dernière affirmation, il semble en revanche indubitable que la voix des femmes du peuple a tenu une fonction bien particulière dans les conflits révolutionnaires, marquant les contemporains à un degré que les archives écrites laissent seulement deviner. Pour signaler que, après Prairial, le peuple révolutionnaire est écrasé et que l'ordre règne, les policiers notent : "silence des femmes", "les femmes se taisent", "on ne les entend plus", "elles sont devenues muettes".
Qu'il soit avéré que les femmes du peuple ont crié pendant la Révolution ne suffit cependant pas à expliquer que voix et langue deviennent centrales dans la représentation que l'on en donne. Cette remarquable insistance repose probablement aussi sur les représentations traditionnelles des femmes en général, bavardes que l'on ne peut faire taire, et des femmes du peuple en particulier, dont la voix forte, opposée à la douce et faible voix des femmes de qualité, est un des signes distinctifs. Mais ce n'est pas tout. La "voix enrouée" de la tricoteuse dans les tribunes de la Convention renvoie aussi au scandale causé par l'intrusion dans l'espace politique de la parole des femmes du peuple - la parole des femmes, la parole du peuple. Là réside le principal reproche fait aux tricoteuses pendant la Révolution, exprimé dans les représentations en terme de férocité. La femme qui a quitté son foyer pour l'espace politique ne peut être que féroce ; le peuple inculte qui parle ne peut être que vociférant. On comprend pourquoi, dans les représentations, la place de la tricoteuse a peu à peu glissé des tribunes publiques au pied de la guillotine. Une femme qui suit des délibérations publiques, qui intervient dans le politique est aussi inquiétante et déplacée que celle qui se délecte prétendument de la vue du sang. Le tour est joué : la femme du peuple est rejetée hors du monde politique rationnel, elle est renvoyée à la sauvagerie, au fantasme sanguinaire ; on oublie la citoyenne pour ne retenir que la mégère assoiffée de sang, incarnation du peuple révolutionnaire. Et si tricoteuse l'a emporté sur furie de guillotine, à première vue plus évocateur, c'est que, en renvoyant à un geste du privé, le mot souligne mieux l'anormalité monstrueuse de la présence des femmes dans l'espace politique - où il n'y a pourtant pas place pour elles puisqu'elles y sont encore désignées par une fonction domestique.
Dans ce glissement des représentations, la littérature a probablement joué au XIXe siècle la plus grande part. C'est dans les Mémoires d'Outre-Tombe (1848) que tricoteuse est pour la première fois associé à la guillotine et non plus aux tribunes. Mais c'est indéniablement Dickens qui dans A Tale of Two Cities (1859) donne la représentation la plus accomplie et la plus fantasmatique de la femme du peuple pendant la Révolution. Dernière survivante d'une famille martyrisée par la noblesse, mariée à un cabaretier du faubourg Saint-Antoine bien falot face à elle, Thérèse Defarge incarne le peuple révolutionnaire qui, pour avoir trop souffert sous l'Ancien Régime, est devenu féroce et sans pitié. Pendant la Révolution, elle est à la tête des women-knitting qui, assises devant la guillotine, tricotent inlassablement en comptant les têtes qui tombent. Représentant le peuple, elle est aussi femme, et Dickens évoque bien à travers la fiction le problème que pose l'accès de celle-ci au langage politique : avant la Révolution, Thérèse tricotait déjà, non pour oublier la faim comme les autres faubouriennes, mais pour consigner "avec ses symboles à elle" les crimes des privilégiés ; la Révolution venue, elle consulte "ses registres tricotés" pour y chercher les noms de ceux qu'elle fait guillotiner. A l'opposé, Lucie, femme des élites aimante et fragile, fille dévouée, bonne mère et tendre épouse, souligne la perte des qualités "féminines" de Thérèse, la femme du peuple.
Au terme de ce parcours, le Peuple est redevenu peuple, sauvage hors cité ; et l'imaginaire se tourne de nouveau vers les femmes pour le représenter, dans ce qu'il a d'extrême. Car qui pourrait aussi bien porter humiliation, souffrance et férocité ? Est-ce hasard si c'est la tricoteuse, femme du peuple monstrueuse, qui est finalement la compagne la plus élaborée du sans-culotte, homme du peuple citoyen ? Est-ce hasard si elle est née en l'an III, quant le peuple est dénigré, alors que l'on a cherché sans grand succès une représentation de la femme du peuple en l'an II ? Certes, les choses sont dans le détail plus complexes, moins schématiques. Mais l'on voulait seulement ici souligner que les représentations évoluent avec le contexte et que, traduisant dans l'imaginaire des faits, des peurs et des aspirations, elles sont bien souvent à usage politique.
N.B. Cet article est paru dans Sociétés & Représentations, n° 8 : Le Peuple dans tous ses états, dec. 1999, p. 67-82.
Notes
(1) A.N., F7 4775 (48), d. Vingternier.
(2) Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, Amsterdam, 1781-1788, rééd. Mercure de France, 1994.
(3) Op. cit., t. II, p. 181.
(4) A.N., F15 3581. Sur ces filatures : Dominique Godineau, Citoyennes Tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française, Aix-en-Provence, Alinéa, 1988 ; réed. : Paris, Perrin, 2003. Sur l'émeutière : Arlette Farge, "Evidentes émeutières", Georges Duby et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes, t. III (dir. N. Davis et A. Farge), Paris, Plon, 1991, p. 481-496.
(5) Vincent Milliot, Les Cris de Paris ou le peuple travesti. Les représentations des petits métiers du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995.
