Par Daniel TEYSSEIRE, Professeur des universités honoraire.

Couverture du livre de Raymonde Monnier

Notre propos tend à situer la Révolution française dans le cadre d'une analyse sur la longue durée de ce que certains médias appellent encore - mais moins souvent que naguère - l'exception française, en particulier par rapport à l'Europe. Ainsi est montré successivement comment le royaume franc de Clovis le catholicisé se différencie des autres royaumes européens dits barbares attachés à l'hérésie arienne, comment le royaume de Philippe-Auguste est pleinement souverain par rapport à cette entité européenne qu'est le saint-Empire romain germanique, comment les souverains valois et bourbons récusent la dominance européenne catholique des Habsbourg, comment, enfin, la France révolutionnaire et républicaine se démarque souverainement du reste d'une Europe monarchiquement conservatrice. Ce suivi, dans le temps très long, de la différenciation française par rapport au reste de l'Europe constitue le décryptage sous des formes historiques variées d'un invariant ou d'un quasi-invariant, la volonté de constituer un corps politique transcendant tous les particularismes, ethniques, religieux, économiques, etc... Ce type de décryptage, voilà en quoi consiste la politique historique, si différente ainsi de l'histoire politique qui analyse les idées et les faits politiques dans le temps, sans trop guère se soucier d'en trouver l'invariant ou le quasi-invariant. Nous en présentons le résultat à propos de la Révolution française elle-même.

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