1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale Annonces
Introduction et table des matières de l'ouvrage de Florence Gauthier, 1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale, Selles-Sur-Cher, Atlantiques déchaînés, 2023, 99 p.
« Les principes du droit naturel sont simples, clairs et évidents, et il y a longtemps que la philosophie qui, à certains égards, a fait de si grands progrès, devrait nous rien laisser à désirer sur la nature des devoirs réciproques des sociétés. Quelques auteurs, qui ont traité cette matière, bien loin de chercher la vérité, n’ont voulu que la déguiser. Les uns n’ont osé croire que la politique des puissances de l’Europe fut injuste, les autres n’ont osé le dire. Des écrits faits pour nous instruire n’ont servi qu’à perpétuer notre ignorance et nos préjugés. Pendant qu’on ignore les lois par lesquelles la nature lie tous les hommes, pendant qu’on ne cherche qu’à rétablir un droit des nations favorable à l’ambition, à l’avarice et à la force, peut-on être disposé à penser avec Socrate, Platon, Phocion et Cicéron, que l’amour de la patrie, subordonné à l’amour de l’humanité, doit le prendre pour guide, ou on s’expose à produire de grands malheurs ? » Mably, Entretiens de Phocion, 1763 (1)
Depuis quelques décennies, ce que l’on nomme “la modernité” est présentée comme un héritage de la pensée des Lumières et de la Révolution de 1789. Cette façon univoque d’aborder “la” modernité masque l’héritage contradictoire de l’histoire européenne et de son premier empire colonial, comme des interprétations, elles aussi contradictoires, des Lumières. En même temps, l’historiographie de la Révolution française, au XXe siècle, a cherché à séparer une “ bonne révolution” dite “de la liberté et des droits de l’homme” (1789-1791), d’une “mauvaise révolution” dite “de l’égalité sans les droits de l’homme” (1792-1794). On a même pu affirmer que cette curieuse séparation entre liberté et égalité aurait produit deux traditions opposées : celle de “l’individualisme bourgeois et de la liberté du commerce” et celle “du parti unique et centralisateur” accolée, sans plus de preuves, au “Club des Jacobins”, préfigurant les totalitarismes (2) du XXe siècle.