(6) Op. cit., t. 1, p. 791.
(7) Op. cit., t. 1, p. 620, t. 2, p. 337, 629.
(8) Op. cit., t. 1, p. 215, 1478, t. 2, p. 337, 1112. Cécile Pieau, Les Modes vestimentaires selon L.-S. Mercier, mémoire de maîtrise, Rennes 2, 1999. Depuis 1999 – date de rédaction de cet article – une analyse plus complète de cet aspect a été donnée dans : Laurence Mall, « Eros et labor. Le (beau) sexe, le travail et le travail du sexe dans le Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier », Clio. Histoire, Femme et Sociétés, n°25, 2007, p. 227-257.
(9) Op. cit., t. 1, p. 916-921. Le port de la perruque fait tomber ses cheveux, dérange sa santé et abrège ses jours, alors que la paysanne à la tête propre présentera de beaux cheveux blancs à ses arrières-petits-enfants. L'analyse s'appuie sur C. Pieau, op. cit.
(10) Antoine de Baecque, Le Corps de l'Histoire. Métaphore et politique, Paris, Calman-Lévy, 1993.
(11) Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997.
(12) B.N., Lc2 2481, Lettres bougrement patriotiques de la Mère Duchêne, février-avril 1791 et Lc2 2284, La Mère Duchêne, Journal des Femmes, mars 1791. A titre d'exemple des très nombreux pamphlets royalistes : B.N., Lc2 585, 587, 657, Grande colère de la Mère ..., Grand jugement de la Mère..., Etrennes de la Mère ... Cf. Ouzi Elyada, "La Mère Duchêne. Masques populaires et guerre pamphlétaire, 1789-1791", A.H.R.F., janv-mars 1988, n° 271, p. 1-16.
(13) Onzième Lettre...
(14) Maurice Agulhon, Marianne au combat. L'imagerie et la symbolique républicaine de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 1979 ; Lynn Hunt, Politics, Culture, and Class in the French Revolution, Berkeley, University of California Press, 1989.
(15) Il sera interdit avec tous les clubs de femmes le 30 octobre 1793. D. Godineau, op. cit.
(16) Et non de la Nation abstraite : L. Hunt, op. cit.
(17) Et ce ne serait pas seulement jeu de langue de rappeler que les femmes ne sont pas habilitées à être "représentants du peuple".
(18) Chaumette, 27 brumaire an II (Moniteur, XVIII, 450).
(19) Moniteur, XVIII, 299-300.
(20) Jean-Jacques Rousseau, Emile ou de l'éducation, 1762, Garnier-Flammarion, Paris, 1966, p. 482.
(21) Et dont on voit bien l'intérêt pour justifier l'exclusion des femmes des droits politiques au nom de la nature : "naturellement" faibles, elles manquent "de la force morale et physique qu'exige l'exercice des droits politiques" (Amar). Cf. D. Godineau, op. cit.
(22) Jacobins, 8 ventôse an II, Moniteur, XIX, 590. Sur les femmes soldats : D. Godineau, op. cit. et « De la guerrière à la citoyenne. Porter les armes pendant l’Ancien Régime et la Révolution française », Clio. Histoire, Femmes, Société, n° 20 : Armées, 2004-2, p. 43-69. article en ligne
(23) Sans-culotte n'est qu'exceptionnellement utilisé pour les militantes populaires, qui ne sont désignées par aucun mot propre : en l'an II, on parle d'habituées des tribunes ou de jacobines, bien que le club soit masculin. L'absence de représentations est moins nette dans l'iconographie : en 1792-93 sont gravées 2 ou 3 images de "la sans-culotte", pendant de l'image du sans-culotte.
(24) A.N., F15 3603-3604, F15 3575-3576. Cf. n. 4.
(25) Le terme est seulement utilisé par quelques militantes. D. Godineau, Citoyennes…op.cit.
(26) B.N., Lb40 2411, Discours prononcé à la Société des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires par les citoyennes de la section des Droits-de-l'Homme (été 1793).
(27) "la postérité reconnaissante le transmettra d'âge en âge" : Les Autorités constituées du Département de Paris, et les Commissaires des Sections, Aux Républicaines Révolutionnaires (30 juin 1793).
(28) Depuis les Lettres persanes, l'image du sérail symbolise souvent le despotisme politique.
(29) Discours de Chaumette, 27 brumaire an II (Moniteur, XVIII, 450),
(30) A.N., F1c III Seine 27 (31 mai), AF IV 1470 (4 mai).
(31) D. Godineau, "Buveurs de sang", Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), vol. 1, Paris, INALF-Klincksieck, 1985, p.39-58.
(32) D. Godineau, « Citoyennes, boutefeux et furies de guillotine », Cécile Dauphin et Arlette Farge (dir.), De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 33-49.
(33) Pour une analyse plus développée : D. Godineau, "Histoire d'un mot : tricoteuse de la Révolution française à nos jours", Langages de la Révolution, Paris, INALF-Klincksieck, 1995, p. 601-613 et "La tricoteuse : formation d'un mythe contre-révolutionnaire", M. Vovelle dir., L'image de la Révolution française, Oxford, Pergamon Press, 1989, t. III, p. 2278-2285. Sur le présent site
(34) K. F. Reinhardt, Le néologiste français, 1796.
Dominique Godineau, "De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l'Ancien Régime et pendant la Révolution", Etudes, Revolution française.net, mis en ligne le 1er mai 2008, URL: http://revolution-francaise.net/2008/05/01/229-rosiere-a-tricoteuse-representation-femme-peuple-fin-ancien-regime-revolution