La Révolution française. Annonces
Par Jean-Clément Martin, IHRF-Université de Paris I
Introduction à l'ouvrage de Jean-Clément Martin, La Révolution Française, collection "Idées Reçues", Paris, Le Cavalier Bleu, 2007, 126 pages.
Et si la Révolution française n’était, aujourd’hui, que des idées reçues impossibles à changer ? La question n’est pas seulement une provocation. Peut-on raisonnablement penser que la connaissance historique puisse changer quoi que ce soit à la mémoire qui « sait » que la Bastille a été une forteresse féodale prise par le peuple, que la mort de Louis XVI signifie la fin de la royauté, que les églises ont été dévastées, que les nobles ont été persécutés … La liste est longue de toutes ces certitudes héritées des conversations familiales, des plaisanteries collectives ou des manuels scolaires, qui fondent des jugements sur la Terreur, la Vendée, Robespierre, … selon des appartenances familiales et régionales. L’exemple de Charlotte Corday, sainte dans les traditions historiographiques anglo-américaines, devenue héros de manga au Japon, est un de ces cas limites, où quoi que l’historien fasse, quels que soient les textes qu’il étudie, les preuves qu’il accumule, les légendes qu’il pourfend vaillamment et inutilement, rien ne changera, au moins de son vivant. L’historiographie de la Révolution possède d’innombrables érudits qui se sont attaqués, chacun à leur tour, aux racontars et aux mensonges, aux inventions et aux oublis, avec d’ailleurs plus ou moins de bonne foi. Qui ont-ils convaincu sinon les convaincus d’avance, partisans de leurs idées, amis de leurs amis et ennemis de tous les autres ?