Une part égale de liberté. La Révolution américaine et le patriotisme anglais Annonces
Introduction de l'ouvrage de François Charbonneau, Une part égale de liberté. La Révolution américaine et le patriotisme anglais, Montréal, Liber, 2013.
François Charbonneau est enseignant à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et spécialiste des idées politiques aux États-Unis et au Canada. Dans cet ouvrage, il s’intéresse à la période de la crise impériale et du début de la Révolution américaine, entre 1763 et le moment de la rédaction des constitutions des états d’Amérique du Nord dans les années 1775-1780.
L'auteur part de la constatation d’un paradoxe apparent : jusqu’à la publication du Common Sense de Thomas Paine en 1776, l’immense majorité des acteurs politiques des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord refusent l’idée d’indépendance et cherchent au contraire à rester dans la dépendance de l’Empire britannique. Tous les Américains ne parlent que de liberté, entendue comme une non-dépendance, mais dans le même temps, ils revendiquent une forme de dépendance assumée à l’égard de l’Angleterre et de son roi (au moins jusqu’aux premiers combats de Lexington et Concord en 1775). La solution de ce paradoxe se situe selon l’auteur dans le fait que les Américains se sentaient totalement partie prenante de ce qu’était la nation anglaise ou plutôt le corps politique britannique, alors défini comme le "plus libre du monde". La liberté ou les libertés anglaises fondaient une forme de patriotisme anglais revendiqué intégralement par les Américains. La véritable question que posent les Américains à l’Angleterre pendant la crise impériale n’est donc pas seulement fiscale ou économique (sans négliger ces aspects, l’ouvrage ne les traite pas) mais elle est peut-être avant tout identitaire et politique. "Ne sommes-nous pas Anglais ?" semblent demander les Américains au gouvernement britannique tout au long de la crise impériale.